mercredi 15 juillet 2009

AFFAIRE DU GANG DES BARBARES



AFFAIRE DU GANG DES BARBARES:
LORSQUE L’EMOTION ET LE POPULISME OBSCURCISSENT LE JUGEMENT

Par Monica

Disons-le d’emblée : nous respectons la douleur des proches d’Ilan Halimi et nous reconnaissons la barbarie du crime commis, dont l’antisémitisme a été l’une des «motivations ».

Le problème posé par cette affaire est multiforme, il concerne:

(a) la surenchère communautariste autour d’une affaire criminelle,

(b) la pression exercée sur la Justice au nom d'un "droit de requérir" des victimes,

(c) la mise en cause par les plus hautes sphères de l’Etat de l’affaire jugée,

(d) le risque d’exacerbation de certains clivage sociaux, dans une France dont le tissu social est déjà extrêmement déchiré, et qui aurait plus que jamais besoin de transcender les «particularismes» religieux, culturels, cultuels et politiques.

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LES FAITS : LA BARBARIE A VISAGE (IN)HUMAIN

Ilan Halimi a été kidnappé le 20 janvier 2006, après avoir été attiré par une jeune fille de 17 ans. Il a été détenu nu, aveuglé et entravé durant 24 jours dans un logement puis dans la cave d'un immeuble de banlieue. Les ravisseurs ont demandé une rançon de 450.000 euros. Il a été tondu, poignardé et brûlé à l'essence, puis abandonné près d'une gare de RER. Il est mort lors de son transport à l'hôpital.

Le 10 juillet 2009, après deux mois et demi de procès, la cour d’assises de Paris a condamné le chef de la bande, Youssouf Fofana, 28 ans, à la peine maximale : réclusion à perpétuité avec une période de sûreté incompressible de 22 ans. Les faits avaient été établis, l’antisémitisme revendiqué et la défense avait été une série de provocations. A l’encontre des 26 autres accusés, la cour a prononcé deux acquittements et des peines allant de 6 mois de prison avec sursis à 18 ans de réclusion.


LA MISE EN CAUSE DU JUGEMENT : LA JUSTICE MISE A MAL

L’avocat de la famille, Me Szpiner, plusieurs associations juives (le CRIF et l'Union des étudiants juives de France) et la mère d'Ilan Halimi ont mis en cause le jugement prononcé le 10 Juillet.

Le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA) a dénoncé un procès «incomplet» et en a réclamé un nouveau. Ces associations reprochent le huis clos, la «marginalisation de l’antisémitisme» au cours de la procédure, ainsi que la «faiblesse» de certaines peines.

Me Szpiner (proche du pouvoir) a réclamé au Ministère que le procureur fasse appel de ce procès – ce qu’il a obtenu. La Ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, a en effet demandé au parquet général, lundi 13 juillet, de faire appel de la condamnation de quatorze complices de Youssouf Fofana, qui étaient inférieures aux réquisitions de l'avocat général.

L'intervention ministérielle a provoqué un tollé dans le monde de la Justice, parmi les avocats, les magistrats. Les syndicats de magistrats - le Syndicat National de la Magistrature et l’Union des syndicats de la Magistrature – ont exprimé leur colère et leur inquiétude. Pour le moment, les partis de gauche sont extrêmement silencieux…


LE PIEGE VICTIMAIRE COMMUNAUTARISTE


Thierry Lévy, avocat pénaliste du barreau de Paris et auteur de plusieurs ouvrages de réflexion sur la justice, dont Eloge de la barbarie judiciaire (éd. Odile Jacob, 2004) dans lesquels il critique "la pandémie victimaire", dénonce la création d’un précédent.

Il rappelle que la loi ne permet pas à la partie civile de faire appel d'un arrêt de cour d'Assises. Or, dans cette affaire, le parquet a fait appel sur ordre du gouvernement, «en interprétant de manière extensive les dispositions légales qui lui permettent d'"enjoindre au ministère public d'engager ou de faire engager des poursuites" (article 30 du code de procédure pénale)».

D’ordinaire, la décision de faire appel est prise par l'avocat général qui a siégé à l'audience. Or l’avocat général de cette affaire, Philippe Bilger, avait jugé que ses réquisitions avaient été pour l'essentiel suivies.

L’injonction de la Ministre de la Justice constitue un précédent dangereux car, dit Thierry Lévy, «La Garde des Sceaux n'a pas assisté aux débats, elle n'a entendu ni les parties, ni les témoins, ni les arguments échangés. Sa décision, allant à l'encontre de celle du ou des représentants du ministère public, s'est évadée de la réalité concrète du dossier, a pris un caractère nécessairement politique ». Ainsi donc, « la politique des intérêts particuliers s'est introduite dans les prétoires».

Cette façon d'agir bouleverse les cadres de la Justice, porte atteinte aux droits de la défense et modifie le rôle de la partie civile qui n’est en aucun cas «de requérir une peine mais d'obtenir une réparation».

En signifiant aux jurés et aux juges qu’ils ont mal jugé, qu’ils n’ont pas été suffisamment révoltés par les faits et leur cruauté, on transforme le procès criminel, déjà largement investi par l'opinion, comme «un instrument politique destiné à faire valoir une idée politique».

En agissant ainsi, dit Thierry Lévy, « la partie civile fait le jeu de l'assassin que l'on a entendu dire : "Je hais les juifs, parce qu'ils ont de l'argent, parce qu'ils ont le pouvoir." Le résultat est paradoxal. On a justement reproché à Fofana d'avoir agi à partir d'une équation à caractère raciste - les juifs sont riches, donc ils paieront - et on lui donne la satisfaction de voir aboutir des pressions exercées par certains représentants de la communauté juive. Désormais, il pourra dire - et il n'y manquera pas - qu'il a eu raison de considérer que les juifs disposent, grâce à l'argent ou au pouvoir, d'une certaine capacité d'action ou d'influence. Ce faisant, les parties civiles sont tombées à pieds joints dans le piège moral tendu par l'assassin ».


LE JEU POLITIQUE

Comme le huis clos est une procédure normale (certains inculpés étaient mineurs au moment des faits), et que le délibéré a été prononcé par un jury populaire, la question est de savoir si ces organisations juives sont habilitées à dénoncer, y compris dans la rue, une procédure judiciaire apparemment menée dans le respect des règles républicaines.

Ces associations ne représentent pas la diaspora, mais en sont seulement l’une des branches, marquée politiquement à droite. Jamais le CRIF n’a dénoncé des actes antisémites quand la victime était celle du pouvoir, ou les agissements de son extrême bord, qu’ils viennent du Betar ou de la LDJ. Il est resté silencieux devant les attaques subies par Noam Chomsky ou Daniel Barenboïm dans leurs initiatives critiques et pacifistes, évidemment marquées à gauche.

Ces associations ne peuvent se poser en représentant légitime des juifs français, qui sont de toutes obédiences politiques, et dont les choix individuels sont dictés par leur citoyenneté française.

Ajoutons que ce crime aurait été aussi atroce, s’agissant de n’importe quelle personne : homme, femme, enfant, adulte, valide, handicapé, blanc, noir, jaune, gitan, juif, catholique, athée, musulman, bouddhiste, homosexuel, hétérosexuel…

Les « justifications » fournies par les criminels auraient été différentes, tout aussi violentes et inadmissibles.

Quant au crime et à son traitement, ils auraient suscité des réactions émotionnelles et/ou communautaristes, dès lors que la victime aurait appartenu à un groupe social qui est, ou a été, objet de discriminations et de violences au cours de l’histoire de l’humanité.


LE REFUS DE LA SURENCHERE VICTIMAIRE


Depuis hier, des juifs s’insurgent contre la surenchère.

Théo Klein, ancien président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), regrette la polémique qui s’est créée et appelle au respect de la chose jugée. Il pense que le plus sage est toujours de respecter la procédure. « Tous les intervenants qui ont cherché à mettre en doute la marche normale de cette affaire ont eu tort et ont introduit un désordre parfaitement inutile».

Précisant n’avoir pas du tout compris sur quels arguments était fondée la protestation du CRIF, il lui semble n’avoir «aucun élément permettant de mettre en doute la façon dont le procès s'est déroulé».

Concernant le regret exprimé par le CRIF que le «caractère antisémite du crime» n’ait pas été suffisamment reconnu, Théo Klein dit comprendre «qu'il y ait une certaine sensibilité dans la communauté juive», mais il ajoute : «il faut savoir gérer cette sensibilité, ne pas interpréter faussement les faits. Ce n'est pas parce qu'un juif est concerné qu'il s'agit obligatoirement d'antisémitisme. Cela étant, il est vraisemblable qu'il y ait chez les prévenus une opinion défavorable, mettons même hostile aux juifs, mais est-ce que nous en avons vraiment la preuve? Est-ce que c'est si important, si je puis dire, par rapport au crime lui-même, par rapport à cette affaire qui est scandaleuse en elle-même ? Cette affaire indique une pauvreté de la morale, de l'intelligence, de la part des protagonistes qui est effrayante pour la communauté française, beaucoup plus que pour la communauté juive».

Il appelle au respect de la chose jugée et il ajoute : «poursuivre sur le fondement d'un sentiment, je crois que c'est toujours une erreur et en tout cas toujours un danger. Il faut essayer de déminer ses sentiments premiers, et de mettre de la réflexion avant de mettre de la parole».

LE COMBLE DE L'ANTISEMITISME ?

