samedi 1 mai 2010

RETRAITES: SORTIR DE L'ENFUMAGE POUR Y VOIR PLUS CLAIR



Retraites: sortir de l'enfumage pour y voir plus clair

par Virgil BRILL


Pour prendre la main dans notre société comme il l’a fait depuis déjà longtemps sous diverses formes, au pouvoir comme dans l’opposition, le crétinisme hyperlibéral n’a évidemment pas procédé par l’appel à la réflexion, qui lui serait fatal, mais bien à la manière sectaire par le bourrage de crâne. Une sorte d’hommage à la fois rochefoucaldien et laboétien que la cupidité rend à la démocratie, forme actuelle du pouvoir de quelques-uns sur tous avec la complicité béate de beaucoup.

Pour promettre avec quelque succès un Ciel improbable il faut bien montrer l’Enfer à notre porte, prêt à nous engloutir. C’est ce rôle que jouent avec une certaine réussite trois mythes récurrents sur le grand thème de la Dette. Ça résonne bien dans l’inconscient collectif d’un peuple englué dans le système de l’endettement (le crédit) pour satisfaire les fantasmes consommatoires qui ont pris la place du rêve personnel mais en gardant au fond l’obscure conviction ancienne que la dette c’est mal, que qui paye ses dettes s’enrichit, etc.

Ces trois mythes dont on nous bassine sont la dette publique, le trou de la sécu, l’effondrement du système des retraites par répartition.

Sur ce dernier type d’enfumage (comme sur les deux autres) il y a beaucoup à dire. Je suis heureux de vous soumettre un petit article de Bernard Tepper qui avec concision et en termes simples me paraît mettre les choses au point de façon salutaire.


Retraites : sortir de l’enfumage pour y voir clair


Nous avions déjà fourni des analyses fondées sur les travaux du Conseil d’orientation des retraites (COR) de 2001 et de septembre 2007. Pour les relire, il suffit d’aller sur le site de l’UFAL.

Le COR vient de sortir un nouveau rapport daté d’avril 2010 juste avant les discussions du gouvernement reprenant les positions du MEDEF avec le mouvement syndical. Il convenait donc d’analyser si ce rapport validait ou invalidait les analyses précédentes dans la mesure ou entre-temps, nous avons vécu la crise de 2007-2008. Cette question est d’autant plus cruciale que les médias, les néolibéraux et autres sociaux libéraux ont immédiatement, sans avoir lu le rapport sérieusement, sonné le tocsin de la propagande de la fin du monde. On se serait cru dans une période millénariste…

Le pompon revient sans conteste au journal Le Monde qui titrait sur le «trou de 2600 milliards d’euros» qui va manquer aux régimes de retraites. Avec une propagande millénariste de ce type, il faut donc que le bon peuple admette que la contre-réforme est inéluctable et qu’il faut accepter un nouveau recul des droits sociaux avec un zeste d’accord supplémentaire sur la pénibilité ou sur une amélioration cosmétique des retraites des femmes. Tout cela avec le cortège des arguments de mauvaise foi que nous avons démonté dans les articles précédents dont la caricature est la suivante : «On est obligé d’allonger la durée de cotisations et la durée légale du départ à la retraite à cause de la démographie». Nous avons donc déjà demandé à ces Cassandre pourquoi une augmentation de 63% du nombre de retraités sur une période de 40 ans qui voit doubler sa richesse avec une croissance du PIB de 1,7% par an en moyenne pose problème ? En fait, ils ne répondent pas. Pire, ils organisent le black-out de nos analyses !

Alors, les pessimistes nous disent: oui, mais avec la crise, on n’a pas eu 1,7% sur l’année dernière. Nous leur répondons d’abord que le chiffre (faible) de 1,7% est un taux moyen sur 40 ans. Et que même le COR 2010 formé par des économistes largement choisis par la droite néolibérale au pouvoir estime que la dégradation des comptes retraite due à la crise 2007-2008 est d’environ 20 milliards d’euros, soit 1 point de PIB (soit moins de 10% des dividendes payés pour les actionnaires). Et on veut nous culpabiliser?

Que dit le COR 2010 sur les besoins nouveaux de financements annuels de retraite en parts de PIB ?

Qu’en 2015, alors que le COR 2007 prévoyait un besoin de financement de 0,7 points de PIB, le COR 2010 prévoit un besoin de financement de 1,8 points de PIB dans le scénario A, 1,8 pour le scénario B et 1,9 pour le scénario C.

Qu’en 2020, ces mêmes chiffres passent de 1% dans les calculs du COR 2007 à respectivement 1,7, 1,9 et 2,1.

Qu’en 2030, ces mêmes chiffres passent de 1,6% dans les calculs du COR 2007 à respectivement 1,9, 2,5 et 2,9

Qu’en 2040, ces mêmes chiffres passent de 1,8% dans les calculs du COR 2007 à respectivement 1,9, 2,8 et 3,2.

Qu’en 2050, ces mêmes chiffres passent de 1,7% dans les calculs du COR 2007 à respectivement 1,7, 2,6 et 3.

Rappelons quand même et toujours qu’un point de PIB (environ 20 milliards d’euros aujourd’hui), c’est moins de 10% du montant des dividendes payés aux actionnaires par an.

Et donc que 3 points de PIB, c’est moins de 30% des dividendes payés aux actionnaires!

Amputer ces «pauvres chéris» de 30% de leurs avoirs, est-ce si terrifiant?

A moins d’être dogmatique du genre de «l’immaculée conception» en disant: notre dogme intangible est le suivant : les revenus des spéculateurs ne doit pas baisser et donc les besoins de financement calculés doivent conduire à baisser de nouveau le niveau des retraites, qui ont déjà baissé de 20 points depuis la contre-réforme de Philippe Séguin en 1987, indexant les retraites sur les prix et non plus sur les salaires (jamais remise en cause par les gouvernements de gauche 1988-1993), la contre-réforme Balladur de 1993 (passage des 10 meilleurs années à 25 et des 37,5 années de cotisations à 40 pour le secteur privé) et 1996 (baisse du point des complémentaires retraites) (jamais remise en cause par le gouvernement de la gauche plurielle de Lionel Jospin 1997-2002), les contre-réformes de 2003 (passage à 40 ans pour fonctionnaires) et de 2008(idem pour les régimes spéciaux) (le «futur» gouvernement de la «gauche unie» remettra-t-il en cause les 23 ans de contre-réformes ?)

En fait, d’après nos calculs, nous pourrions régler l’ensemble du besoin de financement de toute la protection sociale d’ici 2050 avec une hausse modérée des cotisations sociales dites patronales ainsi qu’une taxation de tous les revenus financiers et dans les entreprises d’une taxation des profits non réinvestis dans l’investissement productif (à hauteur de 67 % par exemple). Mais pour cela, il faut ne pas avoir peur de dire que nous devons revenir sur tout ou partie des 9,3 Points de PIB qui sont passés, dans la répartition des richesses, sur un quart de siècle, des salaires et revenus du travail (directs et socialisés) vers les profits pour alimenter la spéculation boursière, une des causes des crises récentes!

Mais pour cela, il faut sortir de la confusion et de l’enfumage grâce aux cycles des séances d’universités populaires tournés vers l’action (voir le triple appel de l’UFAL) et de reprendre le chemin de la mobilisation déterminée à front large. Et jamais l’un sans l’autre ! Marcher sur ses deux jambes en sorte !

par Bernard Teper
Responsable du secteur Éducation populaire
Union des Familles Laïques
30 avril 2010

L'illustration est un travail d'Antony Gormley, Field

87 commentaires:

  1. Merci, Virgil,de nous faire partager cette analyse bien décapante de Bernard Teper, fort pertinemment illustrée par une œuvre de Gormley.

    En ce 1er Mai,les retraites étaient dans toutes les têtes (et sur tous les calicots) des défilés. C'est que l'enfumage est plus puissant et plus épais que le nuage de cendres venu du volcan islandais.

    Comme le clame parmi d'autres têtes de nœud le Minc, il faut paraît-il revenir à la rigueur... Drôle de terme, n'est-il pas, pour désigner l'anarchie financière orchestrée par le capitalisme financier, dont nous sommes les victimes. Nous sommes en plein cauchemar.

    Et voilà que des gens comme Bernard Teper (ou Lordon) font souffler un vent puissant pour dissiper les fumées...

    Oui, nous devons revenir sur tout ou partie des 9,3 Points de PIB qui sont passés, dans la répartition des richesses, sur un quart de siècle, des salaires et revenus du travail (directs et socialisés) vers les profits pour alimenter la spéculation boursière.

    Oh oui! Mais comment on fait, avec ces gens de gauche qui bouffent des graines et ne savent même pas faire cui-cui?

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  2. Le Monde du 14 avril 2010

    Martine Aubry propose à son camp un nouveau concept pour redynamiser la pensée sociale et politique progressiste : la société du "soin". "N'oublions jamais qu'aucune allocation ne remplace les chaînes de soin, les solidarités familiales et amicales, l'attention du voisinage", écrit la première secrétaire du PS.

    http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/04/14/martine-aubry-cherche-a-redynamiser-la-pensee-sociale-progressiste_1333411_823448.html


    Autrement dit, le principal parti de l'opposition propose, en pleine crise des retraites, que l'on s'occupe plus de nos vieux. Au cas où l'on ne s'en occuperait pas. Ce qui n'est pas totalement faux.

    Toutefois, tel que je le lis, ce projet qui renvoie chacun au chevet de ses aïeuls, sonne singulièrement le glas de l'autonomie financière de leurs vieux jours, eux qui ont payé toute leur vie des cotisations retraites, dans un monde qui ne cessait de s'enrichir... Et des nôtres de vieux jours. En somme, la mode américaine qui jette sur le marché de l'emploi des hommes et des femmes de plus de 80 ans... Il y a de quoi voir rouge, rire ou retourner cultiver son jardin.

    Tout de même je me demande pourquoi, le principal parti de l'opposition propose le "care" en modèle de société. Pourquoi, le principal parti de l'opposition entend de la même manière, sans doute présenter DSK, le tombeur d'Athènes, comme porteur d'un projet progressiste.

    Pourquoi faut-il que ce parti entende lui-aussi sauver un système, le libéralisme, qui ne cesse ne montrer sa faillite.

    Pourquoi le politique, le combat politique n'a-t-il plus de sens?

    Il y a quelque chose qui m'échappe dans notre douce France du politique. Vraiment.

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  3. Chère Brocéliande, il semble que le PS soit une grande montre molle. Il marque l'heure du libéralisme, saupoudrant le système qui déraille, dont il ne touche rien, de mesurettes type "Care" ("Care", c'est plus chic que de dire "occupez-vous de vos vieux,serrez-vous la ceinture, et ne réclamez pas trop").

    Les Grecs... vont se faire tondre. Dépêche de l'AP ce matin:

    ATHÈNES.
    Les grecs vont devoir consentir "de grands sacrifices" pour sauver leur pays de la faillite, a prévenu le Premier ministre Georges Papandréou dimanche. Il a annoncé la conclusion d'un accord sur les coupes budgétaires nécessaires au déblocage du plan de sauvetage financier des autres pays de la zone euro et du Fonds monétaire international (FMI).

    L'aide devrait s'élever à environ 120 milliards d'euros d'ici 2012. Les 16 ministres des Finances de la zone euro devraient approuver la contribution européenne au plan dimanche lors d'une réunion à Bruxelles.

    "J'ai fait et je ferai tout pour empêcher le pays de faire faillite", a déclaré M. Papandréou lors d'une intervention télévisée, à l'issue d'un conseil des ministres extraordinaire. "Nous avons convaincu nos partenaires de ce que le problème de la Grèce n'est pas seulement le nôtre. Il concerne le fonctionnement des marchés et la stabilité de l'euro", a-t-il ajouté.

    Le Premier ministre a précisé que les nouvelles mesures d'austérité affecteraient les salaires et les retraites de la fonction publique mais pas du secteur privé, comme le redoutaient de nombreux Grecs. Ces derniers devront aussi s'attendre à un nouveau relèvement de la taxe à la valeur ajoutée (TVA) et des économies supplémentaires dans la défense et les hôpitaux, selon les médias.

    Le gouvernement soumettra un projet de loi budgétaire extraordinaire au Parlement, comme convenu avec l'Union européenne et le FMI lors des négociations samedi. Le Parlement devrait approuver ces mesures d'ici vendredi.

    Les principaux syndicats grecs ont appelé à une grève générale pour mercredi afin de protester contre les nouvelles mesures d'austérité. Samedi, les défilés du 1er Mai ont été marqués par quelques incidents violents. AP

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  4. Un avis sur la crise grecque de Roland Hureaux dans Marianne (résumé)
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    Presque tout le monde, dans le suivi de la crise grecque, ment ou parle à tort et à travers.

    Premier mensonge: se focaliser sur les déficits publics grecs. Ils sont assurément un problème, mais le problème principal de la Grèce, c’est le différentiel d’inflation entre elle et les autres pays de la zone euro, singulièrement l’Allemagne, qui s’est creusé depuis dix ans, à hauteur de 30 à 40 %, et qui fait qu’aucun produit grec , même les olives, n’est plus compétitif. Si ce problème n’est pas résolu, les prêts du FMI ou de l’Europe n’alimenteront que le tonneau des Danaïdes. Ce n’est pas de 5 ou 10 % que les Grecs devraient se serrer la ceinture pour retrouver leur compétitivité, c’est de 30 à 40%. Aucun pays ne l’a jamais fait, ils ne le feront pas.

    Deuxième mensonge – ou erreur : affirmer que la Grèce ne saurait sortir de l’euro parce que c’est juridiquement impossible ou techniquement très difficile. Aussi absurde que d’aller dans un hôpital et de dire : tel malade ne saurait mourir parce que sa mort serait illégale ou parce que cela poserait trop de problèmes à sa famille!

    On dit aussi : en tout état de cause, la sortie de l’euro et la dévaluation qui s’en suivra seraient encore plus pénibles pour les Grecs que le régime de rigueur que l’Europe tente de leur imposer. En un sens , c’est vrai. La dévaluation suppose que les prix des produits importés vont augmenter de 30 ou 40 % et que donc les Grecs devront se serrer la ceinture. C’est un fait: toute dévaluation est douloureuse, car elle doit s’accompagner de mesures de rigueur. Mais il y a une différence. Le plan de rigueur actuel ne mène à rien. D’abord parce qu’il est insuffisant, ensuite parce qu’il en traite pas le problème au fond: la Grèce ne devenant pas plus compétitive, n’aura toujours rien à vendre pour rembourser le prêts qu’on lui consent et ne fera donc que s’enfoncer. En revanche, une dévaluation, pour douloureuse qu’elle soit, remettra le pays sur la bonne voie pour se redresser. Ce redressement n’est certes pas automatique mais au moins, il est possible, alors que dans le premier cas, il ne l’est pas.

    C’est sans doute parce que les Grecs ressentent l’inutilité de leurs efforts qu’ils ne sont pas décidés à les faire. La communauté internationale fait semblant de croire que les plans de rigueur promis par M.Papandréou ont une once de crédibilité. Pour qui nous prend-t-on? On invoque le cas de la Lituanie. Mais celle-ci n’était pas dans l‘euro, elle pouvait donc se sacrifier avec quelque espoir que ça serve à quelque chose. Cela a-t-il d’ailleurs servi ?

    Enfin, tout aussi mensongère est la rhétorique de l’ «aide à la Grèce». Tout juste si on ne lance pas un appel au public pour qu’il verse à la Croix Rouge! Mais tout cela est parfaitement fallacieux : l’aide financière à la Grèce, qui est d’ailleurs un prêt à taux conséquent, pas un don, n’a rien à voir avec l’aide que l’on peut apporter à un pays victime d’une catastrophe.

    Si nous les aidons, ce sera pour enrichir un peu plus les spéculateurs qui ont joué les usuriers auprès d’un pays en difficulté.

