samedi 24 novembre 2012

L'Europe de la génération perdue



Je mets ici en ligne un article paru dans PressEurop. Il émane d'un Polonais, qui s'appuie sur les propos d'un expert économiste manifestement pas anticapitaliste.

Le constat, au-delà des doxas politiques, est clair et accablant...


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Déjà en 2009 Angela Merkel mettait en garde : ne nous attendons pas à des miracles, car nulle décision politique, aussi courageuse soit-elle, ne pourra conjurer l'effondrement de l'économie européenne. Elle était alors très isolée dans sa façon d'envisager l'avenir. Aujourd’hui on s’aperçoit qu'elle voyait juste, commente Nicolas Veron, expert de l'Institut Bruegel à Bruxelles. Cinq ans après le début de la crise, la situation économique de l'Union demeure lamentable : pas moins de 17 des 27 états membres sont en récession.
Dans les pays les plus durement touchés comme l'Espagne ou le Portugal, il faudra au moins une génération pour compenser l'effondrement du niveau de vie. Un tel laps du temps peut s'avérer insupportable pour l'UE. Pour la première fois depuis sa création, l’Union européenne, contrairement à la zone euro, risque de s'effondrer. Chaque mois, ce scénario se précise un peu plus, sans que l'on puisse clairement dire quel processus prendra le pas sur l’autre : celui d'un Euroland renforcé autour de l'Allemagne ? Ou celui de la désintégration du bloc des pays eurosceptiques, Royaume-Uni en tête ?
Pierre angulaire de l’intégration
Une chose est sûre, cette évolution n'est pas celle voulue par Angela Merkel qui a bien tenté de l'enrayer. Elle souhaitait tout particulièrement que la nouvelle Union plus intégrée fasse une place à part entière à la Pologne et aux autres pays d'Europe centrale. Ces pays qui constituent non seulement une base industrielle pour Berlin (les entreprises allemandes y ont délocalisé une grande partie de leur production), mais qui servent aussi d'alliés appréciables au sein du Conseil européen lorsqu'ils plaident en faveur de réformes structurelles et d'une politique budgétaire responsable.
Le projet pour une telle Union a toutefois déjà échoué. Sous la pression des marchés, les dirigeants de la zone euro ont finalement forgé forgé les bases d’un système institutionnel pour la zone euro distinct des institutions à 27, avec une supervision bancaire, une gouvernance budgétaire et un budget spécifique. Ces mesures devaient être un minimum vital pour assurer le bon fonctionnement de la zone euro, sans porter préjudice aux fondements de l'Union européenne.  Aujourd'hui, nous pouvons voir que c'était une hypothèse irréaliste – admet Cinzia Alcidi  du CEPS (Center for European Policy Studies).
La situation particulièrement périlleuse concerne la pierre angulaire de l'intégration, le marché unique. Dans les pays où l’état de l'économie inspire la confiance des investisseurs comme l'Allemagne et les Pays-Bas, le coût des crédits contractés par les entrepreneurs est beaucoup plus faible que dans les pays périphériques. On ne peut donc plus parler de concurrence égale pour laquelle Bruxelles a œuvré durant les cinq dernières décennies.
La fin du modèle social européen
Autre constat d'échec, c’est la défaite du modèle européen visant un certain équilibre des niveaux de vie dans l'Union. Grâce aux fonds structurels mais aussi en assurant le libre accès au marché de l'UE pour toutes les entités économiques, on a effectivement réussi à réduire les déséquilibres parmi les pays européens. La Grèce par exemple pouvait se prévaloir, pas plus tard qu’en 2009, d'un revenu par habitant correspondant à 94% de la moyenne de l'Union. On n’était vraiment pas loin de ce qu’offrait l'Allemagne (115%). Mais aujourd'hui, les écarts entre ces deux pays se sont énormément creusés : le niveau de vie en Grèce a chuté à 75 %, atteignant un niveau similaire à celui de la Pologne, tandis que celui de l'Allemagne s'est envolé à 125 %.
Selon les estimations des économistes ces déséquilibres vont encore s'accentuer dans les années à venir. Cette évolution signifie que les intérêts des Etats membres seront de plus en plus divergents. Tandis que les Roumains, les Bulgares, les Grecs ou les Portugais vont chercher à assurer la survie de leurs populations en insistant sur cet enjeu auprès de Bruxelles, l'Allemagne et la Suède préféreront mettre l'accent sur l'écologie et les sources d’énergie alternatives. Ce sera un dialogue de sourds – prédit Veron.
La crise balaie également un autre grand accomplissement de l'intégration : le modèle social européen que le monde entier nous enviait. Les coupes budgétaires successives non seulement en Espagne et en Grèce, mais aussi en France et au Royaume-Uni, engendrent une réduction drastique de la protection sociale, en matière de droit du travail, de retraites, ou de chômage, créant ainsi une génération de jeunes sans perspectives d'emploi stable et dépourvue de conditions matérielles pour fonder une famille.
Echec de la politique étrangère commune
Même le pro-européen Der Spiegel admet que le centre de décision de l'UE s'est déplacé de Bruxelles à Berlin. Cela s’est produit sans aucune pression particulière des Allemands, mais par élimination. Parmi les six principaux pays de l'UE, deux, à savoir l'Italie et l'Espagne, ont été exclus du jeu à cause de leurs énormes problèmes économiques. Le Royaume-Uni l’a fait de son plein gré. Quant à la Pologne, en raison de son potentiel économique toujours trop faible et faute d’appartenir à la zone euro, elle ne peut prétendre jouer un rôle-clé.
Pendant un certain temps, il semblait que l'Europe était dominée par le tandem franco-allemand, le fameux "Merkozy". Mais depuis l’élection du nouveau président français François Hollande, il est devenu évident que Paris, confronté à de gros problèmes économiques, n’est pas non plus en mesure de mener un jeu européen d’égal à égal avec l'Allemagne. Berlin se retrouve donc seul sur le champ de bataille.
L'Europe focalisée sur ses propres problèmes ne parvient plus à s’occuper du reste du monde. Ainsi l'effondrement de la politique étrangère commune est une autre prophétie noire qui s'accomplit sous nos yeux. L’évolution autoritaire de l'Ukraine, le drame de la Syrie, l'abandon de la lutte pour les droits de l'homme en Chine ne sont que quelques exemples de l'impuissance de l'UE.
Le sujet de futurs élargissements de l’Union a été tout autant mis de côté : l'adhésion à l’Union ne serait désormais envisageable que pour les pays des Balkans. Une offre plus ambitieuse, en particulier à l’égard des pays de l'ancienne Union soviétique et de la Turquie, n'est plus à l’ordre de jour.
Cinq ans après le déclenchement de la crise l'Europe survit, du moins pour l’instant. Mais les pertes sont colossales et l’Union européenne a régressé sur la voie de l'intégration pour retomber dans des problèmes qui semblaient résolus depuis déjà 30 ou 40 ans. Désormais, même les optimistes espèrent que ce ne sera pas pire demain.
Traduction : Lucyna Haaso-Bastin
http://www.presseurop.eu/fr/content/article/3067031-l-europe-de-la-generation-perdue

41 commentaires:

  1. Je mets en ligne un billet publié dans PressEurop, qui nous permettra d'insérer nos commentaires sur l'UE...

    L'auteur, polonais, a une vision très positive de l'action de Merkel. Il est certain que face à la sauvagerie du néolibéralisme, l'ordolibéralisme offre quelques ténus avantages!

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    1. Boufre, mes bien chers frères en Christ, après l'homélie punitive du Polonais bien-pensant, un peu de Éric Toussaint ça vous ragaillardit son homme.
      Cette histoire de génération perdue pleurnichée par un admirateur de ceux-là mêmes qui se sont employés à la perdre, c'est une histoire d'arroseur arrosé qui découvre que l'eau ça mouille et qu'on peut prendre froid, mon dieu mon dieu c'est terrible.
      Ben oui c'est terrible et c'est pas ça qu'elle voulait la pauvre Angela, et son père spirituel non plus, le socialiste-ouaf Gerhardt Schroeder, c'est pas ça qu'il voulait. Le plan c'était juste d'escroquer les petits camarades européens avec une compétitivité volée sur le dos de la classe ouvrière allemande, du dumping on appelle ça. Et ça vient nous parler de plus d'intégration européenne… Jeannette, retiens moi, je vais faire un malheur !
      Ces gens là ont fragilisé l'économie avec leur contraction salariale et maintenant ils cassent ce qui en restait en saignant le malade pour soigner son hémorragie. Et bien sûr les pauvres gentilles banques sont bien à plaindre. Et en plus, les pauvrettes, voilà qu'on va les sur-veil-ler. Terrible. Je vous dis pas QUI va les surveiller. Vous avez assez ri comme ça.
      Populiste, que je vais devenir.
      Mais non, je rigole.
      Je le suis déjà.