A l’inverse, comme le dit Elisabeth Lévy, à propos des juifs ayant saccagé la Librairie Résistances, «le comble de l’antisémitisme serait de croire qu’il n’y a pas chez les juifs une proportion raisonnable de brutes écervelées et de jeunes crétins. Ou encore de considérer que les auteurs de violences commises au nom d’une improbable “défense juive” sont excusables parce qu’ils sont pauvres, incultes ou traumatisés par les souvenirs d’une guerre qu’ils n’ont pas vécue».

Face à ces agresseurs qui se sont réclamés de la “Ligue de défense juive », dit-elle, «j’aurais apprécié un communiqué du CRIF ou de la LICRA. Et puisque c’est mon jour, je ne suis pas loin d’être d’accord avec le MRAP qui demande l’interdiction de la LDJ. S’il y a de quoi, dans la loi, interdire cette association, il faut que force reste à la loi».

Et elle enfonce le clou : «si la survie du peuple juif dépend d’aussi sombres abrutis, l’avenir n’est pas tout rose».
A propos de l'affaire Halimi, Elisabeth Lévy conclut ainsi un article du 16 Juillet: "si Ilan Halimi est sans doute mort parce qu’il était juif, il serait désastreux qu’il devînt le mort des juifs. Et, rappelons-le à ceux qui semblent l’oublier, les tribunaux de la République jugent au nom du peuple français. De tout le peuple français".

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Articles pris en références:

52 commentaires:

  1. Monica, très bon résumé. Je suis d'accord avec la demande de respect de la chose jugée , surtout par un jury populaire.

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  2. Une réaction intéressante dans Bakchich:
    MAM impose ses sceaux à la Justice
    de Jacques-Marie Bourget
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    En ordonnant au parquet de faire appel du verdict du procès du Gang des Barbares, MAM impose une vraie rupture.

    Il est interdit d’interdire : rétablissons donc la peine de mort. Et, pour faire court, comme le disait si justement le docteur Guillotin, supprimons les jurys populaires chargés de rendre la justice dans les Cours d’assises.

    Ces deux mesures apporteraient un gain de temps, donc d’argent, en ces heures de crise. Par l’expérience de la rue, ou de la file au Super U, chacun sait que le Français est un con. [...]Non, il faut fuir la triviale bêtise du «peuple français»… Ce qu’il faut c’est un jury équipé d’une seule tête de lecture, par exemple celle de MAM. Nous serons alors certains que la bonne ivraie sera triée du mauvais grain.

    J’alluse ici aux réactions qui ont suivi le verdict du procès qui vient de se tenir contre Youssouf Fofana et autres[...] Puisqu’il parait que certains salopards n’ont pas été assez fortement condamnés, le ministère de la Justice exige du procureur qu’il fasse appel. Je plaide donc pour que, désormais, toutes les sentences soient directement prononcées par le Garde des sceaux. Cela ce serait de la vraie réforme et non de la «rupture» en peau de lapin. Je propose donc que, sans aucune concertation, une grille soit établie distribuant des peines automatiques. Ce choix libérerait les salles d’audience des tribunaux que l’on pourrait agréablement transformer en spas. Kafka a déjà travaillé sur le sujet, notamment dans «La Colonie Pénitentiaire», il suffit de faire un copier-coller.

    Naguère, même chaotique, la justice perdait son temps et engageait son honneur pour distinguer entre coupables et innocents, entre les coupables entre eux, donc à peser. Mais aujourd’hui, thèse, antithèse : foutaise ! Tous au trou. Retirons à la Justice son bandeau et mettons lui les lunettes de MAM et celles de son Ouart, le conseiller « justice » de l’Elysée, pour qu’elle voie enfin clair.

    Ce qui me m’inquiète, outre l’odieux «contexte particulier» du procès, celui d’un jeune homme de confession juive torturé et assassiné comme tel, c’est que, dans ces circonstances plus tragiques que d’autres, l’Etat ne donne pas l’exemple en respectant la décision de justice. Mais invite à un œil pour œil. Après cela, allez donc expliquer aux gamins des écoles que la justice est la mamelle de nos institutions, quelque chose de «sacré», au-dessus de la contingence…

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  3. merci Monica pour ce travail de documentation et de synthèse.

    La justice n'est pas là pour venger elle est là pour réparer évaluer une peine équivalente aux préjudices subis.Aucune victime trouve la peine suffisante au regard de sa souffrance

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    A partir de là un groupuscule de juifs a utilisé la politique pour obtenir un jugement qui sera selon eux plus sévères.
    Cette façon de faire ,pose beaucoup de questions:


    -Depuis quand le politique se saisit de la décision judiciaire?Surtout quand on sait que les politiques s'arrangent pour être amnistiés!

    -En quoi un second procés va t il apaiser la famille?même avec 5 ans de prison de plus la souffrance sera telle diminuée?Si la souffrance des victimes était proportionnelle aux nombres d'années de condamnation, ça se saurait.

    Cette dérive va augmenter l'antisémitisme et décrédibiliser les politique qui choisissent les "bonnes affaires " à défendre pour vendre leur lessive sécuritaire.


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    Enfin , quid de l'indépendance de la justice?

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  4. Chère Marie, j'ai recherché la définition de base de la Loi du Talion et trouvé ces notions, dont je mets quelques-une en italiques.
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    Les premiers signes de la loi du talion sont trouvés dans le Code d’Hammourabi, en 1730 avant Jésus Christ, dans le royaume de Babylone. Cette loi permet ainsi d’éviter que les personnes ne se fassent justice elles-mêmes et introduit un début d’ordre dans la société en ce qui concerne le traitement des crimes. Il s'agit d ela juste réciprocité du crime et de la peine.

    Si le constructeur d’une maison voit cette dernière tuer lors d’un effondrement respectivement, le propriétaire, le fils ou l’esclave du propriétaire, c’est le constructeur qui doit être condamné à mort dans le premier cas, le fils du constructeur dans le second et dans le dernier cas, le prix de l’esclave doit être versé au propriétaire.

    On retrouve la référence à Œil pour œil, dent pour dent dans deux jurisprudences du Code d’Hammourabi.

    Il se peut que cette loi entende lutter contre une escalade de la violence individuelle en limitant celle-ci au niveau de la violence subie. La notion contemporaine de légitime défense procède du même esprit en exigeant que toute riposte soit proportionnée à l’attaque.

    Un flou d’interprétation subsiste en ce sens qu’il n’est nulle part précisé clairement qu’elle ne représente que le maximum autorisé de la riposte. Certaines interprétations la présentent au contraire comme la riposte adéquate, ce qui peut conduire à des violences et contre-violences n’ayant jamais de fin.

    Considérée dans ce dernier cas comme barbare, injuste, et de toute façon contraire aux intérêts de l’ordre public, elle est remplacée pour certains crimes par des amendes pécuniaires ou des peines d’emprisonnement, que l’on peut considérer comme les premières peines alternatives.

    Elles ne satisfont pas pour autant forcément la victime, et on peut sans doute repenser à la sagesse du pionnier Daniel Boone qui, élu juge par ses concitoyens, prononçait au contraire des peines de réparation, centrées sur la victime et non sur le malfaiteur. Ainsi, celui qui avait blessé un cheval se voyait condamné à tirer la charrue à sa place jusqu’à ce que la bête en soit à nouveau capable.

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  5. merci Monica, je ne me lasse pas d'apprendre.

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  6. Quid de l’indépendance de la justice? Plus grand chose!
    Et voir à ce sujet l’appel d’Eva Joly contre la suppression du Juge d’instruction au profit du parquet...
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    Gouvernement fantoche, média de masse sous contrôle, justice strictement dépendante du pouvoir, nous ne sommes plus en démocratie.
    Charge lourde contre des manifestants pacifiques à Montreuil, procès pour un “cass’ toi pov con” ou “hou la menteuse”, Hadopi, nous sommes dans un état policier.
    Cumul des mandats et “propriété” des circonscriptions seulement contrainte par la souplesse de l’échine, allégement des charges fiscales des plus riches ou des bons électeurs au détriment du reste de la population nous sommes dans une ploutocratie-bananièro-oligarchique;
    -
    C’est aussi simple que cela.
    En limitant l’appel aux seuls condamnés à des peines inférieures aux réquisitions MAM ( sur requête de l’Elysée) donne deux messages :
    - J’exige que vous condamniez conformément aux réquisitions du parquet;
    - Je me moque de la cohérence du procès à venir puisque le nouveau jury ne pourra entendre que la moitié des parties, celles que le premier jury au bout de deux mois et demi de travail à considérer comme moins responsables. Le procès n’est que théâtre, seule les condamnations que j’exige au mois près comptent.
    -
    “Pour le moment, les partis de gauche sont extrêmement silencieux…” dit Monica. N’est-ce pas hélas régulièrement le cas lorsqu’il s’agit de défendre l’universalisme de nos valeurs fondamentales contre les revendications communautaires ? La droite n’est pas seule responsable de la création d’inégalités en droit devant le crime sous la pression des différentes “communautés” ethniques, religieuses et sexuelles. Ce n’est pas en “gravant dans le marbre” qu’un noir vaut deux blanches que l’on peut créer une société apaisée et dynamisée par des règles acceptables par tous.
    Et soyons lucide, “la gauche” est tellement préoccupée à se hacher menu qu’elle n’a pas de temps à consacrer à autre chose...
    -
    Mettre en parallèle cet appel pour les condamnations inférieures aux réquisitions parfois de seulement quelques mois et la mise sur le même plan par un Ministre de la République de Rimbaud et d’un Orelsam banalisant la cruauté envers les femmes et leur torture lorsque leur comportement ne sied pas à un homme.
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    Au secours!

