samedi 25 juillet 2009

CARPE DIEM



CARPE DIEM

par Monica




Cueille le jour présent et sois le moins confiant possible en l'avenir (Horace).

Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie (Ronsard).

Cueillir le jour, goûter ses bienfaits, sans s'inquiéter du jour et de l'heure de la mort. Car ... le futur est incertain et tout est appelé à disparaître.

Etre hédonistes. Contourner, atténuer, éviter le déplaisir. Mais délaisser également le plaisir inauthentique, où l'on s'égare souvent sans espoir de retrouvailles.

Carpe Diem. Autour de nous, certains se battent courageusement contre la maladie et la mort. Des êtres de tout âge, car la faucheuse n’attend pas le nombre des années pour frapper. Ces personnes nous apprennent à vivre, qu'elles en soient remerciées.

Carpe Diem. Aller à l’essentiel. Regarder la vie les yeux grand ouverts sans ciller, accepter ce que nous sommes, ce que nous faisons. Assumer nos désirs, nos fantasmes, nos incertitudes et nos doutes, nos forces et nos faiblesses, nos erreurs et nos réussites, nos vérités et nos mensonges.

Carpe Diem. Éloigner radicalement de nous, sans nous retourner, ce qui blesse, rabaisse, nie, ce qui distord notre être, ravive nos douleurs anciennes, rouvre les cicatrices de notre vie.

Carpe Diem. Reconnaître l'inacceptable: certains êtres, enfermés en eux-mêmes, ne nous voient guère, ne nous entendent guère, ne nous sentent guère, car ils projettent en nous leurs imagos internes. Ils viennent certes vers nous, mais ils jouent- parfois sans le savoir, parfois en le sachant- avec notre précieuse capacité à aimer.

Carpe Diem. Lorsque les mouvements de ces êtres suivent exclusivement les flux et reflux de leurs besoins, de leurs pulsions et de leur imaginaire, sans tenir aucun compte des nôtres, ne pas les retenir, ne pas les rappeler lorsqu'ils s'éloignent.

Carpe Diem. Accepter alors que la mer se retire lentement derrière l’horizon, révélant une grève désertée où s’effaceront peu à peu les empreintes de leurs pas.

Carpe Diem. Espérer les mutations. Mais, devant les éternelles répétitions des mêmes processus, laisser ces êtres dans la prison peut-être dorée, peut-être choisie, de leur égo. Les inviter à sortir doucement de nous, et à rester, comme des brindilles desséchées, sur les plages que nous aurons, d'un grand pas vaillant, délaissées.

Carpe Diem. Préparer avec gaieté des râteaux pour lisser le sable, ramasser les coquillages brillants qui leur avaient été offerts et qu'ils ont abandonnés, après les avoir pourtant demandés et en avoir humé le parfum et admiré les couleurs.

Carpe Diem. Enfiler ces coquillages précieux sur des fils arachnéens et soyeux. Ils constitueront de merveilleux colliers - associant la sensuelle chair de l'orchidée et le doux parfum de la pivoine.

Carpe Diem. Que le désir afflue en nous, que l’amour s'exprime, portes et fenêtres ouvertes sur l’infini du ciel.

Je veux pour nous le plaisir embrasé et la joie ardente.

Je veux la liesse et l’Alleluïa de la chair et de l'esprit.

21 commentaires:

  1. je dirais meme plus :trés beau texte!


    Il va trés bien avec cette belle journée d'été où les couleurs des fleurs, les odeurs sont dans la plénitude.

    Merci Monica.

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  2. Merci, Marie et Melchior, de vos doux échos...

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  3. Quel beau texte , c'est vous Monica qui l'avez écrit ? Dans ce cas, toutes mes félicitations ! :)

    J'aime ce poème de Ronsard que j'avais appris à l'école et qui m'avait tant plu. Je voudrais le relire et ne sais où le trouver. Surement, sur internet.
    En tous cas merci,
    Marie-Paule

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  4. Chère Marie-Paule, je suis contente que ce texte écrit cet après-midi vous ait plu.

    Voici le Sonnet de Ronsard à Hélène qui s'intitule
    Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle

    Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
    Assise auprès du feu, dévidant et filant,
    Direz, chantant mes vers, et vous émerveillant :
    Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle.

    Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,
    Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
    Qui, au bruit de Ronsard, ne s'aille réveillant,
    Bénissant votre nom de louange immortelle.

