jeudi 20 juin 2013

Mais c’est bien sûr : sacrifions la démocratie pour sauver l’euro et les banques !

 




 


Mais c’est bien sûr : sacrifions la démocratie pour sauver l’euro et les banques !


Monica, très inspirée par un texte de Stefan Steinberg




Dans un document publié à la fin du mois de mai 2013, le géant américain  des banques d’investissement, JPMorgan Chase, réclame ni plus ni moins l’abrogation des constitutions démocratiques adoptées après la Seconde Guerre mondiale dans une série de pays européens, et la mise en place de régimes autoritaires.

Le document de 16 pages, réalisé par le groupe Europe Economic Research de JPMorgan, est intitulé L’ajustement de la zone euro – bilan à mi-parcours.  Ses auteurs, qui affirment que la crise de la zone euro comporte deux dimensions,  préconisent d’abord d’instaurer des mesures financières pour permettre aux principales institutions d’investissement de continuer à engranger les bénéfices de leurs activités spéculatives en Europe. Ensuite, ils soutiennent qu’il est nécessaire d’imposer des «réformes politiques » afin d’éradiquer l’opposition aux mesures d’austérité massivement impopulaires qui sont appliquées au nom des banques.

Le Rapport donne un satisfecit à la gentille Union européenne qui a adopté un certain nombre de mécanismes financiers visant à garantir les intérêts bancaires. Selon les auteurs,  la réforme de la zone euro, de ce point de vue, en serait pratiquement à mi-chemin. Mais c’est très insuffisant ! Ils réclament beaucoup plus !

D’abord de la Banque Centrale Européenne. Depuis la crise financière mondiale de 2008, la BCE débloque des milliers de milliards d’euros en faveur des banques afin qu’elles effacent leurs créances douteuses et démarrent une nouvelle série de spéculations. En dépit d’une pression grandissante venant des marchés financiers, le chef de la BCE, Mario Draghi a déclaré l’été dernier qu’il ferait le nécessaire pour consolider les banques. Mais pour les analystes de JPMorgan, il faut une « réponse plus spectaculaire » à la crise.

Cette réponse devrait venir des gouvernements nationaux qui, selon ces messieurs, ont mis beaucoup trop de temps à instaurer les mesures autoritaires nécessaires à l’austérité. Le processus d’une telle «réforme politique » précise l’étude en tordant le nez, a « même à peine commencé. »

Voici ce qui selon eux sous-tend la nécessité d'une « réforme politique » : « Au début de la crise, on avait pensé que ces problèmes nationaux hérités du passé étaient en grande partie d’ordre économique, » mais « il est devenu manifeste qu’il y a des problèmes politiques profondément enracinés dans la périphérie qui, à notre avis, doivent être changés si l’Union monétaire européenne (UME) est censée fonctionner à long terme. »

Les auteurs détaillent les problèmes que, de leur point de vue,  posent les systèmes politiques des pays de la périphérie de l’Union européenne – la Grèce, l’Espagne, le Portugal et l’Italie – les plus concernés par la crise de l’endettement en Europe :

« Les systèmes politiques de la périphérie ont été établis après une dictature et ont été définis par cette expérience-là. Les constitutions ont tendance à montrer une forte influence socialiste, reflétant la force politique que les partis de gauche ont acquise après la défaite du fascisme. »
« Les systèmes politiques autour de la périphérie affichent de manière typique les caractéristiques suivantes: des dirigeants faibles ; des États centraux faibles par rapport aux régions ; une protection constitutionnelle des droits des travailleurs ; des systèmes recherchant le consensus et qui encouragent le clientélisme politique; et le droit de protester si des modifications peu appréciées sont apportées au statu quo politique. Les lacunes de cet héritage politique ont été révélées par la crise. » 

En somme, ces auteurs plaident pour que les gouvernements adoptent des pouvoirs autoritaires afin de mener à bien le processus de contre-révolution sociale.

Une contre-révolution ? Comme s’il y avait eu révolution ! En réalité, il y avait très  peu de socialisme dans les constitutions adoptées après-guerre en Europe, qui visaient surtout à garantir les intérêts des classes possédantes après que nombre de responsables politiques se furent accommodés bon an mal an des régimes fascistes et dictatoriaux.

