mardi 28 mai 2013

ET LA PALME D ’OR DU CULOT EST ATTRIBUÉE A…








ET LA PALME D ’OR DU CULOT EST ATTRIBUÉE À

Par  Jésus Crie




Vite, dans l’océan de louanges qui s’est abattu sur la Palme d’Or 2013, jetons la pierre du grincheux :


Ceux qui ont bossé dans le cinéma savent que ce n’est pas le lieu de la quiétude du temps jadis des ronds-de-cuir. Les imprévus, les dépassements d’horaire, les changements brusques, les coups de gueule sont plus courants que les chèques du producteur. Ils le savent mais viennent là par passion et, parce que ce ne sont pas des poulets frais éclos, ils ont le cuir plus tanné que la moyenne. Pour qu’ici ils en aient eu ras la bobine et se soient plaints publiquement, faut-il vraiment que le Maître ait envoyé la sauce.

Le Maître: c’est ce qui ressort de plusieurs commentaires, trouvés sur lemonde.fr, incendiant les soutiers (je résume : vils cloportes, vous osez râler au lieu d’être heureux d’avoir, par votre sueur et vos larmes d’humiliation, modestement contribué à la création d’une Œuvre pétrie d’humanité que nous irons voir avec la certitude d’être de chics types).

Plus les heures passent et plus je vois ici un parallèle avec la situation des esclaves payés (mal) du Tiers-Monde : des petites mains souffrent pour que des happy few se pavanent dans de beaux habits ou surfent sur des bijoux d’électronique top-modernes inventés par d’anciens hippies. Bon, il n’y pas eu de mort sur ce tournage, de quoi je me plains…

Sur Médiapart, un article d’un certain Vingtras encense ce film et salue «un grand artiste, engagé contre l'intolérance, le racisme et l'injustice qui frappent ses frères et soeurs des banlieues». Parce que, je ne l’ai pas dit, le Maître est de gauche. Ouf, s’il avait été de droite comme un Lombard ou un Ghosn, peut-être y aurait-il des morts ?

Sous cet article, un commentateur signale accessoirement les menus bobos évoqués dans l’article ci-dessus, qui ont frappé ses petits frères et sœurs du tournage. Le faux Vallès rétorque qu’il n’est pas au courant et n’a pas envie de l’être, car la CGT n’avait pas été cool avec Jean Renoir (il y a 75 ans, j’ignorais qu’un délégué syndical ait la vie aussi longue).

Belle gogauche humaniste avec la sueur et l’humiliation des autres, tiermondiste sur le mépris des petits de son monde !
…..
Réaction de l’auteur de la BD d’où vient le film :

"Je tiens à remercier tous ceux qui se sont montrés étonnés, choqués, écœurés que Kechiche n’ait pas eu un mot pour moi à la réception de cette Palme. Je ne doute pas qu’il avait de bonnes raisons de ne pas le faire, tout comme il en avait certainement de ne pas me rendre visible sur le tapis rouge à Cannes alors que j’avais traversé la France pour me joindre à eux, de ne pas me recevoir – même une heure – sur le tournage du film, de n’avoir délégué personne pour me tenir informée du déroulement de la prod’ entre juin 2012 et avril 2013, ou pour n’avoir jamais répondu à mes messages depuis 2011. Mais à ceux qui ont vivement réagi, je tiens à dire que je n’en garde pas d’amertume. Il ne l’a pas déclaré devant les caméras, mais le soir de la projection officielle de Cannes il y avait quelques témoins pour l’entendre me dire « Merci, c’est toi le point de départ » en me serrant la main très fort."

C’est pas pour dire mais dans le genre «moi ma vie mon œuvre et mon nombril», le Maître, c’est un bon !

9 commentaires:

  1. Comme souvent, derrière le faste en toc et les paillettes, l'arrière-cuisine sent le graillon et la mauvaise bouffe ;)
    Pour moi le cinéma français est mort après la nouvelle vague.

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  2. Julie Maroh rappelle d’abord qu’elle avait une intention bien claire : «la banalisation de l’homosexualité» même si elle ajoute qu’elle n’avait «pas d’intention militante» lorsqu’elle a imaginé son héroïne.

    Elle aurait pu dire tout cela au micro d’une conférence de presse bondée de la Croisette. Elle a préféré s’exprimer par écrit au lendemain de la remise des Prix. Là, elle tente d’expliquer comment elle a vécu ce moment étrange où «son» personnage finit par ne plus lui appartenir et dit presque autre chose que ce pour quoi il a vu le jour.

