samedi 30 janvier 2010

SUR LA DETTE PUBLIQUE




Sur la dette publique

par Melchior



D’après Sandra Moatti: «Faut-il avoir peur de la dette publique ?», cinq pages dans Alternatives économiques n° 288 de février 2010. Présentation et commentaires en italiques.

www.alternatives-economiques.fr

La dette publique atteint les trois quarts du PIB, et c’est certes beaucoup, mais la phobie de la dette pourrait avoir des effets plus dommageables que la dette elle-même:

* atteinte au moral des acteurs de la vie économique,

(on sait que la confiance est un élément essentiel de la conjoncture économique)

* «prétexte  au gouvernement pour s’attaquer à l’autonomie des collectivités locales et pour réduire le niveau de protection sociale dont bénéficient les Français».

(il faut réduire le déficit, et comme on ne peut augmenter les recettes - les pauvres ne peuvent plus, les riches ne veulent toujours pas - il faut donc « sabrer» les dépenses)

 

I. La dette est une solution contre la récession plus encore qu’un problème

Le déficit n’est pas mauvais en soi, l’Etat a deux bonnes raisons d’emprunter:

* «fonction d’investissement»: «les dépenses publiques servent non seulement à produire des services utiles à la population, mais créent aussi, ce faisant, les conditions pour que les autres acteurs prospèrent».

(en leur donnant les moyens d’exercer leur activité)

* régulation conjoncturelle: en période de baisse de l’activité, la dépense publique soutient la demande

(effet contracyclique)

 
Mais:

 
Il faut éviter le «déficit structurel», celui qui s’engendre lui-même…

Si l’activité économique «ne retrouve pas son niveau d'avant la crise, le déficit conjoncturel risque de s'éterniser et de devenir structurel».

(Quand l’essentiel des nouveaux emprunts sert à payer les intérêts des anciens, l’Etat est en sur-endettement, ce qui finit par paralyser l’économie).


II. «Côté obscur»


«La dynamique d’une dette publique non maîtrisée peut menacer la stabilité de l’économie. C’est d’abord aux autorités monétaires d’éviter un tel scénario.»

«La dynamique de la dette résulte d’un ensemble d’interactions complexes», mais deux éléments sont déterminants: le taux de croissance, le taux d’intérêt. «Le premier rend la dette plus légère *, le deuxième renchérit son coût **», et l’évolution de la dette en dépend.

* la croissance produit des richesses, sur lesquels l’Etat peut opérer des prélèvements pour servir la dette.

** les emprunts coûtant plus cher.

La règle d’or: il faut - ou faudrait, car cela ne se décrète pas - que le taux de croissance soit constamment et substantiellement supérieur au taux d’intérêt..

 
Avis partagés des économistes:

Pour les keynésiens:

À certaines conditions*, le déficit budgétaire peut activer la croissance, qui résorbera la dette; une politique budgétaire restrictive au contraire déprimera la croissance et en définitive augmentera la dette.

* essentiellement: s’il y a des facteurs de production non employés

Pour les néo-libéraux:

La politique budgétaire n’est jamais efficace, «ne conduit qu’à alourdir la dette».

Deux arguments:

1) l’«équivalence ricardienne»: si les déficits augmentent, les acteurs de l’économie épargnent davantage; ce surcroît d’épargne privée annule les effets attendus par les keynésiens de la dépense publique.

2) l’«effet d’éviction»: l’augmentation de la dette publique entraîne une hausse des taux d’intérêt, ce qui décourage les investissements privés.

Sandra Moatti critique ces deux arguments (exemples du Japon, de l’Union européenne…).

Suit un développement sur la nécessité (et la possibilité) de maintenir un écart favorable entre les deux taux précités.

(Ce qui suppose une politique intelligente des banques centrales et des gouvernements).

«La balle est avant tout dans le camp des autorités monétaires», conclut l’auteure.

(À comparer: le discours récent d’Obama: en substance, bien sûr qu’il faut réduire le déficit, mais on doit s’attaquer d’abord au chômage, et celui de Sarkozy: sabrons les dépenses…)

«Retrouvez un dossier documentaire sur la dette publique et d’autres graphiques éclairants sur www.alternatives-economiques.fr/doc47502 ».

164 commentaires:

  1. Cher Melchior, voici certaines des «solutions» de Mr Fillon. Je résume seulement quelques point.
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    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/01/29/04016-20100129ARTFIG00721-francois-fillon-devoile-le-plan-antideficits-.php
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    Ce plan prévoit que les dépenses publiques globales progresseront à un rythme inférieur à 1% par an.. Concrètement, cela signifie un gel du budget des ministères et des efforts comparables pour les collectivités locales. Quant à l'objectif de progression des dépenses de l'assurance-maladie, il devra descendre sous les 3%.. S'agissant des effectifs de l'État, nous allons poursuivre le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux jusqu'à la fin du quinquennat.

    Nous ne créerons plus aucune niche fiscale. Nous limiterons les autres dans le temps - pour nous obliger à vérifier régulièrement si elles remplissent leurs objectifs - et réduirons leurs plafonds. Mais pas question d'alourdir le coût du travail.

    Nous affecterons les recettes de la croissance à la réduction du déficit. Ce qui nous permettra de le faire revenir à 6% du PIB l'an prochain, 4,6% en 2012. Et enfin 3% en 2013, si aucune nouvelle crise ne vient perturber cette trajectoire.

    Je regrette que les régions et les départements gérés par des élus de l'opposition ne soient pas venus, jeudi, à la conférence nationale organisée par le président de la République. Il faut mettre fin à 35 ans de déficit. Sans les accuser de tous les maux, il n'est pas normal que leurs dépenses progressent depuis 2003 de plus de 6% par an hors transferts de compétences, et qu'elles continuent à embaucher massivement. Il faut qu'elles se fixent des règles équivalentes à celles que se fixe l'État.

    Notre système de retraite repose principalement sur la répartition ; avec le président nous nous sommes engagés à le préserver, il nous faut donc en ajuster les paramètres pour l'équilibrer. On peut retourner le problème dans tous les sens, et adopter un système par points ou par «comptes notionnels», cela ne changera rien aux contraintes démographiques et au vieillissement de la population : il nous manquera 100 milliards par an à l'horizon 2050.

    Le Conseil d'orientation des retraites nous montrera, en avril, que la crise a aggravé la situation en réduisant les recettes et que l'allongement de la durée de cotisation, dont j'ai été l'un des artisans en 2003, n'a pas un effet suffisant sur les comportements : l'âge moyen de départ à la retraite augmente, mais très peu. La question sera donc posée, tout comme celle des cotisations. L'idée est donc toujours d'actualité. Je rappelle que le patronat l'avait validée en 2003.
    Aucune question n'est taboue. Celle du calcul de la pension sur les six derniers mois de salaire, dans la fonction publique, se pose évidemment. Mais s'il y a des évolutions, elles devront tenir compte de la réalité des choses, et notamment du fait que les primes ne sont pas intégrées dans le calcul pour les fonctionnaires. Ces primes frôlent parfois 50% du salaire.

    Si les Français sont réticents à augmenter la durée de la vie active, c'est surtout parce qu'ils ont peur du chômage. Le patronat ne peut pas nous demander d'allonger la durée des carrières et continuer à licencier les seniors. Il y a une légère amélioration mais il faut vraiment aller plus loin. Si besoin, nous prendrons de nouvelles mesures, pourquoi pas un bonus-malus sur les cotisations sociales. La question de la pénibilité sera aussi sur la table. Il ne faut pas en faire le point central du débat, mais elle doit être prise en compte, dans le cadre d'accords entre syndicats et patronat, ciblés sur des métiers précis, avec des critères objectifs comme l'espérance de vie.

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  2. Si je résume le programme de Mr Fillon, je constate:
    1- une réduction d'un fonctionnaire sur deux....Cela affectera donc l'école, l'hôpital, la justice....Cela augmentera automatiquement le chômage, avec création, pour "compenser", d'emplois précaires comme on en voit en ce moment se développer à l'hôpital. Les gens ont des petits contrats pour lesquels ils sont payés des clopinettes. L'organisation interne du travail dans les Services en est très chamboulée, de surcroît... Et les gens les plus qualifiés tendent à partir.

    2- La fiscalité injuste n'est pas touchée.

    3- L'âge de la retraite et les cotisations augmenteront.

    4- Le rôle des Banques et de la honteuse manne qu'elles tirent des emprunts, n'est pas évoqué.

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  3. Oui Monica, on sait ce que ces zigotos nous assènent en boucle, on en a marre de ce mantra déréel qui nous est présenté comme la seule voie réaliste, la seule conduite raisonnable alors qu'elle n'est que l'expression d'un délire destructeur.
    Une seule réponse : mettez nous un âne aux finances. Pas n'importe quel âne…

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  4. Ne me dis pas que tu t'étonnes !

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  5. Non, mon Parleur, je ne m'étonne pas! OUARF !

    J'aimerais bien que nous collections sur le Fil du Billet du Baudet les analyses que les différents partis et groupes politiques proposent de la Dette, et des façons de la moduler.

    Je dis "moduler" puisque Melchior, s'appuyant sur Mme Moatti, nous montre que la "phobie de la dette" est plus délétère que sa réalité...Elle sert aux pires grandes manœuvres.

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  6. La phobie de la Dette procède d'une vue boutiquière et d'une totale incompréhension de la nature et des enjeux de la dépense publique. Incompréhension hélas bien partagée à gauche, je le crains. Melchior a raison de prêcher pour une vision holistique de ce qui est réellement en jeu lors des choix budgétaires qui sont en fait quasiment à chaque fois des choix de société. Melchior aux finances !

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  7. Melchior aux Finances!Je vote pour!

    Un article de Jean-François Couvrat en Septembre 2009, qui relativise également, comme celui de Melchior, la dette publique, «un épouvantail inoffensif»
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    http://dechiffrages.blog.lemonde.fr/2009/09/17/la-dette-publique-un-epouvantail-inoffensif/
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    Une idée reçue a la vie dure : la dette publique d’une génération serait nécessairement remboursée par la suivante. Rien n’est plus faux, l’histoire en témoigne. Et pourtant, le mythe des bébés couverts de dettes à la naissance sert toujours. Ceux qui l’agitent cherchent à faire peur. Ils y parviennent souvent. Et ce n’est pas le moindre des paradoxes : au moment où la déréglementation produit la pire des crises, c’est l’Etat que l’on montre du doigt.

    Une pétition circule même, signée, écrit l’un d’eux, par «de nombreux experts en économie» (sic). Elle appelle le Chef de l’Etat à «simplifier la réglementation du travail, à réformer l’Etat pour diminuer la dépense publique». Il s’agit, bien entendu, de préserver l’avenir de nos enfants ». La dette publique ne dépassait-elle pas 73% du PIB de la zone euro fin mars, selon Eurostat, quand les règles de la zone la limitent en principe à 60%?

    Il n’y a cependant pas lieu de s’émouvoir.
    Aux Etats-Unis, en 1946, la dette publique fédérale atteignait 271 milliards de dollars, soit plus de 121% du PIB. Les enfants du baby-boom auraient eu fort à faire s’ils avaient dû rembourser. Mais il n’en fut rien. Durant les trente années qui suivirent, le budget de l’Etat fut déficitaire deux fois sur trois et l’Etat emprunta toujours plus. En 1976, la dette fédérale avait plus que doublé. Elle atteignait maintenant 629 milliards de dollars.

    Cependant, nul ne s’en souciait. Il n’y avait pas de raison pour cela. La croissance économique avait été beaucoup plus vive encore, et la dette fédérale ne représentait plus que 36,2% du PIB. Sa persistance n’avait pas entamé ni le pouvoir d’achat des ménages, ni la propension des entreprises privées à investir.
    Les pétitionnaires prétendent que l’Etat emprunte « au détriment des investissements des entreprises ». Il est cependant difficile de déceler un tel effet d’éviction à la lecture des graphes ci-dessus. Ils prétendant également que pour relancer la croissance, la meilleure chose à faire serait de «réduire le fardeau fiscal de tous les particuliers et des entreprises». C’est faire peu de cas du passé. Durant les Trente Glorieuse, aux Etats-Unis, le taux marginal de l’impôt sur le revenu atteignait 80% et le taux de l’impôt sur les bénéfices des sociétés 50%. La croissance économique ne semble pas en avoir pâti.

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  8. Voici les déclarations du candidat Bayrou sur la Dette en 2007. Visiblement, il était dans une phobie aiguë de la dette-épouvantail...

    Faire payer nos dépenses par nos enfants est irresponsable et criminel. François Bayrou propose de résorber le déficit de fonctionnement en trois ans, et, hors les années de récession, de l’interdire à l'avenir.

    «Le combat pour l'équilibre des finances publiques n'est pas un caprice de théoricien, c'est le premier geste social que nous pouvons faire.

    Les Français les plus fragiles et les plus démunis sont les premières victimes de la dette. Le déficit actuel de l’État ne soutient plus la croissance, il la freine. Il crée un climat d’incertitude face à l’avenir. Toute remontée des taux d’intérêt aurait des effets désastreux sur les finances publiques.

    Depuis vingt-cinq ans, tous les gouvernements ont été coupables de ce laisser-aller. Tous les jours, l'État dépense 20 % de plus que ce qui rentre dans ses caisses. Malgré ce constat, que tout le monde fait, les candidats du PS et de l'UMP promettent plus de soixante milliards d’euros de dépenses nouvelles. Cette attitude est irresponsable.

    C'est pourquoi je ne prendrai aucun engagement qui ne soit financé par une économie correspondante. Notre projet représente 21 milliards d’euros de dépenses nouvelles avec, en face, 21 milliards d’euros d'économies :

    * concentrer en trois ans les exonérations de charges sur les PME et sur les salaires en dessous de 1,3 SMIC (9 milliards d’euros d'économies),

    * plafonner progressivement le montant global des niches fiscales (4 milliards d’euros) ;

    * des actions de modernisation de l'État pour un montant de cinq milliards d’euros d'économie;

    * et des économies au niveau des collectivités locales pour 3 milliards d’euros en trois ans.

    Modernisation de l'État et économies dans les collectivités locales vont de pair : jusqu'ici, aucune décentralisation des compétences n'a entraîné la diminution du nombre des fonctionnaires des services correspondants !

    Je propose d'inscrire, dans la Constitution, l'interdiction pour un gouvernement de présenter un budget en déficit de fonctionnement, hors période de récession. L'État s'interdira ainsi de financer ses dépenses courantes par la dette.

    Je propose la suppression de ce déficit de fonctionnement, 21 milliards environ, en trois ans. En retenant une prévision de croissance raisonnable, 2 % par an, et 1,8 % d'inflation, l'augmentation des recettes de l'État est de 14 milliards d’euros par an. En consacrant 7 milliards par an à la diminution du déficit, on retrouve au bout de trois ans l'équilibre de fonctionnement. Alors la part de la dette dans la richesse nationale se met à baisser, et l'État et les collectivités locales retrouvent des marges de manœuvre.»

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  9. Un texte intéressant
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    http://plumesdecureuil.canalblog.com/archives/2009/08/05/14651677.html
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    à propos du livre de André-Jacques Holbeck et Philippe Derudder, éditions Yves Michel, La dette publique, un affaire rentable

    La dette est astronomique! La France est en faillite! Il faut se serrer la ceinture. Voilà le raisonnement tenu par nos gouvernants à propos de la dette publique.

    Il est vraie qu'elle est astronomique puisqu'elle atteint 1500 Milliards d'euros et que chaque année la France rembourse 50 Milliards d'euros environ qui correspondent au paiement des intérêts!!! La dette donc ne peut qu'augmenter. Comme un état pour mener une politique d'investissement d'avenir doit avoir de l'argent frais il doit emprunter. Et c'est là que se joue l'imposture de la dette.

    Avant 1973 la France empruntait à sa banque centrale et remboursait lorsqu'elle le pouvait ou en émettant de la monnaie. Or la loi votée par Giscard a interdit cela. L'état emprunte donc depuis à des banques privées. Principe gravé dans le marbre européen de Maastricht. Ce sont donc ces banques privées qui émettent de la monnaie et non plus l'état!

    Ce mécanisme explique l'explosion de la dette depuis les années 90.

    Pour imager on peut dire qu'on a créé une gigantesque pompe qui aspire la richesse de tous les citoyens pour la reverser à des gens riches qui ont crée une monnaie virtuelle! Une gigantesque arnaque mondiale qui plombe nos sociétés et dont personne ne parle! Jusqu'à quand?

    A suivre la vidéo de l'interview de André-Jacques Holbeck qui vous explique simplement ce mécanisme qui est le même à l'échelle mondiale. Autrement dit ce sont les banques qui orientent la marche du monde et qui créent le désordre mondial injuste que nous vivons. C'est exactement la première chose que l'on doit changer si on veut changer, réguler, moraliser le capitalisme.

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  10. A propos du pouvoir des banques, on peut citer le livre d'Eric Laurent, La face cachée des banques (Plon)

    Les banques ont provoqué la crise la plus grave survenue depuis 1929. Le livre entre dans les coulisses de Wall Street et de certaines banques européennes et révèle les secrets les plus inavouables d’un scandale financier sans précédent : falsifications des comptes, contournement des lois, systèmes clandestins. Un seul but, l’enrichissement des dirigeants.

    Ce livre en démonte les rouages et analyse pourquoi les banques sont aujourd’hui les seuls bénéficiaires de la crise qu’elles ont provoquée.

    Au fil de l'enquête, E. Laurent a rencontré des dirigeants à la morgue insupportable et à l’incompétence parfois inqualifiable spéculant en inondant le marché de crédits «déchets» remaquillés en produit de qualité. Il a compris que l’administration Obama avait tout fait pour cacher l’insolvabilité de certains établissements, que des dirigeant d’entreprises au bord de la faillite s'étaient octroyés des bonus indécents avec l’argent du contribuable, que Paris et Washington avaient dissimulé plus de 230 milliards de crédits toxiques détenus par des banques européennes.


    Le site d'Eric Laurent, où l'on trouve les interviews qu'il accordées:
    http://www.eric-laurent.com/

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  11. Il faut voir les choses tout en harmoniques et nuances…

    Ne tordons pas le bâton dans l’autre sens ! Une économie ne peut pas indéfiniment se surendetter ! La capacité d’endettement est un élastique, pas une guimauve… Elle disparaît quand les prêteurs n’ont plus confiance dans la capacité de l’Etat emprunteur à « servir la dette » (rembourser la tranche d’emprunt arrivée à échéance et payer les intérêts). On ne peut donc pas non plus la « laisser filer », il faut la contrôler.

    Le cas des USA est tout à fait à part, en raison du statut spécial du dollar US, que le Trésor fédéral peut émettre à sa guise (encore que cela pose d’autres problèmes). La dette n’est pas le mal absolu, mais il faut la contenir dans des limites raisonnables: celles qui garantissent à la fois le remboursement ultérieur et la croissance à plus long terme.

    Il y a donc tout un jeu de contraintes (économiques et politiques) à l’intérieur desquelles il faut se maintenir; on peut seulement ensuite se proposer de choisir, entre les différentes conduites à tenir possibles, celle qui est la plus désirable.

    Moi, aux finances ? Pouëtt pouëtt et que nenni. Je veux bien être commissaire du peuple à la dépense et à la munificence.

    NB. Notons la nécessité d’une croissance pour servir la dette. Ce qui n’est pas incompatible avec une « décroissance sélective ».

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  12. Oui Melchior, mais pourquoi y a-il dette ? Pourquoi est-ce qu'on admet (en se gardant bien de le dire) que la création de monnaie ne soit plus une prérogative régalienne mais un privilège exorbitant et extraordinairement juteux de la finance privée ?

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  13. À Parleur

    Je ne suis pas sûr de bien comprendre la question, à plus forte raison d’avoir la bonne réponse, mais:

    1) la création de monnaie prérogative régalienne: ce ne fut nullement un progrès, mais plutôt une entourloupe des différents pouvoirs qui se sont succédé. La monnaie privée a précédé la monnaie d’Etat, puis a été confisquée par des faux-monnayeurs officiels…

    2) le « privilège juteux »: je suis pour le contrôle étroit (et démocratique) du système bancaire, y compris la BCE, par les pouvoirs publics, et contre la dictature du Capital financier, cela dit, à chacun son métier, c’est aux organismes financiers - dans le cadre de la régulation démocratique - de régler la création monétaire, et non au pouvoir politique directement. (Du moins c’est ce que je pense).

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  14. Première question naïve: c'est bien aux banques que l'État emprunte de l'argent?

    Et si l'on exigeait que les banques, au lieu de s'enrichir constamment sur notre dos, baissent leurs taux d'intérêt? Est-ce que cela ne réduirait pas le montant de la dette? Après tout, les mêmes banques ont bénéficié régulièrement des aides de l'état quand elles étaient en difficulté, non ?

    Deuxième remarque: un gouvernement "de gauche" ne devrait en aucun cas réduire le nombre de fonctionnaires. Car ce faisant il déstructure gravement les services publics, et diminue de fait les possibilités d'emploi pour les jeunes.

    Troisième remarque "yaka": pour augmenter les recettes, on devrait puiser prioritairement là où il y a le plus d'argent, au lieu d'appliquer le précepte de Saint Mathieu "Les riches s'enrichissent et les pauvres s'appauvrissent".

    Quatrième remarque: les économies devraient être réalisées dans les domaines les moins indispensables à la vie des citoyens, après avoir établi (a) un état des lieux non mensonger des dépenses secteur par secteur public et (b) un ordre de priorité des domaines.

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  15. Le problème n’est pas la dette mais d’une part sa composition (investissement oui, fonctionnement non), et d’autre part la capacité d’en assurer le service et la charge. En 2007 la charge de la dette représentait 18% des recettes de l’Etat

    Elle devient un problème idéologique lorsque l’on veut pour des raisons idéologiques réduire a rien l’Etat. Impossible de réduire à rien les prélèvements tant que les Etats devront autant d’argent aux banques, aux épargnants et aux fonds de pension.

    Les ressources ayant été progressivement réduites avant même d’avoir assuré les remboursements des emprunts à hauteur de la perte budgétaire correspondante, forcément le poids de la dette augmente.

    Il fut un temps pour évaluer la richesse d’un pays et la réalité de sa dette on n’oubliait pas de prendre en compte la richesse de ses habitants. Les agences de notation en tiennent compte car elles savent que cela représente une réserve financière sur laquelle l’Etat peut prélever en cas de besoin. La France reste au top des notations.

    Aujourd’hui on dit que la GB est moins endetté que la France alors que sa population l’est tout autant que l’Etat ce qui n’est pas le cas en France.

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  16. Melchior
    S'il y a une chose dont je suis assez sûr, cher farceur, c'est que vous comprenez certainement la question mieux que moi.
    Il me semble cependant que la question de la création monétaire est trop d'intérêt général pour être laissée aux intérêts privés. Vous parlez d'un contrôle démocratique. Je ne vais certes pas dire non, car par ce moyen on remet le politique dans la course, c'est à dire l'agent ultime des choix budgétaires publics qui sont des choix de société. Que techniquement ce soient les banques qui s'en occupent, pourquoi pas, pourvu qu'elles gagnent leur vie normalement et non scandaleusement confiscatoire, créant à partir de rien un véritable problème à nos dépens (c'est bien le mot !) à tous.

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  17. Pardon ! Entre "non" et "scandaleusement" vous aurez compris qu'il manque "de manière"…

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  18. À Monica:

    Je réponds en remontant.

    Quatrième remarque: oui, tout à fait. Et il faut consulter les citoyens sur ce qui est le moins indispensable à leur vie. (Démocratie participative: « les gens sont experts de leur vie » (SR)).

    Troisième: c’est le problème de la répartition des richesses, de la justice fiscale, de la redistribution… Mais Sarkozy a été élu pour prendre aux pauvres afin de donner aux riches, et il faut lui rendre cette justice que de ce point de vue il tient sa promesse et applique son programme (il faut le rappeler aux gens, experts de leur vie…).

    Deuxième: en aucun cas réduire le nombre des fonctionnaires productifs (écoles, hôpitaux, recherche, etc.), puisque c’est s’en prendre au taux de croissance.

    Première: le taux d’intérêt des banques est déterminé par celui de la Banque Centrale Européenne, dont le souci (légitime…) est d’éviter l’inflation, maladie économique plus redoutable que la dette, et à peine moins que le chômage (qu’elle aggraverait d’ailleurs) La solution est plutôt de s’occuper des grands besoins insatisfaits, le logement par exemple, ou la lutte contre la malbouffe.

    D'accord avec Caroline (à une ou deux formulations près peut-être; mais d'accord sur le fond). A Parleur: la création monétaire est un métier, une "industrie" à part entière, qu'il faut mettre sous contrôle démocratique, certes... Sans doute faudra-t-il revenir (comme le fait Obama) sur la fusion des banques de dépôt et des banques d'affaires, fusion opérée en France par les socialistes (Bérégovoy...) et qui ne se révèle pas, à l'usage, une bonne chose. Mais je connais mal ces questions.