      Vazy Éric !

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  2. Un excellent article d'Eric Toussaint dans Le Grand Soir: "Banques contre peuples, les dessous d'un match truqué".

    TOUSSAINT

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    1. Dans son article, Eric Toussaint évoque les années 2007-2012 qui ébranlèrent les banques
      Ce qui menace les banques depuis 2007, c’est le montage de dettes privées qu’elles ont progressivement construit depuis la grande dérèglementation qui a commencé à la fin des années 1970 et qui s’est achevée au cours des années 1990.
      Le montage gigantesque de dettes privées a commencé à s’effondrer en 2007 avec l’éclatement de la bulle spéculative dans l’immobilier aux Etats-Unis (suivi par l’immobilier en Irlande, au Royaume-Uni, en Espagne,…).
      Comme très souvent, alors que la crise est expliquée de manière simpliste par l’éclatement d’une bulle spéculative, en réalité, il faut chercher la cause à la fois dans le secteur de la production et dans la spéculation.
      Un peu d’histoire : la mise en place d’une réglementation financière stricte à la suite de la crise des années 1930
      Le krach de Wall Street en octobre 1929, l’énorme crise bancaire de 1933 et la période prolongée de crise économique aux Etats-Unis et en Europe des années 1930 ont amené le président Franklin Roosevelt, et par la suite l’Europe, à fortement réglementer le secteur financier afin d’éviter la répétition de graves crises boursières et bancaires. Conséquence : au cours des trente années qui ont suivi la seconde guerre mondiale, le nombre de crises bancaires a été minime.
      Une des mesures fortes prises par Roosevelt et par les gouvernements d’Europe (notamment sous la pression des mobilisations populaires en Europe après la Libération) a consisté à limiter et à règlementer strictement l’usage que les banques pouvaient faire de l’argent du public. Ce principe de protection des dépôts a donné lieu à la séparation entre banques de dépôt et banques d’investissement dont la loi américaine dite Glass Steagall Act a été la forme la plus connue mais qui a été appliquée également avec certaines variantes dans les pays européens.
      La dérèglementation financière et le virage néolibéral
      Le virage néolibéral de la fin des années 1970 a remis en cause ces règlementations. Au bout d’une vingtaine d’années, la déréglementation bancaire et financière en général a été achevée.
      Grâce à la dérèglementation, les banques ont pu développer des activités impliquant des volumes gigantesques de financement (et donc de dettes) sans les prendre en compte dans leur bilan comptable. Elles font du hors bilan à un point tel qu’en 2011 le volume des activités en question dépasse 67 000 milliards de dollars (ce qui équivaut environ à la somme des PIB de tous les pays de la planète) : c’est ce qu’on appelle l’activité bancaire de l’ombre, le shadow banking. Quand l’activité hors bilan aboutit à des pertes massives, cela se répercute tôt ou tard sur la santé des banques qui les ont initiées. Ce sont les grandes banques qui dominent de très loin cette activité de l’ombre. La menace de la faillite amène les Etats à se porter à leur secours notamment en les recapitalisant. Les régulateurs ne se donnent même pas les moyens de connaître les activités réelles des banques qu’ils sont censés contrôler.
      Une grande partie des transactions financières échappe totalement au contrôle officiel. Comme dit précédemment, le volume de l’activité bancaire de l’ombre représente la moitié de la taille des actifs totaux des banques !
      Depuis 2008, les sauvetages bancaires n’ont pas débouché sur des comportements plus responsables
      En somme, une grave crise des dettes privées provoquée par les agissements irresponsables des grandes banques a ensuite poussé les dirigeants états-uniens et européens à leur venir en aide grâce aux fonds publics. La musique lancinante de la crise des dettes souveraines a alors pu être entonnée pour imposer des sacrifices brutaux aux peuples. La déréglementation financière des années 1990 a été le terreau fertile pour cette crise aux conséquences sociales dramatiques. Tant qu’ils ne materont pas la finance internationale, les peuples seront à sa merci. Ce combat doit être intensifié au plus vite.

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  3. Pour un retour sur la France, à lire :

    Benoît Collombat & David Servenay avec Frédéric Charpier, Martine ORANGE, Erwan Seznec

    Histoire secrète du patronat, de 1945 à nos jours
    Le vrai visage du capitalisme français
    La Découverte/Poche

    Ou l'on voit le vrai visage purement néolibéral du socialisme français,
    entre autre.

    Un sous titre possible : La Grande Duperie

    A lire absolument.

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  4. Voici un document intéressant sur l'Europe ordolibérale, publié par Cécile Barbier, membre de l'Observatoire Social européen

    ORDOLIBERALISME

    Y sont évoqués l'influence des idées ordolibérales sur la construction européenne, la définition allemande de l'économie sociale de marché, la stratégie de Lisbonne visant à une déréglementation et une flexibilisation conformes aux idées ordolibérales, le Pacte de Stabilité, le MES, le fédéralisme européen.

    Il y est dit notamment ceci: La combinaison de l’ordolibéralisme allemand et d’une architecture fédérale poursuivant la construction du marché sur le modèle des États-Unis (market making federalism) (17) engendre une fédération budgétaire non seulement coercitive mais de plus en plus autoritaire à l’avenir en ce compris au moment de l’élaboration des budgets nationaux. Quand le fédéralisme n’est plus un principe politique mais qu’il se transforme en idéologie, il ne peut plus être soutenu au nom d’un idéal européen qui n’existe plus en ce que cette idéologie, fusion de l’ordolibéralisme allemand et d’une conception du fédéralisme incompatible avec la diversité des modèles européens, conduit inexorablement à la déconstruction des modèles sociaux nationaux.

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  5. Eric Chol, dans Courrier International:

    L’austérité serait-elle en train de disparaître du dictionnaire de la pensée unique ? A voir la multiplication des réactions des peuples, mais aussi des experts, contre les politiques en place depuis trois ans, on se dit qu’il est urgent que les apprentis sorciers de la rigueur de Berlin, Moody’s ou Bruxelles changent de mantra. Que les Prix Nobel Paul Krugman ou Joseph Stiglitz dénoncent haut et fort les effets récessionnistes du serrage de ceinture généralisé en Europe, rien de surprenant. Ces deux esprits néokeynésiens furent les premiers à tirer le signal d’alarme. Que le financier George Soros leur emboîte le pas et dénonce “la crise humanitaire” qui sévit en Grèce, on ne peut s’empêcher de lui donner raison, tout en s’interrogeant sur les arrière-pensées du tombeur de la livre sterling en 1992. Mais que Christine Lagarde, la directrice générale du Fonds monétaire international, Charles Dallara, le patron américain de l’Institut de la finance internationale, ou encore Jin Liqun, le dirigeant du fonds d’investissement chinois China Investment Corporation (CIC), réclament à leur tour des assouplissements dans les traitements infligés aux malades européens, voilà qui relève d’un changement de cap. De Pékin à Washington, on a enfin pris conscience que, l’Europe n’allant pas mieux, il était urgent de changer sinon le remède, du moins la posologie. La Grèce, le Portugal et l’Espagne s’enfoncent dans le chômage et la pauvreté. La spirale déflationniste gagne partout du terrain, la croissance ayant même déserté les pays de la zone euro au troisième trimestre. Même l’Allemagne est touchée par le marasme. En cause : la politique d’austérité, que l’on croyait vertueuse, et qui s’avère “digne de la sagesse d’un asile d’aliénés”, selon l’expression utilisée par l’économiste John Maynard Keynes en 1931 pour dénoncer la politique du gouvernement britannique de l’époque.

    La rigueur ne fait donc plus recette ?

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  6. Des représentants de la zone euro ont évoqué cette semaine à Paris un effacement partiel de la dette grecque à l'horizon 2015, une mesure jugée désormais inévitable par le FMI et la BCE, selon les journaux Welt am Sonntag et Der Spiegel parus dimanche.

    Selon des informations du Welt am Sonntag qui ne cite pas de sources, au cours d'une réunion à huis clos lundi dans la capitale française à laquelle participait le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, les créanciers publics d'Athènes (zone euro, BCE, FMI) ont évoqué la possibilité de renoncer à leurs exigences financières en 2015.

    Selon l'édition dominicale du journal Die Welt, la perspective d'un effacement partiel de la dette grecque viserait à encourager la Grèce à tenir les engagements pris en échange de son deuxième programme d'aide.

    Cette option viserait également à rassurer le Fonds monétaire international (FMI) qui demande une réduction de la dette d'Athènes à un niveau supportable, poursuit le journal.