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  5. Un article intéressant et effrayant dans Courrier International (résumé):
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    http://www.courrierinternational.com/article/2010/04/28/l-euro-sur-le-tapis-vert-des-speculateurs
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    Le Financial Times avait mis en garde le monde entier: les hedge funds (fonds spéculatifs) ont dans leur besace 8 à 10 milliards de dollars de positions à court terme et ils sont prêts à les balancer sur les marchés pour parier sur l’effondrement de la zone euro sous le poids de l’endettement. L’attaque est partie et l’effet domino est non seulement possible, mais il devient probable. Ce bain de sang, qui a déjà coûté 160 milliards d’euros, enseigne deux choses fondamentales.

    Première leçon: les marchés nous montrent du doigt quelque chose, là-haut dans le ciel. Comme toujours, les idiots regardent le doigt et ne voient pas la lune. Le doigt, c’est la Grèce. Un pays désormais défaillant. Sa dette est rabaissée au rang d'obligations pourries

    Mais, dans la logique impitoyable des spéculateurs, Athènes est un leurre. Ce n’est pas le véritable objectif. Le vrai, la lune que nous ne voyons pas, est immensément plus grand : c’est l’euro. Au centre du tapis vert autour duquel s'affrontent les États et les marchés, il y a l’Union monétaire. L’offensive d’ores et déjà lancée contre le Portugal le montre: c'est la prochaine victime sacrificielle.

    Mais jusqu’ici, il ne s'agit que de la défaillance de deux économies périphériques de la zone euro. Le désastre peut commencer juste après: il est clair que quand viendra le tour de Madrid et de Rome, on en sera déjà à discuter d’un autre monde et d’une autre Europe. C’est cela, la lune que la spéculation a en ligne de mire. Les marchés sont en train de parier sur l’effondrement de l’Union monétaire. Et ils sont en train de gagner leur pari.

    Et voici la deuxième leçon. Les marchés sont en train de l’emporter parce que les États tirent à hue et à dia, et l'Allemagne plus que les autres. Par son attitude réticente, l’Allemagne a fourni des armes formidables aux spéculateurs. Si la zone euro n’est pas capable de se donner des règles identiques et partagées par tous pour la discipline des comptes publics, la stabilité des prix, la compétitivité de l’économie, alors l’euro ne peut pas tenir sur le long terme.

    Les spéculateurs du monde entier le comprennent et c’est pour cela qu’ils attaquent les plus faibles du groupe. Les gouvernants et citoyens allemands en ont peur et semblent, pour cette raison, se projeter déjà vers une idée "différente" de la zone euro, d’une Union monétaire qui serait restreinte aux seuls pays qui acceptent des normes communes de rigueur comptable et de maîtrise de l’inflation. Selon ce scénario, nous n’aurions plus une monnaie unique, mais deux : un euro de première catégorie pour les pays du Nord, vertueux, et un euro de deuxième catégorie pour les pays du Sud, moins rigoureux. Des économistes allemands et des banquiers anglo-saxons comme Martin Taylor l’ont théorisé ouvertement, et ont même trouvé un nom à ces nouvelles monnaies : le "neuro" et le "sudo". Cela a l’air d’un jeu, mais ce n’en est pas un. Les gouvernements d’Europe ne l’ont pas compris et continuent à plaisanter sous le volcan.

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  6. La dette grecque peut sembler n'avoir que peu de rapport avec la question des retraites en France… Mais il y a en fait une étroite ressemblance substantielle et elle me conduit à me poser la même question : ces gens, ces "responsables", sont ils seulement incapables et lâches et leur cynisme vulgaire n'a-t-il pour fonction que d'essayer de masquer à leurs propres yeux leur confondante nullité ? Ou bien font-ils partie d'une société secrète manipulée par des extra-terrestres qui veulent que notre espèce débarrasse le plancher afin que la leur puisse enfin emménager sur notre belle planète ? Vous m'accorderez que la seconde hypothèse est quand-même plus vraisemblable...

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  7. Oui, Parleur, comme tu le disais hier, il nous faut sortir la tête du guidon, d'autant que nous pédalons dans la choucroute, le nez enfumé et les yeux aveuglés.

    L'attaque contre les retraites en France, en Grèce et ailleurs en Europe, qui en interne est mise en œuvre par nos gouvernants avec des politiques dites de rigueur et d'austérité, est la petite partie d'un grand ensemble, dont des financiers tirent les ficelles en nous prenant pour des moutons à laine ou des vaches à lait (Meuh-Meuh au secours!), sans compter de moutons et de vache de réforme (Brr..)

    Ceux qui le disent depuis longtemps ont été taxés de "paranoïa", de "délire". Et pourtant, il y a quelque chose de "pas faux" dans ces hypothèses de "complot".

    Tu penses aux extra-terrestres? A Mars attacks? Il faut tout de suite chercher la grand-mère sourdingue dont la musique fait s'écrouler les affreux bonshommes ricanants. Ouarf ! Car n'oublions pas de rire! Les ennemis veulent nous piquer le rire, qui est le propre de l'homme!

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  8. Rejoignant un peu l'analyse de Bernard Teper, ce Billet sur les retraites dans Libération
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    Le déficit des retraites, c’est «entre 70 milliards et 100 milliards d’euros à l’horizon 2050. […] L’impôt sur les sociétés, c’est une cinquantaine de milliards par an, l’impôt sur le revenu, pareil. Il faudrait doubler ces impôts pour […] parvenir à l’équilibre».

    INTOX

    Comment combler le déficit du système des retraites ? Au-delà de l’allongement de la durée de cotisation ou de la baisse des pensions, le débat tourne aujourd’hui autour du troisième levier possible : la hausse des prélèvements. Pourquoi pas sur les revenus financiers, propose même le Parti socialiste ? Réponse de l’ancien ministre du Budget, Eric Woerth : l’ampleur des sommes en jeu est telle qu’aucun impôt ne pourrait combler le déficit. Quitte à violenter, dans sa démonstration, quelques fondamentaux macroéconomiques. Ainsi, pour le nouveau ministre du Travail, «quand vous regardez les chiffres du COR [Conseil d’orientation des retraites, ndlr], vous oscillez entre 70 milliards et 100 milliards d’euros à l’horizon 2050».«Ce sont des chiffres qui ne sont pas atteignables par la fiscalité. L’impôt sur les sociétés, c’est une cinquantaine de milliards d’euros par an, l’impôt sur le revenu, pareil. Il faudrait doubler ces impôts pour uniquement parvenir à l’équilibre.»

    DESINTOX

    Les déficits, tels qu’envisagés dans le dernier rapport du COR, paraissent effectivement vertigineux. Selon les trois scénarios plus ou moins optimistes, le besoin de financement pourrait passer de 32 milliards cette année à un montant compris entre 70 et 114 milliards en 2050. Retenons le scénario moyen, que semble privilégier Woerth, d’un déficit de près de 100 milliards en 2050. Un trou difficile à combler par la seule fiscalité, selon lui, puisque cela nécessiterait de doubler l’impôt sur le revenu (IR) et l’impôt sur les sociétés (IS), afin de dégager 100 milliards d’euros supplémentaires en 2050, en plus des 100 milliards que rapportent aujourd’hui ces deux impôts. Problème : comparer des besoins de financement dans quarante ans à des recettes fiscales actuelles n’a pas grand sens. En effet, l’ensemble des données macroéconomiques auront changé entre-temps, et surtout le PIB, qui augmente (sauf récession) d’une année sur l’autre. Dans le scénario moyen du COR, le PIB va ainsi doubler, passant d’un peu moins de 2 000 milliards d’euros à près de 4 000 milliards en 2050. A taux de prélèvements obligatoires constant, si le PIB double d’ici à 2050, le montant des recettes - IS et IR compris - doublera également. Si bien que les sommes dégagées par l’IS et l’IR en 2010 (100 milliards) devrait atteindre 200 milliards d’euros en 2050. Et ce, sans même qu’il y ait besoin d’augmenter le taux de ces deux impôts. Alors certes, les dépenses vont probablement progresser elles aussi d’ici là, et correspondre à l’argent supplémentaire dégagé par l’IS et l’IR. Mais si en 2050, on voulait «tirer» de la fiscalité les fonds nécessaires pour financer le trou des retraites, soit 100 milliards supplémentaires, cela représenterait la moitié des sommes totales dégagées par l’IS et l’IR en 2050 (200 milliards d’euros), et non pas l’équivalent. Ce qui nécessiterait d’augmenter le rendement de ces deux impôts de 50%, et non pas de 100% comme le suggère Woerth.

    D’une manière générale, les projections de déficits du COR à long terme ne signifient rien en valeur absolue, et doivent être appréciées en fonction du PIB en 2050. S’agissant du scénario moyen, le déficit devrait passer de 32 milliards en 2010 à 100 milliards en 2050, laissant paraître une multiplication par trois du trou. Mais là encore, le PIB aura doublé. Et en pourcentage de la richesse nationale, indique le COR, le besoin de financement passera de 1,7% du PIB 2010 à 2,6% du PIB 2050, soit une multiplication du trou par 1,5. Le déficit connaîtra ainsi une progression deux fois moindre que ce que laissent penser les chiffres bruts.

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  9. L'avis de l'économiste Pierre Chaigneau, qui met en avant les "choix individuels":

    Sans transformation radicale, le système de retraites français va devenir insoutenable. Selon le Conseil d’Orientation des Retraites, on peut faire face à l’augmentation des dépenses retraites de trois façons. Il faudrait soit allonger la durée de travail de neuf ans, soit augmenter les prélèvements de 15 points de PIB[1], soit diminuer les pensions de 45%.

    Chaigneau propose de laisser les Français choisir, dans un cadre approprié.

    Comment sauver le système des retraites tout en laissant les individus libres de profiter d’une retraite s’ils le désirent?
    `
    En laissant les individus profiter des bénéfices que leur activité apporte au pays, mais aussi en leur faisant supporter les coûts occasionnés par leur pension. C’est le principe d’internaliser les externalités. De cette façon, des individus rationnels libres de leurs choix font le meilleur choix social. En d’autres termes, il est possible de décentraliser les décisions économiques en laissant les individus choisir, s’ils supportent à la fois les coûts et les bénéfices de leurs décisions. Dans le cas des retraites, cela a deux implications.

    1)il convient de dissocier les transferts de retraites de l’inactivité. Il s’agirait de transferts inconditionnels liés à l’âge. L’âge limite serait modulable en fonction de la profession : les professions particulièrement pénibles donneraient droit à un abattement. C’est-à-dire que toute personne au-dessus d’un certain âge recevrait, qu’elle travaille ou non, un montant fixe, qui lui permet de subvenir à ses besoins basiques. De cette façon, les individus peuvent s’ils le souhaitent partir à la retraite. Que quelqu’un souhaite gagner davantage, rien ne l’empêche de travailler, d’autant qu’il sera exempté d’impôts.

    On peut imaginer un transfert inconditionnel croissant selon l’âge. Il serait minimum entre 60 et 65 ans (afin de décourager au maximum la cessation d’activité), plus conséquent entre 65 et 70 ans, et atteindrait son niveau plafond à 70 ans. En effet, on ne peut pas raisonnablement attendre des gens qu’ils continuent à travailler après 70 ans.Il serait indiqué de rendre ces âges seuils fonctions de l’espérance de vie à 60 ans.

    2) décourager le travail des personnes âgées est contreproductif. Ces personnes ont déjà contribué au cours de leur vie au financement de l’Etat et de la sécurité sociale. Il serait injuste de continuer à leur faire payer des taxes sur le travail. Tout travail qu’elles accomplissent après un certain âge est un «bonus», pour elles comme pour notre pays. Cela dit, les dirigeants de grandes entreprises sont souvent en activité après 65 ans, et il serait socialement inacceptable de les exonérer d’impôts. C’est pourquoi une solution pourrait consister à accorder à tout travailleur de plus de 65 ans un crédit d’impôts (à valoir sur l’IRPP) et charges sociales (salariales et patronales) de, par exemple, 100 000 euros par an. Ce crédit d’impôt ne pourrait pas être remboursé ou transféré au cas où il ne serait pas utilisé au cours de l’année. Cette mesure aurait l’avantage supplémentaire de diminuer le coût du travail des personnes âgées, et donc d’inciter les entreprises à leur pourvoir des postes.

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  10. L'avis (très résumé) de l'économiste Thomas Piketty
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    Thomas Piketty précise que notre système de retraite cache une multitude de situations.

    Si des personnes ayant débuté leur carrière très jeunes ne peuvent décemment pas travailler après 60 ans, pour d’autres, partir tôt en retraite «ce n’est pas forcément une bonne chose». Il donne l’exemple des chercheurs … ou des journalistes.

    Ainsi, Piketty note qu'il est difficile de faire une analyse globale de l’avenir de nos retraites, chacun étant un cas particulier. Il évoque aussi une «extrême complexité» de notre système fait d’un «empilement de petits régimes».

    L’économiste explique que «chacun touche des petits bouts de retraite» en moyenne issus de 2 ou 3 régimes différents. Tout cela est dû à la mobilité professionnelle: dans le privé, le public, lorsqu’on fonde une entreprise… Cette multitude de situations fait que «le bon levier, ce n’est pas augmenter de manière uniforme l’âge de départ en retraite».

    L'autre solution est donc de créer une «unification», une «simplification» du système de retraites. Que chacun sache «quel que soit son statut», «quels sont ses droits à la retraite» à un moment donné. Une réforme prônée dans son dernier ouvrage «Pour un nouveau système de retraites : des comptes individuels de cotisations financés par répartition», disponible gratuitement sur le Web.

    Pourquoi alors le discours alarmiste que tient la majorité? Pour Piketty, on brandit «la menace démographique» «pour dire au final que rien ne vaut la capitalisation». Faut-il s'attendre à ce que Sarkozy nous vante «les fonds de pension à la française» ?

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  11. Pierre Chaigneau. Un néolibéral bon teint bien propre sur lui qui récite sa petite doxa. Je ne vois pas trop l'intérêt de reproduire son baratin usé.

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  12. En accord avec Tepper, j’ajoute ceci :
    - Le débat des retraites restent encore globalement enfermés dans le rapport salariés/patrons/lutte des classes: Aujourd’hui déjà 40% des retraités sont des polypensionnés (privé/public/indépendants) alors que les classes d’âge entrées dans le monde du travail après le premier “choc pétrolier” et qui ont connus et connaissent des carrières plus diverses que leurs aînées n’a pas encore atteint l’âge de la retraite; Le total des salariés est désormais à juste 50% du corps électoral lui même inférieur aux adultes majeurs alors que nous ne sommes plus dans les années 50 ou le salaire d’un homme faisait vivre femme et enfants. Les traders et Proglio sont des salariés.

    - rappelons deux mesures qui ont pris effet au 1er janvier: le déplafonnement du cumul emploi/retraite qui était préalablement au montant raisonnable de 3.000E mensuel; L’augmentation substantielle de la pension de réversion à 1.500 E même sans avoir jamais cotisé. Par comparaison une caissière de supermarché maintenue à 32 h hebdomadaire pour cause de réduction de charges (ou une travailleuse indépendante) qui ont cotisé 30 ans et élever leurs enfants (ceux qui paient les retraites des veuves...) 10 ans ne toucheront guère plus des 600 E du minimum vieillesse... 20% sous le seuil de pauvreté.

    - Le COR base ses affirmations sur la poursuite de la croissance de la durée de vie d’un trimestre par an jusqu’en 2050. C’est une affirmation infondée. D’abord parce que dans les pays les plus évolués la croissance de la durée de vie des femmes se tassent déjà. Ensuite parce que la mortalité des 20/60 ans augmente. J’ai vu une étude de 1998 qui l’attribuait “principalement” au SIDA. Rien de plus récent. Sauf une autre en IDF montrant l’augmentation de la mortalité des 20/30 ans dans la catégorie “cause inconnue”. Plus la science fait de progrès moins nous savons de quoi les jeunes adultes meurent.... Sans compter les alertes sur la croissance de ceux qui ne se font désormais plus soigner compte tenu des coûts etc...