    Je serai sous la terre, et, fantôme sans os,
    Par les ombres myrteux je prendrai mon repos;
    Vous serez au foyer une vieille accroupie,

    Regrettant mon amour et votre fier dédain.
    Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain;
    Cueillez dés aujourd'hui les roses de la vie

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  5. Merci Monica,
    Quel beau sonnet, je l'aime toujours autant et j'ai un immense plaisir à le relire (déjà plusieurs fois) :)))
    Pour cela, je vous fais un trisou.

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  6. Tout l'art de vivre...
    Quelques mots, en écho:
    -
    Qu’est ce, qu’est donc que le présent
    juste un court instant
    prit entre le voile menteur qui se pose sur hier
    et la lueur hésitante ou fière
    qui dévoile demain.
    -
    Que ne revienne pas le temps passé
    j’aime mes rides
    Que ne s’effacent pas mes erreurs
    qui serai-je sans elles?
    -
    Juste avoir chaque jour la grâce
    d’une bêtise quotidienne
    pour en vivre aujourd’hui
    et s’en souvenir demain.

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  7. Merci de ce bel écho, chère Caroline, qui prolonge aujourd'hui dans hier et demain...

    Vous sauriez sans nul doute, des brindilles desséchées laissées derrière nous sur les grèves, faire de beaux drôles et drôlesses... inscrivant ainsi dans la création et la vie les restes des possibles qui, faute de trouver leur chemin, sont devenus des impossibles ;o)

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  8. Quel beau texte, si puissant ! J'aime plus particulièrement ceci "Éloigner radicalement de nous, sans être tentés de nous retourner, ce qui blesse, rabaisse, nie, ce qui distord notre être, ravive nos douleurs anciennes, titille les cicatrices de notre vie." Mais cela forme un tout. Pouvons nous "Assumer nos désirs, nos fantasmes" ?

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  9. Cher Somni,
    Oui, je suis convaincue qu'il faut vraiment assumer tous nos désirs et nos fantasmes, ce qui ne signifie pas que nous devions tous les mettre en actes.
    Car la vie est faite de différents chemins, que nous pouvons parcourir avec des personnes, pas avec d'autres.
    La question est de savoir si, quand on a choisi un chemin (et donc une personne), on doit s'y tenir pour toujours.
    Doit-on sacrifier les autres chemins (et personnes) qui sont là, ce qui aboutira au fait que des potentialités de nous resteront en souffrance ?
    Il y a dans ce sacrifice un risque, sensible dans les vieux couples (je pense à mes parents): celui de tenir inconsciemment rancune à celui/celle qui a empêché de parcourir des chemins de soi.
    Il n'y a pas une réponse, assurément, mais des réponses, que chacun "gère" comme il peut.

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  10. Merci Monica pour tant de paroles si fortes: sous tes mots l'image se crée et de nombreuses réalités naissent ou renaissent ;) Et là mélange de sensations, de sentiments...qui n'auraient pas pu prendre corps dans un carpe diem dénué d'un passé riche de contradictions, de douleurs, de joies, de tumultes, de paix...mais aussi besoin des espoirs d'un futur...tout ceci laisse savourer un présent qui prend toute son ampleur si et seulement si on en connaît la valeur,la rareté...Merci pour tes mots qui me donnent envie d'intégrer mon présent comme une carpe qui, ici et maintenant, fait des bulles dans l'eau...

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  11. Ah, chère Fabienne, la carpe ! Entre son silence et ses sauts, n'oublions pas qu'elle peut être également... farcie.

    Donc donc, faisons gaffe ;o)

    L'expression muet comme une carpeest attestée en 1612. On a longtemps dit muet comme un poisson (Rabelais).

    Mais de Furetière fit remarquer que ... la carpe n'a point de langue. En outre,elle sort fréquemment la tête de l'eau en ouvrant la bouche.

    Donc, bullons pour Carpe Diem mais sans trop tenir notre langue, en faisant gaffe aux pêcheurs et autres attrapeurs... et en évitant les grosses farces ;o)

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  12. brbrbrbrbr ;o( pas de langue!!! pauvre animal ;o) bon ben pas de chance d'être tombé sur le poisson sans langue, muet de surcroît, c'est une certitude ;)Loin d'être muette, je vais me rattraper et pousser un cri de compassion pour ces êtres qui ne peuvent pas s'exprimer: haaaaaaaaaaaaaaaaaaa ;) j'me sens mieux ;);) encore merci Monica...

