dimanche 10 mai 2009

Les tensions délétères de la clinique psychologique (1)


Les tensions délétères de la clinique psychologique en France
Première partie


par Monica

La clinique psychologique en France est traversée par des tensions très vives. Cette tension a des conséquences extrêmement délétères pour la théorie et la pratique.

La psychologie, au sens large du terme - connaissance du fonctionnement psychique - englobe de multiples approches constituant parfois des domaines: expérimentale, clinique, sociale, cognitive, neuropsychologique, psychanalytique, psychopathologique; de l'enfant, de l'adulte; de la normalité et de la pathologie.

En 1949, devant un parterre de médecins, Daniel Lagache - philosophe, psychologue, médecin, psychanalyste - dans une Conférence inaugurale, tenta de définir la psychologie clinique. Il la présenta comme une discipline autonome de la médecine, intéressée par l'étude des cas individuels, dans laquelle la psychanalyse était une "ultra-clinique". Médecins et psychologues pouvaient en maîtriser l'exercice.

La plupart des psychanalystes refuseraient aujourd'hui cette définition. Ils souhaitent dissocier radicalement la psychanalyse de la psychologie, pour la constituer en un domaine totalement indépendant, pourvu de son corpus théorique, pratique, de ses règles propres de formation et d'évaluation... et, ne l'oublions pas, de ses "écoles", très différentes, voire divergentes ou ennemies, nées des clivages et scissions successifs.

Mais, pratiquant le soin auprès de personnes en souffrance, comment la psychanalyse - de fait clinique psychologique - pourrait-elle prétendre s'affranchir totalement et définitivement des règles du contrôle, de l'évaluation, auxquelles n'échappe aucun autre corps professionnel, notamment ceux des psychiatres et des psychologues ? Toute personne prétendant apporter un soin n'est-elle pas dans l'impérieuse nécessité éthique et déontologique de rendre compte de ses compétences et ensuite des actes qu'elle réalise auprès des patients ?

Pour justifier leur indépendance, les psychanalystes ne parlent pas de soins mais de cures ; pas de patients mais d'analysants ; pas de symptôme, mais de désir...

Il n'empêche: ils ont affaire à des gens en souffrance qui demandent de l'aide.

En France, les premières écoles de psychanalyse furent formatées et balisées suivant des critères stricts, quasiment sur un mode universitaire. La psychanalyse didactique, la formation, le suivi de patients sous contrôle ou supervision, étaient clairement définis. L'analyse "laïque" (ouverte à des non- médecins) fut autorisée.

Avec l'arrivée de Lacan, cet édifice se délita partiellement. Selon Lacan, dont les formules à l'emporte-pièces furent souvent appliquées au pied de la lettre, le "psychanalyste ne s'autorise que de lui-même".

Nous vîmes ainsi avec stupéfaction des collègues universitaires tout juste entrés eux-mêmes en analyse, et pratiquant à qui mieux mieux des interprétations à "effets yau de poêle", prendre des patients en analyse...

... Sans avoir jamais fait d'études de psychologie, de psychiatrie et de psychopathologie...

... Sans rien connaître des différentes formes de névroses, de psychoses. ..

... Sans avoir fait un diagnostic des difficultés du patient et avoir porté une indication...

... Sans rien savoir du fonctionnement si complexe de la psyché, des mécanismes de défense mis en oeuvre par les personnes...

... Sans avoir appris comment gérer cette étrange relation transférentielle et contre-transférentielle qui unit, parfois durant de longues années, l'analysant et son analyste...

.. En ayant pour tout bagage des gloses à l'infini sur les textes si hermétiques du Maître, qu'ils décryptaient inlassablement.

Cette branche de la psychanalyse lacanienne fut très influente en France. S'étant érigée en gardienne du temple "Freudien", contre la normativité de "l'orthopsychanalyse à l'américaine" ou de "l'ego psychologie" représentée, disait Lacan, par "le gang Anna Freudien" (la propre fille de Freud), elle fit son entrée dans certaines Facultés de Psychologie et dans certains Centres de soins psychiatriques et psychopathologiques.