    Tant que nous ne penserons pas globalement le problème du financement des retraites et de la sécurité sociale (voire la définition du travail) nous ne parviendrons pas aux réformes nécessaires. La part des salariés décroît et le régime de la sécu qui leur est propre est en train de subir le même sort que celui des agriculteurs dont la diminution des actifs en nombre rend impossible la répartition décente.
    Nous devons sortir du seul discours de la solidarité intergénérationnelle car si on peut éventuellement demander aux actifs de payer plus et plus longtemps pour que les personnes âgées vivent décemment on ne peut pas leur demander de se serrer la ceinture pour payer trop de retraites à des niveaux très élevés (dont leur génération ne disposeront jamais).

    Donc réforme de l’ensemble des politiques de solidarité nationale et de la fiscalité et refuser tous les pansements de ceux qui croient nous jouer une mélodie en pissant dans des violons.

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  13. Le plan "vous voyez, ça ne marche pas, privatisons" est mis à toutes les sauces. Piketty voit clair à mon avis. C'est aussi ce qui attend l'hôpital et la sécu, l'éducation nationale… Et pendant ce temps là l'autre andouille nous fait son sketch sur le "care"…

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  14. Cher Parleur,je crois que c'est en faisant un recensement de certaines propositions - même si elles nous semblent bornées ou erronées - que nous pourrons nous désengluer pour réfléchir. Je retiens du texte de Chaigneau l'idée que LE problème de LA retraite n'existe pas. Le syncrétisme joue toujours des tours, quelles que soient les questions qu'il prétend résoudre. Parler DU problème de LA retraite constitue certainement l'un de ces pièges. Il y a des cas de figure différents, des trajectoires individuelles - ce que dit d'une autre façon Piketty. Poser des grands principes du type "la retraite à 60 ans pour tout le monde"ne sert à rien, on le sait.C'est du pipeau.

    De plus,comme le rappelle Caroline, le monde a beaucoup changé et on ne peut l'analyser sous le même angle et avec les mêmes notions qu'il y a 20 ou 30 ans. Caroline énonce un fait qui me choque depuis longtemps: certaines pensions de réversion de personnes n'ayant jamais travaillé sont plus élevées que des retraites de personnes ayant trimé toute leur vie. C'est d'une grande injustice.

    Il est également injuste que, du fait de la solidarité intergénérationnelle, nous cotisions aujourd'hui pour assurer des retraites décentes à certains de nos aînés, alors que nous ne bénéficierons pas du même avantage.

    Il faut bien remettre tout à plat.

    Il est évident que le chômage produit une multitude d'effets, dont l'augmentation de la pauvreté, un déséquilibre entre actifs et inactifs, un manque à gagner dans les ressources communes, ce qui rejaillit sur les budgets assurance maladie et assurance vieillesse.

    Le partage du travail et la mise au point d'une fiscalité juste, qui s'attaque au capitalisme financier, semblent donc bien être au centre du dispositif.

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  15. L'enfumage politicien de Sarkozy consiste à faire monter le yaourt à la grecque pour justifier les plans d'austérité.

    Comme le font remarquer Les Echos:"le chef de l’Etat entend montrer à ses partenaires européens et aux marchés financiers qu’il s’attaque au problème de la dette. Tant pis si les retraites ne constituent qu’un aspect partiel du problème: il faut donner un signal et ne surtout pas perdre la note AAA dont bénéficie encore la France sur les marchés (...) les agences de notation liront d’autant plus facilement le «signal» français que les mesures retenues seront fortes, et toucheront notamment à l’âge de départ en retraite (...)»

    

Où, comme l’écrivait Arnaud Leparmentier dans Le Monde du 19 mars 2010 : «La signature de la France par les agences de notations financières ne doit pas être dégradée. La France perdra toute influence si elle perd sa note AAA. (...) C’est pour cela que la réforme des retraites sera de grande ampleur», assure un proche de M. Sarkozy (...)»

    Cela dit, ce n'est pas Sarkozy qui a créé le problème des retraites. C'est pourquoi nous devons tenter de poser les questions dans NOS termes, sans nous contenter de nous opposer aux projets de Sarkozy...

    Pas facile de se débattre dans la glu. Mais à plusieurs, on y arrive. 



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  16. Oui, on est en train de perdre “tranquillement” la solidarité, la santé, l’éducation .. et l’énergie. Tout en somme.

    Petit rappel d’une publication INSEE DE 2006 portant sur 1992-2004)

    L’ensemble des revenus des plus de 55 ans est en moyenne supérieur de 15% à ceux des moins de 55ans;
    Pour la première génération du baby-boom (55-64 ans) il est supérieur de 24%
    Pour les plus de 75 ans +8% par rapport aux actifs.
    Alors que la part du patrimoine des 55-64 est passé de 122,4 en 92 à 142,3 en 2004
    Celles des quadras a baissé de 160 à 125,9 et celles des trentenaires de 83.3 à 71,6

    10% de la population détient 46% du patrimoine, ils ont majoritairement plus de 55 ans. L’essentiel du patrimoine français est entre les mains de ceux nés entre 1934 et 1949. Et un demi million de femmes de ces générations là crèvent de faim avec 600 E par mois de pension.

    Solidarité intergénérationelle, oui, mais pas que....

    Je suis moins choquée par le fait que l’on nous demande plus pour avoir moins si cela était justifié que par le fait que l’on demande aux générations qui ont moins (de travail, de revenus, de patrimoine) des efforts au profit des générations qui ont tout pompé (pré-retraites, régimes spéciaux, défiscalisations etc...) et détruit à leur seul profit et auxquels non seulement on ne demande rien mais qui en plus se débrouille pour être employable à moindre coût, garde des emplois et siphonne en même temps les fonds de retraite sans limite. (âge médian des parlementaires 59 ans...

    Il faut effectivement tout remettre à plat, sans oublier que nous sommes au 21° siècle.

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  17. Chère Caroline, merci de donner ces pourcentages qui parlent d'eux-mêmes... et que beaucoup de gens (sans doute parce qu'ils sont eux-mêmes bénéficiaires du système) occultent.

    Je recopie ces données tant elles me claquent dans la figure: L’ensemble des revenus des plus de 55 ans est en moyenne supérieur de 15% à ceux des moins de 55 ans. Pour la première génération du baby-boom (55-64 ans) il est supérieur de 24%. Pour les plus de 75 ans, +8% par rapport aux actifs. Alors que la part du patrimoine des 55-64 est passée de 122,4 en 92 à 142,3 en 2004, celle des quadras a baissé de 160 à 125,9 et celle des trentenaires de 83.3 à 71,6.

    Avec ces données claires en tête, on est bien obligé de regarder le problème d'une autre façon.

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  18. Bon, là je trouve qu'on s'égare un peu. On intériorise le discours culpabilisant des enfoirés de pouvoir selon lesquels le problème des retraites 1) c'est une fatalité démographique 2) c'est la faute aux retraités hédonistes et profiteurs.
    On se ressaisit. Le problème des retraites c'est le problème de la répartition de la valeur ajoutée. Et du choix de société. Les considérations pseudo-réalistes et pseudo-économiques sont du pipeau. Ne vous laissez pas impressionner, les filles.

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  19. Question de "pénibilité" et d'espérance de vie... Lu (et résumé) dans Libération.
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    L'équation de l’indexation de la pénibilité sur l’espérance de vie semble porter les valeurs de justice, d’équité et d'objectivité. Mais quelques paradoxes risquent de la faire voler en éclat.

    Les ambiguïtés du calcul
    Une étude de l’INSEE énonce: qui est ouvrier à 35 ans peut espérer vivre jusqu’à 74 ans; un cadre jusqu’à 81 ans. Or l’écart pour les femmes n’est plus de 7 mais de… 3 ans. Le chiffre retenu ici est l’espérance de vie à 35 ans, non à la naissance ou à 60 ans, sans incapacité. Et il existe tout la gamme des professions intermédiaires entre ouvriers et cadres. Enfin, ces calculs sont des calculs théoriques qui postulent l’hypothèse de carrières monolithiques.

    Pénibilité et espérance de vie ne marchent pas toujours ensemble
    L’idée de l’indexation de la pénibilité sur l’espérance de vie part d’un postulat simple: l’usure, notamment physique, fatigue prématurément l’organisme des ouvriers et cause leur décès anticipé. Comment par ce postulat d’origine expliquer la différence d’espérance de vie hommes/femmes ? Établir un tel lien de causalité direct est ignorer le faisceau de paramètres aboutissant à l’espérance de vie. Ainsi, il y a des disparités régionales, l'usage du tabac, l'alimentation.
    Le rapport du Conseil d'orientation des Retraites (COR) montre aussi que l’espérance de vie d’un salarié du public est supérieure à celle d’un salarié du privé : doit-on faire travailler les fonctionnaires plus longtemps ? Là encore, ce serait établir un lien direct qui n’existe pas.
    Il est un autre phénomène qui vient encore compliquer la donne. Si l’on retient le chiffre de 42 annuités, un ouvrier qui aurait commencé à travailler à 18 ans pourra prendre sa retraite à taux plein à 60 ans. Un cadre ayant un BAC+5, du fait de la durée de ses études, ne pourra prétendre à la même chose qu’à 65 ans. Si on impose cinq années de cotisation en plus au cadre car il vit plus longtemps, il ne pourra plus partir qu’à 70 ans et aura dès lors une espérance de vie à la retraite plus faible que celle de l’ouvrier..

    Si l'on prend le cas des femmes qui, depuis 1850 environ, bénéficient d’une espérance de vie nettement plus élevée que les hommes (de 6 à 7 ans). Au nom de la logique de la pénibilité, elles devraient donc travailler plus longtemps en proportion. Irréaliste. Or il faut prendre en compte les carrières tronquées des femmes, dues aux interruptions de carrière liées aux grossesses, au temps partiel, au surcroît de chômage.
    Or, il semble que l'hypothèse retenue serait en faveur des politiques «natalistes» en vigueur : aider les femmes à rester plus à la maison auprès de leurs enfants et mieux prendre en compte cette période dans la retraite. Outre que c'est contestable sur le plan sociétal (cela va à l’encontre des conquêtes féministes), ce serait inefficace pour régler le problème des retraites. En revanche, faire en sorte que les femmes soient plus présentes sur le marché du travail aurait un effet immédiat et fort sur le rapport actif/retraités et faciliterait le retour à l’équilibre des régimes de retraites.

    En résumé, indexer les retraites sur l'espérance de vie est une idée simpliste qui ignore des facteurs aussi importants que la causalité indirecte de la mortalité anticipée, la durée des études ou le fait que les carrières sont loin d'être monolithiques. Sous la parure de l'objectivité, elle risque fort de recréer de nouvelles inégalités. Espérons que ce simplisme ne sera pas balayé d'un revers de main par un gouvernement soucieux de donner des gages aux syndicats et de se débarrasser de cet épineux sujet, et par des syndicats qui auront à cœur de ramener une victoire à leurs adhérents. Le sujet de la pénibilité vaut bien mieux que cela ...

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  20. Picoré dans Alternatives économiques n°291 (mai 2010):

    p:5 Frémeaux (éditorial):

    « Il ne suffit certes pas de faire payer les riches pour équilibrer les retraites à long terme, mais il est totalement inacceptable qu’on demande aux seuls pauvres de supporter l’ajustement que la crise a rendu nécessaire. »

    p:18 Harribey (ATTAC):

    « Toutes les réformes passées »  (…et…) « actuellement projetées n’ont joué et n’envisagent de jouer que sur la baisse des pensions et la durée de cotisation. Jamais la hausse du taux de cotisation n’est envisagée. Pourquoi ? Parce que celle-ci supposerait de modifier la répartition de la valeur ajoutée entre salaires et profits, en faveur des premiers. Plus de cotisations signifie en effet plus de masse salariale, moins de profits et moins de dividendes à verser aux actionnaires. »

    p:24 Concialdi

    « Ce n’est pas en reculant l’âge de la retraite que les salariés resteront plus longtemps dans l’emploi. On ne ferait qu’allonger la période qui sépare la sortie de l’emploi de l’âge légal de la retraite. Dans la plupart des pays européens où la loi fixe un âge de 65 ans, cet écart est de trois à quatre ans. Il est d’environ un an en France. »

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  21. On dit qu'une des dernières interventions de Léon Blum (vers 1947)fut consacrée à une proposition d'abolir l'héritage (sauf au profit des descendants immédiats).

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  22. La position de la CGT sur le retraites:

    Sur les retraites, «l'un des piliers fondamentaux du contrat social», Bernard Thibault considère qu'il est avant tout «urgent de corriger la trajectoire sur laquelle nous ont conduits les réformes précédentes». Pour lui, il est indispensable de porter le débat sur la question du financement des pensions. «Il y a eu une dégradation de 20% des niveaux des retraites, a-t-il justifié. Il faut des mesures pour redresser cette situation.»


    La solution passe, selon lui, par l'augmentation du taux d'emploi. «On ne résoudra pas les problèmes de financement des retraites si on continue à focaliser sur l'emploi des 30-50 ans, a avancé le secrétaire général de la CGT. Améliorer l'emploi permettrait de résoudre la moitié des besoins.» Et le numéro un de la CGT de donner un exemple chiffré: la suppression des exonérations de charges sur les heures supplémentaires qui, selon lui, permettrait de créer «400 000 emplois». Autres pistes avancées? «Mettre à contribution tous les revenus du capital : stock-options, retraites chapeaux et autres», mais aussi «augmenter les salaires».

    L'objectif de la CGT est aussi de «parvenir à un taux de remplacement de retraite de 75%» par rapport au dernier revenu d'activité. «Peu importent les modalités de calcul, sur les 6 derniers mois dans le public ou les 25 meilleures années dans le privé, du moment que l'objectif est atteint», a-t-il justifié. Bernard Thibault s'est en outre élevé contre la tentation du gouvernement de revenir sur le droit au départ à 60 ans en imposant une décote avant 62 ans. «Nous sommes pour le maintien des 60 ans sans décote», a-t-il affirmé.

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  23. Associatifs, syndicalistes et politiques, du NPA au PS, tenaient meeting ensemble hier jeudi à Paris.

    Tous unis pour défendre les retraites. Ils se sont réunis jeudi soir à la Bellevilloise. Le meeting a rassemblé large, d'Olivier Besancenot, du NPA, à Razzy Hammadi, secrétaire national du PS aux services publics, en passant par le fondateur et animateur du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, le prétendant au secrétariat national du PCF, Pierre Laurent, mais aussi la secrétaire nationale des Verts, Cécile Duflot. De nombreux syndicalistes et militants associatifs aussi, pour cette soirée dont l'objet était de: bâtir «une alternative à la régression sociale».

    Puissance organisatrice avec Attac, Willy Pelletier, à la tête de la Fondation Copernic - un think tank de la gauche de la gauche -, ne cachait pas son enthousiasme. «C'est un succès, a-t-il reconnu, un véritable événement, d'être enfin tous ensemble pour une photo de famille, improbable et inédite après les régionales!»

    Seule organisation absente, Lutte ouvrière. Contrairement au précédent meeting unitaire, organisé le 1er décembre dernier à Paris «contre la taxation des accidentés du travail», Nathalie Arthaud ne s'est pas déplacée Raison invoquée: le refus de «cautionner la position du PS sur les retraites». Une position non encore arbitrée entre l'aile droite et l'aile gauche du Parti socialiste. Représentant de cette aile gauche, proche de Benoît Hamon, Razzy Hammadi a dit pourtant jeudi soir représenter «avec fierté» l'ensemble de son parti. «Il faut faire tomber les barrières des sphères militantes», a-t-il lancé, voulant montrer que «quand l'essentiel est en jeu, même si on n'est pas d'accord sur tout, la gauche est capable de se rassembler». De s'unir pour organiser «une votation citoyenne» d'ici le débat parlementaire prévu à la rentrée, a espéré Jean-Luc Mélenchon. Faute d'un référendum rêvé d'initiative populaire. Et surtout, «ne pas laisser le gouvernement organiser le débat sous l'emprise d'une peur de la contagion grecque en France».

