samedi 15 juin 2013

« JE NE PUIS SERVIR LES AUTRES QU’EN ÉTANT MOI-MÊME »

 





« JE NE PUIS SERVIR LES AUTRES QU’EN ETANT MOI-MÊME »

par Jésus Crie


Il y a un écrivain qui me suit depuis le début de mon âge d’homme. Je l’ai découvert dans ses chroniques du Canard Enchaîné. Il m’a appris la curiosité (avec cette maxime placée au fronton d’un musée nantais et de l’un de ses livres : « L’inconnu me dévore ») et surtout l’indignation. Mais sans la haine qui est souvent la marque de fabrique des pamphlétaires. Il a fustigé l’état gaulliste, le colonialisme, l’OAS, l’Eglise catholique (mais salué Jean XXIII à sa mort) et de façon générale les injustices dont il avait connaissance. Il a honoré le Victor Hugo du peuple et de manière générale fait l’éloge des humbles, non, des humiliés.

Il s’appelait Morvan Lebesque.

Pourquoi parler de lui aujourd’hui ?

Pourquoi, alors que son histoire comporte plusieurs années où il fraya avec la collaboration pétainiste ? Période qu’il n’assuma jamais publiquement, et qui permet à certains de le réduire à ça ?

Pour ce qu’il m’a appris.

Pour la beauté de sa plume.

Pour son parcours rare de droite à gauche, tant de Gallo et de Guaino font l’inverse, tant de Buisson vont de droite à droite. Surtout qu’il a fini à gauche à une époque, celle du gaullisme triomphant, où ce n’était pas la bonne façon d’être du côté du manche.

Et aussi, et surtout, pour cet extrait de « Comment peut-on être Breton, essai sur la démocratie » (Le Seuil, 1972, réédité) :

« Se vivre est une mer », dit Sponde. Notre siècle nous laisse peu le loisir d’en explorer les fonds. Avant de savoir qui nous sommes, il nous faut descendre dans la rue, choisir notre camp, nous qui n’avons même pas eu le temps de nous choisir, épouser les passions d’autrui, nous qui connaissons à peine les nôtres, discerner le juste et l’injuste – et en grande hâte, car avant le soir, le juste vainqueur sera injuste à son tour. Cernés de couteaux et de voix qui nous jettent des ordres, aurons-nous le temps d’entrevoir une seule vérité à emporter dans la mort ? Une vérité, ce serait beaucoup. Je n’ai qu’une croyance et dans ce livre, je me suis borné à l’éprouver, comme celui qui, ayant trouvé un sou dans la terre, le tend aux passants dans le creux de sa main pour savoir si c’est de l’or ou du plomb. Il me paraît que le monde n’a de sens que dans le respect des pluralismes et que son sort se joue à tous les niveaux pour ou contre cette définition. Breton, Français et citoyen du monde, qui me dénie une seule de ces composantes me rejette de la communauté ; je ne veux pas nourrir en moi une part maudite qui maudirait mes frères ; je ne puis servir les autres qu’en étant moi-même. Cela s’appelle la démocratie, qui n’est que l’ordre naturel des hommes. Sur un point, pourtant, ma foi est plus précise : je crois aux pauvres. Je crois aux peuples qu’on a vaincus, soumis, humiliés, qu’on a faits valets, mercenaires, putains, à qui on a accroché un sabot au cou.

Relisez bien : « Il me paraît que le monde n’a de sens que dans le respect des pluralismes et que son sort se joue à tous les niveaux pour ou contre cette définition. Breton, Français et citoyen du monde, qui me dénie une seule de ces composantes me rejette de la communauté ; je ne veux pas nourrir en moi une part maudite qui maudirait mes frères ; je ne puis servir les autres qu’en étant moi-même. Cela s’appelle la démocratie, qui n’est que l’ordre naturel des hommes. »
Remplacez « Breton » ou « Français » par tout nom que vous voulez, l’essentiel est d’arriver à « citoyen du monde ». Relevez aussi ce qui est pour moi la clé de voûte : « je ne puis servir les autres qu’en étant moi-même ».