Dans les Universités où ces psychanalystes ont exercé (et pour certains exercent toujours) leurs talents pédagogiques, les étudiants travaillent sur les textes de Freud, Lacan et consorts, mais ils ne connaissent pas les conceptions non psychanalytiques des troubles psychiques, et ils n'apprennent pas comment exercer leur métier, notamment dans l'activité de diagnostic différentiel, pourtant capitale. Ils font tous des psychanalyses - c'est quasiment incontournable - et ils deviennent "psychanalystes" en critiquant souvent de façon acerbe - sans toujours les connaître - les approches différentes - comportementales, cognitives, médicamenteuses, jugées éminemment réductrices.

Dans les Centres de soins psychiatriques et psychopathologiques, notamment ceux qui étaient dédiés aux enfants, certains psychanalystes d'obédience lacanienne refusèrent tout ce qui ressemblait aux bilans, jugés "normatifs", et s'opposèrent au diagnostic, jugé "objectivant" . Les psychologues ne faisaient donc passer aucun test, ne participaient pas à la démarche de diagnostic différentiel, et les enfants étaient systématiquement envoyés en psychothérapie, pendant que leurs parents, forcément "suspects", étaient souvent traités comme des "ennemis" et non comme des alliés dans la relation thérapeutique.

Or, dans ces Centres, ne consultaient pas que des enfants atteints de troubles névrotiques et psychotiques accessibles à la psychanalyse. On y trouvait également des enfants atteints d'autismes sévères, de syndromes génétiques, de troubles à composante cérébrale, de troubles spécifiques du langage oral et écrit, auxquels les psychothérapies n'étaient pas nécessairement adaptées. D'autres prises en charge - conjuguées ou non avec la psychanalyse - auraient dû être envisagées, comme elles le furent dans des institutions moins dogmatiques et moins figées sur une pensée unique.

Les enfants - et leurs familles - fréquentant ces Centres perdirent parfois des années, subissant quelque chose qui pourrait s'apparenter à une véritable "maltraitance".

Des associations de parents, ayant ouï dire qu'il existait à l'étranger, depuis des décennies, d'autres conceptions et d'autres approches de ces troubles, se constituèrent et se mobilisèrent. Elles parvinrent jusqu'à certains Ministères et impulsèrent un mouvement, qui, en conjonction avec des démarches de chercheurs et de praticiens, permit de voir sous d'autres éclairages un certain nombre de ces troubles.

Disons-le tout net: il apparut alors clairement que la France avait, dans certains domaines, plus de 30 ans de retard.

Et la conséquence en est redoutable: face à la rigidité d'une certaine conception de la clinique psychologique, s'est levée une autre conception, où la génétique, les neurosciences, prennent la part du lion, parfois au détriment, hélas, de la prise en compte de la complexité psychologique (notamment psychoaffective) des difficultés de l'enfant.

Nous analyserons comment et pourquoi la tension qui traverse la clinique psychologique aboutit aujourd'hui à un redoutable effet de balancier.

15 commentaires:

  1. Cependant Lacan lui-même était plus rigoureux et distinguait nettement, me semble-t-il, la pratique psychanalytique proprement dite (la cure sur le divan) et le discours théorique sur la psychanalyse, s'interdisant toute autre pratique (sauf l'interprétation de l'oeuvre d'art).
    Il aurait donc, je pense, désavoué tout placage pseudo-lacanien dans l'activité psychologique hors de la cure proprement dite et formalisée.
    De même que Marx disait; "je ne suis pas marxiste", de même...

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  2. "finalement figea dans l'Ordre Symbolique la norme sociale"
    Eclairant. Question: est-ce pour protéger l'idée qu'ils se font de l'Ordre symbolique, ou (pour certains) par adhésion (préalable) à la norme sociale ?

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  3. Je me pose le même genre de question pour Wilhelm Reich, par exemple. Etait-il homophobe parce que l'homosexualité n'entrait pas dans son schéma théorique, ou bien son schéma théorique excluait-il l'homosexualité parce que l'auteur était homophobe ? (Sans doute les deux) Pourquoi et comment puis-je penser ce que je pense et ressentir ce que je ressens ?