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  19. Melchior
    Je ne connais pas les questions techniques. Revenir sur la fusion des banques d'affaires et des banques de dépôt ? J'ai l'impression que les gens que je prends au sérieux pensent qu'il le faut. Bon, je ne m'en mêle pas. Je pense simplement que la puissance publique doit pouvoir mettre en œuvre ses choix de société, voulus par les citoyens "experts de leur propre vie" (rêvons un peu) à la suite de débats démocratique clairs (toujours en plein onirisme !) sans être entravée par des intérêts privés occupant indûment une position clé. Je ne vois pas comment transiger sur ce principe. Ensuite, la mise en œuvre demande sans doute des compétences que je n'ai pas. Mais il y a bien dans le peuple des gens qui sont capables d'évaluer la pertinence des mesures proposées…

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  20. à Parleur

    Nous sommes bien d'accord. On exige maintenant d'un médecin qu'il explique, de façon rudimentaire mais claire, le traitement qu'il propose. De la même façon les citoyens doivent pouvoir obtenir des politiciens (surtout les candidats aux élections) quels résultats ils se proposent et quels moyens non magiques mais rationnels ils comptent mettre en oeuvre. Cela suppose un peu d'effort de compréhension, de part et d'autre, des phénomènes économiques, sociaux et politiques. ( Quoi qu'on puisse lui reprocher par ailleurs, c'est ce qui m'a plu chez "Bécassine": ce souci de comprendre et de se faire comprendre...)

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  21. Parmi les urgences...(Nouvelobs.com avec AFP)
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    3,5 millions de personnes sont concernées par le mal-logement, dont 600.000 enfants, selon le rapport annuel de la fondation de l'Abbé Pierre.

    La crise économique a aggravé en 2009 la crise du logement , devenu lui-même un "creuset des inégalités" pour des millions de personnes en proie à ce "grave problème de société", affirme la Fondation Abbé Pierre dans son 15e rapport annuel publié lundi 1er février.

    Elle propose de s'y attaquer via une batterie de mesures: parmi elles, "imposer sur tout le territoire et dans tout programme immobilier de plus de 10 logements un quota minimum de 30% de logements à loyer accessible", "encadrer" les loyers des logements qui changent de locataires et ont une fâcheuse tendance à augmenter, ou encore "mettre en place un chèque énergie pour les plus pauvres".

    "Deux mouvements nous inquiètent particulièrement: la crise du logement s'aggrave dans la durée, et la crise économique fragilise énormément de ménages", précise Christophe Robert, directeur des études de la Fondation.

    De fait, tous les indicateurs mesurant l'accès des Français à un logement ont viré au rouge l'an passé.

    La pénurie de logements s'est aggravée: il en manquait 900.000 en fin d'année, soit 100.000 de plus qu'à fin 2008.


    Parallèlement, le coût annuel moyen de la location ou de l'achat d'un logement ne cesse de progresser (+23% entre 2002 et 2007, à 9.700 euros) et les nouveaux acquéreurs doivent s'endetter sur des périodes toujours plus longues: 14 ans en moyenne en 2001, 18 en 2009.
    Pour les locataires, la légère baisse globale des loyers enregistrée en 2009 "ne modifie pas la tendance à la hausse" dans le privé, souligne le rapport.

    Avec l'approfondissement de la crise économique, des phénomènes apparus récemment s'amplifient: c'est le cas de la "précarité énergétique" de 3,4 millions de ménages, soit 13% d'entre eux, qui ne peuvent chauffer leur logement à un prix raisonnable, et d'une "zone grise" du mal-logement, constituée de personnes installées chez des tiers, dans des campings, des squats, des caves, des garages...

    Miroir des inégalités, le logement en est aussi le "générateur": il "renforce le déterminisme social" car, logiquement, ce sont les plus modestes qui sont davantage concernés par cette crise.
    C'est particulièrement vrai pour les quelque 600.000 enfants mal logés, avec des conséquences parfois lourdes pour leur santé (saturnisme, affections respiratoires, mauvaise alimentation, mauvaise hygiène, troubles du sommeil), leur scolarité, leur intégration sociale.

    Au final, selon le rapport, 10,1 millions de personnes sont aujourd'hui confrontées à la crise du logement, dont 3,5 millions très mal logées (cabanes, familles nombreuses en chambre d'hôtel...), voire sans abri, et 6,6 millions "fragilisées": en instance d'expulsion, vivant dans des copropriétés insalubres, en situation d'impayés, en situation de surpeuplement (3,5 millions), hébergés chez des tiers.

    Un tableau qui risque de se noircir encore en 2010, lorsqu'un million de chômeurs arriveront en fin de droits, prévient la Fondation Abbé Pierre.
    Face à cela, les responsables politiques sont apparus "plus soucieux en 2009 de traiter la crise immobilière qui s'est développée dans le sillage de la crise financière que d'apporter des réponses à la crise du logement", dénonce-t-elle.

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  22. Le logement (avec ses annexes: eau potable, chauffage, assainissement…) représente une montagne de besoins, donc (vu les ressources productives inemployées) un investissement à la hauteur des besoins dans ce domaine favoriserait puissamment la reprise économique, et la stabilité sociale. C’est en outre un « gisement » d’économies (pour l’Assurance maladie en particulier). Europe Écologie a compris cela, au moins en Ile-de-France.

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  23. Voyons comment le gouvernement s'en occupe (Lu dans le Nouvelobs.com)...
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    Le secrétaire d'État au Logement,Benoist Apparu,
    a insisté, lundi 1er février, sur la nécessité de "réformes profondes et de nouvelles formes d'action publique" pour lutter contre le mal logement, annonçant notamment une refonte des outils statistiques pour mesurer ce phénomène.

    "Notre dispositif de prise en charge des personnes à la rue a aujourd'hui tous les symptômes d'un système à bout de souffle", a-t-il déclaré devant la Fondation Abbé Pierre qui présentait son 15e rapport annuel.

    Il a plaidé pour "une refonte du système" reposant notamment sur la mise en place d'"un service public de l'hébergement et de l'accès au logement des personnes sans abri".
    Car "ce qui est en jeu c'est la sortie de l'exclusion de milliers de personnes", a fait valoir Benoist Apparu.

    "Nous devons à la Fondation Abbé Pierre d'avoir inventé ce concept de mal logement pour décrire les difficultés aiguës auxquelles sont confrontées certains de nos concitoyens", a-t-il relevé, rendant hommage à l'association.
    Mais les statistiques publiques sont insuffisantes pour mesurer le mal logement, a-t-il estimé, soulignant la nécessité de disposer de "sources statistiques de meilleure qualité" avec des "définitions normalisées, consensuelles, des différents critères du mal logement".

    Le ministre a donc décidé de confier une mission à ce sujet au Conseil national pour l'information et la statistique (CNIS). "Sur cette base sera confiée à l'Observatoire national de la pauvreté (ONPES), que nous allons reconfigurer, le suivi annuel de ces indicateurs", a-t-il déclaré.

    Soulignant par ailleurs qu'"il n'y a plus 'une' crise générale du logement, mais bien des crises du logement ciblées sur certains territoires", il a affirmé que la réorientation des subventions et des objectifs de l'État pour le logement social vers les zones les plus tendues consistait "une priorité absolue".

    "Je trouve scandaleux la rétention de logements vacants dans des villes où sévit la crise du logement", a-t-il dit, rappelant qu'il s'était engagé à mettre à l'étude l'extension du champ de la taxe sur les logements vacants.
    Pour autant, il a estimé que la réquisition de logements vacants était une mesure "inefficace" et "contreproductive".
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    Ai-je bien lu? Les statistiques publiques étant "insuffisantes pour mesurer le mal logement", il faut donc d'abord confier une mission au Conseil national pour l'information et la statistique (CNIS) avant d'adresser le dossier à un Observatoire....

    Mais à quoi ça sert que la Fondation de l'Abbé Pierre se décarcasse?

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  24. Cher Melchior,

    J'ai lu, en bonne parisienne, les propositions d'EE en matière de logement, et la candidature d'Augustin Legrand ne m'a pas échappée. Toutefois, j'aimerais savoir comment économiquement cette proposition peut être viable. Quelle pression réelle la région peut-elle exercer sur les communes? Quant au parc qu'elle gère déjà elle-même, peut-elle l'agrandir sans peser sur la taxe d'habitation déjà très importante (fortement augmentée cette année?) Enfin quel est le poids réel d'une politique de région sans appui de l'Etat, sachant d'autre part la pression que représente la spéculation sur le prix du mètre carré, notion qui ne dépend en rien du politique mais de l'économie (mondiale)?

    Merci à vous

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  25. Je viens de consulter les comptes du conseil régional de l'ile de France. Dans l'ordre du budget : l'enseignement : 25%, le transport : 24%, la formation professionnelle : 17%... Rien qui ne me semble absolument incontournable... Logement : 4%. La région mettant la priorité sur le logement social....

    Tout cela pour dire, comment un électeur lambda peut-il réellement mesurer les promesses électorales des régionales au vu de la complexité de la répartition des budgets entre les diverses instances économiques?

    Par exemple, comment, parmi tous les impératifs auxquels doit faire face la région, apprécier la notion de logements attribués en priorité au "population les plus fragiles", puisque c'est déjà le cas?

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  26. pardon lire : "rien que de l'incontournable" plutôt que "rien qui ne me semble incontournable"

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  27. à Brocéliande

    N’étant pas francilien, ni militant d’EE, je me garderai bien de dire ce qu’on peut faire concrètement. Mais la présence d’Augustin Legrand sur la liste, et, je l’espère, dans le futur Conseil régional, me fait espérer que la Région prendra en compte la question du logement (et annexes), même si elle n’a pas à en faire sa priorité budgétaire.

    Les médias ont évoqué ces jours-ci la liaison étroite de cette question avec les autres.

    Education: des enfants mal logés ne peuvent faire leurs devoirs et apprendre leurs leçons chez eux (ni inviter leurs copains…).

    Transports: beaucoup de longs trajets bi-quotidiens en Ile-de-France sont dus à l’absence de logements accessibles près du lieu de travail.

    Santé physique et mentale, stabilité sociale, sentiment de bien-être…

    Et la Région peut, à défaut d’agir directement elle-même, aider les associations et mettre en face de leurs responsabilités l’Etat central d’une part, les collectivités locales d’autre part.

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  28. Les effets rebonds de la réduction de la dette publique via la réduction des effectifs d'enseignants... et via le manque total de limites de certains enfants en déshérence..

    Lu dans Libération
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    La police est venue mardi à Meaux chercher à l’école un élève de 11 ans qui venait de frapper d’un coup de poing un instituteur qui souhaite déposer plainte, a-t-on appris mercredi de source policière.

    Mardi vers 09H30, un instituteur de 29 ans de l’école primaire Alain, dans le quartier Beauval, réputé sensible, a été insulté et frappé d’un coup de poing au niveau de la poitrine par un élève de 11 ans auquel il avait demandé de se rendre au bureau de la directrice après une bagarre, a-t-on expliqué de source policière.

    La directrice de l’école a immédiatement appelé la police qui est venue chercher l’enfant dans l’école et l’a conduit au commissariat pour y être entendu, a-t-on précisé de même source.

    L’enseignant, qui s’est vu prescrire un jour d’incapacité totale de travail (ITT), a exprimé l’intention de déposer plainte, ajouté la source policière.

    L’enfant, inconnu des services de police, a ensuite été remis à ses parents.

    Dans un communiqué, la FSU (première fédération dans l’enseignement) de Seine-et-Marne a affirmé que cette agression survenue «dans un climat de tension encore accentué par le manque de postes de remplaçants», avec deux absences non remplacées mardi. «C’est le manque de réponse institutionnelle, le manque de moyens nécessaires notamment en adultes formés», qui ont conduit à alerter «en toute discrétion» la police nationale pour «marquer le coup», «en l’absence de suivi pédagogique, psychologique d’un élève en souffrance, dont les écarts et les violences avaient déjà été signalés, sans résultat», ajoute la FSU dans un communiqué.

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  29. Martin Hirsch fait ce qu'il peut. Lu dans Libération
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    Les députés examinent ce jeudi la proposition de loi créant le service civique volontaire, grand chantier du Haut commissaire aux Solidarités actives et à la Jeunesse, Martin Hirsch.

    L'objectif est de convaincre 10.000 jeunes dès cette année.

    Les plus de 16 ans de nationalité française ou résidant en France depuis plus de un an peuvent s'engager. Et si possible, pas que des diplômés, pour éviter de rééditer le travers du service civil. Pour forcer le brassage social, Hirsch est d'ailleurs favorable à des quotas obligeant les organismes à équilibrer leur recrutement.

    Seuls les moins de 25 ans seront indemnisés. L'objectif est de recruter 10% d'une classe d'âge, soit plus de 75.000 jeunes, à partir de 2014.

    L'idée est de pousser les jeunes à s'investir dans des «missions utiles à la société» dans des associations, des ONG, des fondations (sauf les fondations d'entreprises), les collectivités locales ou l'État. Tout ce qui revêt «un caractère philanthropique, éducatif, environnemental, scientifique, social, humanitaire, sportif, familial ou culturel» ou qui «participe à la prise de conscience de la citoyenneté européenne.» Exemple: donner un coup de main dans une maison de retraite ou une MJC, faire du soutien scolaire, ou monter un projet de dispensaire au Burkina Faso, car le service civique peut se faire à l'étranger.

    En échange, les jeunes reçoivent de l'État 540 euros pas mois (100 euros de plus s'ils sont peu diplômés). Et leur période de service est comptée dans le calcul des droits à la retraites.

    Ça dure entre 6 et 24 mois. Il faut consacrer au moins 24 heures par semaine à son activité «volontaire». La possibilité de mener de front le service civique et des études ou un emploi a été supprimée en commission.

    C'est l'État qui paiera. Soit 500 millions par an quand le système aura atteint sa vitesse de croisière prévue, soit à partir de 2015. Mais le financement précis n'a pas encore été arrêté. L'ensemble du système sera géré par un organisme unique, l'Agence du service civique et de l’éducation populaire.

    Martin Hirsch souhaite que ça commence tout de suite.
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    L'idée est séduisante, mais gagner 540 € par mois pour 24 heures de travail hebdomadaires sans pouvoir mener de front un autre emploi ou des études, cela semble bien riquiqui...

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  30. Lu dans Marianne sur la dette.... un article sympathique de Paul Jorion: Pour réduire la dette, aidons les riches à (bien) dépenser leur argent!
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    L'économiste Paul Jorion a une proposition pour réduire la dette : imposer les plus riches sur les sommes qu'ils ne parviennent pas à dépenser et qu'ils placent en actions et obligations — dont les dividendes et intérêts sont finalement toujours supportés par les moins riches.

    Je vais raisonner à grands coups de serpe, on ne m’en voudra pas : la question que j’essaie de résoudre est une question très générale où les détails importent peu.

    Monsieur X gagne tant d’argent. Le montant est tel qu’il est obligé de le dépenser entièrement pour subvenir à ses besoins quotidiens. Il n’est pas pauvre mais dès qu’il doit acheter un objet qui coûte plus que 1 000 €, il doit avoir recours au crédit à la consommation. Mr. Y gagne deux fois autant que Mr. Y. Quand il achète une maison, il doit emprunter mais il a à part ça suffisamment d’économies pour payer cash l’achat d’une automobile. Mr. Z. gagne dix fois autant que Mr. X et il dépense tout son argent. Pour arriver à le faire, il va à l’opéra tous les mois, possède un yacht, achète des bijoux dispendieux à sa femme et se constitue petit à petit une collection de peintres contemporains. Il fait vivre des artistes et soutient l’industrie de luxe.

    Mr. AAA gagne 40 fois autant que Mr. X. (Ah ! on passe aux choses sérieuses !) Mr. AAA ne peut pas dépenser tout l’argent qu’il gagne, il faut qu’il en «place» une partie. Il en met une partie à la Bourse et une autre partie, il la consacre à acheter des obligations, des emprunts d’État.

    Les actions qu’il possède lui donnent droit à des dividendes. L’argent que les firmes dont il achète des actions consacrent au versement de dividendes (de manière générale, les dividendes constituent une part en hausse constante du profit des sociétés), c’est de l’argent qu’elles ne peuvent pas consacrer à leur refinancement. Sur les capitaux qu’elles doivent emprunter, elles verseront des intérêts – en particulier à Mr. AA+, le cousin de Mr. AAA. Le montant de ces intérêts se retrouvera transmis aux consommateurs des marchandises produites par ces firmes sous forme d’une surcote de leur prix : vendues à la foule des Mr. et Mme. X.

    Question 1 : ne vaudrait-il pas mieux, d’un point de vue de ce qui est «socialement utile» (petit hommage en passant à Lord Turner !), que l’argent versé aux actionnaires sous forme de dividendes soit plutôt réinvesti dans la firme – diminuant d’autant sa dette ?

    Les obligations que possède Mr. AAA lui rapportent des intérêts. Ces intérêts constituent ce qu’on appelle la «charge de la dette d’État» que nous contribuons tous à rembourser. La charge de la dette d’État en France est un poste budgétaire substantiel : du même ordre de grandeur que l’impôt sur le revenu ; se situant entre le budget de l’éducation nationale et celui de la défense nationale.

    L’argent que Mr. AAA consacre à acheter des obligations (1/3 de la dette française reste en France), c’est manifestement de l’argent qu’il a en trop, même après qu’il a consacré une partie de ses revenus à l’achat de biens de luxe. L’État lui verse des intérêts sur cette somme – contribuant à gonfler la dette publique, dont on nous rappelle avec insistance ces jours-ci quel grand souci elle nous cause – et au remboursement de laquelle il faut que nous consacrions tout notre effort, même au prix d’une réduction du bouclier social («Il faut ce qu’il faut !»… soupir…).

    Question 2 : ne vaudrait-il pas mieux pour tout le monde que ces sommes que Mr. AAA a en trop et qu’il se voit obligé de placer dans des emprunts d’État, qu’on l’en soulage plutôt par l’impôt ? Il y aurait là un double avantage : la dette publique serait diminuée du montant de la somme, et il n’y aurait aucune charge de la dette attachée aux emprunts qui auraient dû être émis à la place.

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  31. Coupe dans l'Éducation Nationale... ça bouge.
    Lu dans Libé:

    "C'est très décourageant de voir qu'on supprime des moyens et des postes dans l'éducation nationale. On est en colère, on a envie de taper un grand coup de poing sur la table, ça attaque sur tous les fronts: on a envie de réagir", s'exclame Camille Jouve, professeur d'histoire en grève au lycée Henry Wallon, d'Aubervilliers qui a manifesté à Saint-Denis, ce mardi après midi.

    Au milieu des sifflets, les 500 manifestants venus de 35 établissements scolaires du département de Seine-Saint-Denis sont unanimes: "On veut des moyens, on n'est pas des moins que rien", réclament-ils au détour d'un slogan.
    "On subit les réformes du gouvernement"

    "On va supprimer 16 000 postes à la rentrée prochaine alors qu'il y aura 45 000 nouveaux élèves, poursuit Camille Jouve. On subit les réformes du gouvernement d'autant plus dans le département qu'on a des conditions de travail difficiles et des élèves en difficulté."

    Maud Laurin, de l'école élémentaire d'Eugène Varlin d'Aubervilliers, est venue soutenir ses collègues des collèges et lycées: "Certains ont commencé à se mettre en grève la semaine dernière. Leurs revendications concernent aussi l'école élémentaire. Il y a des suppresions de postes, des enseignants non remplacés. Nous avons de moins en moins d'enseignants spécialisés qui travaillent avec nous dans les classes pour réduire les difficultés de certains élèves", regrette-t-elle.

    Sur un mur, place de la mairie, une feuille est placardée pour recenser les établissements scolaires présents à la manifestation. "Le mouvement progresse, indique Georges Vartaniantz, professeur du lycée Henry Wallon. La semaine dernière, il y avait des grévistes dans 12 établissements du département. Aujourd'hui nous sommes plus de 500 à manifester."

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  32. La Bourrique de charme, en train d’embobiner sa mercière préférée, n’assure pas le SAV de son Billet sur la dette. OUARF ! Meuh Meuh, dites-le lui s’il vous plait (non mais !) et ajoutez que s'il continue, l'écureuil trop indulgent dira de lui pis que pendre (hi hi). 3 articles de réflexion dans Le Monde
    ____
    http://www.lemonde.fr/economie/article/2010/02/10/la-cour-des-comptes-note-une-aggravation-du-deficit-structurel-en-2009_1303572_3234.html#ens_id=1302922
    ____
    Le rapport public annuel 2010 de la Cour des comptes, présenté mardi 9 février par Alain Pichon, doyen des présidents de chambre, et par Claire Bazy-Malaurie, rapporteur général, revient en termes sévères sur l'état des finances publiques. "Le déficit et l'endettement publics, y est-il écrit, ont dépassé en 2009 tous les repères qui avaient été fixés pour en faciliter le pilotage et les risques d'emballement de la dette se sont accrus, ce qui renforce l'urgence du redressement des finances publiques ".
    Sans action structurelle sur la dépense et sans préservation des recettes, la dette publique friserait les 100 % du PIB en 2013 (contre 77 % en 2009). A cette date, les intérêts atteindraient 4 % du PIB soit 90 milliards d'euros. Autant que le produit de la CSG "Il faut ramener rapidement la dette à un niveau permettant de retrouver des marges de manœuvre, et ce sera d'autant plus dur que l'ajustement aura été différé".
    Elle s'inquiète par ailleurs de l'état des comptes sociaux. Malgré les hypothèses "relativement optimistes" retenues en matière d'évolution de la masse salariale ou des dépenses d'assurance-maladie, "le déficit du régime général serait toujours d'environ 30 milliards d'euros en 2013 selon les prévisions du gouvernement". "A un tel niveau de déficit, l'équilibre ne pourra être rétabli sans une remise en cause du niveau de protection sociale ou sans une forte augmentation des prélèvements sociaux", dit-elle.
    En matière de gouvernance des finances publiques, la haute juridiction financière estime "bien plus important" de faire les réformes structurelles nécessaires que de "mettre en place une règle, organique ou constitutionnelle, d'équilibre à moyen terme, nécessairement complexe et risquant d'être contournée". Elle plaide enfin à nouveau pour une réduction des niches fiscales et sociales.
    _____
    http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/02/09/le-gouvernement-est-aussi-responsable-des-deficits-selon-la-cour-des-comptes_1303532_823448.html#ens_id=1302922
    _____
    La hausse historique du déficit de la France ne tient pas seulement à la crise, mais aussi à la gestion du gouvernement, qui n'a pas maîtrisé suffisamment les dépenses pour compenser les baisses d'impôts et notamment la création de "niches fiscales", estime la Cour des comptes.
    ______
    http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/02/09/dette-gachis-favoritisme-la-cour-des-comptes-n-epargne-pas-l-etat_1303515_823448.html#ens_id=1302922
    _______
    La Cour de comptes pointe parmi les anomalies : Les inspecteurs fantômes de l'académie de Paris, La mauvaise gestion du dossier A400M, Des voitures de police utilisées à des fins privées, Des contrôle fiscaux inégaux, Un lutte contre les fraudes à l'assurance chômage inaboutie, pour la Sécurité sociale : le papier encore privilégié à l'électronique ; L'endettement des ménages en augmentation ; Le coût disproportionné des niches fiscales.

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  33. Vous ai-je déjà parlé du blog de Paul Jorion? Jamais?
    Quel manquement!
    J'aime beaucoup ce blog pourtant.
    Ils y causent clair l'économie
    Comme je n'y connais rien,
    et que je sors souvent mes doigts pour compter
    je vais chez lui
    chercher parfois un peu de poésie,
    comme celle-ci

    Opéra-bouffe, par Eole

    Trichet
    C’est une débâcle générale !

    Merkel
    Lorsque la Grèce est un champ de carnage,
    Lorsqu’on immole les nantis,
    Tu vis heureux au sein de ton village…
    Tu t’fich’s pas mal de ton pays !

    Trichet
    Voyez pourtant ce qui se passe.

    Merkel
    Le créancier lâche le débiteur…

    Trichet
    Et le débiteur, à son tour,
    Du créancier déserte l’amour.

    Papandréou
    Mais que voulez-vous que j’y fasse ?

    Merkel et Trichet
    Lorsque la Grèce est un champ de carnage,
    Lorsqu’on immole les nantis,
    Tu vis heureux au sein de ton village…
    Tu t’fich’s pas mal de ton pays !

    Papandréou
    Je vis heureux au sein de mon village,
    Je m’fich’ pas mal de mon pays.

    Trichet
    Et ces malheureux accidents
    Ne se borneront pas, seigneur, aux temps présents.

    Merkel
    Dans l’avenir je vois la longue file
    Des successeurs de Papandréou :
    On les comptera par cent mille…

    Trichet
    On les comptera par cent mille,
    Si vous ne vous décidez pas
    A nous tirer tous d’embarras.

    (Papandréou passe à gauche.)