Et maintenant, étalonnez ce texte admirable à l’aune des communautarismes qui nous rongent. Demandez-vous ce que Lebesque penserait de ce qu’est devenue son utopie. Voyez s’il y a une troisième voie entre le repli identitaire, le nationalisme étroit, générateurs de conflits, et le nivellement mondial, entre le nombrilisme mortifère à plusieurs et l’anonymisation itou de tous…

(Ses Chroniques du Canard, en trois volumes, sont trouvables sur la toile)


28 commentaires:

  1. Je ne connais pas Morvan Lebesque, mais ce que tu en dis, Jésus Crie, me plaît bien.

    Je suis effarée de voir le poids des logiques binaires qui tiennent lieu de pensée aux petites têtes qui se croient très en avant dans la conscience politique, et qui cherchent à débusquer partout le "démon brun-fasciste" qui serait selon eux tapi dans l'ombre des personnes de gauche.

    Avec des (dé)raisonnements du type "Chouard ne rejette pas Thierry Meyssan, Meyssan est un fasciste, donc Chouard est un fasciste", ces gens-de-gauche foutent à la poubelle des pans entiers de pensée politique nuancée... et in fine cautionnent les pires choses.

    Ces idiots utiles de la mondialisation inique, de l'archaïsme des pouvoirs religieux (que Pierre Tévanian défend maintenant) et patriarcal, sont en train de devenir des vrais poisons.

    Pour reprendre les termes de Morvan Lebesque, on pourrait dire que faute de savoir qui ils sont et où ils habitent, ils dénaturent l'essence même de la démocratie.

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    1. Nouvelle manifestation du repli identitaire : le résultat de la partielle du Lot. Le cas Huzac et la politique destructrice du ps n’alimentent pas l’extrême-gauche, qui ne perd pas de vue sa dimension universaliste, mais le camp de ceux qui en veulent d’abord à leur voisin différent, comme si les immigrés étaient la cause de l’appauvrissement des masses, de l’abandon des territoires : ce ne sont pas eux qui ferment les usines et les « points verts » dans les petits villages des écarts.

      Sur les communautarismes. Actuellement, le plus virulent est le communautarisme islamiste (attention : pas musulman). Comme tout communautarisme, il pousse sur le terreau de la frustration, d’un mépris qui remonte, au minimum, à la Guerre d’Algérie. Ceux qui ont fermé les usines, les emplois et les boîtes de nuit aux « Arabes » leur ont ouvert les mosquées. Et nous payons cher ce rejet. Quand je dis « nous », je pense en fait aux encagées, comme cette femme voilée venue sur OummaTV parler de son agression… avec son chaperon. Coincée entre ses s… d’agresseurs, son gardien et sa tenue de belphégor, quelle belle vie !

      Un petit mot pour nos islamogauchistes (je m’étais fait « tuer » sur ASI pour avoir osé en dresser le profil idéologique). Je n’admettrai jamais pourquoi, voulant prendre la défense des opprimés (qui serait contre), ils se font les idiots utiles d’oppresseurs n’ayant qu’un projet : remplacer les oppresseurs précédents. Voir ce qui se passe actuellement en Tunisie. Leurs prédécesseurs ont applaudi à Staline, à Mao, à Khomeini, aux Khmers rouges, eux prennent le relais !

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  2. On trouve dans Wikipédia des discussions sur Morvan Lebesque, où l'on voit à l’œuvre les soupçons habituels fondés sur pas grand chose.

    LEBESQUE

    Que les gens aiment donc ériger des tribunaux pour se poser en juges et procureurs suprêmes!

    La notion de "justice populaire" me fout les chocottes quand je vois comment fonctionnent les gens, à toujours nier leur propre ambivalence et à imputer leur part sombre aux autres.

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    1. Attention, il y a réellement une partie de la vie de Lebesque, où son engament pour la cause bretonne l'a conduit à des proximités inacceptables.

      C'est juste qu'à la différence de nombreux collabos, ou, plus près de nous, des partisans de l'OAS (émissions de Mermet cette semaine), il n'a pas persévéré dans l'erreur diabolique, dans la nostalgie d'une époque de cruauté.

