samedi 2 mai 2009

Une petite allégorie sur la Différence










Par-delà la Différence
La grâce d’Ellulie

par Monica






Ellulie n’était ni un homme, ni une femme. Ni un noir, ni un jaune, ni un blanc.
Ellulie avait les caractéristiques physiques des deux sexes et sa couleur était un mélange harmonieux de toutes les carnations.
Des poèmes en perles de mots sortaient parfois de sa bouche, sans contrôle.
Son amitié et son amour se portaient vers les hommes, les femmes, quels que soient leurs teints. Son affection envers tous les animaux était intense et fidèle.

Son nom, Ellulie, venait d’une anagramme, entremêlant Elle et Lui.

Ellulie arriva en France. Comme la langue française attribue un genre masculin ou féminin à nombre d’adjectifs, Ellulie décida de n’utiliser, pour définir son existence, que des qualificatifs neutres.

La langue passa donc au laminoir du genre.
Les verbes déclinés en formes composées, et les adjectifs marqués de genre sortirent du vocabulaire. Ellulie pouvait aimer, détester ; autrui pouvait l’aimer ou le détester. Mais les formes telles que être blessé(e), aimé(e), adoré(e), détesté(e), surpris(e), parti(e), sensé(e), insensé(e)… devinrent indicibles.

En revanche subsistèrent: intense, sincère, perplexe, fidèle, infidèle, utile, inutile, adorable, pensable, impensable, aimable, agréable, désagréable, abordable, sensible, insensible, inabordable, théorique, pratique, simple, complexe, gérable, ingérable, neutre …

Ellulie s’aperçut, lors de son tri lexical, que tous les qualificatifs en able et ible étaient bien commodes. En utilisant également les adverbes, par nature invariable, Ellulie fut capable de dire et de qualifier ses émotions, actions et pensées.

Ellulie ne put obtenir une carte d’identité. Lorsqu’on lui demanda de préciser son sexe, Ellulie déclara « sans », puis « les deux ». On lui répondit que c’était inenvisageable. « Transgenre », proposa Ellulie comme ultime concession théorique. « Cela n’existe pas » lui répondit-on. L’attribution du numéro de Sécurité sociale fut également impossible: « Le premier chiffre du numéro matricule ne peut être que 1 ou 2 » lui affirma-t-on. Ellulie demanda « Pourquoi ne pas mettre 3 » ? On lui répondit que le 3 n’existait pas.

Dans les bars ou les restaurants, Ellulie errait au moment d’aller aux toilettes, perplexe devant les icônes de robe ou de pantalon. Ellulie choisissait toujours l’icône du handicap, seule à ne faire mention d’aucun genre.

Ellulie inspirait à la plupart des personnes des sentiments d’étrangeté, curiosité, méfiance, voire répulsion. Certaines le disaient « quasi-délirant» à cause de son discours poétique incontrôlé, qui évoquait un passage de l’autre côté du miroir. Ellulie échappait au concept de Différence : on ne pouvait lui assigner ni un genre, ni une origine socioculturelle ou ethnique, ni une préférence sexuelle, ni une raison intègre ni une folie. Ellulie n’était rien de tout cela, ou plutôt Ellulie était tout cela.

Les personnes qui s’attachaient affectivement à Ellulie étaient déboussolées, sans repères.
- Qui suis-je pour toi ?
- Tu es toi, dans ta merveilleuse singularité.
- Mais comment nous aimerons-nous ?
- Avec nos sens et notre esprit, notre amour infini.

Ellulie dérangeait les schémas de pensée. Un homme lui dit :
- Mais, Ellulie, les femmes portent les enfants, pas les hommes.
- C’est vrai, mais tu peux ressentir ce qu’est porter un enfant en toi.
- Mais, Ellulie, les femmes n’ont pas de pénis.
- C’est vrai, mais elles peuvent imaginer qu’elles en ont un.
- Mais, Ellulie, tout le monde ne dit pas des poèmes en jets comme toi.
- C’est vrai, mais nous avons tous en nous un grain de folie.
- Mais, Ellulie, certains sont noirs, d’autres blancs.
- C’est vrai, mais tout le monde a en soi la palette des couleurs.
- Mais, Ellulie, il y a des gens très riches et très pauvres
- C’est vrai, mais tous naissent et meurent de la même façon, leur corps obéit aux mêmes règles.
- Mais, Ellulie, certains êtres sont déformés, ne savent pas parler, bavent.
- C’est vrai, mais chacun de nous peut avoir un accident ou une maladie et se retrouver ainsi.

Un enfant le questionna.
- Qu’est-ce que je dois dire quand je parle de toi ? «Lui»? «Elle»?
- Tu dis « Ellulie » quand tu parles de moi, et tu me dis «tu» quand tu me parles.
- Tu es chrétien, juif, musulman, protestant, bouddhiste?
- Je ne crois pas en un Dieu.
- Tu es asiatique, africain, européen, indien, sémite ?
- Je suis tout cela.
- Qui es-tu ?
- Un être humain.

Ellulie tenta de rejoindre des groupes politiques qui critiquaient et combattaient la notion de Différence. Partout, on l’accueillait avec bienveillance, intérêt, mais inévitablement, on lui demandait à un moment de choisir son camp.

Ellulie ne comprenait pas. « Mais si vous combattez la notion de Différence, pourquoi me demander de choisir une Différence » ? Les groupes lui répondirent que c’était conjoncturellement un passage inévitable.

Mais, par la grâce infinie d’Ellulie, ils comprirent. Car de sa bouche sortit un poème :
Tu portes les virtualités de l’universel.
Homme, femme, noir, blanc, sage, fou,
Sont des parts de toi.
Cherche-les, tu les trouveras
Comme elles sont en moi, elles sont en toi.

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Merci à Caroline pour son Illustration "Noir et Blanc" 

49 commentaires:

  1. Ellulie ô Ellulie
    Tu es pure poésie
    Je veux écrire un rondeau
    Et je t'en ferai cadeau.

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  2. petites évocations: le ying et le yang, le verbe et le silence, l'égo et le lâcher-prise, la destinée et la maîtrise => l'homme et la femme dans toutes leur tensions abdominales et mentales, physiques et émotionnelles...1 seul être pour synthétiser toutes ces tensions indispensables à la verticalité ;o)Alors chercher son alter ego, recoller les dimensions de son être...Bref toutes ces routes pour retrouver la source ;o) ;o)

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  3. Un article intéressant de Pascal Bruckner sur Michael Jackson, une sorte d'Ellulie raté, en somme...
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    Bambi le zombi
    Par Pascal Bruckner

    On le sait depuis Oscar Wilde et son portrait de Dorian Gray : vieillir est un crime. Mais être un homme ou une femme est également un péché, avoir un corps est une faute, exister, une disgrâce. Michael Jackson est celui qui aura voulu effacer d'un coup les malédictions de l'être humain.

    Ce petit garçon noir devenu une femme blanche, cet adulte régressif, atteint du syndrome de Peter Pan, aspira sa vie durant à être un ange, quitte à ressembler à une goule. Il aura travaillé pendant cinquante ans à gommer la double fatalité de l'âge et de la race, au point d'évoquer une créature fantastique entre Bambi et zombi.

    Dans sa folle tentative de recréation de soi, il a témoigné de la passion contemporaine pour la désincarnation : il a voulu récuser toutes les divisions naturelles ou sociales liées au sexe (illustrant jusqu'à l'ascèse la théorie des genres formulée dans les années 1980) refuser les diktats de l'horloge biologique, s'affranchir du devenir, procéder à une deuxième ou troisième naissance qui ne devrait plus rien aux hasards de la nature.

    Voyez ses clips : un polymorphisme vertigineux le montre se transformant sous nos yeux en dansant, son visage se mélangeant à celui de tous les autres jusqu'à devenir un loup-garou, une panthère noire, un enfant, un lapin. Il se veut le pont qui rattache les créatures les unes aux autres, confond le règne animal et humain.