    «Le gouvernement veut gagner du temps et jouer la montre», a lancé Pierre Laurent, qui veut «amplifier la mobilisation, très au-delà de celle du 1er mai, sans se laisser impressionner par l'argumentation officielle». Entendue jeudi par le ministre du Travail, Éric Woerth, Cécile Duflot a regretté «le refus de négocier» du gouvernement, alors que ce dossier «doit faire l'objet d'un consensus et reposer sur un sentiment de justice, celui du partage des richesses».

    Olivier Besancenot a vanté l'unité, assurant: «Quand toute la gauche sociale et politique se rassemble, réagit de manière unitaire et non pas alternée, du côté de l'Élysée, on écoute le message!»

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  24. Lu dans Le Parisien, un article qui montre l'aspect erratique des sondages, notamment à propos des retraites...
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    Ni la crise en Grèce ni les pistes de réforme lancées peu à peu sur les retraites ne parviennent à les convaincre: les Français ne veulent pas qu'on touche à l'âge de la retraite, selon un sondage Viavoice paru ce mardi dans Libération. Ainsi, 63,4% des sondés se disent attachés à un maintien de l'âge légal de la retraite à 60 ans.

    Ils sont 34% à opter pour l'affirmation contraire: «Il faut reporter (l'âge légal) à plus de 60 ans», «nous vivons plus longtemps et il faut bien financer les retraites». 3% sont sans opinion.

    Et dans l'éventail des réponses, ce sont les métiers durs et peu rémunérateurs qui tiennent à cet acquis social : 83% des ouvriers, 81,5% des agriculteurs, contre 28,5 % des cadres.

    Confrontées à sept solutions pour assurer le financement des retraites, les personnes interrogées choisissent à 71% de «permettre à ceux qui le veulent de travailler aussi longtemps qu'ils le souhaitent». 48% cochent: «augmenter les prélèvements sur les revenus du capital» et 39% «faire payer davantage les retraités actuels les plus aisés».

    Et le risque est grand, selon les opinions, de provoquer une crise sociale en entamant le système de retraite à la française. Selon une autre étude, de BVA pour BFM et la Tribune, 53% des Français s'attendent d'ailleurs à ce que la réforme attendue déclenche une forte houle sociale.

    A la question : «Avez-vous le sentiment que la mise en place de la réforme des retraites est susceptible de déboucher dans les mois qui viennent sur un mouvement social important ou une paralysie du pays comme en 1995?», 53% ont répondu par l'affirmative contre 43% qui ont répondu par la négative (4% ne se prononçant pas). En 1995, le projet de réforme des régimes spéciaux retraites et de la sécurité sociale, voulue par le gouvernement d'Alain Juppé, avait entraîné plusieurs semaines de grève, notamment dans les transports publics.

    Ces deux sondages tempèrent le résultat de l'enquête Ifop publiée dimanche dans Ouest France. Cette étude montrait une évolution des pensées, voire, même, l'acceptation d'efforts importants : 46% des Français se résolvent à un allongement des cotisations (contre 38% début avril) et 43% à un recul de l'âge de la retraite au-delà de 60 ans (contre 33% à la même période). La quasi totalité des personnes interrogées (92%) rejetait, en revanche, la diminution des pensions.

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  25. Toujours à propos des retraites, ce document du COR:

    COR

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  26. Comme le faisait remarquer Brocéliande il y a un mois, il est troublant de voir Martine Aubry développer le concept de "Care", qui est à la fois une évidence de solidarité, mais également un bouche-trou ou un palliatif quand on veut appliquer des politiques de "rigueur".

    Dans Le Monde d'aujourd'hui,un article rapporte quelques critiques à ce sujet.
    ____
    CARE
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    Il est rappelé que la notion de Care a été empruntée à un courant féministe américain, qui postulait une vision proprement féminine de l'éthique et des rapports sociaux, centrée autour de la notion de «prendre soin des autres», qu’il souhaitait enseigner à l'ensemble de la société et aux hommes. M. Aubry utilise cette grille de lecture, déjà employée par Anthony Giddens, l'un des stratèges de Tony Blair, dans une tribune consacrée aux retraites et citée par Brocéliande. Elle y explique qu'il faut "aller vers une société du soin": "aucune allocation ne remplace les chaînes de soins, les solidarités familiales et amicales, l’attention du voisinage, l’engagement de la société tout entière. A ce prix, la réhumanisation de notre société prendra tout son sens", estime-t-elle.

    Cette vision rappelle quelque peu les notions de l‘«ordre juste» et de la «fraternité» de S. Royal (après l'avoir fustigée pour sa "nunucherie", on reprendrait donc ses mots d'ordre?)

    Nathalie Kosciusko-Morizet fustige "le triomphe des bons sentiments". "Rien de nouveau sous le soleil, sinon le retour à un discours de l'assistanat social et des bons sentiments, dont je doute qu'il rende justice aux femmes", écrit NKM, qui juge le concept dépassé car "il enferme les femmes et la réflexion politique dans la seule considération de la souffrance sociale".
    (Je suis assez d'accord avec cette critique).

    Manuel Valls dénonce de son côté une "erreur profonde" et "un recul pour la gauche". Selon lui, "l'individu n'est ni malade ni en demande de soins", mais demande au contraire "à pouvoir agir en toute liberté". Pour lui, cette "vieille idée des années 1980 (...) n'est en rien adaptée à la société française d'aujourd'hui". Et si la gauche gagnait avec cette philosophie, poursuit-il, elle risquerait de générer des attentes énormes et "une nouvelle bombe à retardement de la déception".
    (Pas faux non plus)...

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  27. D'accord avec Valls (avec des nuances) mais je ne reprocherai certainement pas à Martine Aubry de se rapprocher de l'ordre juste et de la fraternité...

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  28. Lu dans Le Monde.
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    Eric Woerth a transmis aux partis politiques, aux partenaires sociaux et aux syndicats le document d'orientation du gouvernement sur la réforme des retraites. Le texte fait 17 pages et comporte 14 engagements. Il ne précise pas encore complètement ce que sera la réforme des retraites mais exclut certaines pistes et en laisse ouvertes d'autres.

    A ce stade, deux certitudes: la durée d'activité va augmenter et un prélèvement exceptionnel sur les hauts revenus et les revenus du capital va être mis en place. Ce dernier dispositif devrait écorner le bouclier fiscal. Le document est rendu public alors que le ministre lance lundi 17 mai un second round de concertation.

    * Les objectifs
    Le gouvernement affirme qu'il veut apporter une "réponse durable" aux difficultés financières des régimes de retraites mais hésite encore entre deux horizons: 2020 ou 2030. Il promet de conforter "la solidarité", affirme que la répartition restera "le fondement" du système, mais n'écarte pas l'hypothèse d'une "réforme systémique" qui pourrait permettre, "dans le cadre de la répartition, d'apporter plus de transparence et de lisibilité au système de retraite."

    * Les pistes exclues
    - Pas de baisse des pensions.
    - Pas de hausse générale des impôts. Pas de mise en place d'une cotisation sur la valeur ajoutée, proposée par certains partis de gauche, car elle "aurait des conséquences négatives pour l'industrie française."

    * Les solutions envisagées
    - La durée d'activité va augmenter. Plusieurs leviers peuvent être mobilisés comme l'augmentation de la durée de cotisation ou le recul de l'âge légal de départ à la retraite mais le gouvernement remet au mois de juin l'annonce de son choix.

    - La mise en œuvre des mesures sera progressive. Le gouvernement s'engage à ce que l'augmentation de la durée d'activité se fasse "de manière progressive" et promet que les règles ne changeront pas pour les Français qui ont 60 ans et plus, qu'ils soient déjà partis à la retraite ou qu'ils travaillent encore.

    - La pénibilité sera prise en compte. La réforme maintiendra le dispositif de carrière longue qui permet à ceux qui ont commencé leur activité plus tôt de partir plus tôt. Le gouvernement tiendra aussi compte de la pénibilité propre à certaines carrières professionnelles.

    - Le bouclier fiscal est écorné. Le gouvernement confirme qu'il mettra "notamment" en place une contribution supplémentaire sur les hauts revenus et les revenus du capital.

    - L'augmentation de la durée d'activité concernera aussi le secteur public.

    Le gouvernement précise enfin que la réforme prévoira la tenue, dans les prochaines années, de rencontres périodiques avec les partenaires sociaux pour s'assurer du respect de certains objectifs essentiels pour la sauvegarde des régimes de retraite comme par exemple l'amélioration du taux d'emploi des seniors ou le maintien d'un taux de remplacement satisfaisant.

    (Françoise Fressoz et Claire Guélaud)

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  29. Commentaires critiques de Gérald Andrieu (lus dans Marianne) aux propositions de Woerth:
    ______
    Si le Parti socialiste s’est bien gardé d’avancer la moindre piste de sa réforme rêvée des retraites, le gouvernement en fait presque autant. Il y a bien eu le document d’orientation de 17 pages envoyé dimanche aux syndicats, mais le vague y tutoie le vaporeux. Le gouvernement avance masqué. Tellement masqué qu’Eric Woerth semble cumuler les fonctions à la cour : il n’est pas seulement le «Père Tape Dur sur le PS», il joue aussi les flous du roi dans cette partie d’échecs. Et avec brio même.

    Prenons la fameuse «contribution supplémentaire de solidarité sur les hauts revenus et les revenus du capital» qui vient d’être annoncée (une annonce qui ressemble à s’y méprendre à un hochet pour occuper médias et syndicats jusqu’à la révélation finale). Quels sont ces «hauts revenus» et ces «revenus du capital» et à quelle hauteur seront-ils taxés ? «On va en discuter encore un mois pour préciser tout cela. Et puis je ne vais pas donner des chiffres, sinon on va se focaliser sur ces chiffres» ! C’est vrai, c’est une mauvaise idée. Il manquerait plus maintenant que l’on se «focalise» et que l’on débatte sur des chiffres (1) ! Et de poursuivre : «Ce ne sont pas les catégories moyennes [qui seront mises à contribution], je le dis clairement». C’est on ne peut plus clair, en effet!

    Et pendant combien de temps ces «hauts revenus» et «revenus du capital» vont être taxés ? «Le temps qu’il sera nécessaire». Mais encore ? «Le temps qu’il faudra pour assurer l’équilibre du système de retraite» Certes, mais l’équilibre, c’est pour quand ? « 2020 ou 2030» ! Là encore, le flou est de mise.

    Mais ce flou n’est qu’apparent. Difficile d’imaginer que le gouvernement puisse avancer pas à pas comme tente de le faire croire Eric Woerth. Pour preuve, le calendrier, lui, est bien arrêté: «Le gouvernement annoncera la réforme d’ici le 20 juin. (…) Ça passera à l’Assemblée nationale début septembre. Le débat se poursuivra de façon dense à l’Assemblée puis au Sénat jusqu’à la fin octobre, j’imagine». Les juilletistes devront se hâter d’être en colère. Les aoûtiens, eux, devront se hâter de rentrer de congés. Et Eric Woerth qui se targue de mener une réforme «efficace», «juste» et surtout pas «brutale» aura remporté la partie. Échec et mat.

    (1) Notons au passage que François Chérèque avançait un peu plus tôt sur RTL un chiffre intéressant : «100 milliards d’euros» pourraient être collectés si le gouvernement mettait «à niveau la taxation sur le revenus du capital par rapport à ceux du travail ». Pas certain que le gouvernement veuille aller jusque-là…

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  30. Les propositions du PS en matière de retraites...

    Le texte adopté par le PS proclame l'attachement au "maintien de l'âge légal du départ à la retraite à 60 ans".

    Les propositions du PS s'articulent autour de deux piliers. Le premier concerne de nouvelles sources de financement. Avec la taxation des revenus du capital, la légère augmentation des cotisations salariales et patronales et la taxation des banques, le plan du PS rapporterait 50 milliards d'euros.

    Un nouvel allongement de la durée des cotisations étant écarté au-delà de ce qui est déjà prévu – 41 ans en 2012 et 41,5 ans en 2025 –, les socialistes innovent en proposant une "réforme systémique" autour d'une "retraite choisie". Un mécanisme de "surcote" (majoration) est présenté comme une "incitation pour ceux qui le peuvent et le souhaitent à travailler plus longtemps".

    Avec ce dispositif, le PS entérine les précédentes réformes de la retraite, et notamment la loi Fillon de 2003, qui avait harmonisé à 40 ans les durées de cotisations pour le public et le privé, que jusqu'à l'élection présidentielle de 2007 il envisageait purement et simplement d'abroger.

    Pour autant, il n'envisage pas l'augmentation des durées de cotisations. même si François Hollande, Bertrand Delanoë et même Lionel Jospin avaient jugé, à des degrés divers, qu'il fallait tenir compte de l'argument démographique rendant quasiment inéluctable un allongement de la durée des cotisations.

    Il souligne qu'il faut intégrer le paramètre de la pénibilité du travail pour permettre à ceux qui la subissent de partir plus tôt. Le texte a été remanié pour indiquer de façon plus floue que "si un allongement de la durée de cotisation devait être envisagé, celui-ci ne devrait pas excéder la moitié des gains d'espérance de vie."

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  31. Une interview d’Emmanuel Todd sur les retraites dans Le Progrès:

    TODD

    En termes d'économie immédiate, la question des retraites n'a aucun sens. Le gouvernement veut donner l'impression qu'il affronte la réalité, la vérité est qu'il fuit la réalité.

    Nos sociétés développées sont globalement très riches, très éduquées et âgées. L'âge médian (qui partage la population en deux moitiés) est d'environ 40 ans en France, de 44 ans en Allemagne et au Japon. Si vous enlevez tous les enfants et adolescents qui n'ont pas le droit de vote, vous obtenez un âge médian pour l'électorat qui est encore beaucoup plus élevé… Nos sociétés ont donc des préoccupations de gens âgés, qui approchent de la retraite.

    Le vrai problème de la France, c'est la disparition de notre industrie, les délocalisations d'entreprises, la stagnation du niveau de vie. Si nous ne faisons rien, notre société est menacée d'appauvrissement, ce qui remettrait complètement en question toutes les décisions qu'on prépare sur les retraites.

    Dans ce décalage temporel, ce qui me choque le plus, c'est la place épouvantable qui est faite aux jeunes: ils ont en général un niveau d'études beaucoup plus élevé que les générations précédentes, et ils sont maltraités en termes d'emploi et de salaire. Or je suis désolé d'être obligé de le rappeler : l'avenir d'une société, ce sont ses jeunes, pas ses vieux!

    La crise économique crée une tension très dure sur le marché du travail, et la vie professionnelle est vécue comme une jungle dont on n'a qu'une envie, c'est de sortir le plus vite possible. Le débat sur les retraites traduit cela: les gens s'intéressent plus à l'après vie professionnelle, comme un refuge à atteindre, qu'à leur travail, qui leur est devenu insupportable.

    Les premières victimes de la crise sont les ouvriers, qui sont en train de disparaître avec notre industrie, et l'on va d'ailleurs se rendre compte que ce sont les ouvriers qui étaient les véritables créateurs de la richesse du pays. Jusqu'à il y a quelques années, ces ouvriers faisaient grève pour protéger leur outil de travail. Maintenant, ils se battent pour négocier leurs conditions de départ.

    Je vois deux phénomènes nouveaux. En Europe, un effet de dislocation selon le degré de résistance des pays et de leur économie. Et une sorte d'amnésie chez nos gouvernants qui, après avoir bien réagi dans une première phase en comprenant que la crise était un problème de demande, sont en train de changer de pied et d'imposer l'austérité. Tout cela sous la houlette de l'Allemagne, dont la société est la plus âgée d'Europe, alors que la France conserve une bonne démographie.