Les constitutions des Etats européens, y compris celles de l’Italie, de l’Espagne, de la Grèce et du Portugal, sont à double face. Elles ont été élaborées et appliquées en collaboration avec les partis socialistes et communistes des pays respectifs, permettant un grand nombre d’avancées (protections sociales, constitutionnelles) que certains, comme JPMorgan, rêvent d’abolir. Mais elles ont également désamorcé les mouvements de résistance devant les injustices qui continuaient à se perpétuer.

À nos yeux, évidemment, les critiques concernant le « manque d’autoritarisme » des gouvernements européens sont idiotes et déplacées. Partout en Europe, les gouvernements ont, ces dernières années, pris des mesures pour réprimer toute opposition à leur politique. La constitution adoptée en Grèce en 1975, après la chute de la dictature des colonels, n’a pas empêché le gouvernement grec de licencier en masse des fonctionnaires. Et dans un certain nombre de pays européens, les partis dirigeants sont en train, de fait, d’encourager le développement de partis néofascistes tel le mouvement Aube dorée en Grèce. En dehors des bruits de bottes, l'enfumage est une arme "douce" et d'autant plus redoutable de dissuasion massive.

Mais, très exigeant, le Club de JP Morgan juge cela fort insuffisant. Afin d’éviter une révolution sociale qui (sait-on jamais) pourrait se profiler, il suggère fortement aux gouvernements européens de très vite mettre en place des formes dictatoriales de régime.

A la fin du document, les auteurs révèlent les dangers qui, selon eux, découleraient de l’incapacité des gouvernements européens à établir des systèmes autoritaires. Ce pourrait être « 1) l’effondrement de plusieurs gouvernements favorables aux réformes en Europe méridionale, 2) un effondrement du soutien à l’euro ou à l’UE, 3) une victoire électorale incontestée de partis anti-européens radicaux quelque part dans la région, ou 4) l’ingouvernabilité de fait de certains Etats membres une fois que les coûts sociaux (notamment le chômage) dépasseront un certain seuil. »


Discours et projets caricaturaux ? Certes. Mais rappelons que JPMorgan est profondément impliqué dans les opérations spéculatives qui ont dévasté la vie de centaines de millions de travailleurs partout dans le monde. En mars de cette année, une commission du Sénat américain a rendu public un Rapport de 300 pages documentant les pratiques criminelles et la fraude réalisées par JPMorgan, la plus grande banque des Etats-Unis et le plus grand agent de produits dérivés du monde. En dépit des révélations détaillées dans le Rapport, aucune sanction n’a été prise contre le PDG de la banque, Jamie Dimon, qui jouit de la confiance personnelle du président américain.


Et c’est cette banque qui se permet à présent de donner des leçons d’économie et de politique aux gouvernements européens ! Soixante-dix ans après la prise de pouvoir par Hitler et les nazis en Allemagne, dont les conséquences furent catastrophiques pour l’Europe et le monde, JPMorgan ose  sans aucune vergogne  réclamer des mesures autoritaires pour réprimer les citoyens et éradiquer les acquis sociaux - ceux du CNR en France notamment.






10 commentaires:

  1. Quoi ? Moi qui croyais que les vilaines banques avaient été mises au pas par SuperSarko et ses seconds Obama Cameron Merkel etc !

    Et que depuis elles faisaient dans leur culotte ?

    On m'en aurait menti ?

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  2. AÏE

    Dans les dernières lignes du mandat de la Commission, sous le chapitre intitulé : « Cadre institutionnel et dispositions finales », il est indiqué que l’accord de libre échange entre l’UE et les États-Unis « comprendra un mécanisme de règlement des différends approprié ».

    Ce quasi fait accompli apparaît à un autre endroit du mandat, dans la partie concernant le commerce des services et la protection des investissements : l’accord « devrait viser à inclure un mécanisme de règlement des différends investisseur-Etats efficace ». Le terme est utilisé à plusieurs reprises : la Commission souhaite ainsi inclure « le règlement des différends d’État à État, [qui] ne devrait pas interférer avec le droit des investisseurs d’avoir recours à des mécanismes de règlement des différends investisseur-État ».

    Ainsi, cette procédure initiée par l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) et son successeur, l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) « devrait fournir aux investisseurs un large éventail d’arbitrages actuellement disponibles en vertu d’accords bilatéraux d’investissement des États membres ».

    Souvent utilisé dans les accords bilatéraux, ce type d’arbitrage est un formidable levier pour les multinationales qui ont leurs entrées au sein de la Commission européenne. Mais avec le PTCI, « on va au-delà de ce qu’exigent les accords de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur les droits de propriété intellectuelle, sur l’Accord général sur le commerce des services (AGCS), sur la déréglementation, sur les pratiques administratives, sur l’agriculture.

