mardi 2 avril 2013

BABY LOUP, BABY BLUES


Baby Loup, Baby Blues


Par Jésus Crie





Le fond des attaques contre la crèche Baby Loup n’est pas dans le fait qu’elle aurait été méchante avec une dame pieuse, ça ce n’est qu’un prétexte.
 
Mais que c’est un lieu ouvert à tous les enfants et toutes les femmes de toutes origines, 24h sur 24. Que donc, pour reprendre une vieille pub, «Baby Loup libère la femme» pour aller travailler, assurer son indépendance. Et ça, la femme libre, pour les barbus du quartier, c’est intolérable ! «Tous les enfants et toutes les femmes de toutes origines» : mais attendez, c’est le contraire du communautarisme, ça ! Tu m’étonnes que les barbus détestent !

Même si cette affaire est récupérée par la Marine en bleu, ses marins et ses sous-marins, la lutte des gens de Baby Loup n’a rien à voir avec l’islamophobie, mais tout avec le respect.

Il est désespérant de voir que des gens de gauche, comme dans un certain Médiachose, fustigent cette crèche dirigée par une femme qui a su résister aux dictatures argentine et chilienne, mais pourrait caler faute de soutiens autres que ceux, cyniques, de la droite et de la fachosphère.

De gauche, car en lutte contre les injustices faites aux plus faibles ; mais bornés, borgnes car incapables de voir que, dans la lutte respectable contre l’impérialisme occidental et ses soutiens menée en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, se sont glissés de mauvais bergers ne luttant que pour asseoir leur propre impérialisme, impérialisme à base religieuse dont les principales victimes sont les femmes.

(Dois-je préciser, pour refuser d’avance tout procès en islamophobie, que je ne confonds pas musulmans et barbus ? Notamment parce que moi-même je porte la barbe ?)

22 commentaires:

  1. Merci Jésus Crie d'avoir publié ce Billet.

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  2. Dans Marianne, un article de Elodie Emery



    Extrait:

    Ce qui donne à Baby Loup son caractère exceptionnel, sans équivalent en France, ce sont ses horaires d'ouverture : vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. En offrant aux femmes du quartier la possibilité de faire garder leurs enfants, Baby Loup leur a tout simplement ouvert les portes du monde du travail. «Je déposais ma fille tous les matins à 5 heures pour être au travail à 6 heures. Sans la crèche, je n'aurais jamais accédé à l'emploi de cadre que j'occupe maintenant, j'aurais perdu le bénéfice de mon concours», témoigne une jeune chef de cuisine.

    Sage-femme de profession et fervente féministe, Natalia Baleato ne s'est pas arrêtée là. Elle a également permis à ses employées, des femmes sans qualification pour la plupart, de se former aux métiers de la petite enfance. Avec une efficacité qu'aucune politique ne peut revendiquer, Baby Loup est devenu en quelques années un authentique vecteur d'intégration. Un progrès qui devrait être plébiscité par tous. Hélas, ce n'est pas le cas, les perspectives d'émancipation des femmes qu'autorise cette crèche n'étant pas du goût des adeptes de l'islam radical, de plus en plus nombreux à Chanteloup. «La loi du quartier joue contre nous», disait Natalia Baleato à l'époque du premier procès aux prud'hommes. Un constat que partage Luce Dupraz, qui a retracé l'histoire de la crèche dans son livre, Baby Loup, histoire d'un combat (Erès, 2012). Depuis la fin des années 90, «une islamisation rampante gagne le quartier, écrit-elle. Depuis 2005-2006, des salafistes marocains et turcs, formés en France ou en Arabie saoudite, prêcheraient un retour aux valeurs fondamentales de l'islam».

    La tension monte et se cristallise en 2008 autour de l'affaire du voile d'une employée du nom de Fatima Afif. Après un congé parental de cinq ans, cette employée réapparaît voilée et refuse d'ôter son foulard dans l'enceinte de la crèche. Directrice adjointe de l'établissement, elle connaît pourtant très bien le règlement intérieur, qui veut que, «dans l'exercice de son travail, le personnel doit respecter et garder la neutralité d'opinion politique et confessionnelle». Dans une ville telle que Chanteloup-les-Vignes, où une cinquantaine de nationalités sont représentées, cette neutralité est une condition de survie pour la crèche. Fatima Afif n'en a cure. «Elle n'était pas comme ça avant son congé. C'était une femme charismatique, très intéressante, se souvient une collaboratrice de Baby Loup. Elle s'est fait endoctriner, c'est certain.»