    L’euro est mort si l'Europe n'est pas capable de sortir de la crise par le haut, par la mise en place d'un protectionnisme au niveau du continent. Mais comme c'est très difficile, le plus probable est la disparition de l'euro, de manière ordonnée ou dans la pagaille.La première victime en serait l'Allemagne, mais on voit se reproduire l'attitude habituelle des dirigeants français : on se rebelle, car on voit bien que nos intérêts ne sont pas les mêmes, et puis on finit par se coucher. Ce qu'ils ne voient pas, c'est que nous sommes dans une crise sans fin, dont on ne sortira qu'en changeant de logiciel, en prenant la voie du protectionnisme européen.
    Ce qui me rend optimiste, c'est le bon côté de la mondialisation : un monde qui s'alphabétise, sur fond de baisse générale de la fécondité… Les crises actuelles sont très dures, je ne minimise pas les souffrances qu'elles provoquent, mais ce sont des crises de transition. La tendance de fond est aux grandes retrouvailles de l'humanité.

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  32. Comme le rappelait Todd, sans plein emploi, et sans réduction du chômage des actifs potentiels - les jeunes - comment parler des retraites?

    Lu dans Le Monde, un texte de Maria Nowak

    Le débat sur les retraites se focalise sur la date de départ, le montant et la répartition des cotisations. Une variable n'est, curieusement, pas ou peu prise en compte, c'est l'emploi des jeunes. Or, si le travail a une fin, il a aussi un commencement et le moins qu'on puisse dire est que ce commencement est très mal assuré dans notre société. Regardons les chiffres : le chômage des jeunes actifs de moins de 25 ans est de l'ordre de 25 % en France contre 20 % en moyenne en Europe et 10 % en Allemagne. Ces jeunes actifs sont, pour une large part, peu qualifiés, puisqu'ils ont arrêté leurs études. Dans les quartiers en difficulté, le chiffre peut monter jusqu'à 40 %. Beaucoup de jeunes y sont en rupture scolaire depuis le collège, considérant qu'une éducation qui débouche sur la discrimination à l'emploi n'a pas grand sens. Le chômage des jeunes en zone rurale est tout aussi préoccupant.

    Dans le champ d'action qui est le sien, l'ADIE essaie d'aider les jeunes à créer leur propre emploi. En 2009, sur les 14 580 entreprises qu'elle a financé, 27 % des créateurs avaient moins de 29 ans. Elle a mis en place dans les banlieues difficiles Créajeunes, un programme de formation à la création d'entreprise, qui a accueilli, à ce jour, 1 150 jeunes dont 35 % ont déjà créé leur entreprise. La diversité des projets est illustrée à travers les lauréats du concours "Devienstonboss !" : Hélène, à Lyon, veut se lancer dans l'organisation des cocktails dînatoires, pas comme les autres (elle est sculpteuse de fruits et légumes). Eric va développer sa marque de vêtement de sport à Lille. Aîcha veut ouvrir une librairie multilingue avec un coin café à Mayotte.

    MICROCRÉDIT

    Alors qu'un rapport de l'inspection générale des finances, publié en mars dernier, constate la remarquable efficacité du microcrédit et les économies que cette démarche permet de réaliser à l'Etat en matière d'insertion, l'ADIE n'arrive pas à réaliser les conditions d'une pleine efficacité de son action. A la veille de la semaine du microcrédit, programmée du 1er juin au 5 juin, il est utile de les préciser.

    La première consiste à permettre aux jeunes, qui sont sans ressources, de bénéficier des indemnités de stage pendant la période de formation. La seconde est d'avoir accès, en dehors du microcrédit à un minimum de fonds propres, de l'ordre de 1 000 à 1 500 euros sur des plans de financement, qui ne dépassent pas en moyenne 8 000 euros, ce qui est d'ailleurs le cas, en France, de 53 % des entreprises nouvelles. La troisième est de trouver des locaux professionnels, qui, dans des quartiers conçus comme dortoirs, sont rares et chers. La quatrième, enfin, est de pouvoir exercer des activités simples, qui n'exigent qu'une formation d'une ou deux semaines, alors que ces activités sont réglementées de la même façon que des métiers exigeant deux ans d'apprentissage.

    Peut-on vraiment parler des retraites et ne pas se préoccuper davantage de l'emploi des jeunes ?

    Maria Nowak (présidente de l'Association pour le droit à l'initiative économique, ADIE)

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  33. Un article de Philippe Cohen et Gérald Andrieu dans Marianne. RADIO INTOX !
    _____

    Pas moins de trois responsables de la majorité sur les radios ce matin pour parler «retraites», c’est beaucoup. Surtout quand les interviewers prennent soin de lier la réforme des retraites à la question de la rigueur…

    Ce matin, les trois premières radios du pays ­ont invité pas moins de trois membres de la majorité — Xavier Bertrand sur RTL, Jean-François Copé sur Europe 1 et Gérard Larcher sur France Inter — à parler d'un seul et même sujet: les retraites. Il faut entendre nos amis des «matinales» jongler avec les quatre paramètres du sujet! Un vrai bonneteau! Et que je te mets 42 années de cotisations, et que je t'augmente de 0,1% par an les cotisations, et que je t'aligne les fonctionnaires au mur comme les autres. Un vrai bonheur qui doit, tour à tour, leur donner l'impression d'être les maîtres du monde et leur rappeler le Monopoly de leur enfance. De toute façon, sur toutes les radios, le sang et les larmes sont au programme, car les trois maîtres de cérémonie ont pris soin de lier la réforme des retraites à la réduction des dépenses publiques, à la rigueur.

    Dans ce domaine, il faut bien reconnaître que Jean-Michel Aphatie est un orfèvre. La dette, c’est son cauchemar. Depuis toujours {...}

    Jean-Pierre Elkabbach et Nicolas Demorand, à côté, sont presque décevants. Moins francs du collier, ils se «contenteront» chacun de conclure la partie de leur entretien consacrée à la réforme des retraites par une question sur la rigueur. Mais quelle que soit la méthode employée par l’interviewer, il restera, au final, à l’auditeur-contribuable-électeur un désagréable sentiment: il y a urgence «mon p’tit père» à réformer les retraites, sinon c’est le pays tout entier qui va sombrer ! Une sorte de conditionnement généralisé qui permettrait de fuir les vraies questions.
    _____
    Eh oui!

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  34. Un article clair et intéressant sur les retraites dans Agoravox, avec une critique des molles positions du PS:

    RETRAITES

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  35. Pour ceux qui auraient le courage de lire les documents du gouvernement sur les retraites, voici le site:

    GOUVERNEMENT

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  36. Et une analyse de l'enfumage médiatique sur le problème des retraites dans Acrimed:

    ENFUME

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  37. Référendum sur les retraites, chiche?
    Extrait d'un article de Marc Cohen dans Causeur:

    En face de ça, la gauche et les syndicats ne cessent depuis un an de se prendre les pieds dans le tapis. Faites le test autour de vous: personne n’est capable de résumer leurs propositions alternatives en quelques mots simples (tel le credo d’en face: retraite à 62 ans pour sauver le système). Faute d’avoir eu les coucougnettes de mettre à nu point par point la vulgate Essec-HEC-Sup de Co qui sous-tend la réforme (ce qui se comprend aisément, ce corpus nunucho-libéral est aussi de fond de commerce de DSK), nos degauche sont à poil. Résultat, hormis le maintien du statu quo, que l’opinion, et pas seulement celle qui vote UMP, juge intenable, on n’a rien à proposer, si ce n’est des garde-fous immédiatement récupérés et vidés de leur substance par le gouvernement (pénibilité pour de rire, taxounette sur les revenus du capital).

    À défaut de savoir ce qu’on veut, il faut dire clairement ce qu’on ne veut pas.

    Est-ce à dire que toute cette mobilisation, à l’image de celle de janvier 2009 débouchera forcément sur le grand nulle part ? Pas obligé. À condition que les opposants s’opposent et cessent de se la jouer responsables et proposants. La seule issue, désormais, c’est de capitaliser et faire exploser le mécontentement, l’hostilité bien réelle des salariés à la réforme. Une excellente consœur suggérait mercredi soir chez Hondelatte sur RTL que plutôt qu’un énième slogan alambiqué, les syndicats devraient avoir un seul mot d’ordre inscrit sur les banderoles de tête des cortèges : Ré-fé-ren-dum ! C’est évidemment la voix du bon sens, et la seule façon pour la gauche de ne pas désespérer ses électeurs naturels, de ne pas leur prouver qu’ils auront bien raison de faire abstentionnistes en 2012.

    Arrêtons de dire ce qu’on veut, ça ne le fait manifestement pas, mais disons fort et clair ce dont ne veut pas. Lors de sa campagne électorale, le président s’est formellement engagé à ne pas toucher à l’âge légal du départ en retraite. Il est revenu sur ses engagements, ce qui n’est pas très cool, mais qui, honnêtement, n’est pas un crime de haute trahison. Il n’est pas interdit de changer d’avis, mais alors, il est juste réglo de nous demander notre avis. Quand chez Canal Plus, chez Darty ou chez Orange, les termes du contrat changent en cours d’engagement, et bien on vous demande d’accepter ou de refuser les nouvelles clauses. Chiche, Nicolas ?

    Nous voulons un référendum. On veut qu’on nous pose cette question toute bête: êtes-vous vous favorable, oui ou non au projet de loi sur les retraites? Et on veut juste avoir le droit de pouvoir dire non, non et non ! Ce n’est certes pas un programme très sophistiqué, c’est pas fouillé comme du Piketty ou sophistiqué comme du Badiou, mais purée, c’est facile à comprendre, populiste en diable et parole, le T-shirt “J’veux un référendum!”, ça va faire un malheur sur les plages!

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  38. La nécessité pour le pays, et l'opportunité pour la gauche, d'un référendum sur le projet de réforme, c'est l'évidence même.

    Je suis moins d'accord avec l'idée de s'accommoder de nepas savoir ce qu'on propose. Le "non à Sarko" là-dessus gagne en force et en crédibilité s'il est sous-tendu par un "oui au futur projet de "la"* gauche". Encore faut-il en proposer un...
    * guillemets empruntés à Morin !

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  39. Car l'inconvénient, avec le référendum, c'est qu'on fait gagner facilement le "non", mais que c'est une victoire à la Pyrrhus s'il n'y a pas consensus pour une proposition alternative. On l'a bien vu en 2005. Et en 1969 !

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  40. Comment sortir les retraites du reste ! Dans la façon dont on traite ce dossier, tout un projet de société est implicite.
    Il va y avoir un référendum en 2012. La question sera : voulez vous que ces gens là continuent à tout casser au détriment de presque tous et pour le plus grand profit (provisoire !) de quelques uns ?

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  41. Henri Pena Ruiz, philosophe et écrivain, membre du Parti de gauche, dans Le Monde.

    Invoquer seulement l'évolution du rapport entre "actifs" et "passifs" et celle de l'élévation de l'espérance de vie pour élever l'âge légal de départ à la retraite et la durée de cotisation est irrecevable. On prétend le faire au nom de la pure économie, qui n'existe pas sans dimension sociale. Ainsi, le coût social du chômage ou du surmenage ne figure pas dans les livres de comptes des entreprises. Pourtant, il existe. Le capitalisme fait semblant de l'ignorer. Sous son nom pudique de libéralisme, il promeut une économie irresponsable et assistée en laissant ces coûts à la charge de la collectivité: coûts humains, coûts écologiques, coûts sociaux. En détruisant la retraite à 60 ans, le gouvernement impose une honteuse régression sociale. Pour cela il néglige cinq paramètres majeurs.

    1)l'écart entre les espérances de vie selon le niveau social. Depuis que l'âge légal de la retraite a été fixé à 60 ans, en 1981, l'espérance moyenne de vie a progressé de six ans. Mais pas pour tout le monde. Entre un ouvrier et un cadre supérieur, l'écart d'espérance de vie s'élève à sept ans.

    2) le lien entre l'âge de la retraite et l'espérance de vie. La pénibilité influe de façon négative sur l'espérance de vie. Retarder l'âge de la retraite, c'est rendre la mort plus rapide. D'autant que l'inégalité devant la maladie et la mortalité s'est accrue avec l'affaiblissement du système de santé publique.

    3) l'accroissement de la productivité a, depuis vingt-cinq ans, augmenté de 50 %, selon le chiffre généralement admis de 2 % de progression par an. Un "actif" produit dans le même temps beaucoup plus de richesse qu'un actif de 1985.

    4) l'écart croissant entre les revenus du travail et ceux du capital. Vingt années de croissance à 2 % l'an aboutissent à 40 % d'augmentation de la richesse nationale. Qui en a profité ? Le partage de la valeur ajoutée issue du travail humain de ces vingt dernières années s'est effectué en faveur du capital, dont les revenus ont progressé bien plus vite que ceux du travail. Ne peut-on mettre à contribution le capital autrement que par une augmentation dérisoire de 1 % pour l'impôt sur les plus hauts revenus ou par une aumône prélevée sur les dividendes ? En fait le chômage a servi à comprimer les salaires tout en induisant sur le marché du travail un rapport de forces défavorable aux salariés. Et le résultat est là. Les profits du capital ont pris plus de 8 points de richesse nationale aux salaires entre 1983 et 1990.

    5) La pression du chômage sur le coût du travail. Il est paradoxal d'en appeler à un allongement du travail alors que le chômage se maintient autour de 10 % et qu'il frappe nombre de seniors remplacés par des personnes plus jeunes et moins payées. Les services publics et la Sécurité sociale, gages d'une bonne santé de toute la population, sont sacrifiés. Saisissant contraste avec les parachutes dorés et autres stock-options de ces professeurs d'austérité qui ne se l'appliquent pas à eux-mêmes! Si le taux de chômage officiel était réduit de moitié, le déficit des retraites, grâce aux cotisations de ceux qui auraient retrouvé un emploi, serait lui aussi réduit de moitié.

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  42. Henri Pena Ruiz
    Et voilà. Pas de baratin, les faits. Oubliés ou occultés par la gauche moolle, mais mooolle…

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  43. "Chacun a le devoir de travailler et le droit d'obtenir un emploi".
    (Préambule de la Constitution)

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  44. Un article de Julien Martin sur Rue 89. EXtraits.

    Déjà sujette à moult critiques, la réforme des retraites renferme une mesure particulièrement pernicieuse.

    Non seulement les fonctionnaires ayant trois enfants et quinze ans de service ne pourront plus partir à la retraite lorsqu'ils le souhaitent à partir du 1er janvier 2012, mais en plus les conditions financières seront nettement moins favorables dès le 13 juillet prochain.

    Le vice se cache dans l'article 18 dudit projet de loi et pousse donc les personnes intéressées à se décider avant cette date. A un jour près, une retraite peut être amputée de 20%, 30% ou 40% de sa valeur !

    En 2008, près de 15 000 femmes avaient pourtant bénéficié de ce dispositif remontant à 1924. Il est toutefois contesté jusqu'au sein des organisations syndicales, qui ne voient pas forcément d'un mauvais œil sa disparition. En cause, le danger que représente pour certaines femmes le fait de se retrouver à la retraite, avec une pension incomplète et de manière irréversible, malgré les aléas de la vie.

    La précipitation engendrée par cette réforme va indéniablement augmenter ce danger, dénonce aujourd'hui Jean-Louis Malys, secrétaire national CFDT en charge du dossier des retraites: «Sans parler des femmes qui ont organisé leur carrière en intégrant cette possibilité de partir à la retraite et qui ne pourront peut-être pas le faire par manque d'information, ce délai très court est très discutable car il peut forcer certaines femmes à prendre précipitamment une décision lourde de conséquences. Le gouvernement oblige ces femmes à prendre une décision alors même que cette disposition n'est pas certaine, puisque le 13 juillet est seulement la date de présentation du texte en Conseil des ministres. Si le gouvernement change d'avis à la dernière minute ou si le Parlement censure la mesure, elles risquent d'être parties à la retraite trop vite et pour rien».