    L'hebdomadaire allemand Der Spiegel a rapporté dimanche que le FMI et la BCE considéraient désormais qu'un effacement partiel de la dette est inévitable, contrairement à Berlin qui plaide désespérément en faveur d'une réduction des intérêts à payer pour la Grèce.

    Mais selon des sources proches des participants, lors de la réunion à huis clos de lundi, M. Schäuble se serait montré ouvert à un effacement partiel en dépit de l'opposition du reste du gouvernement allemand.

    En effaçant la moitié de leurs créances sur la dette grecque, les gouvernements et les institutions de la zone euro pourraient ramener la dette grecque à 70% du PIB en 2020, au lieu de 144%, selon Der Spiegel.

    Les ministres des Finances de la zone euro se réunissent lundi 26 novembre à Bruxelles en vue de débloquer une tranche d'aide à la Grèce d'au moins 31,2 milliards d'euros. Mais la question spécifique d'un effacement partiel de la dette ne sera pas tranchée lors de cette réunion, selon les deux journaux allemands.

    Samedi, les ministres se sont entretenus par téléphone pour convenir d'une "base de négociations avec le FMI" sur les moyens de réduire la dette grecque, a indiqué une source européenne proche des négociations à l'AFP.

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  7. Aujourd'hui en Italie, les primaires à gauche suscitent un grand intérêt.

    http://www.lemonde.fr/europe/article/2012/11/24/l-italie-se-passionne-pour-la-primaire-a-gauche_1795456_3214.html

    Dans cet article, on nous présente certes le pedigree des candidats à la primaire à gauche, mais rien sur leurs programmes! Cette conception de l'information ne cesse de surprendre.

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  8. Politique La vie des 27
    Romaric Godin, dans PressEurop, dénonce un nouveau signe du déficit démocratique de l’UE : Les chefs d'Etat et de gouvernements de la zone euro ont tranquillement nommé Yves Mersch, l'actuel gouverneur de la banque centrale du Luxembourg, au directoire de la BCE. Et cela, malgré un vote négatif du parlement européen. En démocratie, pourtant, le vote du parlement est incontournable. C'est une règle d'or plus essentielle que sa cousine budgétaire. Mais ce n'est pas celle qui est inscrite dans les traités européens.
    L'arrivée d'Yves Mersch au directoire de la BCE met à jour également la très mauvaise voie sur laquelle l'Europe est entraînée. Les chefs d'Etat et de gouvernement ne sont pas décidés à laisser entendre d'autres voix que les leurs. La gestion de la crise de la dette – qui consiste depuis deux ans à poser des rustines sur des sparadraps lors de “sommets de la dernière chance” qui se succèdent – est le fruit de ce fonctionnement désastreux.
    L'établissement d'un parlementarisme européen serait un des moyens de créer un sentiment de communauté à l'échelle européenne qui manque cruellement aujourd'hui. Il entraînerait une responsabilité des électeurs, des élus et des chefs d'Etat qui serait des plus salutaires. Il est du reste piquant de penser que ces mêmes chefs d'Etat qui se sont essuyés les pieds sur le vote des élus de Strasbourg viendront la larme à l'œil déplorer l'abstention massive qui ne manquera pas de marquer les prochaines élections européennes [prévues en juin 2014] et soupirer sur “ce mal qui ronge notre démocratie”.
    La nomination d'Yves Mersch est la victoire d'une certaine idée de l'Europe. Sur le plan monétaire d'abord, c'est l'entrée d'un faucon au sein du directoire. Un faucon qui sera la voix de la Bundesbank et qui ne devrait pas manquer de freiner, du moins en interne, la participation nécessaire de la BCE à la gestion de la crise au nom de la “stabilité”.
    Sur le plan de la représentativité en Europe, ensuite. L'arrivée d'Yves Mersch confirme l'expulsion d'un représentant permanent de l'Espagne au sein du directoire. Autrement dit, les pays en crise deviennent clairement des pays de seconde zone.

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  9. Un article de PressEurop fait état du chômage ou non emploi des jeunes Européens:

    JEUNES EUROPE


    Les chiffres de l’augmentation du chômage des jeunes tiennent seulement compte des jeunes qui sont prêts à travailler et en ont envie. Mais il y a également un groupe considérable de jeunes tellement démotivés qu’ils se détournent du marché du travail, Ces jeunes ne travaillent pas, ne suivent pas d’études ni de formation professionnelle (on les appelle les NEET, pour Not in Education, Employment or Training). Il y a quatorze millions de jeunes inactifs en Europe, 15,4 % des jeunes de 15 à 29 ans. Bruxelles s’inquiète "car ces problèmes coûtent cher"(prestations sociales): 153 milliards d’euros aux Etats membres en 2011, alors que ce chiffre était de 119 milliards en 2008.

    Les jeunes ont une attitude différente à l’égard de leur situation selon les différentes régions d’Europe.
    - Dans les pays anglo-saxons, en Europe Centrale et en Europe de l’Est, les inactifs sont passifs. Ils sont déçus par la société et les institutions et ont le sentiment que personne ne veut les aider. En réaction, ils se replient sur eux-mêmes. Ils attachent moins d’importance à la politique et une grande partie d’entre eux ne votent pas. Traîner devant la télévision, isolement social et solitude sont les mots clés.

    - Dans les pays méditerranéens, la catégorie à problèmes est en revanche active sur le plan politique, prête à descendre dans la rue. Bien que l’Espagne soit toujours citée comme le pays ayant le taux de chômage le plus élevé, la situation en Italie et en Bulgarie est plus préoccupante. “Les Espagnols ont un niveau d’éducation relativement bon et beaucoup d’expérience professionnelle. Le chômage des jeunes y est une conséquence directe de la crise. En Bulgarie et en Italie, les problèmes sont d’ordre plus structurel. Les formations ne sont pas adaptées au marché. En Italie, les jeunes sont désœuvrés depuis de nombreuses années, et de fait la situation est de plus en plus urgente.”

    - En Scandinavie, il n'y aurait pas d'inquiétude, les jeunes y sont autant impliqués socialement et politiquement, qu’ils soient au chômage ou non, qu’ils soient en décrochage scolaire ou non.

    - Si les Pays-Bas semblent épargnés, car il y a eu de problèmes structurels, de nombreux projets et un bon accompagnement, mais le nombre de cas problématiques augmente à cause de la crise. il y a une nouvelle catégorie de jeunes souffrant de problèmes multiples (dépression, délinquance).

    Tous ces jeunes sont sensibles aux dépendances à l’alcool et aux drogues. On constate beaucoup de grossesses chez des adolescentes.

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  10. Trois instituts économiques européens ont appelé jeudi à retarder ou étaler les mesures de restrictions budgétaires adoptées dans la zone euro afin de stimuler la croissance, dans le respect des traités européens.

    L'observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), l'allemand IMK et le danois ECLM ont remis mercredi à la Commission européenne et présenté jeudi à la presse un rapport faisant un diagnostic de la situation dans la zone euro et présentant différents scénarios d'assainissement budgétaire.

    L'IAGS (independant Annual Growth Report), baptisé ainsi en référence aux rapports annuels de la Commission européenne, est une "tentative de fournir une vision indépendante de celle de la Commission", a expliqué au cours d'une conférence de presse le président de l'OFCE, Philippe Weil.

    "Les économies européennes décident de mener des politiques de contraction budgétaire alors qu'elles sont déjà dans une situation conjoncturelle dégradée et ces politiques ne font que renforcer la dégradation de leur activité", a déclaré pour sa part l'un des coauteurs du rapport Jérôme Creel.

    "L'austérité produit une croissance encore plus faible et elle va même ralentir la capacité des Européens à réduire leurs déficits et leur dette publique: c'est une politique qui est complètement contreproductive", a-t-il affirmé, expliquant que le ralentissement de la croissance induit est plus marqué encore en période de récession.

    Le fait que ces politiques restrictives soient synchronisées restreint le commerce entre les pays de la zone euro et "chacun produit un peu plus de récession chez son voisin", a-t-il ajouté.

    "Nous sommes dans une situation d'urgence" et il n'est pas question donc de changer les traités européens, a souligné l'économiste.

    Les alternatives proposées par les trois instituts entrent donc dans le cadre des principales exigences européennes: objectif de déficit budgétaire de 3% du produit intérieur brut (PIB) avec un ajustement minimum de 0,5 point de PIB par an du déficit structurel, c'est-à-dire corrigé des effets conjoncturels, et dette de 60% d'ici 2032. "L'horizon temporel c'est 20 années", a-t-il insisté.