    Il voyage aussi dans le temps et l'espace, défie la pesanteur, la chronologie ordinaire. Le kitsch côtoie bientôt le monstrueux; il crée un parc d'attractions pour enfants dans sa propriété, Neverland, fait assaut de mignardises, adopte à partir de 1987 une voix sucrée de petite fille à la Shirley Temple. Mais le conte de fées tourne au cauchemar : une photo terrible le montre choisissant une prothèse nasale alors que son nez s'est désintégré sous le bistouri de trop de charlatans, laissant un trou au milieu du visage. Entre le chérubin et le poupon s'est glissé un troisième personnage : le mort-vivant.

    Cette prodigieuse icône androgyne aura voulu accomplir sur lui-même les promesses du paradis, devenir un corps glorieux et incorruptible, d'après le Jugement dernier. Rencontre sur la scène pop de Frankenstein et de saint Paul. C'est pourquoi sa carrière chirurgicale est aussi passionnante que sa carrière musicale. Artiste de soi même, Michael Jackson est notre dernier martyr chrétien.

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  4. Merci à Caroline de m'avoir offert une belle illustration de son pinceau et de sa plume, "Noir et Blanc" ...

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  5. Je n'avais pas lu ta fable et je comprends maintenant pourquoi tu avais envi d'y glisser l'une des facettes que dit "Noir et Blanc".
    Bien jolie fable que celle d'Ellulie qui nous permet de nous évader des informations brutales de ces derniers jours montrant certaines monstruosités dont eux sont capables sur elles.

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  6. Coucou, Ellulie, regarde ce que je viens de trouver dans Le Monde. On ne naît pas femme, on le devient tout au long de la vie ;o)
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    http://sciences.blog.lemonde.fr/2009/12/13/le-combat-continu-des-femmes-pour-garder-leurs-ovaires/#xtor=RSS-32280322
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    Qu’est ce qui différencie une femelle d’un mâle? La première a des ovaires et le second des testicules, bien sûr. Mais alors, qu’est ce qui différencie les ovaires et les testicules ?

    Pas grand chose, si l’on en croit une étude germano-britannique publiée cette semaine dans la revue Cell.

    Cette étude nous apprend que les ovaires sont des testicules en puissance et qu’un seul gène les empêcherait de se muer en mâles attributs. Selon les auteurs, le fait que les femelles aient et conservent des ovaires est dû à un processus qui a lieu tout au long de la vie.

    Pour arriver à cette surprenante conclusion, les scientifiques ont inhibé un gène appelé FoxL2 d’une souris adulte et sexuellement mature. Au bout de trois semaines, ses ovaires avaient largement entamé leur transformation en testicules. Cette souris a commencé à sécréter de la testostérone, responsable notamment du développement des caractères sexuels secondaires.

    Les auteurs, cités par la revue Science retiennent deux enseignements importants de ces travaux.

    - “La principale découverte est que les femelles doivent agir activement pour inhiber la transformation des ovaires en testicules.

    =)Elles doivent donc résister pour ne pas devenir des mâles.

    - [Par ailleurs, le gène FoxL2] est un gène qui n’est pas situé sur les chromosomes sexuels qui permet aux femelles de rester femelles”.

    La localisation de ce gène n’est en effet pas anodine. Mâles et femelles se différencient par leur vingt-troisième paire de chromosomes que l’on appelle “chromosomes sexuels” : XX pour les dames et XY pour les messieurs.

    Chez la plupart des mammifères, le sexe est déterminé dans les premières phases du développement du fœtus. Le gène SRY – abbréviation de Sex-determining region of Y chromosome – présent sur le chromosome Y propre aux mâles, induit le développement des testicules.

    Mais ce gène SRY agit indirectement, via un autre gène appelé Sox9, présent sur la dix-septième paire de chromosomes. D’après les chercheurs, le gène FoxL2, inhibé chez les souris de l’étude, agirait comme un inhibiteur du Sox9, empêchant ainsi les ovaires de se transformer et les testicules de se développer.

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  7. Par delàa la différence.... Ce n'est pas encore pour demain, par Ellulie..

    Lu dans Le Monde

    Les discriminations au travail en hausse

    L'ethnie et la maternité sont les deux facteurs les plus fréquemment cités par les victimes et témoins des discriminations.

    Le 3e baromètre CSA réalisé conjointement pour la Halde et l'Organisation internationale du Travail pointe une hausse importante des discriminations au travail, au sein de l'entreprise comme de la fonction publique. Dans le secteur privé, ils étaient 36% à s'estimer victimes de telles pratiques en décembre 2009 contre 28% en mars dernier, et 25% en janvier 2008.

    Idem parmi les agents de la fonction publique. Même si la discrimination est moins fortement ressentie : 26% s'en estimaient atteintes en décembre 2009, contre seulement 22% en mars. Et parmi les salariés non victimes de discrimination, ils sont 29%, dans le privé comme dans le public, à craindre d'en subir un jour les conséquences !

    L'origine ethnique en tête des facteurs discriminants
    Parmi les facteurs discriminants invoqués par les victimes, toutes situations professionnelles confondues, figurent en tête l'origine ethnique (invoquée par 32% des salariés du privés) et la maternité (31% des salariés du privé comme des agents publics). L'âge est également cité par 30% des salariés du privé et l'apparence physique par 28% (plusieurs réponses étaient possibles). L'origine ethnique arrive en revanche nettement en tête comme facteur déclencheur par les témoins de discrimination (à 38%), devant la maternité (33%).

    Si la direction de l'entreprise est le plus souvent en cause pour les salariés du secteur privé, les victimes de discrimination, d'une manière générale, se taisent sur leur sort en entreprise. 40% d'entre elles déclarent en effet n'avoir rien dit, quand 50% des agents publics victimes en ont parlé avec leur direction ou leur supérieur hiérarchique. Pour plus de la moitié de ceux qui se sont tus, signaler l'injustice dont ils ont été victimes n'aurait rien changé.

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  8. Une interview d’Elisabeth Badinter par Josyane Savigneau. J’en tire des extraits.
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    http://www.lemonde.fr/opinions/article/2010/02/12/elisabeth-badinter-cessons-d-avoir-une-idee-unique-de-la-gent-feminine_1304867_3232.html
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    Depuis une dizaine d'années au moins, la situation régresse. Aujourd'hui, l'objectif du ministère de la santé est, qu'en 2010, 70 % des femmes qui accouchent allaitent en maternité.

    Grâce à cette politique de pression, de culpabilisation même, le nombre de femmes qui allaitent en clinique augmente de 2 % chaque année. A travers cette pratique qui pourrait paraître anodine, s’esquisse un renversement de valeurs.

    Les années 1970-1980 sont des années de conquête. Il y a alors un mouvement féministe assez uni et assez puissant, qui se fait entendre. Les femmes ont des ambitions personnelles, qu'elles n'entendent pas sacrifier entièrement au désir d'avoir des enfants. Elles ne sont pas décidées à céder sur l'un ou l'autre terrain. Cette liberté s'est peu à peu éteinte. On en est venu à "l'enfant d'abord" : quand on fait un enfant, on lui doit tout.

    On continue à être mû par l'idée qu'il est naturel de faire un enfant. Et que cela doit le rester. On doit faire des enfants. Quand une femme qui a un problème physiologique veut absolument un enfant, on lui explique qu'il faut faire de nécessité vertu, que la nature l'empêche de procréer et qu'elle doit apprendre à en faire son deuil, à accepter. D'un autre côté, quand une femme, à 35 ans, n'a pas d'enfant, on se demande ce qui lui arrive. La psychanalyse fournit tout un tas de clichés sur le sujet. Il y a, dans la société, une tendance à considérer comme anormales les femmes qui ne veulent pas d'enfant, à supposer par exemple qu'elles ont eu une enfance minée. «Je pense que les femmes qui décident de ne pas avoir d'enfant réfléchissent plus à la question que celles qui font des enfants sans se demander pourquoi. On devrait leur en être reconnaissant. Je ne dis pas que ces choix sont purement rationnels. C'est très complexe. Mais je combats toutes les explications qui sont directement ou indirectement issues d'une problématique naturaliste».