    «Si on n'avait pas mis la lumière sur cette mesure, personne n'aurait été au courant», poursuit Brigitte Jumel, secrétaire générale de la CFDT Fonction publique {...}On a quand même beaucoup de mal à comprendre pourquoi le gouvernement a jugé nécessaire d'inscrire cette date limite précipitée et rétroactive dans la loi… »

    Le cabinet de Georges Tron se refuse à admettre un déficit d'information ou une quelconque précipitation : «Regardez, les médias en parlent!» Sans toutefois pouvoir citer les mesures prises pour faire connaître ce point de la réforme des retraites.

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  45. Ce Julien Martin a tout à fait raison de mettre en lumière ce genre de point qui peut, dans un premier temps, sembler obscur sinon incompréhensible. Ainsi, le sous-amendement de monsieur Kert de la loi Hadopi a réduit quasiment à néant les droits d'auteur des journalistes (côté fric) et leur droit de regard sur leur publication au sein d'un même groupe. Un tout petit article de rien du tout qui a modifié sans coup férir et le code du travail et le statut des journalistes.

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  46. Ségolène Royal invite à signer une pétition pour un référendum sur la réforme des retraites:

    PETITION

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  47. Je ne suis pas absolument fanatique de tous les signataires de ce texte (qui m'a été transmis par la FCPE) mais je serais prêt à le signer avec eux :
    "Après un mois de consultations en trompe-l'oeil, le gouvernement a remis sa copie aux syndicats et au patronat. Ce document d'orientation est précieux, car il renferme toutes les contre-vérités proférées et fausses solutions avancées depuis près de vingt ans. Choc démographique, catastrophe des régimes de retraite par répartition et travailler plus longtemps se mêlent dans un projet aussi mystificateur qu'inefficace.

    Y a-t-il un choc démographique ? Oui, répond le document d'orientation. Non, a répondu à plusieurs reprises le Conseil d'orientation des retraites (COR) dont les conclusions sont sciemment travesties.

    Ainsi, la France connaît un allongement de l'espérance de vie, heureuse nouvelle, et une fécondité qui la place juste au niveau du seuil de renouvellement des générations. Le COR a également établi, sans que cela soit contesté, que l'aggravation des déficits des comptes sociaux était essentiellement due à la crise financière et non pas à l'évolution démographique : en 2006, le déficit de l'ensemble du système de retraite était de 2,2 milliards d'euros ; en 2008, il atteignait 10,9 milliards et il devrait être de 32,2 milliards en 2010. La démographie n'exerce son influence qu'à moyen et long terme, et pas dans une accélération foudroyante en quelques mois.

    N'y a-t-il qu'une seule solution ? Oui, répond le document d'orientation après avoir écarté sans examen les autres. Une fois ce coup de force perpétré, la réponse est assénée : "Répondre à un déséquilibre démographique par des solutions démographiques." Elle vaut ce que vaut le diagnostic : erreur magistrale. Le gouvernement s'engage à "écarter toute solution qui baisserait le niveau de vie des Français ou augmenterait le chômage". Or, obliger les salariés à travailler plus longtemps (recul de l'âge légal de la retraite, augmentation de la durée de cotisation, ou combinaison des deux) entraîne obligatoirement une baisse du niveau des pensions sans qu'il soit nécessaire de l'annoncer. Nous le savions depuis les réformes de 1993 et de 2003, nous sommes prévenus pour celle de 2010.

    Quand la situation économique reste et restera marquée par un chômage très élevé, l'engagement à "écarter toute solution qui baisserait le niveau de vie des Français ou augmenterait le chômage" est un faux-semblant : le travail forcé des seniors se substituera à l'emploi des jeunes en l'absence de création d'emplois en nombre suffisant, et ce surtout en accroissant la durée individuelle du travail.

    Les uns travailleront plus. Les autres, jeunes, femmes, sans qualification, quinquas, erreront du chômage à la précarité dans un aller-retour incessant. Ce ne sont pas les velléités de tenir compte de la pénibilité de ceux qui auront déjà été brisés par une longue vie de travail qui atténueront la violence du capitalisme néolibéral exigeant toujours plus de productivité et de rentabilité.


    La promesse de créer "une contribution supplémentaire de solidarité sur les hauts revenus et les revenus du capital sans restitution au titre du bouclier fiscal" sauvera-t-elle l'ensemble ? Rien n'est moins sûr. On nous annonce une contribution pouvant aller jusqu'à quelques milliards d'euros, alors que le gouvernement n'arrête pas d'apeurer la population avec des déficits de l'ordre de 100 milliards en 2050.
    à suivre

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  48. Je ne suis pas un fanatique de TOUS les signataires de ce texte mais je serais prêt à le signer avec eux :
    "Après un mois de consultations en trompe-l'oeil, le gouvernement a remis sa copie aux syndicats et au patronat. Ce document d'orientation est précieux, car il renferme toutes les contre-vérités proférées et fausses solutions avancées depuis près de vingt ans. Choc démographique, catastrophe des régimes de retraite par répartition et travailler plus longtemps se mêlent dans un projet aussi mystificateur qu'inefficace.

    Y a-t-il un choc démographique ? Oui, répond le document d'orientation. Non, a répondu à plusieurs reprises le Conseil d'orientation des retraites (COR) dont les conclusions sont sciemment travesties.

    Ainsi, la France connaît un allongement de l'espérance de vie, heureuse nouvelle, et une fécondité qui la place juste au niveau du seuil de renouvellement des générations. Le COR a également établi, sans que cela soit contesté, que l'aggravation des déficits des comptes sociaux était essentiellement due à la crise financière et non pas à l'évolution démographique : en 2006, le déficit de l'ensemble du système de retraite était de 2,2 milliards d'euros ; en 2008, il atteignait 10,9 milliards et il devrait être de 32,2 milliards en 2010. La démographie n'exerce son influence qu'à moyen et long terme, et pas dans une accélération foudroyante en quelques mois.

    N'y a-t-il qu'une seule solution ? Oui, répond le document d'orientation après avoir écarté sans examen les autres. Une fois ce coup de force perpétré, la réponse est assénée : "Répondre à un déséquilibre démographique par des solutions démographiques." Elle vaut ce que vaut le diagnostic : erreur magistrale. Le gouvernement s'engage à "écarter toute solution qui baisserait le niveau de vie des Français ou augmenterait le chômage". Or, obliger les salariés à travailler plus longtemps (recul de l'âge légal de la retraite, augmentation de la durée de cotisation, ou combinaison des deux) entraîne obligatoirement une baisse du niveau des pensions sans qu'il soit nécessaire de l'annoncer. Nous le savions depuis les réformes de 1993 et de 2003, nous sommes prévenus pour celle de 2010.

    Quand la situation économique reste et restera marquée par un chômage très élevé, l'engagement à "écarter toute solution qui baisserait le niveau de vie des Français ou augmenterait le chômage" est un faux-semblant : le travail forcé des seniors se substituera à l'emploi des jeunes en l'absence de création d'emplois en nombre suffisant, et ce surtout en accroissant la durée individuelle du travail.

    Les uns travailleront plus. Les autres, jeunes, femmes, sans qualification, quinquas, erreront du chômage à la précarité dans un aller-retour incessant. Ce ne sont pas les velléités de tenir compte de la pénibilité de ceux qui auront déjà été brisés par une longue vie de travail qui atténueront la violence du capitalisme néolibéral exigeant toujours plus de productivité et de rentabilité.
    à suivre

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  49. Désolé, Blogger s'est un peu payé ma tête. Voici la suite :
    "La promesse de créer "une contribution supplémentaire de solidarité sur les hauts revenus et les revenus du capital sans restitution au titre du bouclier fiscal" sauvera-t-elle l'ensemble ? Rien n'est moins sûr. On nous annonce une contribution pouvant aller jusqu'à quelques milliards d'euros, alors que le gouvernement n'arrête pas d'apeurer la population avec des déficits de l'ordre de 100 milliards en 2050.


    Ce sont des mesures d'une autre ampleur qu'il faut prendre pour développer notre système de retraite par répartition, notamment en réorientant les politiques économiques qui privilégient la finance au détriment de l'emploi, de la formation et des salaires et qui sont au cœur du financement des retraites : un million d'emplois en plus, c'est déjà 5 milliards d'euros de recettes supplémentaires. Il y a aussi des marges d'action importantes en favorisant un plus fort taux d'emploi des femmes, la France se situant au 15e rang de l'Union européenne. La répartition des revenus dans notre pays a, depuis un quart de siècle, tourné à l'avantage décisif des actionnaires et des très hauts salariés managers. Une simple application du taux de cotisation patronale aux dividendes distribués comblerait immédiatement tout le déficit actuel de la Caisse nationale d'assurance-vieillesse.

    L'argument éculé de la perte de compétitivité est ici fallacieux, puisqu'il s'agirait de n'amputer que les dividendes nets reçus par les actionnaires et non les capacités d'investissement des entreprises, et parce que cela ne renchérirait pas les coûts de production. La retraite à 60 ans à taux plein peut être garantie à tous les salariés si de tels choix politiques sont faits aujourd'hui.

    Pour couronner le tout, le document d'orientation se prononce en faveur d'une réforme systémique prochaine pour aller vers un système "par points" ou "par comptes notionnels". Là aussi, le gouvernement piétine les conclusions du rapport du COR de janvier qui a montré le risque d'individualisation exacerbée d'une telle réforme et, ce qui n'est pas le moins savoureux, l'incapacité de tels systèmes à surmonter un choc démographique ou économique.


    Deux conclusions s'imposent donc.

    Primo, la crise financière surdétermine la frénésie avec laquelle tous les gouvernements du monde s'acharnent à imposer des plans d'austérité dont les salariés et les retraités font aujourd'hui les frais, tandis que les tenants de la finance se refont une santé sur le compte des budgets publics ou grâce aux garanties accordées par les Etats.

    Secundo, la volonté de faire travailler toujours davantage manifeste le refus de reconsidérer la place du travail dans notre société, le refus aussi d'apprécier l'immense contribution des personnes retraitées, en termes de lien social et de création de services utiles à la société. Bref, l'obstination à promouvoir une société engagée dans un cycle productiviste sans fin.

    Notre détermination à faire échec au projet du gouvernement est donc intacte : à l'opposé de la valeur pour l'actionnaire et du "travailler plus pour vivre moins", organisons une juste répartition des richesses, la réduction des inégalités, le partage du travail et une redéfinition des finalités de l'activité économique."

    Jean-Marie Harribey, Attac ;
    > Willy Pelletier, Fondation Copernic ;
    > Gérard Filoche, inspecteur du travail ;
    > Christiane Marty, féministe ;
    > Christophe Delecourt, CGT-Finances ;
    > Didier Horus, FSU ;
    > Pierre Khalfa, Solidaires ;
    > Olivier Besancenot, NPA ;
    > Martine Billard, PG ;
    > Marie-George Buffet, PCF ;
    > Razzy Hammadi, PS ;
    > Alain Lipietz, Les Verts.

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  50. Merci, Parleur.

    Nous sommes maintenant bien au clair: nous avons totalement désenfumé l'atmosphère autour de la réforme de la retraite et mis à jour les erreurs massives du gouvernement, soutenu - il faut le rappeler - par une bonne partie du PS.

    Donc, signer la pétition lancée par Désirs d'avenir pour demander un référendum sur cette réforme inique semble utile.

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  51. Plus j'y pense plus j'aime l'idée d'appliquer la cotisation patronale aux dividendes versés aux actionnaires. Elégante, fonctionnelle, imparablement légitime. Plus douce que le réjouissant SLAM de Frédéric Lordon, ne coûtant rien aux entreprises, elle conviendrait à tout le monde. Sauf aux plus obtus des actionnaires.
    Qu'en pensez vous ?

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  52. l'idée d'appliquer la cotisation patronale aux dividendes versés aux actionnaires: je vote pour!

    On vote où, dejà, Parleur?

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  53. Rappelons le en effet, tu as raison : cette arnaque n'est pas combattue mais carrément soutenue par une partie non négligeable du PS. La religion hyperlibérale a contaminé une grosse partie de la gauche. C'est pourquoi il est si important, au delà du nécessaire refus cinglant des turpitudes de la droite et des psalmodies des Fous de Mammon, de présenter des contre propositions solides, pour essayer de CONVAINCRE LA GAUCHE institutionnelle d'abandonner sa vision lénifiante et résignée d'une opposition qui se contenterait de petits accommodements à la marge, genre "sensibilité sociale" de centre droit, version sociétale des soins palliatifs.

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  54. On vote dans les bureaux de vote. Pour autant qu'il y ait un candidat. Il va y avoir les primaires de la gauche. Faudra vraiment y aller. En l'état actuel, je vote Ségolène Royal. Malgré sa voix exaspérante et avec un certain espoir en sa liberté d'esprit et son caractère de cochon.

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  55. Signer la pétition initiée par Sa Bravitude me paraît nécessaire, mais non suffisant.

    En effet je me méfie toujours de la démarche "front du refus". Souvenons-nous de 2005 et de la victoire du Non, indiscutable sur le plan juridique mais illusoire sur le plan politique (tout comme le serait une chute de Sarko au profit de Villepin ou Fillon).

    Il est important de prévoir un contre-projet. De ce point de vue, la démarche de la CFDT me semble stratégiquement la moins mauvaise. Réforme: oui, mais conduite par les gens concernés, les salariés.

    Sur la cotisation des actionnaires: ce serait la moindre des choses. On peut aller plus loin et introduire les représentants des salariés et de la société civile dans l'actionnariat, avec droit de regard sur toutes les décisions, droit d'alerte et droit de veto sur certaines.

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  56. Melchior
    1) Oui
    2) Oui
    3) Oui, mais CFDT/Chérèque : mèfi(comme on dit à Marseille).
    4) Oui

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  57. D'accord avec Melchior.

    Mais... position de la CFDT?

    Le congrès CFDT a voté jeudi 10 juin, par 58,9 % des voix, pour une réforme des retraites comportant un allongement de la durée de cotisation sous conditions, selon le résultat proclamé à la tribune. La CFDT n'en demeure pas moins résolument hostile à la remise en cause du droit au départ à 60 ans, qui "n'est ni négociable, ni amendable", a déclaré au micro Jean-Louis Malys, secrétaire national à la protection sociale.

    Un amendement proposé par le syndicat Interco (fonctionnaires) de Seine-Maritime proposait de supprimer la référence à un allongement de la durée de cotisation dans le "projet alternatif" (à celui du gouvernement) de réforme des retraites inclus dans le projet de résolution de la direction. Il n'a recueilli que 41,1 % des voix. L'annonce du résultat a été saluée par de longs applaudissements, et beaucoup de délégués se sont levés.

    Le texte de la résolution affirme que "l'augmentation de la durée de cotisation n'est acceptable pour la CFDT qu'à la condition d'un partage des gains d'espérance de vie et d'une possibilité de choix renforcée". "Les gains d'espérance de vie, ajoute le texte, doivent faire l'objet d'un partage équilibré entre durée de cotisation supplémentaire ouvrant un droit à une retraite à taux plein et temps de retraite supplémentaire."

    Cette position est conforme avec l'appui qu'avait apporté François Chérèque, au dernier moment, à la réforme de 2003 qui posait comme principe que la durée de cotisation continuerait de s'allonger au fur et à mesure que l'espérance de vie progresserait. Selon M. Malys, "la CFDT ne serait plus tout à fait la CFDT si elle se contentait de s'en tenir au refus" de modifier l'âge légal. Pour la centrale syndicale, il s'agit de "dépasser la contestation pour faire des propositions". Si tout nouvel allongement de la durée d'activité est rejeté, "le risque est grand que les jeunes générations refusent d'assumer la totalité de l'effort" demandé aux salariés, a plaidé M. Malys. Cela, a-t-il jugé, ouvrirait "le chemin à la capitalisation".

