samedi 25 septembre 2010

RETOMBER SUR SES PATTES







RETOMBER SUR SES PATTES

(ou: de la raison humaine et des complots)


par Melchior


L’enfant sur mon dos à califourchon, je trottais, en route vers une plage de la Loire.

- «Oh, combien de marins, combien de capitaines» (déclamait Lili dans le vent, je ne saurais dire pourquoi, cramponnée à ma crinière).

Devant nous, l’abbé Lélaine, allègre, pédalait, bien droit sur sa bicyclette, hollandaise de conception autant qu’ecclésiastique de style. Encore devant, le véhicule électrique et municipal de Guy Puckipett, avec son gyrophare, condescendait à accorder son allure à celles, bien réglées, de l’homme de Dieu et de la bête du Diable. Sur la plateforme arrière, Augustine, la mercière du village, et mes deux oies de compagnie, Immanence et Multitude, nous encourageaient de la voix et du geste.

Bientôt nous arrivâmes en vue des berges du fleuve royal, lieu de notre promenade post-prandiale. Mais passons tout de suite au débat qui occupa Guy, le garde-champêtre de chez nous, Augustine, la mercière, et l’abbé, le desservant (il a bien du mérite) de Saint-Isidore-en-Val, ainsi que trois promeneurs trouvés sur place, échappés d‘un colloque voisin, dont mon cousin Griffollet, grand faiseur de vers et d’embarras, tandis que Lili et les z’oies zouaient hum, les joies jouaient (oh et puis zut) comme un enfant sage et des volailles de sens rassis, et que je m’astreignais, pour exercer mes neurones, à suivre à la fois les jeux et la joute verbale, ou plutôt la double joute, car il se forma bientôt deux trios de brillants causeurs.

- La raison humaine (disait en substance Augustine à un couple de jeunes étudiants) est passée par quatre étapes, de très inégale importance chronologique, et qui s’emboîtent de façon encore plus compliquée que les poupées slaves. Que l’on nommera: archaïque, logique (aristotélo-cartésienne, pour faire pédant), dialectique (hégélo-marxiste), dialogique enfin (qui s’attache à l’hypercomplexité des choses et de notre regard sur elles), chacune englobant, niant et accomplissant à la fois les précédentes.

- Aufhebung ! (dis-je)

- Tiens, l’âne éternue (dit l’étudiante, elle se nommait Raphaëlla).

- Hum, non, je crois (dit Augustine) qu’il marmonne en allemand, il a appris quelques rares rudiments de cette langue d’une chèvre à fort tempérament.

- Bien donc, quatre étapes: une, deux, trois et quatre (dit le jeune homme - je crois qu’il s’appelait Raphaël - pour faire avancer la discussion).

- Une, deux, trois, quatre (reprit au bond Lili), il faut faire de la gymnastique.

Ce à quoi elle s’employa en compagnie des oies, qui comiquement s’efforcèrent de toucher en cadence le bout de chacune de leurs pattes palmées avec le coin de l’aile opposée.

Je me rapprochai de l’autre groupe, on y causait complot:

- «Les complots et conspirations. Dame il en est beaucoup question. Et chacun y va de son interprétation. Pour ajouter foi ou toute autre réaction» (disait Griffollet, poète (*) en rupture de colloque - entre nous, un peu imbu de sa personne, et toujours à se lécher le poil d’un air fier de félin qui feule en vers, mais z’enfin…)

- Les théories des complots, certes, vont bon train (dit l’abbé Lélaine) et l’ensemble des interventions sur ce thème dans les médias est marqué par une belle cacophonie…

-… dans laquelle on peut relever une certaine harmonie sous-jacente, malgré tout (dit Guy).

- «C’est pour mieux t’endormir, mon enfant !» (dit l’abbé), on tombe vite dans le délire et la déraison.

«Tiens oui, pensai-je, la déraison est aux limites externes de la raison, or la raison… retournons voir ce qu’ils en disent de ce côté.»

- La pensée archaïque, ou prélogique (disait Raphaël), ou magique, travaille sur les correspondances, les analogies (dont la poésie continue à bon droit à faire son lait et son miel).

À ouïr ce propos, je fus tenté d’aller demander l’avis de Griffollet, mais jugeai que le risque était trop grand de déclencher un exposé magistral, ennuyeux et pédant. Je m’abstins donc, et tendis une oreille distraite:

-…fonctionne à la tradition…

- …exemple typique: la danse pour faire venir la pluie; elle est d’ailleurs très efficace si le sorcier sait la convoquer à l’approche de gros nuages, encore invisibles pour les gens du village, et dont il est seul averti par SMS (signaux de météo sioux) envoyés par ses confrères...

Sur ce je dus galoper au bord du fleuve, où les oies, et Lili qui s’était instituée leur gardeuse et munie pour cela d’un frêle mais long bâton fourchu, se tenaient immobiles de façon suspecte; quelle bêtise avaient-elles en tête?

- Que faites-vous donc, toutes trois ici séantes comme des sénatrices?

- Dis, l’âne, si nous restons sans respirer pendant un quart d’heure, est-ce que ça empêchera la Loire de couler ?

- Si vous restez absolument immobiles et retenez votre respiration quinze minutes, soit le temps de compter posément jusqu’à mille, alors peut-être…

Elles s’y essayèrent. Cela dura bien 30 milliards de nanosecondes, puis elles trouvèrent un autre jeu.

Revenu près des logiciens, j’entendis:

- Ça a duré 700 000 ans, ou plus, et certains y sont encore rivés… Puis l’esprit vint, qui mit un peu d’ordre.

«Allons voir à côté», (me dis-je).

- Le propre du (disait l’abbé Lélaine) complot, réel ou imaginaire, c’est de «faire système», comme on dit. L’existence de complots ne semble pas douteuse, mais c’est le Grand Vilain Méchant Complot qui fait problème. Et je tiens que l’idée qu’on se fait de l’ampleur des complots est fonction de la conception qu’on a des «Forces du Mal» (même chose pour les vertus que l’on reconnaît à la Raison). Et le complot fonctionne comme l’Au-delà, il n’a pas besoin d’exister pour produire des effets sur ceux qui se croient concernés.

- Mais qu’est-ce qu’un complot, d’abord, petit ou grand ? (se demandait Guy à voix haute) On y retrouve quelques invariants: le Mal est à l’œuvre (le Mal, par nature et constitution, complote), il est malveillant (pour sûr: c’est dans sa nature), il avance masqué, il est organisé pour comploter. Et cependant il offre une faille: il donne prise à la dénonciation et on peut le conjurer (moyennant un rachat, une action conjuratoire, et à condition de s’y prendre à temps).

- Récapitulons (dit l’abbé): il y a une puissance mystérieuse et prestigieuse, qui veut notre mal, se cache et nous ment (et, quand même, fait l’objet d’une dénonciation qui peut éventuellement nous permettre de la déjouer); le complot forme un système: il a des frontières - puisqu’il y a un monde hors complot - des éléments -les illusions qu’il distille - un noyau: la volonté rusée de l’entité malveillante. Et ajoutons: chez le sujet, au choix, une disposition à nier ou à accepter cette idée qu’il y a un complot.

«Si ça se trouve, il y a un hypermégacomplot, ignoré, et dont pour cette raison on ne peut rien dire; car, ce qu’on ne peut dire, il faut le taire, selon Wittgenstâne. Bon, ben, retournons voir par ici.»

- La logique codifiée (disait Raphaël) par Aristote et qui trouve son apogée avec Descartes, fonctionne à la raison raisonnante: l’être est, le non-être n’est pas. Le tiers-exclu. Tout ça.

Il me revint une réplique de comédie:

«d’un côté la vérité, et de l’autre le mensonge; au milieu, les bras croisés, Chiffonnet calme et serein» (Labiche, Le Misanthrope et l‘Auvergnat)

- Cette raison prétend (dit Augustine) séparer nettement les choses certaines et les choses douteuses.

- Quand les choses changent (dit Raphaëlla), c’est mécaniquement (mécanique céleste pour Aristote, qui se plaque sur le vivant de façon magique - l’interprétation du cours des choses fait intervenir le pré-logique !),car la mécanique des nombres, pour Descartes ou Newton…

- J’ai fait (dit Raphaël) une dissertation là-dessus autrefois. Il entreprit d’en réciter des morceaux.

- …cette logique fixe, immobilise, fige ce qui bouge, pour mieux l’examiner hors mouvement. Mais hors mouvement les choses ne sont plus ce qu’elles sont…

Lili et les oies observaient (nouvelle occasion de retenir leur respiration) un papillon occupé à pomper le suc d’une fleur…

- Mais il faut redonner le mouvement à l’objet observé pour en parfaire l’observation.

Le papillon s’envola en battant des ailes.

- Quand je serai grande, je serai éthologiste (dit Lili)

- Éthologue, on dit. C’est la grâce qu’on te souhaite (lui dit Augustine). Certains animaux ont beaucoup à apprendre aux humains (ajouta-t-elle, pensive, en regardant les oies, parties nager, tranquilles).

- Il me semble (dit Raphaëlla), que la musique anticipe sur la suite: Bach est déjà diablement dialecticien, non?

- Je suis, hélas (dit Augustine), trop ignorante en musique pour vous répondre. Il faudrait peut-être voir ce qu’en dit Douglas Hofstadter? (**)

« La musique va devant. Il ne faut pas aller plus vite que la musique!» (conclus-je pour moi-même).

À côté, l’abbé s’écoutait parler, l’on l’eût cru en chaire:

- L’idée qu’une personne se fait de l’ampleur des complots qui la menacent et menacent le monde dans lequel elle vit est fonction de la conception que cette personne se fait des «Forces du Mal»…

«Et il en va de même sans doute» (pensai-je) «pour les vertus que l’on reconnaît à la raison.»

- De là provient l’idée (poursuivait l’abbé) qu’on se fait de la force complotante, de l’issue salvatrice éventuelle, et des interstices du dispositif, par où, éventuellement, la Lumière se laisse apercevoir.

- Ainsi (dit Guy), de la façon dont le sujet se figure la puissance du Mal, se déduirait une théorie du complot.