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  4. Pour illustrer votre dernier commentaire, chère Monika, j'ai assisté dans le cadre de ma formation à la PJJ, au cours d'un psychanalyste lacanien sur la question de la délinquance des mineurs: au delà de certains aspects stimulants, ce psychanalyste réduisait clairement cette délinquance au développement des familles monoparentales. J'ai protesté en signalant qu'aucune étude statistique permettait de faire cette analyse... Sa réponse, un rien méprisante, a été plutôt savoureuse: "un père c'est un père, et une mère, c'est une mère, et le problème des jeunes aujourd'hui, c'est que, même au sein d'une famille nucléaire, les jeunes se retrouvent avec deux mères!". S'est ensuivi un débat sur l'homoparentalité où notre intervenant, en s'appuyant sur le slogan "un père c'est un père..." (je parle de slogan car en dépit de multiples demandes, il n'a pas souhaité expliciter le sens des mots père et mère)a défendu la famille traditionnelle. L'attachement au dogme semble donc primer sur l'attention aux faits (ceci pour proposer du grain à moudre à Melchior, que je suis ravi de retrouver ici).
    Nous l'avons retrouvé pour un autre cours sur la question du "positionnement du Directeur", comprendre, par rapport aux éducateurs. Son exposé a consisté pour l'essentiel à nous soutenir que le pouvoir d'un seul est la seule forme possible d'autorité sociale. Son argumentation faisait appel à des théories mathématiques et les protestations de certains stagiaires semblant au fait de ces questions mathématiques étaient écartées, mais pas réfutées...

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  5. Bonjour, Farid. Moi de même...
    Il est tout à fait naturel (et "humain") que l'attention aux faits soit sélective. D'où l'importance de s'attacher à observer de façon critique sa propre pensée, comme Art Monika nous y invite après Foucault. L'ennui c'est que c'est plus facile à dire qu'à faire.
    "le pouvoir d'un seul est la seule forme possible d'autorité sociale": c'est déjà chez Engels...
    Sur Lacan: comme Marx, il a un versant lumineux et un autre qui l'est moins, mais comme Marx, on ne peut pas le réduire aux bêtises dogmatiques de ses partisans.

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  6. Il n'est pas interdit d'opposer Marx aux "marxistes", ni Lacan aux "lacaniens". C'est de bonne guerre, même. (idem pour Nietzsche, je pense, et pour Jésus-Christ...).La pensée instituante est toujours intéressante malgré ce qu'elle charrie nécessairement de vieilleries, la "pensée" instituée l'est toujours beaucoup moins, malgré ce qu'elle peut trimballer de reflets de l'autre. Me semble-t-il.

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  7. Je me sens bien incapable de distinguer Lacan et les lacaniens : non seulement je ne comprends pas ce qu'il dit mais, souvent, je ne sais même pas de quoi il parle... Néanmoins,je vois dans le réductionnisme évoqué par Monika, l'inévitable écueil d'une pensée totalisante (c'est peut-être aussi pourquoi Melchior évoque Marx). Il me semble que cela pose la question de la conception de la Vérité postulée par ces théories: la Vérité est Une et le reste n'est qu'idéologie. Le problème,selon moi, c'est que les sciences sociales nous donnent à voir des vérités, souvent complémentaires, et qu'en outre, le discours des sciences sociales "performe" son objet (c'est d'ailleurs pourquoi je suis opposé aux statistiques de la diversité).
    Pour revenir à Foucault, je crois qu'il nous a montré l'historicité, donc la contingence, de sciences comme la médecine, la psychiatrie, la criminologie... Nous devons bien sûr toujours nous demander pourquoi nous penseons ce que nous pensons, mais aussi pourquoi nos sciences, notamment sociales mais pas exclusivement, pensent ce qu'elles pensent, rester ouvert à d'autres approches en espérant que la pluridisciplinarité permettra de ne pas dire trop de bêtises.

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  8. Mon maître Hubert-Hégésippe Huchappin (je ne sais pas si je vous en ai déjà parlé) prétendait que toute formulation de la Vérité est une erreur qui s'ignore (en quoi il n'était pas althussérien du tout, me semble-t-il).Et il ajoutait qu'en sciences "exactes" l'erreur s'ignore un peu moins, il faut lui rendre cette justice. Et qu'en mathématiques elle ne s'ignore plus du tout, s'abritant derrière le "si je ne m'abuse" de l'axiomatique. Nous comprenions "si jeune ma buse", et cette allusion à un rapace bien à tort décrié nous plongeait dans un ravissement durable. Lui s'en amusait, sans en abuser.