    Le congrès a ensuite validé la proposition de la direction de "réfléchir aux conditions d'unification des régimes [de retraite] et aux contreparties nécessaires", malgré les craintes exprimées par certains syndicats.

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  58. Ben voyons. CFDT : mèfi. Qu'est-ce que je vous disais. Avec la gauche molle, le syndicalisme mou. On se couche docilement tout en "exigeant" d'une grosse voix des aménagements marginaux. Et de s'auto-congratuler. Eugène Descamps, Edmond Maire, que sont devenus vos enfants…

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  59. Bien qu'adhérent moi-même de la CFDT (par les p'tits vieux du SGEN) je me garderai bien de soutenir ici les décisions du Congrès confédéral, que je n'ai suivi que de très très loin. J'affirme seulement qu'on ne peut pas se contenter de répéter "non à la réforme Sarkozy-Woerth", sans dire la solution alternative qu'on propose, cette solution alternative ne pouvant être ni le statu-quo, qui même tout droit à la retraite par capitalisation après effondrement du système actuel, ni le refrain "y a qu'à prendre le pognon laouskilé" sans dire précisément où, quand et comment.

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  60. Melchior
    Des propositions alternatives, il y en a. Elles sont évacuées sans discussion par le gouvernement et guère envisagées par la goche. Pas dans les clous de la vulgate, pas suffisamment respectueuses de certains intérêts ultra minoritaires mais puissants et influents. Et vous avez bien raison : ça suffit ce refrain simplet de " yaka prendre l'argent laouskilè"! C'est tellement plus raisonnable de le prendre laouskilèpa…

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  61. Le principe même du système par répartition est de prendre l'argent lahousskilépazenkor: on paye les anciens travailleurs avec des cotisations salariales et patronales, c'est-à-dire avec de la valeur pas encore réalisée (plus du troudlas-hécu: de la valeur fictive).

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  62. MM (Malicieux Melchior).
    OK. J'aurais du écrire laouski srajamè. Dont acte.
    Le jeu étant peut-être bien de démontrer que ça peut
    pas marcher et qu'il faut passer aux assurances privées par capitalisation et toutes ces bonnes sortes de choses bien juteuses. Comme pour l'Ecole, l'Hôpital…

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  63. Lu dans Le Monde

    PARIS (Reuters) - Une série d'amendements en faveur de la parité hommes-femmes ont été déposés dans le cadre de la réforme des retraites par la délégation aux droits des femmes de l'Assemblée nationale.

    Ce projet de loi présenté le 13 juillet en conseil des ministres par le ministre du Travail Eric Woerth sera examiné du 20 au 23 juillet par la commission des Affaires sociales que préside l'UMP Pierre Méhaignerie.

    Le texte sera examiné en séance publique par les députés à partir du mardi 7 septembre lors d'une session extraordinaire.

    Parmi les amendements de la Délégation que préside l'UMP Marie-Jo Zimmermann, l'un propose de maintenir à 65 ans au lieu de 67, comme le prévoit le texte gouvernemental, l'âge auquel un assuré au régime général peut liquider ses droits à la retraite en bénéficiant du taux plein.

    La Délégation estime que les femmes "sont plus nombreuses à devoir travailler plus longtemps pour éviter la décote" et "qu'un quart d'entre elles obtient le taux plein par l'âge".

    Un autre amendement propose que le comité de pilotage des régimes de retraite ne soit pas un simple observateur des écarts de pension entre les hommes et les femmes mais qu'il fasse de la parité l'un de ses objectifs.

    L'opposition, mais aussi la majorité, s'apprêtent à déposer de nombreux amendements. La commission des Affaires sociales est saisie au fond, les commissions des Lois et des Finances pour avis.

    Le président de la commission des Affaires sociales, Pierre Méhaignerie (UMP), s'est dit favorable à des "ajustements" au projet de réforme, notamment dans le domaine de la pénibilité.

    Les députés examineront la réforme des retraites à partir du 7 septembre pour une durée de deux semaines. Le Sénat l'examinera à son tour en octobre. Le gouvernement ayant décidé d'utiliser la procédure "accélérée", il y aura une seule navette dans chacune des assemblées, l'objectif étant de faire adopter définitivement le texte avant la fin octobre.

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  64. Un outil intéressant pour analyser les projets de loi, notamment celui sur les retraites, dans Agoravox:
    RETRAITES

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  65. Lu dans Le Nouvel Obs:

    Le report de l'âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans à l'horizon 2018 a été entériné mercredi par la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale, contre l'avis de l'opposition.

    Après une discussion dans un climat tendu mardi, les députés sont entrés dans le vif du sujet, examinant les premiers articles de la réforme dont Nicolas Sarkozy a fait sa priorité.

    Une centaine d'amendements avaient été débattus mercredi après-midi sur les 417 déposés sur ce texte défendu par le ministre du Travail, Eric Woerth, et le débat, qui s'est accéléré, devrait se terminer jeudi, et non vendredi.

    Les députés ont validé l'article 5, clef de voûte de la réforme, qui relève l'âge légal de départ à la retraite à raison de quatre mois par génération à l'horizon de 2018, et qui cristallise les critiques des syndicats et de la gauche.

    Le départ à 60 ans avait été instauré par le président socialiste François Mitterrand en 1983.

    L'article 6 a également été validé, qui acte le passage de 65 à 67 ans l'âge d'une retraite à taux plein quel que soit le nombre de trimestres de cotisation et sans pénalisation.

    La commission des Affaires sociales a rejeté un amendement adopté la veille, contre l'avis du gouvernement, par la commission des Finances, qui avait été saisie pour avis.

    Cet amendement proposait de maintenir à 65 ans l'âge pour une retraite pleine pour les mères ayant au moins deux enfants.

    Jean-Marc Ayrault, le président du groupe PS à l'Assemblée, a déploré que toutes les propositions socialistes, telles que la retraite choisie avec instauration d'un compte-temps ou l'incitation au travail des seniors aient été rejetées.

    Eric Woerth a fait au contraire valoir que certains amendements défendus par l'opposition avaient été retenus, comme l'ouverture du comité de pilotage des retraites aux syndicats, proposée par la député du Parti du gauche Martine Billard.

    "On a estimé que ces amendements amélioraient le texte", a poursuivi le ministre qui a dit vouloir "aller jusqu'au bout des débats" en commission.


    Outre le report de l'âge légal, le projet de loi prévoit l'alignement sur dix ans du taux de cotisation du secteur public sur le privé et la création d'un prélèvement de 1% sur la tranche la plus élevée de l'impôt sur le revenu.

    L'objectif est de juguler les déficits croissants des régimes de retraite pour parvenir à l'équilibre en 2018.

    Si rien n'était fait, le déficit des régimes de retraite atteindrait près de 50 milliards d'euros par an en 2020 et plus de 100 milliards en 2050 (contre 2,2 en 2006), a calculé le Conseil d'orientation des retraites en avril dernier.

    L'examen du projet de loi se déroule officiellement à huis clos mais plusieurs députés socialistes rapportent la teneur des débats via le réseau social Twitter au nom de la transparence.

    Depuis la révision constitutionnelle de 2008, c'est en commission que les textes sont débattus et amendés avant d'être examinés en séance publique. L'Assemblée doit entamer l'examen de la réforme des retraites le 7 septembre.

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  66. Lu dans Le Nouvel Obs:

    Selon une note technique de Pôle emploi datée de novembre, publiée par Les Echos mercredi 28 juillet, le report de 65 à 67 ans, âge à partir duquel la retraite est versée à taux plein quelle que soit la durée de cotisation, pourrait coûter cher à l'Unedic, organisme chargé de l'assurance-chômage.

    A la demande du patronat, Pôle Emploi a réalisé des simulations de passage de l'âge de la retraite à taux plein de 65 à 67,68, 69 ou 70 ans. Ainsi, dans l'hypothèse où le relèvement de l'âge du taux plein serait accompagné du relèvement de l'âge jusqu'auquel toute personne sans emploi perçoit une allocation chômage, 9.500 chômeurs ayant 65 ans en 2010 ne pourraient pas partir en retraite cette année. Et cette hypothèse aurait un surcoût de 80 millions d'euros pour l'assurance-chômage.

    "En vitesse de croisière (borne d'âge à 67 ans), les effectifs concernés seraient doublés, à 18.100, entre ceux fêtant leur 65 e anniversaire et ceux fêtant leur 66 e anniversaire", pour un coût par année pleine de 265 millions d'euros pour l'Unedic, relève Les Echos.

    Mais le journal souligne que la note technique de Pôle Emploi ne prend pas en compte les effets du relèvement de l'âge minimal légal de départ en retraite de 60 à 62 ans. Aussi, la simulation s'est basée sur l'exigence de 40 ans de cotisations pour bénéficier d'une retraite à taux plein alors qu'il faut actuellement 40,5 ans de cotisations et qu'il en faudra 41 en 2012.

    Ainsi, l'impact réel pour l'Unedic devrait donc être encore plus important que les prévisions de cette note datant du mois de novembre.

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  67. Bien sûr, ça fait assez Gribouille qui se jette à l'eau pour ne pas être mouillé par la pluie. Mais ces effets pervers des projets en cours ne doivent pas nous distraire de l'essentiel que ni gôôche ni droite ne veulent entendre : dans le partage de la valeur ajoutée entre travail et capital, le curseur s'est déplacé de 10% vers le capital. C'est ça qui crée le problème.
    Carthago delenda est.

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  68. Entre 1,1 et 3 millions de personnes dans la rue aujourd'hui.

    Lu dans Le Monde
    Discuté à partir de mardi 7 septembre à l'Assemblée nationale, le projet de loi portant réforme des retraites prévoit une série de mesures visant à assurer l'équilibre du système de retraites en 2018. L'essentiel de l'effort devrait être assuré par les salariés, avec un allongement annoncé de la durée de cotisation.

    L'âge minimum légal repoussé à 62 ans
    Dès juillet 2011, l'âge minimum légal sera relevé de 4 mois tous les ans, pour atteindre 62 ans en 2018. Pour les fonctionnaires "en catégorie active", qui bénéficient de départs anticipés, l'âge légal sera également repoussé de deux ans. Parallèlement, la durée de cotisation continuera d'augmenter, comme prévu par la réforme de 2003. Elle devrait atteindre 41,5 ans en 2020. L'âge minimum pour bénéficier d'une retraite à taux plein, quelle que soit la durée de cotisation, passera également de 65 à 67 ans. Gain estimé : 18,6 milliards d'euros par an

    Alignement des taux de cotisation privé/public
    Le taux de cotisation des fonctionnaires sera progressivement aligné sur celui des salariés du privé. Ainsi, il passera de 7,85 à 10,55 % d'ici 2020. Selon le gouvernement, cette hausse devrait se traduire par une baisse moyenne de salaire de 6 euros par mois.

    Par ailleurs, le dispositif qui permet aux agents du public de partir au bout de quinze ans de carrière s'ils ont trois enfants sera progressivement supprimé. Les règles de durée de cotisation pour l'obtention du minimum garanti seront calquées sur celles du privé. Gain estimé : 4,9 milliards d'euros par an

    Une hausse limitée des recettes
    Le gouvernement prévoit la hausse de divers impôts et taxes pour augmenter les recettes dès 2011. Le taux d'imposition de la tranche la plus élevée de l'impôt sur le revenu passera de 40 à 41 % dès 2011. L'ensemble des prélèvements sur les plus-values de cessions immobilières et de capital sera relevé d'un point, tout comme le prélèvement forfaitaire libératoire. Le crédit d'impôt sur les dividendes sera supprimé. Les stock-options et les retraites chapeaux seront davantage taxées. Gain estimé : 4,4 milliards d'euros par an

    Un départ anticipé pour les "carrières longues"
    Le principe d'un départ anticipé pour les personnes ayant commencé à travailler tôt sera également révisé. Les salariés ayant commencé à 14, 15 ou 16 ans pourront prendre leur retraite à 58, 59 ou 60 ans, sous réserve d'avoir validé le nombre minimum de trimestres requis majoré de deux ans. Le gouvernement propose d'étendre le dispositif aux salariés ayant commencé à travailler à 17 ans.

    Pour prendre en compte la pénibilité, la réforme prévoit que les personnes touchées par une maladie professionnelle ayant entraîné une incapacité de plus de 20 % puissent partir à 60 ans sans décote. 10 000 personnes pourraient profiter de ce dispositif chaque année selon le gouvernement. Coût estimé : 1,3 milliard d'euros par an

    L'ensemble de ces mesures, associées à quelques autres ajustements et au maintien d'un effort financier de l'Etat de 15,6 milliards d'euros chaque année, devrait permettre de combler le déficit prévisionnel de 42,3 milliards d'euros en 2018, promet le gouvernement. Problème, cet équilibre global cache des disparités entre régimes.

    Ainsi, le régime général géré par la Caisse nationale de l'assurance vieillesse (CNAV) devrait être déficitaire de 4 milliards d'euros en 2018. Ce sont les régimes des fonctionnaires territoriaux et hospitaliers ainsi que les caisses complémentaires du privé, gérées par les partenaires sociaux, qui permettront de garantir l'équilibre global. Reste à savoir s'ils accepteront de soutenir les caisses déficitaires. Surtout, si cette réforme est censée assurer l'équilibre entre 2018 et 2020, il est déjà sûr qu'elle ne suffira pas pour la suite.

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  69. A signaler: un article de Alain Lipietz dans Charlie-Hebdo, qu'on peut lire aussi dans

    www.bagnoletenvert.com

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  70. www.bagnoletenvert.com/article-alain-lipietz-sur-les-retraites-dans-charlie-hebdo-56434462.html

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  71. Dans Causeur, un article de Malakine sur la réforme des retraites:

    MALAKINE

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  72. Un article intéressant dans Le Monde sur l’histoire de la retraite à 60 ans:
    HISTOIRERETRAITE60ANS

    J'y relève ces propos de Robert Lion en 1980 : en mai 1980, Robert Lion avait présenté, au nom du groupe de prospective sur les personnes âgées du Commissariat général du Plan, un rapport détonant, intitulé "Vieillir demain", qui s'insurgeait contre toute idée de retraite couperet. "Dans l'immédiat, écrivait M. Lion, l'essentiel n'est ni d'abaisser l'âge de la retraite ni de proposer des distractions aux personnes âgées ; l'essentiel est de regarder en face les phénomènes de négation et d'exclusion qui touchent aujourd'hui les populations âgées et de leur porter remède ; il ne faut pas une “politique de la vieillesse” s'intéressant au sort des plus de 60 ans. Il faut – et c'est possible sur le long terme – changer les rythmes et le cours de la vie entière, partager autrement le travail et le temps, distribuer différemment les rôles entre les générations."
    "La solution, martelait le futur directeur de cabinet de Pierre Mauroy, n'est pas de généraliser l'abaissement à 60 ans de l'âge de la retraite… Une telle mesure, sacralisant un seuil d'âge, serait l'image de l'irréversible."
    Robert Lion proposait d'accorder la retraite en fonction d'une durée d'activité, par exemple 40 ou 42 ans, ce qui permettrait aux ouvriers ayant travaillé dès l'âge de 16 ans de faire valoir leur droit au repos à 56 a

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  73. Lu dans Le Figaro:
    Il y a des rapports dont les socialistes se passeraient bien. Celui du Fonds monétaire international à propos de la réforme des retraites, par exemple. Dans un document publié cette semaine, le FMI assure noir sur blanc que le recul de l'âge légal de la retraite est la meilleure méthode pour assurer à l'avenir le niveau des pensions. «Une augmentation de deux ans de l'âge légal de départ à la retraite suffirait à stabiliser la part des pensions dans le PIB pour les deux prochaines décennies», peut-on lire. Institution libérale, le FMI n'a jamais plaidé pour des politiques très ancrées à gauche. Rien de surprenant donc ? Non, mais il y a bien un problème pour le PS, qui défile dans la rue contre le report de l'âge de départ à 62 ans : le directeur de l'institution s'appelle Dominique Strauss-Kahn, candidat potentiel du PS pour 2012.