    Le livre «Le Conflit» d'E. Badinter suscite des polémiques, est traité d’archéoféministe. «Cela me fait sourire. C'est une attaque ad hominem qui se veut efficace car dans une société ou le mot féministe est déjà presque une insulte, une femme archéoféministe... c'est une super ringarde. La pire des insultes ! J'attends plutôt des arguments, je pense qu'il y en aura.»

    L’écologie radicale peut être contraignante pour les femmes, quand elle en arrive à dire aux femmes que les couches lavables sont très bien. Il y a des problèmes de pollution posés par les couches jetables, mais on devrait plaider pour produire des couches biodégradables. Ce ne sont pas les hommes qui laveront les couches. En France, à chaque fois qu'elle a un enfant supplémentaire, la femme travaille plus à la maison, et elle assume toujours entre 80 à 90 % des charges.

    Je lutte pour qu'on cesse d'avoir une idée unique de la gent féminine, comme si on était un troupeau. On a des désirs, un inconscient, une histoire différente.

    Je ne suis pas dans le déni de maternité, je suis dans le déni de l'instinct maternel. J'ai eu trois enfants, mais ce n'est pas mon problème personnel que j'évoque.

    Quant au féminisme, il est vraiment coupé en deux, et depuis les années 1980, le féminisme naturaliste, différentialiste, victimaire, s'est peu à peu imposé à la société occidentale. Le thème de l'indépendance économique des femmes n'est plus tenu. Et le féminisme de conquête, celui qui défend l'égalité, est en sommeil.

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  9. Procès-verbal de la réunion de la Commission Labourage et Pâturage.

    Thème de la réunion: Allaitement ou non chez nos sœurs « inférieures » mammifères bipèdes.

    Présents: Nô Hao, président, Taï Ming, secrétaire, MMBd’O, agent de voie lactée, Immanence et Multitude, oies de compagnie; absents excusés: Griffollet, chat de lettres, et Melchior, âne débâté.

    Étant donné la nature du sujet, le président et le secrétaire s’abstiennent de voter.

    Opinion dissidente, de MMBd’O:
    « Il est établi que les femelles z’humaines sont des mammifères placentaires; comme l’a dit La Fontaine: « Et maintenant il ne faut pas /Quitter la Nature d’un pas ». Nul doute non plus que les mamelles font partie de l’identité nationale de la France depuis 400 z’ans z’et Sully (voir aussi le célèbre tableau de Delacroix). Or lesdites mamelles s’atrophieraient à la longue si l’on ne s’en servait point. J’en conclus qu’il faut absolument recommander l’allaitement type veau sous la mère à nos sœurs « inférieures », pour qu’elles restent pleinement mammifères, françaises et républicaines. Meuh, j’ai dit. »

    Opinion majoritaire:
    « Il ne fait aucun doute que nos sœurs « inférieures », nées mammifères placentaires, sont en voie d’évolution vers la condition aviaire. Elles ont déjà acquis la bipédie, il est évident qu’un jour elles pondront (seules) et couveront (assistées de leurs compagnons, qui les aideront aussi à nourrir leurs nichées de petits vers régurgités). Ponte et couvaison (raturé: sont les deux mamelles) constituent, avec le vol et la nidification arboricole (les deux derniers, facultatifs) les point d’arrivée de leur évolution. Il convient qu‘elles s‘y préparent activement.. Gang gang gang et gang.»

    Voté: deux pour, une contre, deux NPPV et deux absents n’ayant pas laissé procuration.

    Fait à Saint Isidore en Val, mi-février 2010, année du Tigre.

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  10. Chacun(e) fait, fait c’qui lui plaît plaît ...
    Mais que j’ai aimé çà! Louve j’ai laissé mes louveteaux se repaître de ces biberons que je n’avais même pas à préparer. J’allaitais partout, même dans mon bureau en plein rendez-vous: “rassurez-vous c’est sans effet négatif sur mes neurones”
    Ayant goût pour les modalités de fécondation qui nous sont assignées en tant que mammifères placentaires, je trouverais bien triste une évolution vers la parthénogénèse.


    Ce que je déplore dans le féminisme versus E.Badinter c’est cette volonté de faire entrer nos petits pieds délicats dans les godillots créés par et pour les hommes, des godillots par ailleurs inconfortables pour eux.
    La problématique n’est pas “on veut vos godillots” mais virez-nous ces godillots et créons ensemble des chaussures confortables.
    L’émancipation des femmes par le travail... Comme si le travail au sens économique courant du terme émancipait qui que ce soit. C’est en libérant du temps pour faire autre chose que ployer sous le joug que l’humanité a évoluée.
    Les aristocrates ne s’émancipaient pas mais dérogeaient en travaillant. Leur utilité sociale les émancipaient du travail.
    Si 1789 est une révolution bourgeoise c’est qu’elle s’est appuyé sur ses valeurs pour refonder la société. “C’est à la sueur de mon front que j’ai pu jouer au gentilhomme, ceux qui n’ont pas été capable de s’élever au-dessus de leur condition au sein du tiers-état ne sont que de grosses feignasses irrécupérables”.Il est vrai qu’en 1800 la productivité n’était pas terrible. Depuis elle a été multipliée par100.
    Il a fallu un siècle pour enfin donner au peuple de l’éducation, la source première d’émancipation. L’élever au-dessus de l’utilité économique directe de l’apprentissage d’un métier. C’était là une vraie révolution. (Nos contre-révolutionnaires veulent détruire cela et fustige ces études qui ne débouchent sur aucun métier concret. Dépenser les deniers publics pour permettre aux gueux de faire leurs humanités. Pfft. Construisons des prisons.)
    Il est peut-être temps de repenser la société autrement que sur la valeur économique directe d’une activité. Autrement que sur le couple capital/travail.

    Vous voyez ou cela mène l’allaitement ...

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  11. Melchior, vous m'avez donné l'occasion d'un franc éclat de rire. Ce compte rendu de séminaire est absolument délicieux.

    Les oies avaient évidemment l'avantage du nombre. Mais MMBd'O défendait une vision fort naturaliste.

    Je vous aime, chère Meuh Meuh aux doux yeux noirs et au lait plein de tendresse, mais je vous en prie, défendez l'allaitement sans recourir à Dame Nature... comme un option...

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  12. Sarah Blaffer Hrdy, anthropologue et primatologue américaine, membre de l'Académie des Sciences, féministe, critique les thèses d'Elisabeth Badinter. Je résume le début
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    http://bibliobs.nouvelobs.com/20100212/17721/une-chercheuse-americaine-repond-a-elisabeth-badinter
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    Parce qu'on doit à la France, à travers les thèses de Simone de Beauvoir et Élisabeth Badinter, l'hypothèse de la «mère socialement construite», la chercheuse démolit cette doctrine, en répliquant que chez tous les primates, l'investissement maternel émerge à la suite d'une sorte de réaction en chaine, «interactions complexes entre gènes, tissus, glandes, expériences passées et signes de l'environnement. Les comportements complexes comme le maternage ne sont jamais totalement prédéterminés génétiquement ni produits par le seul environnement.»

    «J'ai lu le premier ouvrage d'Élisabeth Badinter sur la maternité avec un grand intérêt et non sans une certaine admiration. Néanmoins, je ne suis pas d'accord avec sa théorie selon laquelle il n'y aurait aucun fondement naturel et biologique pour expliquer le comportement maternel. Bien sur qu'il y en a! Cependant les critiques de Badinter, sa conviction qu'il existe un dogme déterministe et biologique bien trop simpliste m'a aidé à clarifier ma propre pensée. De ce point de vue, nous pouvons apprendre l'une de l'autre. Une grande partie du problème vient de la façon dont le terme «instinct maternel» a été utilisé».

