jeudi 25 juin 2009

Une femme si sympathique



Une femme si sympathique


Par Monica





Dans un groupe de recherches pluridisciplinaires portant sur les interactions humaines, nous avons dernièrement émis l'hypothèse qu’il pourrait exister un type psychologique: la femme sympathique, partageant certains attributs avec l'encre du même nom.

Si l’on se reporte aux définitions de l’encre sympathique, on peut en effet trouver matière, très encrée, à réfléchir sur cette question.

La femme sympathique, avons-nous observé, est souvent présente dans des jeux d'enfants et d'adultes, l'érotisme, la pornographie, l'ennui, l’adultère, la mélancolie saisonnière, la névrose, la perversité.

Qu’est-ce qu’une femme sympathique ?

C’est une femme qui, après une période de visibilité pour son « attrapeur » - qui l’épingle fréquemment sur un tableau de papillons de collection – est ensuite rendue invisible par et pour lui.

- S’il s’agit d’un adultère, la visibilité/invisibilité est une garantie, pour "l’attrapeur", de pouvoir mener sans encombre son double jeu.

- S’il s’agit de névrose ou de perversité, la visibilité/invisibilité est pour "l’attrapeur" un moyen de consolation ou de jouissance.

Nous renvoyons ici les lecteurs au jeu de la bobine reliée à un fil, rejetée loin de soi puis ramenée vers soi. Freud décrivit le jeu du «Fort Da» (Loin, Près) en observant son petit-fils jouer ainsi alors que sa mère s'était absentée, ce qu'il interpréta comme une tentative de l'enfant pour maîtriser l’absence et le manque. Ce jeu universel permet à chaque humain de contrôler, à son gré, l’apparition et la disparition de l’être-bobine qu'il aime et/ou sur lequel il veut exercer son pouvoir.

Ce rapprochement nous a semblé pertinent, car il appert que le désir secret qui guide "l’attrapeur" de femmes sympathiques est de pouvoir, quand il s’ennuie ou se sent seul, lorsqu'il est en souffrance ou qu’il veut s’assurer de l’existence de la captive dans le tableau où il l'a épinglée, la rendre transitoirement visible par divers procédés.

L’un des procédés utilisés pour rendre visible l'invisible pourrait être nommé, par une analogie lumineuse, «la technique de la bougie».

La dame invisible se révèle et sort du tableau lorsque "l’attrapeur" la soumet à la chaleur d'une bougie bien particulière, qu'il s’avère très difficile de se procurer sur le marché. Sa vente est très sporadique et très aléatoire. De plus, sa durée de vie est – comme celle de toutes les bougies – limitée dans le temps.

La variabilité interindividuelle est, comme en tout domaine, très importante. Il s’avère que chaque femme sympathique possède une certaine température de fusion, qui varie suivant sa nature.

La femme sympathique brune, par exemple, charrie dans ses veines un acide dont la température d'inflammation est plus basse que celle de la femme sympathique blonde. En clair, elle va brûler et donc se révéler plus tôt. La chaleur dégagée par la bougie va déclencher une réaction d'oxydation de l'acide de la brune, avec l'oxygène ambiant. Elle peut donc apparaître sous une forme et une carnation tout à fait imprévisibles, avec des ombrages ou des reliefs particuliers.

"L’attrapeur" de femmes sympathiques est généralement très sensible à cette variabilité. Certains ont, de ce fait, une véritable collection de femmes sympathiques (l'un de ceux avec lesquels nous nous sommes entretenus nous a dit en avoir huit).

La bougie sporadique fait réapparaître un temps bref la femme sympathique - ce qui permet à "l'attrapeur" de s'assurer qu'elle ne s'est pas complètement effacée - et lorsqu'elle s'éteint, la dame est renvoyée pour "l'attrapeur" dans son invisibilité.

Ni vue ni connue. "L’attrapeur" ne la voit plus. Si elle parle, il ne lui répond pas. C'est normal : elle est devenue, nous a dit un interviewé très soucieux de comprendre ce qu'il faisait, et d'en corriger les effets délétères pour ses amies, invisible et inaudible.

Cette dernière caractéristique – le fait d’être inaudible - distingue radicalement la femme sympathique de l'encre du même nom, qui de parole n'est pas dotée.

Un "attrapeur" peut se livrer durant une longue période à ce jeu "Fort Da" du visible et de l’invisible, tant que la femme sympathique - inconsciente du stratagème qui l’emprisonne- se prête au jeu.

En général, elle est totalement inconsciente de ce qui se trame dans, et sur, sa bobine. Soit parce qu’elle aime "l’attrapeur", soit parce qu’elle veut l’aider (s’il lui semble souffrir), soit parce qu’elle jouit de cette position de femme double, visible et invisible. Elle a parfois des soupçons, mais qui ne durent pas tant le procédé est délicat.

Cependant, d'une manière générale (97,5% des cas), elle n’en tire pas durablement des bénéfices, car elle subit le processus sans jamais pouvoir elle-même le contrôler.

Sa seule issue, nous ont expliqué les femmes ayant eu conscience d'avoir été trop sympathiques, est de sortir du tableau de papillons, pour s’envoler ailleurs.

Le rôle de l’être sympathique n’est pas réservé aux femmes, même s’il est encore, de nos jours, statistiquement plus fréquent chez elles : il existe assurément des hommes sympathiques. Nous en avons recensé à ce jour une soixantaine, évidemment moins nombreux que les mille huit cent cinquante femmes que nous avons pu rencontrer. Tous les milieux sociaux et culturels sont représentés.

De même, le rôle de "l’attrapeur" peut être joué par des hommes et des femmes. Ce type transcenderait donc la différence de genre.

Nous tentons actuellement d'approfondir ce nouveau concept, présenté ici à titre de modeste pré-validation.

42 commentaires:

  1. A tout prendre, c'est moins pire que le procédé "Barbe Bleue", qui a quelque chose de fâcheusement définitif.

    Il arrive aussi que les femmes sympathiques, mal épinglées, se vengent, de façon un peu confuse (d'où la nécessité d'une intervention surnaturelle pour terminer la corrida): cf Don Giovanni, ou résistent d'une manière moins cruelle et mieux coordonnée (Les Noces de Figaro).
    De toutes façons, tout cela met en évidence ce qu'Apollinaire appelait "la fausseté de l'amour même".