    Le rapport suggère par exemple de commencer l'ajustement budgétaire par exemple concernant la France seulement en 2016, alors que ce pays s'est engagé à réduire son déficit public à 3% du PIB fin 2013. La France pourrait ainsi "engranger de la croissance" et "réduire sa dette car le ratio dette sur PIB diminuerait", a-t-il ajouté.

    Dans ce ratio "on a tendance à oublier le dénominateur", c'est-à-dire le PIB, a résumé pour sa part M. Weil.

    Le rapport devrait être remis aussi au ministère français de l'Economie, a précisé l'OFCE.

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  11. Je mets aussi ici cet invraisemblable discours de Bzrezinski sur lequel je suis tombée par hasard hier au soir prononcé en ouverture de la conférence de l'EFNI , dont la clôture s'est faite avec un discours de BHL ..
    Je pense que le speech se passe de commentaires .

    http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=bHknL5z8f6k

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  12. 5000 manifestants se sont réunis vendredi sur la place centrale de Ljubljana en Slovénie. Ils s’opposent aux mesures d’austérité du gouvernement de centre-droit. L’appel à manifester avait été relayé via Facebook, par un groupe dénonçant la dégradation de la situation sociale dans le pays. Le mouvement de contestation couve depuis le début du mois de novembre.

    Des heurts ont éclaté en fin de manifestation. Des pierres et des bouteilles ont été lancées contre les forces de l’ordre, blessant dix policiers.

    Cette manifestation s’est déroulée à deux jours du deuxième tour des élections présidentielles. Le scrutin oppose deux candidats de centre gauche, l’actuel président et l’ancien premier ministre qui fait figure de favori.

    La Slovénie, dont l‘économie dépend des exportations subit de plein fouet les effets de la crise. Le taux de chômage a atteint au mois de septembre 11,5% de la population active.

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  13. Un article dans le Monde sur la pauvreté des jeunes en France:

    JEUNESPAUVRES

    Le premier rapport de l'Observatoire de l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (Injep) sur la situation de la jeunesse en France est inquiétant.
    Les jeunes sont les premières victimes de la récession. Tous ne la subissent pas aussi violemment. Plutôt que le portrait d'une génération sacrifiée, ce rapport dessine la ligne de fracture entre deux jeunesses qui s'éloignent l'une de l'autre.
    La première est dotée de diplômes, ils continuent bon gré mal gré de la protéger. La seconde en est dépourvue, elle est guettée par la pauvreté. Ce sont ces 15 % de jeunes qui ne sont ni en études, ni en formation, ni en emploi. Nulle part. Et que la puissance publique aide peu. Le taux de pauvreté des 18-24 ans atteint 22,5 %. Depuis 2004, il a progressé de 5 points. Au total, plus d'un million de jeunes sont désormais confrontés à une situation de grande précarité.
    Olivier Galland, sociologue, directeur de recherche au CNRS, préside le conseil scientifique de l'Injep. Il évoque les conclusions du rapport auquel il a contribué.
    Ces dernières années, l'accent a surtout été mis sur les inégalités intergénérationnelles. Or je ne crois pas à la théorie de la "génération sacrifiée". C'est faire l'hypothèse que la génération des jeunes forme un tout qui s'oppose aux générations aînées. Mais au sein même de la jeunesse, l'hétérogénéité grandit. Dans les enquêtes et sondages, ni les adultes ni encore moins les jeunes ne reconnaissent ce clivage intergénérationnel. Les jeunes ne se sentent pas discriminés en tant que génération. Sans doute parce qu'existent de très fortes solidarités intergénérationnelles informelles à l'intérieur des familles - ce qui renforce les inégalités entre jeunes selon qu'ils peuvent, ou non, être aidés.
    Le rapport montre de grandes inégalités d'insertion dans l'emploi...
    En France, s'exprime une sorte de préférence collective pour les "insiders" déjà en emploi, très protégés par rapport à ceux qui sont aux portes et subissent les à-coups de la conjoncture. A l'instar des jeunes. Dans les pays où l'apprentissage est très développé, ou le marché du travail est plus flexible, il y a partage de la flexibilité entre les générations.
    En France, la variable d'ajustement de l'économie, ce sont les jeunes : 22 % de la population active mais 40 % des chômeurs, indiquons-nous dans le rapport. Sur six millions de jeunes actifs, un million est au chômage au sens du BIT. Et l'augmentation du chômage de longue durée est particulièrement préoccupante chez ces jeunes (+ 5,6 % entre 2008 et 2010). Mais toutes les jeunesses ne souffrent pas de la même façon. Le clivage se creuse, dans l'accès à l'emploi, entre diplômés et non-diplômés
    .
    Selon les chiffres Insee cités dans le rapport, le taux de chômage (2011) des 15-29 ans est de 9 % pour les diplômés du supérieur, de 22 % pour les titulaires d'un bac, CAP ou BEP. Mais de 46 % pour les non-diplômés. Le taux de pauvreté revenus inférieurs à 964 euros mensuels) est de 30 % pour les non-diplômés, contre 10 % pour les diplômés du supérieur. Dans l'insertion professionnelle, le diplôme est devenu un avantage relatif plus important qu'il ne l'était il y a vingt ou trente ans. Il reste une protection extraordinaire contre le chômage. Les diplômés continuent, même si c'est plus tardivement, de décrocher le Graal, le CDI. 80 % l'obtiennent entre 25 et 30 ans. Sur dix, vingt ans, le phénomène de dévaluation des diplômes n'est pas si marqué que cela. Et tous les diplômes protègent. Certes, davantage à mesure que leur niveau monte. Mais l'insertion professionnelle d'un titulaire de CAP ou de BEP est plus proche de celle d'un diplômé du supérieur que de celle d'un non-diplômé.

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    1. Les fractures sociales entre les jeunes sont également linguistiques. Avec une langue dite de banlieue appauvrie, les jeunes n'ont guère de maîtrise sur le monde. ..

      LANGUE

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  14. Si les peuples sont contre l’Europe, il faut changer les peuples. Se passer d’eux, pour mieux sauver la démocratie. Reste à « faire de la pédagogie », comme insiste Jean-Marie Cavada, président du Mouvement Européen France.

    Je recommande cette interview dans Le Fakir

    SANSVERGOGNE

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  15. Not' bon président est optimiste et même jovial. Tout va pour le mieux dans la meilleure des zones euros:

    Le président français François Hollande a affirmé lundi à Oslo que la crise de la zone euro était «derrière nous», relevant tous les efforts faits pour «régler les problèmes».

    «La crise de la zone euro, je l’ai déjà dit, elle est derrière nous. La Grèce, nous avons enfin apporté les fonds qu’elle attendait. L’Espagne, nous avons permis au secteur bancaire d'être renfloué. L’Italie, même s’il y a une incertitude politique, je suis sûr que les Italiens vont y répondre, comme il convient», a affirmé François Hollande à la presse.

    «Et donc tout ce que nous avons à faire ce n’est plus simplement de sortir de la crise de la zone euro: c’est fait», a-t-il ajouté, après la remise du prix Nobel de la paix à l’Union européenne.

    «Depuis six mois je me suis engagé pour régler les problèmes. Mais maintenant il faut sortir de la crise. C’est-à-dire apporter de la croissance, apporter de l’emploi, apporter de la confiance pour les jeunes», a poursuivi le président de la République.

    Interrogé sur l’Italie, où le Premier ministre Mario Monti a annoncé sa prochaine démission et où des élections législatives anticipées sont prévues début 2013, François Hollande a fait part de son optimisme.

    «Je suis convaincu que ce qui vient de se passer permettra à l’Italie de trouver un gouvernement stable après les élections du mois de février. Et j’ai senti qu’il y avait chez Mario Monti non pas de l’abattement, nullement, mais au contraire de l’envie de s’engager pour son pays», a-t-il souligné.

    «La place qu’il voudra occuper, ça je n’en sais rien, ce n’est pas à moi de le dire. Mais je l’ai trouvé plutôt mobilisé que désarmé», a-t-il ajouté à propos du chef de gouvernement italien.

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  16. Vers une "paupérisation cognitive" des enfants européens?