    Merkel
    Allons, ça, dépêchez… ça presse…
    Regardez l’état de la Grèce.
    C’est une immense bacchanale,
    Et Vénus, Vénus Astarté
    Anime la ronde infernale…
    Tout est mensonge et laisser-aller !
    Vertu, devoir, honneur, morale,
    Par le flot tout est emporté !…

    Trichet
    (Il parle bas à l’oreille de Papandréou.)
    Tu comprends
    Qu’ça n’peut pas durer plus longtemps.
    Au lieu de mimer la pyrrhique,
    Qu’autrefois on nous enseigna,
    Danse noble, danse classique,
    En tous lieux maintenant voilà
    Qu’on danse une chose excentrique
    Et sans nom, qui ressemble à ça…
    (Il danse un pas échevelé.)
    Tu comprends
    Qu’ça n’peut pas durer plus longtemps.

    ENSEMBLE
    Merkel et Trichet
    Tu comprends
    Qu’ça n’peut pas durer plus longtemps.

    Papandréou
    Je comprends
    Qu’ça n’peut pas durer plus longtemps.

    (Papandréou revient au milieu.)

    Trichet
    Allons, immolez-vous !

    Merkel
    Allons, immole-toi !

    Trichet
    Il faut subir la loi.

    Merkel
    Il faut subir la loi : Immole-toi !

    Merkel et Trichet, examinant Papandréou, chez lequel se livre un combat intérieur
    Il chancelle !… à peine il respire !

    Papandréou, haletant
    J’expire !!!…

    Merkel et Trichet
    Au genre humain il faut rendre service :
    Immole toi, quand tu devrais souffrir !
    Tu sauveras, par ce beau sacrifice,
    Les Papandréous de l’avenir !

    Papandréou
    Au genre humain pourquoi rendre service ?…
    M’immoler ? non, ça me ferait souffrir !
    Laissons, laissons ce noble sacrifice
    Aux Papandréous de l’avenir !
    Des dieux l’immortelle sagesse
    Me réserve un drôle d’emploi…
    S’il en faut un à la déesse,
    Pourquoi faut-il que ce soit moi ?
    Ses débiteurs lui devraient suffire.

    Merkel et Trichet
    Il blasphème dans son délire !

    ENSEMBLE
    Merkel et Trichet
    Au genre humain il faut rendre service.
    Immole-toi, quand tu devrais souffrir !
    Tu sauveras, par ce beau sacrifice,
    Les Papandréous de l’avenir !

    Papandréou
    Au genre humain pourquoi rendre service ?…
    M’immoler ? non, ça me ferait souffrir !
    Laissons, laissons ce noble sacrifice
    Aux Papandréous de l’avenir !

    Parodie d’Halévy et Meilhac sur un air d’Offenbach, bien connu…

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  34. Alternatives Économiques Hors Série 2ème trimestre 2010: L’état de l’économie 2010, p28-29 (Denis Clerc): Comment réduire la dette publique ? Résumé:

    15000 milliards fin 2010 (contre 1000 en 2003): c’est trop, tôt ou tard il faudra rembourser: soit en augmentant les prélèvements obligatoires, soit en tablant sur l’inflation, soit en réduisant les dépenses.

    Continuer à s’endetter ?
    Le déficit annuel est déjà énorme, le coût de l’endettement est déjà de 50 milliards par an, les taux d’intérêt remontent… Cela devient impraticable.

    Réduire les dépenses ?
    Réduire les dépenses utiles est contre-productif, à plus d’un titre.

    Augmenter les impôts ?
    C’est la seule solution, en faisant porter l’effort sur les couches sociales les plus favorisées. Mais Sarkozy fait remarquer que ce n’est pas le programme pour lequel il a été élu… Il faudra pourtant bien y venir.

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  35. Un intéressant article de Ugo Palheta sur la présentation, par Le Figaro, d’un sondage biaisé à propos de la dette. Je ne donne que l’introduction…
    ______________
    http://www.acrimed.org/article3304.html
    ______________
    Dans un article paru le 28 janvier, sous le titre « La dette est au cœur des préoccupations des Français », annoncé en « une » de sa version papier et sur son site internet la veille, le Figaro se fonde sur un sondage d’opinion réalisé par l’IFOP pour prouver ce qu’annonce le titre. A consulter sur le site de l’IFOP le détail du sondage, on constate surtout ici l’étonnante capacité du Figaro à tordre, dans le sens et à l’appui de l’action gouvernementale, des résultats qui ne confirment guère la thèse avancée.

    Quand le gouvernement lance une campagne agressive pour justifier la baisse des dépenses de l’État (ou du moins de certaines d’entre elles…) et les suppressions de poste massives dans la fonction publique, le Figaro opine du chef en annonçant en «une» – comme en écho et par magie – la vérité révélée par un sondage : «9 Français sur 10 pour la baisse des dépenses publiques ». Comment pourrait-on légitimement s’opposer à 90% de la population ?

    Or le journaliste du Figaro qui a commis cet article ne semble pas avoir pris la peine d’en consulter les résultats détaillés ou, s’il l’a fait, n’a pas le moins du monde été dérangé d’en livrer un commentaire faussé et, pour tout dire, mensonger.

    La dette publique «au même titre» que le chômage, la santé et les retraites ? On s’étonnera, si on n’a lu que cet article (et surtout sa «une»), de constater que «la réduction de la dette publique» n’apparaît qu’en 11ème position des thèmes «tout à fait prioritaires», bien loin derrière «la lutte contre le chômage», «la santé», «l’éducation», «l’avenir des retraites», «le relèvement des salaires et du pouvoir d’achat», «la lutte contre la précarité», etc. Quelle surprise dès lors que le Figaro n’ait pas titré «Le chômage, la santé et l’éducation au cœur des préoccupations des Français», ou encore «Relever les salaires et lutter contre la précarité : une priorité selon les Français» !

    D’autant que les écarts ne sont pas minces : 65% et 54% des enquêtés jugent que «la lutte contre le chômage» et «le relèvement des salaires et du pouvoir d’achat» sont «tout à fait prioritaires», contre 36% affirmant de même pour «la réduction de la dette publique».

    La principale information qui ressort de ce sondage, c’est donc bien que la rédaction du quotidien de Dassault, propriétaire du Figaro et sénateur UMP, ne pense guère urgent d’augmenter les revenus de ses salariés et des travailleurs en général, ou de lutter contre le chômage, ce qui n’apparaît pas vraiment comme un scoop.

    On imagine mal également le Figaro, dont il est particulièrement opportun, en l’occurrence, de rappeler qu’il appartient au marchand d’armes Dassault, s’appesantir dans son article sur ce constat : la première réponse choisie par les enquêtés – lorsqu’on leur pose la question du « secteur » dans lequel on devrait baisser les dépenses publiques – n’est autre que «la défense, l’armée», et ce à 45% (contre 25% pour la réponse arrivant en deuxième position). Il serait dommage de laisser entendre que les Français aimeraient, pour une grande partie d’entre eux, que Dassault cesse de faire les poches de l’État.

    De même, concernant les recettes de l’État, quelle tristesse que – dans sa célérité à utiliser les résultats de ce sondage – le Figaro n’ait pas remarqué qu’interrogés sur l’augmentation des prélèvements obligatoires, les enquêtés pensent à 57% et 47% que cela «devrait d’abord passer» par «l’augmentation de l’ISF (Impôt de Solidarité sur la Fortune)» et «l’augmentation de l’impôt sur les bénéfices des sociétés», contre 7% pour l’augmentation de la TVA et 1% pour celle des impôts locaux !

    Mais ces «préoccupations des Français» contredisant totalement les préoccupations (et l’action) du gouvernement, le Figaro n’a pas jugé pertinent d’en informer ses lecteurs.

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  36. Lu dans Marianne

    Le patron caché de l'Europe fait la loi


    … "L'agence de notation Fitch a décidé de baisser la note souveraine du Portugal ce qui pourraient bien provoquer la colère populaire. Cette annonce, qui a déjà fait chuter la Bourse de Lisbonne, va permettre aux opérateurs de marché d'acheter et de vendre de la dette portugaise. … Dès que les plans de relance ont commencé de produire leurs effets, les représentant de Fitch ont menacé les différents gouvernements européens de baisser leur notre en raison d'un endettement trop fort. Objectif? Aboutir à des plans drastiques d'austérité qui risquent pourtant d'empêcher toute sortie de crise… "

    L'Europe? Quelle Europe?

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  37. Toujours la même interrogation : Soit il y a collusion entre politiques et financiers, soit les politiques ont des trous d’air dans le cerveau ... soit les 2.

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  38. Une suggestion de Laurent Pinsolle dans Marianne : la TVA sociale. Résumé des arguments que je suis bien incapable de commenter et a fotiori de juger.
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    http://www.marianne2.fr/Et-si-on-instaurait-la-TVA-sociale,-comme-en-Allemagne_a191782.html
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    Dans le système Français de cotisations assises sur le salaire actuel, chacun cotise à proportion de ses revenus. Il est donc plus facile de créer des caisses spécifiques et d’établir un lien entre les revenus et les prestations. Mais cela renchérit considérablement le coût du travail. Un salarié gagnant 2000 euros nets par mois revient à plus de 3500 euros à son employeur. Un salarié gagnant 1150 euros nets par mois, revient à 1750 euros. La France a donc un coût horaire du travail élevé tout en ayant des salaires nets bas par rapport aux autres pays occidentaux. Le total des cotisations sociales (part patronale plus part salarial) augmente le coût du travail de 50 à 75%.

    La TVA sociale consiste à remplacer tout ou partie des cotisations sociales assises sur les salaires par une augmentation de la Taxe sur la Valeur Ajoutée. Un tel transfert présente plusieurs avantages. En baissant drastiquement le coût du travail (35 à 43% pour un transfert total), cela devrait contribuer à une très forte augmentation du nombre d’emplois. La TVA sociale devrait être un facteur de réduction drastique du chômage et d’accélération de la croissance.

    Cette révolution, au plan commercial, reviendrait à faire contribuer à parité les produits fabriqués en France et les produits fabriqués à l’étranger. Aujourd’hui, acheter chinois revient à acheter le modèle social chinois. Avec la TVA sociale, la compétition entre produits Français et produits importés n’aurait plus lieu sur le modèle social, ce qui permettrait de protéger le modèle Français. L’introduction de la TVA sociale permettrait de réduire le prix des produits fabriqués en France, pour lesquels la hausse de la TVA serait plus que compensée par la baisse des cotisations sociales. En revanche, le prix des produits importés augmenterait. La TVA sociale est une forme de dévaluation sans les mauvais effets. Assez logiquement, cela devrait contribuer à une augmentation de la production en France et à une réduction de nos importations.

    L’Allemagne nous fournit l’exemple d’un pays qui a introduit la TVA sociale puisque fin 2006, elle a augmenté la TVA de trois points et diminué les cotisations sociales. On peut imaginer deux scénarios. Le premier, progressif, pourrait consister en un réaménagement progressif de notre fiscalité, à l’Allemande, diminuant petit à petit les cotisations sociales pour augmenter parallèlement la TVA. Mais, l’introduction de la TVA sociale pourrait se faire de manière plus radicale, en faisant un véritable big bang fiscal. Etant donné que notre taux majoré de TVA est déjà assez élevé, il pourrait être intéressant de mener une révolution globale pour limiter sa hausse. Une réduction drastique de toutes les niches fiscales et sociales, une remontée de la fiscalité sur les revenus du capital et l’introduction d’une taxe Tobin permettrait sans doute de limiter la hausse de la TVA tout en permettant un transfert total des cotisations sociales.

    L’abaissement drastique du coût du travail que représenterait l’introduction de la TVA serait un levier extrêmement puissant pour la création d’emplois. Ce serait un outil puissant pour combattre le premier fléau qui touche notre société depuis trente ans : le chômage.

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  39. Je ne touche pas une demi bille en économie (Help !) mais je signale cet article de Sobiz dans Marianne à propos des agences de notation.
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    http://www.marianne2.fr/Plus-scandaleux-que-Goldman-Sachs-les-agences-de-notation_a192263.html
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    Bien sûr, on aurait tort de faire la fine bouche devant le spectacle de la brochette de crânes d’œufs de Goldman Sachs, assise en rang d’oignons devant la commission d’enquête du Sénat américain hier après-midi.

    Sacré Goldman Sachs. La SEC, le gendarme de la Bourse américaine, accuse la banque d'avoir trompé des investisseurs en leur faisant faire des placements sur des titres risqués sur l’immobilier US, alors qu’elle-même refourguait discrètement tous les titres en question ? Goldman Sachs répond que ses clients sont des professionnels. En clair, un resto te fourgue du merlan pourri qui te dézingue les intestins, mais c’est ta faute : t’avais qu’à le faire analyser. T’es un professionnel, bordel. Fais le job, espèce de communiste.

    Mais, quasiment en même temps, un autre coupable de la crise financière continue allègrement à saboter l’économie mondiale en toute impunité : l’agence de notation Standard & Poor’s dégradait la note de la Grèce dans la catégorie « junk bonds » - obligations pourries-, et dégradait aussi celle du Portugal dans la foulée, histoire de flinguer l’économie d’un autre pays de la zone euro.

    On connaissait les dix plaies d’Egypte. Voici les trois plaies de Wall Street: Standard & Poor’s, Moody’s, et Fitch, les trois agences de notation mondiales. Des organismes privés, totalement indépendants des régulateurs et autres gendarmes boursiers : deux groupes américains, Standard & Poor’s et Moody’s, et un acteur à capitaux français, Fitch, filiale du groupe Fimalac. A elles trois, ces agences contrôlent 90% du marché mondial : 80% pour le duo Standard-Moody’s et 14% pour Fitch.

    Le principe est simple : quand un pays ou une entreprise emprunte sur les marchés, il demande à une des agences de noter sa dette, c’est-à-dire de donner une estimation des risques de non remboursement en fonction de sa solvabilité, ses perspectives etc. En fonction des systèmes de notation des agences, ces dettes se retrouvent notées entre AAA (risque le plus faible) et CCC, voire D (faillite ou quasi-faillite).
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    Brr...

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  40. Réaction de Mélenchon à ces histoires en zone euro (lu dans Le Figaro)
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    Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de gauche (PG), a déclaré au sujet de la crise grecque que "le tour de la France viendra" après l'abaissement de la notation de la dette du Portugal et de l'Espagne. L'effet domino est possible puisque "les banques n'ont pas été punies" quand elles ont spéculé sur la dette grecque, a affirmé M. Mélenchon devant la presse.

    "Le tour de la France viendra qui est le fruit le plus juteux", a lancé le député européen lors d'un rassemblement devant le siège de l'Association française des banques (AFB) à Paris. "Si nous étions une armée d'occupation je ne sais si on leur prendrait autant", a-t-il déclaré en référence aux 150 millions d'euros d'intérêts que devrait rapporter le prêt français à la Grèce, selon les calculs de la ministre de l'Economie, Christine Lagarde.

    Dans la gestion de cette crise "Angela Merkel (la chancelière allemande) et Nicolas Sarkozy sont deux incapables", a-t-il ajouté.

    Le Parti de gauche propose comme solution que "l'argent prêté aux Grecs le soit sans profit pour les banques, au taux de 1% dont elles bénéficient auprès de la BCE" (banque centrale européenne).
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    Pour quelqu'un qui ne touche pas une demi bille à l'économie, mais qui comprend que les banques s'en mettent plein des poches en nous ratiboisant, cela semble plutôt convaincant..

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  41. Oui, c'est convaincant. Les agences de notation se sont totalement foutues dedans ou plutôt foutues du monde et leur responsabilité n'est pas mince dans le bordel financier puis économique dont nous payons tous cruellement les conséquences dans le monde entier. Et non seulement ces clowns n'ont pas été mis à leur place (en prison) mais ils continuent leur petit commerce faisandé. Quand les mômes défilent dans les manifs en braillant "une seule solution : la Révolution !" y a des fois où je me dis…

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  42. Sur les conseils avisés de Parleur, je suis allée voir le site de l’économiste Frédéric Lordon. Dans une interview de lundi, suite à un papier publié dans Le Monde où il préconisait de fermer la bourse, il disait ceci (je résume) :

    Les idéologues libéraux, qui ont l’amnésie intéressée, voudraient faire oublier cette période du fordisme dans laquelle la finance a été cadenassée, la Bourse inexistante… et la croissance étincelante. Or que je sache, le fordisme, ça n’était pas le Gosplan ni les soviets mais bien le capitalisme. La Bourse est une aberration car:

    1) les entreprises vont moins s’approvisionner en capital à la Bourse qu’elles n’y vont s’en faire dépouiller. La Bourse ne finance pas les entreprises elle est financée par elles.

    2) la contrainte actionnariale censure une part de plus en plus importante de l’investissement en écartant les projets jugés insuffisamment rentables, freinant donc le développement économique ;

    3) les entreprises sont soumises par l’actionnaire à des contraintes incompatibles avec la conduite de moyen long terme de projets industriels;

    4) Le comble du paradoxe est atteint lorsque les actionnaires finalement découragent eux-mêmes le financement par action puisque les nouvelles émissions ont des propriétés dilutives…

    La Bourse est une forme institutionnelle, elle n’est pas sortie du cul d’une poule ni tombée du ciel. Elle a été faite de main d’homme. Par conséquent elle peut être défaite s’il apparaît qu’on y a plus d’avantages que d’inconvénients. Il est urgent de remettre des limites au capital actionnarial qui n’en connaît aucune. C’est pourquoi les appels à la modération qui ont pour nom «moralisation du capitalisme» sont d’une indigence qui partage entre le rire et les larmes. L’emprise acquise sur les firmes par le capital actionnarial est un fléau que l’on ne réduira que par une transformation radicale de structures.

    L’histoire récente du capitalisme est (en partie) l’histoire d’une lutte de puissance entre deux fractions du capital : le capital financier et le capital industriel, le premier ayant reçu de la modification des structures un pouvoir inédit qui lui a permis de déposséder le second de son ancienne souveraineté. Et à la fin le capital industriel passe le mistigri au salariat…

    Pour ce qui est de la contribution de la finance à la croissance, je vous suggère de comparer le taux de croissance moyen des trente glorieuses, donc sans finance dérégulée et avec une Bourse croupion (5% l’an en moyenne), et celui de la période de hourrah-dérégulation depuis deux décennies. L’affaire est vite vue.

    On peut fermer la bourse. L’autofinancement, le crédit bancaire et éventuellement des marchés obligataires constituent un mode de financement tout à fait viable de l’économie.

    Les partis de gauche de gouvernement mangent des graines et font à peine cuicui.

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  43. Vive la Grèce et tous ces fainéants
    qui partent à la retraite à 53 ans

    Allez, on y va. Parce que tout de même, ils exagèrent. Je lis compulsivement tout ce qui m'est donné à lire depuis le début de la crise grecque. Et je n'oublie pas que les Grecs sont mes frères, Europe oblige. Cette Europe appelée de tous mes voeux, parce que... la guerre, la seconde, la dernière... en date. Et que propose ma belle Europe au Grecs? Une misère de vie afin de rester dans l'euro, le même qui a permis à l'Allemagne d'exporter, aux banques françaises de placer me dit-on 50 à 60 milliards d'euros dans sa dette. Et là, un prêt à 5%, histoire de se faire encore du bénèf sur la peau de ses salauds de Grecs et les 130 milliards d'aide à venir sur trois ans. Les Etats-Unis, et leurs 12 507 milliards $ (mars 2010), 84 % du PIB (2010)... et le Japon à plus de 200% de leur PIB....

    En bref, le monde entier est endetté mais continue à fournir des 15% de bénéfices aux entreprises. Et LA solution que donne l'Europe à ces damnés du tonneau de l'Adélaïde c'est : partir à la retraite à 67 ans sinon plus, diminuer fortement leur salaire y compris dans le privé, virer la moitié des fonctionnaires. Et rembourser leur dette, intérêts compris. En somme, les mettre au pas. Pour rester dans l'Europe la libérale, ce qu'il faut, c'est mourir à la tâche.

    Et bien je regrette... mais cette Europe là, n'est pas la mienne.

    Même et surtout lorsque la France se fait fort d'être le sauveur du capital et des banques. lorsque l'Allemagne, la sage, se veut la championne des exportations en Europe, mais refuse d'en connaître le prix : la main basse sur ses salaires et la retraite à 67 ans... 67 ans? enfin pour l'instant.

    En somme, je refuse de croire au "miracle" du soutien européen à la Grèce. A mais, il est vrai, j'oubliais... tous des fainéants ces grecs.

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  44. PREMIERS ENSEIGNEMENTS D’UN SAUVETAGE BÂCLE
    François Leclerc sur le blog de Paul Jorion
    http://www.pauljorion.com/blog/?p=11075#more-11075
    Extraits
    Sans attendre les deux dernières étapes formelles du sauvetage financier de la Grèce, la réunion des chefs d’Etat et de gouvernements et la décision du FMI, de premiers enseignements peuvent être tirés de cette crise européenne, qui ne fait que commencer.
    1. Ce premier épisode à démontré combien les gouvernements et les autorités européennes étaient peu préparés, ainsi que les difficultés extrêmes qu’ils ont rencontré pour réagir. .
    2. La crise grecque a mis en évidence que la fragilité de la zone euro ne résultait pas uniquement de l’importance de la dette publique, que l’Allemagne a fortement contribué à dramatiser, mais également de la forte interconnexion des banques européennes, qui ont assuré le financement d’une très grande partie de celle-ci grâce aux liquidités de la BCE dans la dernière période. On a constaté que l’effet domino dont on redoutait qu’il intervienne d’un pays à l’autre, résultant de brutales augmentations successives des taux obligataires, a été secondaire par rapport à celui qui a menacé les banques. En tout cas à ce jour. Ce n’est pas pour rien qu’une partie du plan qui a été décidé pour la Grèce va être consacré à aider ses banques.
    3. En raison de son importance, 110 milliards d’euros prévus sur trois ans, le plan de sauvetage grec est difficilement reconductible, si d’aventure un second pays de la zone euro devait être à son tour aidé en raison des attaques dont il serait l’objet. ….
    4. L’Europe va donc vivre désormais avec le syndrome grec.
    5. Toute l’Europe résonne déjà d’un même discours, qui monte en puissance, dont les mots clés sont rigueur, austérité et sacrifice. Aux pays de la zone euro va bientôt se joindre le Royaume-Uni, le cap de ses élections du 6 mai passé. Les plans qui sont annoncés – lorsque c’est le cas – ne sont généralement pas encore appliqués et n’ont pas encore produit leur effets...

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  45. Sur le comm' de Brocéliande (10 h 19):
    point 1: d'accord.
    point 2: les choses étant ce qu'elles sont, on voit mal comment on pourrait se dispenser de faire passer l'aide par les banques...What else ?
    point 3: l'Espagne est menacée à son tour. Laisser tomber la Grèce, c'est entraîner la chute du Portugal, de l'Espagne, de l'Irlande...
    point 4: oui.
    point 5: le vrai problème est celui de la propriété du Capital financier.

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  46. Sur le com' de Melchior, 18h49 (hi hi):

    - Point 2: si on ne peut se passer des banques, ne pourrait-on les contraindre à réduire les taux d'intérêt qu'elles pratiquent? Apparemment, elles bénéficient d'un taux de 1% auprès de la banque centrale européenne, elles...

    - Point 3:il ne s'agit pas de laisser tomber un pays ou l'autre, mais de ne pas les tuer à petit feu en leur proposant cautères sur jambes de bois, et en astreignant les peuples à des privations insupportables qui, au bout du compte, ne seront peut-être pas efficaces?

    - Point 5: c'est à qui, le capital financier, M'sieur l'âne? Si on faisait comme dit Lordon - réduire à la bourse à une bourse croupion - cela ne nous aiderait-il pas un chouïa (parole tout à fait de novice)?

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  47. UN article de Florian Guyot dans Slate.Extraits
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    Guyot parle de l'auto-référence, qui pose de nombreux problèmes insurmontables, tous plus passionnants les uns que les autres. L'un des plus célèbres a été révélé en 1931 par le mathématicien Kurt Gödel et son théorème d'incomplétude. Gödel a en effet démontré qu'il existait en arithmétique des théorèmes vrais mais qu'on ne pourrait pas démontrer avec une démonstration mathématique. En clair, Gödel démontre un théorème -l'impossibilité de démontrer tous les théorèmes- qui lui-même parle des théorèmes mathématiques...Dans cette logique de "l'auto-entretenu" on aboutit à des situations absurdes.

    Or aujourd'hui la finance parle de la finance.

    Car nous vivons dans un monde qui ne parle que de lui-même! Bernard Madoff, par exemple, n'est qu'une suite qui se répète: dans son schéma pyramidal, la combine de Ponzi, un investisseur est remboursé par les deux suivants qui sont eux-mêmes remboursés par les quatre suivants... Des investisseurs qui empruntent et se remboursent à eux-mêmes à l'infini... impossible!

    Mais il y a plus grave. Car d'une façon générale, toute la finance ultralibérale est devenue auto-référente. En effet, le système financier, qui sert les actionnaires, repose sur les trois fameuses agences de notation Standard's and Poor, Moody's et Fitch, qui jugent les bons et loyaux services des acteurs du marchés... tout en étant elles-mêmes des sociétés capitalistiques classiques, dont l'une d'elle est même possédée par celui qui représente sans doute le mieux le capitalisme, Warren Buffet.