- Et selon sa propre confiance en soi, certainement ! (dit Augustine, qui s’était rapprochée). Mais continuez, l’abbé.

- Ainsi, pour un catholique, si je prends un exemple au hasard…

« Tiens pardi!» (me dis-je)

- …pour lui le Mal est très puissant, et menace à tout moment d’engloutir le pécheur, mais celui-ci peut résister, avec l’aide de Dieu, s'il l‘implore.

« C’est du moins le dogme» (pensai-je)

- De même Blaise Pascal, dans son fragment du «roseau pensant», imagine brièvement l’univers entier se liguant contre l’homme.

- Mais c’est juste (dit Guy) une hypothèse passagère, tout comme le «malin génie» cartésien. Curieux, c’était dans l’air du temps…

- Tandis que (dit Augustine qui s‘était rapprochée un moment) l’antisémite imbécile croit dur comme fer…

«Croix de fer je vais en enfer…»

- …avoir affaire à un complot juif mondial, et cette fantasmagorie ne fait que refléter de façon paranoïaque la noirceur de ses propres affects.

«Hum, en forme, l’Augustine. Mais j’ai déjà entendu tout ça. Tiens, Griffollet est allé tenir compagnie aux tourtereaux; allons voir».

De ce côté, on roucoulait ferme (et tendre à la fois):

- Avec Hegel vient la dialectique, qui se matérialise chez Marx.

- Matérialise? (dit Raphaëlla) Comme un fantôme?

- Grand bien (dit Griffollet) lui fasse. Couvert de son linceul pour se voiler la face..

- Au sens de: devient matérialiste.

- Ici, même le certain devient douteux, et réciproquement.

Raphaël et Raphaëlla ouvraient de grands yeux en s’écoutant l’un l’autre.

- On peut prendre des exemples en économie, où la valeur produite devient valeur dépensée, où la concurrence tend vers le monopole, et ainsi de suite (en particulier, on ne saurait opposer longtemps l’investissement et la consommation…).

- La logique précédente, celle d’Aristote et de Descartes, n‘est pas fausse: c‘est un moment de celle-ci, la dialectique. De la même façon que la théorie des nombres réels englobe et approfondit celle des entiers.

- Et elle est elle-même un moment de la suivante, tout comme les nombres complexes englobent les réels. Et ainsi de suite..

- Mais pourquoi n’a-t-elle pas prospéré?

- Le malheur veut qu’elle ait été schématisée, dogmatisée, mécanisée, transmuée en lit de Procuste pour la chose appréhendée, sommée d’entrer dans les schémas de pensée. Les marxistes se sont moqués de la belle machine hégélienne implacable et coupée du réel. Or leur propre machine a eu le même destin. La faute à ses utilisateurs bien plus qu’à ses concepteurs.

À côté:

- Il faudrait faire (dit Guy) une typologie des visions des complots. Il y en a des petits, des moyens, des grands, et quelques immenses…

- Et selon la vision qu’il retient (dit l’abbé), le sujet répond différemment: agression, fuite, adaptation…

- Adaptation?

- Oui: soumission, composition, tentative de dynamitage.

- Et cela suivant son investissement psychologique dans la théorie du complot (indépendamment du degré effectif de réalité dudit complot). C’est assez compliqué, tout ça.

Griffollet me dit alors:

- Laissons-les patauger dans cette pataugeoire. Que deviennent les oies et Lili près la Loire?

Elles étaient en train de jouer à une variété de Jeu de l’Oie plus ou moins combinée de «Un deux trois, soleil !», et je m’éloignai, sans les perdre de vue, tout en tendant de nouveau l’oreille vers les logiciens.

- Vient enfin la dialogique, ou raison de l’hypercomplexe, chère à Edgar Morin. Avec elle le doute et la relativité sont incorporés aux certitudes, avec lesquelles ils sont imbriqués comme dans des graphiques fractals.

«Ah, offrir à Lili des puzzles à bords fractals… C’est irréalisable, hélas !» (pensai-je) «Car le découpage des pièces ne finirait jamais».

- Comme son nom l’indique, la dialogique est au-delà des facilités mécaniques des précédentes. Une chose que l’on affirme est par principe certaine et douteuse et ni l’un ni l’autre.

-Hum… voilà qui est à la fois peu compromettant et paralysant! (dit Guy Puckipett, venu lui aussi écouter un bout du dialogue). Comment pourrai-je encore dresser procès-verbal si je ne puis certifier que le contrevenant contrevenait, que je l’ai vu, de mes z’yeux z’assermentés vu, contrevenir?

- Oui, je comprends votre souci, dit Griffollet.

«Comment pourrai-je encor dresser procès-verbal, Si le doute et le vrai sont en rapport fractal?».

Mais ce qui vaut pour la vérité philosophique ou scientifique ne vaut pas pour le Droit, qui tout comme l’informatique fonctionne en binaire.

- Vous me rassurez, poète, et je vous en remercie.

- «Il n’y a certes pas de quoi. Force en tous cas reste à la Loi».

Les deux groupes s’étaient maintenant réunis.

- La pensée de l’hypercomplexe (disait Raphaëlla) sait bien qu’elle englobe et dépasse la raison dialectique, dont elle est issue. En revanche la logique dite cartésienne se croyait trop détachée de la prélogique, dont elle avait tendance à nier l’efficacité… En politique pourtant, et dans le domaine de la consommation (peut-être aussi dans les rapports amoureux..) les gens continuent à penser traditionnel (au mieux common decency au pire magie pure). Pas facile de débroussailler tout cela.

« En effet!» (pensai-je) «Mais elle va un peu vite, non?»

- En tout cas le mot: «hypercomplexe» ne doit pas intimider (cela sans doute mériterait un développement), la simplicité n’est pas exclue. En règle générale, les outils compliqués (pourvu qu’ils soient robustes) rendent la vie plus simple (dans leur usage ! Les obtenir et déchiffrer le mode d’emploi, c’est parfois toute autre chose). Le mieux est peut-être de se reporter à ce que dit Edgar Morin lui-même.

La belle enfant sortit de son sac à dos un petit livre, et s’empressa de retrouver un passage marqué d’une image (pieuse assurément, si l’on en croit l’intuition de l’abbé Lélaine - consultée plus tard -), passage dont elle nous fit lecture, ai-je dit qu’elle avait une jolie voix?

- «La science elle-même obéit à la dialogique. Pourquoi? Parce qu'elle n'a cessé de marcher sur quatre pattes différentes. Elle marche sur la patte de l'empirisme et sur la patte de la rationalité, sur celle de l'imagination et sur celle de la vérification.» Qu’est-ce qu’il a, cet âne, à piaffer comme une jument capricieuse?

En effet j’avais frappé le sol bruyamment du sabot antérieur gauche à «empirisme», de l’antérieur droit à «rationalité», du postérieur gauche à «imagination», du postérieur droit à «vérification». Ayant ainsi souligné les propos du philosophe, je me tins immobile et coi. Raphaëlla reprit sa lecture:

«Or, il y a toujours dualité et conflit entre les visions empiriques, qui, à la limite, sont purement pragmatiques et les visions rationalistes qui, à la limite, deviennent rationalisatrices et rejettent hors de la réalité ce qui échappe à leur systématisation. Ainsi, rationalité et empirisme»…

Piaffe et piaffe devant!

-… «maintiennent une dialogique féconde entre la volonté de la raison de saisir tout le réel et la résistance du réel à la raison. En même temps, il y a complémentarité et antagonisme entre l'imagination qui fait les hypothèses, et la vérification, qui les sélectionne.»

Piaffe et piaffe derrière!

- «Autrement dit, la science se fonde sur la dialogique entre imagination et vérification, empirisme et rationalisme. Et c'est parce qu'il y a dialogique complexe permanente, à la fois complémentaire et antagoniste, entre ces quatre pattes de la science, que celle-ci a progressé.»

Je fis une sorte de tricotin des quatre pattes, imité par Lili et les oies, qui riaient comme des petites folles.

- «Le jour où elle marcherait sur deux pattes»…

Je me cabrai et fis deux pas.

- … «ou deviendrait unijambiste»…

Je tentai de rester debout sur la patte de l’empirisme. Lili et les oies réussirent très bien cet exercice, mais moi…

- … «la science s'effondrerait.»

… et c’est bien ce qui m’arriva. Hésitant - c’est bête - entre imagination et vérification, je fis une cabriole hypercomplexe et me retrouvai les naseaux dans le sable…

- «Bon, voilà ton raisonnement qui a le nez cassé», (dit Griffollet citant Dom Juan).voire le sable dans les naseaux; je m’en débarrassai en soufflant fort.

- Dites donc, je crois bien (dit Raphaëlla) que votre âne est pris de convulsions.

- Ne vous inquiétez pas pour lui (dit Augustine en riant).

En effet, je me relevai sans mal, et bougeai les oreilles comme si de rien n’était. Et Raphaëlla de conclure:

- «Autrement dit, la dialogique comporte l'idée que les antagonismes peuvent être stimulateurs et régulateurs.» (***)

- Minute (dit Lélaine). Je crois que je connais ce texte. Il y a quelque chose, juste au-dessus de ce que vous venez de lire…

Il prit le livre des mains de l’étudiante (ai-je dit que Raphaëlla avait de jolies mains?), retrouva le passage, et lut:

- Le principe dialogique nous apprend que "Les trois aussi peut être un. La théologie catholique l'a exprimé dans la trinité où les trois personnes n'en font qu'une tout en étant distinctes et séparées". Ainsi la dialogique nous permet d’approcher le mystère de la Sainte Trinité.

« Bien ce que je disais: la Divinité ne doit pas être enfermée dans un nombre entier!» (pensai-je à part moi)

- «Bel exemple de complexité théologique où le fils régénère le père qui le génère et où les trois instances s'entregénèrent.»

- Allons (dit Guy), ne la ramène pas trop, curé…

- Mais c’est dans le texte de Morin!

Ils s’approchèrent tous pour voir. Puis, ayant vérifié, ils poursuivirent leur discussion.