    Il s’agit en fait de créer un marché commun qui sera soumis à un organe d’arbitrage contraignant sur le modèle de l’Organe de règlement des différends de l’OMC. Un pas de géant sera franchi vers la dépossession de notre destin, un recul de plus, considérable, de la démocratie, dont ne profiteront que les firmes américano-européennes. C’est la fin de tout espoir d’une Europe européenne », explique Raoul Marc Jennar, spécialiste des accords commerciaux internationaux, consultant au Parlement européen auprès de la Gauche Unitaire Européenne (GUE), de 2005 à 2007.

    La proposition de Partenariat transatlantique entre l’UE et les États-Unis « va ouvrir les vannes à des poursuites de plusieurs millions d’euros par de grandes entreprises qui contestent des politiques démocratiques visant à protéger l’environnement et la santé publique », souligne un récent rapport de Corporate Europe Observatory et du Transnational Institute (lire ici).

    Le rapport révèle une campagne déterminée de lobbying menée par les groupes de pression de l’industrie et des cabinets juridiques afin d’accorder des droits sans précédent aux entreprises, leur permettant de poursuivre des gouvernements pour des législations ou réglementations qui interfèreraient avec leurs profits.

    Il met en évidence le programme agressif du géant états-unien de l’énergie Chevron sur cette question du règlement des différends investisseur-État : « Chevron a déjà utilisé des mécanismes similaires afin d’essayer d’éviter de payer 18 milliards de dollars en réparation d’une pollution pétrolière en Amazonie. Il en appelle maintenant à "la plus forte protection possible" vis-à-vis des mesures gouvernementales européennes qui pourraient interférer avec ses investissements dans de grands projets énergétiques, dont la fracturation [hydraulique, ou fracking, pour l’extraction des gaz de schiste] », préviennent les deux ONG.

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    1. Nous sommes en plein dans ce que Naomi Klein appelle le corporatisme, pour désigner la nouvelle forme du capitalisme. Elle estime en effet que les politiques qualifiées de «néo-libérales» ne sont pas si libérales que cela, puisqu'elles nécessitent une intervention étatique importante afin d'assurer «la concurrence libre et non faussée» contre la tendance des entreprises à former des oligopoles et le respect de la propriété privée des grandes entreprises malgré leur impopularité.

      Elle écrit: «Le mot qui convient le mieux pour désigner un système qui gomme les frontières entre le Gouvernement avec un G majuscule et l'Entreprise avec un E majuscule n'est ni «libéral», ni «conservateur», ni «capitaliste». Ce serait plutôt «corporatiste»

      Ces interpénétrations s'effectuent grâce à un lobbying très intensif. Les oligopoles ont évidemment besoin d'avoir en face d'eux des citoyens carpettes dirigés d'une main de fer par des gouvernements carpettes.

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  3. Jean-Luc Mélenchon sur son blog:

    Fanfares ! Fanfares ! Le mandat de la Commission européenne pour négocier avec les Etats-Unis la formation d’un Grand Marché Transatlantique, ne verra pas le régime des biens culturels inclus dans cette négociation. C’est une bonne nouvelle. Elle prouve que l’on peut bloquer les plus grandes machineries du moment où l’on a une volonté politique claire et affirmée haut et fort comme l’a fait Aurélie Filippetti. Le silence d’Ayrault et son absence de la scène a sans doute aidé à rendre crédible la détermination de la ministre de la Culture.

    Ceci étant posé, voyons la situation réelle : la France a accepté l’ouverture de la négociation et donc le principe même du Grand Marché Transatlantique ! C’est consternant ! Le candidat Hollande n’en avait jamais parlé dans sa campagne. Le premier ministre ne l’a jamais évoqué dans un de ses discours et notamment pas à l’occasion de celui qu’il a prononcé pour son investiture devant l’Assemblée. L’Assemblée Nationale elle-même n’en a jamais débattu. Cela ne dérange personne parmi les psalmistes de la démocratie et des droits de l’homme. C’est pourtant une bifurcation majeure du cours de l’histoire entre les deux rives de l’Atlantique. C’est l’annonce d’une révision de fond en comble de tout le système des normes commerciales, sociales et écologiques de nos pays. C’est la fin de l’espérance de pouvoir modifier le contenu libéral de la construction de l’Union européenne puisque le deuxième tour de verrou est donné avec les règles du Grand Marché Transatlantique. Tout cela est tellement consternant qu’on comprend mieux pourquoi la sonnerie des trompettes de victoire est si forte ! Elle constitue le stade suprême de l’enfumage ! Cherchez dans la presse la moindre référence au fait que cette négociation est ouverte sans que jamais le moindre mandat à ce sujet n’ai été débattu dans une assemblée française !