    Qui aurait pu croire qu'un système mondial d'actionnaires qui se jugent eux-mêmes ne pouvait pas conduire à une nouvelle absurdité, du même niveau que les paradoxes grecs? Pourtant, on entend les agences se plaindre, arguant que lorsqu'une note est dégradée trop tard -ce qui a été le cas de tous les produits toxiques découverts après la crise des subprimes- on les accuse de ne pas voir venir la crise, et lorsqu'une note est dégradée trop tôt, comme celle des dettes des Etats grec, portugais et maintenant espagnol, on les accuse de provoquer les crises... Non, ce n'est pas injuste, il s'agit simplement d'un paradoxe, encore un, qui a été créé par l'absurdité même du système.
    A qui appartient la main invisible?

    Certes il y a eu des règles de «transparence» mises au point dans les normes de Bâle pour tenter d'échapper aux vilénies de la logique auto-référente. On a ainsi interdit aux banques d'être actionnaires des agences. L'ascension vertigineuse des taux de CDS, les Credit Default Swap qui parient sur la défaillance des Etats, semblent pourtant tellement bien coller avec un certain acharnement spéculatif conduisant inexorablement à la dégradation de la notation qu'on a du mal à savoir qui de la banque ou de l'agence dicte le comportement de l'autre... Si les Grecs avaient plaisanté en disant «cette notation est fausse», auraient-ils eu raison?

    On dirait que la main invisible d'Adam Smith, censée réguler le marché libéralisé a trouvé ses limites. Car la main appartient bien à quelqu'un au final. Et ce quelqu'un fait lui-même partie du marché. Nouvelle auto-référence, nouveau paradoxe. Il est temps de sortir de ces schémas sans fin. Il est temps pour nos chefs d'Etat de s'élever au-dessus des petits enjeux électoraux régionaux pour construire une vraie gouvernance. Il est temps d'avoir une vraie main, bien visible celle-là, qui régule au niveau mondial ce marché enlisé dans ses paradoxes
    .

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  48. Un article intéressant de Bernard Conte, économiste, dans Agoravox, sur le rôle de l’Allemagne dans la crise. Résumé succinct.
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    http://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/l-allemagne-paiera-ou-l-europe-74410
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    L’Allemagne a le plus profité (et profite encore) de la construction européenne sans en assumer une part équivalente des coûts. Comme un athlète, elle a pu s’entraîner grâce au « sponsoring » de ses partenaires de l’association sportive européenne. Elle exige maintenant desdits partenaires, pas vraiment athlètes, qu’ils réalisent des performances sportives similaires aux siennes. A défaut, les partenaires seront éventuellement exclus de l’association.

    Explication :le pays dont le secteur industriel est, au départ, le plus fort, le plus compétitif, va élargir sa part de marché communautaire au détriment de ses partenaires, incapables de soutenir la concurrence. Sans mécanisme compensatoire efficace, le pays dominant va accaparer une part croissante des avantages liés au processus d’intégration et établir progressivement son hégémonie.

    Un mois avant la signature, le 25 mars 1957, du Traité de Rome instituant la Communauté européenne (CEE), Jean Duret écrivait : « le Marché commun ne peut conduire qu’à une hégémonie de plus en plus écrasante de l’Allemagne » ; « dès les premières étapes, se feront sentir les effets néfastes de la domination des cartels allemands sur l’Europe des Six » ; « si on laisse librement jouer les forces économiques, on arrive fatalement à une aggravation des distorsions existantes ». La prédiction de Jean Duret s’est réalisée car l’Allemagne n’a cessé de conforter sa position de leader au sein de l’Europe. Elle est même devenue le premier exportateur mondial avant de se faire récemment devancer par la Chine. Ces performances n’auraient pu être réalisées sans l’apport décisif du grand marché européen qui absorbe aujourd’hui plus des trois quarts des exportations allemandes. De plus, l’Allemagne accroît sa part de marché au détriment des autres membres de l’UE. « Entre 1995 et 2009, la part de marché de l’Allemagne à l’intérieur de la zone euro est passée de 25 % à 27 %. En même temps, la part de la France est passée de 18,5 % à 12,9 % et celle de l’Italie de 17 % à 10 % ».

    Les tenants de la thèse de l’inégalité des échanges Nord-Sud ont montré, dans les années 1960-1970, que les pays industrialisés du Centre « exploitaient » ceux de la Périphérie (le tiers-monde). Ce schéma prévaut aussi en Europe. Le pays « Central » (l’Allemagne) exporte vers ses partenaires de l’Union européenne des produits à forte valeur ajoutée et importe des produits à plus faible valeur ajoutée.

    L’échange inégal génère un processus circulaire ambivalent. Pour le bénéficiaire, le transfert de revenu, attaché à l’échange inégal, engendre un cercle vertueux qui permet l’investissement, les gains de productivité, la croissance… synonymes de prospérité. Pour celui qui en est victime, l’échange inégal conduit au cercle vicieux de l’appauvrissement. D’autant plus qu’aucune forme, digne de ce nom, de « compensation » des coûts ou de « redistribution » des gains liés à l’intégration régionale n’a été mise en place.

    En conséquence, d’une manière ou d’une autre, l’Allemagne devra payer, et, si elle refuse, l’Empire implosera.

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  49. Un autre article sur le rôle de l’Allemagne dans Marianne, de Gilbert Casasus (Université de Fribourg). Résumé.
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    http://www.marianne2.fr/Pourquoi-Merkel-s-ecarte-de-l-esprit-europeen_a192312.html
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    La RFA d’Angela Merkel privilégie désormais l’Europe économique à l’Europe politique.

    La chancelière avait déjà refusé l’idée «d’un gouvernement économique de l’Europe» pourtant hautement nécessaire. Elle ne mène pas la même politique qu’Helmut Kohl. Elle a une vision géographique et culturelle de l’espace européen relativement différente de celle de ses prédécesseurs. Elle n’a aucune perception, voire aucune compréhension pour le bassin méditerranéen dont elle n’intériorise toujours pas qu’il puisse aussi baigner les rives de quelques pays membres de l’Union européenne. De là aussi, son opposition, quoique justifiée à certains égards, au projet sarkozyste de «l’Union pour la Méditerranée» en 2007. De surcroît, toujours persuadée que le totalitarisme européen n’aurait existé qu’à l’Est, elle oublie totalement que la Communauté européenne avait permis à la Grèce, au Portugal et à l’Espagne de trouver un havre de paix démocratique, après avoir été meurtris des années et des décennies durant par le fascisme et la dictature militaire.

    Chancelière de l’État le plus important de l’Union européenne, elle privilégiera désormais l’Allemagne puissance aux dépens de l’Europe puissance.

    Rien ne sert pourtant d’accabler la seule personne d’Angela Merkel, qui ne reproduit que l’image d’une Allemagne qui, vingt ans après son unification, croit avoir un moindre besoin d’Europe que ce ne fut le cas à l’heure de sa division. La République fédérale se sent aujourd’hui animée par une volonté croissante de s’affirmer sur le plan international, quitte à diminuer l’influence qu’une Union européenne plus forte et plus unie, serait en droit de revendiquer, si elle-même n’était pas régulièrement traversée par d’incessants conflits, les uns plus nuisibles que les autres pour sa propre image de marque. Ainsi, et de manière presque paradoxale, la RFA profite de la crise politique de l’UE pour asseoir son modèle aux dépens de ceux en vigueur dans les autres pays membres de l’Union. De ce point de vue, l’épisode grec sert également un certain nombre de desseins allemands. Plusieurs responsables politiques européens ont pris les devants pour rappeler à la chancelière son devoir de solidarité au sein de l’UE.

    Par conséquent, c’est avec une «autre Allemagne» que l’ensemble de ses partenaires européens auront vraisemblablement affaire. Certainement moins conciliante qu’elle n’a pu l’être dans le passé, elle ne jouera plus le même rôle que lors des premières étapes de la construction européenne. Sans aucun doute est-il trop tôt pour tirer définitivement les leçons de la crise grecque, mais non pour s’interroger sur le nouveau positionnement de cette «autre Allemagne» qui, qu’on le veuille ou non, n’inspire plus la même confiance que celle qu’elle avait su susciter lorsqu’elle fut dirigée par des chanceliers oeuvrant pour un engagement européen.

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  50. Réponse à 19 h 23 (han han):

    Pt 2: oui, on devrait. En les taxant, par exemple (avec modération mais fermeté…).

    Pt 3: je ne prétendrai pas que TINA (« there is no alternative »), mais j’attends de pied ferme qu’on m’établisse noir sur blanc une autre proposition, qui ne conduise pas à terme à des conséquences encore bien plus épouvantables.

    Pt 5: bonne question, mâ’âme l’écureuil. Comme disait Marx, le Capital n’est pas une chose, mais un rapport social. Un rapport social peut-il faire l’objet d’une appropriation ? C’est pourquoi je posais, un peu plus haut, le problème de la propriété. Quand nos vénérés z’ancêtres ont déclaré, en octobre 1789, que la propriété était « un droit inviolable et sacré », ils ne pensaient nullement à sanctuariser le Capital financier, et les constituants de 1946 non plus quand ils ont confirmé cette formule, en y ajoutant quelques intéressantes bricoles. Donc…

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  51. Sur l'Allemagne, toujours, de Sylvain Gouz, dans Rue 89 (résumé)
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    Jusqu'au dernier moment, tel un cheval au refus, l'Allemagne, le «bon élève» de l'Europe, le deuxième exportateur mondial juste après la Chine, a renâclé à aider la Grèce.

    Les Allemands se forcent depuis des années à se serrer -relativement- la ceinture pour vendre toujours plus à l'étranger et retrouver des finances publiques saines. Ils avaient consenti à sacrifier leur mirifique Deutschmark sur l'autel d'un euro dont on les assurait qu'il demeurerait une monnaie forte.

    Pour qu'ils acceptent ce traité de Maastricht, chaque membre de la zone euro s'engageait à être d'une sagesse exemplaire. Patatras : du fait de la crise, la plupart des pays de la zone euro se moquent de ces critères comme d'une guigne. Et les plus mal en point, à commencer par la Grèce, voudraient que la sage, l'exemplaire, la vertueuse Allemagne les renfloue ?

    Or on réalise que dans leur réticence à payer pour les écarts d'Athènes et par les conditions drastiques -c'est peu dire- qu'ils imposent aux Grecs, ils se tirent allègrement une balle dans le pied.

    Au-delà même du plan d'aide au refinancement de la dette, l'addition sera rude pour la Grèce. Laissons donc la Grèce s'enfoncer dans la récession comme on a laissé Lehman Brothers aller à la faillite ! Ce pays n'avait qu'à être plus sérieux!


    Mais gare au coup de fouet en retour. Deux chiffres, pour commencer :

    En 2008, les exportations allemandes vers la Grèce se sont élevées à 8,3 milliards d'euros. En sens inverse, les ventes de la Grèce à l'Allemagne n'ont pas dépassé 1,9 milliard d'euros.

    Cet écart en cache d'autres. Au-delà de la Grèce, tout petit client de l'Allemagne -moins de 1% de ses exportations- il faut comprendre que les principaux débouchés de l'industrie allemande sont des pays qui sont sur la pente grecque : l'Espagne, l'Italie, la France, première cliente de l'Allemagne, et ses finances ne sont pas flambantes.

    Les Allemands devraient savoir que le commerce international est un jeu à somme nulle. Mieux vaut renflouer ceux qui vous achètent votre production. En ce sens, leur intérêt -et au passage celui de toute l'Europe- serait qu'au-delà de la garantie de refinancement apportée en définitive à la Grèce, les disciplines/sacrifices qui lui sont imposées (Athènes doit réaliser 30 milliards d'euros d'économie d'ici 2012) demeurent acceptables pour son peuple.

    Faute de quoi, au-delà même des remous sociaux auxquels on assiste déjà en Grèce et au Portugal, c'est la florissante industrie allemande elle-même qui serait frappée par la récession économique chez ses clients.

    Tout cela n'est peut-être pas bien rigoureux sur le plan des principes, mais qui imagine que l'économie est frappée au coin de la morale ?

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  52. Allez, un p'tit coup de boule d'Alceste dans Backchich ;o)
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    L’Europe va affronter les élections britanniques le 6 mai, les élections rhénanes le 9 mai, la prochaine émission de dette grecque le 19 mai et le futur gouvernement belge en mai… 2011.

    À Bruxelles, les eurocrates n’en peuvent plus. Le président de l’Union, le Belge Herman Van Rompuy est présenté comme subtil et habile : il ne dit rien et c’est donc qu’il n’en pense pas moins. Sauf que, pour certains, les gouvernements qui cherchaient un personnage low profile se sont mal compris et l’ont choisi no profile. La présidence tournante est occupée par l’Espagne, mais personne à Bruxelles ne se souvient aujourd’hui du son de la voix de Zapatero ! Quant à Barroso, il évoque plus que jamais la formule de Churchill sur son successeur. Un taxi vide s’arrête tous les matins devant la Commission européenne et son président en descend… Le Parlement européen a les coudées franches pour mieux s’affirmer. Mais le volcan islandais l’avait privé d’une partie de ses membres en avril et personne ne s’en est vraiment aperçu. Rachida Dati, qui ne fait rien, ne se sent pas isolée dans cette attitude.

    Bref, tout le monde se demande comment cela va se terminer. Et d’imaginer des scénarios trash, du style sortie de la Grèce de l’euro ou même de l’Union, entrée de l’Islande, histoire d’en rajouter dans la liste des pays européens en cessation de paiement. En fait, deux choses vont vraiment agiter l’Europe : la renégociation de la politique agricole commune (PAC) et la désignation du successeur de Trichet à la tête de la Banque centrale.

    Avec la PAC, on entre dans le sérieux car le paysan polonais est plus redoutable que son compatriote plombier ; et les Anglais, malgré leurs affirmations assassines sur l’agriculture, n’oublient pas qu’ils sont les premiers bénéficiaires du système. L’alliance historique entre Sarkozy et the Queen devrait conduire au résultat voulu par tous : que l’Allemagne paie ! Trichet donnera sa place à un Allemand et puis c’est tout. En attendant, à Athènes, on serre les fesses et au Panthéon, Jean Monnet n’en finit pas de faire des tours.

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  53. Dictionnaire désordonné de la crise grecque
    Par DANIEL SCHNEIDERMANN (Libération) ;o)
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    Grèce : pays méditerranéen, peuplé de menteurs, de tricheurs, et de fonctionnaires exerçant en réalité le métier clandestin de chauffeurs de taxis.

    Effort : suppression des 13e et 14e mois de salaire. Passage de l’âge moyen de la retraite de 53 à 67 ans.

    Portugal : pays méditerranéen, qui n’a rien à voir avec la Grèce.

    Espagne : pays méditerranéen, qui n’a rien à voir avec le Portugal.

    France : pays totalement dépourvu de toute côte méditerranéenne, qui n’a rien à voir avec la Grèce, le Portugal ou l’Espagne.

    Dominos : jeu de société familier et sympathique, menaçant d’entraîner dans l’abîme le Portugal, l’Espagne, l’Irlande, mais certainement pas la France.

    Déficit : catastrophe économique de gravité variable, selon que l’on parle du déficit grec, français ou américain.

    Mensonge : manipulation des comptes publics en Grèce.

    Créativité : manipulation des comptes publics en France.

    Agences de notation : sortes de correcteurs du bac, insoupçonnables et impartiaux, rétribués par les élèves les plus riches.

    AAA+ : note éternelle de la France, inscrite dans la Constitution.

    Retraites (réforme des) : chantier bruyant et précipité, destiné à éviter à la France le sort de la Grèce, de l’Espagne ou du Portugal, même si la France, pays totalement dépourvu de toute côte méditerranéenne, n’a rien à voir… (voir plus haut).

    Marchés : agresseurs économiques hystériques, dressés à attaquer les «maillons faibles», les «bêtes malades».

    Investisseurs : «marchés», quand ils sont français.

    Sortie de l’euro : hypothèse irréalisable, destinée à «donner un signal» aux «marchés».

    Panique : comportement irrationnel des «marchés», dicté par la peur, consistant à tirer sur les maillons faibles, et ayant généralement pour résultat une confortable plus-value.

    Plan de sauvetage : dispositif sophistiqué destiné à rassurer les marchés en proie à la «panique», sans jamais être mis en œuvre.

    Prudence : stratégie politique sophistiquée consistant à aggraver un problème en retardant la définition, puis l’application du «plan de sauvetage».

    Longueur d’onde (même) : langage commun parlé par la France, l’Allemagne, la Grèce, l’Espagne, le Portugal, le Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne.

    Merkel : dirigeante allemande particulièrement prudente, avec qui la France est «parfaitement sur la même longueur d’ondes». Parvenue à force de «prudence» à retarder au maximum la définition et l’application du «plan de sauvetage» jusqu’au moment où il est caduc, ce qui conduira à définir, puis à appliquer, un nouveau «plan de sauvetage». Dite aussi, pour ces raisons, «nouvelle dame de fer».

    Allemands : amis.

    Rééchelonnement de la dette grecque : non-remboursement des prêts du «plan de sauvetage» par la Grèce (pays méditerranéen peuplé de…voir plus haut). Hypothèse destinée à rassurer les «marchés» (voir plus haut), mais totalement, absolument, radicalement, définitivement exclue, sous aucun prétexte, quoi qu’il arrive.

    5% : taux auquel la France prêtera de l’argent à la Grèce. Ce taux est plus élevé que le taux auquel la France emprunte l’argent (1,5%). Cette différence s’explique par une prime de risque, destinée à compenser le risque d’un non-remboursement du prêt par la Grèce (hypothèse néanmoins absolument, radicalement, définitivement exclue, quoi qu’il arrive).

    Contribuable français : fera une bonne affaire, quoi qu’il arrive.

    Spéculation : sera mise en échec, quoi qu’il arrive.

    Zone euro : sera défendue, quoi qu’il arrive.

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  54. Le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz a prédit, mardi 4 mai, la fin possible de l'euro si l'Europe ne parvient pas à régler ses "problèmes institutionnels fondamentaux", dans la foulée de la crise grecque.

    Interrogé par la radio BBC 4, Joseph Stiglitz a estimé que le plan d'aide UE-FMI, assorti d'un plan d'austérité dont il a critiqué la sévérité, ne ralentirait pas l'ardeur des spéculateurs à miser sur un affaiblissement de la zone euro. "Les conditions apparemment excessivement dures imposées à l'Espagne", a-t-il dit en faisant un lapsus, "seront en réalité contre-productives pour prévenir une contagion". Les analystes signalent en général l'Espagne comme le prochain pays de la zone euro à pouvoir connaître les mêmes difficultés que la Grèce.

    "Quand on aura vu à quel point il a été difficile à l'Europe d'adopter une position commune pour aider un des plus petits pays, on réalisera que si un pays un peu plus grand a des difficultés, il est probable que l'Europe aura encore plus de mal" à se mettre d'accord, a-t-il dit.

    "Donc je pense que l'espoir que (cette aide) nuira aux pressions spéculatives est probablement infondé: ça peut marcher pendant quelque temps, mais à long terme, tant que les problèmes institutionnels fondamentaux seront là, les spéculateurs sauront qu'ils existent, et au fur et à mesure que les faiblesses de l'Europe s'aggraveront je pense qu'ils s'en donneront à coeur joie".

    Comme on lui demandait si cela signifiait la fin de l'euro, Joseph Stiglitz a répondu: "C'est peut-être la fin de l'euro". Si l'Europe "ne règle pas ses problèmes institutionnels fondamentaux, l'avenir de l'euro sera peut-être très bref", a-t-il conclu.

    (Nouvelobs.com)

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  55. L'article de Gouz est une bonne mise au point. Il contient cependant une petite erreur de formulation, à mon avis: le commerce international N'est PAS "un jeu à somme nulle": il est (en principe et "toutes choses égales par ailleurs") gagnant-gagnant. Alors que le protectionnisme, lui, est vite (en principe et ceteris paribus toujours) perdant-perdant. (A nuancer et tempérer en faisant intervenir le principe de proximité).
    Prochains épisodes: la grève générale grecque de mercredi, les élections au Royaume-Uni, les élections en Rhénanie-Westphalie, la crise financière à Madrid...

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  56. Un article d’Eric Le Boucher dans Slate (résumé)
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    http://www.slate.fr/story/20771/crise-marches-gouvernements-etats-dette-grece-euro-dollar
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    En 1975, au plus bas, la dette ne représentait plus que 40% du PIB en moyenne dans les pays industriels: elle a depuis plus que doublé. Les gouvernements de la zone euro vont devoir emprunter 300 milliards d'euros rien que cette année. Ils redoutent de voir les agences de notations dégrader leur signature.

    Tous les Etats du monde se présentent en rang sur les marchés pour obtenir de quoi faire leur fin de mois. Dans ce contexte, les investisseurs sont rois. L'épargne mondiale ne manque pas, en Asie, dans les pays producteurs de matières premières et dans les fonds de pensions occidentaux. Mais les investisseurs ont le choix et ils vont privilégier les placements sans risque. L'éventail des taux d'intérêt, incroyablement resserré ces dernières années, va s'élargir. On l'a vu en Europe, on le verra partout. Les pays les plus suspects vont payer cher leurs emprunts. Les gouvernements vont devoir plier le genou et présenter des «plans crédibles» de retour de leurs dettes à des niveaux «soutenables».

    Qu'est-ce qu'un niveau «soutenable»? Les économistes Ken Rogoff et Carmen Reinhart répondent que la limite est... 90%. Quand la dette monte au-dessus de ce ratio, les gouvernements perdent le volant (et/ou les pédales) et la croissance part dans le décor.

    Quel rapide retournement! La crise est venue, il y a deux ans, des «excès» des marchés, de leur incapacité à se surveiller eux-mêmes et de l'aveuglement complice des agences de notations. L'Etat, disait-on, doit cesser de reculer comme il le fait depuis trente ans pour cause de libéralisme et il doit revenir «réguler» ces marchés afin que la crise financière ne se répète pas. Aujourd'hui, voilà le paradoxe: les politiques auraient dû reprendre le pouvoir, ils sont en train de le perdre. Le «Grand affrontement» tourne à l'avantage de la finance.

    Les gouvernements tiennent chacun à défendre «leurs» banques, «leurs» places financières. Ce faisant, ils se mettent en position d'impuissance face aux marchés financiers qui empochent la mise. Ces agences de notation qui n'ont rien dit et ces marchés qui ont fauté ont repris la main. Ce sont eux qui mettent les gouvernements endettés «sous haute surveillance». La facture sociale est chère: au chômage qui touche en moyenne 10% de la population en Europe et en Amérique, vont s'ajouter des impôts et immanquablement des remises en cause du pouvoir d'achat. De combien? Chez les Allemands, qui ont accepté une stagnation de leurs salaires et une baisse des remboursements sociaux, la non réévaluation est d'au moins 10% des revenus. Les Grecs, eux, vont voir leurs revenus amputés de 20%, plus sûrement de 30%. Tous les autres pays vont devoir s'inscrire à l'intérieur de cette fourchette. Et cela pendant longtemps, puisque la durée moyenne des «ajustements» dans l'histoire serait de 12 ans.

    La colère sociale a de beaux jours devant elle. Entre le marteau et l'enclume, les marchés et leurs opinions, la crédibilité des gouvernements va être mise à rude épreuve.

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  57. Commentaire de commentaires:

    L'humour grinçant (et décapant) de Schneidermann est le bienvenu. Cela fait penser aux rodomontades de 1940: "La route du fer est coupée; nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts"; etc. Bien sûr qu'il faut se moquer de cela. Après quoi le choix reste entier: ou bien on cède à la spéculation et on casse leuro ("résignons-nous, il ne faut pas oublier que nous sommes vaincus"), ou bien on résiste.

    Stiglitz a raison: il est temps de passer aux Etats-Unis d'Europe.

    La "colère sociale" est-elle porteuse d'une alternative viable ? Si oui, tant mieux. Mais je suis sceptique.

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  58. On peut lire sur Agoravox: "Désintox: les Grecs et la retraite à 53 ans" (et parcourir le fil). C'est très instructif sur la désinformation.

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  59. Voui, c'est très instructif sur la désinformation. Hi kip hi kip han han

    Des articles de journaux et émissions de radio ont "appris" aux Français que les Grecs partaient à la retraite... à 53 ans ! Cette affirmation a suscité une vague de colère : pas étonnant qu’ils soient dans une situation de faillite, ces fainéants, puisqu’ils partent en retraite sept ans avant nous !

    L'auteur donne la source de cette information: une interview accordée au Financial Times par le ministre grec des affaires sociales.

    MAIS si l’on consulte les chiffres européens concernant l’âge légal du départ à la retraite, par exemple sur le site de l’Observatoire des Retraites, on peut constater qu’il est en Grèce de 60 ans pour les femmes, de 65 ans pour les hommes (soit cinq ans de plus qu’en France pour ces derniers). L’âge moyen de sortie du marché du travail, en 2005, était quant à lui de 61 ans pour les femmes et de 62,5 ans pour les hommes en Grèce. Si l’on s’amuse à comparer avec les chiffres qui concernent les Français (si prompts à donner des leçons aux Grecs), leur âge moyen de sortie du marché du travail est de 59,1 ans pour les femmes et 58,5 ans pour les hommes (source : Eurostat, 2005). Par conséquent, selon les chiffres de 2005, les femmes travaillent en moyenne deux ans de plus en Grèce qu’en France, quatre ans de plus pour les hommes.