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  7. bonjour Caroline
    tout comme vous je dis au secours!
    Quelle marge de résistance avons nous?
    Qui peut faire entendre notre indignation?
    ---
    Il y a 25 ans pour moins que ça nous étions dans la rue.
    Le pire est de constater cette inertie de nos concitoyens et des opposants politiques.
    je vais aller voir si la ligue des droits de l'homme a fait un communiqué.
    --
    bien cordialement

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  8. Chère Caroline,

    Assurément les partis de gauche sont très affairés à autre chose qu'à poser ces basses questions sociales, dont ils laissent aux professionnels de la Justice et aux médias le soin de débattre et de décider. Quelle misère !

    Quant à la défense des universalismes, il y a belle lurette qu'ils l'ont sacrifiée sur l'autel du "respect de la différence"... surtout quand il s'agit de "celle des femmes", toujours cause secondaire.

    Eh oui, Lang et F. Mitterrand rejoignent les braves gens de l'UMP (défenseurs patentés des libertés, vivent Hadopi 1 et 2) pour dénoncer la "censure" à l'égard d'un rappeur que 90% des gens au moins ne connaissaient pas et qui veut "avorter à l'opinel" et "maritraintigniser" sa compagne. Cool et si rimbaldien, tout ça.

    Tiens, je m'en vais les mains dans mes poches crevées, pour le coup ;o)

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  9. Sur l'aspect juridique surtout (et un peu politique) je signale l'excellente analyse de Maître Eolas:
    http://www.maitre-eolas.fr/post/2009/07/15/Appel-dans-l-affaire-Halimi-%3A-la-faute-de-MAM

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  10. Merci, Melchior. Je retiens de Maître Eolas les arguments politiques suivants, non donnés dans les précédents articles.
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    - L'action publique ne doit pas être inféodée aux déceptions des victimes. Elle en est autonome, et ce n'est pas pour rien. Ce n'est pas la victime qui demande la punition, c'est la société. La victime est dépouillée de son droit de vengeance depuis que tout citoyen a renoncé à son droit de se faire justice à lui même, et plus largement de recourir à la violence, en confiant le monopole de la justice à l'État, en charge de la protection des citoyens. Et la société doit garder son droit de dire à la victime : non, ça suffit. Ce n'est pas lui faire violence, et je crois même que c'est le plus souvent pour son bien. Car il est des cadeaux faits avec la meilleure volonté du monde qui sont en fait des cadeaux empoisonnés. Et ici, nous risquons d'en avoir un triste exemple.

    - Quelles sont les conséquences de ce choix?
    Il signifie que, sauf à ce qu'il fasse appel, Youssouf Fofana ne sera pas présent en appel (enfin, si : il viendra comme témoin), de même qu'une bonne moitié des accusés (13 sur 27). C'est donc l'ombre du premier procès qui sera rejouée .

    - La mère de la victime semble considérer comme une évidence qu'un procès en appel lui donnera satisfaction, considération qui semble chez certain l'emporter sur toute autre. Croyez-vous qu'un échec en appel allégera sa douleur? Car ce nouveau verdict sera définitif: pas de nouvel appel, pas de désistement pour revenir à la première décision. Il ne restera que le pourvoi en cassation pour faire annuler le verdict, mais uniquement si le droit n'a pas été respecté (or le quantum de la peine est une question de pur fait que la cour de cassation se refuse à examiner). Et c'est MAM qui en portera la responsabilité.

    - Là où l'affaire tourne à la farce, c'est quand l'avocat de la partie civile rêve à voix haute d'une modification de la loi pour permettre la publicité des débats (encore une fois, voyez à quoi elle tient ici...). Voici que la victime demande qu'on fasse appel pour elle et qu'on change la loi par la même occasion. Je passerai sur le fait que l'avocat en question était l'avocat du RPR dont le garde des sceaux fut la dernière présidente, car je me refuse à croire qu'en République, des choix publics tinssent à ce genre de considération. Mais je tremble quand même que ce souhait soit suivi d'effet, deux députés qu'on ne peut soupçonner d'être indifférents à l'opinion publique ayant déposé une proposition de loi dans ce sens (Messieurs Barouin et Lang). Si le législatif aussi se met à jouer les larbins des victimes, il ne reste que le judiciaire pour garder la tête froide.

    La mémoire d'Ilan Halimi méritait mieux que ce cirque

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  11. ou quand le délire l'emporte sur la raison ...

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  12. Et voici la justification de la Ministre de la Justice.Attachons les ceintures.
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    PARIS (Reuters) - La ministre de la Justice a justifié jeudi l'appel pour 14 des 25 condamnés du procès de l'assassinat du jeune juif Ilan Halimi en 2006 par l'intérêt de la société et le souci de la paix publique.

    Michèle Alliot-Marie a estimé, lors des questions d'actualité au Sénat, que remettre "très tôt en liberté des personnes qui ont commis un acte d'une telle barbarie peut donner un signal négatif*** à tous ceux qui banalisent la violence."

    Elle a dit avoir constaté après l'énoncé du verdict que "d'ici quelques mois, quelques-uns des participants les plus engagés dans cet assassinat" pourraient "se retrouver libres dans les quartiers" où s'étaient déroulés les faits.

    "Mes critères sont l'intérêt de la société et la paix publique", a-t-elle affirmé.
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    Donc, nous avons bien compris: Mme MAM sait mieux que le magistrat qui représentait l'accusation au procès (Philippe Bilger), elle sait mieux que tous les juges et jurés qui ont étudié à la loupe cette affaire....ce qu'il convient de faire pour assurer le.. le quoi, déjà, ah oui l'intérêt de la société et le souci de la paix publique.

    Eh bien ça alors...

    *** Curieuse phrase qui ressemble à un lapsus: envoyer un signal négatif ne serait-il pas dissuasif ??? Enfin, inutile d'ergoter quand on parvient à une telle hauteur de vue !

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  13. un signal négatif?

    l'émigration choisie?
    La discrimination positive?
    On devrait en faire un cahier des slogans publicitaires pour la lessive sarkosienne!

    Un signal négatif :j'en rest bouche bée !

    Parce que la justice rend des signaux positifs ou négatifs?au vert on peut passer: c'est ça?je gagne quoi?!

    Là je file manger la boite de dolipranne avec l'emballage!

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  14. Chère Marie, on en reste bouche bée.

    Puisque le signal négatif à ceux qui banalisent la violence (???) est de donner des peines dont la longueur a été longuement réfléchie et mûrie...

    ... le signal positif serait de les mettre au trou jusqu'à ce que mort s'ensuive, ou de les passer à la trappe de Père Guillotin.

    Nous revoilà avec la vieille théorie, qui a largement été infirmée, du caractère dissuasif de la prison - et de la peine de mort.

    Au secours, Foucault, reviens avec Surveiller et punir !

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  15. ça sent le retour de la peine de mort :le nain va le proposer pour être élu en 2012.
    Badinter fera un arret cardiaque.

    C'était madame Soleil!

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  16. Oh ce n'est pas l'envie qui lui manque.

    Mais il me semble que cela n'est plus possible dans le cadre du Traité constitutionnel européen si je ne m'abuse ? Melchior nous le dira probablement.

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  17. L'Europe interdit effectivement la peine de mort.

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  18. ouf !
    Cette intrusion du politique dans le juridique est extrêmement inquiétante :que cherche à prouver le gouvernement?
    Sommes nous encore en démocratie?

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  19. Le gouvernement impose sa vision de la société, de la répression et du tout sécuritaire ("tolérance zéro"). Il fait la part belle aux victimes et à la logique "vengeresse" en changeant les règles du jeu tout seul, dans le mépris le plus total de l'expertise et du travail des magistrats, avocats...

    Il marche littéralement, depuis des mois et des mois, sur toutes les institutions publiques sans dévier de son objectif:renforcer sa mainmise la plus totale, en diminuant le pouvoir des professionnels.

    Et comme en face de lui il a une opposition réduite à une bande de dinosaures sans projet, utilisant des analyses éculées de la société, se dézinguant les uns les autres pour être "chefs" ou pour affirmer leur "pureté politique" face aux "impurs" soupçonnés de "collaboration" avec l'ennemi...on est mal.

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  20. “Sommes nous encore en démocratie?”

    Notre démocratie - loin d’être parfaite - a pris un uppercut ces deux dernières années. Gouvernement fantoche, justice plus que jamais sous contrôle avec la promesse prochaine d’un contrôle encore plus étroit avec la suppression du juge d’instruction au profit du parquet (sans organisation de son indépendance) et l’augmentation en cours du rayon de protection du “secret défense”, législateurs (à 85% professionnels cumulards) à l’échine souple pour garantir leur réinvestiture, accélération de la croissance de la concentration des richesses avec diminution de l’impôt “à proportion des capacités de chacun, média de “masse” inféodés etc... Le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple est plus qu’en peine.

    Avec la petite touche complémentaire qui rappelle la différence entre démocratie et dictature: La démocratie c’est cause toujours, la dictature c’est ferme là.
    Nous avons vu des poursuites pour des “casse toi pov’con” , des “hou la menteuse”, des poupées vaudoues, des “S je te vois”; des fouilles au corps répétées sur journaliste pour un problème de diffamation que garde des sceaux et ministre de l’intérieur devenue depuis garde des sceaux trouvaient “normales”, des incarcérations pour lectures subversives, des provocations d’une police “au résultat”, des tirs de flashball dans les yeux à l’occasion de simples manifestations etc, etc, etc...