    Dès sa diffusion, la droite s'est emparée du rapport pour enfoncer un coin chez les socialistes. Le ministre du Travail, Éric Woerth, s'est fendu d'un hommage sur Public Sénat : «Merci Dominique Strauss-Kahn de ne pas être, au fond, dans une posture idéologique et uniquement électoraliste et d'être un homme d'État responsable.» Le secrétaire d'État à l'Emploi, Laurent Wauquiez, a ironisé sur la «cacophonie» entre «les socio-réalistes et les socio-démagos» au PS. À l'UMP, on rappelle aussi les déclarations de Dominique Strauss-Kahn qui, au printemps dernier, expliquait qu'il «ne fallait pas avoir de dogme» en matière d'âge de départ à la retraite. «Si on arrive à vivre 100 ans, on ne va pas continuer à avoir la retraite à 60», avait-il déclaré. Autant d'éléments qui apportent de l'eau au moulin du gouvernement. Et qui affaiblissent les critiques du Parti socialiste en installant une ambiguïté sur la ligne de ses dirigeants.

    «La droite ferait mieux de s'occuper de l'opposition des Français plutôt qu'imaginer avoir le soutien de DSK», estime la spécialiste des retraites au PS, Marisol Touraine. Pour la députée d'Indre-et-Loire, «il peut y avoir une pression très forte» de la rue, lors de la prochaine manifestation du 12 octobre. Au PS, on minimise donc l'impact du rapport. «On ne va pas feindre la surprise. Le FMI est une institution au diapason des traditions libérales», a expliqué le porte-parole, Benoît Hamon. «C'est une position du FMI, ce n'est en rien une position qui concerne le PS», a renchéri le numéro deux du parti, Harlem Désir. Marisol Touraine relativise elle aussi : «Le rapport ne dit pas que le relèvement de l'âge de départ est la seule politique possible.»

    Les socialistes rappellent qu'ils défendent l'allongement de la durée de cotisation, ce qui implique pour beaucoup de personnes un report de l'âge de départ effectif. À les entendre, il faudrait distinguer le directeur et le Fonds : DSK, c'est DSK, le FMI, c'est le FMI. «Ce rapport est indépendant de sa volonté», explique Jean-Christophe Cambadélis. «Le principe de fonctionnement de cette institution implique que le directeur n'assiste pas aux débats qui portent sur son pays.»

    Bras droit de Strauss-Kahn en France, Cambadélis assure n'avoir reçu aucun commentaire de son champion. Un signe de sérénité, faut-il comprendre. «Les gens ont compris que DSK n'est pas Nicolas Sarkozy et que le FMI n'est pas l'Élysée. Dominique Strauss-Kahn ne décide pas seul.» Mais en attendant, il n'a pas dit ce qu'il pense précisément.

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  74. Hélas, la tournée des journaux aujourd'hui ne permet guère de récolter de noisettes.

    Pour rire, car il faut pouvoir rire de tout, ce petit Billet de FX Ajavon dans Causeur:

    Le mouvement contestataire qui ébranle la France depuis plusieurs semaines est en train de prendre un virage décisif. Après la large mobilisation des lycéens et collégiens cette semaine, on sent un frémissement social inattendu dans les écoles primaires et maternelles de France. Un tract syndical, qui est parvenu dans toutes les rédactions, le disait en ces termes : «Il fot ranversé Sarkozy kikoo lol ! Descendont dans les bacs à sable, les coures de récrés et les confiseurs poure fér enttendre no droit ! Vite fait ! La réforme dé retraite c pourri trop pas»

    Le petit Kévin, 8 ans, scolarisé en CE2 au groupe scolaire René Goscinny de la Ferté-sous-Jouarre, qui est le leader de cette fronde enfantine a déclaré à l’AFP : «J’ai peut-être 8 ans mais je me sens concerné par la question des retraites. Avec les copains nous distribuons des tracts de mon papa qui est cheminot et qui a déjà trop travaillé dur à cause de la pénibilité ambiante !»

    La presse s’est vite enthousiasmée pour ce vaste élan de solidarité des culottes courtes pour leurs ainés syndicalistes chevronnés : Libé a titré «La fronde des bouts-de-chou» et l’Huma «La révoltes des totottes». Une journaliste de France Info a même indiqué qu’un cortège de la CGT des 7-12 ans, est passé sous les fenêtres de la Crèche municipale Pierre Dac d’Ermont-Eaubonne en scandant : «Sarko t’es foutu, les mômes sont dans la rue ! Les bébés, avec nous ! Les bébés, avec nous ! Les bébés avec nous !».

    Disons-le tout net : Nicolas Sarkozy n’est pas à l’abri, désormais, d’un camouflet des mouflets.

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  75. Ce qui ne fait pas du tout rire, c'est évidemment le tir au flashball sur un lycéen de Montreuil.

    FLASHBALL

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  76. 18h15. AFP.

    La CGT a estimé à «près de trois millions» le nombre de manifestants contre la réforme des retraites samedi, un nombre identique à celui du samedi 2 octobre. A l'inverse, le ministère de l'Intérieur fait état du «plus bas niveau de participation» depuis la rentrée, avec quelque 825.000 personnes qui ont défilé dans 264 cortèges.

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  77. Ils se gardent bien d'en parler ! Faites ce que je dis, et non ce que je fais. GRR...

    Par un vote du 3 septembre 2010, les députés ont rejeté à la
    quasi-unanimité l'amendement n°249 Rect. proposant d'aligner leur régime spécifique de retraite (dont bénéficient également les membres du gouvernement) sur le régime général des salariés.

    Alors qu'ils n'ont de cesse d'expliquer l'importance de réformer rapidement un régime de retraite en déficit, les parlementaires refusent
    donc d'être soumis au régime de retraite de la majorité des Français.

    LES SALAUDS

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  78. L'humanité :

    Le Parlement européen préconise la fin de la retraite par répartition


    L’Assemblée européenne a adopté mercredi un rapport sur la crise économique qui se veut critique envers la finance, mais s’aligne sur les recettes néolibérales de la commission.
    Le rapport du Parlement européen sur les mesures à prendre dans le cadre de la crise financière n’a cure des mobilisations sociales contre l’austérité. Le texte, dont la rapporteure est l’eurodéputée socialiste française Pervenche Berès, a été adopté mercredi par 501 voix pour, 67 contre et 50 abstentions. À gauche, seule la Gauche unitaire européenne, a voté contre.
    Si dans ses recommandations, Pervenche Berès rappelle que « la diminution de la part des salaires dans le partage de la valeur ajoutée depuis les années 1980 » est l’une des raisons de la crise, les solutions avancées par l’assemblée ne préconisent en rien une inversion de tendance… Le rapport appelle à la mise en place de « marchés du travail (...) qui offrent plus de souplesse aux employeurs », suivant la rengaine selon laquelle la flexibilité crée de l’emploi.
    Les recettes avancées sont la redite des politiques impulsées par la Commission. Ainsi, le rapport met un point d’honneur à appeler à l’achèvement du « marché intérieur », donc à la libéralisation des marchés qui ne le sont pas encore. Le principe d’une taxation des transactions financières a certes été retenu dans le rapport. Mais l’amendement sur un autre texte, visant à alimenter le budget de l’UE avec une telle taxe, a été repoussé par la droite.
    Concernant l’austérité, le rapport prie pour que la consolidation des dépenses publiques ne se fasse pas « au détriment des systèmes de protection sociale », tout en réclamant plus loin des « mécanismes d’incitation et de sanction » pour les États ne respectant pas le pacte de stabilité (qui limite le recours à la dette publique). Une exhortation ressassée à plusieurs reprises dans le document !
    Pis, sur les retraites, le texte considère que « le financement des pensions ne peut être entièrement laissé au secteur public, mais doit reposer sur des systèmes à trois piliers, comprenant des régimes de retraite publics, professionnels et privés ». « Ce n’est ni plus ni moins que la fin de la retraite par répartition et le soutien à la politique de Sarkozy que nous proposent les socialistes et les verts en votant ce rapport ! », fulmine l’eurodéputé communiste Jacky Hénin.
    Gaël De Santis

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  79. Le Canard Enchaîné :

    Les retraites des eurodéputés : 1400 euros par mois au bout de 5 ans, 2500 euros au bout de 10 ans

    Il n'existe pas de régime de retraite pour les eurodéputés. En revanche, en 1994, l'UE a créé un fonds de pension auquel les eurodéputés peuvent cotiser. Avantage : les eurodéputés bénéficient de retraites plutôt confortables. Inconvénient : ce fonds de pensions est soumis aux aléas de la bourse et aurait perdu environ 30% de sa valeur avec la crise financière. Mais avant ce choc boursier, le système de fonds de pension pour eurodéputés était plutôt lucratif, d'après le Canard Enchaîné du 27 mai 2009 :

    ""Après un mandat (cinq ans), la banque verse 1400 euros par mois à chaque cotisant, et 2500 pour deux mandats cotisés. Depuis qu'il existe, plus de 1000 parlementaires ont souscrit à ce fonds, que ses créateurs ont eu la bonne idée d'installer... au Luxembourg, pays membre de l'Union, et surtout, accueillant paradis fiscal"".

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  80. Pour revenir à la souveraineté : J'ai toujours eu l'impression que le maire de mon arrondissement était en devoir de me rendre des comptes. Et je sais que les mails envoyés sont lus... et qu'on en tient compte, qu'on les approuve ou pas.

    Alors que j'ai la désagréable impression lorsque je vois les députés EE(à qui j'ai donné ma voix) voter ce type de rapport, qu'il y a deux poids, deux mesures. Un enfumage national et des décisions tout autre lorsqu'ils sont à Bruxelles. Où est la démocratie? Là prochaine fois que je croise un vert dans une manif contre la réforme des retraites...

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  81. La question est de savoir quelles seront les conséquences politiques de la réforme des retraites, et de la lutte contre elle. Dans un article du Monde, des politologues s’expriment

    2012

    Il y est rappelé le soutien de l’opinion (64-65%) aux dernières luttes, et l’objectif central de Sarkozy : reconquérir le cœur de l’électorat de droite.

    Mais voici un passage qui va dans le sens de mes inquiétudes.

    Pourtant, dans la perspective de 2012, Nicolas Sarkozy pourrait tirer bénéfice de son positionnement. Dans un sondage IFOP pour Sud-Ouest, près d'un Français sur deux assure que la réforme des retraites ne sera pas centrale dans son choix de vote à la présidentielle. L'étude note que "si la réforme soude davantage la gauche dans l'antisarkozysme, elle ne semble pas affaiblir Nicolas Sarkozy dans son électorat, qui majoritairement estime que celle-ci n'aura pas d'impact sur son vote (61 %) et qui, pour presque un tiers (30 %), se dit même renforcé dans son intention de revoter pour lui en 2012".

    L'inquiétude demeure car, entre l’antisarkozysme de la gauche et une alternative politique crédible, le fossé semble chaque jour s'élargir.

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  82. De même en 2007 la question du Traité constitutionnel européen n'a pas "impacté", comme on dit, le vote à la Présidentielle. 55% de non n'ont pas empêché plus de deux tiers des électeurs de voter pour un candidat "ouiste" au premier tour.

    Et s'assembler sur le seul thème du "contre Sarkozy" (et non pas pour un projet clair), c'est se condamner à l'affronter désunis, ce qu'il a magistralement compris...

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  83. Lu dans Marianne, un article de Lait d'beu sur les bénéfices secondaires de la réforme des retraites...

    Les assurances qui proposent des contrats invalidité-incapacité profitent du recul de l’âge de la retraite pour majorer leurs tarifs de 15 %. Leur prétexte ? «Notre profession va être touchée à deux niveaux par cette réforme. D’abord, il lui faudra dégager 4 milliards d’euros pour supporter le coût de ces deux années supplémentaires sur les salariés déjà en invalidité. Ensuite, les primes futures seront impactées, puisque la durée d’indemnisation de l’invalidité va automatiquement augmenter», assure le directeur prévoyance et retraite supplémentaire du Centre technique des institutions de prévoyance (CTIP).

    Le directeur assurance de risques chez AG2R La Mondiale avance que «Si le passage à 62 ans n’était pas lissé sur six années, il y aurait même eu un bond des cotisations de près de 90 %! Les cas d’invalidité surviennent en moyenne à 50 ans. Avec la réforme, les compagnies devront fournir des prestations pendant douze ans et non plus dix, ce qui représente une augmentation de 20% de la durée de paiement».

    Les indemnités pour invalidité ou incapacité sont versées jusqu’au moment où le salarié concerné touche une pension de retraite.
    S'il s’agit d’une invalidité - et non d’arrêts de travail en maladie de longue durée ou d’arrêts-maladie à répétition - le salarié est automatiquement mis en retraite à 60 ans. Et il ne peut percevoir un revenu inférieur à ce qu’il touchait en invalidité, ce qui en revanche ne joue pas pour la retraite complémentaire (sauf s’agissant de la mise à la retraite à 60 ans).

    Quant à l’argument selon lequel ces compagnies devraient dégager 4 milliards d’euros pour supporter le coût des deux années supplémentaires, il ne tient pas plus la route car, comme le font remarquer certains assureurs «les prestations devront certes être versées plus longtemps, mais les cotisations encaissées le seront aussi plus longtemps!».

    Un fin connaisseur du marché estime «le chiffre de 4 milliards tout à fait fantaisiste (…) En fait, les institutions fragilisées vont profiter de la réforme des retraites pour reconstituer leurs fonds propres». Ce nouveau pactole leur permettra de spéculer, acquérir des concurrents plus petits, procéder à des fusions-acquisitions, offrir de solides bonus aux dirigeants et des dividendes en hausse à leurs actionnaires.

    Qui va payer la note? Les salariés cotisent déjà à hauteur de 40 % pour cette garantie, les employeurs versant les 60 % restant. Jusqu’à présent, ils prenaient le plus souvent à leur charge les hausses de cotisation. Cela ne devrait guère peser sur le budget des grandes entreprises – qui d’ailleurs la plupart du temps offrent les meilleures garanties à leurs employés – mais quid des entreprises plus petites qui sont déjà malmenées par la crise ?

    Les « étrennes » de janvier 2010 seront particulièrement salées car il faudra y ajouter l’augmentation de 8 à 10 % des complémentaires de santé afin de répercuter les mesures prises pour limiter le déficit de l’Assurance-maladie : baisse du remboursement de certains médicaments et taxe de 3,5 % sur les contrats dits «responsables»… Bref, nous serons une fois de plus tondus rasibus et proprement plumés à sec.

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  84. On le savait, mais ça va mieux en le rappelant: aucune réforme des retraites ne sera efficace... tant que l'on n'aura pas une véritable politique de l'emploi. M'enfin, Mamzelle Jeanne !

    RETRAITEETEMPLOI

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  85. Et voilà, c'est fait. On s'est bien fait manger. A quelle sauce ?
    Goûtez :
    "Par une de ces dissonances cognitives qui disent tout du désordre intellectuel dans lequel vit l’actuel président, il a donc été possible et de menacer la finance, agences de notation en tête, de toutes les foudres de Toulon, et de justifier la réforme des retraites par l’impératif du triple-A de la dette publique française… Mais le spectacle en soi consternant de l’inconséquence d’un président en plein chaos mental ne vaudrait pas une seconde d’attention s’il ne venait souligner par un formidable raccourci – la retraite contre le triple-A – le degré auquel les intérêts fondamentaux du corps social ont été subordonnés à ceux des opérateurs des marchés."
    Si ça ne vous a pas mis en appétit…
    Voici donc la truffe en entier. Dégustez bien froid. On a les vengeances qu'on peut.Frédéric Lordon

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  86. Le point de vue de EELV (signé Lipietz):

    http://www.mediapart.fr/club/blog/ivan-villa/191110/les-chantiers-pour-2012-les-ecologistes-et-la-retraite

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