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  60. Dans Le Monde daté du 6 mai, p:18, le chroniqueur de Reuters, Ian Campbell, tout en se félicitant de la non-appartenance du Royaume-Uni à la zone euro, note que le déficit public dudit RU est de 13,6% du PIB, (plus que le Portugal ou que l'Espagne...).

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  61. Un article lyrique de Jérôme Leroy dans Causeur, à propos de la Grèce et de la France. Extraits
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    http://www.causeur.fr/tragedie-grecque-et-farce-bruxelloise,6214
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    Qui pouvait penser un seul instant que le peuple grec allait se laisser faire ? Même le Premier ministre, Papandréou n’y croyait pas. Sa belle gueule désespérée, quand il a annoncé le plan de rigueur, joli nom de napalmage social exigé par l’Union Européenne sous contrôle allemand d’un côté et par le FMI sous contrôle des agences de notation de l’autre, rappelait celles de tous les chefs d’Etat qui acceptent avec un flingue sur la tempe une catastrophe pour éviter une catastrophe plus grande encore tout en sachant qu’ils font une saloperie dont personne ne leur sera reconnaissant ?

    Qui pouvait penser un seul instant qu’un peuple comme celui-là allait avaler les couleuvres idéologiques du néo-libéralisme et accepter de payer pour une situation créée il y a moins de deux ans par ces mêmes donneurs de leçons, ces mêmes experts ? Du sang et des larmes ? C’est ça ? Vraiment ? Pour apurer la folie des financiers à qui la BCE continue à prêter à 1% tandis que les banques vont prêter à la Grèce à des taux allant de 4 à 8% ?

    Ils vont penser quoi, les Grecs, des “pays frères” de l’Union Européenne ? Ils croyaient qu’ils étaient de la famille, que l’Europe était une famille. Quand vous avez un cousin dépensier mais cultivé, légèrement bohème, s’il vous demande un peu de pognon, vous lui demandez des intérêts, vous ?


    Et pourtant, la Grèce et la France, c’est une vieille histoire d’amour.

    Et là, dix ans plus tard, on pousse discrètement l’infamie un peu plus loin. On ne bombarde pas le peuple grec, non (ou pas encore), on lui prête avec intérêt. 4 milliards à 5%, sur trois ans. Ce n’est plus Hugo versifiant la guerre d’indépendance dans les Orientales ou Delacroix peignant les massacres de Scio, c’est juste Gobseck qui gifle Aphrodite.

    Il serait peut-être temps que la France qui a encore quelques défenses immunitaires contre la muflerie marchande, cesse de se comporter comme l’un des rayons de l’épicerie planétaire et comprenne que ce n’est pas un plan économique d’austérité qui est infligé à la Grèce : c’est un acte de guerre contre un peuple, un peuple qui n’a plus ce fameux droit à disposer de lui-même.

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  62. Lyrique ? Quelques petits passages, oui, que tu n'as justement pas transcrits. Mais les extraits que tu nous donne sont plutôt factuels et mettent bien en lumière l'ignominie de ce qui est infligé aux Grecs en notre nom et avec l'active Kollaboration d'un possible Kandidat de la Gôche aux prochaines présidentielles.
    Je suis fier d'être Français et Européen. Pauvre de nous. Quelle bassesse et quelle incompétence.

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  63. Cher Parleur, "lyrique" est un compliment sous mes doigts. J'ai aimé cet article, y compris dans ses belles envolées...

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  64. Un blogueur se met en colère contre le Oui au TCE dans Marianne.
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    http://www.marianne2.fr/pericolegasse/La-terrible-responsabilite-des-propagandistes-du-oui-au-referendum-europeen-de-2005_a25.html
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    Au vu du cataclysme bancaire de l’automne 2008 et du cauchemar qui se met en place, si le oui l’avait emporté en France et aux Pays-Bas, et si le TCE était entré en application, l’on peut tout simplement dire que l’Europe serait aujourd’hui dans le chaos absolu. Déjà, sans même disposer du TCE, le Traité de Lisbonne à peine mis en application, les actuelles institutions européennes n’ont pu éviter, ou ont favorisé, la plus grande gabegie économique de l’histoire. De Tony Blair à Nicolas Sarkozy, en passant par Angela Merkel, Sylvio Berlusconi, Jose-Luis Zapatero, mais aussi Jean-Claude Juncker, Jean-Claude Trichet et l’ineffable Manuel Barroso, les dirigeants européens ont rivalisé de sévérité, ces dernières semaines, pour fustiger les «dérives du capitalisme financier» et «l’idée folle» de la liberté totale du marché. Après tout ce qu’ils avaient expliqué, les voici qui fustigent aujourd’hui leurs arguments sacrés.

    Comment faire confiance une seconde de plus à ces tricheurs et à ces menteurs pour sauver l’idéal européen. Le clan Bush aurait soudoyé des politiciens véreux pour saborder l’Europe que la stratégie eût été exactement la même. Quelle hypocrisie, et quel cynisme ! En pleine crise, ces postures tentent de faire oublier l’activisme de l’Union européenne en faveur de la dérégulation, de la déréglementation et d’une politique économique et monétaire tout entière tournée vers le soutien aux marchés financiers, au détriment de l’emploi, d’une croissance harmonieuse et du développement humain.

    Entrée en vigueur en Europe en 1990, la libre circulation des capitaux est devenue le socle économique de l’Union. Cette législation, renforcée par l’impossibilité d’harmoniser fiscalement les fiscalités au sein de l’Union Européenne (Barroso y tient), laisse les mains totalement libres à tous les fonds spéculatifs et consacre officiellement la libéralisation absolue du grand système des marchés financiers.. Voilà ce que nous ont refilé les promoteurs du Traité de Lisbonne. Voilà où en est l’Europe. Voilà où nous en sommes. Il ne suffit plus de parer au plus urgent, il est urgent de traîner les coupables devant le tribunal de l’histoire. Pour sauver la France. Pour sauver l’Europe!
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    Ben oui...

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  65. Bof. Logomachie. On peut aussi penser que c'est en partie parce que l'UE est infirme qu'elle n'arrive pas à marcher et qu'un TCE en ordre de marche eût pu permettre à certains dirigeants de se conduire autrement. Peut-être. Ce n'est pas sûr, mais pas plus improbable que ce que "prédisent" a posteriori les imprécateurs au petit pied.

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  66. Pas d'accord.
    Mais en l'occurrence, c'est Maastricht qui est en cause, pas Lisbonne !

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  67. NB. Pas d'accord avec le blogueur de Marianne. D'accord avec Parleur.

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  68. Hi hi, chouette, j'étais sûre que ce blogueur susciterait des réactions.

    Mais il n'y aurait quand même pas un p'tit peu de vrai, dans le discours de cet imprécateur aux petits pieds (pourquoi, Parleur, les petits pieds seraient-ils suspects?)

    Je me souviens avoir été fort gênée, lors du vote, sur le manque de dimension sociale du projet européen. Pas vous? Non? Vraiment?

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  69. 1) Au petit pied, sans s, a à voir avec l'escrime et non avec la morphologie du zigoto, de même que petit bras désigne une faiblesse dans le geste tennistique et non l'opposition au gibbon.
    2) Le TCE était pas mal indigent quant à l'aspect social. La question n'est pas là, mon enfant. Le problème est qu'une institution indigente et désarmée comme l'est grandement l'UE sans l'imparfait et à certains égards révoltant TCE se retrouve être un géant potentiel sur le plan économique et un nain boiteux sur le plan politique, ce qui a évidemment des conséquences graves y compris en matière économique. Mieux valent des institutions injustes (on peut se battre pour les amender) que pas d'institutions (Somalie) ou des institutions faiblardes et incohérentes…

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  70. France et Grèce. Le feuilleton amical est de plus en plus putride....
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    Le leader d’Europe Ecologie, Daniel Cohn-Bendit, a accusé vendredi Nicolas Sarkozy et François Fillon d’avoir fait pression sur Georges Papandréou, assurant qu’ils avaient conditionné l’aide française à la Grèce au respect par Athènes de contrats d’armement souscrits avec Paris.

    «J’ai rencontré M. Papandréou la semaine dernière. J’étais à Athènes. Je le connais depuis longtemps», a expliqué l’eurodéputé lors d’une conférence de presse à Paris sur l’avenir du mouvement écologique, en relatant ce qu’il a présenté comme sa conversation avec le chef du gouvernement grec.

    «C’est quand même incroyable la manière dont les Merkel et Sarkozy de ce monde traitent un Premier ministre grec», s’est-il exclamé.

    «Dernièrement, M. Papandréou, qui était au sommet de l’Otan, est passé par Paris. A Paris, il y a un certain M. Fillon et un certain M. Sarkozy», a poursuivi M. Cohn-Bendit.

    «Ils les a rencontrés. M. Fillon et M. Sarkozy ont dit à M. Papandréou: "Nous allons lever des sommes pour vous aider, mais vous devez continuer à payer les contrats d’armement qu’on a avec vous, signés par le gouvernement Caramanlis"», a assuré le leader Verts au Parlement européen.

    «Depuis ces trois mois, il y a eu plusieurs milliards de contrats d’armement qu’on a obligé la Grèce à confirmer, a-t-il poursuivi. Des frégates françaises - 2,5 milliards - que doivent acheter les Grecs; il y a des hélicoptères, il y a des avions, il y a des sous-marins allemands».

    Lors d’un débat mercredi au Parlement européen sur l’aide à la Grèce, M. Cohn-Bendit avait lancé: «Vous êtes complètement fous», à l’adresse de la Commission européenne et des représentants des Etats de l’UE.

    «Ce que doit faire le gouvernement Papandréou est pratiquement impossible», avait-il affirmé, à propos des sacrifices salariaux et sociaux demandés, fustigeant en outre les dépenses militaires en Grèce, qui plombent les déficits, et «l’hypocrisie» de certains partenaires qui en profitent pour garnir leurs carnets de commande.

    «On leur donne de l’argent pour acheter nos armes. On est complètement hypocrites», s’était-il insurgé, en citant les contrats de la France et de l’Allemagne.

    «Je demande à la Commission un rapport sur les ventes d’armes à la Grèce et à la Turquie ces dernières années, afin qu’il y ait transparence», avait--il conclu.

    (Source AFP)

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  71. Elisabeth Lévy dans Causeur (extraits) s'adresse à Sarkozy:
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    Faire de la politique, Cela signifie reprendre la main, et pour commencer, faire taire tous ceux qui vous susurrent qu’on ne peut rien faire. Vous avez choisi, avec la loi sur le voile intégral, de ne pas suivre les conseils du Conseil d’Etat et de braver la réprobation médiatique, fort bien. Mais faire de la politique aujourd’hui, c’est peut-être prendre le risque d’irriter les Allemands, d’affoler les marchés et de réveiller Jean-Claude Trichet – encore qu’il serait peut-être préférable de le laisser dormir.

    Faire de la politique, c’est avoir le courage de mettre les pieds dans le plat bruxellois et de dire que cette usine à gaz ne marche pas. Faire de la politique, c’est exiger qu’on cesse de torturer les peuples avec l’euro, comme le dit Emmanuel Todd.

    Faire de la politique, ce n’est certainement pas se raconter, comme vous le faites avec madame Merkel, qu’on va créer un super-Etat auquel on délèguera le budget après avoir renoncé à l’arme monétaire. Faire de la politique, ce n’est pas nous offrir comme unique horizon de rentrer dans l’épure pré-dessinée des 3% de déficit – surtout quand vous savez que cet objectif, qui n’a pas grand sens dans la période que nous vivons, est, par surcroît, parfaitement irréaliste. Faire de la politique, c’est affronter le réel et le réel nous dit que tous les bons sentiments et pieuses proclamations européennes ne suffisent pas à faire disparaître les rapports de force et les divergences d’intérêts entre les vieux pays que nous sommes.

    Sous prétexte de nous protéger de la guerre, ce qui est fort louable, l’Europe interdit en vérité l’expression de tout conflit, prétendant nous faire marcher du même pas d’Oslo à Athènes. Or, la politique, c’est le conflit mais aussi et par là-même la possibilité de sa résolution pacifique. Personne ne vous demande de faire sauter la baraque à coups de cocktails Molotov. Entre nations civilisées, on doit pouvoir négocier, faire des compromis et même, aller ensemble à l’épreuve de force. Ces fameux et étranges marchés qui semblent être devenus nos vrais dirigeants savent désormais que l’Europe est un ventre mou qui, justement, ne fait pas de politique. Aux Etats, donc à vous, de leur montrer qui sont les patrons. Faites leur la guerre avec leurs armes, ruinez quelques traders et banquiers indélicats, obligez la Banque centrale européenne à jeter son poids financier dans la bataille – c’est sur notre travail à tous qu’est gagé l’euro qu’elle défend avec des mines de veuve jalouse. S’il le faut, empruntez-leur l’argent qui les mettra à genoux. Ou alors, monsieur le Président, confiez-leur les clés et prenez du bon temps. Avec Madame Merkel si ça vous chante.

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  72. Un petit morceau du puzzle: un article de Philippe Douroux dans Slate sur l’univers incroyable des traders (résumé)
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    http://www.slate.fr/story/21033/jerome-kerviel-societe-generale
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    Dans son livre plaidoyer, Jérôme Kerviel raconte ces journées interminables faites d’opérations purement spéculatives, répétées jusqu'à la nausée et qui prendront au fil du temps des dimensions gigantesques. Et le mot paraît faible. Ce jour-là, je n'attendais qu'une chose: qu'on vienne me voir, le cas échéant pour m'engueuler, (…) qu'on mette un terme à la course folle dans laquelle j'étais en train de me précipiter. Je sentais obscurément que je dépassais les limites du raisonnable, mais je ne voyais pas comment stopper la machine.

    C’est en mai 2007, les supérieurs hiérarchiques de J. Kerviel viennent de recevoir un mail qui les informe que 2A, le nom de code du trader, a réalisé des «opérations fictives» mises en évidence par des écarts dans la comptabilité du jour. Comme le mois précédent, on applique «un traitement passerelle» (impossible de définir cette technique, même pour Kerviel lui-même). Et tout roule. Le trader se sent libre de continuer ses extravagantes opérations qui déboucheront sur un trou de 4,9 milliards d'euros affiché par la Société Générale, le 24 janvier 2008, au terme d'une histoire folle.

    Deux éléments se détachent. D'abord, l'énormité des sommes mises sur le tapis. Par deux fois en 2007, Kerviel met en jeu 30 milliards d'euros, soit deux fois les fonds propres de la Société Générale. En janvier 2008, la somme atteint 50 milliards. Et ça marche. C'est le deuxième élément : la facilité avec laquelle Jérôme Kerviel gagne énormément d'argent en s'arrangeant avec les règles du métier. Lui est certain que les marchés européens vont chuter quand les autres traders jurent le contraire. Le 7 juillet, les attentats dans le métro de Londres font 56 morts et lui donnent raison. Après trois jours d'inquiétude, il déboucle l'affaire et empoche 500.000€. Le trader senior qui chaperonne à l'époque le débutant le sermonne et lui annonce que désormais il peut engager «2 ou 3 millions d'euros». «Étrange façon de limiter le champ d'action de quelqu'un que d'accroître sa marge de manœuvre!», note J. Kerviel.

    Kerviel affiche 5 millions de gains en 2005, 10 millions en 2006 et 55 millions en 2007. Et il s'agit de la comptabilité officielle. Parce que, si généralement les traders s'échinent à dissimuler leurs pertes sous le tapis, lui cache ses gains. Et à la fin de l'année 2007, il y a 1,5 milliard de bénéfices sous le tapis.Longtemps, ce sont des pertes qu'il devait lui aussi camoufler derrière des opérations fictives. Mais une perte ne devient patente qu'au moment du débouclage, avant elle est «virtuelle». Et en juin 2007, 2A est en perte de plus de 2 milliards d'euros. Cette affaire de perte patente ou latente explique largement le montant de l'ardoise du 24 janvier 2008, selon Kerviel. En quelques jours, à partir du lundi 21 janvier, la banque décide de démonter la montagne d'engagements de «JK», à n'importe quel prix: 4,9 milliards d'euros.

    Et personne n'aurait rien vu? Le document daté du vendredi 18 janvier 2008 montre que l'information était facile à mettre en évidence. Pour Kerviel, tous les premiers échelons de la hiérarchie savaient, mais cachaient parce que ça rapporte et que tout le monde avait intérêt à fermer les yeux. Il demande aux traders de sortir de leur mutisme.

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  73. On entend beaucoup vilipender les « Marchés », présentés comme des sortes de loups garous très méchants, cruels et sanguinaires. Or les « Marchés » ne sont autres que des lieux de rencontre de l’offre et de la demande - de matières premières, de capitaux… Ceux qui sont à l’œuvre sur les marchés, les intervenants (offreurs, demandeurs), ont des motifs, légitimes ou illégitimes; c’est à eux qu’on peut demander des comptes. Deux problèmes: que font sur le marché les intervenants, légitimes ou malencontreux; et en faveur des premiers contre ces derniers, quelle police peut être faite.

    Les intervenants légitimes sont les offreurs et demandeurs qui viennent « là » (sur ce « lieu » qu’est le marché) les uns proposer des marchandises qu’ils détiennent et dont-ils veulent obtenir en contrepartie la valeur monétaire, ou bien se procurer des marchandises dont-ils ont besoin en contrepartie de sa valeur monétaire. Les intervenants « malencontreux sont les spéculateurs, venus jouer à la hausse ou à la baisse (un peu de spéculation n’est pas nuisible, cela teste et valide la rencontre de l’offre et de la demande légitimes; beaucoup c’est autre chose: la concurrence est alors faussée).

    Que peut-on faire ?
    Une première chose: taxer les transactions. Le produit de la taxe peut être utilisé la satisfaction de besoins non solvables; et surtout la taxe, si elle est suffisamment forte, est dissuasive contre la spéculation.
    Mais surtout on peut se demander à quel titre les spéculateurs détiennent les capitaux qu’ils engagent. Il est légitime de détenir du capital pour produire et pour consommer, voire pour servir à la redistribution. Mais pour spéculer à outrance, ce n’est pas établi. C’est le problème de la propriété, doit porter sur les choses, non sur les rapports entre les gens.

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  74. Oui, cher Melchior, on entend vilipender tant de monde que l'on ne trouve au bout du compte, dans notre bol à penser, qu'une infâme bouillie dont Griffollet ne voudrait pour rien au monde humer le répugnant fumet.

    Les "marchés, les "spéculateurs sans foi ni loi", "l'Europe libérale", le "capitalisme" financier", "la vilaine Allemagne qui joue la fourmi", "les pays du Sud tricheurs qui jouent les cigales", les ennemis de l'Europe, sont tour à tour accusés d'être les responsables de la crise.

    Comme d'habitude, rien n'est tout à fait faux ni tout à fait vrai dans ces allégations. C'est l'ensemble de ces facteurs dont il faut analyser la synergie, pour comprendre comment, à un moment x, la situation se tend à l'extrême, produisant des effets délétères dont les plus fragiles auront à pâtir.

    Il faudrait effectivement enrayer la course effrénée à la spéculation dont vous dites, fort justement, qu'elle ne peut viser... à la spéculation. Ce système qui s'auto-définit et s'auto-engendre est une aberration et une calamité.

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  75. La "Révolution" post-critique de la zone euro. Lu dans Le Monde.
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    Sous l'effet de la crise, la zone euro entame une révolution

    BRUXELLES (Reuters) - Alors que la crise grecque est devenue une menace systémique pour l'économie mondiale, la zone euro a décidé de se doter d'un mécanisme de gestion de crise reposant sur une garantie financière de l'ensemble de ses membres.

    Ce dispositif, encore inimaginable il y a trois mois, permettra à la Commission européenne de s'endetter sur les marchés financiers, avec la garantie des États membres de l'UE et de la Banque centrale européenne, afin de prêter à un pays rencontrant des difficultés à se refinancer.

    La mesure, à laquelle la déclaration finale du sommet européen de la zone euro fait référence sans l'expliciter, avait été exclue à la création de l'euro en 1999 pour éviter qu'un pays ne soit tenté de laisser filer ses déficits publics en escomptant un soutien communautaire.

    En Allemagne, le pivot de la zone euro, la création d'une telle facilité a toujours été un tabou dans la mesure où Berlin considérait avoir déjà fait un compromis historique en permettant aux pays du "Club Med" (Grèce, Italie, Espagne, Portugal) d'adopter la monnaie unique.

    Mais la gravité de la crise grecque et les risques de propagation à d'autres économies fragilisées ont conduit à une révision des concepts.

    Ce mécanisme de gestion de crise doit faire l'objet d'une discussion entre les ministres des Finances de l'ensemble de l'UE dimanche, qui en finaliseront les aspects techniques et le formaliseront.

    Sur un plan juridique, le mécanisme repose sur l'article 122-2 du traité européen qui stipule que "lorsqu'un État membre connaît des difficultés ou une menace sérieuse de graves difficultés, en raison de catastrophes naturelles ou d'événements exceptionnels échappant à son contrôle, le Conseil, sur proposition de la Commission, peut accorder, sous certaines conditions, une assistance financière de l'Union à l'État membre concerné".

    Sur un plan pratique il consiste sans le nommer en une généralisation aux membres de la zone euro de la facilité à la balance des paiements existant déjà pour les pays de l'UE qui n'ont pas encore adopté la monnaie unique.

    La BCE offrirait une garantie implicite à ce mécanisme en s'engageant de manière claire à agir pour "assurer la stabilité de la zone euro".

    En échange de cette avancée majeure, Angela Merkel a obtenu de ses partenaires de la zone euro que le pacte de stabilité et de croissance, qui marque une limite de 3% du PIB pour les déficits publics et de 60% du PIB pour la dette, soit renforcé.

    Selon plusieurs sources diplomatiques européennes, un premier pas consisterait à mettre en œuvre de manière plus ferme des dispositions déjà contenues dans la "table de la loi" de la zone euro, comme la suspension des droits de vote à l'Eurogroupe pour les pays qui s'affranchiraient des règles.


    A 24 heures d'élections décisives en Rhénanie du Nord-Westphalie, les résultats du sommet de Bruxelles sonnent comme une défaite pour la chancelière allemande, qui avait largement marqué le tempo européen depuis l'aggravation de la situation en Grèce en début d'année.

    A l'inverse, Nicolas Sarkozy, qui insistait depuis plusieurs semaines sur un dispositif fort de solidarité européenne, sortirait renforcé des huit heures d'intenses délibérations à Bruxelles, qui se sont achevée tard dans la nuit de vendredi à samedi.

    De son côté, le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, a déclaré samedi que le sommet de l'Eurogroupe avait été surtout l'occasion "d'accorder les violons de la France et de l'Allemagne".
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  76. Je vois un peu plus haut Melchior qui fait semblant de ne pas comprendre l'usage métonymique de l'expression "les Marchés". Ce qui est vilain, ce n'est pas qu'il y ait un "lieu" d'échanges mais bien que les dés soient pipés par des règles qui interdisent à peu près toute règle, pour le plus grand profit des requins et au détriment de l'économie "légitime", au nom d'une idéologie dite "libérale" qui se présente abusivement comme le réalisme économique alors qu'elle n'est que la sacralisation de la liberté des renards dans les poulaillers libres…

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  77. Des renards dans les poulaillers? Hé hé, je crois que certains ont trouvé la solution ;-)

    L'Institut Bruxellois de Gestion de l'Environnement (IBGE) a réalisé un prototype de poulailler anti-renards dans une commune à forte densité de renards en Région bruxelloise. En deux ans, aucune tentative de pénétration n'eut lieu.

    * Les dimensions de la clôture n'ont aucune importance, le nombre de poulets que l'on y détient variant selon la largeur et la profondeur.
    * Sa hauteur doit atteindre au minimum 130 cm.
    * Installez la clôture du côté extérieur par rapport aux piquets de soutien afin que d'autres prédateurs naturels (hermine, belette, par exemple) ne puissent pénétrer à l'intérieur du poulailler en grimpant sur ces piquets. Pliez la partie supérieure du grillage vers l'extérieur en formant un angle d'environ 30°.
    * La maille du grillage ne doit pas dépasser 3 à 4 cm afin d'empêcher les petits prédateurs d'y pénétrer.
    * Placez autour du poulailler – juste contre la clôture - une rangée de dalles de 40 cm de largeur afin que le renard ne puisse creuser un tunnel d'accès. Les renards sont futés, mais ils n'ont pas le réflexe de commencer à creuser un peu avant ces dalles.
    * Placez le dortoir et la mangeoire de votre volaille à quelque 30 cm de hauteur afin de diminuer les possibilités d'accès aux rats et souris, ceux-ci pouvant attirer les prédateurs.
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    Bon, alors, comment on procède?

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  78. Comment on procède ? Demande à Fredo, le roi du SLAM.