    A Baby Loup, le personnel est sous pression, et toutes celles qui acceptent de raconter les difficultés qu'elles rencontrent au quotidien le font sous couvert d'anonymat. Coups de fil anonymes, pneus crevés, signes menaçants..., les attaques ne sont jamais physiques ; elles interviennent par périodes, puis plus rien pendant des semaines
    .

    En renvoyant le jugement en appel, ce qui prendra certainement encore un ou deux ans, les magistrats de la Cour de cassation maintiennent une épée de Damoclès au-dessus de la crèche. Car, si la plaignante obtient les 100 000 € de dommages et intérêts qu'elle réclame, Baby Loup ne survivra pas.

    Pour l'instant, ses employées sont solidaires. «C'est vrai qu'on va travailler avec une certaine appréhension, déclare une jeune femme, mais pour l'instant on ne songe pas à quitter Chanteloup-les-Vignes.» Quant à Natalia Baleato, Chilienne ayant fui successivement la dictature de Pinochet puis le régime de Videla en Argentine, elle se montre courageuse... mais pragmatique : «J'en ai vu d'autres. Mais je ne suis pas kamikaze.» A la France de réagir pour que l'aventure Baby Loup ne se transforme pas en mission-suicide.

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  3. Marianne s'est engagé dans lea défense de la laïcité et de Baby Loup:

    PÉTITION

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  4. On fait beaucoup de foin sur cette histoire... C'est dommage pour Baby Loup, mais le seul vrai problème est juridique et pas du tout politique...

    La CC a sanctionné le motif invoqué dans la lettre de licenciement qui faisait référence au principe de laïcité...
    C’est une jurisprudence constante, le motif doit correspondre, de façon excluant tout autre, aux seules raisons suivantes (seules ou combinées, avec une graduation de la cause réelle et sérieuse jusqu’à la faute lourde) :
    - une insuffisance de résultat par rapport aux objectifs fixés
    - une incompétence professionnelle
    - un comportement nuisible à l’entreprise menant à une perte de confiance
    - une mésentente assez importante pour nuire au bon fonctionnement de l’entreprise
    - un absentéisme répété au point, encore une fois, de nuire au bon fonctionnement de l’entreprise
    - un manque de loyauté
    - des absences injustifiées
    - des actes de violence ou d'indiscipline
    - une insubordination
    - des injures et violences
    - une pratique de toute forme de harcèlement moral et/ou sexuel
    La faute lourde étant caractérisée en plus par l'intention du salarié de nuire à l'employeur ou à l'entreprise (vol, détournement de fonds, concurrence déloyale…).

    Tout autre fait ne peut pas être pris en compte pour invoquer une faute... C’est ça, à mon sens, l’énorme erreur juridique... Si la lettre de licenciement avait invoqué une cause réelle et sérieuse sans faire référence à une faute, ni à l’obédience religieuse de la licenciée, je formule l’hypothèse que sa décision aurait été tout autre...
    Et c’est assez logique, on ne peut pas avoir des lois et une Constitution qui proscrivent la discrimination religieuse et permettre que celle-ci se manifeste dans une entreprise privée... fût-elle rendant un service de nature publique...
    En aucun cas, ce ne peut être une « faute » d’afficher son obédience confessionnelle ; par contre, ça peut sûrement être une « cause réelle et sérieuse » ; du moins si ça n’est pas formulé comme faisant référence à une obédience religieuse... Vous suivez ?
    Aussi, à mon sens, c’est l’erreur juridique de base qui a été sanctionnée ; tandis que la CC n’aurait sûrement pas moufté sur une « cause réelle et sérieuse constituée par un comportement nuisible à l’entreprise et consécutif au refus d’ôter un foulard, qui provoquait en plus une mésentente assez importante pour nuire au bon fonctionnement de l’entreprise » (juste un exemple de combinaison possible)...
    Quand on veut respecter la loi sans appeler un chat un chat (un peu comme cette loi d’interdiction de la dissimulation du visage ;-(), on en arrive forcément à ce genre d’hypocrisies...
    Tous les praticiens du droit du travail sont constamment confrontés à ce genre de problèmes ; au point que je pense que les raisons invoquées dans les lettres de licenciement correspondent très rarement aux motifs réels, uniquement pour être dans le cadre de ce qu’autorise le droit...
    À l’évidence (sous réserve de pouvoir trouver un jour les motifs vraiment invoqués dans la lettre de licenciement que je n’ai pas trouvés sur le Net), Baby Loup a été très mal conseillée pour la rédaction de sa lettre de licenciement, dommage...