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  2. Cher Melchior, le procédé de l'invisible/visible n'a effectivement rien à voir avec celui de Barbe Bleue. Il est plus doux, voire inversé, la bougie ayant une fonction de révélation, et non de consomption, de la dame sympathique. Le feu révèle, il ne brûle pas. C'est lorsque la bougie s'éteint que la dame replonge dans l'invisible de son "attrapeur"...

    Fort ! Da! Fort! Da! Ce jeu de la bobine finit par lasser les plus patientes...Et si elles sont mal épinglées, eh oui, elles s'envolent...

    Remarquez bien que, dans cette approche conceptuelle nullement victimaire ou compassionnelle, l'être sympathique peut être un homme, et "l'attrapeur", une femme ;o)

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  3. Fort ! Da ! me fait penser à la chanson québecoise du phoque qui s'ennuie:
    "ça fait rire les enfants/ça dure jamais longtemps/ça fait plus rire personne/quand les enfants sont grands..."

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  4. Un jour l'attrapeur tirera trop sur la chevillette
    et la bobinette cherra...

    Fort ! Da ! Fort! Da ? Da ? Da ? ..........................................
    Da? Da? Da?
    ..........................................
    Damned !

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  5. Art Monika,

    Avec un tel titre de blog, la femme sympathique évoque immédiatement en moi la corde du même nom, et qui pourrait partager avec elle bien d'autres attributs encore …


    La femme sympathique pourrait aussi être la femme sur laquelle on n’exerce aucune action mais qui -par sympathie- se met en vibration et attire ainsi à elle tous les évènements, les situations, les hommes alors en parfaite cohérence avec ses vibrations. Il est difficile de lutter contre la loi de la vibration sympathique et il ne faut pas toucher la corde sensible de la femme sympathique !!

    J’envoie des ondes pour harmoniser la femme sympathique.

    Signé : « Une ancienne violoncelliste ».

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  6. Chère Lawally,

    Si vous êtes une ancienne violoncelliste, vous savez faire vibrer les cordes tout en nuances et harmonie...

    Je vous remercie de souligner un élément que je n'avais pas développé: l'attrait vibratoire que peut exercer une femme non seulement sympathique mais également empathique, qui la conduit à accepter de s'épingler seule sur le tableau, pensant jouer un rôle harmonique et nuancé pour son "attrapeur".

    Cette idée me va bien, car je suis opposée à toutes les interprétations victimaires.

    Les dyades ou binômes sympathiques lient des êtres qui jouent leur partition... Le problème est simplement quand l'un tire trop sur l'une des cordes sympathiques, ce qui amène des dissonances...

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  7. Monique!!! Que de révélations à travers cette lecture.... Mettre des mots sur un ressenti au combien réel et je peux vraiment en témoigner: l'acidité du citron ou la chaleur trop présente de la flamme ne m'ont jamais révélé autre chose que de la douleur... Et pourtant pas de vécu "victimaire" mais comme tu le développes si bien: une empathie mal élaborée, une place non trouvée puisque toujours "sympatique"!!! Je vois si clair dans des tragédies dignes de l'époque antique!!! Je digère l'info avant d'écrire avec plus de recul....Merci pour tant d'éclairage...Un autre billet sur: comment la femme sympathique prend corps dans la permanence d'un échange éclairé permanent ;)Tu as l'art et les mots pour toucher l'esentiel...

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  8. Chère fb, merci de ce commentaire, confirmant que la femme sympathique peut ô combien souffrir et se laisser épingler, passer du visible à l'invisible, tout simplement ... par amour.

    L'amour, dont notre sage Melchior rappelle avec Apollinaire la possible "fausseté".

    Oui, la question essentielle est de savoir comment sortir du FORT DA (quelles qu'en soient les causes) et trouver des bougies à chaleur plus conséquente et plus durable, dont la femme sympathique puisse évidemment maîtriser elle aussi l'intensité de la flamme ;o)

    Il va falloir sérieusement y songer !

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  9. C'est plus qu'un songe Monica!!! Trouver une flamme dont l'incandescence serait de même nature et de même durée ;) La boutique de bougies ne donne pas les garanties ;) Vient s'ajouter l'aveuglement dû aux sentiments qui figera le papillon dans un espace si étriqué et gelé, un endroit ou si l'envol n'a pas lieu, le souffle est compromis...Tout un programme: un détecteur de chasseur de papillons, un manipulateur de bougies à incandescence si peu régulière...J'active le programme "détecteur" ;) Merci pour tant d'éclairage toujours inconditionnel et si vrai

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  10. Vous parlez de "bougies".

    Cela m'évoque ces instruments métalliques calibrés que les gynécologues utilisaient (j'espère qu'ils/elles ne le font plus!) pour dilater l'entrée du vagin des femmes dites frigides. Il s'agissait de permettre la pénétration, à corps défendant. Bien-entendu, le problème de la "frigidité" n'était pas là !

    On n'entend d'ailleurs pratiquement plus le mot "frigide", qui semble sorti du vocabulaire médical.

    Heureusement, dans la métaphore de votre Billet, la bougie a une fonction révélatrice plus douce et, surtout, elle se situe dans le chaud et non dans le froid.

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  11. - Chère Fb, la boutique de bougies - outre qu'elle est assez secrète et se déplace dans la ville - ne donne aucun garantie. Votre idée du "détecteur" me semble excellente. Finalement, certains signes auto-détecteurs ne trompent pas. Il faut suivre ce que l'on ressent: dès que la souffrance vous saisit au vif, c'est que l'harmonie est absente et que la sympathie est très mal placée. Il vaut donc mieux sortir du tableau sans s'obstiner. Car être trop sympathique, empathique, piège davantage, et l'on s'enferme dans la spirale récurrente du FORT DA ;-)

    - Chère Spécula, vous nous rappelez à la dure réalité des bougies pénétrantes froides comme le métal. Un symbole phallique qu'une femme (car les gynécolocogues sont souvent des femmes) utilise pour en "ouvrir" une autre malgré son désir... Brr...

    Cela me fait penser que dans l'épinglage des femmes sympathiques, une femme est souvent opposée par l'attrapeur à une autre femme. Il en rend une invisible pour protéger sa relation avec l'autre...C'est la stratégie de l'adultère, qui fait beaucoup jouir l'attrapeur, mais beaucoup moins les attrapés.