- La raison peut-elle être (demandait Augustine), et dans quelle mesure, un instrument contre les complots? Si les choses conspirent à me nuire, je puis les conjurer par magie, ou bien analyser leur agencement complotiforme (analyse logique, ou dialectique, ou dialogique…) afin de les combattre avec la stratégie idoine et les moyens adéquats. Mais où sont nos deux étudiants?

- Ils se sont mis à l’écart (dis-je) pour un petit a parte.

- Ils sont sûrement en train de se frotter le lard (dit Lili).

- Il n’y a plus d’enfants (commenta Guy).

- Je pense (dit l’abbé) qu’ils se sont mis en tête d’expérimenter l’hypercomplexité. Pax vobiscum! (fit- il en direction des fourrés)

Notre curé fait preuve, sur certains points, d’un libéralisme certain, quant aux mœurs.

Nous nous offrîmes une collation d’après-midi; dès lors les propos devinrent encore plus décousus, s’il est possible. J’intervins quand j’entendis:

- En définitive, il ne faut pas désespérer de la raison humaine.

- La raison humaine (m’écriai-je), eh mais, je connais; mon maître, Hubert-Hégésippe Huchappin, avait coutume de nous en parler, du temps béni que, jeune ânon, je fréquentais l’École de Longues z’O. Il nous faisait recopier cette citation, traduite du grec moderne:

«Le derrière de la meunière, c’est la raison humaine.» (****)

Et il nous le (la) faisait représenter, abondamment, lors des cours de dessin. Bien plat(e) et de profil à l’égyptienne, ou de façon classique avec perspectives donnant l’illusion des trois dimensions (mais encore immobile) et en représentation cubique, ou bien en dessins animés et vidéos.

- «Je hais le mouvement qui déplace les lignes», disait mon confrère Baudelaire (fit Griffollet)

- Mais c’est la chute de reins de la meunière qui fait tourner le moulin de la raison: rien qu’à la voir le vent se met à souffler et l’eau à couler.

Sur ce, Raphaël et Raphaëlla s’en revinrent, un peu ébouriffés. Ai-je dit que Raphaëlla avait une fort jolie chute de reins? Tant au repos, qu’en mouvement. Ils se jetèrent sur ce qui restait des tartes z’aux z’abricots.

Les autres participants se mirent à parler tous à la fois.

Comment réagir face à un «complot» (réel ou supposé) selon les quatre logiques prises successivement. Les croyants des complots ont des âmes de contre-comploteurs… Et d’une manière générale, les grands complots sont pour les petits logiciens, et les petits pour les grands. On peut se sentir submergé par le mal. Ou quasi, mais les trois Participants à la Sainte Trinité depuis leur hélico laissent tomber une échelle de corde pour sauver le naufragé avisé, qui doit saisir l’occasion. Ou bien on fait face avec les moyens de la raison. Encore faut-il déterminer quelle est la raison raisonnable (c’est très subjectif).Raison de Rimbaud: Un coup de ton doigt sur le tambour… La raison du plus fort (ultima ratio). L’entendement est le premier à dire qu’il y a des choses qui le dépassent.

-I’ve know that (I said) for donkey’s years. (Je sais tout ça depuis belle lurette).

Craignant les caprices de la météo, nous prîmes le chemin du retour, Raphaël, Raphaëlla, sur leur tandem, et Griffollet dans un panier sur le porte-bagages: « Ô vents ô vents. Je viendrai me soumettre à vos souffles souvent», vers le château où se tenait leur colloque, et nous autres vers Saint-Isidore-en-Val, dans le même équipage qu’à l’aller, sauf les oies, qui préférèrent voler, pour se donner de l’exercice de plein air en toute sécurité avant l‘ouverture de la chasse.

- Il faudra (dirent-ils tous d’une seule voix au moment de se séparer) poursuivre la réflexion et les recherches, et la réflexion derechef.

- Mais comme disait notre bisaïeule, qui était volaille chez Delphine et Marinette (dirent les oies sur le point de prendre leur envol), cela est certes très beau, mais nous aimerions mieux apprendre à ourler des torchons.

Et hi han hue donc.

«Ô flots, que vous savez de lugubres histoires !» (déclamait Lili dans le vent, je ne saurais dire pourquoi, cramponnée à ma crinière).

(*) www.daglachat.blogspot.com

(**) Douglas Hofstadter Gödel Escher Bach les Brins d’une Guirlande Eternelle

InterEditions 1985

(***) E. Morin, Science avec conscience, Paris, Fayard,1982, 2ème édition, 1990 (p:176-177)

(****) Nikos Kazantzaki Alexis Zorba, p:18

70 commentaires:

  1. Oh mon cher Melchior, hi hi han... quel âne gracieux vous faites!

    Vous nous apportez en cette morne fin de Septembre un délicieux et nutritif récit. Nutritif pour la pensée, hein, ze le dis tout net: une fois n'est pas coutume, ze ne m'étalerai pas sur la tarte aux abricots dont ze ne vois (hum) que des noyaux...Mouais.

    Délicieuse promenade en compagnie de nos amis de Saint-Isidore- en-Val, auxquels se sont joints deux nouveaux, Raphaël et Raphaëlla... Bienvenue à ces deux êtres charmant et érudits, qui n'hésitent pas à faire bande à part derrière les fourrés pour expérimenter l'hypercomplexité, et en revenir tout ébouriffés (hi hi).

    Ce facétieux Melchior n'hésite pas à pratiquer l'art de l'auto-dérision (qui n'est pas donné à tout le monde) et à en faire profiter son vieux pote ronronnant, poète à ses heures, Griffollet le c(h)anaillou.

    Laissez-moi, avant de jouer les écureuillettes savantes sur les sujets de fond ici traités, me régaler du statut social de la bisaïeule de Multitude et Immanence, qui était volaille chez Delphine et Marinette et de la leçon inaugurale (hum hum) reçue par Melchior de son bon Maître Hubert-Hégésippe Huchappin: Le derrière de la meunière, c’est la raison humaine...

    RépondreSupprimer
  2. Beaucoup de choses "me parlent" dans ce texte.

    La raison humain, dit notre amie Augustine, est passée par quatre étapes: archaïque, logique (ou aristotélo-cartésienne), dialectique (hégélo-marxiste), dialogique (qui s’attache à l’hypercomplexité des choses et de notre regard sur elles), chacune englobant, niant et accomplissant à la fois les précédentes.

    La "supériorité" de la dialogique, ou pensée de l'hypercomplexe selon Raphaëlla, est de connaître ses liens avec la raison dialectique dont elle est issue, qu’elle englobe et dépasse. En revanche la logique dite cartésienne était dans un mouvement de déni à l'égard de la prélogique, dont elle se croyait trop détachée et dont elle avait tendance à nier l’efficacité.

    Cela me rappelle la théorie des "stades" de développement de l'enfant, qui ne conçoit pas que les phases ou stratégies naissent les unes des autres, se chevauchent, se servent de passerelles d'accès et sont dans un remaniement perpétuel par un effet de cristallisation, de métabolisation: en somme de réécriture sans effacement ni rupture.

    Evidemment, en disant cela, on sent bien que l'on donne à la pensée de l'hypercomplexe une forme de supériorité sur les autres. C'est pourquoi j'ai mis le mot supériorité entre guillemets tout à l'heure. Mais le fait de pouvoir analyser d'où l'on vient, de mesurer les effets de l'histoire sur l'ici et maintenant, donne indéniablement un recul et une possibilité de douter, de ne pas s'accrocher à des croyances de bigot qui clôturent la pensée.

    RépondreSupprimer
  3. Sur le complot, il y aurait beaucoup à dire. Le problème est que ce terme est connoté d'éléments péjoratifs. Avec la mode psychologisante qui est puissamment à l'oeuvre, il devient très vite synonyme de délire paranoïaque: un système clos qui renverrait en boucle infini à lui-même.

    Ce qui éveille l'attention, c'est que l'on parle souvent de "complot" pour dénoncer des situations de pouvoir souterrain, occulte. Et, par définition, l'occulte implique le secret, l'inconnu. Celui qui émet l'hypothèse du complot peut (ou doit d'une certaine façon?) forcer le trait, puisqu'il veut mettre en transparence quelque chose d'opaque. A l'inverse, celui qui exerce le pouvoir occulte a intérêt à rester dans l'opacité, et à invalider en traitant de "paranoïaque" tout ce et ceux qui le révèlent.

    De ce fait, je reste toujours très prudente devant les critiques adressées sans nuances aux théories que l'on appelle du "Complot". La caricature mise en oeuvre par les dénonciateurs anti-comploteurs ne doit pas occulter la parcelle de vérité qu'elles révèlent.

    Les dénonciations des lobbys pharmaceutiques, militaires, industriels, islamistes, francs-maçons, etc recèlent un grain de vérité.

    RépondreSupprimer
  4. Aucun doute qu'il existe des complots, des conjurations, des coups montés... La trame de l'Histoire en est faite. Où la traque des complots devient malsaine, c'est lorsque tout événement est rapporté à un grand vilain méchant complot universel fomenté par de grands vilains méchants comploteurs, toujours les mêmes, qui ne sont que la projection de la part noire de la psyché des dénonciateurs du grand complot (il faudrait développer, bien sûr).

    RépondreSupprimer
  5. Le gouvernement chinois fait état d'une sorte de complot après l'attribution du Prix Nobel à Liu Xiaobo, 54 ans, un "criminel" pour Pékin, qui purge une peine de 11 ans de prison pour "subversion du pouvoir de l'Etat" après avoir été l'un des auteurs de la "Charte 08" réclamant une Chine démocratique. Conséquence prévisible: un gros tour de vis.

    La police a arrêté dans plusieurs villes dont Pékin, Shanghai (est) et Jinan (nord), des dizaines de supporters de Liu Xiaobo qui célébraient vendredi soir son prix, ont indiqué un avocat et une organisation de défense des droits de l'homme. "C'est un vrai casse-tête pour le gouvernement, ils ne veulent pas que les gens sachent".

    Liu Xia, l'épouse de Liu Xiaobo, est arrivée samedi dans la province du Liaoning (nord-est) où il est détenu et devrait le voir dimanche matin.