      L'OAS, tiens, il en parle dans une de ses chroniques :

      ...Voilà bien des années que je relis ponctuellement les Misérables ; et chaque fois, l'apparition de Jean Valjean dans la forêt de Montfermeil m'émeut comme au premier jour. Je redeviens enfant : je ris d'amitié, je ris de complicité et de tendresse devant ce super-Tarzan, cet archi-Cow-Boy, cet énorme Géant terrible et débonnaire. Cette fois, pourtant, le rire se brise. C'est que la forêt de Montfermeil, nous y sommes en ce moment ; et les terreurs de Cosette sont nos terreurs. Dans le jeu trouble des arbres, du vent et de la nuit, Cosette imaginait des démons dévorants. Nos démons, à nous, revêtent des formes plus visibles. Ils se nomment, ils montrent leurs gueules. Ils tuent, ils plastiquent, ils barbouillent les cadavres de leurs victimes d'inscriptions obscènes, ils achèvent les blessés dans les hôpitaux. Ils fusillent une seconde fois Lorca en la personne de Feraoun. Et surtout, ils proclament leur ignoble dessein : ramener l'humanité en deçà de son évolution, refaire d'elle une putain résignée, la fille soumise du Bourgeois et du Soudard. Réels ? Certes, ils sont bien réels. Et pourtant, regardez-les bien : leur substance est chimérique. Ils ont beau hurler, massacrer, brandir la bombe et le couteau, ils ne sont jamais qu'un passé aboli, une projection d'anciens cauchemars. Cette forêt épouvantable qui nous cerne, il suffirait de notre lucidité pour en rire et de notre volonté pour l'abattre. Aujourd'hui, comme hier, le salut ne devrait pas venir des dirigeants, des notables, de ceux qui ont plus ou moins partie liée avec des fantômes — voyez, ici et là, leurs misérables complaisances pour l'O.A.S. — mais de nous. De nous seuls.

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  3. Bonjour,

    Ce texte sur l'OAS est, en réponse, également très adaptable à la situation en Algérie pendant la guerre civile, par exemple. Il est beau justement parce qu'il est universel.

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    1. Beaucoup des chroniques de Lebesque, pourtant écrites à un moment donné et en réaction à ce moment, ont un caractère universel.

      Ici, on a également la constatation que le salut ne vient jamais des dirigeants mias de nous et nous seuls.

      Raison de plus pour faire vivre, amis lecteurs, nos espaces d'expression et réflexion pour l'action...

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  4. Être breton, être français?


    Comment peut-onêtre breton ? Essai sur la démocratie français de Morvan Lebesque
    -"Qu'appelez-vous être breton? Et d'abord pourquoi l'être?"

    Question nullement absurde. Français d'état-civil, je suis nommé français, j'assume à chaque instant ma situation de Français; mon appartenance à la Bretagne n'est en revanche qu'une qualité facultative que je puis parfaitement renier ou méconnaître. Je l'ai d'ailleurs fait. J'ai longtemps ignoré que j'étais breton. Je l'ai par moments oublié. Français sans problème, il me faut donc vivre la Bretagne en surplus ou, pour mieux dire, en conscience: si je perds cette conscience, la Bretagne cesse d'être en moi; si tous les bretons la perdent, elle cesse absolument d'être. La Bretagne n'a pas de papiers. Elle n'existe que dans la mesure où, à chaque génération, des hommes se reconnaissent bretons. A cette heure, des enfants naissent en Bretagne. Seront-ils bretons? Nul ne le sait. A chacun, l'âge venu, la découverte ou l'ignorance.

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  5. Lebesque en 68.

    Né à Nantes en 1911, tenté dans sa jeunesse par l'autonomisme breton, avant de devenir une des grandes plumes du Canard Enchaîné à partir de 1952, Morvan Lebesque a été l'un des intellectuels français les plus réactifs aux évènements de Mai 68.

    Profondément libertaire, humaniste au sens camusien du terme, Lebesque est alors un opposant presque « professionnel » à la V e République gaulliste, dont il fustige l'autoritarisme. Il s'enthousiasme donc pour cette révolte de la jeunesse qui bouscule les cadres établis.

    Il n'hésite ainsi pas à prendre la défense de Cohn-Bendit contre L'Humanité et les communistes, qu'il juge trop conservateurs.