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  4. « Au début de la crise, on avait pensé que ces problèmes nationaux hérités du passé étaient en grande partie d’ordre économique, » mais « il est devenu manifeste qu’il y a des problèmes politiques ..."

    Sans blague !!!

    ... profondément enracinés dans la périphérie qui, à notre avis, doivent être changés si l’Union monétaire européenne (UME) est censée fonctionner à long terme. »

    Ouf ... j'ai cru un instant qu'on envisager de changer de système économique.

    Merci pour cet article Monica.

    Paulette

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    1. zut le robot a publié trop tôt ... "qu'on envisageait" (l'orthographe m'a tuer).

      Paulette

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  5. Face à la puissance des oligopoles, et à la soumission des gouvernements-carpettes, les citoyens qui ont expérimenté l'UMP et le PS se tournent vers le FN.


    26 % des Français pourraient voter pour le Front national à une élection nationale, et 29 % pourraient le faire à une élection locale, des proportions qui marquent des progrès de la formation d'extrême droite, selon un sondage BVA pour l'émission CQFD de i>Télé publié vendredi. D'après cette enquête, 11 % des personnes interrogées pourraient voter "certainement" pour le FN à des élections présidentielle ou législatives, et 15 % le pourraient "probablement", soit un potentiel électoral de 26 %. À titre de comparaison, le potentiel électoral, mesuré dans cette même enquête, s'élève à 51 % pour l'UMP, et à 46 % pour le PS. En mars 2012, un mois avant l'élection présidentielle, une enquête précédente de BVA évaluait le potentiel électoral de Marine Le Pen à 17 %, soit quasiment le même niveau que le score qu'elle avait obtenu le 22 avril 2012.

    Selon BVA, le potentiel de vote du Front national est particulièrement fort chez les jeunes (33 %) et chez les ouvriers (40 %). Auprès des ouvriers, la part de ceux se déclarant "certains" de voter pour le FN (27 %) est même désormais supérieure à celle se déclarant certaine de voter pour le PS (24 %) ou pour l'UMP (14 %). D'autre part, relève le directeur général adjoint de BVA Gaël Sliman, la porosité entre électeurs potentiels du PS et du FN "est extrêmement limitée", puisque seules 4 % des personnes interrogées pourraient voter pour l'un comme pour l'autre parti. "La porosité entre FN et UMP est 4 à 5 fois supérieure, puisque 18 % envisagent de pouvoir voter pour l'UMP et pour le FN", précise-t-il.

    Au niveau local, avec 29 %, le potentiel électoral du FN est supérieur de trois points à son niveau national. C'est aussi le cas pour l'UMP (54 %) et le PS (49 %). S'il est "habituel" pour les partis de gouvernement que sont l'UMP et le PS, cet écart de trois points est "assez exceptionnel pour le FN qui n'est pas un parti à qui les élections locales réussissent habituellement", commente Gaël Sliman. Enfin, le vote FN apparaît de plus en plus, non comme un vote protestataire, mais comme un vote d'adhésion. À la question "qu'est-ce qui vous incite le plus à envisager de voter" pour ce parti, 51 % ont répondu "l'adhésion aux idées politiques du FN" et 47 % "le rejet des autres partis" (2 % de non-réponses). La question n'est toutefois posée qu'aux 29 % du total de l'échantillon affirmant pouvoir voter pour le Front national
    (Le Point).

    Les gens dégoûtés par les politiques et les oligarchies se tournent donc vers les "idées politiques" (i.e., la vacuité politique) du FN plutôt que vers les "vociférations" du FDG. L'enfumage fonctionne à plein, les slogans nationalistes de droite de teinture xénophobe étant mieux entendus que les idées politiques de gauche à base de réformisme politique et économique.


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  6. La mort tragique de la petite Marianne.

    Il était une fois une petite Marianne, la plus jolie qu’on eût su voir. Sa mère lui fit un chaperon phrygien qui lui seyait bien et elle lui dit : «Va porter ces bulletins de vote à ta mère-grand Démocratie».