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  9. Vous ne m'avez jamais parlé de votre maître mais j'ai appris son existence grâce à quelques indiscrétions médiapartiennes. Je me suis longtemps demandé s'il existait ou s'il s'agissait d'un personnage conceptuel. J'incline vers la seconde option car un être humain ne peut être à la fois si savant et si sage.
    Concernant le jeu de mots (lacanien?), je ne voudrais surtout pas importer ici vos mésaventures médiapartiennes où il était question de gosses sans trique égocentriques ou quelque chose d'approchant...

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  10. "de gosses sans trique égocentriques"
    Le drame, c'est que c'est à peine caricatural...
    Voir L'effet yau de poêle de François Georges, sur Lacan et les lacaniens.


    Sur les sciences humaines, il y a un chapitre (difficile - en tous cas pour une bourrique) dans Foucault Les mots et les choses, écrit avant 68.

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  11. à Melchior

    Je suis bien d'accord avec votre maître d'école 3H, voyez plutôt:

    En défense d’un rapace.
    (histoire naturelle)

    Si je ne m’abuse
    Notre soeur la buse
    Passe comme le butor
    À mon avis c’est à tort
    Pour un oiseau bête et fort
    Et peu porté sur la ruse

    L’animal serait
    Assez peu futé

    Et manquant d’intelligence
    Son cerveau ne brillerait
    Point trop par la fulgurance

    Pourtant j’appelle à respecter
    L’éminent accipitridé

    Le terme employé vous paraît-il louche
    Prétendez-vous qu’il n’en est pas besoin
    Reconnaissez plutôt qu’il vous en bouche
    Un coin

    Le rugueux rapace
    Sait en se servant
    Du vent
    Maîtriser l’espace

    Souvent
    La buse efface
    De la surface
    Des champs
    Petits nuisibles et serpents
    D’une façon très efficace.

    (décembre 2007)

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  12. Mais je suis bien d'accord avec vous, tant sur Lacan que sur la détente.

    Le poème d'Aglaé (c'était feue la tante de mon gentil petit camarade Griffollet) est ici:
    http://daglachat.blogspot.com/2006_11_01_archive.html

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  13. Réponses à Farid et à Melchior

    Merci, Farid, d'apporter de l'eau à mon moulin.
    Ce que vous décrivez est exactement le processus habituel: le Symbolique devient le garant de la norme... la plus normative. Avec tous les gros poncifs non critiqués, et donc posés comme des faits quasiment de "nature", à l'appui.

    Certes, Melchior, il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain... mais le négatif était probablement en germe chez Lacan lui-même.Trop d'opacité, par définition, nuit à la clarté...

    C'est bien de son vivant que, suite à son adage "le psychanalyste ne s'autorise que de lui-même", et la façon très opaque dont il organisa "L'école Freudienne", essaimèrent tous ces psychanalystes qui exerçaient sans contrôle la psychanalyse dans les cabinets privés et dans les institutions.

    La psychanalyse pour enfants a toujours présenté des spécificités en regard de celle de l'adulte.Lacan ne la pratiquait pas lui-même, mais il l'acceptait, heureusement (Maud Mannoni, Françoise Dolto...). Ce n'était pas une cure classique sur le divan, et elle apporta beaucoup de choses au niveau théorique et au niveau pratique... quand elle était appliquée à des troubles qui relevaient de son indication.Ce n'est évidemment pas cela que je dénonce, mais l'hégémonie d'un courant.

    Il y eut du mouvement chez Lacan - quand il critiqua la normativité d'une certaine psychanalyse "adaptative" - , puis de l'immobilisme, quand il se mit à construire une théorie hermétique (objet d'exégèses permanentes)et finalement figea dans l'Ordre Symbolique la norme sociale. On remarque que souvent, les psychanalystes lacaniens sont au premier rang pour s'opposer à certaines mesures sociales qui rompent avec la pensée straight.

    A mes yeux, l'adhésion préalable aux normes sociales - non reconnues en tant que telles, et non subverties au travers d'abord de sa propre analyse, puis d'une implication politique - est en quelque sorte "rationalisée" dans toutes ces théories fixistes.