    Voir l'état des lieux comparatif pour la lecture et les mathématiques:
    NIVEAU SCOLAIRE

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    1. Un bon article sur le désastre scolaire dans Marianne:
      DÉSASTRESCOLAIRE

      Extraits

      Réalisé tous les cinq ans par l’Association internationale pour l’évaluation du rendement scolaire, le programme international de recherche en lecture scolaire (Pirls) atteste d’un effondrement de la capacité de lecture des écoliers français qui descendent à la 29ème place sur 45 pays. Cette étude montre que d’autres pays, antérieurement mal classés, ont su inverser la tendance alors que la France s’enfonce dans l’illettrisme scolarisé. Plus grave, l’étude révèle que ces mauvaises performances ne s’expliquent plus seulement par les mauvais résultats des mauvais élèves, mais que la baisse de qualité atteint aujourd’hui les bons, moins nombreux et moins performants. L’élite se réduit : alors qu’en 2001 7% des écoliers français (contre 9% en moyenne en Europe) accédaient à une « compréhension approfondie des textes », ils ne sont plus que 5%. Leurs faibles performances reflètent l’évolution de l’enseignement de français : ils réussissent à 67% les QCM et à 40% les exercices d’expression. « Plus la réponse attendue doit être élaborée, plus le score des élèves français diminue », notent les enquêteurs qui soulignent que les élèves français font partie de ceux qui rendent leur copie avec le plus de réponses manquantes et de « blancs » ou qui abandonnent le plus fréquemment les épreuves.

      Immédiatement, l’immarcescible machine à se cacher les yeux qu’est depuis quelques décennies l’institution scolaire s’est mise en route. Sous plusieurs formes. La plus répandue, la plus traditionnelle et la plus efficace ? Faire semblant de ne rien avoir entendu. La plus militante ? Assurer qu’il faut continuer comme avant ainsi que l’a merveilleusement résumé Jean-Paul Delahaye, Directeur de l’Enseignement scolaire au Ministère, interrogé par Le Monde sur ces piteux résultats de l’enquête Pirls : « Nous avons là la preuve manifeste qu’il faut réfléchir à une notation plus constructive, moins de sanctions et plus largement, changer le rapport à l’école ». Les notes sont mauvaises ? Il faut les adoucir, puis supprimer les redoublements et abaisser le niveau des examens, ce qui est la ligne depuis des années.

      L’effondrement de la lecture est d’abord la conséquence logique de l’effondrement de …l’enseignement de la lecture. Il y a quarante ans, l’élève de CP bénéficiait de 15 heures de français, contre 9 en 2006. En moyenne, un bachelier d’aujourd’hui aura reçu dans son parcours scolaire 800 heures de français en moins que ses parents. Voilà pourquoi ceux-ci se désolent aujourd’hui de trouver des fautes d’orthographe et de grammaire dans les cahiers de correspondance des jeunes enseignants de leurs enfants...

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    2. Je réponds bien tardivement, mille excuses, Monica.
      Pour dire que je trouve ces chiffres bien intéressants, en ce qu'ils confirment des constatations , non chiffrées!

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  17. Révolte en Slovénie (PressEurop)

    En une semaine 20 000 personnes ont défilé sur la place de la Liberté, brandissant des pancartes contre le maire de la ville, jetant des œufs, des chaises et des cocktails Molotov sur l’hôtel de ville. En vingt ans d’indépendance, c’est un fait sans précédent. On parle même de “l’insurrection de Maribor” comme d’un événement historique. Mais quelles en sont les causes ?

    La première est la décision du maire de Maribor, Franc Kangler, d’installer des radars fixes à tous les carrefours importants de la ville. En quelques jours seulement, ils ont enregistré 70 000 infractions – autant d’amendes à payer pour une population qui accuse déjà durement le coup de la crise économique. Qui plus est, les radars ont été installés à des endroits où il était le plus facile de prendre les automobilistes en faute, et non pas à proximité des écoles, par exemple. Mais ce n’est pas tout.

    Le droit de concession des radars a été accordé à une entreprise privée. La majorité des amendes (environ 93 %) a été encaissée par cette entrepris.

    L’affaire de la privatisation des radars n’était que la dernière en date. Maribor a sauté à pieds joints dans le système du capitalisme néolibéral. Depuis 1997, on a privatisé à tour de bras : le système d’assainissement et celui de la distribution d’eau, les transports publics, le téléphérique, les pompes funèbres… Résultat, mourir à Maribor coûte deux fois plus cher que mourir à Ljubljana !

    Récemment, la Commission nationale de lutte contre la corruption a dévoilé des “abus de pouvoir” à Maribor, ainsi qu’une “corruption systématique”. Cette découverte n’a pas surpris les citoyens. La Commission ne faisait que confirmer ce qu’ils savaient déjà.

    Mais la contestation a fait tache d’huile dans tout le pays parce que les citoyens ne s’insurgeaient pas seulement contre Kangler et ses combines. Ils avaient peur que la Slovénie tout entière ne devienne un succédané de Maribor.

    Les Slovènes envient aujourd’hui la Croatie qui a condamné pour corruption son ex-Premier ministre, Ivo Sanader, à une lourde peine de prison (dix ans en première instance).

    En Slovénie, rien de tel. Si le Premier ministre, Janez Janša, accusé de corruption depuis plusieurs années, refuse d’abandonner son poste, pourquoi les autres le feraient-ils ? Plusieurs maires slovènes ont déjà été condamnés pour leur mauvaise gestion des finances publiques, mais ils ignorent la justice. Certains députés, eux aussi condamnés, refusent de démissionner.

    L’élite politique slovène se moque des décisions de justice, les présentant comme faisant partie d’un complot politique. Tout cela, les Slovènes ne le supportent plus et ce qui vient de se passer en est la preuve.

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  18. De délicieuses nouvelles

    Les 18 millions de salariés du régime général savent qu’ils devront cotiser davantage et patienter jusqu’à 62 ans avant de prétendre à une retraite bien méritée. Mais beaucoup ignorent que le montant de leur pension sera bien plus faible que celui perçu par leurs aînés. En cause, les discrets modes de fonctionnement de leur caisse de retraite complémentaire Arrco (pour tous les salariés) et Agirc (pour les seuls cadres). Des organismes qui versent des revenus loin d’être anecdotiques puisqu’ils représentent, en moyenne, 30% de la pension de retraite des employés et 55% de celle des cadres.


    Depuis 1992 pour l’Arrco, et 1995 pour l’Agirc, le « taux de cotisation » est de 125%. Concrètement, cela signifie que pour 100 € cotisés, seuls 80 € servent à acquérir des points, les 20 € restant ne rapportant strictement rien. Surtout, le prix d’achat des points a tendance à augmenter bien plus vite que leur valeur, au jour du départ en retraite. L’Arrco et l’Agirc en font la démonstration quasiment chaque année, lorsqu’ils dévoilent les augmentations des pensions. En 2011, alors que le prix d’achat d’un point Agirc a augmenté de 2,20%, sa valeur n’a progressé que de 0,40%. Un salarié paie donc beaucoup plus cher un point qui vaudra seulement un peu plus qu’auparavant. Et comme l’histoire se répète quasiment chaque année depuis plusieurs décennies, 2012 excepté, le niveau des futures retraites ne cesse de se dégrader. Le bilan est implacable : pour chaque régime, 100 € cotisés en 2012 donneront droit à 6,60 € de pension par an, contre plus de 7 € pour la même somme cotisée en 2000, et plus de 12 € dans les années 1960 ! Au final, un salarié à la carrière complète ne peut espérer toucher à la retraite que 55 à 65 % de son dernier salaire brut, soit de 10 à 20 points de moins qu’il y a 20 ans.


    Vu la situation financière des deux régimes, les futurs retraités ne sont sans doute pas au bout de leur peine. Les partenaires sociaux ont débuté le 22 novembre 2012 une série de rencontres sur l’avenir de ces deux régimes. Si rien n’est fait, les réserves financières seront épuisées dès 2017 pour l’Agirc et 2020 pour l’Arrco.

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  19. Dans le Grand Soir, Mélenchon analyse la crise européenne et fait l'éloge des modèles latino-américains:

    MELENCHON

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  20. Monti a fait une fausse sortie apparemment pour mieux rentrer:

    Le chef du gouvernement italien Mario Monti a annoncé dimanche "un programme pour changer l'Italie, réformer l'Europe" et critiqué avec ironie son prédecesseur Silvio Berlusconi. M. Monti a qualifié ce programme d'"agenda pour un engagement commun, première contribution à une discussion ouverte".
    Il a par ailleurs entretenu l'ambiguïté sur son avenir politique affirmant qu'il n'était pas candidat aux élections mais qu'il était prêt à diriger le pays. "Aux forces qui manifesteront une adhésion convaincue et crédible au programme Monti, je suis prêt à donner mon opinion, mes encouragements, et si on me le demande, à les diriger. Je suis prêt à assumer un jour, si les circonstances le veulent, les responsabilités qui me seraient confiées par le Parlement", a-t-il dit.

    Pour lui l'essentiel est que "les durs sacrifices que les Italiens ont dû consentir (au cours de l'année écoulée) ne soit perdus". Il s'est réjoui qu'après treize mois à la tête du pays l'Italie soit "sortie de la crise financière" sans aide extérieure. "La crise financière a été vaincue", et ce, "sans aides européennes, et sans aide du FMI" comme beaucoup nous le suggéraient fortement, a déclaré M. Monti lors de sa conférence de presse, après avoir rappelé "la situation périlleuse dans laquelle se trouvait le pays" lorsqu'il en a pris la tête en novembre 2011. "Les Italiens peuvent de nouveau garder la tête haute comme citoyens européens", a-t-il dit.