    Sommes nous encore en démocratie? Non. L’équilibre précaire est-il rompu? Oui
    .
    Comme le dit Monica la faute aux dinosaures qui ont annihilés toute opposition, la faute de tous ceux qui continuent à se penser les meilleurs malgré leurs échecs avérés, la faute aux militants qui n’ont pour la plupart pas changer non plus de logiciel et se bagarrent entre eux tout aussi pitoyablement que leurs chefs ... et la nôtre aussi.

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  21. Nous continuons dans les formules inversées et dans l'affirmation de la logique sécuritaire à tous crins.
    Lu dans Le Monde
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    La délinquance, considérée sur douze mois ou sur le seul premier semestre 2009, "a cessé de baisser", avec une progression des violences aux personnes, déplore le ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux, qui appelle les préfets à une "mobilisation accrue".

    Pour les six premiers mois de 2009, on observe pour la première fois depuis 2002 une hausse sur un semestre par rapport à la période correspondante de 2008 : cambriolages et vols violents ont crû "de presque 7 %", s'est alarmé M. Hortefeux, au vu des chiffres publiés jeudi 16 juillet par l'Observatoire national de la délinquance.

    Selon les faits constatés, le bilan est encore pire, si l'on compare la période juillet 2008-juin 2009 à celle de juillet 2007-juin 2008. Ainsi, les cambriolages d'habitations ont crû de 10,22 %, tandis que les violences contre les personnes ont dans le même temps augmenté de 4,36 %.

    Si l'évolution de la délinquance marque globalement "un palier", il reste que les violences contre les personnes "n'ont jamais été aussi nombreuses" depuis 1996, première année prise en compte par l'Observatoire.

    Face à cette situation inédite depuis 2002, M. Hortefeux entend mettre à contribution les services de l'Etat, police et gendarmerie notamment, ensemble sous l'autorité des préfets. Il les enjoint de "constituer (dans chaque département) un état major de la sécurité (...) en association étroite avec les parquets". Et il a choisi de renouveler l'initiative de l'un de ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy. "Vous serez jugés sur vos résultats", a-t-il lancé aux préfets mercredi.
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    Entre les chiffres "qui n'ont pas baissé" et les "paliers", se camoufle ... la hausse.
    Notons que pour lutter contre la délinquance la réponse est, une fois de plus, définie en termes purement sécuritaires et répressifs.

    Pauvres de nous. Pour rappel, Fofana avait été suivi en psychiatrie dès son plus jeune âge pour de multiples retards de développement, et il vivait dans une famille sans repères. Ce sont certainement les préfets et les policiers qui pourront prévenir et pallier ces formes terribles de destructuration précoce des êtres...

    La gauche aurait un gros travail à faire pour sortir d'une approche "victimaire" et "compasionnelle" devant la délinquance tout en refusant ces réponses purement punitives et répressives qui non seulement ne règleront rien, mais aggraveront tout.

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  22. Je croyais que sous l'ère sarkosienne il n'y aurait plus de délinquance :on lui a volé son karcher?!

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    Je serais très curieuse de savoir comment sont faits les items de l'observatoire de MR BAUER.
    La délinquance est à définir :elle n'est pas figée définitivement dans une définition.Quelle définition a retenu MR BAUER?

    Certes ,si le vol du stylo du fonctionnaire est comptabilisé on va faire exploser les stats!
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    Au delà de la dérision se pose des questions plus graves.
    La délinquance est un fond de commerce pour donner au peuple l'impression qu'il est en danger mais que le sauveur de la nation en père idéale va protéger.

    Je repense à BADIOU:ce dernier trouve des points similaires entre PETAIN, LA RESTAURATION ET L ÈRE SARKOSIENNE.
    Je vous livre les comparaisons :
    1/capitulation et servilité sont présents comme invention, révolution, et régénération

    2/on évoque une crise morale (de la famille, du travail en déclin)

    3/ des expériences étrangères sont citées comme des exemples de redressement

    4/un événement néfaste (révolution, front populaire, mai1968)est désignée comme l'origine d'une crise morale

    5/on invoque la supériorité de notre civilisation sur les populations étrangères.

    (Sources "sciences humaines" Mai 2008)


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    Par ailleurs , je suis très inquiète :Sarko est conseillé par le DR MUNICH qui est persuadé que la génétique explique tout :on va nous ressortir les test de dépistages du gêne de la délinquance en omettant volontairement les causes sociales, économiques et culturelles.
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    Il nous reste à faire de la pédagogie, de la résistance pour remettre les pendules à l'heure!

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  23. C'est vrai, Marie, on peut se demander si les gens du gouvernement n'ont pas intérêt à mettre en valeur des chiffres de délinquance en hausse pour justifier leur politique du tout répressif. Le message est: on n'a pas encore fait assez fort, il faut redoubler d'efforts.

    La comparaison d'Alain Badiou semble pertinente, d'autant que tous les acquis des analyses nuancées sur les origines psycho-socio-culturelles des délinquances (car il y a plusieurs délinquances, dont celles à col blanc...) sont rasés par Sarkozy, qui les conçoit comme de la "tolérance" voire de la "complicité" envers les délinquants.

    Il fait table rase de nos richesses, repart sur les vieilles badernes idéologiques déterministes biologisantes (vive la génétique!)et jette tout nos acquis à la poubelle comme "le mauvais héritage de 68".

    L'urgence pour nous est de repartir dans des analyses dialectiques et nuancées, et de ne plus perdre trop de temps à décortiquer Sarkozy (nous avons fait le tour de son système, sans surprise aucune désormais). Assez de critique anti-sarkozyste ou de tri politicard dans la gauche entre les "bons" et les "mauvais".

    Au boulot !

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  24. A propos de chiffres, voici encore une injonction à ne pas savoir... Lu dans Le MOnde
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    Le ministère de l'intérieur a demandé aux préfectures de ne pas communiquer aux médias les bilans des nuits des 13 et 14 juillet, notamment le nombre de véhicules incendiés dans les quartiers, interdisant toute vérification des chiffres officiels. Systématiquement, les autorités locales renvoient sur le ministère de l'intérieur, lequel a refusé de donner des statistiques précises, évoquant seulement des "nuits relativement calmes" malgré l'usage jugé "inquiétant", par les syndicats de policiers, de "mortiers" – des fusées pyrotechniques – contre les forces de l'ordre dans de nombreux quartiers (Le Monde du 15 juillet)

    Seul le bilan de la première nuit a été communiqué: "Quelques 500 véhicules" auraient été incendiés pendant la nuit du lundi 13 au mardi 14 juillet, ce qui constitue le plus mauvais résultat jamais enregistré la veille de la Fête nationale. Malgré des demandes répétées au ministère de l'intérieur et à la direction générale de la police nationale (DGPN), aucun chiffre n'a été donné concernant la seconde nuit, du mardi 14 au mercredi 15. Or, en 2008, le nombre d'incidents avait été aussi élevé le 13 juillet (297 véhicules brûlés) que le 14 (295).

    La consigne de silence a été strictement appliquée. Les différentes préfectures contactées par Le Monde ont refusé de répondre, évoquant des "instructions ministérielles". Les journaux régionaux ont connu les mêmes difficultés. La Provence fait ainsi état d'un bilan – officieux – nettement moins favorable qu'en 2008, avec 41 véhicules et un jardin d'enfants incendiés à Marseille, la nuit du 13 au 14 juillet.
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    Chiffres de la délinquance affichés en hausse d'un côté, dissimulation du nombre de voitures brûlées lors de la "Fête Nationale" de l'autre... Il y a sans doute une logique dans tout cela...en dehors de la logique anti-démocratique, cela va de soi

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  25. Lu dans le Monde à propos de l'affaire Ilan Halimi
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    Dans un texte commun, remis vendredi à l'AFP, la quasi-totalité des avocats de la défense des accusés de cette affaire ont dénoncé le fait que la ministre de la justice, Michèle Alliot-Marie, ait ordonné au parquet de faire appel des condamnations de la Cour d'assises le 10 juillet, y voyant une "ingérence" ouvrant la voie "à un contrôle des décisions rendues par les jurys populaires".

    Les vingt-quatre avocats demandent à la garde des Sceaux "d'ordonner au parquet général de retirer son appel". Rappelant que "le verdict a suivi pour l'essentiel les réquisitions de l'avocat général", la défense se demande comment admettre "qu'une décision prise en conscience par douze juges [trois magistrats professionnels et neuf jurés populaires] soit ainsi foulée au pied par le garde des Sceaux".

    "La défense est indignée par la mainmise du pouvoir politique sur les décisions de justice" et "cette ingérence du gouvernement est la porte ouverte à un contrôle des décisions rendues par les jurys populaires", insistent les avocats.