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    1. @ Incognitototo

      Il est vrai que l'association Baby Loup semble avoir été mal conseillée, d'autant que - des spécialistes de l'Islam ne cessent de le dire -, le voile islamique n'est pas une prescription religieuse mais bien culturelle... et misogyne. C'est un marquage des femmes qui ne se contente pas de les sur-désigner comme êtres de sexe féminin, mais également de signifier leur statut d'objet sexuel, de proie. "Mesdames, cachez aux yeux des hommes ces appels ignominieux à vous posséder".

      L'association Baby Loup aurait peut-être pu simplement dire qu'elle avait un règlement intérieur, dont cette femme avait accepté le principe, et sous le coup duquel elle avait travaillé (y compris comme directrice adjointe) avant de revenir quelques années plus tard imposer quelque chose qui y contrevenait.

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  5. Cela dit, je serais curieux de tester la CC sur les discriminations à l’embauche dans les entreprises confessionnelles, y inclus dans des abattoirs hallal ou casher... Puisqu'à contrario, comment justifierait-elle, ou non, que c’est possible... À l’occasion d’une affaire provoquée, cela pourrait même faire l’objet d’une Question prioritaire de constitutionnalité...
    J'ai même la possible formulation de la QSP :
    - L'obédience religieuse peut-elle faire l'objet d'une "qualification requise" pour l'exercice d'une activité professionnelle ? Et donc, faire l'objet des critères de choix d'une entreprise à l'embauche ?

    Cependant, si elle répond oui, si elle considère que l'obédience religieuse peut être une "qualification professionnelle", cela ne résoudra pas pour autant :
    - qu'on peut avoir une connaissance des rites et d'une culture religieuse (des fois bien plus que les religieux eux-mêmes), sans en être issu pour autant. Il continuerait donc à y avoir discrimination religieuse à évincer un candidat possédant cette connaissance sans être issu de la religion demandée - leurs textes ont prévu, par exemple, que la viande hallal ne peut-être abattu que par un musulman ; mais le Coran peut-il constituer un règlement intérieur dans la mesure où il contrevient à nos principes de laïcité et de non discrimination ?...
    - notre problème laïc... Justement parce que la neutralité et/ou l'athéisme ne peut pas être défini comme la résultante de la maîtrise d'une connaissance ou d'une appartenance confessionnelle...

    Un vrai casse-tête... ou alors, il faut que les athées se déclarent comme « religion de l'absence de Dieu »... ;-) ou encore, qu'on se décide à appeler un chat un chat dans notre Constitution, pour arrêter de se faire e... par tous ceux qui croient...
    Je ne vous cache pas que je suis personnellement pour ce genre de clarifications, sans détour...

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    1. @ Incognitototo

      Oui, nous sommes en train de nous faire avoir de tous les côtés par des bigots de toutes obédiences.

      Je pense que l'affaire Baby Loup fait du foin parce qu'elle est le symbole, et même le symptôme, des dysfonctionnements de notre "vivre ensemble". Des conceptions très hétérogènes, que je pense profondément inconciliables, s'opposent et se mènent la guerre, tentant de "gagner la partie". Les deux motifs principaux de cette guerre sont (a) la présence "ostensible" de la religion dans le champ social quotidien (qui s'était bien érodée avec la sécularisation de l'église catholique), (b) le statut des femmes et du genre, qui est devenu en France beaucoup moins binaire et caricatural qu'il ne l'était jadis.

      D'une manière plus générale, le traitement de l'affaire Baby Loup par certains "islamogauchistes" me met en pétard. Non seulement ils ne tiennent pas compte du travail multiculturel et féministe réalisé depuis des années par cette association, mais ils donnent raison à une personne contre une collectivité.