    La rencontre des deux auteurs remonte à un peu plus de deux ans avant que Kechiche n’achète les droits d’adaptation. «Je lui ai stipulé dès le départ que je ne voulais pas prendre part au projet, que c’était son film à lui», souligne l’auteur de la BD. La dessinatrice évoque la liberté du réalisateur, son regard qui ne sera jamais le sien et aussi l’expérience presque douloureuse qui en découle. «Cette adaptation est une autre version / vision / réalité d’une même histoire. Aucune ne pourra annihiler l’autre. Ce qui est sorti de la pellicule de Kechiche me rappelle ces cailloux qui nous mutilent la chair lorsqu’on tombe et qu’on se râpe sur le bitume (...) «Son héroïne principale a un caractère très éloigné de la mienne, c’est vrai. Mais ce qu’il a développé est cohérent, justifié et fluide. C’est un coup de maître.»

    «En tant que lesbienne», Julie Maroh avoue qu’elle attendait autre chose des scènes les plus explicites (quelques minutes sur trois heures) du film. Et de tacler le manque de réalisme du scénario, les clichés sur la sexualité féminine : «Il me semble clair que c’est ce qu’il manquait sur le plateau : des lesbiennes. Je ne connais pas les sources d’information du réalisateur et des actrices (qui jusqu’à preuve du contraire sont tous hétéros), et je n’ai pas été consultée en amont. (...) excepté quelques passages – c’est ce que ça m’évoque : un étalage brutal et chirurgical, démonstratif et froid de sexe dit lesbien, qui tourne au porn, et qui m’a mise très mal à l’aise. Surtout quand, au milieu d’une salle de cinéma, tout le monde pouffe de rire. Les hérétonormé-e-s parce qu’ils/elles ne comprennent pas et trouvent la scène ridicule. Les homos et autres transidentités parce que ça n’est pas crédible et qu’ils/elles trouvent tout autant la scène ridicule. Les seuls qu’on n’entend pas rire ce sont les éventuels mecs qui sont trop occupés à se rincer l’œil devant l’incarnation de l’un de leurs fantasmes.» La dessinatrice précise néanmoins qu’il n’est pas question pour elle de parler de trahison. «La notion de trahison dans le cadre de l’adaptation d’une œuvre est à revoir, selon moi. Car j’ai perdu le contrôle sur mon livre dès l’instant où je l’ai donné à lire.»

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  3. En Tunisie:


    Kapitalis pose la question : "Reste à se demander si le ministre de la Culture Mehdi Mabrouk laissera projeter La Vie d'Adèle, qui parle d'homosexualité féminine, dans le pays natal de son réalisateur, la Tunisie, aujourd'hui sous domination islamiste."

    Mag14 ajoute : "Autant dire que ce film risquerait de susciter autre chose qu'un "séisme filmique" s'il en venait à être projeté dans l'une de nos salles obscures en voie de disparition. Surtout dans un contexte tunisien où même le camp dit 'moderniste' s'effarouche (encore) pour la poitrine d'Amina [Femen]."

    Même son de cloche sur le site Webdo.tn : "La réaction du ministère de la Culture n'a pas tardé : Fathi Kharrat, directeur général du cinéma, tout en se félicitant du succès du film, a déclaré que celui-ci s'adressait à "un environnement particulier" et que des réactions violentes à la projection du film dans nos salles obscures pourraient avoir lieu".

    "Est-ce le retour d'une nouvelle ère de censure ? Les Tunisiens en général et la jeunesse tunisienne en particulier, celle évoquée par Kechiche le dimanche 26 mai lors de la cérémonie de remise des prix à Cannes, n'ont-ils pas encore acquis le droit de pouvoir évaluer par eux-mêmes un film ? Qui détient le droit de juger une œuvre cinématographique et déterminer si elle est bonne pour notre société ou ne l'est pas ? Où se situe la limite de la liberté de penser cher payée par les Tunisiens dans cette affaire ? L'art en général, est-t-il sujet aux appréciations morales ?" "Nous n'en sommes pas encore là, le film ne sortira officiellement en France qu'en octobre, attendons donc de voir, et, qui sait d'ici là, les vents auront peut-être tourné."