    «La réalité c'est qu'au cours de la grossesse, se met en place une chaîne de changements physiologiques considérables et qu'à la naissance, des neurotransmetteurs comme l'ocytocine sont libérés, qui favorisent la transformation de la mère. Si elle se trouve dans un contact intime et prolongé avec ce petit étranger sorti d'elle, ses circuits neuronaux se modifient et l'encouragent à répondre aux signaux et aux demandes émis par son enfant. Une fois que la mère commence à allaiter (dans les 70 heures environ suivant la naissance) et que le bébé stimule ses tétons, elle devient encore plus nourricière».

    «L'expérience aussi joue un rôle important pour «l'apprentissage de mère», comme c'est le cas pour tous les primates, mais surtout pour l'espèce humaine. Pour des raisons profondément liées à l'évolution, les réponses maternelles de la femelle humaine sont dépendantes du contexte social et particulièrement du soutien qu'elle va recevoir au non. On observe que les femelles humaines ont besoin d'un soutien plus important que tout autre mammifère».

    «Pour moi, le féminisme est synonyme d'égalité des chances pour les deux sexes - à cet égard, il s'agit simplement d'un prolongement de la démocratie. Le mot «féministe» ne prend une connotation politique que lorsque s'exercent des forces qui tendent à réduire l'égalité des chances pour les femmes ou à les discriminer - comme cela a été le cas en Occident pendant des siècles et comme c'est toujours le cas dans d'autres cultures.»

    «Dans un contexte scientifique, le féminisme prend une importance toute particulière dès lors que l'on sait que les pressions sur les femmes liées aux théories darwiniennes n'ont pas été prises en compte pendant bien longtemps. On prenait pour postulat que toutes les femmes seraient mères, que toutes les mères élèveraient autant d'enfants que possible et que toutes les femmes étaient des créatures passives, dénuées de facultés stratégiques, qui avaient évolué simplement pour produire et allaiter des bébés».

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  13. Je ne crois guère à d’autres instincts que celui de conservation. Allaitantes ou biberonnantes, il est des mères qui ont autant “d’instinct” maternel qu’un galet. D’autres qui en ont pour un ou plusieurs de leurs enfants et pas pour tous sans qu’une problématique de survie de l’espèce soit en cause. “Tomber amoureuse”, “finir par être amoureuse”, “se savoir responsable” me paraissent plus appropriés.
    C’est quoi cette histoire d’attendre 3 jours pour commencer à allaiter?!

    C’est assez surprenant de lire qu’en Occident la discrimination à l’égard des femmes s’écrit au passé...

    “Un enfant si je v(p)eux, un enfant quand je veux”.

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  14. @Monica/Caroline

    Le féminisme, c'est pour moi, non seulement l'égalité des droits et des chances pour les deux sexes, mais la possibilité pour les deux sexes de choisir selon ses désirs individuels...

    C'est ainsi que , féministe affirmée, je fus mère "biberonnante" refusant l'allaitement, mais renonçai à mes ambitions professionnelles pour élever moi-même mes enfants.
    Je devins ainsi FFF (femme au foyer féministe), ce qui fut facilité par une répartition des tâches au sein du couple très égalitaire, évolutive et parfois surprenante, car non conforme ...

    Comme Caroline, je n'ai jamais cru à l'émancipation par le travail, au sens économique. C'est l'éducation qui est la première source d'émancipation, celle qui vous élève au-dessus de l'utilité économique d'un métier. C'est pour cela qu'entrant dans la vie active, un peu tard, je choisi de devenir institutrice ( ce qui n'avait rien à voir avec mes diplômes et mes projets initiaux !)

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  15. Le plus libre choix pour chacune et chacun, mais

    (1) dans le cadre de la Constitution
    ("La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l'homme." et: "Chacun a le devoir de travailler et le droit d'obtenir un emploi").

    (2) en généralisant les moyens du choix (congés parentaux, salles d'allaitement et crèches au travail, etc.).

    (3) en interdisant et en sanctionnant comme harcelante toute pression (patronale, familiale ou autre) qui s'exercerait sur l'individu d'un sexe ou de l'autre pour lui forcer la main.

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  16. Je ne sais pas si c'est le bon endroit pour poster ce qui suit, mais je ne résiste pas à l'envie de vous faire connaître ce petit texte, publié sur Yagg, et qui, moi, me fait à la fois très chaud au coeur et froid dans le dos.
    Vous pouvez le retrouvez ici :
    http://www​.yagg.com/​2010/02/21​/poste-sur​-la-commun​aute-la-sc​hizophreni​e-de-perip​herique-pa​r-charlie/

    Marcella


    "La schizophrénie de périphérique, par Charlie.

    Tout à l’heure, avant de quitter la fac, j’ai remplacé ma jupe par un jogging blanc.
    J’ai pris le métro, puis le RER.
    Plus nous retournions vers le grand nord parisien, plus la population s’assombrissait.
    Le périphérique dépassé, j’ai échangé les lourdes basses de ma musique électro pour les rythmes de notre musique populaire.
    Charlie redevient Zohra.

    En sortant de la gare, Zohra a salué les prisonniers des bancs publics, payés une fortune pour annoncer d’un cri vengeur la moindre voiture bleu à gyrophare.
    Elle les a salués avec toutes ces fautes de Français qui révulsent Charlie, mais qui sont si nécessaires à l’intégration.

    Demain, Zohra enfilera un voile et se rendra avec sa famille à la mosquée, où elle s’excusera auprès d’Allah de ses mensonges quotidiens et de la peine qu’elle fera à ses parents, plus tard.
    On mangera ensuite, et Hallal! Tout Hallal!

    Notre tante, invitée, déplorera le comportement de son fils qui vient d’être promu prisonnier des halls d’immeubles. Dernier stade avant celui de prisonnier tout court.
    Je retournerai alors étudier dans ma chambre avec vue sur ma ville, que j’aime et déteste au rythme des humeurs de Charlie ou Zohra.
    Ma ville est un peu comme mon peuple: condamné à mort par cette époque à laquelle il ne sait pas s’adapter.
    Elle oscille alors entre traditions ancestrale et modernisme, lance de derniers coups de griffes, se perd, et se retrouve immuablement, comme à un point de ralliement nous rassurant de notre propre existence, au journal de 20h.
    Ma tante (mandatée par ma mère), viendra alors me parler, on échangera des banalités:
    - C’est bien les études, la bourse, tu feras un bon mariage… (sic)
    Et sans transition aucune, elle amorcera le débat sur notre retour au bled cet été et sur ce jeune homme, Icham ilitrigountigarçon que je dois ABSOLUMENT rencontrer.

    Demain soir, je mentirai comme tous les samedis soirs, prétextant des dossiers à travailler avec une amie pour m’en aller rejoindre ma belle. Ils ont confiance, je sortirai.
    Dans la rue, Rachid/Fred/Sofiane/Lyes (Rayez ces mentions inutiles) me demanderont avec tact et délicatesse: 
”TU FAIS QUOI LÀ??!”

    Je jurerai, comme tous les samedis soirs “sur le coran de la Mecque” que ma vertu n’est pas en danger. (lol)

    Et on reprend: Musique traditionnelle => Lourde Basses => Jupe enfilée à la hâte dans les toilettes publiques…
    CHARLIE IS BACK!

    Après demain matin, avant de m’endormir, je remercierai le ciel de m’avoir fait naître en France, puis, je prierai pour mon futur, pour pouvoir moi aussi, un jour, m’installer entre les bras protecteurs du périphérique dans un quartier ou je pourrai enfin conjuguer mes deux prénoms.