      Cette position "islamophile" me semble être le strict pendant de la position "islamophobe". Aux fachos qui disent "Les Français d'abord", ces gauchistes (qui, comme Tévanian, en sont à défendre aujourd'hui les religions!) répondent "Les Musulmans d'abord". Des Musulmans, il faudrait selon eux tout accueillir, y compris des choses qui heurtent profondément nos propres convictions.

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  6. "ils donnent raison à une personne contre une collectivité."
    Est-ce vraiment la question ? Si la personne a raison, qu'on lui donne raison ! Le droit n'est pas affaire de majorité. Cela me rappelle André Laignel, de triste mémoire : "Vous avez juridiquement tort parce que vous êtes politiquement minoritaires"

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    1. @ Parleur

      Je ne suis pas certaine d'apprécier d'être comparée à Laignel de triste mémoire!

      Il fallait évidemment lire ma phrase dans la continuité de mes propos antérieurs, au lieu d'en épingler 9 mots.

      Si une association a certains principes de fonctionnement, et si une personne les accepte puis les conteste, donner raison à cette personne contre la collectivité me semble injuste et délétère.

      Cela n'a évidemment rien à voir avec la minorité politique.

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    2. Holà!
      Que voilà une comparaison qui ne saurait me venir à l'esprit :-) !
      J'ai réagi impulsivement à une formulation, sans que cela mette le moins du monde en cause une position et un raisonnement que je partage complètement (et encore moins l'harmonieuse et nuancée).
      Le fond de ma pensée étant que cette femme n'est pas une personne seule contre une collectivité, mais l'agent instrumentalisé d'une mouvance très dérangée par le rôle de Babyloup, comme l'a très bien expliqué Incogni3to.
      Désolé si la concision de mon commentaire hâtif sur un détail a créé un malentendu.

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    3. No problemo, my dear Parleur ^^^^
      ;-)(-;

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  7. Par AFP
    La France et ses voisins européens ont été critiqués mardi par une commission gouvernementale américaine pour leur «laïcité très agressive», dans un rapport qui épingle les lois sur les signes religieux, sur la construction de mosquées et sur l’abattage rituel.

    Pour la première fois, la commission américaine sur les libertés religieuses internationales, dont les membres sont nommés par le président américain et le Congrès, a consacré un chapitre de son épais rapport annuel, publié mercredi, à l’Europe de l’Ouest. En 2012, seuls quelques paragraphes lui étaient consacrés.

    «Parfois, comme l’Europe de l’Ouest a en général un très bon bilan en matière de liberté religieuse, il est facile de négliger le fait qu’il existe des questions problématiques en ce qui concerne les vêtements religieux, certains rituels et certaines traditions religieuses», a expliqué la présidente, Katrina Lantos Swett, au cours d’une conférence téléphonique.

    «Dans certains pays, une laïcité très agressive place les personnes religieuses dans des positions inconfortables et difficiles en ce qui concerne le plein exercice de leurs convictions et croyances», a-t-elle ajouté.

    Outre les lois restreignant la liberté d’expression (appels à la haine...), le rapport énumère les restrictions croissantes concernant les signes religieux, l’abattage rituel des animaux (Luxembourg, Suède, Pays-Bas...) et la construction de mosquées et minarets en Suisse.

    La question de la circoncision, également mentionnée, avait suscité une polémique en 2012 en Allemagne, après le jugement d’un tribunal assimilant la circoncision non justifiée médicalement à un acte passible de poursuites pénales. Mais le Parlement allemand a reconnu en décembre la pratique, dans la mesure où elle était réalisée par une personne désignée par une communauté religieuse. Selon la commission, il s’est développé «un climat d’intimidation contre certaines formes d’activité religieuse en Europe occidentale».

    «Ces restrictions limitent aussi gravement l’intégration sociale et les perspectives en matière d’éducation et d’emploi pour les individus concernés», ajoutent les auteurs.

    La France et la Belgique sont particulièrement visées en raison des interdictions du voile intégral dans les espaces publics, votées en 2011.

    «Cela soulève des inquiétudes en termes de discrimination», écrit la commission. «Tout en cherchant à répondre aux inquiétudes sur la coercition, une telle loi appliquée trop largement soulève des questions sur les droits parentaux et la liberté de choix».