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  26. "Pour le moment, les partis de gauche sont extrêmement silencieux…" C'est le moins que l'on puisse dire. Mais en réalité, ce silence assourdissant commence à être habituel. Je me demande si certains se taisent, de peur d'être accusé d'antisémitisme. D'ailleurs, c'est à mi-mot ce que l'on peut lire dans certains commentaires de l'interview du président du CRIF dans Médiapart. Ce dernier ose même entendre indirectement que l'avocat général serait antisémite en mettant en exergue des propos qu'il aurait tenu...
    Globalement d'accord avec ce que vous écrivez Monica, il y a un passage que je n'ai pas compris : "d) le risque d’exacerbation de certains clivage sociaux, dans une France dont le tissu social est déjà extrêmement déchiré, et qui aurait plus que jamais besoin de transcender les «particularismes» religieux, culturels, cultuels et politiques."
    Sur le fond, on peut toujours critiquer une décision de justice quand bien même elle est rendue au nom du peuple français, ici par un jury populaire. D'ailleurs, c'est ce que font les juristes dans les revues. Ici, ce qui est lamentable, ce sont les motifs vengeurs de cette critique et la forme qu'elle a prise.
    Vous écrivez que "ce crime aurait été aussi atroce, s’agissant de n’importe quelle personne..." oui, mais n'oublions pas les infractions à caractère racistes, antisémites et xénophobes constituent une circonstance aggravante dans le code pénal.
    Il y a un passage de l'interview paru sur Madiapart à propos duquel je m'étais abstenu d'intervenir. L'avocat général Philippe Bilger serait disqualifié, entre autre, parce qu'il se serait déclaré défavorable à la loi Gayssot. Là, cela confine vraiment à la police de la pensée et à un invraisemblable amalgame ! Je me demande comment réagirait Elisabeth Lévy à ces propos, vu la virulence dont elle fait preuve à l'encontre de certains extrémistes juifs...

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  27. Monica, je ne partage pas ce que disent les avocats de la défense, quand ils déclarent que y voir une "ingérence" ouvrant la voie "à un contrôle des décisions rendues par les jurys populaires".
    Le parquet est soumis au garde des sceaux. cette "ingérence" est donc prévue par la loi. C'est peut être regrettable, mais c'est comme cela. Ici, l'avocat général a été désavoué ouvertement. Ce qui est inhabituel. Mais cela tient aussi au fait qu'il s'est publiquement exprimé. Mais surtout, à partir du moment où le législateur a prévu depuis 2000 la possibilité d'un appel des décisions de cour d'assise, on ne saurait s'offusquer d'une possibilité de contrôle qui existe. Simplement, l'appel a été plutôt conçu beaucoup plus pour la défense qu'autre chose. Ici encore, ce n'est pas l'appel qui est en soit critiquable. Ce sont les motivations de cet appel et les formes qu'il a pris

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  28. Cher Somni, je réponds à votre dernier commentaire.

    Il est clair que l'opposition et la colère du monde de la Justice ne portent guère sur la "légalité" de l'appel, mais sur ses soubassements et ses conséquences - moraux et politiques.

    Bien-sûr, MAM a pu agi comme elle l'a fait en toute légalité. Mais il n'empêche que cette décision pose beaucoup de questions.

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  29. Cher Somni,

    Oui, les partis de gauche se taisent d'abord parce qu'ils sont occupés à d'autre chose, et ensuite parce qu'ils voient devant eux le spectre de l'accusation d'antisémitisme.

    Médiapart aurait dû, à mon sens, bien peser son choix avant de publier cette interview car elle va relancer des polémiques que des juifs comme Thierry Lévy ou Théo Klein, par leur position claire, ont tout de suite déminées.

    C'est pourquoi dans mon texte j'ai insisté sur ces réactions-là.

    Publier une interview du président du CRIF, sans l'assortir de toutes les déclarations nuancées antérieures, c'est jouer avec le feu.

    La phrase qui ne vous semble pas claire rend compte de mon impression: il y a un risque de repli communutauriste en France (exemple:affaire récente de la burqa)et tout ce qui relance cette machine est dangereux.

    Bien-sûr que ce qui relève du racisme, du sexisme, de l'homophobie constitue des circonstances aggravantes.Il n'empêche que moralement - comme le rappelle Théo Klein- un crime barbare est un crime barbare, quelles que soient la couleur de peau ou la religion de la victime, et quels que soient les "arguments" des bourreaux. Il faut garder cette pensée morale dans notre horizon de réflexion, pour que le sentiment ne l'emporte pas sur le jugement.

    Par rapport à ce que vous dites des propos du président du CRIF sur la loi Gayssot, je fais l'hypothèse qu'Elisabeth Lévy s'insurgerait.

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  30. J'ajoute que, au vu de tous les articles que j'ai lus dans les principaux journaux, la couverture médiatique de cette affaire m'a semblé très nuancée et ne jouant pas sur un registre dont nous savons qu'il est dangereux: l'antisémitisme.

    Les journaux ont publié des avis, des réflexions, permettant à chacun de se faire une opinion en son âme et conscience, de façon dialectique et nuancée.

    Il me semble, au vu de tout cela, que la "Une" de Mediapart (que je viens de regarder) sur l'avis du président actuel du CRIF risque de créer un "buzz", peut-être bon en termes d'audience, mais délétère pour le débat social, moral et politique.

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  31. Un point de vue intéressant de l'un des avocats de la défense, Me Jean Balan.
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    Après avoir exprimé sa légitimité à s'exprimer sur le sujet, ayant assisté à l'ensemble du procès, il dit que l'intervention du politique dans l'affaire judiciaire est plus grave. On intervient bêtement, et je connais la signification de ce mot, dans une affaire jugée. Sans avoir la moindre connaissance, hormis les ragots de certains avocats des parties civiles, de la tenue du procès, des raisons qui ont convaincu les jurés, Mme Alliot-Marie prononce son oukase.

    Selon lui, Le verdict rendu par la Cour d’Assises fut un verdict exemplaire. Il a tenu compte non seulement de la personnalité des accusés – le droit pénal français le prévoit – mais aussi et surtout de la participation de chacun dans le déroulement des faits.

    En effet, Le principal accusé, le principal responsable, a eu la peine maximale prévue dans la loi française. Je rappelle que la peine de mort n’existe plus en France.Quasiment tous les autres participants à ce calvaire, et sans chercher à leur trouver la moindre excuse, ont été dépassés par la situation. Et aucun d’eux n’avait prévu ou voulu cette fin horrible.

    J’ai personnellement été partisan d’un procès public. Je le regrette d’autant plus que cela aurait permis à tous les commentateurs de se rendre compte de la justesse du verdict.

    Je peux comprendre la famille Halimi. Mais je trouve particulièrement choquante l’attitude des avocats des parties civiles. Je crois que leur égo a pris le pas sur la simple raison.

    Qu’ils le fassent. Finalement, cela m’indiffère…

    Cependant, si au cours de ce procès on a pu observer une grande retenue, par respect pour la douleur de la famille Halimi, de la part des avocats de la défense, cela n’aura plus lieu d’être en appel.

    Et la communauté juive sera une nouvelle fois prise en otage par les intérêts particuliers de ceux qui manipulent cette Communauté.

    Je m’explique.

    Je suis juif moi-même. Et lorsque j’entends autour de moi, venant de personnes qui n’ont pas l’ombre d’un soupçon d’antisémitisme en eux, dire que la communauté juive fait du chantage aux sentiments, cela me fait mal. Surtout si c’est vrai. Concernant ses "représentants" tout au moins.

    Et rien n’est plus malsain dans une société libre et démocratique que de céder au chantage d’une communauté. Quelle qu’elle soit.

    D’autant que l’immense majorité des juifs de France n’aiment pas être considérés comme appartenant à une "communauté" mais être considérés tout simplement comme les Français qu’ils sont. Point barre.

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  32. Les propos de Jean Balan sont vraiment les bienvenus. Dans la propagande que l'on entend, on fait croire que l'une des accusés à demandé le Huis clos pour esquiver les débats, pour cacher quelque chose. C'est faux, bien entendu, puisque les débats sont aussi contradictoires que dans un procès entièrement public. Surtout, il dit regretter cette absence de publicité, lui-aussi. Et c'est très juste car si la publicité restreinte est une protection du mineur (mineur au moins au moment des faits) il faut rappeler qu'il s'agit d'une garantie pour les accusés et non pour les victimes.
    Sur Médiapart, je trouve que vous avez la dent dure. Il ne faut pas oublier que le journal avait publié une interview de Philippe Bilger. Dans ses conditions, il était aussi logique de donner la parole à l'un de ceux qui trouaient la décision de la cour d'assises trop indulgente. Et même si je trouve les propos du président du CRIF dangereux et erronés, je me réjouis même qu'il ait pu s'exprimer sur Médiapart, même si, à titre personnel, je me sens plus proche d'un d'un Théo Klein par exemple, dont il faut saluer l'approche prudente et nuancée dans une affaire suscitant légitimement les passions.
    Il est clair que les propos tenus par Richard Prasquier (qui est dépassé par d'autres dans l'extrémisme) sont contreproductifs. Ils encouragent même les antisémites dans leur délire je pense. Mais il ne crée pas lui même de l'antisémitisme ou du communautarisme, n'exagérons rien. Comme on peut le voir, cela fait débat au sein des personnes qui se disent juives elle-mêmes. Le sens de l'universel n'est pas perdu et c'est bien l'essentiel. Le débat est bénéfique en soi. Et puis, on est très loin de la burqa montée en épingle qui touche plus à la dignité de la femme qu'à la supposée montée du communautarisme anti-laïque

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  33. Cher Somni,

    J'ai trouvé les propos de Balan, comme ceux de Théo Klein ou de Thierry Lévy, très forts, car ils apportent, de l'intérieur de la communauté juive, la nuance et la modération essentielles.

    Pour ce qui concerne Mediapart le reproche que je leur fais c'est que, à titre de journalistes, ils auraient pu d'emblée synthétiser les diverses positions des gens, ce qui aurait donné d'une vision équilibrée de ce débat.