    Et oublier ma schizophrénie de périphérique."

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  17. Très joli papier, Marcella, que celui de Charlie/Zohra, témoignage sensible d'un avenir choisi peut-être possible. Comme une bulle d'espoir en forme d'histoire de France.

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  18. Oh oui,chère Marcella, ce joli texte de Charlie/Zohra a sa pleine place sur ce Fil, par delà la différence...

    Voilà un être multiple qui joue toutes les partitions de l'identité pour s'adapter à la condition que lui impose sa "naissance" sans renier ceux qu'elle aime et sans renoncer à ses virtualités.

    Elle transgresse les règles-prisons de la "race", de la "classe", de la "communauté", du "genre", de la "préférence sexuelle"...pour tenter de se réaliser dans sa liberté d'humaine.

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  19. Avec toute le talent qui lui est propre, Charlie/Zohra nous parle de la contrainte du vêtement : le sur-vêtement imposé par-delà le périph. Et comme je suis une teigne, je ne peux m'empêcher de penser à la "liberté révolutionnaire" découverte sous le voile, pardon, le foulard. Cette contrainte expliquée par Zohra pour "faire avec", remise au calandre pas grecque du tout par un parti qui se dit féministe et révolutionnaire. Si ce n'était le nombre affolant de personnes qui soutiennent la simple liberté d'expression dans celle de porter un foulard en dehors de toute pression? Sans blague. C'est sûr, Zohra choisit de revêtir un jogging en pleine liberté.

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  20. Finalement, je répondrais ici au billet de Néfer sur médiapart.

    Je comprends bien que rien de remplace d'expérience. Et qu'il est difficile, depuis les Vosges, de mesurer l'impact réel des contraintes vestimentaires imposées dans les quartiers pauvres de Paris à forte dominante arabe, des banlieues, en somme de toutes les agglomérations pauvres de France.

    Finalement, cela ne concerne qu'environ 3 millions de Françaises d'origine arabe et c'est bien peu diront certains.

    je sais juste la contrainte du voile (foulard, mille excuses, enfin de ce fichu indispensable pour cacher le moindre cheveux synonyme de "bête de sexe"), si tu veux te faire respecter par tes frères. Respect? de quel respect s'agit-il?

    Alors Néfer, imagine, non pas le corset velouté pour plaire à ton amoureux, mais la contrainte d'un quartier pour :

    que tu ne sortes pas après ou avant la nuit tombée, sauf voilée, sinon, tu es une pute ;

    que tu n'ailles jamais seule dans la rue ou dans un quelconque endroit public, plus exactement non accompagné de ton homme, sinon tu es une pute ;


    et si tu le fais, alors attends-toi aux pires emmerdes... parce que Tu l'as bien cherché, comme certaines brûlées vives.

    Le voile n'est pas que le renoncement à vivre "à la française"... le voile est avant tout le signe d'une pression. Celle d'une communauté.

    En Algérie après l'indépendance, les femmes ont enlevé leur voile en signe de libération.

    En France, avec la crise, le libéralisme et la montée de tous les radicalismes, les femmes remettent leur voile sous l'oppression.

    Certaines y trouvent un arrangement avec dieu. Beaucoup n'y trouvent qu'une nouvelle (nouvelle? dix ans que la banlieues crie) qu'un arrangement avec le diable.

    Mais bon, en s'en fiche. Abandonnons ces femmes à leur sort. Finalement, nous sommes plus de 25 millions à ne pas porter ce fichu

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  21. Je dirais exactement la même chose vis-à-vis de la maigreur imposée par les "grands couturiers", grands escogriffes de l'oppression du paraître qui nous veulent semblables à des porte-manteaux. Il est normal que le libéralisme qui n'a de dieu que l'argent mise tout sur ce paraître d'os à ronger. il y a encore des lustres avant que nous ayons une âme, s'il fallait les écouter.

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  22. Le paraître? que dis-je. Le disparaître d'os à ronger...

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  23. Oh oui, chère Brocéliande, combien de contraintes vestimentaires et corporelles les hommes n'ont-ils pas inventées sous toutes les latitudes! Tout cette obstination pour ne pas les considérer comme des êtres humains! C'est dingue...

    Quant aux cheveux, ils ont une importance toute particulière. Ils sont un symbole de force et de pouvoir, à double face : de virilité ou de féminité.

    Les bonzes, comme certains moines et membres de nombreuses religions, marquent leur adhésion au culte et leur retrait du monde matériel par la tonte de leurs cheveux.

    Le scalp de l'ennemi était un trophée chez certains amérindiens. Les armées modernes imposent généralement une coupe courte ou rase. Couper les cheveux d'un samouraï était le déshonorer et les castes administratives et militaires chinoises, coréennes, japonaises ont accordé une grande importance à la coiffure et longueur des cheveux. Les envahisseurs mandchous ont ainsi imposé le port de la natte en Chine. Les cheveux longs de la période Hippie ont été le symbole d'une rébellion contre l'ordre établi.

    Voler les cheveux d'autrui permettait disait-on, dit-on encore parfois, de faire des philtres d'amour ou d'envoûter.

    Tout cela pour dire que vouloir cacher les cheveux des seules femmes n'est évidemment pas anodin, ô non! Et que npus ne réagissons "pour rien" à cette fichue marque!

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  24. L’homme rendu à lui-même n’est pas, de ce fait, un homme qui pense, agit, juge et sent par lui-même. Il a plutôt tendance à penser comme on pense, à juger comme on juge, à agir comme on agit et à ressentir les choses comme on les ressent. Il s’isole des autres, il se replie dans sa sphère privée, il refuse de s’inspirer d’une autorité extérieure, bref il lâche la société, mais la société, elle, ne le lâche pas. Elle le poursuit, au contraire, dans sa solitude ; elle parasite son quant-à soi ; elle s’installe avec lui dans le nid douillet qu’il s’est constitué à l’abri des regards. Plus la vie se privatise, et plus elle se socialise.

    Je trouve cette réflexion de Tocqueville, que j'ai piqué sur le blog de Marc, toujours autant d'actualité.

    Comme la force sexuelle et mythique des cheveux... Ces constances ont quelque chose de remarquables, d'étranges, de fabuleux.

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  25. Un article sur Élisabeth Badinter de Thomas Lancelot, militant féministe, dans Le Monde, dont je partage certaines critiques. Extraits résumés.
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    http://www.lemonde.fr/opinions/article/2010/03/11/elisabeth-badinter-fait-fausse-route-par-thomas-lancelot_1317551_3232.html
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    Pour le mouvement féministe, la sortie du dernier livre d'Elisabeth Badinter Le Conflit, la femme et la mère, est salutaire parce qu'elle y dénonce le retour en force du naturalisme, qui constitue le pire danger pour l'émancipation des femmes et l'égalité des sexes.

    Le recours à la notion de nature constitue un piège dangereux puisqu'il enferme les femmes dans des rôles prédéterminés, notamment celui de la mère ou de la femme au foyer. Tandis que l'universel est un horizon de sens qui permet aux femmes de s'affranchir du discours de la nature, les concepts en vogue tels que "la sollicitude féminine" ou "les instincts maternels" défendus par certains pédopsychiatres en vue sont fondamentalement réactionnaires parce qu'ils définissent les femmes par leurs seuls ovaires et leur seule faculté de procréer.

    Selon Badinter, depuis les trois dernières décennies, un féminisme maternaliste aurait sournoisement réussi à diffuser une idéologie sexiste dominante. Mais à qui l'essayiste attribue-t-elle ce dangereux tournant idéologique ? Aussi paradoxal que cela puisse paraître, aux féministes. Or, à qui fera-t-on croire, par exemple, que le féminisme en France est incarné par un seul mouvement, voire une seule personne (Antoinette Fouque) ?