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  12. Ce mouvement de l'attrapeur vient de l'égo qui s'accroche à sa carapace pour ne jamais entrer dans le monde de l'autre, pour se protéger de l'échange qu'il pourrait ne plus maîtriser tout à fait: là je ressens une certaine pitié pour ces attrapeurs qui ne peuvent pas donner, trop frileux, trop peu construits...Ils passent à côté de l'essentiel...Et le papillon envolé et sauvé pour cette fois comprend l'ampleur du processus et ne s'y laissera pas reprendre... Lui restera coincé dans la superficialité d'une relation qui deviendra rigide avant de casser totalement: aucune souplesse, que de la maîtrise et de l'emprise...Qui est "la victime" si on utilise ce mot?? Le papillon pour un temps mais l'attrapeur pour longtemps ;)Seul le papillon "sympatique" peut instaurer un cercle virtueux suite à une prise de conscience tandis que l'attrapeur enlisé dans ce monde de l'égo ne peut pas recouvrer la vue...Aveuglé par sa propre bougie, par son jus de citron trop acide...

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  13. Nous sommes définitivement des êtres sympathiques et empathiques, chère fb, car nous nous mettons à la place de l'attrapeur et nous avons pitié de lui.

    J'ai pensé depuis hier comme toi à l'attrapeur (non pas pervers mais névrosé), en me disant: "De quel affreux interdit il doit souffrir, quelle fragilité il doit protéger, pour ne pas pouvoir se laisser pénétrer un peu par l'autre."

    Car l'autre lui fait si peur qu'il ne peut que l'appréhender à travers SON seul désir ou fantasme: il ne peut l'appréhender dans son irréductible singularité, différente de la sienne.

    C'est effectivement un terrible appauvrissement qui, au bout du compte le renvoie à une solitude absolue. Il est sans cesse renvoyé à lui-même, à l'autre en lui-même, jamais au "vrai autre" qui pourrait l'enrichir.

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  14. Envahi par lui-même, sa place il ne l'inscrit pas dans un couple mais dans un monologue intérieur: vie qui empêche la synchronicité, qui met ce fameux destin en pause. Et pourtant évoluer dans la vie signifie aussi être révélé dans une relation grâce à la lumière de l'autre...se connaître exige de sortir de soi, de lâcher prise +++ pour entrer dans des dimensions inconnues qui nous offre des lectures nouvelles sur nous-mêmes... Ces attrapeurs sont donc des êtres de fuite, des "modes veilles"...Le changement non voulu par eux leur fait si peur que les relations cassent...Quand le papillon bouge l'aile...
    Note que tout à l'heure je disais "cercle virteux"= "faute de frappe" ou "acte manqué"??...Pourtant je crois vraiment que le mouvement du papillon libéré est "vertueux" et non "virtuel" ;)

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  15. Merci pour ce billet qui me laisse songeuse.
    Je souris et en même temps je grimace (pas jolie ni sympathique !).

    Si j'ai bien compris , ces "Messieurs à femmes" qui refusent de s'investir dans une relation affective profonde sont des êtres qui sont en difficultés par rapport à leur ego.Aller plus loin, dans la relation les déséquilibreraient :est ce cela?

    Je pense à ces femmes (j'en fus une !) sympathiques qui attend sur son canapé que Monsieur appelle.Ces femmes sentent qu'elles sont des proies mais n'arrivent pas à partir.Comment expliques tu cela?

    Le prochain qui me dit que je suis sympathique , j'éclate de rire et file lui acheter un filet à papillons

    Merci Monica de m'apprendre en m'amusant des fonctionnements psychiques que je ne saurais décrypter sans toi.

    Si tu as un moment pourras tu m'expliquer le "fort da" ou me donner des références?

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  16. Ces êtres "attrapeurs" ne peuvent pas accepter d'être pénétrés par l'autre, de se donner à l'autre, de recevoir l'autre. L'autre constitue un grand danger car il est différent. Du fait de sa différence, il représente une aventure et il apporte un risque (nous dirions: une chance)de changement.

    Comme le dit fb, ces attrapeurs restent enfermés de façon rigide dans leurs repères internes, sans pouvoir les modifier. Ils ne peuvent voir l'autre qu'à travers leur prisme.

    Le signe de cela est qu'en général, ils ne sont pas curieux de ce que dit, vit, pense l'autre.Quand ils conversent, ils parlent sans cesse et ils laissent peu d'espace à l'autre, comme s'ils se parlaient à eux-mêmes, en boucle. L'autre est un œil qui les regarde, une oreille qui les écoute, une main qui les touche comme ils l'ont décidé.Mais l'autre n'est pas une totalité vivante qu'ils peuvent percevoir en tant que telle.

    Du coup, ces êtres sont souvent malheureux, car ils sont seuls avec eux-mêmes et ne peuvent dialoguer qu'avec leurs "autres" en eux-mêmes.

    C'est tragique, mais tant qu'ils ne prennent pas réellement conscience de leur fonctionnement, ils ne peuvent rien changer. Ils répètent la situation de maîtrise, à l'infini.

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  17. Chère Marie, pourquoi restons-nous dans le tableau, épinglés tels des papillons, alors que nous savons que la situation dysfonctionne et que nous en souffrons ?

    D'abord, parce que nous sommes attachés à l'autre, l'aimons, le désirons, avons trouvé en lui des échos de nos désirs ou de nos attentes. Nous avons mis en l'autre certains de nos trésors et nous n'avons pas envie d'en faire le deuil.

    Ensuite, parce que dans le mouvement du Fort/Da, de l'invisible/visible, il y a des moments où l'émergence dans la lumière de l'autre, sous son regard de désir, apporte l'émerveillement. Et lorsque l'ombre s'installe et nous fait disparaître, nous sommes dans la quête de la lumière, et attendons qu'elle revienne. Le désir a été installé en nous par la lumière, créé par la lumière, et nous attendons qu'elle revienne. Un fichu piège !

    Enfin, parce que si nous sommes des êtres de sympathie et d'empathie, nous saisissons la souffrance de l'autre et avons envie de l'aider à en sortir. Il y a là certainement des éléments "maternels" protecteurs, ou bien des éléments de "toute-puissance" ("je ne peux pas me résoudre à penser que je ne vais pas changer l'autre").

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  18. Freud a écrit cette observation sur le Fort/Da dans son livre "Au-delà du principe de plaisir".

    Il avait remarqué que l’un de ses petits fils avait l’habitude d’envoyer loin de lui les petits objets qui lui tombaient sous la main en prononçant le son prolongé "o-o-o-o-o" qui constituait l’ébauche du mot "Fort" ("loin" en allemand). Freud observe également chez le même enfant un jeu plus complet : tenant en main un fil attaché à une bobine, l’enfant envoie cette dernière dans son berceau en prononçant le même son "o-o-o-o" puis le ramène à lui en s’exclamant "Da!" ("là").