    Par ailleurs, sept intellectuels chinois ont signé une lettre félicitant Liu Xiaobo, le qualifiant "d'étendard de la non-violence en Chine", a indiqué à l'AFP l'un des signataires.

    Voix officielle du Parti communiste chinois, le quotidien Global Times a estimé que le comité Nobel s'était "déshonoré" et que le prix de la paix avait été "dégradé en un instrument politique au service de motivations antichinoises".

    "Une fois encore, le comité Nobel a montré son arrogance et ses préjugés contre un pays qui a fait des progrès remarquables ces trois dernières décennies dans le domaine économique et social", selon un éditorial faisant référence à l'octroi, en 1989, du Nobel de la paix au chef spirituel tibétain, le dalaï lama.

    "A l'évidence le prix Nobel de la paix cette année est fait pour irriter la Chine", poursuit le journal, mais la Chine va resister aux tentatives visant à lui "imposer les valeurs occidentales".


    Sur les grands portails de l'internet Sina ou Sohu, les recherches "prix Nobel de la paix" ou "Liu Xiaobo" ne menaient nulle part et de nombreux internautes, habitués à une censure omniprésente, évoquaient adroitement Liu sans le nommer.

    Tandis que la télévision officielle était muette, les reportages des chaînes étrangères sur l'attribution du Nobel de la paix, telles l'américaine CNN ou la francophone TV5, étaient censurés.

    L'avocat renommé Mo Shaoping, qui dirige le cabinet qui avait défendu Liu, a expliqué à l'AFP samedi que la Chine devrait être fière que l'un de ces citroyens soit choisi pour le Nobel de la paix.

    "Très peu de Chinois ont remporté de prix Nobel, pas simplement celui de la paix, mais les autres comme les prix scientifiques", a dit Me Mo.

    "Liu Xiaobo a été éduqué en Chine et bien qu'il soit en prison, il vit en Chine. Cela le rend unique. C'est pour cela que les Chinois devraient être fiers de lui".

    Le Nobel "apporte un immense encouragement et soutien à ceux qui partagent ses opinions", a ajouté l'avocat.

    Site du Comité Nobel
    © 2010 AFP

    RépondreSupprimer
  6. Chine:
    on dit qu'il y a "du jeu" au sein du Bureau politique du PCC (mais il ne faut pas prendre ses désirs pour les réalités).


    A propos de la dialogique:
    ... l'invention implique un mécanisme de rapprochement d'idées plus ou moins au hasard suivi d'une sélection en fonction de l'harmonie et de l'adéquation de la combinaison ainsi formée. Pour Paul Valéry, "Il faut être deux pour inventer: l'un forme les combinaisons, l'autre choisit, reconnaît ce qu'il désire, et ce qui lui importe dans l'ensemble des produits du premier." Déjà Saint Augustin remarque que cogito signifie "agiter ensemble" tandis qu'intellego veut dire "choisir parmi".
    (Stanislas Dehaene La Bosse des maths p:235)

    RépondreSupprimer
  7. Cher âne,
    Je me demande tout de même s'il ne faut pas avoir quatre pattes, comme vous l'avez si bien démontré, pour comprendre la dialogique :
    "Le terme de dialogique veut dire que deux ou plusieurs logiques, deux principes sont unis sans que la dualité se perde dans cette unité ".

    J'ai déjà du mal avec la seule logique, ce qui peut s'expliquer n'étant qu'un malheureux bipède. Mais surtout, je ne vois pas principe plus complet, si l'on veut absolument globaliser que la somme de A + non A.

    Toutefois, je conçois que des forces ou des angles différents puissent permettre d'aborder les multiples faces d'un même problème, si tant est que l'on se serve toujours et encore de la logique pour en étayer l'argumentation ^^

    RépondreSupprimer
  8. Cela me rappelle la grande qualité des échanges sur la dialogique entre marc lefrere et renarblanc sur le blog du club med de ce dernier au printemps 2009. Nostalgie - qualité et rigueur - quand tu nous tiens...

    RépondreSupprimer
  9. à Brocéliande

    Je vais essayer de reprendre la question ces jours-ci, mais en deux mots il me semble que la tentative de Morin a deux sources: un, essayer de revivifier la dialectique hégélo-marxiste (la logique "des contraires", qui s'attache au changement et à l'étude des contradictions "dans les choses mêmes), sérieusement sclérosée et stérilisée par la "pensée" stalinienne, deux, aller à contre-courant de la parcellisation de la pensée scientifique, en s'efforçant de jeter des ponts et passerelles entre les disciplines, et de dégager dans chacune les noyaux généralisables qui peuvent servir ailleurs. Ce que je viens d'écrire est d'ailleurs beaucoup trop schématique et partiel.

    RépondreSupprimer
  10. Cher Melchior,

    la "logique des contraires" me fait furieusement penser au fort tropisme qu'exercent sur moi les paradoxes. Rien ici me semble-t-il que les Grecs n'aient déjà pensés. Je n'ai jamais lu Edgar Morin et compte sur vous pour m'en apprendre plus.

    RépondreSupprimer
  11. D'ailleurs, en parlant des Grecs et donc des Chinois, n'aurait-elle pas dû et pu investir dans les ports grecs en lieu et place de ces derniers, histoire de penser et d'aimer ses peuples? Non. Elle ne pense qu'exportation et libéralisme, social-démocratie comprise. Je n'aime plus l'Europe, sa commission libérale et son parlement hors peuple qui conteste ce qu'ils osent appeler le "dumping social".


    Les Pays-bas, qui comptent 35% de logements sociaux, jusqu'alors accessibles sans conditions de ressources, se sont vus, en 2005, reprocher par la commission européenne de disposer d'un parc social surabondant qui dépasse les besoins des personnes défavorisées. En février 2010, le gouvernement néerlandais s'est plié à l'injonction d'en restreindre l'accès, fixant un plafond de ressources à 33 000 euros par an mais conservant 10% des logements pour des attributions à d'autres groupes sociaux. Le Monde

    RépondreSupprimer
  12. Raphaël dit fort justement à propos de la logique aristotélicienne et artésienne: …cette logique fixe, immobilise, fige ce qui bouge, pour mieux l’examiner hors mouvement. Mais hors mouvement les choses ne sont plus ce qu’elles sont… On peut ajouter à cette critique celle de Damasio dans "L'erreur de Descartes".

    Car, en figeant hors mouvement la pensée et la psyché, cette logique binaire occulte une dimension essentielle de leur fonctionnement (l'émotion, le désir, l'affectivité) et en donne de ce fait une approche tronquée, biaisée, erronée.

    Précisément, les approches qui cherchent ce qu'il en est de l'humain dans l'interdisciplinarité frottent leurs modèles théoriques, leurs paradigmes les uns aux autres (ce qui donne parfois de vives étincelles, voire des brasiers) et remettent en mouvement ce que la parcellisation, la focalisation et la segmentation avaient confortablement figé.

    Car, ne nous leurrons pas: il est beaucoup plus confortable de rester dans ses cadres, modèles et paradigmes, de figer l'objet en le tronçonnant, que de le penser en termes dynamiques d'intégration et d'interfaces. "Au secours", crient certaines personnes, "je me perds, cela devient erratique". Hé hé, c'est sûr...

    Attention: je ne dis pas que la segmentation est inutile! Elle est un moment nécessaire dans la recherche. Mais à la condition incontournable que celui qui segmente, tronçonne, et éclaire un coin de l'objet, n'oublie pas qu'il n'en voit qu'un tout petit bout, et qu'il ne comprendra l'ensemble que s'il en a, au départ, une représentation intégrée, où le tout est bien plus que la somme de ses parties, comme disaient les tenants de la Gestalt Théorie.

    Prenons un exemple, celui du traitement intermodal. Nous connaissons les objets en intégrant leurs dimensions visuelles, auditives, tactiles, olfactives... Certains ont d'abord pensé que l'intermodalité était l'addition des modalités. Or il semble n'en être rien. Le cerveau dispose d'aires, de réseaux, et même de neurones, qui assurent le traitement intermodal, ce qui permet d'ailleurs aux personnes qui souffrent de déficits sensoriels de compenser en grande partie leurs troubles.

    RépondreSupprimer
  13. Oui. Pour étudier une espèce de papillons, il est sans nul doute utile d’en autopsier un individu, de le « mettre à plat » (pauv‘bête), de segmenter son cadavre (logique formelle). Au-delà, les dialecticiens s’attacheront à mettre en évidence que le papillon adulte est la « négation » (et en même temps l’accomplissement) de la chrysalide dans son cocon, et même une « négation de la négation », puisque la chrysalide est la négation de la chenille. Quant à l’amateur de dialogique, qui prend au sérieux (sans le dire par peur du ridicule) la maxime « tout est dans tout et réciproquement », il considèrera l’ensemble œufs-chenilles-chrysalides-papillons adultes dans la niche écologique de l’espèce, envisagée dans toute sa diversité et tenu compte l’héritage génétique de la bestiole, et s’efforcera de réunir tous les faisceaux d’explication, et de déterminer ceux qui sont le plus pertinents. Ou plutôt ils rattacheront et s’efforceront, car quelque chose me dit que la dialogique est un sport d’équipe.

    RépondreSupprimer
  14. Je veux bien admettre beaucoup de choses si tant est qu'on me les démontre. Ce monsieur Gestalt a-t-il démontré que Tout était supérieur à la somme de ses parties? Les mathématiques ne sont pas la "vérité" mais une construction de l'esprit qui permet d'approcher au plus près les lois qui nous régissent. L'on sait depuis Einstein que E n'est pas tout à fait égal à mc². Cet outil qu'est la logique permet aussi d'appréhender la complexité de certains problèmes grâce à la mise en équation de toutes ses variables. Bien sûr faut-il encore qu'elles soient toutes connues. Et la multiplicité des angles de vu sur un problème donné, n'empêche pas de devoir toujours s'appuyer sur le principe de non-contradiction : que les carottes sont différentes des poireaux. Ou bien alors, l'on risque de ne plus se comprendre. L'étude des divers phases de l'évolution du papillon, n'empêche en rien de considérer l'évolution du papillon dans son ensemble. Rien qui ne soit là étranger à la logique et au sacro-saint principe de non contradiction. Non?