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    1. Les journaux trouvent que la position de Monti est ambiguë. Je trouve que non: Monti veut bien être nommé chef par le parlement, mais ne souhaite pas être élu par les citoyens. C'est depuis un moment son credo: le modèle démocratique a vécu.

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    2. Et voilà...

      Mario Monti, qui s'était déjà dit disponible pour fédérer les forces réformatrices de l'Italie, a annoncé vendredi soir avoir accepté d'être le chef d'une coalition centriste soutenant son programme de réformes et proeuropéen lors des élections législatives anticipées des 24 et 25 février en Italie.

      "J'accepte d'assumer le rôle de chef de la coalition et je m'engagerai pour garantir le succès de cette opération", a-t-il déclaré.

      Dans la pratique, M. Monti ne sera pas candidat directement au scrutin, car il est déjà sénateur à vie. Mais son nom figurera sur une série de listes électorales qui seront déposées en janvier, en vue des élections des 24 et 25 février organisées pour renouveler les sièges de députés et sénateurs.

      Le président du Conseil a tenu à souligner qu'il n'est "pas en train de créer un nouveau parti", mais "un rassemblement pour faire travailler ensemble" les différentes forces qui soutiennent déjà son programme, intitulé "Changer l'Italie, réformer l'Europe".

      Au Sénat, les forces favorables à M. Monti formeront une "liste unique" dénommée "Agenda Monti pour l'Italie". A la Chambre des députés, il s'agira d'une "fédération" de différentes listes, a ajouté M. Monti.

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  21. Mélenchon à propos du dernier sommet européen:

    Mélenchon

    Dans le texte de clôture de ce sommet européen, "quelques lignes m’ont frappé. Je les analyse comme un aveu tellement frappant ! Voyez ces lignes. Elles méritent d’être traduites intégralement. Elles expriment davantage que le cynisme ou l’aveuglement idéologique ordinaire des commissaires européens. Lisez lentement. «La crise économique et financière que traverse l'Union européenne a été un catalyseur pour mettre en place des changements profonds. Son impact est visible dans la restructuration profonde de nos économies, qui a actuellement lieu. Ce processus est perturbateur, politiquement stimulant et socialement difficile – mais il est nécessaire pour jeter les bases de la croissance future et de la compétitivité qui devra être intelligente, durable et inclusive. » Ce texte dit, en fait, que la crise est en réalité une stratégie d’action et non pas seulement une difficulté qui s’impose de l’extérieur. Je pense que cela jette sur la situation un jour nouveau. Par la « crise », délibérément, les eurocrates sont en train de faire naitre consciemment et méthodiquement un ordre nouveau. C’est la stratégie du choc décrite par Naomi Klein. Attention : vu sous cet angle ce serait une erreur de dissocier l’objectif et les moyens. La politique d’austérité et les moyens autoritaires destinés à les imposer en Grèce, par exemple, forment un tout. Je voudrai qu’on ne l’oublie jamais du moins ici parmi les lecteurs qui viennent me lire dans le but de s’instruire et de compléter leur propre analyse de la période historique que nous vivons."

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  22. Hervé Nathan dans Marianne:

    Pour François Hollande, le conseil européen du 7 et 8 février est bien la fin d’une période de son quinquennat, et la fin des illusions. Car le piètre « compromis acceptable », selon l’expression du président de la République manifestement pas complètement dupe, représente pour lui un revers majeur.
    Sur le plan de la politique économique d’abord. En acceptant un budget pluriannuel en baisse de 3% pour la première fois dans l’histoire de l’Union européenne, le « fils spirituel de Jacques Delors » accepte que l’austérité guide pendant sept ans les politiques européennes. Or, à l’été 2012, le président de la République élu avait défini clairement une condition de son acceptation de l’objectif de retour à un déficit sous les 3% du PIB en 2013 : que l’Union pratique, elle, une politique de croissance dont elle a les moyens. C’est cet équilibre « austérité au plan national /relance au niveau européen » qu’avait traduit le « pacte de croissance » de « 120 milliards d’euros » adopté en juin 2012 par le conseil européen. Sept mois plus tard, les « partenaires » ont sifflé la fin de la partie. En réduisant les dépenses de près de 100 milliards, les partenaires, Berlin en tête, ont signifié sèchement qu’ils reprenaient l’argent qu’ils avaient juste laissé entrevoir au début de l’été dernier. Ne reste que l’austérité, rien que l’austérité et à tous les niveaux. Désormais, en matière de politique économique, le « roi de France » est nu.
    Au niveau politique en Europe ensuite. L’entourage de François Hollande croyait dur comme fer que l’élection au suffrage universel du président français lui donnerait la légitimité suffisante pour renverser le rapport de force avec Angela Merkel. Cela a effectivement marché… quelques mois. Aujourd’hui, François Hollande n’est plus « l’oing du peuple » du 6 mai 202, mais un dirigeant comme les autres. Il doit faire face à une redoutable coalition conservatrice qui, menant la barque européenne depuis plus de dix ans, ne lâche pas la partie. Car la sainte alliance de conservateurs est mouvante mais jamais défaite. En 2011 elle était structurée par l’axe Merkel-Sarkozy. En 2013 elle a retrouvé toute sa vigueur grâce à l’alliance de Cameron et de Merkel, contre les positions franco-italiennes ! On a sans doute pas fait assez attention en France à l’accueil très favorable du gouvernement allemand aux propositions de redéfinition du projet européen portées par le premier ministre britannique. Les Anglais ne sont pas seuls désireux d’une Europe uniquement libre-échangiste…
    François Hollande aurait pu refuser le compromis. Opposer le veto dont Paris dispose autant que Londres. L’Europe ne se serait pas écroulée. Un budget annuel aurait été reporté d’année en année. Et la France aurait pu porter le débat sur l’avenir de l’Europe, à partir de sujets qui intéressent les citoyens : la croissance, l’emploi, la solidarité , le pouvoir d’achat… et pas des institutionnelles fumeuses qui font fuit les électeurs…
    Il reste une (petite) chance pour que l’Union européenne renverse la vapeur: que le Parlement européen, co-décisionnaire en matière budgétaire, fasse ce que François Hollande n’a pas voulu faire : dire non ! C’est possible, car il existe au Parlement de Strasbourg une majorité des près des deux tiers pour une politique de croissance. Les quatre présidents des principaux groupes politiques, y compris les conservateurs, ont déclaré dès vendredi 8 février leur opposition au compromis de Bruxelles, au nom « de l’intérêt des citoyens européens ». Mais les groupes à Strasbourg sont fracturés eux-aussi par les intérêts électoraux de leurs partis dans leurs pays d’origine. Si, néanmoins, les députés tenaient tête à leurs gouvernements, ce serait une véritable révolution… ! Aujourd’hui le Parlement européen, est comme le Tiers-état d’avant 1789. Rien. Il peut devenir tout. Pourvu qu’il le veuille.

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  23. Philippe Murer dans Marianne fait un constat accablant de l’influence délétère de l'Allemagne sur l’Europe du sud

    TRISTEEUROPE

    Dans les pays du Sud de la Zone Euro, l’économie se détruit, comme cela a été le cas en Grèce, avec des ventes de détails qui plongent entraînant une baisse de la production de l’industrie, un PIB qui recule et des recettes fiscales qui suivent le mouvement de l’économie dans un cercle destructeur sans fin. En une phrase lapidaire, on pourrait dire qu’«au lieu de dépenser intelligemment pour créer de la croissance, on économise de façon idiote pour détruire la croissance.»

    Qui aura la force en France de s’opposer à cette stratégie égoïste et mortifère ? Ne devient-il pas chaque jour plus contradictoire de décrire l’Allemagne comme la meilleure « amie » de la France quand elle agit avec sans cesse plus d’indifférence, d’égoïsme à l’encontre de nos intérêts et des intérêts du Sud de l’Europe ?


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  24. L'aile gauche du PS se révolte un peu...

    Dans l’après-midi, toute l’aile gauche – les courants Un monde d’avance des amis de Benoît Hamon et Maintenant la gauche conduit par Emmanuel Maurel, le député Jérôme Guedj et la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann – décide de proposer un texte au BN du soir. Il «demande […] à ce que les parlementaires européens rejettent ce compromis qui affaiblit trop manifestement l’idée même d’Union européenne». Si le document «salue» en préambule «la détermination» de François Hollande «à défendre un budget européen tourné résolument vers la croissance et non vers l’austérité», les deux courants insistent sur «le manque d’ambition pour les grands projets d’infrastructures ou encore la diminution des fonds consacrés aux plus démunis et notamment au tissu associatif».