    Les propos de Prasquier - critiqués par Klein, qui a toujours été très modéré sur ces questions et hostile à leur instrumentalisation - risquent, par un effet rebond, d'enflammer certains arguments antisémites. Je suis d'accord de ce point de vue avec T. Klein, J. Balan ou T. Lévy.

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  34. Je ne suis pas d’accord sur plusieurs points avec le commentaire de m-devinzelles (vendredi 17).

    1) « La délinquance est un fonds de commerce pour donner au peuple l'impression qu'il est en danger mais que le sauveur de la nation », etc.

    Les choses sont plus compliquées. Le droit à la sûreté (on dit plutôt sécurité, de nos jours) est un des tous premiers droits constitutionnels.

    Il n’est pas illégitime, pour le pouvoir politique en place, de s’en préoccuper. C’est même l’un de ses premiers devoirs.

    Certes, il y a une - forte - dérive autoritaire. La délinquance existe néanmoins bel et bien, et menace la sûreté des gens, à commencer par les plus démunis, qui sont les plus exposés et les plus vulnérables. Il faut dénoncer la dérive, mais on ne peut ramener la lutte contre la délinquance à un « fonds de commerce » démagogique.

    2) Je ne trouve pas du tout judicieuse l’analyse que fait Badiou. Va pour l’assimilation historique du vichysme et de la Restauration: elle s’impose en effet. Mais Sarkozy n’est en aucune façon venu au pouvoir dans les fourgons de l’étranger et de manière illégitime. Là Badiou force la réalité pour les besoins de son analyse et de son projet politique, farfelus l’un et l’autre (à mon avis). Ce type d’analogie fantaisiste nous a déjà été servi au moins deux fois: lors de l’élection de Giscard, tant les gaullistes que la gauche et l’extrême-gauche on dit: « ça y est, c’est la revanche de Pétain ». Les gaullistes ont redit cela sept ans plus tard, à l’arrivée de Mitterrand. En fait les pétainistes sont rentrés progressivement dans le jeu politique dès l’après-guerre, surtout entre 1948 et 1952.

    3) « Sarko est conseillé par le DR MUNICH qui est persuadé que la génétique explique tout »…

    Les aberrations idéologiques personnelles de Sarko - liées en grande partie à sa formidable inculture, qui n’empêche pas un indéniable savoir-faire dans son domaine - ne déterminent pas sa politique. Au contraire c’est sa politique qui l’amène à se raccrocher à telle ou telle référence. Ce n’est pas plus rassurant, mais la différence d’analyse devrait nous conduire à une approche différente quant à la manière de nous opposer.

    4) «  Il nous reste à faire de la pédagogie, de la résistance pour remettre les pendules à l'heure! »

    La résistance à opposer n’est nullement celle à laquelle Badiou nous convie. Il faut au contraire (je pense) utiliser toutes les possibilités offertes par la démocratie dite « libérale pluraliste », en essayant d’en ajouter de nouvelles pour l’approfondir.

    Amicalement.

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  35. Cher Melchior,

    Je laisserai Marie répondre sur les remarques de Melchior.

    En ce qui me concerne, je suis très préoccupée par la montée de la délinquance - qui n'est pas une vue de l'esprit - et dont nous pouvons mesurer, dans les services de psychopathologie de l'enfant, les soubassements psychosociaux indéniables.

    Nous avons un gros effort à fournir pour articuler l'approche du "Mal" sans aucune concession, et la compréhension des processus et mécanismes qui font d'un enfant un être dépourvu de toutes limites, de tous les repères sociaux et moraux nécessaires dans la vie sociale. C'est pourquoi j'ai rappelé le début de la trajectoire de Fofana, qui doit être pour nous un signal d'alarme.

    Il ne s'agit évidemment pas de complaisance à l'égard de la délinquance, mais de la mise en évidence de ce qui la rend possible pour mieux la prévenir en amont et en corriger les effets en aval.

    La pauvreté du langage est, comme je l'ai écrit dans l'un de mes Billets, un signe de la non socialisation des enfants, et un facilitateur des passages à l'acte. Lorsque les niveaux du sens sont affectés chez les enfants, que leur pragmatique du langage est altérée, ils ont des difficultés à différencier le premier et le second niveau d'un énoncé, et à accéder à la portée symbolique du langage figuré et de la métaphore.

    C'est en cela que, comme je l'ai rapporté sur le Billet concernant l'interdit et la censure, les paroles crues d'Orelsan risquent d'être prises au pied de la lettre - au premier niveau - par des jeunes qui n'accèdent qu'à cette dimension du langage. Et cela risque de conforter, voire de renforcer, certains mécanismes d'oppression (notamment des femmes).

    Nous avons du pain sur la planche. Et nous devons activer le pétrin de façon urgente.

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  36. Bonjour Melchior
    je suis ex dahu dans une autre vie si cela vous rappelle quelque chose!

    1/Quand les bandes de pillards chauffaient les pieds de paysans pour voler l'argent:la violence, la délinquance étaient là.Elle est inhérente à toute vie en groupe.
    J'ignore votre age mais je peux vous`assurer que le mot sécurité n'existait pas dans mon enfance.Les portes n'étaient jamais fermées à clefs:les chiens veillaient à nous prévenir d'une visite non souhaitée!

    Ce vocable est venu dans le discours politique avec LE PEN.

    Certes, qu'il y ait de la délinquance (en col blanc aussi) est vraie:mais de là à en faire un slogan de campagne présidentielle , marque une réalité faussée.



    Faire penser que l'insécurité nous guette à tous les coins de rues est une façon de nous infantiliser et de nous dire:"n'ayez crainte en votant pour moi ça ira mieux".

    Un petit clin d'œil de femme :la délinquance conjugale n'était pas comptabilisée il y a 5 ans.
    Bizarrement les femmes victimes de violences conjugales deviennent enfin victimes de délinquants !

    La question est de savoir que compte t on dans délinquance?Quels items nourrissent les chiffres?

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    2/ Badiou force la réalité :bien sur!
    Mais il a le mérite de nous amener à débattre!

    Pour ma part je le rejoins quand il dit :
    que nous créons une haine de l'étranger, inventons des raisons à la crise dans mai 1968, et prétendons être dans une crise de valeurs.

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    3/Munich conseille Sarko :les tests pour les enfants à l'école qui pourrait présenter des "troubles de comportements" sentent extrêmement mauvais.
    Le fichier "base élève" est déjà un début de classement de l'enfant dans des stéréotypes figés :il me parait dangereux de jouer avec la génétique pour faire de la politique.
    Et le gêne de la pédophilie permettrait d'éliminer des personnes dont le comportement complexe mérite des SOINS et pas seulement la répression.
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    4 /en avant pour la résistance :je vous suis ....où?

    A bientôt MELCHIOR

    Marie

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  37. L'avis de M. Weitzmann, écrivain, dans Le Monde.
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    La capacité des institutions juives à tomber dans chacun des pièges pervers qui leur sont tendus, quand elles ne se les tendent pas à elles-mêmes, a quelque chose de déprimant, comme le procès Fofana en offre une nouvelle illustration.

    Weitzmann critique le huis clos, le refus de prendre en compte l'antisémitisme, "la relative mansuétude des sanctions demandées par l'avocat général Philippe Bilger" à l'encontre de complices de Youssouf Fofana,"l'incompréhension hostile" et "sarcastique" de Bilger à l'égard de
    la mère d'Ilan, Ruth Halimi, lorsqu'elle a parlé de la Shoah en 2009. Il a dit "restons calmes".

    Mais un tel contexte aurait dû imposer aux institutions juives une hauteur de vue dont, au spectacle qu'elles ont offert, on se prend à douter qu'elle ait jamais existé. D'où sort cette exigence de justice qui aboutit à faire pression sur le ministère au mépris du droit ?

    Me Szpiner, l'avocat de Ruth Halimi, a revendiqué de sortir de son rôle pour défendre dans ce procès "non une partie mais une cause publique". On aimerait savoir laquelle ? La représentation d'une partie civile dans une affaire de ce genre n'est-elle pas en soi cause publique ? Ou bien certaines causes privées sont-elles par essence publiques ? Ou, encore, la cause publique se confond-elle, dans l'esprit de Me Szpiner, avec le politique, comme lorsque, à la demande de Jacques Chirac alors président de la République, il s'est, à tous les sens du terme, commis pour représenter les organisations musulmanes contre Charlie Hebdo lors du procès sur les caricatures de Mahomet - autre exemple d'intervention politique car les juifs n'en ont pas l'apanage ?

    Dans le procès Fofana, les institutions juives, entièrement soutenues par cette idéologie victimaire qui est l'une des grandes faiblesses de Nicolas Sarkozy, apparaissent hélas aux yeux de l'opinion ou d'une partie d'entre elle, comme suffisamment puissantes pour obtenir de l'échelon politique qu'il revienne sur un verdict qui leur déplaît.

    Tout semblait réuni pour dire avec simplicité la justice et le droit : un crime extrême d'une horreur flagrante, une non moins flagrante dimension d'antisémitisme et des coupables qui ne cherchent pas à nier.

    Le résultat ? Une impression détestable qui semble aller dans le sens de la pire des propagandes - celle, justement, de l'assassin. Dans le piège pervers duquel les associations juives ont sauté comme avec enthousiasme. Certes, si la société française est malade, on ne voit pas au nom de quoi les Français juifs devraient se montrer plus sains d'esprit que d'autres. Mais faut-il pour autant qu'ils se dynamitent eux-mêmes ?