    Il écrit d'ailleurs, dans le Canard Enchaîné du 8 mai 1968 :

    « Du nouveau, et comment ! La révolution mondiale ne passe plus par les masses ouvrières, mais par les étudiants ; elle ne fait plus de politique, mais elle la vit et s'identifie aux moeurs. Et ne me dîtes pas qu'il s'agit de fils de bourgeois. Si c'est vrai à Paris, tant mieux. Et si c'est vrai à Varsovie, vous avouez que le socialisme a constitué une bourgeoisie ? »

    Pour Morvan Lebesque, Mai 68 est en effet un nouveau juillet 1789, le caractère révolutionnaire des évènements du Quartier latin ne faisant guère de doute.

    Il espère voir un nouveau monde bousculer l'ancien, une nouvelle société émerger où pourront s'allier « le socialisme et la liberté », qui sera « une démocratie moderne, populaire et fédéraliste ».

    Il oppose également « d'un côté, cette révolte prémonitoire. Et de l'autre, en France, un pouvoir monolithiquement bête, non seulement pour ignorer sa dimension, mais pour croire qu'il la corrigera d'une bonne fessée. »

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  6. Comment le pays de la libre pensée , celui qui a permis un article aussi essentiel que l'article 18 de la Charte des Droits de l'homme sur le droit de changer de conviction , de philosophie , a -t-il pu oublier ce qui avait fait sa grandeur : le fait de pouvoir avoir et exprimer des opinions différentes , d'en débattre et de trouver par ce biais de nouvelles idées qui allaient dans le sens de l'égalité et de l'intérêt général .
    Les diabolisations ne sont que les excommunications des apostats de la pensée unique ou politiquement correcte .

    et nous , à cause de ces dogmatismes sectaires , nous venons d'enterrer nos démocraties .

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  7. http://ablogjeanfloch.over-blog.com/article-27757136-6.html#anchorComment

    Excellent article d'Erwan Chartier, dont le livre figure en illustration.

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  8. Comment ne pas être d'accord avec l'excellent texte reproduit par Jesus Crie.
    Quant aux éternels procès des jean-foutre qui passent leur temps à hurler au fascisme tout en pratiquant la censure stalinienne, de quel(s) nom(s) l'Histoire se souviendra t'elle ? De Lebesque, ou de ces va-nus-pieds ? Des "résistants" on en a trouvé tout plein après la guerre...mais pendant, beaucoup moins.

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  9. Gilbert Duroux18/6/13 03:00

    Euh, il y a quand même une différence entre ne pas être résistant pendant la guerre et être du côté des nazis. Il a quand même écrit dan "Je suis partout" jusqu'en 1943. Vous vous rendez compte ? 1943, c'est le tournant de la guerre. C'est le moment où ça devient de plus en plus évident que l'Allemagne va perdre la guerre. Je ne pense pas que relever que ce monsieur a écrit dans un journal antisémite et pro nazi relève du procès stalinien. C'est un point d'histoire incontestable et ce monsieur Lebesque se serait grandi de ne pas le nier.

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    1. Oui il a écrit dans "Je suis partout". Des articles sur les spectacles. Vous croyez que si les comités d'épuration, qui n'étaient pas des tendres, avaient trouvé matière dans son activité, ils l'auraient laissé filer ?

      Vous croyez que Camus, qui de par son activité à Combat au même moment, savait de quoi il retournait mieux que vous et moi, lui aurait accordé son amitié dès 1944 ?

      Vous croyez que le Canard, qui s'était sabordé en 1940 pour ne pas avoir à collaborer, l'aurait engagé en ignorant ce passé ?

      Un passé qu'il n'a jamais nié, et comment aurait-il pu faire pour ce qui était notoire dans le milieu de la presse ! Certes il n'est jamais revenu publiquement dessus par la suite, et je le regrette. Mais dites, si vous avez fait quelque chose dont vous n'êtes pas fier, en reparlez-vous sans qu'on vous y contraigne ?

      Et puis vraiment, Monsieur Duroux, ne retenez-vous que cette page pas jolie de "ce monsieur Lebesque" ?