    «On ne peut pas ajouter aux politiques de rigueur nationales imposées par les gouvernements conservateurs passés ou présents, une politique de rigueur européenne qui conduirait à renforcer les égoïsmes nationaux», concluent-ils, rejoints par les représentants de la «motion 4» - celle présentée au congrès PS de Toulouse par Stéphane Hessel et forte de 11% des votes des adhérents PS.


    Au BN, les auteurs du texte demandent un vote. Réponse du premier secrétaire Harlem Désir : «Pas question de discuter d’un texte qui affaiblit le Président de la République.» «C'était un texte très négatif sur le budget européen qui mettait en cause le Président», critique un membre de la direction. Désir dégaine le soir son propre communiqué. En première ligne, il «apporte son soutien total au Président de la République dans son combat déterminé contre les conservateurs européens face auxquels il porte avec courage et constance l’exigence d’une réorientation de l’Europe pour la croissance, l’emploi et la solidarité».

    «Le Parlement européen se saisira de ce budget et le Parti socialiste le soutiendra dans ses initiatives pour la flexibilité budgétaire, la clause de révision sous deux ans et pour des ressources propres afin de financer la relance, l’investissement, l’emploi et préparation de l’avenir, dans la voie tracée par le Président de la République, François Hollande», conclut le texte.


    «Ils ont refusé tout amendement», s’insurge un proche de Hamon. Résultat du vote : 20 pour, 14 contre. «Ils ont voté contre un texte qui apporte son soutien au Président de la République! dénonce un responsable. Les amis de Benoît Hamon ont deux problèmes : la gauche du parti s’est organisé autour d’Emmanuel Maurel ce samedi et ils ont un ministre qui n’existe que pour parler de la viande de cheval roumain et Findus. C’est un ministre surgelé.»

    A l’automne 2012, le PS s'était écharpé sur la question du traité budgétaire européen (TSCG), la question du budget de l’UE et le debat – relancé ce mercredi par les ministres Laurent Fabius et Jérôme Cahuzac – d'un retour, dès 2013, à un déficit public de 3% du PIB, risque de réouvrir les failles socialistes. La convention européenne du PS annoncée pour le mois de juin risque d'être très mouvementée.

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  25. " Pas question de discuter d'un texte qui affaiblit le Président de la République".
    Tout est dit." Le coup d'Etat permanent" est bien loin. Et puis, ça n'a d'ailleurs été qu'un livre, antérieur à l'élection de Mitterrand !
    Quant au premier secrétaire qui sort , tout seul comme un grand, son propre communiqué... On se prend à penser aux critiques virulentes contre les manières Catristes à Cuba.
    Nous volà une fois de plus avec un Parlement godillot.
    Si les courants de la gauche du PS se " révoltent un peu", il n'y a pas grand chose à en attendre.

    Claquez la porte, Mesdames et Messieurs. Un peu de courage, que diable !

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    1. Un frémissement contre la rigueur chez Duflot. Extrait d'une interview dans le JDD

      L’heure est aux économies budgétaires. Disposez-vous des crédits pour mener votre politique de rénovation urbaine et d'aménagement du territoire?
      L’égalité des territoires, c’est la cohésion nationale et la cohésion nationale est une obligation qui ne se discute pas. Pour éviter le délitement de la société dans une période de crise, ce ministère est plus nécessaire que jamais. Le haut débit, la construction, ce sont de précieux viviers d’emplois. La médecine de proximité, les services publics en zone rurale, l’avenir des quartiers délaissés, c’est là que se posent les enjeux des dix prochaines années, notamment pour notre jeunesse. Il en est de la responsabilité des pouvoirs publics d’être capables d’investir dans le moyen et long terme.

      Vous demandez que votre ministère échappe à la rigueur?
      Il y a un impératif de désendettement public, c’est certain. Mais la réponse à la situation financière de la France ne peut se réduire uniquement à tailler dans les dépenses. Personne ne peut croire que de l’austérité naîtra le retour des temps meilleurs. Il y a aussi une nécessité d’investissements. Les deux doivent aller de pair. Si on oublie l’investissement, on ne se donne pas les moyens de regarder vers l’avenir. Il ne faut pas être dans la perfusion mais réaliser des investissements justes et de longue durée, dans le logement, dans les services publics, dans les transports, comme le Grand Paris Express… Il serait dangereux que la puissance publique abandonne ses responsabilités.

      Matignon et Bercy ont pourtant réclamé des économies à chaque ministre. Vous voulez vous en exempter?
      En aucun cas. Mon ministère participe à l’effort collectif, bien plus que d’autres en ce qui concerne les effectifs. Il y a une modernisation nécessaire. Pour autant, l’austérité ne doit pas accabler des territoires déjà meurtris.

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  26. Patrick Le Hyaric dans L'Humanité:

    On ne peut croire à la concordance des temps. Dans le document conclusif du dernier Conseil européen, il n’est pas seulement acté le projet d’un budget d’austérité pour l’Union européenne mais aussi des alinéas cachés au grand public qui engagent l’Union européenne à « parvenir à une plus grande convergence transatlantique en matière de réglementation ».

    Seulement quatre jours plus tard, c’est-à-dire la nuit dernière, le président Obama, dans son discours sur l’état de l’Union, a lancé pour de bon ces négociations entre les États-Unis et l’Union européenne « pour favoriser les exportations américaines, supporter les emplois américains… ». « Nous allons lancer des discussions sur un accord transatlantique global sur le commerce et l’investissement avec l’Union européenne », a-t-il déclaré.

    Nous nous rapprochons donc de la construction de ce « marché transatlantique », une zone de libre-échange intégral entre les États-Unis et l’Union européenne. L’objectif est de s’extraire des négociations bloquées à l’Organisation mondiale du commerce, afin de répondre à la demande du grand patronat européen et nord-américain pour relancer la guerre économique afin d’abaisser les rémunérations et les conditions de travail, les normes environnementales.

    Ceci signifierait à la fois l’abolition des droits de douane et aussi un ensemble de barrières réglementaires que le capital a besoin de faire sauter pour rehausser ses taux de profit.

    Un tel accord ouvrirait grandes les portes à l’importation de produits OGM, de bœuf aux hormones, de poulet traité au chlore, et aurait de redoutables conséquences sur nos industries et services, comme le montre le même type d’accord avec la Corée du Sud qui ouvre la voie royale à l’importation de véhicules sud-coréens. Et alors que notre industrie automobile est poussée à l’agonie, la Commission européenne se garde de déclencher les clauses de sauvegarde prévues en cas d’importations massives détruisant nos propres industries.

    En lien avec le pacte de compétitivité et le projet d’accord sur la flexibilité, voici qu’un pas de plus serait franchi, dans la loi de la jungle de l’ultracapitalisme, avec le renoncement à nos standards de production, aux normes de santé, d’environnement – certes à améliorer et faire respecter – qui garantissent la sécurité des travailleurs et la qualité de nos productions, au profit de la suraccumulation du capital que cherchent les multinationales et les institutions financières. Celles-ci croient pouvoir contourner les dégâts de leur propre politique d’austérité qui réduit les débouchés, donc la croissance, en élargissant leur sphère de domination, d’exploitation et de spéculation sans entrave.

    Au nom du « marché ouvert où la concurrence est libre » et après la réintégration dans l’Otan, l’Union européenne poursuit sa fuite en avant dans un projet ultralibéral qui la coupe des aspirations des peuples qui la composent. L’idée européenne serait noyée dans une zone élargie, dominée par l’imperium nord-américain, utilisant le dollar contre nos atouts industriels, agricoles et de services. Voilà un grand combat à mener.

    Non au marché transatlantique !

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  27. Sans commentaire :


    http://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/l-ue-va-financer-des-trolls-pour-130702

    En anglais

    http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/eu/9845442/EU-to-set-up-euro-election-troll-patrol-to-tackle-Eurosceptic-surge.html

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    1. A propos de trolls...



      Chers lecteurs du monde.fr, la perception que vous aurez des informations contenues dans cet article changera en fonction de la nature des commentaires d'internautes qui l'accompagneront. C'est, en substance, le principal résultat d'une expérience conduite par Dominique Brossard (université du Wisconsin à Madison), à paraître dans la revue Journal of Computer Mediated Communication. Selon ce travail, la vitupération qui se manifeste sur les fils de conversation en ligne a pour effet de polariser les opinions.
      En se fondant sur un échantillon représentatif de la population américaine, les auteurs ont soumis aux participants un article rédigé par un journaliste scientifique sur les nanotechnologies. Le texte faisait référence, de la manière la plus neutre possible, aux bénéfices attendus et aux risques potentiels que présentent ces technologies.