    En passant par la forêt de Montretout, Marianne rencontra commère Bleu-Marine qui valsait avec des Autrichiens dans une clairière et qui n’osa la manger à cause des bûcherons antifascistes qui étaient par là, mais qui lui demanda où elle allait. La pauvre enfant, éblouie par sa blondeur, lui donna l’adresse de l’isoloir de sa mère-grand.

    Bref (je vous la fais courte) : Marine courut à toutes jambes malgré sa douleur au sacrum et quand Marianne arriva chez sa mère-grand elle entendit : «Tire la chevillette bleue-blanc-rouge, le rideau de l’isoloir s’ouvrira, l’islam cherra, le chômage s’envolera (dans le même charter que les basanés), la délinquance disparaîtra (idem pour les syndicats), le prince charmant éclora, viens dans mes bras.

    Marianne s’étonna trop tard de ses grandes oreilles, de ses grands yeux, de ses grandes dents. Crounch, crounch !

    Il faut dire que la petiote lisait des contes de fée dans des médias où les journaleux décrivent les loups, les bergers et les jeunes filles en se trompant complètement.


    Théophraste R. (Contradicteur de lui-même : Ils ne « se trompent pas complètement », ils le font exprès, ces chaperonrougeophages).

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  7. Treize grandes banques, dont la Française BNP-Paribas, sont dans le viseur de Bruxelles depuis ce lundi. La Commission européenne les soupçonne de s'être entendues pour empêcher des établissements concurrents d'opérer sur le marché des produits dérivés decrédit (les fameux credit default swaps en anglais, ou CDS*) ou pour retarder leur entrée sur ce marché.

    Cette potentielle atteinte au droit de la concurrence leur a valu une mise en garde de la part de la Commission, qui leur a adressé une communication des griefs les invitant à s'expliquer.

    BNP Paribas est la seule banque française concernée. A ses côtés figurent :
    - cinq établissements américains : Bank of America Merrill Lynch (la banque d'investissement de Bank of America), Citigoup, Goldman Sachs, JP Morgan et Morgan Stanley
    - trois Britanniques : Barclays, HSBC et la Royal Bank of Scotland
    - deux Suisses : Crédit suisse et UBS
    - une banque allemande : Deutsche Bank.
    S'y ajoutent le cabinet d'études financières international Markit, basé à Londres et considéré comme le premier founisseur d'informations sur les CDS, ainsi que l'association internationale des dérivés (ISDA), qui regroupe les principaux acteurs du marché.


    «Ce serait inacceptable si des banques ont collectivement bloqué des échanges pour protéger leurs revenus dans le secteur des dérivés de crédit négociés de gré à gré», s'est indigné dans la communication des griefs Joaquín Almunia, vice-président de la commission européenne, chargé de la concurrence.

    Bruxelles enquête sur cette entente illicite depuis qu'elle a été alertée à ce sujet en avril 2011 par deux opérateurs boursiers (l'Allemand Deutsche Börse et l'Américain Chicago Mercantile Exchange). Ces établissements ont tenté d'entrer sur le marché des CDS entre 2006 et 2009 et d'échanger ces actifs sur des bourses dédiés mais, vraisemblablement à la demande de plusieurs grandes banques, Markit et l'ISDA ne leur ont jamais fourni les informations nécessaires pour cette opération. «Si ces faits sont confirmés, ils constituent une violation importante des règles de la concurrence», a souligné lundi M. Almunia, soulignant que l'UE oeuvre pour rendre les marchés plus transparents et tourner la page de la crise financière de 2008.

    Le marché des credit default swaps a en effet largement contribué à la crise financière de 2008. Ils font partie des produits financiers dits «toxiques» car reposant sur la spéculation. A la fois très risqués et très répandus, ils pullulent dans les banques du monde entier et sont considérés comme les responsables de la chute de la banque américaine Lehman Brothers et de l'assureur AIG.

    *Les CDS sont des titres dérivés de contrats d'assurance délivrés par les établissements financiers (à des entreprises par exemple) contre le risque de non-remboursement d'un crédit. Les établissements financiers proposent aux investisseurs de souscrire à ces CDS : ces derniers s'engagnet alors à rembourser le crédit si l'entreprise ne peut le faire et reçoivent de l'argent en échange. Ils reposent sur la spéclation et sont par nature très risqués.

    Source: Le parigo
    ____
    Encore une aberration qui va se terminer par une petite mise en garde.

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