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  38. à Marie
    Réponse à votre réponse d'hier:
    C’est un bonheur, de vous retrouver ici.
    Je pense que nous sommes d’accord sur les points 3 et 4.
    Sur le 2: la haine de l’étranger n’est pas récente. À la « Belle époque » on faisait dans le Midi des pogroms anti-italiens; pensez à la haine du Boche entre 14 et 45; l’antisémitisme était courant, répandu, et surtout accepté, jusqu’en 1945. Et souvenez-vous du dernier plan de l’adaptation par Bunuel du "Journal d’une femme de chambre": la manif « A bas les métèques ! » (peu avant le Front Populaire). Quant aux « Indigènes » de nos belles colonies…
    Sur le 1: Le thème de la sécurité (sûreté) est aussi très ancien. Il a toujours été un mis en avant par les partis, de gauche comme de droite, et à juste titre (pour les raisons que j’ai dites hier).
    Il n’est donc pas exact d’en faire la spécificité de l’offre politique du FN. Ce qui est spécifique au FN, c’est d’avoir accolé le thème de l’insécurité et celui de l’immigration maghrébine. C’est cette mise en binôme, très malsaine, qui est propre au lepénisme. La dérive sécuritaire s’est en partie appuyée sur des réflexes populaires (et policiers) nés de ce bouillon du diable, mais si regrettable qu’elle soit on ne peut l’y assimiler purement et simplement.
    Sarko est un fieffé réactionnaire, un triste sire et tout ce qu’on voudra, ce n’est ni un vichyste ni un fasciste.

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  39. Tout comme vous je suis très heureuse de vous retrouver ici .youpee!

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    Je n'arrive pas à avoir une analyse aussi fine que vous :tout simplement parce que je n'ai pas défini les mots et les concepts de fascistes, réactionnaires.

    Il faudrait que je commence par me faire un lexique.!

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    Par contre ce qui me fait peur avec certitude "c'est qu'on ne baillone plus , on fait dire."

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    Ainsi, on entend tous dire que la crise est due aux étrangers etc.Ces matraquages idéologiques par le biais des médias n'est il pas une forme de fascisme?

    Amener un peuple à penser que l'ennemi est le migrant, n'est ce pas un lavage de cerveau idéologique?une forme soft de fascisme?

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    Et voilà Melchior, va falloir que je me gratte le cerveau!

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  40. Bonsoir,
    j'ai écrit un petit billet sur le sujet (reproduit sur Médiapart aussi) :
    http://somni.blog.lemonde.fr/2009/07/19/quelques-propos-sur-laffaire-du-gang-des-barbares/

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  41. Merci Somni, je suis d'accord avec ce que vous avez écrit dans Le Monde.

    L'argumentation de Klugmann m'etait apparue cet après midi comme rallumant le feu, et du coup je ne l'avais pas introduite ici.

    Comme vous le dites, il ne pouvait être question de faire le procès de l'antisemitisme dans ce procès qui, malheureusement va être relance par les différents appels.

    La passion risque de nouveau de blesser et d'obscurcir le jugement de chacun...

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  42. Merci Sylvain pour ce lien et je suis très heureuse de vous retrouver.
    J'ignorais que vous aviez un blog:merci.

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  43. A propos du rôle de Sarkozy dans l'appel,un article dans Slate, de Alexandre Lévy, que je résume.
    http://backoffice.slate.fr/story/8213/que-serait-laffaire-halimi-sans-nicolas-sarkozy
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    Le procureur général de Paris, Laurent Le Mesle, s'en cache à peine: oui, l'ordre de faire appel du verdict du procès de gang dit des «barbares» est venu d'en haut

    Selon Sylvie-Pierre Brossolette, du Point, Michèle Alliot-Marie a agi sous la pression de Sarkozy:il a estimé que beaucoup de points avaient été examinés trop vite à l'audience et étaient à revoir. Il a donc tranché, sans plus attendre, en faveur d'une procédure d'appel.

    Cela va faire plus de trois ans et demi que Sarkozy, est intervenu à plusieurs niveaux pour peser sur une affaire qui lui tient visiblement à cœur. A l'époque, c'était Dominique de Villepin, alors Premier ministre qui, lors du dîner annuel du CRIF, avait annoncé à la communauté juive que la circonstance aggravante d'antisémitisme avait été retenue dans ce dossier. A cette période, magistrats et policiers nient ou, au mieux, évitent de soulever la question de l'antisémitisme de la bande.

    Lorsque Sarkozy prend les choses en main, ce n'est plus le même son de cloche. «C'est de l'antisémitisme par amalgame», explique-t-il d'abord aux députés de l'Assemblée nationale avant de recevoir place Beauvau, le 21 février 2006, une délégation du CRIF et la mère de la victime. Le ministre de l'Intérieur n'y va pas par quatre chemins: il affirme devant eux sa conviction que cette affaire comporte une dimension antisémite et s'énerve contre les tergiversations de ses subordonnés. Pour la première fois, il évoque aussi «l'échec» de la police et va même jusqu'à promettre des sanctions «en temps voulu» contre certains des responsables.

    Elu président, Nicolas Sarkozy continue de suivre l'affaire par l'intermédiaire de son conseiller à la justice, ou directement avec Richard Prasquier, à la tête du CRIF. «Je voulais que l'Elysée comprenne bien, encore une fois, que ce procès ne devait pas devenir celui de Fofana seulement», explique Richard Prasquier.

    Pour les détracteurs de Nicolas Sarkozy — et ils sont nombreux dans le domaine de la justice — cette attitude relève de sa stratégie d'instrumentalisation des faits divers sordides à des fins politiques, voire populistes. Affaire Colonna, pédophiles récidivistes, tueurs en série... L'actuel chef de l'Etat n'a jamais caché ses opinions en la matière: «Les droits de l'homme, pour moi, ce sont avant tout les droits de la victime», a-t-il l'habitude de dire. Pour d'autres critiques, beaucoup moins avouables, cela illustre une fois de plus le poids du «lobby juif» dans les affaires en France. Toujours est-il que, pour les représentants de la communauté juive, Sarkozy est devenu un allié, un ami même. «Rarement un président français se sera autant engagé dans une affaire juive», dit-on au sein d'une population qui a toujours du mal à se remettre de l'attitude du gouvernement de Lionel Jospin qui, au plus haut de l'augmentation des actes antisémites en France (2001-2002), avait demandé aux institutions juives de faire profil bas «pour ne pas mettre de l'huile sur le feu» .

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  44. Un article de réflexion de Ph. Cohen dans Marianne2
    http://www.marianne2.fr/Polemique-Fofana-quand-le-pire-devient-sur-!_a181561.html

    Qu’est-ce qui fait que l’évocation de l’affaire Fofana procure une étrange lourdeur, que l’on soit juif ou non ?

    Elisabeth Lévy a évoqué le piège mortel de ce procès et de la polémique où chaque argument est réversible et où chaque position est critiquable [...]Personnellement, c’est l’interview de Richard Prasquier dans Médiapart qui me fait réagir. D'abord, il reconnait qu'il a, avant même la fin du procès, adressé des protestations en direction du pouvoir politique [...]. Autrement dit, les pressions du CRIF ont commencé alors que la Cour n'avait pas fini son travail et que personne ne connaissait encore les condamnations!

    En lisant le titre de l’article dans Mediapart, Ph. Cohen a été saisi d’une étrange sensation, comme si l’on voulait faire avouer à Philippe Bilger quelque chose: [...]qu’il était victime de son propre préjugé en distinguant un antisémitisme banal, non suivi d’actes répréhensibles, et un antisémitisme meurtrier qui fut sans doute celui de Fofana. La distinction me semble en réalité logique.

    En opérant la distinction entre les antisémites «pacifiques» et les antisémites «meurtriers», il me semble que Philippe Bilger fait, paradoxalement, œuvre de pédagogie : il tente de séparer les antisémites criminels, les Fofana et ceux qui rêvent de le devenir, d'avec les ressortissants d’origine arabe qui, révulsés par la politique d’Israël dans les territoires occupés, sont «au bord de l’antisémitisme» et se demandent s’il n’y aurait pas un lien entre ce qui se passe «là-bas» et ce qui se passe «ici» (la supposée omniprésence des Juifs dans les médias, leur supposé enrichissement, leur supposée impunité).

    A l’inverse, quel est l’effet des protestations publiques véhémentes de Richard Prasquier (sans parler des agressions des jeunes juifs excités contre des Noirs) ? A quoi concourt l’Élysée en ordonnant à Michèle Alliot-Marie de faire appel du jugement ? A ressouder, précisément, ce qui ne devrait pas l’être. A donner une occasion aux Fofana d’hier et de demain de communautariser leur folie antisémite, de se transformer en victimes de l’oppression contre les Palestiniens et les Arabes.

    Les interventions intempestives du CRIF – dont il faut répéter qu’il n’est en rien représentatif de l’opinion des Juifs de France – concourent à communautariser définitivement le débat autour du procès Fofana.

    Il nous reste aujourd’hui à nous préparer au désastre dont a accouché le désastre Fofana : un nouveau procès, public celui-là, que Fofana ne manquera pas de « politiser » à sa façon. On risque alors de découvrir la pire face cachée de cette affaire : le fait que l’accusé a peut-être mâtiné sa barbarie d’antisémitisme pour le rendre moins impopulaire
    .

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  45. Le mal fait à l'autre peut être infligé sans aucune "raison", et parfois qui que soit ou quelle que soit la victime...