      Certains des participants ont lu l'article assorti de vitupérations relativement habituelles ; les autres ont lu le même texte accompagné de commentaires rédigés avec soin et sans la hargne qui caractérise les "trolls" – ces internautes qui interviennent dans les conversations en ligne à coup d'insultes, de provocations, de propos à l'emporte-pièce, etc.

      "Ce que nous avons découvert est que la lecture du même article produit des perceptions différentes en fonction des commentaires, dit Mme Brossard. Ceux qui ont plutôt tendance à être favorables aux nanotechnologies le seront encore plus après la lecture de l'article et des commentaires faits d'invectives : de même, ceux qui étaient a priori réticents le seront encore plus après cette même lecture." Pour les individus de l'échantillon qui ont lu le même texte assortis de propos policés, cette tendance à la polarisation n'apparaît pas...

      "Ce qui est très important est que nous avons pris soin, dans les deux cas de figure, de donner les mêmes informations dans le premier fil de commentaires et dans le second, précise Mme Brossard. Seul le ton et le registre de vocabulaire de ces commentaires changent." Un peu comme si le spectacle écrit d'un affrontement violent contraignait le lecteur à choisir son camp de manière plus radicale et tranchée.


      Les commentaires injurieux ou agressifs étant à peu près généralisés sur le Net, ces résultats expérimentaux posent la question cardinale de savoir si l'utilisation grandissante de la Toile à des fins d'information concourt à polariser la société sur des questions autres que scientifiques ou techniques (nanotechnologies, OGM, changement climatique, etc.), à forte teneur politique ou économique.

      Les trolls contribuent-il à radicaliser la société ? "Nous ne disposons pas de preuve expérimentale pour le dire, mais on peut imaginer que cela puisse être le cas sur des questions politiques, estime Mme Brossard. En particulier à propos des questions sur lesquelles il existe des idées ou des opinions préconçues..."

      (Stéphane Foucart, Le Monde)

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  28. L'UE, ne tenant aucun compte des leçons du passé de la "vache folle", a accepté que les farines animales recommencent à nourrir les poissons d'élevage.

    Une bonne réaction en France:

    La ministre française de l'écologie Delphine Batho a déploré dimanche 17 février le feu vert de l'UE au retour des farines animales pour nourrir les poissons. "Ce n'est pas dans la logique de la chaîne alimentaire", a-t-elle déploré, estimant qu'"il est très important que la filière piscicole française s'organise pour qu'il y ait un label 'sans farine animale'", afin d'informer les consommateurs.


    C'est une bonne idée de concevoir un label, mais à condition de l'accompagner de mesures économiques. Car l'affaire des lasagnes au cheval de bœuf montre que les plus pauvres seront de plus en plus (et très mal) nourris pas des saloperies, pendant que les plus privilégiés auront la possibilité de faire le tri et d'acheter des produits plus chers car labellisés...

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  29. Dans PressEurop, un article de Beppe Severgnini sur les jeunes Italiens.Extraits
    Personne ne pourra accuser le futur gouvernement de ne pas avoir tenu ses promesses envers les jeunes Italiens, pour la bonne et simple raison qu’il n’en aura fait aucune. Les nouveaux électeurs sont pour l’instant les grands exclus de la campagne électorale. La politique s’apparente à une discothèque gardée par des gorilles qui leur barrent le passage.
    Les cinq coalitions en lice semblent tout droit sorties de Gangnam Style : elles s’agitent, gesticulent, se déhanchent, se bousculent pour attirer les feux des projecteurs. Les jeunes Italiens les contemplent à travers la petite lucarne et laissent des commentaires navrés sur les réseaux sociaux. La tentation de l’abstention est forte, mais ce serait faire le jeu des détracteurs de la politique qui n’attendent que ça.
    Les réseaux sociaux traditionnels se délitent progressivement. Les familles ont épuisé leurs réserves de patience et d’argent. Les boutiques de rachat d’or, le marché immobilier et l’évolution de la consommation de biens durables en témoignent. Le taux de chômage des jeunes actifs (15-24 ans) atteint 37 %, un record depuis 1992. Et il s’agit d’une moyenne nationale. Imaginez dans quel état se trouve l’Italie du Sud. En dix ans, le pourcentage des diplômés italiens partis chercher fortune à l’étranger est passé de 11 à 28 %.
    Face à des phénomènes de cette ampleur, on serait en droit d’attendre une réaction du monde politique ; qu’il s’interroge, prenne des décisions, élabore des stratégies précises et des mesures concrètes. Aucun pays ne peut décemment se permettre de sacrifier une génération entière. Attente vaine : nos candidats s’écharpent sur les impôts et les retraites. Ils s’adressent uniquement à ceux qui ont du travail, ou en ont eu un jour. A croire que les autres, ceux qui risquent de ne jamais en trouver, comptent pour du beurre. La génération des moins de trente ans est en train de devenir transparente. La frustration pourrait, à force, engendrer de la colère, avec des conséquences dramatiques. Les signes avant-coureurs ne manquent pas.

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  30. Une proportion importante (27 %) et croissante des jeunes diplômés cherchant un travail pensent que leur avenir professionnel se situe à l'étranger plutôt qu'en France, selon un sondage Deloitte-IFOP publié lundi.

    Lors du premier "baromètre de l'humeur des jeunes diplômés", en 2012, ils n'étaient que 13 % à envisager une meilleure carrière à l'étranger. Cette opinion est renforcée par le fait qu'une majorité (58 %) juge ses chances de trouver un travail dans les six mois peu élevées (+ 7 points en un an), les plus pessimistes se trouvant en province (62 %). En recherche d'emploi depuis quinze semaines en moyenne, 38 % n'ont eu aucun entretien, 12 % un seul et 20 % deux occasions.


    Pour cette enquête, un échantillon de 1 005 jeunes, représentatif des diplômés (bac à bac + 5) depuis moins de trois ans, a été interrogé en ligne du 22 au 31 janvier. Parmi eux, 55 % avaient un travail. Pour décrocher le poste qu'ils occupent, ces derniers déclarent, en moyenne, avoir transmis seize curriculum vitae. Les diplômées en ont envoyé davantage (19) que leurs homologues masculins (11). Le temps moyen pour décrocher cet emploi a été de dix semaines.

    Lorsqu'ils sont interrogés, 68 % des jeunes en poste ont un CDI ; 32 % un CDD. La proportion grimpe à 76 % pour les diplômés de grandes écoles, mais n'est que de 43 % pour les diplômés d'un IUT. Interrogés sur le contrat de génération, mesure destinée à favoriser l'emploi des jeunes en CDI avec des aides financières à la clé, 65 % des jeunes (avec ou sans emploi) souhaiteraient en bénéficier et 85 % aimeraient être formés par un senior. Pour lutter contre le chômage, le gouvernement devrait prioritairement développer la formation, baisser la fiscalité des entreprises et soutenir leur compétitivité, estiment-ils dans l'ensemble.

    Enfin, si 54 % des jeunes en poste déclarent se méfier de leurs employeurs (63 % pour ceux qui cherchent un travail), 60 % souhaitent néanmoins continuer à travailler dans leur entreprise.

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  31. Le MPEP alerte sur l'abandon de souveraineté amené par les derniers projets européens:

    MPEP

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  32. Le chômage en Europe

    Le taux de chômage apparaît inchangé par rapport à janvier, où il a été révisé à 12,0% contre 11,9% précédemment. Mais 33.000 personnes supplémentaires sont venues grossir les rangs des demandeurs d'emploi dans la zone euro en février.

    Au total, 19,071 millions de personnes étaient au chômage dans les 17 pays de l'Union monétaire.

    Dans l'ensemble de l'Union européenne, le taux de chômage était de 10,9% en février, en hausse par rapport au mois précédent (10,8%). Cela correspond à 76.000 chômeurs de plus, soit 26,338 millions de personnes.


    La progression du chômage est spectaculaire dans les deux zones par rapport à février 2012: le taux de chômage était alors de 10,9% dans la zone euro et 10,2% dans l'ensemble de l'UE.

    La zone euro compte 1,775 million de chômeurs de plus qu'en février 2012. L'UE dans son ensemble en compte 1,805 million de plus.

    La Grèce enregistre toujours le plus fort taux de chômage de la zone euro, à 26,4% (selon les dernières données datant de décembre), mais l'Espagne est en voie de la rattraper, avec 26,3%. C'est en Autriche (4,8%), en Allemagne (5,4%) et au Luxembourg (5,5%) que les taux de chômage sont les plus faibles au sein de la zone euro.

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