    En fait, loin de se réduire au seul courant essentialiste présenté par Badinter, le féminisme est un lieu éminemment conflictuel de l'espace social où sont mises en question les identités de genre et les sexualités.

    Il est vrai que la philosophie naturaliste dispose d'un pouvoir de culpabilisation.Or en déculpabilisant les mères qui travaillent, les femmes célibataires et sans enfants, celles qui n'allaitent pas, bref toutes celles qui ne se conforment pas au diktat de la nature, le livre de Badinter possède une dimension salutaire.
    Pourtant, si nous partageons la dénonciation du recours et du retour à la nature, d'où vient le malaise qui nous assaille lorsqu'on a refermé le livre ? Son discours sur la nature apparaît comme sorti de nulle part, un deus ex machina. L’invocation de la nature dans l'idéologie sexiste sert de principe de légitimation d'inégalités réelles dont la genèse est strictement sociale et arrimée à un fait matériel : le rapport de pouvoir qui permet à une classe d'hommes d'opprimer, de s'approprier la classe des femmes. Le discours de la nature n'est que l'effet idéologique de ce rapport de la domination masculine.Or, aussi paradoxal que ça puisse paraître, selon Badinter, la généralisation en deux blocs opposés – la classe des femmes, la classe des hommes – nous fait retomber dans le piège de l'essentialisme. Par ailleurs, elle a déclaré que le combat féministe s'adresse aux pays arabes et africains, en Iran et en Afghanistan, ou chez nous, dans les banlieues chez les hommes et les femmes originaires de "là-bas", mais pas "chez nous".

    Nous comprenons mieux pourquoi sur toutes les questions féministes pratiques brûlantes, Badinter s'est soigneusement abstenue de mêler sa voie – et ses pieds – aux féministes.

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  26. C'est marrant que tu aies écrit "son chemin" au lieu de "sa voix". Perspicacité ?

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  27. En fait je trouve E. Badinter aussi ellulienne qu'un sac de charbon.

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  28. En fait, Parleur, ce sont les termes de Thomas Lancelot, dont je cite le passage en entier:

    Nous comprenons mieux pourquoi sur toutes les questions féministes pratiques brûlantes, Badinter s'est soigneusement abstenue de mêler sa voie – et ses pieds – aux féministes : sur le retrait des crédits au Planning familial ; sur le non-respect des promesses du candidat Sarkozy sur les droits des femmes ; sur l'application de la loi sur les services hospitaliers qui menace l'existence des centres IVG ; sur les publicités sexistes ; sur le décret en cours d'adoption qui détériore considérablement les conditions d'accueil de la petite enfance ; sur la paupérisation des femmes et leurs retraites, etc., bref toutes les raisons qui ont conduit les féministes à manifester le 8 mars pour la Journée internationale des droits des femmes.

    Donner du temps, de son énergie ou même son nom ou son argent comme le font les millionnaires sympathisants de la cause féministe en Suède, qui finance le parti féministe pour faire changer les choses sur des questions concrètes, ne semblent pas du goût de l'essayiste Elisabeth Badinter. Elle ne s'abaisse pas à traiter la condition matérielle des femmes et préfère garder les mains propres en ne s'attaquant de son salon qu'aux vilaines idées naturalistes.

    Dans la société française malade des inégalités sexistes et de la peste naturaliste qui les justifie, Badinter a choisi de crier haro sur les pauvres baudets, ces pelées de La Leche League (mouvement pour l'allaitement qui serait le pivot de la révolution maternelle et le cœur du discours naturaliste) et ces galeuses de filles voilées plutôt que contre le lion gouvernemental et le loup patronal. En s'en prenant ainsi aux plus faibles pour expier le forfait naturaliste et en niant l'oppression des femmes, Elisabeth Badinter fait fasse route
    .
    ____________
    Ellulienne, EB, non ;o)

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  29. OK. Ben on dirait que lui non plus n'est pas fana du charbon. Pourquoi tu n'as pas tout cité ? Parce qu'on ne tire pas sur une ambulance ? Ah, ces elluliennes…
    Bénies soient-elles.

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  30. Cher Parleur, l'ellulienne (bénie? hé hé) que je suis n'a pas tout cité car cela dépassait le nombre de caractères autorisé.

    Mais j'avais remarqué la "voie" à côté des "pieds" (confusion d'homophones?), et je viens de repérer le "fasse route" de la fin...

    Amusant...

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  31. à l'ellulienne (bénie ? oui, oui)

    "le féminisme est un lieu éminemment conflictuel de l'espace social où sont mises en question les identités de genre et les sexualités"

    Oui; mais le problème est de tirer, politiquement, dans le même sens. D'où l'importance stratégique, à mon avis, d'affirmer l'égalité -rigoureuse- avec l'"autre sexe", et la liberté, en particulier la liberté de choix, dans différents domaines. Je n'évoque pas la fraternité, parce que le mot (plus que la chose) fait problème, mais je n'en pense pas moins.

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  32. Un article dans Le Monde sur le «Alice» de Tim Burton, un peu résumé, dont j’avoue avoir expurgé les références à Lacan…
    http://www.lemonde.fr/cinema/article/2010/03/23/alice-au-pays-des-merveilles-un-conte-enchanteur-sur-l-identite_1323303_3476.html

    Le film de Tim Burton est enchanteur. TB a utilisé sa propre clé, plutôt que celle que lui tendait l'écrivain britannique. Mais peut-on reprocher à un créateur d'adapter une œuvre, fût-elle célèbre, en lui donnant les couleurs de son propre univers?

    N'en déplaise au fameux Charles Lutwidge Dodgson (vrai nom de Carroll), et foin de la mythologie entretenue par cet amateur de petites filles, l'Alice de Tim Burton a 19 ans. La prudence n'est pas son fort. Elle ne pleure pas à tout bout de champ et se moque d'avoir froissé quiconque. On veut la marier au fils dégénéré d'un lord. Elle prend la poudre d'escampette en se laissant tomber au fond d'un terrier à lapin. Le monde souterrain qu'elle découvre n'est pas Wonderland, mais Underland, après avoir avalé une fiole de ce poison qui pourrait être une drogue hallucinogène.
    Patchwork des deux livres emblématiques de Carroll (Alice au pays des merveilles et De l'autre côté du miroir), le film enrôle leur faune fantastique, leur langage facétieux à base de non-sens et de mots-valises, la quête de l'héroïne. Rêve-t-elle ou pervertit-elle une société adulte dans laquelle elle ne trouve pas sa place ? Alice retrouve des personnages rencontrés treize ans plus tôt, mais dont elle n'a pas gardé souvenir.

    L'une des questions soulevées par ce conte, est celle de l'identité. Le "Qui suis-je ?" d'une Alice qui, de chutes en tunnels et couloirs symbolisant la naissance, s'interroge sur son nom, son âge et sa dimension, est relayé par la perplexité de ses compagnons : "Ce n'est pas la vraie Alice !", affirment-ils, non sans clin d'œil au spectateur.

    C'est la même, et ce n'est pas la même, car Alice affecte d'être jeune fille de bonne famille et paria, comme son créateur (Dodgson et Carroll), comme les jumeaux Tweedles, les deux Reines, ou la Chenille fumeuse d'opium, qui se transforme en papillon.

    A 6 ans, la gamine demandait à son père si ses songes étaient un signe de folie. Elle se rassure aujourd'hui: "C'est un rêve, il ne peut donc rien m'arriver!"

    L'une des plus belles réussites du film est la figuration du fameux Chat du Cheshire, symbole de l'impalpable en ce qu'il apparaît et disparaît, symptôme d'un esprit vagabond, félin au masque impénétrable doté d'un sourire insolent, si peu dévot, refusant de baisser les yeux devant le pouvoir.