    Freud relie ces jeux à la situation de l’enfant à cette période : une période où sa mère s’absentait pendant de longues heures. Le jeu symboliserait ainsi la disparition et la réapparition de la mère, que l'enfant apprend à contrôler, à maîtriser.

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  19. Merci pour cette longue réponse :les explications me parlent et je saisis mieux par les explications sur (hors de tout jugement, c'est cela qui est riche) les comportements de certains prédateurs.
    Jusqu'alors je me contentais de juger , là je cherche à comprendre.
    Tu m'y aides.

    Si je comprends bien le besoin de materner , le besoin d'exister (pas seulement!)expliqueraient pourquoi certaines femmes trouvent "leur compte" dans des situations affectives pauvres et sans avenir.

    Est ce que ,ce que l'on appelle communément la peur de la solitude ,joue un rôle dans cette emprise?
    je m'explique :est ce que le fait de ne pas être apte à être seule, couper d'un lien affectif , peut amener à être papillon?


    Lorsque je t'écris je pense aux femmes battues que je reçois et qui de manière répétitive vont retourner vers Monsieur :est ce que cela procède du même "mécanisme" psychique?

    Bien entendu par le net mes questions sont réductrices , j'en suis désolée.


    merci de la clarté de tes réponses que j'imprime pour mieux les approfondir.

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  20. Chère Marie,

    Les prédateurs pervers doivent être jugés et non pas seulement compris.Car ils font sciemment le mal, de façon répétée, sans aucune culpabilité et avec une grande jouissance. Ils doivent être punis pour leurs actes et entreprendre un travail sur eux-mêmes.Mais ce n'est pas une sinécure !

    Avec fb, nous parlions des "attrapeurs" névrosés qui ne contrôlent rien et souffrent de leur fonctionnement plus qu'ils n'en jouissent. Ce sont ceux-là qui éveillent notre sollicitude, pas les premiers - en ce qui me concerne ;o)

    En ce qui concerne les "victimes", les liens avec leur "attrapeur" sont très complexes. Il y a tout ce que nous avons dit avant, mais s'y ajoutent l'aliénation, le masochisme, la dévalorisation de soi-même, et comme tu le dis la fragilité des repères narcissiques qui entraîne la dépendance, la peur de la solitude, l'horreur de divorcer, la honte de reconnaître qu'elles sont maltraitées, la crainte d'être poursuivies, harcelées, voire tuées, la culpabilité à l'égard des enfants, et quelquefois - ce n'est pas anodin - la non autonomie financière.

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  21. Une affaire de justice qui éclaire certains mécanismes liant les attrapées à l'attrapeur...
    _______________
    Un psychiatre a comparu pour le viol de quatre anciennes patientes entre 1989 et 1996. Ces femmes qui l’accusent de les avoir placées dans un «état de disponibilité particulière» grâce à des séances d’hypnose ou à la lecture de contes allégoriques. Aucune ne parle de véritable contrainte de la part du psychiatre au moment du passage à l’acte. Certaines revendiquent même le fait d’avoir été sa maîtresse. Mais, toutes ont éprouvé après coup le sentiment d’avoir été flouées. L’accusé nie tout.

    Comme le résume l’un des quatre experts psychiatres qui a examiné l’accusée et les plaignantes, «ces personnes n’ont pas opposé de refus mais elles n’ont pas non plus donné leur consentement.»
    L’emprise du médecin sur ses patientes ne fait en revanche aucun doute pour eux. L'une des plaignantes parle de "quelque chose d’immense" lorsqu’elle l’a rencontré. Une autre évoque «un ravissement. J’étais l’élue, cet homme s’intéressait à moi.» Un éblouissement qui va s’effondrer lorsque le docteur cesse de s’intéresser à elles ou lorsqu’elles apprennent qu’il a une autre maîtresse.

    Pour expliquer cette domination du médecin sur ses patientes, les experts psychiatres réfutent le rôle de l’hypnose, qui "n’entraîne pas de relation de dépendance". En revanche, l’accusé aurait détourné à son avantage le lien transférentiel. «Le transfert est la relation qui se crée entre un psychothérapeute et son patient. Il instaure une relation de dépendance».

    Pour sa défense, le psychiatre accusé évoque l’érotomanie dont aurait souffert la plaignante ayant initié l'affaire. Ce diagnostic d’érotomanie n’a pas du tout été posé par les quatre experts psychiatres.

    Une femme citée à titre de témoin a consulté et fréquenté le psychiatre entre 1994 et 1995. Dès la deuxième consultation, il l’a emmené dîner puis de retour dans son cabinet, l’a collée contre la porte avant de l’embrasser fougueusement. «Lors de la quatrième consultation, il m’a emmené dans la chambre à côté du cabinet médical et nous avons eu notre première relation sexuelle. Je lui ai dit que je l’aimais. En fait j’aimais le sauveur que j’avais devant moi. Je trouvais extraordinaire qu’un médecin comme lui s’intéresse à moi.» Elle ajoute que si elle ne s'est pas portée partie civile plus tôt, c’est parce que le psychiatre, qui travaillait à la PJJ (protection judiciaire de la jeunesse), l’avait menacée de lui faire enlever ses enfants.


    Les dépositions de la quarantaine de témoins cités par la défense dessinent un curieux portrait en creux du médecin. Ses patientes viennent en nombre, lui apporter estime et sympathie. «C’est mon coach, je lui dois tout.» «Il m’a permis d’être encore là.» «grâce à lui, mes phobies, ont disparu en quelques séances.» Autant de témoignages qui révèlent là encore la dépendance de ces femmes vis-à-vis de leur psychiatre.

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  22. Dernière nouvelle:
    Le psychiatre en question vient d'être condamné à 12 ans de prison, et il est déterminé à faire appel.

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  23. voilà un psychiatre qui illustre parfaitement le lien de dépendance affective que tu as su nous faire saisir et comprendre.

    j'admire ces femmes qui ont eu la force de comprendre que les liens affectifs du psychiatre étaient hors cadre thérapeutique et qu'il usait de sa fonction pour attraper des femmes en cheminement thérapeutique.

    Ces femmes ont du courage:la pression sur le risque de faire retirer les enfants montre la perversité de cet homme.Est ce que je me trompe?

    Monica, crois tu qu'une femme psy pourrait avoir une telle attitude?
    Si non :pourquoi?

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  24. Apparemment, la Cour a jugé que cet homme avait réellement utilisé son pouvoir thérapeutique à des fins perverses, puisqu'elle l'a condamné avec fermeté, malgré les témoignages des patientes éplorées venues le défendre.