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    2. "Et puis vraiment, Monsieur Duroux, ne retenez-vous que cette page pas jolie de "ce monsieur Lebesque" ?"
      Hum… Je laisse Mauriac répondre : "on ne reçoit que ce qu'on porte en soi".

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  10. @ Gilbert Duroux

    Je fais toujours le distinguo entre une œuvre et son auteur.

    Ce qu'un auteur développe lui échappe en grande partie pour deux raisons. D'abord parce qu'il puise dans le trésor collectif des pensées partagées, ensuite parce que son œuvre est reçue par des lecteurs ou auditeurs qui l'interprètent à leur façon. Il semble évident que l’œuvre de Morvan Lebesque (que je ne connais pas) trouve des échos poétiques, philosophiques, politiques en bien des gens. Qu'il ait écrit dans Je suis partout ne change rien à cela.

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    1. Gilbert Duroux18/6/13 16:28

      Vous remarquerez que je n'ai rien dit sur l'œuvre de Morgan Lebesque. Je répondais simplement à quelqu'un qui mettait un signe égal entre "ne pas être Résistant" et "être un collaborateur actif". Si la "nuance" vous a échappé, je le regrette.

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    2. "être un collaborateur actif"
      Et vous parlez de nuance. Je n'ose imaginer ce que ça serait si vous décidiez de la jouer bourrin…

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    3. @ Gilbert Duroux

      J'ai perçu la nuance, d'autant que je l'ai d'emblée formulée.

      Ce que je voulais dire, c'est que lorsque la biographie d'un auteur comporte un "point noir" connu, on ne parle plus de son œuvre mais uniquement de ce point noir.

      Cette focalisation empêche très souvent d'aller à la rencontre de la pensée de l'auteur. Or c'est elle qui nous intéresse ici, d'autant plus que les "procès" contre Morvan Lebesque ont déjà été instruits.

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    4. Gilbert Duroux18/6/13 19:21

      Je suis tombé sur un site de négationnistes ou quoi ? Je ne sais pas ce qu'il vous faut ? Il aurait fallu qu'il mette plus directement la main à la pâte en arrêtant lui même des juifs ? En les torturant ? En conduisant les trains qui menaient vers Pitchi Poï ?
      Un gonze qui, dès les années 30 rejoint le Parti national Breton intégral, clone du parti nazi, où il devient responsable de la propagande, ce ne serait pas un militant actif ?
      En 1940, il est rédacteur en chef de L'Heure Bretonne, journal antisémite et collabo du PNB. Quand il quitte ce journal puant, soi disant parce qu'il s'est aperçu des velléités pro-allemandes du canard, il rejoint "Je suis partout", le canard fasciste et collaborationniste de Brasillach, où il turbinera jusqu'en 1943. Qu'est-ce qu'il vous faut de plus ? Il était journaliste, il n'était pas là par accident ou pour enfiler des perles.
      Vous me faites gerber à défendre l'indéfendable. Oui, Lebesque avait le droit de changer, d'évoluer comme vous dites. Mais à quoi bon cacher la poussière sous le tapis ? Qu'est-ce que vous avez derrière la tête ?
      http://www.regionalismes.info/infos/documents/lebesque/lebesque.htm

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    5. Non, Mr Duroux, vous n'êtes pas sur un "site de négationnistes".

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    6. @Monsieur Duroux :

      Pouvez-vous nous donner une phrase où on (moi, par exemple) défend l’indéfendable ? Où on tient des propos négationnistes ? Connaissez-vous le sens exact du mot « négationniste » ?

      J’ai été le premier à dire que « son histoire comporte plusieurs années où il fraya avec la collaboration pétainiste ». Vous appelez ça « cacher la poussière sous le tapis » ?

      Oui, Lebesque a commis des fautes.

      - Qui n’en commet pas ?

      - A-t-on le droit de changer, surtout si c’est dans le sens opposé à tous ceux qui ont renié leurs convictions pour des places et de l’argent ? Tous ceux qui pensent que si on est de gauche à vingt ans c’est bon si on l’est encore à deux fois vingt c’est con ?