    "A cet égard, le cinéphile Hisham Ben Khamsa, organisateur du festival de cinéma américain indépendant Views of America, ne se fait pas tant d'illusions au sujet d'un film qui a priori n'a aucune chance de passer dans les salles de cinéma tunisiennes", note Mag14. "D'une lucidité à toute épreuve, Ben Khamsa affirmera ainsi : 'Je crois que pour voir La Vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche dans son pays natal, nous devrons tous être reconnaissants aux vidéoclubs et à l'industrie du piratage en Tunisie'."

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  4. Un petit extrait du Figaro:
    Pour Le Monde , ce n'est pas un hasard si le Spiac-CGT a attendu aussi longtemps pour dénoncer les conditions de travail sur le tournage de La Vie d'Adèle. Le quotidien estime qu'il s'agit pour le syndicat de brandir l'exemple d'un «mauvais élève», dans le contexte tendu des négociations autour d'une convention collective du cinéma. Le Spiac-CGT, la plupart des syndicats de salariés, l'organisation patronale API (réunissant Gaumont, MK2, Pathé, UGC), en sont signataires depuis janvier 2012, ce qui n'est pas le cas de nombreux syndicats de producteurs indépendants, dont Wild Bunch, donc. Ces derniers ont même ratifié une contre-convention en janvier 2013 avec la CFDT. Devant cette levée de bouclier, la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti a nommé un médiateur (Raphaël Hadas-Lebel) et décidé de suspendre l'extension de la convention collective, initialement prévue au 1er juillet 2013.
    Cela n'est pas étonnant: cette convention collective est une petite révolution au sein de ce monde d'arrangements en marge de la loi. Elle prévoit, entre autres, des minima salariaux, et le paiement des heures supplémentaires, du travail de nuit ou du dimanche. Autant de points sensibles pour les films à petit budget, qui ont souvent du mal à payer leurs techniciens au plein tarif. La convention alternative propose notamment d'adapter les rémunérations des techniciens en fonction du budget du film. Celui de La Vie d'Adèle a dépassé les 4 millions d'euros.
    «Si ce long-métrage devait devenir une référence artistique, nous espérons qu'il ne devienne jamais un exemple en termes de production», conclut le Spiac-CGT dans son communiqué. La médiation en cours entre partisans et opposants de la convention collective devrait aboutir le 6 juin. Pour l'instant, Abdellatif Kechiche, dans l'euphorie de sa palme d'or, ne s'est pas encore exprimé sur le sujet.

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    1. « Autant de points sensibles pour les films à petit budget, qui ont souvent du mal à payer leurs techniciens au plein tarif. »

      Tiens tiens, ça me fait penser au fonctionnement des pure players genre Rue89. S’appuyant sur le fait qu’ils sont pauvres comme Job pour rémunérer les pigistes au lance pierres, pour publier des articles de blogueurs en ne les payant qu’avec une offre de notoriété. Ou qui, mieux encore, comme Arrêt sur Images, font payer leurs abonnés pour que ceux-ci, par leurs commentaires, donnent du contenu éditorial en volume supérieur aux articles et en qualité équivalente voire plus.

      Il ne faut donc pas s’étonner que Schneidermann, dans son article sur la Palme d’Or, ait « oublié » les petites mains…

      Ne parlons pas de Médiaplenel, qui veut bien des blogueurs pour étoffer son offre, mais leur refuse le droit d’enlever eux-mêmes les ordures que viennent déposer des pervers.

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  5. Dans les réactions à la réaction de la vilaine CGT (et qui aurait cru qu’un degauche comme Vingtras s’y joigne), il y a l’idée qu’elle entrave la marche du progrès schröderollandais vers le « travailler plus et gagner moins » afin de concurrencer les esclaves chinois ou bangladais.
    (Progrès salué par une remontée de Fromage de Luxe dans les sondages : la révolution populaire, c’est pas maintenant !)

    Ira-t-elle, la salo.e, perturber le déplacement présimentiel à Rodez, où il va flatter la croupe des ouvriers de Bosch qui ont accepté de « moduler » leur temps de travail et de voir geler leur salaires en 2014 ?

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    1. De la servitude volontaire....enfin bien aidée par les médias en général.

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  6. Ça bouge là aussi.

    http://www.marianne.net/La-Vie-d-Adele-de-Kechiche-cible-de-l-humour-noir-des-internautes_a229176.html?com#last_comment

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  7. J'ai envoyé le lien vers cet article au nommé Vingtras.

    Qui ne m'a pas répondu.

    Méprisant un jour, méprisant toujours !

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