    RépondreSupprimer
  15. La pensée de la complexité (sans doute Morin a-t-il avancé la notion emphatique d'"hypercomplexité" pour mettre l'accent sur un concept et une approche qui sont l'objet d'une résistance épistémologique et politique) requiert effectivement une multi-, une trans- et une interdisciplinarité.

    Des personnes comme Morin ou Henri Atlan oeuvrent pour cette pensée depuis nombre d'années. Ils sont à eux tout seuls des êtres pluridisciplinaires, dotés d'une qualité qui tend aujourd'hui à se perdre: une vaste Culture polyphonique, qui donne au regard une grande latitude et à la pensée une profondeur de champ inégalée.

    Ainsi, Henri Atlan, savant et philosophe, spécialiste de Spinoza, met en regard la science, les textes bibliques, mythologiques, talmudiques, la philosophie. A travers ses travaux, il pose la question des relations complexes entre la science et l'éthique. Atlan s'interroge sur la compatibilité entre une pensée scientifique préoccupée de déterminisme (trouver "LA CAUSE") et la compréhension des complexités, qui ne peut être qu'une source continue d'INDETERMINISME.

    On comprend pourquoi cette pensée peut gêner. Elle est plus exigeante, oblige à une recherche perpétuelle d'informations contradictoires (qu'elle doit nuancer sans les poser en "noir ou blanc"), à pratiquer le doute et la modestie, à ne jamais penser qu'on a trouvé LA bonne explication, et à tenir compte des fondements historiques, politiques, épistémologiques, horizon indispensable de toute pensée non dogmatique...

    RépondreSupprimer
  16. Ce que tu expliques là Monica, n'est donc pas la remise en cause de la dialectique, mais la multiplicité des regards sur un sujet donné. L'ENS croise ainsi depuis quelques années le regard de physicien sur le biologique ou l'économie. (ceci n'est qu'un exemple). Ce qui est confronté ici ce n'est pas la remise en cause du raisonnement toujours fondé sur la logique, mais le regard de personnes au formation intellectuelle différente sur un même problème. Et cela donne de très bons résultats.

    RépondreSupprimer
  17. @ Brocéliande

    Le fait que le traitement intermodal soit davantage que l'addition de deux modalités, nous l'avons montré à travers plusieurs expériences.

    Par exemple, nous demandons à des personnes de reconnaître des émotions (tristesse, joie, peur, colère, dégoût) par le canal visuel (des visages), par le canal auditif (des vocalisations des mêmes émotions: rire, pleur..) et par l'intermodalité (visage associé à la voix). Les études prouvent que l'identification est plus efficace et plus rapide quand la condition est intermodale (voix + visage) que lorsqu'elle est issue d'une seule modalité.

    Les chercheurs qui travaillent sur le cerveau ont montré que cette force de l'intermodalité s'expliquait par le fait que lorsque nous percevons des objets faisant appel à la vision et à l'audition, nous ne mettons pas en jeu seulement la zone de l'audition plus la zone de la vision, mais des réseaux de connexion, et des neurones particuliers, qui permettent de traiter plus vite et mieux l'information.

    Notre connaissance du monde est de fait complexe, même si nous pouvons en décomposer des segments.

    RépondreSupprimer
  18. Cela démontre que les chercheurs qui travaillent sur le cerveau sont loin - à l'instar des physiciens qui travaillent sur l'énergie et la matière - d'avoir pu mettre en équation toute la complexité du problème. Là encore, je ne vois pas en quoi la dialogique, tout du moins ce que j'en ai compris à travers vos écrits (et c'est déjà une équation à deux variables^^) apporte de plus. Tout comme cette histoire du Tout qui ne serait pas égal à la somme de ses parties. Ou bien alors, il faut redéfinir la notion de tout. Et dans ce cas, si j'en change la définition, je ne peux plus appeler cette nouvelle donnée Tout, puisque je ne peux plus lui appliquer le principe de non-contradiction.

    RépondreSupprimer
  19. Sur la Gestalttheorie - ( Gestalt:: forme ou figure, en allemand):

    L’idée, c’est qu’il y a quelque chose de plus dans (mettons) un château de cartes, que la collection de cartes qui le composent: la construction même. Aussi bien objectivement (les propriétés, notamment physiques, du château ne sont pas celles des cartes en vrac ou en paquet) que subjectivement: le sujet ne perçoit pas les cartes une à une pour en inférer qu’il a affaire à un château de cartes, il a une perception d’ensemble pour commencer, qu’il peut ensuite détailler.

    Sur le « sacro-saint principe de non contradiction »:

    Il est très utile, et confortable, et sain, dans la vie courante, de pouvoir s’abandonner à l’idée que les choses sont ce qu’elles sont et ne sont pas ce qu’elles ne sont pas. Cf Parménide: « L’Être est, le non-Être n’est pas, on ne sort pas de là. » Cependant, on finit par s’apercevoir assez vite que les choses sont travaillées par des contradictions internes, que les patates germent, le pain devient rassis, il ne faut pas laisser le caramel brûler, Melchior court moins vite qu’au XXème siècle, etc. etc.; il est alors utile de disposer d’un outil logique plus articulé, moins rudimentaire, qui rende compte des processus et du changement. C’est vrai surtout en sciences humaines. Exemple: la dialectique du déjà plus et du pas encore; Sarko n’est déjà plus (semble-t-il… Soyons prudent) en mesure de tromper une majorité de citoyens, mais l’opposition n’est pas encore capable d’ offrir une perspective alternative, une issue à la fois souhaitable et désirable.

    (Posté en réponse à Brocéliande 17h53; pas encore dégusté les comm' intercalés).

    RépondreSupprimer
  20. Brocéliande, décramponne toi un peu ma chérie. Laisse aller, c'est une valse. La façon dont les parties sont agencées, la configuration, peut apporter quelque chose qui ne réside aucunement dans chacune des parties considérée isolément. Qu'il s'agisse des côtés d'un polygone ou des notes d'une mélodie.

    RépondreSupprimer
  21. La formulation "le tout est plus que" etc. peut prêter à confusion. Il est évident qu'une collection de douze oeufs contient autant d'oeufs qu'une douzaine d'oeufs...

    Pour rebondir sur ce que dit Parleur (configuration est une très bonne traduction de Gestalt),il y a un cas particulier, où les détails reproduisent à l'infini la forme qui les englobe, ce sont les fascinants "fractals"...

    RépondreSupprimer
  22. Cher Melchior et cher Parleur que je me réjouis de lire de nouveau.

    L'exemple de Melchior est très bien venu. Que ce soit sous forme de tas ou de château, mes cartes si elles sont 32 sont toujours 32. 32 étant le Tout sous forme de tas ou de château. Je ne vois pas en quoi la forme modifie la formule : le tout est égal à la somme de ses parties. Si je reprends l'exemple de Parleur, les notes au nombres de 7 forment ou un opéra de Mozart ou un morceau de rap. Et c'est toujours le tout des notes qui compose l'un ou l'autre. Ainsi, je peux construire une infinité de formes avec les cartes ou les notes sans pour cela avoir une carte ou une note de plus dans mon ensemble. En revanche, je peux former deux nouveaux ensembles mathématiques : le premier de toutes les formes que je peux imaginer avec 32 cartes, le second de tous les morceaux que je peux imaginer avec 7 notes. Gageons d'ailleurs que ce dernier soit infini et le premier aussi d'ailleurs du moins en théorie, si mon imagination est fertile. Je colle toujours à mon principe de non-contradiction. Merci à vous de me remettre aux math. Cette poésie qui me fut si cher il y si longtemps maintenant.

    RépondreSupprimer
  23. Les objets fractals sont en effet fascinants puisqu'ils démontrent qu'en passant par l'infiniment petit on touche d'un doigt l'infiniment grand. Un peu comme ce qui se passe entre deux nombres réels.

    RépondreSupprimer
  24. "Je ne vois pas en quoi la forme modifie la formule : le tout est égal à la somme de ses parties."
    Ben oui, c'est là que ça se passe. Je crois que c'est juste que tu as une conception un peu autoritaire et peu accueillante, restreinte pour tout dire, du TOUT. Dans le cas du château de cartes tu t'obstines à réduire le tout à 32 cartes sans vouloir voir la forme, la configuration, la gestalt. Tu confonds donc l'inorganisé et l'organisé, un petit tas de protoplasme et l'amour de ta vie qui sent bon le sable chaud. Je serais lui je serais vexé…

    RépondreSupprimer
  25. Cher Parleur, comment sais-tu que l'amour de ma vie sent si bon le sable chaud, la mer et l'infini de cette ligne l'horizon que je ne peux jamais toucher?

    Qui n'est qu'une ligne, comme celle qui consiste à ne pas se braquer à vouloir obstinément ne voir que vers l'intérieur : faire rentrer dans la somme de mes cartes la forme, la configuration et la gestalt. Pourquoi ne pas porter son regard vers la ligne bleue des Vosges et imaginer que si j'ai des milliers de troupeaux de montons alors la montagne est blanche et belle ainsi couverte de sa multitude d'ensemble de moutons formant troupeaux? Et puis compter mes euros en entrant dans mon HLM manger du poulet aux hormones, enfin me noyer dans le regard infiniment profond de l'espérance?

    RépondreSupprimer
  26. http://daglachat.blogspot.com/2008_09_01_archive.html

    Moutons, bergère... Le brave Griffollet communique (tout rosissant de timidité) qu'il dédie sa suite "Palimpseste I, II, III" (voir le lien plus haut) à Brocéliande. Et ça parle de complots, à la fin, justement.

    RépondreSupprimer
  27. Si ce n'était une petite fille
    aux tresses blondes,
    joyeuse, malicieuse,
    aux sabots crottés
    et aux jupons levés tant et tant
    qui lui en avait plus rien resté
    pas même de quoi cacher
    le manuscrit volé

    sur son chemin elle ne croisa pas
    trois capitaines, lanlaire
    mais le curé

    sans le latin, sans le latin
    la messe nous emmerde

    mais que tenez-vous là bergère
    une vieille peau de mouton gravée de latin?