    Une femme psy pourrait-elle avoir une attitude similaire ? A priori oui, si elle était perverse. Mais, dans la plupart des histoires qui nous sont connues à ce jour, ce sont toujours des hommes (psy,gynécologues ou sexologues) qui sont impliqués.

    Pourquoi ? Je dirais: pour les mêmes raisons psychosociales qui font que les hommes commettent plus de viols et d'incestes que les femmes: parce que les rapports entre les sexes sont encore traversés par la logique de la femme proie, objet du désir, et de l'homme prédateur. Et parce que les femmes ont développé depuis des millénaires des mécanismes d'aliénation aux hommes. Alors, quand en plus, ils sont médecins....

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  25. Commentaire de Jean:
    ----------------
    Mon amie « Marie-Claude » a mis fin à ses jours après que son attrapeur l’ait lâchée – trop vieille, trop rebelle, trop lucide. Celui-ci est allé chercher une autre femme sympathique, beaucoup plus jeune, et bien plus jolie (30 ans de moins). En 5 ans, depuis son divorce, j’ai échoué à faire revivre réellement « Marie-Claude » et aujourd’hui je n’arrive toujours pas à m’en remettre.

    Pourquoi ces femmes sympathiques et (ces hommes aussi) tombent-ils si facilement dans le piège de ces attrapeurs ?

    Naît-on loup ou brebis ?

    Jean
    ______________________________

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  26. Cher Jean,

    Il y a la souffrance, toujours.... la mort, parfois, au bout de ces effacements à répétition.

    Les pièges, ce sont ceux de l'amour, du désir, de l'attachement, de l'aliénation, tous les trésors de soi que l'on confie à l'autre, toutes les attentes que l'on a à l'égard de l'autre et qu'il utilise tant que cela le satisfait, puis qu'il jette comme un encombrant...

    Le piège, c'est l'engluement malgré la souffrance, l'impossibilité de s'extirper, de faire le deuil de tout le "bon" de soi que l'on a mis en l'autre, et la conviction que l'on ne pourra être, exister, en dehors de lui.

    Dans le cas de votre amie Marie-Claude, il y a la blessure narcissique terrible d'avoir été abandonnée pour une autre femme plus belle et plus jeune, d'avoir été chassée en somme, réduite à rien ni personne...

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  27. Monica
    ma question va paraitre simpliste.

    En lisant la question de jean je me demande aussi comment échapper à ces hommes qui jouent de l'autre au point de le rendre objet?

    Marie Claude pouvait elle entendre que cet homme était dangereux ?Comment aider ces femmes à se détacher?

    Existe t il de lieux où les femmes peuvent se poser et analyser la dépendance à ces pervers?
    Vous me direz chez un psy .

    Hélas , allez chez le psy signifie encore être malade pour certaines personnes.
    la démarche n'est pas facile.

    Savez vous s'il existe des lieues d'écoute adaptés à cette souffrance de femmes?

    lorsque j'écris cela je pense, par exemple, au réseau remarquable que nous avons créé en France pour accueillir les femmes battues.

    Un réseau pour les femmes en souffrance dans leur vie affective existe t il à votre connaissance?

    A l'origine je vous posais une question...et je vous en renvoie plusieurs!!

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  28. Chère Marie,

    Marie-France Hirigoyen est l'une des plus grandes spécialistes françaises du harcèlement au travail ou dans la vie privée, des femmes et hommes sous emprise.

    Il existe un site sur lequel on trouve des adresses de lieux spécialisés:
    http://hirigoyen.free.fr/assoc.htm
    lundi, 06 juillet, 2009

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  29. En cherchant quelques définitions de la volupté, j'ai trouvé ces phrases, au masculin et au féminin, fort intéressantes:
    _________________

    - Trois messieurs nous disent:

    A mesure que l’objet de nos souhaits approche, la volupté qu'on avait entrevue dans leur accomplissement diminue (Flaubert)

    La volupté unique et suprême de l'amour gît dans la certitude de faire mal. Et l'homme et la femme savent de naissance que dans le mal se trouve toute volupté (Baudelaire)

    Il faut pousser sa volupté jusqu'à la douleur pour être sûr de l'avoir goûté tout entière (Toulet)

    Et trois dames nous disent:

    Je juge les actes à l'aune de la jouissance qu'ils donnent. L'extase voluptueuse est le but souverain de l'existence (Nothomb)

    Qu'est la volupté elle-même, sinon un moment d'attention passionnée au corps? (Yourcenar)

    La volupté, voulant une religion, inventa l'amour (Natalie Barney)

    Troublant, voluptueusement troublant...

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  30. La domination masculine.


    Après des conquêtes de hautes luttes, une femme nous dit dans ce film que je vous conseille de voir : « le combat aujourd'hui est plus difficile car nous vivons dans un monde de l'illusion ». Cela m'a fait « tilt ». Et si au-delà du sexisme, la démocratie et notre place dans ce monde n'étaient qu'illusions. Et si dans l'industrie, dans le durable, - bref dans notre monde merveilleux -, tout n'était qu'illusion.





    Je vous préviens le film est hard pour les hommes - ils étaient peu nombreux dans la salle (< 5%) -, il l'est aussi pour les femmes avec ce Speed Dating (7 filles, 7 garçons & 7 minutes à 2) tellement réel. Malheureusement, inconsciemment, le sexisme est aussi dans la tête des femmes.



    Au lieu de nous parler de l'identité française, on devrait montrer ce film dans toutes les écoles pour remettre les choses à leur place, car on assiste à reflux énorme sexiste dans toutes les sociétés : le culte de la beauté surfaite - voire trafiquée informatiquement - chez nous, l'aliénation de la femme voire l'élimination physique dans d'autres.



    Le film aborde, entre autres, les violences faites aux femmes.

    Il met en lumière la manière dont aujourd'hui tout un mouvement « masculiniste », particulièrement florissant au Québec mais qui essaime aussi en Belgique et en France (notamment par la bouche et les écrits puants d'Eric Zemmour), tente de relativiser la gravité des faits, faisant même des hommes de pauvres victimes, des « prédateurs sexuels castrés dans leur destin naturel ». Un discours qui tend à se banaliser et à se radicaliser. On est stupéfait d'apprendre que Marc Lépine, un psychopathe qui tua délibérément 14 femmes à l'Université de Montréal, par haine avouée du féminisme, fait l'objet d'un culte aujourd'hui... Une joyeuse bande de tarés qui bien qu'issus généralement des milieux d'extrème-droite, déclarent qu'une « victoire des islamistes permettrait une victoire des hommes ».