    Lu dans Le Parisien
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    Un homme de 40 ans a été séquestré, torturé et affamé pendant quatre jours dans un appartement de Meaux (Seine-et-Marne) par un couple qui a été interpellé samedi.

    Le couple - une jeune femme de 27 ans, Stéphanie, et un homme de 37 ans, Stéphane- qui squattait fréquemment l'appartement de la victime, à Meaux, a bâillonné l'homme et lui a entravé les chevilles et les poignets.

    Quatre jours durant, ils l'ont brûlé avec des cigarettes, sur le torse et les jambes. Ils lui ont lacéré le visage et tout le corps au couteau, l'ont frappé à la tête avec une poêle, et l'ont roué de coups de poings et de pieds sur la figure.

    Pour empêcher ses plaies de se refermer, ils les lui arrosaient régulièrement avec une substance alcoolisée.Ils l'ont laissé sans nourriture pendant quatre jours, lui imposant de boire leur urine.

    La victime a enfin été relâchée, et menacée de mort si elle parlait. Elle a été hospitalisée et s'est vu prescrire 21 jours d'ITT (incapacité temporaire de travail).

    L'homme et la femme ont été interpellés au domicile de la victime au moment où ils y retournaient. Le couple a été placé en garde à vue.

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  46. Vouloir rattacher une violence à la particularité de la victime évite de s’interroger sur les raisons de la violence. En laissant chacun se focaliser sur la défense de haines particulières on ne fait à mon sens que les renforcer en justifiant les replis communautaires de tous types et en éludant les vrais problèmes.
    Lorsqu’on a réussi à reconstituer des cours des miracles comment s’étonner que les cruautés fleurissent.

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  47. Absolument d'accord avec vous, Caroline.

    Le "mal" est le mal,quelles que soient ses "raisons": il est aussi ignoble et barbare. Ni plus, ni moins. Toutes les victimes méritent la même compassion et la même réparation, car elles sont toutes également humaines.

    Certes, le fait d'être membre d'un groupe qui est ou a été opprimé est une circonstance aggravante, comme le rappelle Somni. Mais, ainsi que le souligne T. Klein, ce crime barbare est une offense à chacun de nous, et pas (seulement) à une communauté.

    J'ai été très réconfortée de lire toutes les positions des personnalités juives (qui ont compris l'impasse dans laquelle l'appel de MAM, commandée par Sarkozy sous la pression de certaines associations juives non représentatives de la diaspora), allait conduire le débat d'abord, et le second procès ensuite.

    Cela risque de mettre le feu aux poudres communautaristes, bloc contre bloc, avec une flambée de violence et une nouvelle régression de l'universalisme.

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  48. A l’exclusion des meurtres d’enfants j’ai toujours été pour le moins dubitative sur les circonstances aggravantes tenant aux origines, la religion, les orientations sexuelles presqu’autant que mon exaspération face aux circonstances atténuantes du crime dit “passionnel”. Rien ne justifie que l’on prenne 10 ans pour avoir tué son semblable, 20 ans pour un dissemblable et seulement 5 ans pour sa compagne. Dans les 3 cas un être humain plein de haine et de violence a détruit une vie humaine.
    .
    Avec l’aval de nos législateurs, la pression de ceux qui estiment qu’il est plus grave de tuer les uns que de tuer les autres, notre société s’enfonce un peu plus chaque jour dans le communautarisme et nourrit la xénophobie qui, dans une période économiquement catastrophique, n’a jamais besoin de grand chose pour s’exprimer.
    .
    Si tous les "maudits" de la terre voulaient bien se donner la main pour sortir des cercles vicieux de la haine de l'Autre plutôt que de s'enfermer dans "moi c'est plus grave" nous avancerions bien plus efficacement.

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  49. C'est tout à fait vrai, Caroline.

    Sous le prétexte qu'un meurtrier dit, dans un tribunal, avoir tué "parce que ceci ou cela", son crime n'aurait pas la même force destructrice et ne serait pas également scandaleux pour chacun de nous?

    Il s'agit d'un discours, après tout, qui puise ses "arguments" dans tous les argumentaires de haine qui pourrissent notre société. Mais la motivation de l'acte lui-même (quand il ne s'agit pas de défendre sa vie ou celle d'autrui), n'est-ce pas la jouissance brute de faire le pire mal à l'autre: l'abolir en tant que vivant.

    Bien-sûr, il est important que notre réflexion sur la justice soit vigilante et tienne compte des mécanismes de pouvoir qui atténuent le mal, le justifient en somme.

    Car c'est au nom de la "passion" comme vous dites, que l'on est relativement indulgent à l'égard d'une personne a qui tué sa femme sous le coup de la jalousie par exemple.

    Mais je ne pense pas que cette atténuation se soit produite dans l'affaire Halimi/Fofana.

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  50. Lu dans Le Monde du 21 Juillet.
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    Les avocats du "gang des barbares" mettent en cause Francis Szpiner

    Les avocats des dix-huit personnes appelées à être rejugées dans le dossier de l'assassinat du jeune juif Ilan Halimi accusent l'avocat de la mère de la victime, Francis Szpiner, d'avoir politisé l'affaire. Ils demandent à Michèle Alliot-Marie de renoncer à l'appel qu'elle a suscité.

    "L'arrêt rendu est exemplaire à tous points de vue. Il a suivi certaines de mes réquisitions à la lettre et, pour les autres, il a respecté la hiérarchie des responsabilités que j'avais proposée", estime Philippe Bilger, l'avocat général.

    "Comment admettre qu'au moment où la cour se retirait pour délibérer, Me Francis Szpiner ait annoncé que, quel que soit le verdict, il obtiendrait du garde des Sceaux un appel ? Comment admettre que ce même avocat se soit targué pendant toute l'audience et lors de sa plaidoirie du fait qu'il ferait changer la loi, pour imposer une audience publique ?", ont demandé mardi 21 juillet la vingtaine d'avocats qui ont défendu les dix-huit personnes jugées pour l'enlèvement et le meurtre d'Ilan Halimi.

    Francis Szpiner, qui fut candidat pour l'UMP aux élections législatives de 2002, avait expliqué après le verdict qu'il souhaitait un appel car, selon lui, le procès à huis clos n'avait pas eu les vertus pédagogiques souhaitées et parce que les peines étaient trop clémentes. Pour lui ce procès devait aussi être celui de l'antisémitisme et il avait dit souhaiter que le prochain procès soit public.

    Une proposition de loi permettant aux cours d'assises de choisir entre un procès privé ou public lorsque des mineurs sont en cause a été d'ailleurs été déposée le 8 juillet par le socialiste Jack Lang et par François Baroin, député UMP qui a travaillé dans le passé au cabinet d'avocats de Francis Szpiner. Actuellement le huis clos est obligatoire si des mineurs sont jugés.

    "La défense est indignée par la mainmise du pouvoir politique sur les décisions de justice", conclut la déclaration commune des avocats de la défense pour qui le pouvoir politique s'est ingéré dans le traitement du dossier. Sur consigne de Michèle Alliot-Marie, le parquet général a fait appel pour dix-huit peines allant de six mois de prison avec sursis à dix-huit ans de réclusion, pour certaines conformes aux demandes de l'accusation à l'audience, inférieures d'un ou deux ans pour le reste et de cinq ans pour l'une d'entre elles.

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  51. Lu dans Le Figaro.
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    L’avocat de la famille Halimi pourrait faire l’objet de poursuites disciplinaires à la suite de propos "inacceptables" prononcé à l'encontre de ses confrères de la défense, "connards d’avocats bobos de gauche", ainsi que vis-à-vis de l’avocat général, Philippe Bilger, qu’il qualifie de "traître génétique".

    Le procureur général de Paris, Laurent Le Mesle, a saisi vendredi 24 juillet le bâtonnier de l’ordre des avocats de Paris, Christian Charrière-Bournazel, d’une demande d’enquête à l’encontre de l’avocat Francis Szpiner.

    Le conseil de la mère et des sœurs d’Ilan Halimi pourrait ainsi faire l’objet de poursuites disciplinaires, concernant certains propos tenus dans un article publié le jeudi 23 juillet par le Nouvel Observateur. Article où maître Francis Szpiner qualifie en effet de "connards d’avocats bobos de gauche" ses confrères de la défense au procès dit du Gang des Barbares. Et où il s’en prend violemment à l’avocat général, Philippe Bilger, qu’il traite de "traître génétique", en n’hésitant pas à rappeler que le père de ce dernier fut collaborateur.

    "L’idée d’une prédestination génétique me choque profondément"

    Heurté, le bâtonnier, Me Charrière-Bournazel, a déclaré : "Je ne peux pas penser que maître Szpiner ait dit des choses pareilles". Il a ajouté que " faire ainsi référence à une filiation est un propos qu’à titre personnel je trouve inacceptable. L’idée d’une prédestination génétique me choque profondément, en tant que vice-président de la Licra. Car c’est déjà une forme de racisme". Le bâtonnier à qui revient la décision de saisir ou non le conseil de discipline, va mener l'enquête, en commençant par entendre l’intéressé. Il agira ensuite, "comme c’est l’usage, sans en rendre compte publiquement".

    Elsa Vigoureux

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  52. Maître Szpiner aura perdu son sang-froid (hypothèse indulgente). Sinon, c'est grave. Je n'oserai pas accuser un éminent avocat de démagogie communautariste, il est suffisamment averti de la situation pour savoir que ce n'est pas le moment de s'abandonner à certaines dérives et de jouer avec le feu.

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