    Un complot vous dis-je, un complot,
    c'est Griffollet qui me l'a dit.
    Rétorqua-t-elle toute rouge et avec aplomb
    sure de son fait
    (elle avait une grande confiance en Griffollet)

    Et le curé, se tenant les côtes de rigoler :
    Il est même égyptien ton complot

    retransmit il y a des lustres par des pythagoriciens,
    qui nous racontent ici
    le plus grand, le plus beau, le plus fabuleux
    de tous les complots

    RépondreSupprimer
  28. Y aurait-il dans l'air
    Quelque coquinerie, lanlaire ?

    RépondreSupprimer
  29. Moi je le dis tout net:
    IL Y A DU COMPLOT HYPERCOMPLEXE DANS L'AIR SUR CE BLOG.

    Hier, Brocéliande nous parlait de ses moutons sur la montagne blanche...

    Ce soir, Griffollet nous envoie en rosissant (hum hum avec ce chanaillou je m'attends à tout) lire ses palimpsestes dédiés à Brocéliande...

    ... où il est question de peaux de moutons, de moines scribes nullards, de "poétard de mes fesses" et de complot...

    Et voilà Brocéliande qui nous sort ce soir de derrière la montagne une adorable fillette blonde qui joue avec grâce de son jupon et allusionne à propos d'un complot... égyptien?

    What?

    On nous cache tout, on ne nous dit rien!
    Dénoncez-vous, bande de comploteurs!
    Pour le compte de qui agissez-vous?

    Hi hi hi...

    RépondreSupprimer
  30. Communiqué de Griffollet:

    Damned ! Nous sommes démasqués ! Fuyons nous abriter, bergère, derrière un épais nuage.

    RépondreSupprimer
  31. « Sôma esti sèma » cher Griffollet. Fort intrigués par les applications possibles de ces propos d'une grande sagesse, la Chine, en l'an 2010 après J.-C., décida qui était sage d'acheter la Grèce afin de développer au mieux leurs échanges culturels.

    RépondreSupprimer
  32. "Panta rhei". Et la Grèce a depuis longtemps pris l'habitude de civiliser ses vainqueurs (il est vrai que là, c'est un gros morceau).

    Griffollet me demande d'ajouter: "Ta dzoa trékei". Est-ce un message codé ?

    RépondreSupprimer
  33. Tout ça c'est même pas de l'Anglais. Pfff.

    RépondreSupprimer
  34. Pour Parleur:

    Ta dzoa trékei: (the) animals are running (c'est qu'elles cavalent, les bestioles). Pfff.Pfff.

    RépondreSupprimer
  35. excerpt the squirrel: it is flying

    RépondreSupprimer
  36. Bergère ses moutons promenait
    Vit leur vie arrachée
    Leurs peaux tannées
    Au monastère acheminées
    Et couvertes des secrets
    D’un Egyptien parcheminé.

    Après trois cents années
    Un moine bêtifiait
    Comme un âne bâté
    Sur le vélin gratté.

    Le temps a passé
    Huit cents années
    Et le secret
    Est resté secret
    Sous la croûte caché.

    Mais blonde fille est arrivée
    Le manuscrit a volé
    Riant à la barbe du curé
    Tient dans ses mains le secret.

    RépondreSupprimer
  37. Ce que je perçois comme un "tout" est autre chose que la somme des parties. Evidemment, je parle ici du vivant.

    Prenons un visage. Est-il l'addition des traits, peau, poils, organes, couleurs... qui le composent? Son animation se réduit-elle à l'étirement de la bouche, au plissement des yeux qui me font supposer qu'il exprime joie ou tristesse? Son identité se réduit-elle à une simple juxtaposition singulière de ces éléments?

    Irais-je au plus petit atome de ce visage, en aurais-je épuisé la merveilleuse spécificité?

    Eh non. Quelque chose résiste à la parcellisation. Un principe organisateur, dynamique, qui me permet de le reconnaître entre mille, même s'il change au cours du temps.

    Car si le tout est autre chose que la somme des parties qui le composent, c'est aussi parce que le temps le traverse sans cesse, le modifiant... Tout se transforme. Et lorsque l'observation isole les éléments, comme nous l'avons dit plus haut, elle fige la chose en l'arrêtant dans l'espace-temps...

    RépondreSupprimer
  38. Chère Monica,

    Tout en marchant sur une douzaine d'oeufs

    Dans la formule tout = la somme des parties, qui n'est qu'une donnée mathématique, un outil, un jeu de calcul, ce qui importe ce sont les "parties". Notre soucis étant de ne pas toujours savoir leurs nombres, comment les définir, les articuler, les vérifier... Sachant que Tout à chaque nouvelle partie répertoriée se modifie, tout en restant toujours le Tout puisque qu'il est toujours égal à la somme des parties que j'imagine... C'est moi qui décide de ce qu'est le Tout à chaque partie que je rajoute.
    je pars d'un tout biologique : poils, peau, j'y ajoute l'émotion qui forme le sourire et par voie de conséquence je crée un nouveau tout, puis celui qui suscite l'émotion, le sourire, ce qui modifie une fois encore mon Tout, puisque la somme des parties augmente.



    Ce qui est bien, c'est le miracle du sourire, la somme pharaonique de choses encore inexpliquées alors que nous sommes convaincus au fond de nous qu'elles sont vraies.

    RépondreSupprimer
  39. Si je disais encore que Tout = a + ? alors nous serions d'accord. Ni toi, ni moi, ni la science savent ce que recouvre ?.

    RépondreSupprimer
  40. "savons" ce que recouvre '?' . J'ai mis le pied sur la savonnette de l'ortografe... j'aime aussi beaucoup le souffle de poésie qui se dégage de ce Tout qui serait bien d'avantage que lui-même.

    RépondreSupprimer
  41. Voilà ma chère Brocéliande, le secret du vélin depuis tant d'années caché, et astucieusement dérobé par notre gracieuse fillette blonde...

    Il y a un i grec (encore un hellène) qui nous dépasse, qui résiste à la réduction et à l'équation. Le grand i de la vie, espace et temps toujours en mouvement... Avec la poésie et la douceur du sourire en cadeau ..

    RépondreSupprimer
  42. …et c'est ainsi que Brocéliande retomba gracieusement sur ses agiles papattes.
    Combien, au fait ? 2, ou 4 ?

    RépondreSupprimer
  43. Qu'importe le nombre de pattes cher Parleur, le principal étant que je sois un animal (doué une âme).

    RépondreSupprimer
  44. A propos de fractal et d’économie…

    Le mathématicien Benoît Mandelbrot, qui a développé la théorie des objets fractals, vient de mourir. Or dès 1964, il avait dit que les modèles mathématiques utilisés par les financiers étaient erronés, et il avait tenté d'alerter sur leurs dangers. Son dernier livre, Une approche fractale des marchés (Odile Jacob, 2004), paru quatre ans avant la crise financière, était prémonitoire. Mais il ne fut guère écouté.

    Le Monde publie une interview de Mandelbrot datée du 11 Octobre, dans laquelle Mandelbrot dit notamment ceci :

    Les gens ont pris une théorie inapplicable - celle de Merton, Black et Scholes, issue des travaux de Bachelier datant de 1900 -, qui ne prend pas en compte les changements de prix instantanés, la règle en économie. Cette théorie met des informations essentielles sous le tapis, ce qui fausse gravement les moyennes. Elle affirme donc qu'elle ne fait prendre que des risques infimes, ce qui est faux. Il était inévitable que des choses très graves se produisent. Les catastrophes financières sont souvent dues à des phénomènes très visibles, mais que les experts n'ont pas voulu voir. Sous le tapis, on met l'explosif !

    Les financiers disent qu'ils sont contents de leurs modèles. Ils sont très attachés à cette théorie d'une simplicité merveilleuse, que l'on peut apprendre en quelques semaines, et dont on peut vivre toute sa vie, alors qu’elle a toujours été complètement fausse.

    Plusieurs des élèves de Mandelbrot, parmi les premiers, ont changé d'avis après leur thèse. Ils ont fait de très belles carrières, en niant ce qu'ils avaient affirmé dans leur thèse. Ils trouvaient tout cela dangereux, parce que Mandelbrot n’était pas reconnu par l’Establishment.

    RépondreSupprimer
  45. Retomber sur ses pattes sans les mettre dans le fumier, quelle gageure!

    En Allemagne, le débat sur l’identité nationale sévit aussi. Cela nous confirme la nécessité de le poser, en sortant des impasses binaires : des thèses racistes «les étrangers dehors» versus les thèses bisounours «tout le monde il est beau et gentil»

    MULTIKULTI

    La chancelière allemande Angela Merkel a affirmé samedi que le modèle d'une Allemagne multiculturelle, où cohabiteraient harmonieusement différentes cultures, avait "totalement échoué". Le débat sur l'immigration divise l'Allemagne depuis la publication d'un pamphlet d'un haut fonctionnaire, Thilo Sarrazin, qui sous le titre "L'Allemagne se défait", affirme que son pays "s'abrutit" sous le poids des immigrés musulmans.

    L'Allemagne manque de main d'oeuvre qualifiée et ne peut pas se passer d'immigrants, mais ceux-ci doivent s'intégrer et adopter la culture et les valeurs allemandes, a insisté Angela Merkel dans un discours devant les Jeunesses de sa formation conservatrice. Le credo "Multikulti" (multiculturel) – "Nous vivons maintenant côte à côte et nous nous en réjouissons" – a échoué, selon elle. "Cette approche a échoué, totalement échoué", a martelé la chancelière.

    La classe politique a condamné les thèses de Thilo Sarrazin, mais selon les sondages une majorité des Allemands les approuvent. Une étude publiée cette semaine montre même que plus de 50 % d'entre eux tolèrent mal les musulmans. Plus de 35 % estiment que l'Allemagne est "submergée" par les étrangers et 10 % que l'Allemagne devrait être dirigée "d'une main ferme" par un "führer".