      De plus, je n’ai pas écrit ce texte pour Lebesque, même si je maintiens qu’il fut et reste important pour moi qui, j’espère que vous me faites ce crédit, n’ai rien à voir avec l’extrême-droite, mais pour cette idée que je vais donc répéter car elle semble vous avoir échappé : « je ne puis servir les autres qu’en étant moi-même ».

      Puissiez-vous en faire un usage qui nous serve, c’est tout le mal que je vous souhaite !

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    7. - Ça pue le rat, ici. Qu'est-ce qui se passe ?
      - C'est rien, on a juste reçu la visite d'un dératiseur.
      - Un dératiseur ? qu'est-ce qu'il venait fabriquer ? Y a des rats ici ?
      - Ça m'étonnerait. Mais le type a pété les plombs, il voit des rats partout…
      - Je vois le genre. N'empêche que ça pue, maintenant.
      - T'as raison. Ouvre la fenêtre, ça va passer.

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  11. Je reviens sur ce qui est pour moi la clé de voûte : « je ne puis servir les autres qu’en étant moi-même ».

    Etre soi-même, ça se construit. Avec son passé, avec ses origines, avec un patrimoine au sens le plus large du mot. En ayant évolué, en étant allé ailleurs, mais sans les oublier. En en tirant non une fierté (on n’y est pour rien, et ces origines ne sont pas ipso facto de qualité supérieure) mais une solidité comparable à celle de l’arbre enraciné. Voir, par exemple, le mal-être des personnes nées sous x, abusées sur leurs origines (les enfants volés par la caste militaro-religieuse en Espagne ou en Argentine).

    Una anecdote : un de mes frères est conteur en gallo, beaucoup de ses histoires viennent de notre défunt père. Un jour, il est invité à venir conter chez mon fils, qui tenait un lieu d’accueil artistique. Il voit dans le public les jeunes zonards-dealers-soiffards qui squattaient l’appart’ voisin, bons déracinés sans pères ni repères venus du Maghreb. Il panique… et tout se passe bien, les rebeus sont scotchés au mur. Après discussion avec mon fils et avec eux, il réalise que le courant était passé parce que c’étaient des affaires de père et d’origines, d’une transmission qui leur avait manqué…

    Hélas, « servir les autres », au sens noble et universel de l’expression, n’est pas exactement ce qu’on trouve dans la majorité des communautarismes actuels, où on se limite à l’entre-soi, où on pratique le rejet de la communauté voisine.

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  12. Etre soi-même, ça se construit. (Evangile selon Jésus)
    Oui, et ça prend du temps. Tant qu'y a d'la vie…
    Morvan Lebesque est un de ceux qui ont mis la main à la pâte pour m'aider à m'y retrouver et à me trouver. A partir de mes 18 ans, toutes les semaines dans le Canard (sans aucune concession aux codes du Canard) la pensée de Morvan Lebesque, une pensée aiguë; lucide et habitée par l'humain, hors de toute chapelle et de toute bien-pensance, contribuait à me nourrir et m'aider à déchiffrer les évènements du monde au delà de l'anecdote.
    Que je te suis reconnaissant d'avoir mis en lumière cet homme et sa parole. A cette occasion j'ai découvert avec écœurement que dans Wikipedia il est placé dans l'arborescence à la case écrivains collaborationnistes. Beurck. Un homme de ce calibre étiqueté par des bas-du-front péremptoires. Décidément Audiard a eu un coup de génie : "les cons, ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnait…
    Un petit (grand pour moi) souvenir. Dans la ville de province où j'étais en philo, "les Possédés" adapté par Camus est venu en tournée. J'allais pas louper ça ! Je ne sais plus comment ni pourquoi, j'ai eu la chance, après la représentation, de participer au souper qui réunissait la troupe et quelques amis venus les encourager dont…Morvan Lebesque, avec sa tête ronde de Breton. Calme, discret, relativement silencieux et très attentif, il a fini par parler, en réponse à une question sur Camus. Il parlait comme il écrivait. Je ne me souviens plus de la conversation qui a suivi, seulement de cette impression magique qu'il tirait tout le monde vers le haut, en toute simplicité. Une présence intense, sans ostentation, dont j'ai pu aufil du temps constater qu'elle est commune aux vrais grands.
    Gr-ace à ton billet, j'ai pu trouver ses Chroniques sur le net et les commander. Je les attends… Merci Jésus.