    Autant dire que le film de Patric Jean, déjà auteur d'un film magnifique sur la criminalisation de la pauvreté (La raison du plus fort) a une valeur d'alerte essentielle alors que les témoignages du sexisme se multiplient en milieu scolaire et ailleurs.



    http://www.ladominationmasculine.net/themes/42-masculinisme.html

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  31. Merci, cher Jean, de ce commentaire.

    Oui, nous assistons au retour des "mentalités" et des pratiques sexistes les plus inouïes.

    Quand je lis certains billets, dans des journaux du Net, je suis parfois surprise et pantoise de l'archaïsme des arguments. Des hommes disent que les femmes sont dominantes, que la société se féminise, que les hommes sont le plus à plaindre, etc. J'en reste sur le séant... Tous les acquis semblent s'éroder...

    Sur Mediapart, Caroline a publié un billet qui n'a suscité aucun commentaire. Je suis perplexe et inquiète.

    Les feux de signalisation s'allument. ATTENTION, DANGER !

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  32. C’est bien le ressenti de cette régression et son accélération favorisée par l’alliance des barbons et des barbus et la situation économique qui m’a fait écrire sur la laïcité et les femmes qui n’étaient pas franchement mes sujets courants de réflexion .

    Il est “normal” que mon billet n’ait pas eu de commentaire. Le site est largement plongée dans un délire francophobe sans concession - avec une vague impression de les entendre parler du peuple d’Amélie Poulain plutôt que des “gaulois” de 2009 - et une xénophilie sans réserve. Faire le distingo entre les imams qui exigent l’obscurantisme et les autres et dénoncer le racisme que constitue le refus d’accorder aux femmes de confession musulmane la même aide pour sortir de leur sous-condition qu’aux “européennes” d’avant n’est pas tendance.

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  33. Au fait, un élément déterminant de notre identité nationale, c'est le Préambule de la Constitution, non ? J'en extrais une ligne:

    "La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l'homme."

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  34. Les chefs de la majorité présidentielle et leur chef ont un rapport particulier avec la Constitution dans bien des domaines.
    Cette égalité là il l’a traduise dans leur tract par “La France c’est (...) une certaine place de la femme dans la société”. Cela ne sent guère l'affirmation décomplexée de l’égalité en droit.

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  35. Je crois bien que je suis en colère et pas qu'un peu. Ça commence (!) à me monter sérieusement à la gorge, ces archaïsmes débiles. Dans les années 70, on a vraiment cru qu'on en sortait. A coups de dents, à coups de pieds. Ça avançait. Les mentalités se transformaient. Peu à peu les filles allaient être considérées, y compris par elles-mêmes, comme des êtres humains à part entière,des personnes autonomes, des citoyennes, des collègues, des frangines et tout. Tu parles. La merde remonte, marée haute en vue. Une des raisons, la principale raison pour ne pas laisser faire les barbus et les voilées-c'-est-mon-choix. Au moment où on imaginait avoir à peu près réglé le compte de nos archaïques locaux en envoyant leurs mômes à l'école voilà que débarquent en France des dizaines de milliers de ruraux archaïques enreligionnés et qu'au lieu de les accueillir dignementla République se renie, les parque, les ghettoïse, les empêche de devenir Français et ensuite, maintenant, s'étonne que leurs enfants ne se reconnaissent pas dans ses valeurs universalistes qu'elle a elle-même honteusement trahies. Et surgissent de partout des idiots utiles et de simples imbéciles, sans compter les opportunistes rusés et patelins, les bon apôtres rêvant de restaurer leur paroisse qui tous nous disent avec des airs pénétrés que c'est très mal d'empêcher les gens de vivre leur différence. Différence mon cul.Un homme est un homme, une femme est une femme, et tous sont des humains qui naissent libres et égaux en droits. Accepter qu'une femme soit voilée c'est insulter et, à terme, menacer toutes les femmes. C'est à dire nous tous, les garçons aussi, amputés alors de la moitié de nous-mêmes que nous étions si heureux et si fiers d'avoir enfin reconquise. Ça suffit, basta, il faut arrêter ça !
    Je ne sais pas du tout si c'était le bon endroit pour pérorer la-dessus. C'est le commentaire de notre Caroline qui m'a fait péter les plombs, vous savez, la vieille histoire : un vase, puis une goutte, une goutte, une goutte. Un beau jour…

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  36. Il est des colères ravissantes.
    une goutte, une goutte. Un beau jour… plouf on se rend compte que le tire-fesses que l’on avait fini par concéder aux femmes est sournoisement saboté et que l’on fait marche arrière dans les têtes et dans les faits.

    Quelques gouttes personnelles:

    Octobre 2009 : A propos des femmes dans les Conseils d’administration : Darcos : “Qu’iraient elles faire dans le Conseil d’Administration d’une entreprise de travaux public si loin de leur domaine de compétence” ( pas tout à fait les termes mais l’esprit)
    Novembre 2009 : “La France c’est (...) une certaine place de la femme dans la société”
    Janvier 2009 : “Les droits accordés aux femmes ces 50 dernières années ne sont que le résultat de la victoire d’un courant philosophique” (sous titre : un autre courant philosophique ou religieux peut les remettre tout aussi légitimement en cause)
    Janvier 2009 : augmentation de la pension de réversion pour les veuves (respectables défenderesses de la certaine place des femmes), suppression de la demi part supplémentaire pour celles ( et la poignée de “ceux”) qui ont élevés seules leurs enfants et tentatives de supprimer pour les salariées les deux ans de cotisations retraites par enfant. Ne nous voilons pas la face, bientôt c’est par centaines que nous trouverons des vieilles femmes autour des poubelles si nous ne faisons rien. On appelle cela joliment les glaneuses...
    Automne 2008, l’Assemblée Nationale a rendu hommage à un député qui venait de se suicider après avoir tué son ex-compagne;
    Printemps 2007: Le gouvernement de la parité et de la diversité : la diversité est exclusivement visible sur des minois féminin : d’une pierre deux coups; pas un commentaire.

    En France en 2009 20% du cumul des homicides (non liés au vol) et des coups et blessures ayant entraîné la mort concerne des meurtres de femmes par leur compagnon ou leur ex. La notion de crime passionnel persistant, les criminels sortent de prison au bout de 2 à 4 ans contre 10 à 20 ans pour tout autre meurtre.