    Le chef de la CSU, Horst Seehofer, avait lancé vendredi devant le même public: "Nous nous engageons pour la culture de référence allemande et contre le multiculturel. Le Multikulti est mort".

    Tout en affirmant que l'Allemagne restait un pays ouvert au monde, Angela Merkel a estimé: "Nous n'avons pas besoin d'une immigration qui pèse sur notre système social". Cependant, le pays ne pourra faire l'économie de spécialistes étrangers même s'il forme des chômeurs allemands, a estimé la chancelière.

    M. Seehofer avait fait scandale une semaine plus tôt en déclarant que son pays n'avait "plus besoin d'immigrants de pays aux cultures différentes, comme les Turcs et les Arabes", car s'intégrer "est au final plus difficile" pour eux.

    Le chef du Conseil central des juifs d'Allemagne, Stephan Kramer, a estimé samedi que le discours tenu par M. Seehofer était "carrément irresponsable" et le débat sur l'intégration des immigrés "démesuré, hypocrite et hystérique".
    ___
    Malheureusement, il n suffira pas de le traiter d'"hystérique" pour le combattre...

    RépondreSupprimer
  46. Retomber sur ses pattes sans les mettre dans le fumier, quelle gageure!

    Voilà bien une jolie phrase que j'aurais aimé inventer.

    Aussi me semble-t-il, serait-il bon de ne pas nier ce que certains voient, mais partant du sensible (ce que je vois) tenter d'en comprendre les imbrications, inventer autre chose, plutôt que d'en nier l'existence, - à l'instar d'un Fassin en face d'un Lagrange qui en appelle à l'hérésie au nom d'un dogmatisme supposé de gauche.

    RépondreSupprimer
  47. Je fais l’hypothèse que les crispations identitaires, dans les Etats-nations d’Europe, tant chez les « autochtones » que chez les immigrés, sont largement déterminées par la panne de la construction européenne. Quand les gens « du pays » ne croient plus à l’Europe, ils abandonnent l’esprit d’ouverture qui va avec, et se replient sur leur « identité » toute faite.

    RépondreSupprimer
  48. Peut-être serait-il bon alors de se poser les questions suivantes :

    Qu'est-ce que l'Europe et quelles promesses? tenues ou pas.

    Le problème de l'immigration est-il un problème européen, ou un problème qui concerne chacun des pays de l'Europe?

    Qu'est-ce qu'une identité? Et quelle est sa dynamique?

    A la première question, la réponse la plus commune était de construire l'Europe pour effacer définitivement le spectre des guerres... européennes.

    Qu'est-ce qu'une identité? C'est souvent, la encore réponse la plus commune, la culture dans laquelle je grandis. On peut alors, si l'on se centre sur la France, se dire que cette culture est laïque depuis plus d'un siècle.

    Ce qui n'est pas la culture de nombreux immigrés qui, dans sa partie immergée de l'iceberg est avant tout religieuse et traditionnelle.

    Le champ peut-être ouvert à de nombreuses réflexions mais ne peut à mon sens, se réduire, à une Europe en panne de construction.

    RépondreSupprimer
  49. Votre hypothèse, Melchior, est très nécessaire.
    Mais elle n'est pas assez suffisante ;-)

    La construction européenne, eût-elle été bonne, aurait-elle empêché un certain choc entre des valeurs de civilisation radicalement différentes?

    Il est quand même troublant de voir que, malgré le caractère bancal de leur connexion et de leur cohésion, les pays d'Europe ont, grosso modo, le même type de réactions de défiance ou de rejet à l'égard des "musulmans" ou des "arabes".

    C'est comme si, implicitement, ils partageaient une forme minimale d'"identité", que certaines pratiques "venues d'ailleurs" viennent déstabiliser... et révéler, en creux.

    Est-ce que le rejet par les démocrates et la gauche, au nom de la bien-pensance, des questions "qui fâchent", et leur abandon dans les mains de la droite la plus populiste et raciste, n'ont pas aggravé un processus qui aurait dû être analysé et mis à plat depuis belle lurette? Car, de ce fait, les positions se sont radicalisées de part et d'autre.

    Au lieu de construire une zone de proximité et de partage, on a produit une zone d'écart et d'étrangeté radicale.

    RépondreSupprimer
  50. à Brocéliande:

    Voilà une interpellation très riche (tant les questions que les perches tendues). J'accuse réception, c'est déjà ça. L'Europe en panne de construction ne se réduit heureusement pas à cette panne. J'ai bon espoir qu'en consultant le manuel et en ouvrant la boite à outils, on puisse la sortir de là.

    RépondreSupprimer
  51. Ce qui est profondément cruel, tout de même, c'est que l'Allemagne pêche par déficit de jeunes diplômés dans certains domaines, et que nous en France, nous ne soyons pas capable de donner du boulot à nos jeunes Français diplômés d'origine étrangère. Pourtant, l'Allemagne et la France, me semble-t-il, font partie de la même Europe.

    Peut-être cela fait-il partie des outils à trouver.

    Quels sont les formations de ces jeunes qui restent sur le carreau?

    Et comment les former à des métiers porteurs d'avenir en dépit du système élitiste qui caractérise l'enseignement supérieur français.

    Comment intensifier les échanges et revaloriser aux yeux même des Français, les études universitaires?

    Une fois encore la solution passe sans doute par l'école.

    Encore faut-il que nous soyons porteurs de nos valeurs.

    RépondreSupprimer
  52. Je parle des études universitaires, parce que ce sont encore pour l'instant les plus accessibles, pour une famille sans moyens.

    RépondreSupprimer
  53. Si les élites "de gauche" arrêtaient de prôner la détestation de soi, peut-être pourrions-nous avancer. je prends pour exemple, la fameuse phrase " ce sont les immigrés qui ont construit la France" sous-entendu dans les années 60. L'ensemble des Français ont construit la France de ces années là. Il n'y a qu'à demander aux mineurs du nord, et à chacun, s'il n'a pas travaillé pendant cette période.

    Des musulmans des colonies du Maghreb ont participé à la guerre de 14-18 (des Chinois aussi d'ailleurs).

    Mais plus de 90% des soldats, et des morts,
    furent des Français ou des Allemands de "souche".

    Les nations se construisent aussi dans le sang.

    Dans ma famille, dont les mâles furent décimés des deux côtés, sauf mon grand-père maternel qui n'y laissa qu'un oeil et toute son envie de vivre, alors que 4 de ses frères donnèrent leur sang pour nourrir cette terre qu'on appelle France. Et mon grand-père paternel... parce qu'il était... trop petit. ^^

    Mais, nom de Dieu, pourquoi ne voulaient-ils pas être Allemand? Pourquoi mon grand-père, en 40, reparti dans la résistance aux mêmes allemands? Lui, un paysan de Normandie?

    Pourquoi les Républicains d'Espagne ont-ils préférés immigrés plutôt que d'être à la merci des Francistes?

    Les cultures des nations ne sont pas que des idées. Elles font aussi racines. Et plus encore, si l'on remonte le fil du temps.

    Alors je pense à Zweig. Lui l'apatride qui ne voulait pas, n'a jamais voulu, jusqu'à la mort, ne plus être Autrichien

    RépondreSupprimer
  54. Oui, Brocéliande, je te suis sur mes deux pattes (je ne suis qu'un bipède, hélas, et pour ruer je suis très mal lotie, contrairement à Melchior)...

    Les cultures des pays européens ont leurs racines, leurs valeurs, qui ne sont ni dégoûtantes ni honteuses. Ce déni de soi-même, au prétexte quasiment masochiste d'une "acceptation de l'autre", et d'une "culpabilité" à cause du colonialisme, est extrêmement délétère.

    Ces "théories" de la gauche bien-pensante comportent des biais, comme l'avait analysé Benoît Mandelbrot pour les théories économiques des financiers qui nous ont entraînés dans le fossé.

    Les principaux biais sont probablement (a) la logique binaire qui oppose toujours deux termes sans aucune dialectique, rejetant dans l'impensable et le tabou toute une série de questions, (b) la "moraline" tenant lieu de réflexion éthique et morale, qui pousse à une indignation constante sans aucun recul, (c) le manque d'idéal et d'exigences sur "l'être en société", qui est un composite de droits et de devoirs, (d) la confusion entre les concepts. Par exemple, parler d'identité serait quasiment réactionnaire. C'est dingue!

    RépondreSupprimer
  55. Europe:
    Il faut repartir de la situation dans laquelle se trouvait l’Europe occidentale vers, disons, début novembre 1949. Le continent est coupé depuis peu par le rideau de fer, la Grèce est déchirée par la guerre civile, la Grande-Bretagne se satisfait de son « splendide isolement ». La péninsule ibérique est dominée par Franco et Salazar. France, Italie et Allemagne ont recouvré la démocratie, mais sont dans un état économique pitoyable. Les guerres périodiques apparaissent comme une malédiction quasi-inévitable.
    L’un des « pères fondateurs », Robert Schuman, homme politique français, est né - allemand - au Luxembourg, s’est installé à Metz, alors allemande, en 1912, est devenu député français en 1919... Il devait en savoir un peu sur la question de l’identité. (On pardonnera au futur Saint Robert de l’Eglise catholique son faux-pas du 10 juillet 1940: vote des p.p. à P.P.) Il eut avec d’autres l’idée de rendre la guerre physiquement impossible entre l’Allemagne et la France, grâce au pool charbon-acier.
    Le chemin parcouru depuis cette époque jusqu’au 29 mai 2005 est considérable. Si nous devions refaire le chemin inverse, cela nous conduirait là d’où nous sommes partis, et je ne sais pas si ça nous rajeunirait vraiment.

    RépondreSupprimer
  56. D'abord un grand merci Melchior de nous donner à lire quelques pages d'histoire si fondamentales soulignant le chemin parcouru grâce au pool charbon-acier. Qui n'est plus en l'an 2010, la France n'ayant plus aciérie, enfin je crois me souvenir, comme un regret, dans les années 80. Mes souvenirs ne sont sans doute pas exacts.

    Le chemin parcouru n'en demeure pas moins immense, parce que dans ces années là, nous étions encore souverains.