    L’action anti-sectes de la France soulève aussi l’inquiétude des commissaires américains, qui dénoncent les mesures «contre des groupes religieux décrits comme des "sectes"».

    La surveillance de la Scientologie, des Témoins de Jehovah ou de certaines églises chrétiennes évangéliques par la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) «stigmatise certains groupes nouveaux ou non traditionnels comme étant soi-disant dangereux», dit à l’AFP Elizabeth Cassidy, directrice adjointe de la commission.

    Les lois européennes, en visant «un groupe religieux minoritaire particulier, envoient un signal qui justifie, pour certains, la discrimination contre des membres de ce groupe», explique-t-elle.

    L’ambassade de France à Washington n’avait pas souhaité réagir dans l’immédiat. Le rapport publié mercredi ne concerne pas les Etats-Unis.

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  8. La liberté des religions contre celle des femmes :

    Voici la déclaration musclée du ministre tunisien de l'enseignement supérieur, Moncef Ben Salem, en pleine Assemblée constituante, samedi 27 avril, sur le thème brûlant des étudiantes en voile intégral: " J'appelle tous mes collègues universitaires à laisser les étudiantes niqabées passer leurs examens...En attendant d'étudier en profondeur la question , pour ne pas avoir à le regretter plus tard...Je pourrai être contraint , vraiment contraint, de soumettre la question du niqab aux députés pour trancher".

    A la veille du verdict qui doit être prononcé le 2 mai dans le procès opposant le doyen Habib Kazdaghli à une étudiante en niqab, laquelle l'accuse faussement de l'avoir giflée, ces propos prouvent qu'Ennahda n'a pas du tout l'intention de détendre l'atmosphère. Moncef Ben Salem menace donc de faire voter l'autorisation du voile intégral à la fac, autrement dit d'ajouter un tison de plus au brasier qui brûle entre les deux Tunisie.

    Pourquoi? Parce que toutes les preuves, désormais, sont là: le doyen Kazdaghli est innocent. L'étudiante a menti. Elle n'a jamais été giflée. L'ordre tunisien des médecins a reconnu que le pseudo-certificat médical brandi par l'accusation était un faux. L'ensemble des professeurs, en Tunisie, a soutenu le doyen dans sa défense des valeurs académiques et des libertés universitaires. L'affaire a largement dépassé les frontières. Des milliers d'enseignants, prestigieuses figures dont plusieurs prix Nobel, sont venus à la rescousse de leur collègue de la Manouba en signant une pétition internationale. Rappelons que Habib Kazdaghli risque cinq ans de prison sur la base d'un témoignage mensonger! Chacun sait donc, y compris au sein du pouvoir, que l'accusation va dans le mur, qu'une condamnation serait la preuve terrible qu'il n'y a plus d'Etat de droit en Tunisie.

    " Même la jeune fille accusatrice m'inspire de la pitié, me confiait il y a quelques jours le doyen de la Manouba. Elle et ses amies étaient amenées en estafette au tribunal, encadrées par des barbus, comme des bestiaux.Quelle manipulation! Je veux qu'on comprenne qu'à la Faculté, il y a un règlement qui n'est pas dirigé contre la religion ou la politique mais qui défend l'égalité de tous face au savoir. On me disait, au début: laissez-la entrer en cours, laissez-la dans un coin...Mais non! Dans une Tunisie qui a joué à fond la carte de l'éducation des femmes, je ne vais pas faire d'apartheid entre celles qui portent le niqab et celles qui ne le portent pas! La personnalité, c'est le visage. Ce sont les exigences de notre beau métier d'enseignant".

    Le procès intenté au doyen s'est déroulé comme un feuilleton, depuis le 5 juillet 2012, avec une avalanche d'audiences sans cesse reportées. Tout a été fait pour décourager ses soutiens. Mais personne ne s'est lassé, la popularité de Habib Kazdaghli s'est renforcée.
    " En réalité, explique le doyen, il s'agissait de tester jusqu'où pouvait aller l'instrumentalisation de la justice. On voulait la mettre au pas, comme la faculté! C'est un jeu morbide: il a déclenché deux grèves des magistrats, le 28 mars et le 18 avril derniers. Preuve que le calcul était faux : la justice réclame bel et bien son indépendance."