    Hier soir un reportage sur la violence faite aux femmes. Dans un commissariat :
    - “oui, j’l’ai frappée! Et alors! Tu (adressé à un policier) vas pas me dire qu’tu frappes jamais la tienne!”

    Vous avez dit éducation... Il n’est plus question que d’apprentissages utiles au marché du travail et de prisons. La France de Voltaire et Hugo est devenue celle de la fouille anale.

    Nos dirigeants ayant les yeux rivés dans le rétroviseur il ne voit plus que la femme est l'avenir de l'homme. (et réciproquement)

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  37. Un article d’Emily Bazelon dans Slate qui peut inquiéter…
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    http://backoffice.slate.fr/story/14297/quand-le-sexting-pousse-les-filles-au-suicide
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    En septembre, Hope Witsell, 13 ans, s'est pendue. Son suicide est devenu le deuxième clairement lié au sexting [envoi par téléphone ou mail de photos à caractère sexuel] et à la persécution qui peut s'ensuivre. À la fin de sa cinquième au printemps dernier, Hope a envoyé une photo de ses seins à un garçon pour qui elle avait le béguin et cette image a fait le tour de l'école. «Des tonnes de gens parlent de moi derrière mon dos et je déteste ça parce qu'ils me traitent de pute!» a confié la jeune fille à son journal intime avant de se tuer. Jessie Logan, 18 ans, qui vivait près de Cincinnati, s'est pendue en juillet dernier après que des photos la montrant nue, qu'elle avait envoyées à son petit ami, avaient largement circulé auprès d'adolescents de sa connaissance.

    Comment expliquer cet enchaînement horrible débouchant sur une tragédie? S'agit-il de brimades ordinaires, mais avec de nouveaux outils, ou d'une sorte de harcèlement très différente? S'agit-il de cas isolés, ou bien le concert de protestations suscité par le sexting est-il légitime?

    Trois sondages conduits sur la popularité du sexting montrent des statistiques assez élevées. Le dernier, dont la méthodologie semble fiable, est un sondage MTV-Associated Press mené la semaine dernière auprès de 1 450 adolescents et jeunes adultes de 14 à 24 ans. Plus d'un quart d'entre eux a déclaré avoir été impliqué dans un acte de sexting d'une manière ou d'une autre. Dix pour cent ont déjà envoyé des photos d'eux dans le plus simple appareil par téléphone portable ou sur Internet. Et 17 % des jeunes qui ont reçu ce genre d'images admettent les avoir fait passer à quelqu'un d'autre.

    Ces résultats correspondent aux recherches effectuées par Sameer Hinduja et Justin Patchin, des universitaires dirigeant le Cyberbullying Research Center, fondées sur leur enquête de 2007 auprès de 1 900 collégiens.
    Il existe deux écoles de pensée sur la manière d'aborder le sexting et son cousin, le cyber-bullying [les cyber-brimades]— qui recouvre tout ce qui va des mails haineux aux posts cruels sur MySpace. La première école affirme que c'est une erreur de se polariser sur la technologie, parce que toute l'hystérie qu'elle suscite ne fait que voiler le problème de fond, qui ne date pas d'hier: les enfants peuvent faire preuve d'une incroyable cruauté les uns envers les autres de toutes sortes de façons. Internet et les téléphones portables ne sont que leurs dernières armes en date. Pour gérer le problème du cyber-bullying, il faut adopter la même technique que pour tous les autres types de harcèlement: inculquer l'empathie aux enfants et s'assurer qu'ils ont dans leur entourage un adulte de confiance à qui ils peuvent s'adresser en cas de difficulté.
    Mais il est aussi clair que les mails, les textos et les réseaux sociaux comportent des caractéristiques qui leur sont propres, comme l'explique l'auteur Danah Boyd. La barre est placée beaucoup moins haut pour devenir un cyber-bully, ou même simplement un complice de cyber-bully, que pour les formes classiques de brimades.

    Pour martyriser une fille grâce à une photo d'elle en tenue d'Eve par le sexting, il n'est pas nécessaire de la photocopier et de la distribuer, ni de crier un sarcasme à la cafétéria, ni même de persifler au téléphone, explique Robert King, psychiatre à la Yale Child Study Center

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  38. Je ne connaissais pas ce truc, le sexting.
    J'ai envie de débouler avec mes gros sabots (l'âne, contrairement à cette pingresse de fourmi, le noble âne est généreux à la mesure qu'il est combatif et il sait bien que je vais soigneusement les cirer avant de les lui rendre).
    Il y a la question de la brimade, il y a la question de la nudité.
    La brimade, qu'y pouvons nous ? Elle colle à la peau (nue !) de l'homo sapiens ou au moins de son versant peu reluisant d' "homo demens", pour se référer à Edgar Morin. C'est comme ça. Nous pouvons nous armer et surtout armer nos enfants. C'est ainsi qu'en ce qui concerne ce lamentable sexting vilainement sexiste ( combien de garçons suicidés parce que des filles faisaient circuler une photo d'eux tout nus ?) j'en viens à la question de la nudité. Honteuse, la nudité. Ou excitante, érotique. Souvent les deux dans les cervelles embrouillées de puritanisme et habitées (légitimement) par des pulsions de désir.
    Allez, je vous montre un petit poème sur un mot clé de l'affaire qui nous occupe :

    Nue

    ce mot de liane et d’aube et d’éblouissement
    de promesse et de fruit
    déploie des sortilèges océaniques
    convoque dans la paix solaire et le secret nocturne
    tous les prénoms de femme du monde entier
    envahit les collines et les rivages et les rues des villes
    d’une foule de visages de cheveux de cuisses en mouvement
    charrie des odeurs de musc et de miel et de sable et de sel
    habite la pénombre d’une présence
    célèbre la fragilité
    et rend la mort peu aimable

    Vous pouvez remettre votre chapeau.
    Vous voyez où je veux en venir avec cette petite célébration.
    L'émotion dans le sentiment océanique de l'espèce. On dit l'humanité, c'est mieux, ça élargit, ça comprend ce qui nous fait humains à partir de la donnée "homo sapiens" : le processus d'humanisation par lequel le petit d'homme, cet animal pas fini (néoténie) devient homme par les autres hommes. J'en viens alors, du coq à … l'âne, à mes vacances. Un sujet que je connais bien et qui m'est cher, vous pensez bien.
    Je passe lesdites vacances dans un lieu où l'on vit nu. Pas à poil. Nu. Ou plutôt : nus. Tous. Les messieurs et les dames, les vieillards et les enfants, les gros et les maigres, les beaux (les belles !) et les laids et même, incroyable, les adolescents ! Pas tout le temps, les adolescents. Parure et parade, complexe du homard, petits snobismes de bandes, tout ça. Des ados. Mais nus à la plage et à la piscine, sans malaise. Nudité en commun. Offrande réciproque de chacun à chacun de sa propre fragilité. Détente, assomption de soi-même. Ecoute donc mes sages paroles : si tu élèves ta fille comme ça et qu'une photo d'elle toute nue circule dans son collège elle sera furieuse d'une saine colère contre ces petits connards. Son ego ne sera pas fragilisé au point qu'elle se pende…

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  39. Oui cher Parleur, ce n'est pas la nudité qui est en cause, mais le viol de l'image.