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  13. Pas de chance, pas de chance... C'est vite dit.

    On affirmera haut et fort que cette carpe-là est un piège d'homophone et d'homographe, avec audimutité surajoutée, mmm ? Qu'en dis-tu ?

    Et que notre Carpe à nous, non seulement est plaisante cueillette du jour, mais est dotée d'une sacrée langue (de logopède) !

    Haaaaaaaaaa Ahahahahahahahahahaha

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  14. Tout à fait d'accord Monica;) ;) une langue polyglotte, polie, politique, polissonne ;) Un instrument utilisé pour soulever de vraies questions et essayer d'y répondre ;) alors pas de carpe mais des cueillettes d'idées...

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  15. Réhabilitons donc la carpe.

    - Rappelons sa longévité: 18 à 20 ans, mais certaines d'entre elles sont arrivées ...à 70 ans. Celles-là nous donneraient probablement des leçons de Carpe Diem ;o)

    - Au plan symbolique, dans la culture chinoise, la carpe représente la persévérance, mais aussi la réussite au niveau social et aux examens, car elle tente toujours de remonter le courant des fleuves.

    De ce fait, les salles d'études des garçons dans les maisons chinoises étaient décorées d'une peinture de carpe.

    Espérons qu'aujourd'hui les carpes décorent également les salles d'études des filles...

    Carpe Diem pour tout le monde, dans la parité !

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  16. Au nom de la parité nous nageons à contre courant chaque jour un peu plus vers “carpette diète” .... (je pense à la suppression programmée à la rentrée parlementaires des trimestres de retraite accordées aux mères)

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  17. Où vais-je mettre cette petite information glanée sur Agoravox, me demandé-je... Pourquoi pas sur ce Carpe Diem...
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    Qui n’a jamais rencontré une « aimeuse » ?

    Le mot nouveau 2009 est arrivé ! Il a été élu au Havre, le 25 novembre 2009 par la 8e édition du festival XYZ… du mot et du son nouveau, créé et présidé par Eric Donfu.

    «Le mot comme l’éclair, frappe avant de parler; le sens n’est que l’écho» écrivait Joseph Delteil, auteur auquel le festival XYZ… du mot et du son nouveau a célébré hier soir.

    Des mots ? Les internautes et le public en avaient placés trois à égalité ; «Textoter», «Automagic» et «Aimeuse».

    C’est ce terme féminin très évocateur, poétique, «Aimeuse», qui l’a emporté d’une voix. Ainsi, après «Se faire Electroniquer» en 2002, «humanicide» en 2003, «Chaudard» en 2004, «Désoiffer» en 2005, «Ordinosore» en 2006, «Photophoner» en 2007, «Bonjoir» en 2008, c’est «Aimeuse» qui marque l’année 2009.

    «Aimeuse» mot élu en 2009, tant sur Internet que lors de la soirée du 25 novembre au Havre

    Selon son auteure, ce terme inventé «Aimeuse» se veut «différent de l’aimante ou de l’amoureuse… C’est une femme capable d’aimer à sa façon, un peu comme Colette.»

    Faut-il y voir un signe de l’esprit du temps ? Un témoignage de modernité ?
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    Aimer à sa façon... mais qu'est-ce à dire ?...

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  18. Ben oui... Ca veut dire quoi? Et comme c'est un nouveau mot, doit-on en déduire qu'avant on aimait à la façon d'un ou d'une autre? :)

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  19. Comment, disaient-ils,
    Avec nos nacelles,
    Fuir les alguazils?
    Ramez, disaient-elles.

    Comment, disaient-ils,
    Oublier querelles,
    Misère et périls?
    Dormez, disaient-elles.

    Comment, disaient-ils,
    Enchanter les belles
    Sans philtres subtils?
    Aimez, disaient-elles.

    (Victor Hugo)

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  20. Un chat poète vient de passer dans une forêt enchantée...

    Aimeuse, à un phonème près, devient haineuse...
    Est-ce cette proximité qui a sous-tendu la création de ce néologisme?

    Retenons l'activité de la semeuse de doux émois, comme nous y invite Victor...
    Et laissons à d'autres le N du ressentiment ...

    Le néologisme se prête à la polysémie... Laissons-nous y aller ...

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