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  9. La liberté des religions contre la liberté de pensée et de vivre au Maroc

    « Celui qui renonce à sa religion est apostat et il doit retourner à sa religion. S'il refuse, il perd la vie et l'au-delà et il doit être condamné à la peine de mort », précise le Conseil supérieur des oulémas. La fatwa rappelle aux musulmans de « rester dans leur religion et d’appliquer la sage loi de Dieu, car toute personne née de parents musulmans, ou de père musulman uniquement, est considérée comme musulmane à son tour et liée par un acte de foi et un pacte social à la nation d’islam ; l’islam ne permet en aucun cas à ces personnes de quitter leur religion ou de renoncer au pacte social qui les lie. Faire cela est un acte d’apostasie et de déloyauté, et expose son auteur à des peines spéciales ».

    Cet avis du Conseil supérieur des oulémas n'a pas manqué de susciter une nouvelle polémique au Maroc. « Personne ne peut plus accepter ce genre d’avis religieux. C’est un retour vers le Moyen âge », s’offusque Abdelhamid Amine, vice-président de l’Association Marocaine des droits humains (AMDH). "C’est totalement contraire aux pactes signés par le Maroc, qui, tous, préconisent la liberté de croyance".

    De son côté, Ahmed Assid, le chercheur et militant des droits de l’Homme et de la liberté de conscience déclare : « cette fatwa ne tient aucun compte de la signification moderne de la citoyenneté qui considère que toute personne est libre de ses choix et qu’elle peut agir comme elle l’entend pour mener sa vie, à la condition qu’elle respecte la liberté des autres. Parmi ces droits figure en bonne place la liberté de conscience sans laquelle il est impossible d’édifier un Etat de droit ou d’instaurer un système démocratique ».

    Certains ne voient pas dans cette fatwa une matière à débattre et encore moins à polémiquer. Pour eux, les sources religieuses sont claires à ce sujet et stipulent que tout musulman qui renie sa religion doit être lapidé jusqu’à ce que mort s’en suive. C'est l’avis de Cheikh Mohamed Fizazi, connu pour son appartenance à la Salafiya et considéré comme un des prêcheurs les plus radicaux du Maroc.

    Le code pénal marocain ne prévoit pas explicitement l'apostasie, mais la prévoit implicitement en s'attaquant à ses signes ostentatoires.

    L'article 220 du code pénal marocain stipule qu'il « est puni de la même peine (emprisonnement de six mois à trois ans et amende de 200 à 500 dirhams), quiconque emploie des moyens de séduction dans le but d’ébranler la foi d’un musulman ou de le convertir à une autre religion, soit en exploitant sa faiblesse ou ses besoins, soit en utilisant à ces fins des établissements d’enseignement, de santé, des asiles ou des orphelinats. En cas de condamnation, la fermeture de l’établissement qui a servi à commettre le délit peut être ordonnée, soit définitivement, soit pour une durée qui ne peut excéder trois années ».

    L'article 222 prévoit une peine de prison de 1 à 6 mois et une amende pour «celui qui, notoirement connu pour son appartenance à la religion musulmane, rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le temps du Ramadan, sans motif admis par cette religion».

    De la sorte, le droit marocain condamne les apostats du Maroc à vivre en cachette leur apostasie, ne jamais exprimer leur opinion, leurs désaccords avec la religion islamique, ne rien dire sur les causes qui animent leur rejet de l'islam, devenir des hypocrites qui montrent qu'ils sont "musulmans" alors qu'en réalité, ils sont loin de l'être.




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  10. Réponses
    1. Le lien du Monde a changé. On trouve le texte de Meddeb ici:

      Meddeb

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  11. Le problème est bien là: laïcité à la française contre théocratie multiconfessionnelle.
    Caroline Pinet

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    1. Bien sûr. Multiconfessionnelle. Important. Répètons le, en gros pour les imbéciles cramponnés à leur chère "islamophobie"fantasmée : théocratie MULTICONFESSIONNELLE.
      Multiconfessionnelle, crétins !
      Merci, Caroline. Ça fait plaisir de vous revoir par ici.

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  12. L'affaire Baby Loup est en cour de justice.