    RépondreSupprimer
  57. Combien faudra-t-il d'années pour retrouver chez les commissaires européens une majorité de "gauche"... je dirais de progressistes? combien pour une majorité de Ps et UMP confondus pour élire Barroso? Combien de lutte des peuples qui se heurteront à la loi de ses commissaires désignés, et non pas élus? sachant que toute contrainte de désespérance sociale est largement contrée par une majorité européenne conservatrice? Qu'elle aurait été la révolution française s'il avait fallu l'assentiment des autres pays européens?

    Nous sommes là ficelés par le traité de Lisbonne pour des années de libéralisme effréné.

    Là bien sûr nous retombons aussi sur nos pattes d'une immigration de travail clandestine et sous-payées, la joie d'un certain patronat avide de crise qui lie ses salariés sur l'autel du libéralisme.

    RépondreSupprimer
  58. La Ceca est caduque, certes, comme l’est le premier étage d’une fusée quand tout le carburant de son réservoir a brûlé…

    Étions-nous si souverains que cela, en 1949 ? L’Est de l’Europe était sous la botte que l’on sait. L’Allemagne se tortillait en deux tronçons comme un ver de terre coupé par une bêche. Quant à la France, on y criait « Yankee go home ! », non ? Et d’autre part, comme dit Marx: « Un peuple qui en opprime d’autres ne saurait être libre », or nous étions à la tête d’un empire colonial, faisions la guerre en Indochine en attendant l’Algérie. La monnaie faiblissait de mois en mois, et tout à l’avenant, et nous étions soumis au Plan Marshall (tout en en bénéficiant). Pour être souverains, il faut être forts; pour être forts il faut être libres et unis.

    L’Europe n’a toujours pas de Constitution. Celle de 2005 était très loin d’être satisfaisante, mais… Cela ne sert à rien de pleurer sur le lait répandu. Il faudra en adopter une autre, et le plus tôt sera le mieux. Peut-être dans le cadre d’une fédération réduite, à l’intérieur de l’Union. On verra. Apprenons l’Espéranto…

    RépondreSupprimer
  59. Apprenons l'Espéranto...
    C'est exactement ce que je suis en train de faire du haut de mes 2/3 de siècle.

    RépondreSupprimer
  60. Parce que le premier président d'Université autonome de gôôôche Axel Kahn le vaut bien, cette information arrivée de Paris Descartes.

    Cher(e)s collègues,

    Dans le cadre de l'exposition *"Le visage dans tous ses états"*,
    l'Université Paris Descartes et la Fondation d'entreprise L'Oréal vous proposent :

    *« Le visage, entre visible et invisible »

    *Caractères, passions, penchants, sentiments, émotions, psychologie, séduction, expression... Dans le rapport à l'autre, le visage jette des ponts entre le visible et l'invisible, le manifeste et le latent, l'âme et le corps, la personnalité et l'apparence physique. « Le regard est la fenêtre du coeur », « le visage est le miroir de l'âme », toutes sortes de métaphores expriment cette dialectique ô combien humaine...

    *Table ronde le mardi 9 novembre à 18h, au Réfectoire des Cordeliers, 15 rue de l'Ecole de Médecine, 75006 Paris, M° Odéon
    Entrée libre

    *Intervenants : ** Axel Kahn, président de l'Université Paris Descartes, Jean-Claude Ameisen, président du comité d'éthique de l'Inserm, Thierry Delcourt, psychanalyste et Françoise Gaillard, philosophe.
    Modérateur : Elisabeth Azoulay, directrice éditoriale de l'ouvrage /100 000 ans de Beauté/

    RépondreSupprimer
  61. Et pas un seul artiste…
    Moi comprendre, nous pas assez hein telle y gens…
    Pourtant moi Président aussi, de l'AAP (Amicale des Admirateurs de Parleur).
    Ça pas juste !

    RépondreSupprimer
  62. Dans Le Vrai Débat, une analyse de l'apport de Marine Le Pen à la cohérence du FN:

    MARINE

    RépondreSupprimer
  63. Un qui retombe mal sur ses pattes, d'après Daniel Schneidermann, c'est Mélenchon - "la brute encagée"- sur le plateau de Drucker:

    MELENCHON

    RépondreSupprimer
  64. Lu dans Le Point. Il était temps que Royal se démarque de DSK...


    Ségolène Royal a précisé samedi ses propos de la veille sur le pacte DSK-Aubry pour les primaires de la prochaine élection présidentielle en déclarant : "Je ne dénonce pas le pacte, il n'existe pas." "Il n'y a pas de pacte pour empêcher les primaires", a enchaîné la présidente de la région Poitou-Charentes, pressée de questions par les journalistes, en marge d'une convention du MJS à laquelle elle participait à Paris. "Il y a des règles démocratiques de respect. Nous avons promis ces primaires aux Français pour pouvoir choisir le candidat de la gauche", a-t-elle insisté.

    "Les militants socialistes ont voté pour les primaires, il y a déjà un certain nombre de candidats qui devront être également respectés. Je crois que c'est un mouvement démocratique très, très fort qui doit permettre de donner de la crédibilité aux socialistes, crédibilité qui leur permettra demain de faire les réformes démocratiques dont la France a besoin", a encore assuré l'ex-candidate à l'Élysée.

    Mercredi soir, la patronne du PS Martine Aubry avait réaffirmé l'existence d'un pacte entre le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn, Ségolène Royal et elle-même, prévoyant qu'ensemble, ils choisissent lequel ou laquelle du trio sera candidat à la primaire. Un scénario réfuté vendredi par Mme Royal, qui a affirmé qu'elle voulait être la "garante du bon déroulement des primaires" socialistes pour la présidentielle de 2012. "Personne ne s'interdit d'être candidat aux primaires, y compris moi", avait-elle aussi déclaré à l'AFP et à deux autres médias.

    RépondreSupprimer
  65. Lu dans Le Nouvel Obs, cette proposition d'Eric Cantona:

    Une idée à rendre jaloux les syndicalistes."Pour faire la révolution, on ne va pas prendre les armes, on ne va pas aller tuer des gens. Il y a une chose très simple à faire: retirer son argent de la banque", affirme Eric Cantona.

    L'appel est lancé. Le 7 décembre prochain, l'ancien footballeur de l'OM, invite tous les citoyens à retirer l'intégralité de leur argent sur leur comptes bancaires. "Pas d'armes, pas de sang" et "si 20 millions de gens le font, le système s'écroule", se félicite t-il.

    Le projet, dévoilé dans une vidéo du 8 octobre par le journal Presse Océan, fait le buzz.

    Bientôt 19.000 personnes se sont inscrites sur Facebook pour assister à la "révolution". Sur Youtube, la vidéo a déjà été visionnée près de 95.000 fois.

    Mais l'appel Cantona ne s'arrête pas là, et s'exporte au-delà de l'hexagone.

    En Belgique, la réalisatrice Géraldine Feuillien, a aussi relayé l'idée. Sur un site Internet, baptisé Bankrun2010.com, elle a traduit en six autres langues le texte.

    D'après une information relevée par le Figaro.fr, la fédération belge du secteur financier, Febelfin, a réagi dans les colonnes des journaux Het Nieuwsblad et De Standaard.

    "Cette action peut déstabiliser notre fragile système financier !, a averti Michel Vermaerke, administrateur délégué de Febelfin". "Certaines institutions bancaires en Belgique ont dû être sauvées par le gouvernement en raison des conséquences de la crise du crédit. Un tel sauvetage ne doit pas être réitéré car il est très coûteux."

    Géraldine Feuillien se montre confiante. L'auteure du blog préfère dénoncer "les conséquences que le système financier mondialisé dérégulé et incontrôlable ont sur nos emplois, nos santés, notre éducation, nos pensions, nos industries, notre environnement, notre avenir, notre dignité, la dignité des citoyens des pays que ce système a asservis par des dettes qu'ils ne pourront jamais rembourser pour mieux s'approprier leurs ressources."

    ___
    Hi hi... OUARF !

    RépondreSupprimer
  66. Impraticable. D'abord les espèces (pièces et billets)ne représentent qu'une faible partie de la masse monétaire. Ensuite, une fois retirées de la banque, qu'en faire ? Les thésauriser ? Effet nul. Les dépenser (investissement ou consommation) ? Elles retournent dans les coffres bancaires le soir même.

    RépondreSupprimer
  67. BHL a du mal à retomber sur ses pattes. Voici qu'il confond Pierre et Bernard Cassen.
    BHLSEPRENDLESPATTES

    RépondreSupprimer
  68. 90 ans et ses facultés de critique et d'enthousiasme intactes, Edgar Morin dresse un tableau saisissant de notre monde:

    MORIN

    J'y relève ces phrases:

    A l'aveuglement de l'homo sapiens, dont la rationalité manque de complexité, se joint l'aveuglement de l'homo demens possédé par ses fureurs et ses haines.

    La mort de la pieuvre totalitaire a été suivie par le formidable déchaînement de celle du fanatisme religieux et celle du capitalisme financier.

    La course a commencé entre le désespérant probable et l'improbable porteur d'espoir. Ils sont du reste inséparables: "Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve" (Hölderlin), et l'espérance se nourrit de ce qui conduit à la désespérance


    Muchas gracias!

    RépondreSupprimer
  69. Ce que tu as extrait de ce texte est intéressant, évidemment, mais tout l'article est de cette farine (malgré quelques surprenantes et inhabituelles fautes de français : un journaliste de ce qu'est devenu le Monde y aurait-il mis la main ?) et il faut vraiment tout lire. Hauteur, largeur, acuité, quel bain stimulant e bonheur et de jouvence, à chaque fois. Autre chose que les logomachineries de l'ex-guevariste et les platitudes de son commentateur dont je n'ai même pas essayé de retenir le nom…

    RépondreSupprimer

Vous pouvez copier et coller, dans la fenêtre ci-dessous, des textes saisis (éventuellement) auparavant sur Word. La correction orthographique des mots est vérifiée, et vous pouvez lire votre commentaire avant sa publication, en cliquant sur aperçu.
Une fois publié, le commentaire ne peut être réédité.