    En contraste, c'est parce qu'elles ont une analyse politique subversive que des psychanalystes comme Geneviève Delaisi de Perceval ou Elisabeth Roudinesco (lacanienne, mais également un temps althussérienne, et ayant une approche historique de la psychanalyse) prennent des positions sur les normes sociales (homosexualité, homoparentalité...)en rupture avec la pensée straight.
    Cela dit, il serait dommage que Lacan devienne un point de fixation dans cette discussion... même si je déplore l'opacité de son discours, qui a conduit des milliers de personnes dans des exégèses infinies, indéfinies et contradictoires de sa pensée...

    Comme dirait peut-être le sage HHH (Maître Hubert-Hégésippe Huchappin), tout ce qui se pense clairement doit s'énoncer clairement. Surtout dans un domaine comme celui de la psychologie. Et toute opacité peut être légitimement suspectée: d'enfoncer des portes ouvertes, de conforter l'air de rien des normes sociales, et/ou d'assurer un pouvoir.

    Cher Melchior, Bourrique savante, soyez certain que mon problème n'est pas que le lacanisme ait été construit de façon "pure" par Lacan, "déformé" par son gendre, ou "dévié" par des gens bornés ou aveugles.

    Mon souci est de mettre en cause des discours et des pratiques qui se réclament d'un courant psychanalytique hégémonique. Ces discours et ces pratiques ont abouti (a) à bloquer l'avancée des connaissances dans certains domaines, (b) à conforter des normes sociales, (c)et à maltraiter des enfants.

    De plus, comme souvent, en réaction à cette hégémonie de "Vérité", s'oppose une autre hégémonie de "Vérité".

    En gros, au "tout psychologique" on opposerait volontiers aujourd'hui le "tout génétique" ou le "tout cérébral".

    Un dangereux effet de balancier qui nuit à l'approche pluridisciplinaire et intégrative qui, plus particulièrement en psychologie, semble la seule issue...

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  14. Merci Monica pour ce billet est fort intéressant !
    C’'est à se demander si, pour ce qui concerne les enfants, l'influence lacanienne n'a pas transpercé d'autres domaines que celui de la psychiatrie comme celui, plus large de la rééducation : kinésithérapie, psychomotricité, ergothérapie, etc.

    Dans de nombreux centres (comme les centres d’action médico-sociale précoce), les parents sont effectivement considérés, de mon point de vue, comme des « ennemis » du travail de rééducation, et ne peuvent s’impliquer dans le travail de rééducation, les thérapeutes ayant peur que les parents ne deviennent des « parents-thérapeutes ».

    Je crois donc que dans beaucoup de domaines la France à 30 à 50 ans de retard, tandis que dans d’autres pays, comme le Brésil, mais bien d’autres pays d’Europe également, la collaboration avec la famille est valorisée comme étant nécessaire. Dans ces pays, on prône l’initiation des parents au suivi thérapeutique avec inclusion dans la vie quotidienne à domicile, sous supervision par des professionnels compétents de plusieurs disciplines.

    Je ne comprends pas pourquoi il y a en France une telle peur et un tel refus d’inclure les parents dans l’acte thérapeutique ? Les parents doivent « rester à leur place » (mais au fait c’est quoi un parent) au risque de « courir à la catastrophe ».

    Lawally.

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  15. Merci, Lawally, de ce commentaire, qui pose une question fondamentale, débordant le seul cadre "psy", et concernant plus largement le "soin de l'enfant".

    Il semble, en effet, que les Centres d'action médico-sociale précoce subissent la même influence idéologique que certains centres "psy", où s'exerce la triade: savoir/pouvoir/rejet des parents.

    Les parents en France, pour des raisons qu'il serait important de décortiquer - puisque cela se passe différemment dans d'autres pays - sont perçus comme des "suspects", devant se tenir "à leur place", dont on ne sait jamais ce qu'elle doit être, comme vous le dites !

    Lorsqu'ils ont un enfant handicapé, on leur demande d'être "parents" et de ne pas être "éducateurs" ou "thérapeutes".Mais la fonction d'un parent ne se résume pas à donner à manger, à changer les couches: elle est d'aider l'enfant à grandir, en tenant compte de ce qu'il peut faire ou ne pas faire, de ce qui peut faciliter ou entraver ses apprentissages et son développement.

    Dès lors, vouloir "remettre la parent à sa place" est un non-sens et une violence, qui laissent la personne encore plus désemparée.

    Tout se passe comme si, en France, la notion d'"alliance thérapeutique" n'avait pas de sens, voire était invalidée.

    C'est une question qu'il est donc urgent de creuser.

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