    Tim Burton, qui travailla déjà pour Disney à ses débuts, observe l'histoire d'Alice à travers ses lunettes. Lui, qu'on classa "enfant bizarre", s'est avéré adepte des êtres irradiant d'enfance dans un corps de grande personne.Un rien psychédélique, l'émerveillement visuel puise ses références chez les symbolistes, byzantins, et illustrateurs anglais de l'heroic fantasy. Hitchcock serait fier de Tim Burton, qui a réussi ses méchants, dont deux monstres homériques : le bouledogue enragé, borgne, baveux et puant, nommé Bundersnatch ; le Jabberwocky, dragon dont Alice doit débarrasser l'Underland. Ce combat entre l'innocence et le paganisme doit avoir lieu "le jour Frabieux". Combat macabre et gothique tel que les affectionne Tim Burton.

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  33. Pas vu ce qu'il y avait de bien méchant dans les trois lignes et demie lacanisantes.

    J'ai du retard, je n'ai pas encore vu le Alice de Walt Disney.

    Le chat de Cheshire est une grande référence de Griffollet...

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  34. OUARF ! Il n'y avait rien de méchant dans les mots de Lacan, ma chère Bourrique de charme.

    En signalant ma "censure" (appelant l'attention sur elle hé hé) j'ai simplement joué un petit tour alicien: faire passer Lacan de l'autre côté du miroir...Cela change un peu non ?

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  35. Tu nous a bien eus. On te prenait pour Monica, respectable et estimée blogueuse. En fait tu es l'espiègle Lili, écureuillette sans principes autres que son caprice bien féminin…

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  36. Lu dans Le Nouvel Obs

    L'Argentine, pays dont la population se dit catholique à 91%, est devenue jeudi 15 juillet le premier pays d'Amérique latine à autoriser le mariage homosexuel lors d'un vote historique au Sénat retransmis par les télévisions.

    Le texte de loi, soutenu par le gouvernement de centre-gauche de la présidente Cristina Kirchner, a été adopté par 33 voix pour et 27 voix contre après près de quinze heures de débats.

    "C'est un jour historique", s'est félicité le chef du groupe du parti au pouvoir, Miguel Pichetto, en rappelant que ce débat avait été entamé un 14 juillet, jour commémorant la Révolution française. "C'est la première fois qu'on légifère pour les minorités", a-t-il dit.

    "La société Argentine a changé: il y a des nouveaux modèles de famille", a dit le chef du groupe radical (opposition) au Sénat, Gerardo Morales, ajoutant que cette nouvelle loi avait pour but de "garantir les droits des minorités".

    Cette loi modifie le Code Civil, la formule "mari et femme" y étant remplacée par le terme "les contractants". Les mariés pourront en outre adopter des enfants et avoir accès aux mêmes droits: sécurité sociale, allocations ou jours de congé liés à la vie familiale.

    L'Argentine devient ainsi le premier pays à autoriser le mariage homosexuel en Amérique latine et le dixième au monde à le faire sur tout son territoire après les Pays-Bas, la Belgique, l'Espagne, le Canada, l'Afrique du Sud, la Norvège, la Suède, le Portugal et l'Islande.
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    Et la France, elle....

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  37. Mouais... GRRR.
    Lu dans Le Nouvel Obs
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    Dans un document baptisé "normes sur les délits les plus graves", le Vatican a mis à jour ses règles vis à vis des sacrements.

    Ainsi, la tentative d'ordination de femmes, qui entraîne déjà l'excommunication automatique, figure parmi les délits les plus "graves" qui seront traités par la Congrégation pour la doctrine de la Foi.
    _______
    C'est quoi ces sornettes?

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  38. "C'est quoi ces sornettes?"
    On s'en fout !

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  39. V'là autre chose.
    Dénoncé par Têtu:

    Aucune chance que votre petite fille devienne lesbienne ? C'est ce que proposeraient des chercheurs américains. Une injection de stéroïde à la femme enceinte permettrait de sauver l'hétérosexualité de leur enfant.

    Le débat fait rage aux Etats-Unis. L'expérimentation d'un traitement hormonal, censé prévenir l'homosexualité des petites filles, a débuté dans une clinique réputée de New York.

    Au départ il s'agissait avant tout de prévenir « l'hyperplasie congénitale des surrénales » (HCS), une pathologie qui touche certaines fillettes (une sur 15 000) et entraîne voix grave, pilosité faciale ou encore formation d'un appareil génital « ambigu ». Pour prévenir cette pathologie, les médecins proposent donc aux femmes enceintes un traitement à base de stéroïdes pour réduire les taux excessifs d'androgène.

    Seul petit bémol, certains commencent déjà à craindre un « remède miracle contre l'homosexualité » féminine. Le docteur New, participant aux recherches, a en effet évoqué « la masculinisation des jeux d'enfants, du métier choisi, des préférences dans l'adolescence et à l'âge adulte, l'absence de l'instinct maternel et l'orientation sexuelle ambiguë, chez les femmes atteintes de HCS ».

    Etre lesbienne, une question d'hormones ?
    Basé sur la vieille idée selon laquelle l'orientation sexuelle est définie par l'exposition in utero à des hormones, le discours des médecins semble donc limpide : les petites filles doivent devenir « bonnes mères » ! Fini donc le goût des petites voitures, le non-désir d'enfant, et surtout le lesbianisme !

    De nombreuses voix se sont fait entendre contre cette étude, si bien que le recherches seraient au point mort. Toujours est-il qu'entre les expériences sud-coréennes effectuées sur des souris, et ces découvertes américaines, les lesbiennes pourraient bien être en voie de disparition dans les prochaines années!

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  40. Le bon vieux Trotsky n'avait pas tort: on assiste à la combinaison des techniques les plus pointues et de l'obscurantisme le plus obtus !

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  41. Hi hi... Lu sous la plume de Sophie Flamand dans Causeur:

    On savait déjà que les chiens ne font pas des chats, sauf accommodements raisonnables avec le plus proche institut de tripatouillage d’ADN. La science pousse maintenant ses investigations sur les mystères de la reproduction bien plus loin. Nous apprenons en effet que plus une femme est belle, plus fortes sont ses chances de donner le jour à une fille. A l’inverse, plus elle est moche, plus elle risque d’enfanter des garçons !

    Donc, Messieurs, si vous voulez un héritier mâle, ruez-vous sur un thon ! C’est en tout cas la leçon qui ressort d’une très longue enquête, démarrée en mars 1958, menée par le distingué Dr Satoshi Kanazawa, de la London School of Economics.

    Comment ce doux dingue s’y est-il pris pour parvenir à cette édifiante conclusion ? Mais par la méthode de l’observation scientifique, qui ne laisse aucune place au doute comme chacun sait. Il s’est penché sur 17 000 bébés de sexe féminin, ce qui est déjà courageux de sa part. A l’âge de 7 ans, ces bébés, devenus des petites filles, ont été évalués sur leur beauté par leur institutrice. Ce qui démontre la rigueur scientifique de la démarche.

    Ensuite, quand la cohorte a atteint l’âge de 45 ans, il leur a été demandé si elles avaient enfanté des garçons ou des filles. Les jolies ont eu autant de garçons que de filles, les moches ont eu plus majoritairement des garçons. Du coup, le Dr Kanazawa est formel : « Les belles femmes sont plus susceptibles d’avoir des filles que les femmes ayant un physique ingrat« . Et d’expliquer le mécanisme, d’une limpidité éclatante : il s’agit d’une sélection naturelle car la beauté est plus bénéfique aux filles qu’aux garçons.

    Mais attention ! Ne perdons pas de vue le processus d’analyse du Dr Kanazawa. Pour que l’édifice se tienne, il faut que la candidate ait été jolie à 7 ans! Après, elle peut être passée sous un rouleau compresseur, tant pis, elle fera des bébés-filles! Par contre, telle magnifique jeune femme était peut-être une morveuse boudinée et boutonneuse à l’âge de raison. Rien n’y fera, elle vous pondra un garçon !