    Une jeune fille offre une photo dénudée d'elle à son amoureux, qui la balance à des inconnus. Du coup, elle se fait "traiter" comme disent les gamins.

    Les gamines ont probablement subi une double blessure: le sentiment d'avoir été trahies par leur amoureux et celui d'être traitées, sans leur acceptation, comme objets du regard des autres.

    Peut-être que si elles avaient été familiarisées avec la nudité, elles ne se seraient pas pendues, tu as raison. Mais à l'âge tendre, le sentiment de trahison et de viol aurait peut-être été très fort, quand même...

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  40. Peut-être très fort ? Peut-être ? Sûrement, je le pense. Comme pour toute trahison et à tout âge, crois moi ! Mais plus encore à cet âge, nous le savons. Mais je pense fortement que le viol de l'image, n'étant pas renforcé, empiré comme dit le dramaturge, par le dévoilement d'un secret "honteux" (!) permettra à la colère de ne pas être polluée par la honte qui renverse la colère vers soi-même avec sentiment de dévalorisation > dépression > suicide. Ce serait une épreuve (qui peut renforcer) pas une défaite.

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  41. A propos des femmes afghanes
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    http://www.courrierinternational.com/article/2009/12/11/secrets-de-femmes
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    Dans la province de Lashkar Gah, où la lutte contre les talibans fait rage et où plus de 90 soldats britanniques ont perdu la vie depuis le début de la guerre, en 2001, existe une petite boutique: une pièce bourrée de laque à cheveux, de faux cils et de rouges à lèvres. C'est un salon de beauté, au cœur de ce pays où les femmes ne se montrent en public que couvertes de la tête aux pieds par une burqa qui leur masque même les yeux.

    Les femmes n’ont pas le droit de tenir boutique dans le bazar, ni de serrer la main aux hommes. Elles sortent rarement de chez elles. “On aimerait bien mais on n’a pas le droit de tenir ce salon à l’extérieur”, explique Malika. “Ce ne serait pas sûr et de toute façon notre famille ne nous le permettrait pas. Mais on aime porter des vêtements colorés et on aime les couleurs. On aimerait avoir plus de maquillage et plus de couleur.”

    Les plus âgées se souviennent de l’époque où elles n’étaient pas obligées de porter la burqa en dehors de la maison. Les jeunes femmes, elles, n’ont jamais connu ça. Elles n’imaginent même pas déambuler dans les rues de la ville habillées comme elles le sont dans le salon.

    Les rares femmes qu’on voit dans le centre-ville marchent tellement vite que leur burqa bleue flotte dans le vent: des nuages de forme humaine. Le tissu ample tourbillonne autour d’elles quand elles tendent le cou pour voir à travers la gaze qui leur couvre les yeux. “Je n’aime pas ça. On a du mal à voir et ça me serre tellement la tête que j’en ai des migraines. J’ai parfois du mal à marcher droit”, confie Nawida, “qui vient au salon une fois par semaine pour se faire épiler les sourcils. On rêve de pouvoir se promener comme on est là. Si la situation était meilleure, j’arrêterais de porter la burqa mais, si tout le monde la porte, je suis obligée d’en faire autant."

    Les talibans avaient interdit aux femmes de travailler en dehors de la maison, de rire et de porter des talons hauts ; ils fouettaient celles qui ne se couvraient pas les chevilles et coupaient les ongles vernis. Ils ne dirigent plus Lashkar Gah mais la vie des femmes demeure très limitée. Par exemple, les femmes du Helmand n’appellent pas lors des émissions de radio présentées par des hommes, les journalistes de sexe masculin ne peuvent interviewer des femmes et certains pensent même que les femmes ne devraient pas écouter de voix masculines à la radio.

    Un entrepreneur local qui dirige l’une des trois stations de radio, vient de lancer la première radio de femmes de la province. Il y est question de sujets tabous – la grossesse, par exemple –, des émissions de cuisine ou des concerts en direct. Le succès de la station a surpris tout le monde. “Avant, je ne pensais pas qu’une femme pouvait animer une station de radio, être journaliste et maîtriser toute cette technologie, mais elles se débrouillent bien pour le moment”, dit l'entrepreneur.
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    Alors, avant de parler de la "liberté de porter la burqa en France", que certains se demandent comment certaines femmes la portent ailleurs, avec comme seul échappatoire de jouer les petites filles, se mettant en cachette du rouge à lèvres ou les talons aiguilles, comme je le faisais quand j'avais 8 ans... Grr...

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  42. Dans ce texte ludique et sérieux, j'abordais la question des êtres "sympathiques", qui fonctionnent, pour d'autres, telle l'encre du même nom.Un attrapeur ou une attrapeuse les efface et les fait ressurgir selon ses propres besoins. L'être attrapé et lâché est alors soumis à un processus que je qualifie sans hésitation de pervers au sens de Robert Stoller (est pervers ce qui fait mal à l'autre), ce qui le met en grand danger de se perdre.

    Aussi difficile soit-il de l'admettre, chacun de nous peut être un attapeur et un attrapé.Et chacun de nous peut occuper une place dans un dispositif pervers, dont les effets sont d'autant plus redoutables qu'ils sont en grande partie inconscients.

    Je précise en grande partie inconscients car je sais qu'il existe en chacun de nous des désirs puissants de manipulation et d'omnipotence. Reconnaître cette part sombre de soi et de l'autre est souvent ce qui permet de sortir du cercle vicieux.

    Car, ainsi que le montre l'expérience, la seule vraie issue pour les êtres devenus "sympathiques" est de sortir radicalement du cercle. Le cercle produit ses propres glus à l'infini, enfermant la proie dans la toile arachnéenne. Et j'ai appris hier que les arachnides secrétaient six sortes de fil...

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