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  79. Joseph Stiglitz avance quelques hypothèses pour sauver l’euro (je résume):
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    www.project-syndicate.org
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    Pour sauver l’euro, Stiglitz rejette une politique de réduction drastique des dépenses du secteur public.

    Le problème est que lors de la création de l’euro, l’Europe ne s’est donné aucun moyen pour aider les pays confrontés à des problèmes graves. Après la Grèce, l’Espagne, qui présente un taux de chômage de 20% devrait réduire ses dépenses, ce qui contribuerait à aggraver le chômage, et à ralentir l’économie.

    L’euro ne peut réussir sans coopération (y compris un soutien budgétaire). Mais l’Allemagne (et sa Cour Constitutionnelle) s’est refusée à accorder à la Grèce l’aide dont elle avait besoin. Un grand nombre de personnes, à la fois en Grèce et ailleurs, ont trouvé cette attitude surprenante: des milliards ont été dépensés pour sauver les grandes banques, mais, à l’évidence, il semble que sauver un pays de 11 millions d’habitants était tabou!

    L’Europe a mis au point un plan de soutien avec le FMI pour la Grèce. Pour les plus petits pays de l’Union Européenne, la leçon est claire: s’ils ne réduisent pas leurs déficits, le risque d’une attaque spéculative est élevé, et l’espoir d’obtenir une aide adaptée de leurs voisins s’amoindrit. L’application de ces mesures entraînerait une dégradation des économies – et la reprise mondiale devrait en pâtir.

    Les problèmes de l’euro devraient peut-être s’envisager depuis une perspective globale. L’Amérique a dénoncé les excédents de compte courant (commercial) de la Chine; mais exprimés en pourcentage du PIB, les excédents allemands sont supérieurs. Si l’euro a été conçu de sorte que le commerce dans l’ensemble de la zone euro soit globalement équilibré, alors les excédents de l’Allemagne signifient que le reste de l’Europe est en déficit. Et le fait que ses pays importent plus qu’ils n’exportent contribue à affaiblir leur économie.

    Le système de l’euro ne permet pas une augmentation du taux de change allemand par rapport aux autres membres de la zone euro. Si c’était le cas, l’Allemagne aurait des difficultés à exporter. Les autres pays européens connaîtraient dans le même temps une relance de leurs exportations, entraînant une hausse du PIB et une diminution du chômage.

    En somme, les pays excédentaires exercent une «externalité négative» sur leurs partenaires commerciaux. Keynes, qui jugeait que les pays excédentaires représentaient une menace pour la prospérité mondiale, recommandait l’introduction d’une taxe sur les pays excédentaires.

    Les conséquences sociales et économiques des dispositions actuelles sont inacceptables. Elles jettent les pays dans une spirale mortelle. Une des solutions proposées est une dévaluation – une diminution uniforme des salaires, ce qui est inacceptable. La seconde solution : la sortie de l’Allemagne de la zone euro ou la division de la zone euro en deux sous régions, peu envisageable. La troisième solution, la plus prometteuse: engager les réformes institutionnelles fondamentales, y compris un cadre fiscal nécessaire, qui auraient dû être pensées et mises en place lors du lancement de l’euro.

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  80. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  81. Le SLAM vu par Monsieur Fredo c'est là :
    SLAM

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  82. Zapatero semble marcher à côté de ses espadrilles et faire curieusement sauter la tortilla...
    Lu dans Le Monde.
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    Au lendemain de l'annonce de mesures d'austérité par Zapatero, la presse espagnole ne trouvait pas d'expression assez forte pour qualifier le changement de cap du gouvernement socialiste. "Après six ans de mandat en tant que chef du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero a franchi le Rubicon et dépassé la ligne rouge qu'il avait lui même promis de ne jamais franchir: la coupe claire dans les dépenses sociales", écrit le principal quotidien espagnol El Pais, qui souligne le changement de ton du premier ministre, devenu mercredi "plus grave qu'à l'habituel". "Jusqu'ici la vie politique de Zapatero s'identifiait au sourire, à l'optimisme, à l'annonce de nouvelles aides, de nouveaux droits, et cette trajectoire s'est brisée hier. (...) C'est comme si [mercredi], une législature différente avait commencé, comme si un autre Zapatero était apparu."

    Evoquant "l'enterrement" des politiques sociales de Zapatero, le journal de droite El Mundo prend un malin plaisir à rappeler des déclarations récentes du premier ministre qui, en septembre, affirmait encore devant une assemblée de mineurs, qu'il allait "continuer à augmenter et améliorer les politiques sociales grâce à un taux d'emprunt bas car c'est le chemin par lequel nous allons renouer avec la reprise". Moins d'un an après la "tortilla s'est retournée", et "ses succès d'hier sont devenus ses fardeaux". Le journal fait la liste des mesures sociales appelées à disparaître comme, par exemple, le chèque-bébé (pour stimuler la natalité, 500 000 familles ont bénéficié d'un chèque de 2 500 euros pour chaque naissance ou adoption) ou la revalorisation du salaire minimum, qui devait, sous sa législature, passer progressivement de 600 à 800 euros.

    Le quotidien conservateur ABC donne, lui, dans la métaphore : "La fête est finie, quelqu'un a rallumé les lumières, et Zapatero prend peur parce que la maison est en ruine", et raconte qu'un silence a suivi mercredi l'intervention de M. Zapatero devant les députés, "un silence d'un instant qui a semblé une éternité, le temps que les députés reçoivent le coup de poing inattendu d'un président qui depuis deux ans promettait de ne jamais faire de coupes dans les dépenses sociales (...). Le visage des députés qui entendaient qu'on allait réduire immédiatement le salaire des fonctionnaires de 5 % et qu'il serait gelé dès 2011 était un poème. Incrédulité ou stupéfaction."

    Une façon de souligner l'ampleur inédite des mesures annoncées (15 milliards d'euros d'économies), ce que l'éditorialiste d'El Pais qualifie d'"ajustement le plus dur de l'histoire récente" ou La Razon de "plus grande coupe dans les dépenses sociale de l'histoire"

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  83. Un article dans Causeur sur la crise,le super plan mais mauvais coup. L’auteur semble plaider pour un abandon provisoire de l’euro et une nationalisation des banques majeures :
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    CRISE
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    Selon l’auteur, le “super plan” pour stabiliser les finances de l’Europe pourrait bien ne rien changer si la tempête financière devait se lever sur le Vieux contient. Or elle éclatera. Les “maillons faibles” de l’Union (Grèce, Portugal, Espagne, etc.) ont une croissance nulle, réduisent leurs dépenses budgétaires tandis que le coût du traitement du chômage augmente considérablement, et ils incitent à la rigueur salariale, étouffant ainsi la reprise. Un PIB rétréci et une dette au mieux inchangée : leur ratio richesse/dette chutera donc mécaniquement. Et leur statut de débiteurs fragiles sera plus accentué, ce qui augmentera les taux auxquels ils pourront emprunter sur les marchés.

    Dans un an, sinon dès cet été, ces pays seront de nouveau pris à la gorge. L’abandon provisoire de l’euro par la Grèce, puis le Portugal et l’Espagne, aurait pourtant été une solution à examiner. Il aurait permis, d’une part, à ces pays à “faible spécialisation” de se refaire en dévaluant massivement, et, d’autre part, aux grandes économies encore à peu près stables de ne pas engouffrer leurs dernières marges financières dans un sauvetage hypothétique. Car si le “super plan” ne fonctionnait pas, Paris et Berlin se retrouveraient dans une situation fort délicate. Leur dette et leur croissance étant ce qu’elles sont, comment les deux “moteurs” de l’Union feraient-ils face à une nouvelle dégradation: par davantage de rigueur ou d’emprunts ?

    La vérité de ce “super plan” réside avant tout dans le qualificatif ingénument suggéré aux médias pour le décrire : spectaculaire. Et c’est bien cela qu’on nous a offert : du spectaculaire, destiné à frapper les esprits “avant l’ouverture des marchés”. Il n’y avait pourtant d’autres mesures à prendre – et de quelle ampleur!

    Dimanche soir, par exemple, les Européens auraient pu décider de nationaliser les banques majeures, afin de les protéger de la dette grecque mais aussi pour les remettre à leur place, les rendre à leur rôle: financer la croissance commune. Et séparer une bonne fois pour toutes les activités de dépôts et celles dites de spéculation!

    Dimanche soir, les Européens auraient pu, tout aussi bien, faire montre de courage en laissant la Grèce, et d’autres, sortir de l’euro, sortir la tête de l’eau. De courage ou bien, faisons un rêve, d’audace: n’était-ce pas l’opportunité historique d’appeler aux urnes tous les peuples de l’Union et de leur soumettre enfin un projet de gouvernement économique et de fiscalité communs ? Mais non. Il a été préféré un “super plan”, encore très flou, probablement impossible à financer, et certainement incapable de dissuader des forces déchaînées tant par la paralysie des nations que par l’inexistence de l’Europe
    .

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  84. Un article dans Agoravox, faisant notamment référence à des propos de l’économiste Jacques Généreux :

    CRISE

    Jacques Généreux fait un rapprochement cinglant entre la situation de la France, avant la dernière guerre mondiale et la situation actuelle d’une Europe prise dans la tourmente. Pour lui, il s’agit aujourd’hui d’une même logique.

    «Ils avaient le choix entre déclarer la guerre à la spéculation financière et la terrasser une bonne fois pour toute, ou la soumission à la logique des marchés financiers. Ils ont choisi la soumission, et ils auront la guerre».

    Rien n’a été résolu. Les états proposent un nouvel endettement, ce qui ne fera qu’aggraver la situation, et qui prépare les prochaines attaques spéculatives. Aucune mesure n’a été prise contre la spéculation, contre la libre circulation des capitaux. L’instrumentalisation de la pression des marchés financiers va aboutir à une politique de rigueur contreproductive.

    Jacques Généreux insiste: «la trêve que l’on a achetée pour quelques mois, n’a rien réglé, tous les problèmes de l’incohérence de l’union et de l’euro sont là, les problèmes de la dette publique sont là, que l’on va résoudre par plus de dette publique, donc par de prochaines banqueroutes, et puisqu’on ne fait rien contre les spéculateurs et qu’on est disposé à se soumettre à ce qu’ils exigent, ce qui va entraîner un K.O social, et à un climat de guerre civile rampante, parce que les peuples ne vont pas accepter». Il finit par conclure «je crois que nous sommes gouvernés par des fous». Selon lui, l’erreur a été de temporiser, de s’en tenir à des effets d’annonce, de tempêter contre les spéculateurs, sans agir pour autant.

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  85. Non, nous ne sommes pas gouvernés par des fous. Le parallèle avec la pré-guerre de 39-45 me hante depuis la crise dite improprement "crise grecque". Chamberlain n'était pas fou. Les dieux aveuglent ceux qu'ils veulent perdre…
    Aurons nous à temps un Churchill et un De Gaulle ?

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  86. à Parleur

    Dans le même ordre d'idées, me revient à l'esprit la tentative de juin 40 de créer une union politique franco-britannique... Vive les Etats-Unis d'Europe !

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  87. Vive les Etats-Unis d'Europe, ô combien. Sauf que la Grande-Bretagne n'en veut à aucun prix et sabote toute vision un peu ambitieuse de l'Union depuis que Pompidou a fait le forcing pour qu'elle y entre.
    Et pas de Tonton Adolf en vue. Non qu'il me manque vraiment…

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  88. Les arrière-neveux de tonton Adolf ne sont pas très loin. Cf l'Autriche, la Hongrie où le Jobbik vient d'entrer en force au Parlement. Je ne veux pas faire de procès d'intention aux souverainistes et nationalistes, mais si jamais le balancier repartait dans le sens qu'ils souhaitent, la Bourrique céleste sait seule jusqu'où cela irait.

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  89. Quelles que soient leurs intentions, qui sont dans certains cas fort respectables, ils prennent le risque (et nous le font courir) de lâcher des démons qu'ils seront bien incapables de contrôler.
    Je n'oublierai jamais Sarajevo.

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  90. Euro, pas euro? J'avoue que, malgré mon gavage intense en papiers traitant d'économie … Je ne sais toujours pas... Mais, parce qu'il faut demeurer joyeux, il y a des décisions qui me réjouissent :

    Paul Jorion le 18 mai.


    On vient d’apprendre (19h50) que si le New York Stock Exchange est en baisse (-0,76 %), c’est parce que l’Allemagne a décidé d’interdire à partir de minuit, les ventes à découvert (c’est-à-dire pariant à la baisse) en position « nue » (c’est-à-dire de la part d’un intervenant qui n’est pas exposé à une perte occasionnée par cette baisse).
    La mesure équivaut à interdire les prises de position financières qui sont de simples paris sur des fluctuations de prix, sans justification économique (et qui font donc partie de ce que Lord Adair Turner, patron du FSA, le régulateur des marchés financiers britanniques, qualifie d’opérations « qui ne sont pas nécessairement socialement utiles »).
    Madame Merkel devrait justifier la mesure dans une allocution qu’elle prononcera dans la matinée de demain mercredi devant les parlementaires allemands. Les lecteurs du Blog de Paul Jorion savent qu’une telle mesure s’imposant depuis longtemps, en raison du risque systémique engendré par les prises de position à découvert « nues » – et de manière générale du fait de leur nature « prédatrice » -, n’a pas réellement besoin de justification.
    Les achats de CDS (Credit–Default Swaps) [voir Glossaire] en position « nue » ont en particulier contribué à déstabiliser la Grèce (et la zone euro en général) depuis le mois de février.


    Les bourses ont fait la tête toute la journée. C'est normal. Spéculer sans risque c'est tout de même un sacré rêve.

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  91. L'interdiction de spéculer à la baisse devrait être
    prise par l'ensemble des pays de la zone euro. Il aurait même fallu commencer par là: une décision coordonnée.

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  92. Cher Melchior,

    Ce "devrait être", est-ce un souhait personnel, ou savez-vous déjà qu'il sera adopté par les autres pays d'Europe?

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  93. L'union des pays européens semble être bien difficile, si l'on en croit ces informations de l'AFP.
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    Depuis mardi minuit, l’autorité allemande des marchés financiers (Bafin) a interdit jusqu’au 31 mars 2011 des opérations de marché complexes sur certains produits financiers accusés d’encourager la spéculation contre les pays les plus endettés de la zone euro.

    Le Bafin a justifié la mesure par «l’extraordinaire volatilité des titres de dette d’Etats de la zone euro». Dans ce contexte ces opérations hautement spéculatives pourraient «mettre en péril la stabilité de l’ensemble du secteur financier».

    Le risque était «concret et immédiat», a expliqué le président du Bafin.

    Les marchés ont sursauté après ce mouvement inattendu. Wall Street a fini en net recul mardi, les Bourses européennes évoluaient en baisse mercredi et l’euro a atteint un nouveau plus bas depuis 4 ans, sous 1,22 dollar.

    «Les marchés ont conclu que c’était un geste désespéré et que la crise de la dette en Europe pourrait encore empirer», selon une note d’analystes de Commerzbank.

    La mesure a une portée plutôt symbolique tant qu’elle reste isolée. L’autorité britannique des marchés financiers (FSA) s’est empressée de préciser que l’interdiction du Bafin ne concernait pas les activités des succursales hors d’Allemagne. Or Londres est la plaque-tournante des marchés financiers en Europe (je souligne).

    Une coordination européenne est nécessaire pour plus d’efficacité, a estimé Michel Barnier, qui a jugé «utile» d’en parler à la réunion des ministres des Finances européens, prévue vendredi à Bruxelles.

    Christine Lagarde a émis des réserves sur la mesure allemande et regretté que les «Etats concernés» n’aient pas été consultés.

    L’Allemagne s’est aussitôt défendue de faire cavalier seul, rappelant que d’autres Etats dont la France avaient déjà interdit les ventes à découvert. «En anticipant sur une régulation au niveau européen que nous souhaitons, il existe toujours la possibilité pour un Etat d’agir dans son propre cadre», a affirmé un porte-parole du gouvernement.

    Mais devant les réticences des pays anglo-saxons notamment, les probabilités d’un accord international au G20 «ne sont pas extraordinairement élevées», a reconnu le ministre fédéral des Finances, Wolfgang Schäuble, mardi à la télévision (je souligne).

    «Si nous n’obtenons pas un accord là-bas (…) nous aborderons l’organisation au niveau européen d’une contribution du secteur financier, afin que les gens aient le sentiment d’une certaine justice», a assuré mercredi Angela Merkel.***
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    *** j'adore le "aient le sentiment". Cela me rappelle une réponse à la question d'un test d'intelligence, "Pourquoi doit-on tenir une promesse?". Réponse bien cotée :"Pour avoir l'air honnête". Réponse mal cotée: "Pour être honnête"

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  94. à Brocéliande
    Seulement un souhait.

    Tout cela montre bien la nécessité d'un gouvernement européen capable de prendre une décision "au quart de tour".

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  95. Un gouvernement européen. Rêve, beau rêve, ardente obligation mais vœu pieux tant qu'on a l'Allemagne pas encore sortie de sa névrose post-traumatique à propos de l'inflation qui l'obsède encore plus qu'elle n'obsède Trichet et qu'on a la Grande-Bretagne qui freine des quatre fers contre toute mesure allant au delà d'une aire de libre-échange.

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  96. Monica
    De quand date ce test qui estime que l'image compte plus que la réalité ?

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  97. à Parleur

    Ce test était le WISC-R, qui était encore en usage il y a quelques années pour évaluer le QI des enfants. La question était posée dans le subtest "Compréhension"...

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  98. Mais pourquoi attendre la lourdeur d'une décision à 27, lorsque des initiatives considérées comme bonnes (anti-libérales) s'affichent. Pourquoi attendre que 27 convives décident s'ils mangeront du poisson ou du poulet, si le poulet est posé sur la table et qu'il finit par rallier les convives? Pourquoi attendre la réunion de 27 egos là où la compétition des egos peut faire avancer les choses?

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  99. Monica
    Des précurseurs du sarkozysme. Des visionnaires. Admirable. L'intelligence vue uniquement sous l'angle de l'adaptation sociale. Edifiant.

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  100. Brocéliande.
    Pourquoi, pourquoi ?
    Ben, parce que.
    Ga bu zo meu, comme le remarquait judicieusement le Professeur Shadoko, maître à penser de nos gouvernants.
    Brocéliande, tes réponses au WISC-R seraient mal cotées. Bien fait pour toi.

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  101. Lu dans Courrier International.
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    "Le 19 mai à Bucarest, sur la place de la Victoire, à coté du désespoir des gens, il y avait un autre sentiment qui flottait dans l'air: le mépris", écrit Gândul. Les manifestants, venus de tout le pays reprochaient au gouvernement, qui compte réduire de 25 % les salaires des fonctionnaires et de 15 % les retraites, "d'avoir manqué à ses devoirs, en cachant la crise", explique le quotidien de Bucarest. Qualifiées de "priorité absolue" par l'exécutif, les mesures gouvernementales sont la contrepartie du prêt accordé, il y a un an, par le Fonds monétaire international.

    Si pour ce quotidien bucarestois "les retraités ont toutes les raisons de se révolter, car quatre sur cinq ont des retraites si faibles qu'on se demande comment ils réussissent à survivre", pour Evenimentul Zilei, les Roumains font face "aux rigueurs du capitalisme dans sa version locale". Mais, "semblables aux Juifs conduits par Moise dans le désert, les Roumains égarés dans la transition ne comprennent pas les rigueurs du redressement économique ni l'austérité", continue l'écrivain Mircea Cartarescu dans Evenimentul Zilei. Néanmoins, tout cela est logique. "Les manifestants ont défilé avec les portraits de Ceausescu, nous avons entendu les slogans d'antan, car dans un monde qui ne donne aucun espoir, on part à la recherche du temps perdu. Quand le réel ne t'offre pas de solutions, tu te réfugies dans le mythe".

    L'hebdomadaire Revista 22 est, quant à lui, plus tranchant. "Reconnaissons qu'en Roumanie on gagne mieux que ce qui est écrit dans les statistiques et que nous en profitons pour manquer à nos devoirs sans honte. Tout le monde en profite. Pauvres ou riches sans oublier les millions de personnes qui trompent le fisc et dont le nombre ne cesse d'augmenter. Nous le savons tous. Le fait que nos gouvernants sont parfois corrompus et lâches n'est pas une excuse pour le fait que nous fraudons, que nous pratiquons la contrebande". Mais Revista 22 affirme que cela ne sert à rien de culpabiliser "la droite, le président, le Premier ministre, les libéraux" avant d'ajouter que "nous finirons par trouver les coupables. Mais c'est tellement plus simple et plus réconfortant d'injurier tout le monde, tous les autres, car, comme disait Sartre, l'enfer c'est les autres !"

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  102. Un article savoureux de Jérôme Leroy dans Causeur sur Trichet. Juste quelques extraits.
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    TRICHET
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    J’aime beaucoup Jean-Claude Trichet, khmer monétariste depuis toujours et directeur de la Banque Centrale Européenne à Francfort depuis 2003. Je l’aime beaucoup parce que j’aime beaucoup la cohérence. Or, Jean-Claude Trichet a une parfaite cohérence qui parfois se confond avec une certaine monomanie, voire un rien de psychorigidité.

    J’aime beaucoup Jean-Claude Trichet parce que l’on sait à qui l’on a affaire. Cet homme a la sincérité chevillée au corps. Il dit ce qu’il pense, il pense ce qu’il dit. Par exemple, dans sa lutte à mort à la fin des années 90 avec le Hollandais Wim Duisenberg pour prendre la tête de la BCE, craignant sans doute que sa nationalité (il aurait été citoyen d’un pays jacobin à la souveraineté ombrageuse, peuplé d’assistés qui n’ont qu’une seule idée en tête, bosser moins, gagner plus et s’abreuver aux mamelles melliflues de l’ Etat providence), Jean-Claude Trichet n’hésita pas à déclarer “I’m not a frenchman”.


    J’aime beaucoup Jean-Claude Trichet. C’est un véritable responsable européen. A quoi reconnaît-on un véritable responsable européen ? Il a un pouvoir démesuré, personne ou presque ne le connaît dans le grand public et il est payé royalement. Le traitement annuel de Trichet, et on ne compte pas les frais de représentation, est de 345 252 €. Il faut comprendre ce pauvre homme : il est obligé de vivre l’année entière à Francfort qui est une ville assez triste, connue surtout pour ses saucisses, son aéroport incompréhensible et sa foire internationale du livre, rendez-vous annuel du gratin de l’édition mondiale. Il faut imaginer Jean-Claude Trichet seul, un dimanche, regarder partir les avions ou se promenant entre les rayons des best-sellers américains (ses préférés) en mangeant un hot-dog avec de la moutarde sucrée. Une telle vie mérite des compensations. C’est vrai quoi, tout le monde ne peut pas être fonctionnaire grec et, malgré la retraite à 67 ans et le salaire diminué d’un tiers, voir quand même chaque jour l’Acropole sous le ciel bleu à peine brouillé par le nefos.

    J’aime beaucoup Jean-Claude Trichet parce que j’ai toujours aimé les méchants dans les films, ceux qui sont seuls et qui tirent les ficelles. Jean-Claude Trichet, c’est mon Dark Vador à moi. Voilà un homme qui est à la tête de la Banque centrale, qui a obtenu de toutes les nations de l’UE qu’elles transfèrent une bonne partie de leurs réserves d’or dans ses coffres-forts à lui et qui en plus dicte depuis des années, avec le succès qu’on connaît, via les taux directeurs, la politique économique de ces mêmes pays. Une politique assez simple, d’ailleurs, pas du tout dogmatique : euro fort et pas de déficit. Tant pis pour la paupérisation des peuples, la désindustrialisation affolante et la fin des exportations. L’Europe de Jean-Claude Trichet a toujours eu bonne mine jusqu’à ces derniers temps puisqu’il se fiait uniquement, pour juger de sa santé, au teint clair et au sourire léonin de quelques traders de la City
    .

    J’aime beaucoup Jean-Claude Trichet. Sa vision du monde est démentie par les faits, tout s’effondre sous ses pas mais ça ne fait rien. Davantage de surveillance, davantage de contrôle, comme d’habitude, mais pour les États, n’est-ce pas, pour les peuples. Pas pour les marchés, surtout pas pour les marchés.

    Et tant pis si le seul pacte qui semble à l’œuvre en Europe, par les temps qui courent, est un pacte d’instabilité et de décroissance.

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  103. Une interview de Joseph Stiglitz dans le Monde, très critique sur l’austérité, qui mène au désastre:

    STIGLITZ

    L'Europe va dans la mauvaise direction. En adoptant la monnaie unique, les pays membres de la zone euro ont renoncé à deux instruments de politique économique: le taux de change et les taux d'intérêt. Il fallait donc trouver autre chose qui leur permette de s'adapter à la conjoncture si nécessaire. D'autant que Bruxelles n'a pas été assez loin en matière de régulation des marchés, jugeant que ces derniers étaient omnipotents. Mais l'Union européenne (UE) n'a rien prévu dans ce sens. Et aujourd'hui, elle veut un plan coordonné d'austérité. Si elle continue dans cette voie-là, elle court au désastre. Nous savons, depuis la Grande Dépression des années 1930, que ce n'est pas ce qu'il faut faire.