    Hé oui, rien n’est simple. Même avec l’apport de la science !

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  42. Dans l'émission animée par Josy Eisenberg ce matin, une spécialiste du Talmud a souligné quelque chose d'intéressant sur Homme, Femme, Humain, ô Ellulie.

    L'humain a été créé double, puis Dieu a séparé homme et femme sur le côté de l'humain (et non à partir de la côte).

    Eisenberg a souligné que l'hébreu est la seule langue où les mots Homme, Femme, Humain ont la même racine (à lire de droite à gauche):

    איש, אישה, אנושי

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  43. A propos de la remarque d'Eisenberg, Marcella notait qu'en anglais on trouvait la même racine:

    Human being, man, woman

    En chinois également:男子、女子 人

    Mais dans d'autres langues, comme le russe, l'espagnol, l'allemand, l'italien, le portugais, le japonais, l'arabe, les racines sont différentes:

    Человек, женщина, человек
    Hombre, mujer, Humano
    Mann, Frau, Mensch
    Uomo, donna, umano
    Tripulo, mulher, humano
    男、女性 人間、
    رجلا وامرأة إنسان

    A approfondir... Reverso ce soir est en panne

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  44. Lu ceci dans Courrier International (extraits):

    On les appelle les Amazones, les Dames faucons, les Walkyries, les Durgas [déesse hindoue]. Voir un groupe de fortes femmes descendre des nues pour arracher un président à ses sensibilités délicates et l’entraîner vers la guerre a quelque chose de positivement mythologique. Et comme il fallait s’y attendre, il se trouve toujours des types à la Maison-Blanche pour chercher à démentir ce scénario, de peur que l’on aille imaginer que ce n’est pas le président qui porte la culotte.

    Il est trop tôt pour dire si les Walkyries seront finalement louées ou vouées aux gémonies pour la Libye. Mais cette inversion des genres en fascine plus d’un: ces messieurs rechignent — les généraux, le ministre de la Défense, les principaux conseillers masculins de la Maison-Blanche dans le domaine de la sécurité nationale — et se font balayer par les féroces guerrières qui entourent le président Obama et le poussent à être un homme face à ce dingue de Kadhafi.

    Etrange de voir les diplomates en faucons et les militaires en colombes. “Les filles ont pris les garçons de front,” a déclaré Helene Cooper, correspondante du New York Times à la Maison-Blanche. L'animateur radio Rush Limbaugh a tourné en dérision le président et son club de “gars de gauche” : “Evidemment, les hommes étaient contre. Ce sont les nouveaux castrats. … Des mauviettes !”

    Susan Rice, ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU et ancienne conseillère du gouvernement Clinton pour l’Afrique, est hantée par le Rwanda. Samantha Power, membre de l’équipe de la sécurité nationale auteur d’un livre récompensé sur les génocides, a la Bosnie à l’esprit. Gayle Smith, autre spécialiste de la sécurité nationale, était conseillère du président Clinton pour l’Afrique après les massacres au Rwanda. Hillary Clinton, sceptique à l’origine, a prêté l’oreille aux autres femmes. Elle en a peut-être aussi parlé en privé avec Bill, dont les remords à propos du Rwanda l’ont sans douté amené à recommander d'imposer une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye.

    Etrange de voir Rush Limbaugh et Samantha Power dans le même camp. On est bien loin de la théorie féministe sur les relations internationales d’il y a vingt ans, qui se laissait aller à des stéréotypes voulant que l’agression soit “masculine” et la conciliation “féminine”. Loin aussi de l’époque d’Helen Caldicott, la pédiatre australienne adversaire du nucléaire, qui dénonçait les “connotations psychosexuelles” de la terminologie militaire.

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  45. Par delà la différence: les religions, toutes unies, ne sont pas d'accord.

    Cette fois, les arguments invoqués se font écho. Parfois mots pour mots. Premier cheval de bataille commun : la défense déterminée de la différence sexuelle, pilier sociétal que l'ouverture du mariage aux homosexuels viendrait saper. "Ne pas reconnaître la différence sexuelle serait une supercherie qui ébranlerait un des fondements de notre société", s'insurgeait le cardinal André vingt-trois, ce samedi 3 novembre. Une différence sexuelle voulue par Dieu, pointe la fédération protestante de France, via la voix de son président, Claude Baty : "Il y a, dans la création, une volonté de différenciation des sexes". Quand le Grand Rabbin de France, Gilles Bernheim, auteur d'un opuscule anti-mariage gay (2), va jusqu'à soupçonner les militants, supposément inspirés par la théorie du genre, de viser à "faire disparaître définitivement" la notion même de différence sexuelle.

    En arrière-plan, bien sûr, se dresse la question de la parenté et le refus de voir émerger d'autres formes de cellules sociales de base que la famille au sens "classique" du terme. "Nous sommes opposés au mariage homosexuel non seulement parce que cette relation n’est pas conforme à la jurisprudence musulmane, en termes religieux, mais parce que nous considérons que le mariage est une institution qui a permis à l’humanité d’exister, grâce à cette relation entre ascendants et descendants, qui est la filiation", expliquait ce dimanche le président du Conseil français du culte musulman, Mohammed Moussaoui, au micro de France Inter.

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  46. Pendant que les religions se cabrent contre le mariage pour tous, Le Monde établit la carte des endroits du monde où l'homosexualité est réprimée:

    HOMO

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  47. ...Et des psychanalystes se mobilisent pour défendre le mariage pour tous en lançant une pétition:


    Le projet de loi « Le mariage pour tous » a pour visée l’ouverture du droit au mariage de personnes de même sexe et par voie de conséquence, de l’adoption aux couples mariés de même sexe. Cette évolution de notre code civil mettrait enfin la France au diapason de neuf pays européens, treize dans le monde et neuf états américains.

    En réaction à cette évolution démocratique, certains propos mettant en avant une supposée orthodoxie psychanalytique s’opposent formellement à ce projet.

    Nous, psychanalystes (ou en formation psychanalytique), souhaitons par ce communiqué exprimer que « La psychanalyse » ne peut être invoquée pour s’opposer à un projet de loi visant l’égalité des droits. Au contraire, notre rapport à la psychanalyse nous empêche de nous en servir comme une morale ou une religion.

    En conséquence, nous tenons à inviter le législateur à la plus extrême prudence concernant toute référence à la psychanalyse afin de justifier l’idéalisation d’un seul modèle familial.

    Nous soutenons qu’il ne revient pas à la psychanalyse de se montrer moralisatrice et prédictive. Au contraire, rien dans le corpus théorique qui est le nôtre ne nous autorise à prédire le devenir des enfants quel que soit le couple qui les élève. La pratique psychanalytique nous enseigne depuis longtemps que l’on ne saurait tisser des relations de cause à effet entre un type d’organisation sociale ou familiale et une destinée psychique singulière.

    De plus, la clinique de nombre d’entre nous avec des enfants de couples « homosexuels » atteste que ce milieu parental n’est ni plus ni moins pathogène qu’un autre environnement.

    Il n’est pas inutile non plus de faire un retour aux prises de position de Freud concernant l’homosexualité. Pour s’en tenir, par exemple, aux toutes premières années de la naissance de la psychanalyse (1896), Freud signa une pétition initiée par le médecin et sexologue allemand Magnus Hirschfeld (1897) demandant l’abrogation du paragraphe 175 du code pénal allemand réprimant l’homosexualité masculine (recueillant plus de 6000 signatures dont celles aussi de Krafft-Ebing, Andréas-Salomé, Zola, Rilke, Mann et Einstein).

    Aussi nous tenons à rendre publique notre position et ces éléments de réflexion dans le cadre du débat national qui est engagé.

    PSYCHA

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  48. Virginie Despentes habille Jospin et les anti-mariage pour tous pour l'hiver

    Despentes

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