    ICI

    Quoi qu'il en soit, cette crèche ne bénéficiera plus aux familles de Chanteloup les Vignes... Bravo les extrémistes!
    GRRRR

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  13. La cour d’appel de Paris a confirmé mercredi le licenciement, pour «faute grave», d’une salariée voilée de la crèche privée Baby-Loup à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), ont annoncé sur place les avocats de la crèche. A l’audience, le 17 octobre dernier, le procureur général François Falletti avait demandé à la cour de «résister» à la Cour de cassation, qui avait annulé le licenciement. L’affaire est devenue emblématique dans le débat sur la laïcité.

    «Cette décision de résistance marquera l’histoire de la laïcité», a réagi auprès de l’AFP Me Richard Malka, un des avocats de l’établissement. «Pour nous, a-t-il poursuivi, cette victoire est d’abord celle d’une idée généreuse, singulière et universaliste, l’idée que ce qui nous rassemble doit être privilégié (par rapport) à l’exacerbation de nos différences, fussent-elles religieuses». «C’est l’affirmation que si la religion est sacrée pour certains, elle n’est pas sacralisée par la République», a-t-il ajouté.

    Il est «très probable» que Fatima Afif, la salariée voilée, décide de «faire un pourvoi» en Cassation de l’arrêt de la cour d’appel confirmant mercredi son licenciement, a déclaré à l’AFP son avocat, Me Michel Henry. Selon l’avocat, ce débat juridique doit désormais être tranché en séance plénière de la haute juridiction.

    Me Michel Henry a fustigé «cette espèce de populisme qu’exprime» une partie de la haute magistrature, ce «courant de pensée qui se sent atteint dans ses racines par la montée du fait religieux». «Quand on met en premier le résultat auquel on veut aboutir et qu’on remplit les blancs (...), on arrive à tordre le cou aux éléments de fait et de droit du dossier», selon Me Henry.

    «Ce qui est irritant, c’est que pour arriver à la décision», les magistrats de la cour d’appel «ont été obligés de tordre le cou au règlement intérieur, de lui faire dire autre chose que ce qu’il dit», a déclaré Me Henry. L’arrêt dit «que les statuts et le règlement intérieur prévoient une obligation de neutralité. Les statuts disent strictement le contraire», argumente l’avocat. «On invente une exigence que la loi ne prévoit pas, protéger la liberté de conscience des petits enfants. On invente une catégorie juridique d’entreprise, qui n’existe pas, l’entreprise de conviction», poursuit l’avocat.


    Dans un arrêt vivement attaqué à gauche comme à droite, la chambre sociale de la Cour de cassation, en annulant le licenciement, avait estimé le 19 mars dernier que «s’agissant d’une crèche privée», il constituait «une discrimination en raison des convictions religieuses» de l’ex-salariée. L’affaire avait alors été renvoyée devant la cour d’appel de Paris.

    A la suite de l’arrêt rendu en mars, de nombreuses voix ont réclamé dans les textes législatifs l’extension de la neutralité dans le secteur public à des sphères privées, notamment liées à la petite enfance. Mais l’hypothèse d’une loi sur la laïcité a été écartée par l’Observatoire de la laïcité, installé par François Hollande.

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  14. Nouveau rebondissement:

    La Cour de cassation a confirmé, mercredi 25 juin, le licenciement pour faute grave d'une salariée voilée de la crèche Baby Loup. Comme l'avait préconisé le procureur général Jean-Claude Marin, la Cour, qui avait examiné l'affaire en assemblée plénière, a rejeté le pourvoi de la salariée qui avait refusé d'ôter son voile, qu'elle s'était mise à porter de retour d'un congé parental.


    Au fil d'audiences qui ont décortiqué les conditions dans lesquelles Fatima Afif, salariée portant un voile islamique, avait été licenciée d'une crèche de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines) en 2008, ce dossier est devenu emblématique des interrogations actuelles sur la conception de la laïcité et sur la place de l'islam dans les entreprises et, au-delà, dans la société française. « Un débat d'époque », avait lancé l'un des avocats de la crèche, Richard Malka, dès 2011. L'affrontement entre deux visions contraires du principe de laïcité, avaient souligné les défenseurs de la salariée.

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  15. Je vais mettre cet article et ses commentaires en lien chez Plenel !

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