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  13. "Je ne me souviens plus de la conversation qui a suivi, seulement de cette impression magique qu'il tirait tout le monde vers le haut, en toute simplicité."

    Votre message me touche car vous avez eu une chance que je n’ai pas eue. Monsieur Duroux viendra-t-il nous relire ?

    On retrouve cet art de tirer vers le haut à la fin de son hommage funèbre au pape Jean XXIII :

    …Pour un incroyant, un pape qui meurt n'est qu'un vieil homme qui accomplit son destin naturel. Rien de plus. Mais rien de moins. Et c'est pourquoi celui-ci qui était, sa vie et ses actes en témoignent, un homme intelligent et bon, un juste et un pacifique, on doit le saluer quand il s'en va. Sans souci des malentendus et des ricanements. Sans rien abdiquer, sans rien désavouer. Et pour l'essentiel, l'unique certitude, que je dirai tout à l'heure.
    ...
    Or voici la certitude unique, voici l'essentiel, oui. On court après des idées, des croyances, des chimères ; une religion succède à l'autre ; on se bat pour des vues de l'esprit avec des armes de nuées ; et pourtant dans ce monde où rien n'est sûr, il existe un point d'appui. C'est l'homme, tout simplement. J'entends, celui qu'on regarde en face et en qui on reconnaît, quelle que soit la foi à quoi il les rapporte, les principes non écrits sur lesquels nous vivons.
    ...

    Ce vieux pape Jean XXIII, juste et pacifique, qui d'une main déjà mourante écrivit Pacem in terris, je me moque bien que son Eglise en fasse un saint, en compagnie de M. Ignace de Loyola et quelques autres. Et je me moque bien qu'il aille rejoindre dans une crypte des pontifes plus que douteux. Et je me moque bien qu'il ait représenté sur terre un groupe humain attaché à une mythologie à laquelle je ne puis croire. Avec ou sans tiare, avec ou sans plumes pharaonesques au-dessus de sa chaise, ce vieil homme a retrouvé sa vraie famille. Elle comprend des êtres de toutes races, de tous pays, de toutes professions, Des sages qui contemplaient les étoiles à une époque où le Christ n'était pas inventé. Des martyrs brûlés par son Eglise même pour avoir affirmé la vérité que voyaient leurs yeux. Et d'innombrables inconnus qui choisirent l'honnêteté, la justice, l'amour du prochain. Ils croyaient en des dieux-taureaux, des dieux-béliers, des dieux en croix, ils croyaient au stoïcisme, au platonisme, au marxisme, et après ? Des millénaires viendront et on croira encore en autre chose. Mais la main qui relève un malheureux, le cœur qui ne bat pas que pour lui-même, l'esprit qui souhaite le rassemblement des hommes et leur unité dans le respect de leurs différences, la lucidité qui refuse la guerre et prêche la réconciliation, tout cela est l'unique religion, la religion éternelle qui a précédé toutes les autres et ne passera jamais. Elle témoigne que cette terre est vivable, quoi qu'on fasse. Elle dit que l'homme est moins inutile, sous le soleil, que tous les dieux qu'il s'est donnés. Elle nous enseigne à nous passer d'eux pour nous consoler de mourir.

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    1. Dans ce très beau passage sur Jean XXIII, Lebesque tient un discours d'amour et d'espoir sur nous, frères humains. Quelque chose que je perçois comme très bienveillant et très "rédempteur".

      Peut-être, justement, son chemin un peu tortueux lui-a-t-il permis de considérer les autres dans leur pleine existence, avec leurs parts d'ombre et de lumière, sans les condamner pour les premières ni les encenser pour les secondes?

      C'est un exercice difficile que j'ai évidemment envie de lui appliquer à lui.

      D'autant plus que... il est tellement plus facile de regarder le mauvais de l'autre, car ce faisant on se dédouane du mauvais de soi.

      Qui peut en toute tranquillité jeter la première pierre?

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    2. Le secret des dieux est qu'ils sont jaloux de notre mortalité.

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  14. Boufre !
    Y en a deux qui me manquent. L'autre c'est Coluche…

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