    Selon Stiglitz, l’Europe pourrait créer un fonds de solidarité pour la stabilité, comme elle a créé un fonds de solidarité pour les nouveaux entrants. Ce fonds, qui serait alimenté dans des temps économiques plus cléments, permettrait d'aider les pays qui ont des problèmes quand ceux-ci surgissent. L'Europe a besoin de solidarité, d'empathie. Pas d'une austérité qui va faire bondir le chômage et apporter la dépression. C'est d'abord et avant tout le manque de solidarité qui menace la viabilité du projet européen.

    Le problème, c'est que les États membres de l'UE n'ont pas les mêmes croyances en termes de théorie économique. Nicolas Sarkozy a eu raison de faire pression sur Angela Merkel pour la forcer à payer pour la Grèce. Nombreux sont ceux qui, en Allemagne, s'en remettent totalement aux marchés. Dans leur logique, les pays qui vont mal sont responsables et doivent donc se débrouiller.
    Or la Grèce n’est pas responsable. Le déficit structurel grec est inférieur à 4 %. Le gouvernement précédent, aidé par Goldman Sachs, a sa part de responsabilité. Mais c'est d'abord et avant tout la crise mondiale, la conjoncture, qui a provoqué cette situation.

    Quant à l'Espagne, elle était excédentaire avant la crise et ne peut être accusée d'avoir manqué de discipline. Elle aurait dû être plus prudente et empêcher la formation de la bulle immobilière. Mais, en quelque sorte, c'est l'euro qui a permis ça, en lui procurant des taux d'intérêt plus bas que ceux auxquels Madrid aurait eu accès sans la monnaie unique. Aujourd'hui, ces pays ne s'en sortiront que si la croissance européenne revient. C'est pour cela qu'il faut soutenir l'économie en investissant et non en la bridant par des plans de rigueur.

    La dévalorisation de l’euro est, selon Stiglitz, la meilleure chose qui puisse arriver à l'Europe.

    Le taux de chômage des jeunes en Grèce s'approche de 30 %. En Espagne, il dépasse 44 %. Imaginez les émeutes s'il monte à 50 % ou 60 %. Il y a un moment où Athènes, Madrid ou Lisbonne se posera sérieusement la question de savoir s'il a intérêt à poursuivre le plan que lui ont imposé le Fonds monétaire international (FMI) et Bruxelles. Et s'il n'a pas intérêt à redevenir maître de sa politique monétaire.

    Rappelez-vous ce qui s'est passé en Argentine. Le peso était attaché au dollar par un taux de change fixe. On pensait que Buenos Aires ne romprait pas le lien, que le coût en serait trop important. Les Argentins l'ont fait, ils ont dévalué, ça a été le chaos comme prévu. Mais, en fin de compte, ils en ont largement profité. Depuis six ans, l'Argentine croît à un rythme de 8,5 % par an. Et aujourd'hui, nombreux sont ceux qui pensent qu'elle a eu raison.

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  104. En somme, beaucoup d'économistes et non des moindres disent qu'avec l'euro les peuples ont perdu leur autonomie économique donc politique. C'est une sacrée claque, 10 ans après la création de la monnaie commune!

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  105. Brocéliande.
    Je comprends qu'on dise ça mais je crois que c'est une profonde erreur. Ce qui est en cause ce n'est pas la monnaie unique mais la "pensée" unique. L'euro ne pose un problème que parce que depuis sa création les pays de l'Europe ont été "gouvernés" par des nains politiques sans vision et sans caractère. Affligeant. Une claque, oui, mais pour ce personnel politique largement en dessous de sa mission.

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  106. Je rejoins Parleur pour dire, Brocéliande, que ce ne sont pas les notions mêmes de l'Europe et de l'euro qui sont à mettre en cause, mais leur conception par des politiciens ne voyant pas plus loin que le court-terme segmentaire, et n'ayant de surcroît aucune capacité d'empathie et de solidarité, comme le dit Stiglitz.

    Si j'ai eu des réserves au moment des votes pour l'Europe, ce n'est pas sur le projet, mais sur les lacunes économiques, sociales, politiques du projet qui se dessinait de façon bancale. J'ai voté "oui" en me disant "c'est faute de mieux", ce qui me permet d'être d'autant plus sévère!

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  107. Lu dans Le Nouvel Obs:

    Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a estimé, vendredi 16 juillet, que l'Europe risquait d'être confrontée à "plusieurs années de croissance faible", avec pour conséquence une remontée du chômage et un faible pouvoir d'achat.

    La croissance revient en Asie, en Afrique aux Etats-Unis et "il y a le problème européen", a indiqué Dominique Strauss-Kahn, interrogé sur France 24.

    "Ce n'est pas le seul endroit au monde où il y a des difficultés mais il y a clairement un problème européen en matière de croissance", a-t-il dit. Pour le FMI, le "scénario principal n'est pas celui d'un retour à la récession". "Mais le risque pour l'Europe, c'est plusieurs années de croissance faible", a estimé son directeur général, jugeant ce risque "assez important".

    "Ca veut dire peu de pouvoir d'achat distribué, des problèmes dans les systèmes sociaux de retraite, de santé, une montée du chômage", a-t-il ajouté.

    Le FMI a relevé la semaine dernière sa prévision pour 2010 pour la plupart des plus grandes économies, comme les Etats-Unis (à 3,3%), le Japon (0,5%) et la Chine (10,5%). Mais elle l'a laissée inchangée pour la zone euro (1,0%).

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    Ah oui? Et Mr DSK ne fait pas le lien entre ces sombres prédictions et les "politiques de rigueur" qui vont entraîner les pays européens dans la catastrophe?
    Sa collègue S Royal, pendant ce temps, participe à un Colloque à Athènes sur des politiques européennes alternatives. Voilà une idée qu'elle est bonne.

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  108. Pour avoir une idée sur ce qui nous arriverait si DSK devenait président, on peut consulter ce petit Billet d'Agoravox:

    DSK

    Comment Ségolène Royal, qui cherche des solutions alternatives en Grèce aux politiques de rigueur, peut-elle être prête (du moins en façade) à le soutenir? Attention, Ségolène....

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  109. Dans un article publié par Le Point, est évoquée l'hypothèse d'un éclatement de la zone euro, qui serait selon l'auteur catastrophique.

    EURO

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  110. Ah, ces socialistes ventres mous partisans de la politique libérale... que barbaridad!

    Pendant que DSK émet un avis positif sur l'évolution à court terme de l'Espagne avec la rigueur, Zapatero en ajoute une louche. Lu dans Le Monde.

    Dans un entretien, dimanche au quotidien El Pais, JLZ a dit "L'exécutif a passé trop de temps à se demander si nous avions une crise ou une décélération économique". "Je sais très bien que les mesures que j'ai adoptées sont impopulaires. Je vais les appliquer et que personne ne doute que si de nouvelles mesures doivent être adoptées, je les adopterai", a ajouté M. Zapatero.

    M. Zapatero a annoncé depuis le début 2010, face aux inquiétudes des marchés financiers, toute une série de mesures de réductions des dépenses de l'Etat, dont une baisse de salaire des fonctionnaires, ainsi qu'une réforme du marché du travail rejetée par les syndicats, ou encore une hausse de la TVA.

    L'Espagne subit un taux de chômage d'environ 20 %, record de la zone euro, et un déficit public qui a atteint 11,2 % du PIB en 2009, qu'elle veut ramener à 3 % en 2013. Le pays est en train de sortir péniblement de la récession dans laquelle il était entré fin 2008, frappé notamment par l'éclatement de la bulle immobilière.

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  111. RIONS UN PEU
    Ça date de novembre 2008, mais ça n'a pas pris une ride :

    Les Disqualifiés

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  112. Excellent Lordon. Ouf, ça décoiffe sainement.

    Vas-y Frédo, attaque ces ventres mous prétendument de gôôôche, ces suppôts du libéralisme, ces collabos de l'anti-démocratie déguisée sous les oripeaux de la BPG.

    Attaque ces mollassons qui ont des indignations sélectives, mettent en oeuvre eux-mêmes ce contre quoi ils prétendent lutter, ne veulent pas voir en quoi ils ont activement contribué au système dont nous voyons craquer les coutures.

    Kss kss ;-)
    Sus à la BPG

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  113. Donnant raison s'il en était besoin à Lordon, cette info lue dans le Nouvel Obs:

    Après une croissance de 1,4% cette année, le gouvernement français table toujours officiellement sur 2,5% par an de 2011 à 2013.

    Mais un rapport sur la France publié ce vendredi par le Fonds monétaire international (FMI) prévoit seulement 1,6% en 2011, puis 1,8% en 2012 et 2,0% en 2013.

    La France connaît actuellement une "reprise fragile", exposée aux risques qui pèsent sur l'euro et ses voisins de l'Union européenne. "Les caractéristiques de l'économie française, qui l'ont protégée en partie pendant la récession, sont aussi celles qui vraisemblablement ralentiront la reprise", résume ce rapport publié dans le cadre des consultations annuelles du FMI.

    "Le programme du gouvernement est fondé sur des hypothèses de croissance trop optimistes", déplore le FMI qui note toutefois que le gouvernement va les réviser prochainement. Les nouvelles prévisions officielles doivent être publiées à l'automne dans le cadre du prochain projet de budget.

    "Pour rendre l'effort d'assainissement (budgétaire) plus crédible, il importe de fonder le cadre de programmation budgétaire pluriannuel sur des hypothèses macroéconomiques réalistes", insiste le conseil d'administration du FMI dans ses conclusions sur le rapport.

    Car selon les projections de l'organisation, le déficit de la France resterait en 2013 au-delà de la limite de 3% du produit intérieur brut (PIB) autorisée par l'UE, à laquelle le gouvernement français s'est engagé à revenir à cette date.

    Le gouvernement français assure qu'il tiendra coûte que coûte sa promesse de ramener le déficit public (Etat, comptes sociaux et collectivités) de 8% du PIB cette année, un record, à 6% en 2011 et 3% en 2013.

    Et selon le FMI, le déficit de la France refluerait bien à 6,1% du PIB l'an prochain, grâce aux mesures d'austérité déjà annoncées. Pour la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, l'analyse du FMI suffit donc à confirmer "l'orientation vertueuse et responsable de la politique budgétaire" de la France et sa "pertinence" pour 2011.

    Au-delà de 2011 en revanche, les projections du Fonds sont nettement moins flatteuses puisque le déficit serait de 3,9% du PIB en 2013 et qu'il faudrait attendre 2015 pour qu'il revienne sous le seuil de 3% autorisé par le pacte de stabilité européen.

    La mission du FMI se félicite certes de "l'ambitieux programme de réforme", notamment celle des retraites, et salue toutes les mesures visant à réduire les dépenses de l'Etat déjà annoncées pour 2011. Mais selon l'organisation, cela reste insuffisant pour réduire le déficit et la dette à moyen terme.

    "Ces mesures budgétaires sont nécessaires mais des efforts supplémentaires doivent être accomplis" pour assainir les finances publiques au-delà de 2011 si la France veut tenir son objectif d'un déficit à 3% dès 2013, insiste le FMI.

    Pour lui, ces "efforts supplémentaires" de rigueur doivent notamment porter sur la mise en œuvre de la réforme des retraites, une limitation plus forte des dépenses de sécurité sociale et de santé ainsi que sur un encadrement "strict" des dépenses des collectivités locales.

    ____
    Vive DSK hi hi

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  114. Petite précision sur la monnaie:
    La monnaie connaît trois états (qui sont quatre):
    1) Quand elle circule utilement, elle est liquide (« les liquidités »). C'est de la confiance publique et privée, objectivée, dans la capacité sociale à créer des richesses (des biens susceptibles de satisfaire les besoins). Elle ne « travaille » pas, elle circule, et ce faisant facilite, voire simplement permet, la création de richesse. C'est son état « normal », désirable.
    2) Quand elle est thésaurisée, elle est à l'état solide (elle est gelée), et tout à fait improductive.
    3) Quand elle circule trop vite, qu'il y a « fuite devant la monnaie », c'est que la confiance disparaît, et la valeur de la monnaie s'évapore (état « gazeux » de la monnaie); ce phénomène induit une syncope de la production.
    4) Phénomène différent du précédent: la spéculation à grandes brides; onpourrait alors parler d'état plasmatique.

    Le 1) correspond à une inflation faible ou modérée: un léger déséquilibre, moteur; le 2), à la déflation, le 3) à l'hyperinflation, le 4) à la crise bancaire récente, où les signes monétaires sont détournés du circuit réel.

    Ce qui est en cause dans les changements d'état ou dans le maintien dans l'état « liquide » de la monnaie, c'est la confiance des agents dans l'avenir de l'économie. La santé de la monnaie est inséparable du crédit (qui veut dire confiance, et ce n'est pas de l'étymologie gratuite).

    NB1. Une des faiblesses de Marx est d'avoir méconnu le rôle autonome de la monnaie dans la vie économique. Keynes a corrigé cela.

    NB 2. Rachida Dati a récemment proposé une mise à jour du vocabulaire, dont il n'a pas encore été tenu compte ici.

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  115. Une analyse critique de Jean-François Couvrat, fort bienvenue, des positions de Jacques Attali sur les dépenses publiques:

    ATTALIBEURCK

    Couvrat commence ainsi :
    La dépense publique est-elle l’ennemie de l’activité économique ? Jacques Attali le prétend, qui propose d’amputer cette dépense de 50 milliards d’euros en trois ans, afin de « libérer la croissance ».
    Or on cherche vainement, dans les 176 premières pages de son rapport au Président de la République, un argumentaire crédible justifiant cette assertion. Il faut atteindre la page 177, la dernière, pour découvrir la clé de sa conviction. Elle figue en bonne place dans la lettre de mission que l’expert en tout ou presque avait reçue du Chef de l’Etat et du Premier ministre :
    « Vos propositions devront s’inscrire pleinement dans le cadre du rétablissement de l’équilibre de nos finances publiques. Vous pourrez proposer toutes les mesures que vous jugerez pertinentes pour réduire la dépense publique et améliorer l’efficacité des services publics. »
    Il devenait inutile, voire insolent, d’expliquer pourquoi et comment, dans un pays en panne de consommation, une réduction de la dépense publique pourrait demain « libérer la croissance ». Jacques Attali a préféré évoquer le passé des sept pays qui, dans les années 1990, freinèrent leur dépense publique : Suède, Canada, Nouvelle Zélande, Finlande, Danemark, Italie et Irlande.

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  116. Je n’ai pas lu le rapport d’Attali, ni sa critique. Je voudrais quand même faire un petit rappel. La dépense publique n’est pas une mauvaise chose en soi, loin de là (du moins pour les keynésiens). Mais… elle présente un petit inconvénient: elle tend à accroître la dette (publique). Vient un moment où (retournement dialectique) elle ne consiste plus pour l’essentiel en financement d’activités productives, mais en service de la dette (remboursements, intérêts). Et là, il n’y a plus du tout de quoi rire…

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  117. L'Irlande, pauvre Irlande. Lu dans Le Monde.

    Le ministre irlandais des finances, Brian Lenihan, a indiqué, aujourd'hui, qu'il allait recommander que Dublin demande formellement une aide de l'UE et du FMI lors du conseil des ministres irlandais qui doit se réunir en urgence cet après-midi. Il a précisé que l'aide demandée ne serait "pas un montant à trois chiffres", donc moins de 100 milliards d'euros.

    Le ministre a également prévenu que la décision de demander l'aide appartenait au gouvernement dans son ensemble, réunis en conseil extraordinaire. Les ministres doivent finaliser les nouvelles mesures d'austérité que le pays prépare depuis de longues semaines visant à économiser 15 milliards d'euros sur quatre ans, soit près de 10 % de l'ensemble du produit intérieur brut (PIB) irlandais. Selon un porte-parole du gouvernement qui s'est exprimé avant M. Lenihan, le plan d'aide international ne figurait pas au centre des discussions, même si l'aide internationale et la rigueur "sont reliées".

    Le plan de rigueur a pour objectif de ramener le déficit public record, actuellement de 32 % du PIB, à 3 %, conformément aux exigences de l'UE.

    Le plan de 160 pages est en effet passé au crible par les experts de l'Union européenne, du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque centrale européenne (BCE) installés depuis jeudi à Dublin, afin de finaliser un prêt visant à sauver les banques dont la dette astronomique fait craindre une répétition de la crise grecque du printemps dernier.

    En contrepartie de ce plan de sauvetage, d'un montant compris entre 40 et 100 milliards d'euros selon les estimations reprises dans les médias, les instances internationales pourraient demander un durcissement des mesures de restriction budgétaire. Le premier ministre Brian Cowen a cependant assuré samedi soir que le plan d'austérité ne serait pas alourdi sous la pression des experts. "Les paramètres" ont de toute façon déjà recueilli "l'approbation générale" du commissaire européen aux affaires économiques, Olli Rehn, a-t-il précisé.

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  118. « Austérité: l’Europe à contretemps » (Aglietta et Jospin - Le Monde du 23. 11. 2010)

    Les gouvernements se montrent impuissants à « réformer de façon concertée l’ensemble économique et financier mondial » et à « remettre les acteurs financiers à leur place normale: celle de serviteurs de l’économie ».

    Pourquoi ?

    * Beaucoup de gouvernements sont soumis aux marchés financiers.
    * Quelques « grands acteurs » (Etats-Unis, Chine…) s’accommodent de la situation.
    * Enfin beaucoup croient encore au mythe néo-libéral des « marchés efficients et autorégulateurs ».

    Or il faut réformer le système économique et financier mondial.

    « Instaurer une régulation globale de la sphère monétaire et financière, remettre en cause les taux de profit exorbitants exigés des entreprises par les actionnaires aux dépens des salariés est une nécessité impérieuse. »

    Cependant, une remise en ordre, à supposer qu’on l’entreprenne enfin, prendra du temps, et: « Notre continent est en proie à une crise sournoise. Et il va l’aggraver si sont maintenues les politiques générales d’austérité décidées par les gouvernements pour 2011 et au-delà. Non seulement ces politiques ne sont pas appropriées à la situation, mais le diagnostic qui les a inspirées est contestable ».

    Les déficits actuels doivent peu aux plans de relance précédents, qui n’ont pas évité « une sévère récession ». Et « c’est la récession et non la politique de relance qui a creusé les déficits à des niveaux insolites. » Il s’ensuit que les mêmes causes ayant tendance à produire les mêmes effets, le choix de l’austérité est un contresens. Les difficultés tiennent au « manque de dynamisme de la demande privée », « on se trouve devant une situation avérée d’insuffisance de la demande. »

    On s’enferme dans un cercle vicieux: l’austérité entraîne stagnation de l’activité, chômage et précarité, donc insuffisance de la demande, et cela s’entretient (spirale récessive). Les élites ne voient pas (ou ne veulent pas voir) cela.

    (à suivre)

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  119. « Austérité: l’Europe à contretemps » (Aglietta et Jospin - Le Monde du 23. 11. 2010)
    (suite et fin)

    Le FMI (disent les auteurs) a, lui, bien vu la chose. De ses observations, on peut retenir que « en moyenne, pour un effort d’austérité de 1% du PIB, il y a un effet de contraction de la croissance du PIB de 0,5% au bout de deux ans. Malheureusement, le FMI le remarque aussi que nous ne sommes pas dans une situation moyenne. En Europe, les conséquences de l’austérité budgétaire risquent d’être pires pour trois raisons (…) », au détriment de la croissance.

    « Bien entendu, les déficits ne diminueraient pas, ou très peu, les dettes publiques grimperaient et le chômage monterait encore. Les tensions sociales s’aggraveraient et les mouvements nationalistes et populistes (…) pourraient bien s’en trouver renforcés. »

    Les auteurs en concluent que « nos politiques doivent être changées pour redresser la croissance. Il y va peut-être même de la survie de la zone euro (…). Le rétablissement des finances publiques ne se fera pas par l‘austérité, mais par un effort de maîtrise raisonnable et un autofinancement résultant de la croissance. »

    Ils prônent une solidarité de la BCE et des gouvernements européens face à la spéculation; et, au besoin, l’organisation d’une restructuration  des dettes publiques.

    « Dans la situation actuelle la croissance dépend des politiques publiques de manière cruciale. Il faut à la fois compenser l’insuffisance de la demande privée, améliorer la compétitivité de nombreux pays d’Europe (dont la France), créer des incitations à une nouvelle vague d’investissements et trouver les moyens de la financer. Il faut agir à la fois sur les ressources et sur les dépenses, donc remodeler la structure des budgets, comme l’ont fait les Scandinaves après la grave crise bancaire de 1991-1992. »

    Il faut aussi « rehausser » (à plus long terme) « la croissance potentielle », au moyen, par exemple, de la TVA et de la fiscalité carbone, au moyen aussi d’une politique « d’éducation sur toute la vie ». La taxe carbone permettrait en particulier de financer l’innovation environnementale, nécessaire pour une reprise de la croissance.

    « Le modèle économique des trente dernières années - même si la France a fait quelquefois exception sous la gauche - a été caractérisé par la domination de la valeur actionnariale, l’hypertrophie de la finance spéculative, des exigences financières incompatibles avec la rentabilité des entreprises,une fiscalité favorable aux milieux privilégiés et des inégalités croissantes. »

    Ils appellent à renverser la tendance, et, pour ce faire, à renouveler la pensée politique pour « faire bouger la gouvernance de l’Europe » afin de peser au niveau international.

    « Donner à l’analyse économique de la nouvelle période », concluent-ils, « une expression politique capable de rassembler pourrait être la tâche centrale d’une social-démocratie réformée ».

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  120. « Instaurer une régulation globale de la sphère monétaire et financière ». V'la une idée qu'elle est bonne! Genre "gouvernance" mondiale, (qui n'est pas, - je le note - un gouvernement mondial). C'est ce que Sarkozy appelle de tous ses voeux... pieux. Expliquons aux Chinois, aux Américains, aux pays émergents une chose pareille.

    « c’est la récession et non la politique de relance qui a creusé les déficits à des niveaux insolites. » Autrement dit la déflation qui se pratique dans tous les pays européens en difficulté, les tricheurs grecs, les libéraux irlandais, demain les Portugais parce que leurs femmes ont des poils sous les bras, espagnols parce qu'ils aiment trop la propriété privée et les Français parce qu'ils sont arrogants.

    « Ils prônent une solidarité de la BCE et des gouvernements européens face à la spéculation; et, au besoin, l’organisation d’une restructuration  des dettes publiques ». C'est Merkel qui doit être contente, à entendre qu'il faut une restructuration des dettes publiques (moi aussi d'ailleurs). Mais pas la BCE. Elle, elle entend bien garder le monopole et la politique du mark fort. Pardon, de l'euro fort.

    Pour le reste, c'est y'a ka faucon. Dans le temps, la gauche française pratiquait une politique de la relance par l'augmentation du pouvoir d'achat, un zest d'inflation, un peu de monnaie dévaluée histoire de grignoter un peu du capital et de rattraper le mark. Mais avec une Allemagne au bord de la surchauffe grâce à une politique de bas salaires pratiquée pendant deux décennies et une balance excédentaire (elle est la seule)... Pour les mauvais élèves, y'a ka faucon s'enfoncer dans la déflation, n'est-il pas?

    J'aimerais bien comprendre, les cornes bien enveloppées dans les manchots adorables et très chics que Meuh Meuh et Monica ont tricotées, pourquoi, l'Allemagne, la France, le Portugal, Chypre... enfin tous les pays européens perfusés sous euro, n'ont pas la même économie? Serions-nous différents? Aurions-nous des histoires différentes, genre des histoires de nations? Et ne me parlez pas de "gouvernance" oligarchique à la DSK.

    Non, général Melchior, ne tirez pas. Quand je pense que les soldats de Napoléon ont fait A PIED l'aller-retour Paris-Moscou, avec une charge de 30 kilos sur le dos... j'avoue que.. j'en suis baba. Et comme dit DSK : les Français, au boulot... bande de fainéants vous et vos 35 heures. Ca vient, Dominique, ça vient...

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  121. Résumé du résumé: A & J avancent deux choses.
    1) l'austérité ne fera que nourrir les déficits et dettes publiques; elle tarit les ressources bien plus qu'elle ne réduit les dépenses,
    2) la solution réside dans la croissance, qu'il faut favoriser sur le plan continental, et qu'on ne peut pas obtenir sans relever d'abord le pouvoir d'achat des masses.

    Je trouve que cela s'oppose heureusement à la pensée néo-libérale, et je suppose que les oreilles de DSK ont dû lui tinter.

    Je fais deux reproches à l'article:
    1) l'allusion au souci environnemental est un peu maigrichonne...
    2) ne sont pas dégagés les voies et moyens d'une politique de gauche continentale.

    Je suis d'accord, moi-même, avec l'expression "gouvernance mondiale", un gouvernement mondial me paraissant prématuré (je crois savoir que Miradou, lui, est pour, dès maintenant).

    Les Allemands aussi seront touchés par la récession: leurs voisins et partenaires sont aussi leurs clients, porteurs de la demande qui répond à leur offre.

    Je ne comprends pas bien , Brocéliande, votre dernier paragraphe. La gauche française n'a justement pas fait (à tort ou à raison) ce que vous dites. Voir la politique menée de Delors à Bérégovoy, puis de DSK à Fabius...

    Quant aux soldats de la Grande Armée, beaucoup n'ont bénéficié que d'un aller simple, et n'ont jamais refranchi dans le sens Moscou-Paris la Bérézina.

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  122. Qui c'est, le Jospin qui signe avec Aglietta ? Ne me dites pas que c'est Lionel ! Je suis bon public et j'aime bien rire, mais là ce serait too much…

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  123. Si si , c'est bien l'ancien premier monstre et orgueil de l'île de Ré. S'il sert de locomotive médiatique à l'un des papes de l'"école de la régulation", ma foi... (C'est comme DSK quand il propose une autorité budgétaire européenne, je ne peux pas être contre). Mais il manque à leur texte la vision moderne, écologique, de la croissance (avec décroissances sectorielles) nécessaire.

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  124. « "Quand l’ordre du jour est fixé par le centre, les choses avancent. Il suffit de penser au marché unique, ou à l’union monétaire. Mais quand l’ordre du jour est laissé aux États- nations, les choses traînent. Pensez aux réformes des marchés du travail et des services, notamment à travers l’agenda de Lisbonne. (...) Il est temps de changer de cap. Le centre doit prendre l’initiative dans tous les domaines clé pour assurer le destin commun de l’Union, notamment en matière de politique financière, économique et sociale. Les pays doivent être disposés à céder plus d’autorité au centre. Des mécanismes doivent être repensés pour inciter à réformer. " DSK

    C'est qui "le centre", cher Melchior? l'autorité budgétaire européenne pour vous? Une sorte de Trichet de la gouvernance?

    Ou est-ce autre chose?

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  125. Pour moi (pas forcément pour DSK) la chose budgétaire étant l'affaire du Parlement, le centre devrait être le Parlement européen, ou une instance directement sous son contrôle. Dame ! je suis fédéraliste... Mais mieux vaudrait une instance budgétaire centrale sous contrôle du conseil des ministres que pas d'instance budgétaire centrale du tout.

    En fait il faudrait un véritable gouvernement européen, responsable devant le Parlement et, pourquoi pas, un sénat composé des représentants des Etats. Avec compétence européenne pour les instances européennes, compétences "nationales" pour les instances nationales, compétences régionales ou locales pour les instances régionales ou locales. La souveraineté , qui est l'affaire de l'espèce tout entière, étant, temporairement (je dis cela pour rassurer Miradou) exercée par la section européenne de ladite espèce.
    A propos de Miradou, il a indiqué sur Mediatruc un blog intéressant:
    http:e-blogs.wikio.fr
    revue de blogs européens.
    < ici /a>
    (j'ai l'impression que ma science toute neuve des liens me lâche)

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  126. @ Melchior
    A propos de Jospin : Locomotive ? Moi je veux bien. Mais poussive me paraît la pauvre machine, éreintée par des palinodies sans gloire et surtout préjudiciables (France Télécom etc.)
    Je vois surtout dans l'affaire un coucou. Que vient-il donc faire, ce velléitaire dérégulateur, dans l'école de la régulation ? Je ne suis pas rancunier mais un peu de mémoire rend circonspect… Et la pudeur, Monsieur ?

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  127. Ma foi, tant que pépé Jojo ne sort pas de son domaine de compétence (la relance par la consommation et l'investissement et la coordination des politiques budgétaires)je le supporte assez bien... Je n'oublie aucunement son entourloupette sur l'inversion du calendrier électoral (dont il croyait profiter, hi hi hi).

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  128. La relance par la consommation, v'la une fois encore une idée qu'elle est bonne. Mais elle ne peut être, contrairement à d'autres périodes because l'euro. Sauf si l'Allemagne arrête de pratiquer le dumping social avec sa politique de bas salaire. Je ne voudrais pas jouer mes pessimistes, mais je le fais quand même. Les Irlandais sont et seront affamés dans le seul but de renflouer les banques allemandes, anglaises et françaises, dans l'ordre des investissements. La dette publique irlandaise, n'étant que la conséquence de la dette privée (voir les chiffres entre 2008 et maintenant du déficit public). L'Espagne est sur les mêmes bases : une dette privée importante, même si elle s'assoit sur une épargne plus importante.

    Or, ce qui est tout à fait invraisemblable, c'est le presque absolu silence en ces temps de remaniement gouvernemental sur ce qui composera notre avenir proche, si ce n'est un message plus qu'embrouillé des instances européennes.

    Franchement, vous en pensez quoi? Qu'il suffit de se voiler les yeux, de se boucher les oreilles, et de faire le dos rond? De croire encore à une Europe fédérale? Ou bien serions-nous une nation "supérieure" aux autres en train de construire un modèle datant de 2005? Nous et l'Allemagne par exemple, sans les autres. Mais sommes-nous l'Allemagne?

    Je suis vraiment inquiète quant à l'avenir du modèle sociétal européen riche. (sécu et tout le bataclan). Et vous? Zen? On attend les élections? Sarko ou DSK?

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  129. Le problème est de savoir dans quel type de société nous voulons vivre,d'abord; et ensuite si la destruction de l'Europe et de l'euro nous rapproche, ou bien (comme je le pense) nous éloigne, de cet idéal relatif. Que gagneront les Grecs, puis les Irlandais, puis les Portugais, bientôt peut-être les Espagnols (sans compter les Français, qui n'ont pas su élargir leurs revendications cet automne), à se battre séparément chacun contre son gouvernement ? Rien, bien sûr.
    Le seul moyen de ne pas attendre les échéances électorales, ce serait d'avancer des revendications à la fois sociales, économiques, écologiques, démocratiques... Qui est en mesure de le faire ?

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  130. "Que gagneront les Grecs, puis les Irlandais, puis les Portugais, bientôt peut-être les Espagnols (sans compter les Français, qui n'ont pas su élargir leurs revendications cet automne), à se battre séparément chacun contre son gouvernement ? Rien, bien sûr.

    A partir de ce constat, il me semble qu'il faudrait absolument une "gouvernance" économique qui s'occupe de "ces peuples" guère conscients des enjeux. En somme, une bonne dictature éclairée. Avec des citoyens européens à genou, il me semble que l'on peut y arriver.

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  131. Dans tous les cas, avec une retraite bientôt réglée sur les fonds de pensions, comme celle des députés européens - y compris les verts, bien sûr, pour les générations futures, cela s'entend (les "jeunes" ceusse qui ne sont pas nous), et une sécurité maladie, fondée sur les mutuelles, - on ne fume pas, l'on ne boit pas, l'on n'est pas diabétique, s'il vous plait, il est évident que notre modèle économique, ne peut tourner qu'à l'américaine.

    La faute de ses peuples européens, qui ne furent dans les années 2010, s'allier...

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  132. je ne comprends pas effectivement, pourquoi, les Irlandais, les Grecs, les Portugais, les Français, enfin tous les européens, ne prennent pas tous en coeur le train pour Bruxelles. Un manque de moyen? de représentativité? ils n'ont véritablement aucun sens de l'endroit où se trouve le pouvoir. Le pouvoir de l'Europe? il est où? Géographiquement, il est où?

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  133. Dans le si célèbre journal français, le Monde, il est toujours en "ouverture de chapô"... Bruxelles a dit, Bruxelles demande... ou quand en matière de journalisme le où se confond bizarrement avec le qui. C'est Bruxelles. Vous connaissez-vous Bruxelles? Il mange quoi? des tortellini ou des fromages français?

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  134. Bruxelles, siège de la Commission et du Conseil, est beaucoup plus « proche  » (en temps de parcours) de, mettons Toulouse, au XXIème siècle, que ne l‘était Orléans au XVIIIème. (Ce n‘est pas difficile, même Washington DC l‘est).

    J’espère bien qu’on y mange des petits fromages blancs, tous derrière et lui devant.

    Pourquoi avoir besoin d’un centre politique unique ? L’Union européenne a au moins trois capitales Bruxelles, Strasbourg pour le Parlement, Luxembourg pour la vieille CJCE.
    Et Francfort pour l’économie, et plusieurs villes pour la Culture…

    Je suis pour la décentralisation la plus large, et l’application du principe de subsidiarité (non seulement pour le supra-national, mais aussi pour l’infra-national).


    Eviter le tabac, l’alcool et l’obésité, oui, ce serait souhaitable. Et (incidemment) cela réduirait la dette publique. Je ne suis pas sûr que ce soit le modèle américain.

    Dictature éclairée, non. Gouvernance: faute de mieux, mais un gouvernement démocratiquement élu et responsable devant le Parlement serait préférable..

    Sur le retour au franc: l’UPR de Dupont-Aignan prépare très sérieusement des billets - très jolis ! - pour le franc nouveau (voir sur médiatruc le blog de « Jean Rex »). Ils ont oublié de dire à quelle parité ils ont l’intention de mettre cela en circulation.

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  135. Je ne crois pas que Dupont-Aignan fasse parti de l'UPR. A vérifier.

    Mais le débat, me semble-t-il, ne doit pas se cristalliser entre souverainistes et européistes convaincus, mais plutôt sur ce que l'Euro qui n'a guère que dix ans, apporte réellement aux citoyens européens, et notamment aux plus faibles d'entre-eux. L'histoire officiel n'ayant guère retenue des Allemands que leur qualité de nazis. Mais pourquoi le nazisme... c'est une autre paire de manche. A se demander pourquoi les Grecs font la chasse aux Afghans en ce moment.

    A voir, le taux d'intérêt que décidera aujourd'hui l'Europe, lorsqu'elle prête de l'argent à un "ami" à genoux.

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  136. Les Américains et les Chinois jouant de leur monnaie comme ils l'entendent, il semblerait, à regarder les chiffres, que l'ensemble des pays du monde prennent l'euro comme une sorte de fond de garantie. Bientôt les impôts des citoyens européens ne serviront qu'à rembourser les intérêts des dettes internes de chacun de leur pays avec, en sécurité, le Fond d'aide européen, ou le remboursement par les citoyens de toutes les dettes dues, pour la plupart, aux placements "risqués" mais sans risque des mêmes investisseurs. Ce qui représente un signal fort pour tous ces derniers : les quelque 400 millions d'Européens rembourseront tous les placements hasardeux présent, passé ou avenir. Lorsqu'on ne peut jouer sur une monnaie, l'on joue sur sa masse salariale à la baisse. L'Europe, libre de toute frontière, possède à l'Est mais aussi au Sud, une manne de travailleurs prêts à tout pour ne plus mourir de faim.

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  137. L'Ukraine vient de poser sa candidature à l'Union européenne et Poutine fait du pied à Merkel pour rejoindre la zone de libre échange.

    Ce qui est bien avec le libre-échange, c'est que si demain, l'Italie, l'Espagne, la France sont ruinées, elles pourront offrir une main-d'oeuvre à bas-coût en vue d'alimenter le commerce extérieur pour qui peut soutenir la demande. Et en ce moment, les pays émergents sont en état de la soutenir.

    Le principal, c'est que les investisseurs continuent d'être riches. Obligatoirement, une civilisation nait, croit et meurt.

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  138. J’ai confondu Nicolas Dupont-Aignan (et son DLR) avec Asselineau (et son UPR). Les billets neufs, c’est Asselineau (qui me semble être une sorte de Marie-France Garaud, en plus ingénu). Mais NDA s’est prononcé aussi, avec une belle vigueur, pour l’abandon de l’€.

    J’ai ouï dire que les Estoniens ont toujours l’intention d’intégrer la zone € en janvier. Qui se chargera d’aller les dissuader de cette folie furieuse ? Quant à l’Ukraine, les choses étant ce qu’elles sont, elle attendra encore un peu. À la queue comme tout le monde. Les Français devant se prononcer par referendum sur l’entrée de chaque nouveau pays, et se trouvant pour quelque temps d’humeur massacrante, il me semble que le processus est désormais bloqué pour un moment.

    Sur les Allemands et l’histoire « officielle » (?), c’est celle-ci qui a tort et qu’il faut changer.

    Je n’oppose pas souverainisme et européisme, je me réclame du souverainisme européen. En cas de repli nationaliste franchouillard, et si on me prive de mon joujou continental, alors je deviendrai souverainiste de langue d’oïl, et je réclamerai l’indépendance du quart nord-ouest de l’hexagone (celui-ci étant une construction artificielle et loufoque dans laquelle je ne me reconnais pas) et son rassemblement, avec le Québec, dans une confédération transatlantique (ouverte à l’océan indien). Ah mais !

    Un philosophe allemand mort du choléra a dit: « Tout ce qui naît mérite de périr. » Donc obligatoirement un Etat-nation… Mon maître, Hubert-Hégésippe Huchappin, disait d’ailleurs que le paradigme né du traité de Westphalie (1848) ne devait en aucun cas faire l’objet d’un acharnement thérapeutique.

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  139. Juste un point de législation européenne comme défini par le traité de Lisbonne.


    "L’État candidat à l’adhésion adresse sa demande au Conseil, qui décide à l’unanimité.
    Désormais, il doit également informer le Parlement européen et les Parlements
    nationaux, qui ne jouent toutefois aucun rôle dans la suite du processus d’adhésion. Le Conseil décide à l’unanimité." (Abrégé du traité de Lisbonne).

    Seul le conseil décide, si j'ai tout compris. Je ne vois pas où les Français ou les autres interviennent par référendum. D'autant plus, qu'il est impératif, si cette votation est dans la constitution française, de la changer pour coller au traité de Lisbonne.

    Enfin, il me semble

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  140. Quant à l'autonomie des régions, sous la pression des Allemands, c'est un des axes politique de l'Union européenne qui les encourage fortement, fric et indépendance des pouvoirs centraux de leur pays à la clé, à faire du lobbying auprès de Bruxelles.

    Je suis bien contente. Comme habitante de l'ile-de-France, la région la plus riche de l'Europe, je vais enfin être débarrassée du poids mort économique que représente l'Auvergne. ^^

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  141. Constitution:

    Art 88-5. - Tout projet de loi autorisant la ratification d'un traité relatif à l'adhésion d'un État à l'Union européenne est soumis au référendum par le Président de la République.


    Si je fais sécession et mes amis Auvergnats
    aussi de leur côté, et tous les autres (Occitans, Lotharingiens, etc.) Paris sera réduit à "1/83 d'influence", Neuilly verra son arrogance financière et sociale détruite... L'Île de France doit une bonne part, factice de ce fait, de sa prépondérance économique au fait que les sièges sociaux des grandes entreprises y sont généralement fixés. Poussière que tout cela. Vanitasse vanitatchoum.

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  142. !art. 88 - 5 seconde alinéa

    "Toutefois, par le vote d'une motion adoptée en termes identiques par chaque assemblée à la majorité des trois cinquièmes, le Parlement peut autoriser l'adoption du projet de loi selon la procédure prévue au troisième alinéa de l'article 89. »

    Cet article a été introduit par la loi constitutionnelle du 1er mars 2005, afin de donner la garantie aux citoyens français que leur approbation devrait obligatoirement être obtenue avant l'adhésion de nouveaux pays à l'Union Européenne (Turquie, Balkans occidentaux, Ukraine...), ceci dans le but de favoriser la ratification du Traité établissant une Constitution pour l'Europe lors du référendum du 29 mai 2005. Ce « verrou référendaire » a été supprimé lors de la révision du 23 juillet 2008, qui introduit le second alinéa.

    Le projet de réforme institutionnelle adopté en conseil des ministres le 23 avril 2008 prévoyait la suppression de l'article 88-5. La révision constitutionnelle du 23 juillet 2008 se borne à en atténuer l'automaticité en complétant cet article par l'alinéa 2.

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  143. Exact. Cela me rassure un peu. Reste aux adversaires de tout élargissement à se constituer une minorité de blocage des 2 cinquièmes (ou encore à utiliser la procédure du referendum d'initiative populaire ?).

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  144. Cela vous rassure comment Melchior? Je ne comprends pas.

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  145. Pour l'Irlande, à l'heure qu'il est, l'on nous dit que les négo sont bouclées. Mais rien sur le taux d'intérêt. Il me semblait pourtant que ce prêt sortait bien des poches des citoyens européens et qu'il aurait été cohérent qu'il se définisse à un taux proche de celui de l'Allemagne. Enfin, n'affolons pas les marchés, et négocions désormais la réédition du Portugal. La politique est une affaire de grands, et laissons le petit peuple regarder "Plus belle la vie" ou "Vieni via con me”.

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  146. Paris, cher Melchior, doit sa richesse au fait que de nombreux Français de toutes les régions, mais aussi des immigrés de tous les pays, viennent s'entasser dans des logements de merde, bosser pour des salaires minables et se taper en moyenne 1h30 de transport par jour. Mais grâce à eux, en grande partie, la France assure son état providence.

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  147. "C'est pas seulement à Paris
    Qu' l'exploitation fleurit
    Nous au village aussi l'on a
    Un pauv' prolétariat".
    (Merci à Georges Brassens)

    Mes voisins d'en face, Marocains, participent tranquillement à la relative prospérité du pays, et bénéficient (ce qui n'est que justice) de l'Etat dit providence, qu'ils financent, aussi.
    Des Français de toutes régions (j'en suis un) et des étrangers de tous pays (j'exagère, 80 nationalités seulement sur 190 sont représentées dans l'agglomération) cohabitent sans trop de bobo.

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  148. Ne vous inquiétez pas trop pour l'indépendance de votre région, Melchior. Nous aurons bientôt DSK à la gouvernance européenne et Sarko à la présidence, après quelques échauffourées dans les banlieues. L'Europe sera enfin bien assise.

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  149. "Cela me rassure un peu" (voir plus haut) parce que la procédure référendaire est quand même un peu lourde. Qu'on l'utilise pour la Turquie, à cause du caractère très controversé de l'adhésion de ce pays, soit. Mais pour l'Islande, la Norvège, la Suisse,la Serbie,la Bosnie, l'Albanie, l'Ukraine, la Belarus, on pourrait s'en dispenser (en cas d'opposition notable dans le pays, il y a toujours le referendum d'initiative populaire - enfin, quand les décrets d'application seront pris).

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  150. "On" ne l'utilisera pas. Et puis la Suède a déjà décidé par referendum de ne pas faire partie de l'euro. (Étonnamment, leurs gouvernants ont respecté la volonté de leurs administrés). L'avantage des crises c'est qu'elles précipitent les événements. Et l'empire européen est tout de même plus attrayant pour qui a un peu d'ambition politique qu'un destin national. Et puis pour tout recourt à un referendum d'initiative populaire, faudrait-il encore que l'Europe politique soit construite. Mais de cela, personne n'en veut. Les peuples sont frileux. La seule chose qu'ils savent faire, c'est taper sur leur voisin. Dans moins de 20 ans, il n'y aura plus d'Etat providence.

    La manne de la peur de la maladie et de la vieillesse sera entre de bonne main, comme nous le promet déjà le frère de Sarko.

    Et je sais très bien, que vous n'avez aucune envie que les Français décident de l'intégration de la Turquie.

    Vivement l'intégration de l'Ukraine dans l'Euro. Les paysans français nous ennuierons moins avec leur PAC qui nous coûte une fortune.

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  151. La Norvège, je voulais dire la Norvège, non pas la Suède, dans tous les cas c'est la même chose.

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  152. Ce qui est bien avec les excédents de l'agriculture européenne, c'est qu'on asphyxie l'Afrique. L'Ukraine, en plus... Un régal. Ce qui importe c'est le nombre de TGV qu'on pourra leur vendre. C'est grand l'Ukraine. Bien qu'il faille encore savoir s'ils seront français ou allemands. Et ça, forcément, c'est moins drôle.

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  153. La Norvège a refusé (à une courte majorité) d'intégrer l'Union européenne, à laquelle elle néanmoins étroitement associée dans l'EEE (espace économique européen), de même que la Suisse. La Suède, elle, a refusé de faire partie de la zone €.

    Pour les Ukrainiens, la question, pour le moment, c'est: Europe ou Russie ? Qu'on ne vienne pas nous raconter que l'Ukraine n'est pas européenne, alors que tous nos rois depuis Philippe Ier descendent d'Anne de Kiev (je sais, ça ne nous rajeunit pas; mais quoi, nous sommes une vieille nation, n'est-il pas vrai ?).

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  154. Enfin zut Melchior! Vous voyez bien la crise tout de même! il n'est plus question d'histoire ou de géographie. Il est désormais question de politique. Alors, oui, je n'ai pas votre science et l'Ukraine peut bien faire de l'histoire du continent, comme la Turquie et la Russie d'ailleurs. Vive la géographie. Mais, enfin... rien sur la crise? une périphérie? Une malchance temporaire et non pas une politique définitive dans la gouvernance des faillites?

    En somme, la seule et vraie question : comment concevez vous la crise irlandaise. (un petit pays européen)...

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  155. "Exact. Cela me rassure un peu. Reste aux adversaires de tout élargissement à se constituer une minorité de blocage des 2 cinquièmes (ou encore à utiliser la procédure du referendum d'initiative populaire ?)."

    Je vous laisse Melchior dans votre rêve d'un empire européen. C'était l'exacte allusion aux soldats de l'empire : oui, certains en revinrent à pied avec 30 kilos sur le dos. mais dans quel état?

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  156. La crise irlandaise (l'Irlande est dans l'UE et dans la zone euro) ressemble vraiment beaucoup à la crise islandaise (l'Islande est hors de l'UE et hors de la zone euro). Or l'Islande se rapproche de l'UE après l'avoir longtemps boudée et demande à y adhérer...Tout comme l'Estonie demande à entrer dans la zone euro. Les dirigeants de ces deux pays seraient-ils devenus ensemble complètement fous ? Et Papandreou, serait-ce un valet du Kapital, soucieux d'exploiter son peuple ?
    Les Irlandais vont voter en janvier, que leur conseillez-vous ?
    La solution de fond, c'est la remise en cause de la propriété du capital financier. Mais c'est horriblement difficile à organiser, dans l'état actuel de la gauche, et de toutes façons, comme disait l'autre, ce n'est pas à mon âge que je vais commencer une carrière de dictateur.

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  157. Je le sais bien que vous n'allez pas commencer une carrière de dictateur, je vous taquinais général Melchior. Je ne me prends pas au sérieux et je trouve plaisant de disputer le bout de gras avec vous. En plus, je suis Normande. Vive le Nord-Ouest libre, sa crème et son beurre bio!

    Pour les Irlandais... ce bout de texte piqué chez Paul Jorion

    Publié par le Sunday Independent irlandais, un sondage révélait hier qu’une majorité de 57% des Irlandais estimait que le pays devrait faire défaut sur les remboursement de sa dette.


    Tous les détails du plan – qui ne pourra toutefois entrer en vigueur que lorsque les irlandais auront adopté leur propre budget 2011 – ne sont pas encore connus, mais ses caractéristiques principales prêtent à réflexion. Afin de réunir l’enveloppe des 85 milliards d’euros, le gouvernement irlandais aura fait tapis en apportant 17,5 milliards. Symbole parfait, le fonds national de réserve pour les retraites aura été épongé pour l’occasion. A l’opposé, le fonds de stabilité européen aura été mis à contribution a minima, comme s’il fallait garder le maximum de cartouches de ce côté-là. Il n’apporte que 22,5 milliards, dans lesquels il faut comptabiliser l’aide bilatérale de plusieurs pays, la Grande-Bretagne, la Suède et le Danemark en ayant annoncé l’intention.
    Le taux auquel ces fonds seront prêtés attire l’attention. Un taux moyen et flexible de 5,8% par an a été accordé, présenté comme en dessous des conditions actuelles de marché alors que le FMI annonce pour sa part de prêt d’également 22,5 milliards d’euros un taux de 3,12% pour les trois premières années (environ 4% ultérieurement). Laissant supposer, pour arriver à cette moyenne, que les conditions des autres prêts sont très élevées, ce qui devra être vérifié.


    Et puis cette autre, piquée chez Maurice Allais : Entre le fort et le faible c'est la liberté qui opprime et c'est la loi qui libère. Aphorisme de Lacordaire.

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  158. Un article de Frédo dans Marianne:

    FREDO4

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  159. A propos de Cantona et de la notion de "panique bancaire", cet article du Monde:
    PANIQUEBANCAIRE

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  160. Cantona toujours.
    Me voici d'accord avec Laurent Joffrin:

    L’appel d’Eric Cantona est irresponsable ? Soit. Mais qui est responsable de cette irresponsabilité ? On sait que le retrait simultané de l’argent déposé en banque par les particuliers placerait le système financier dans une situation impossible. Les banques ne gardent pas en caisse les sommes qu’on leur confie. C’est même leur raison d’être : elles transforment les dépôts en prêts qui financent les investissements. Exiger que ces sommes soient remboursées en billets, ce qui est le droit de tout déposant, c’est déclencher une panique générale. Et les banques peuvent entraîner dans leur chute le reste de l’économie. C’est ce qui s’est passé en 1929. C’est ce qui a manqué d’arriver au plus fort de la récente crise financière. Voilà pour le raisonnable. Mais pour le reste, quel symbole jubilatoire ! Pour une fois, ceux qui ont joué avec une totale désinvolture de l’argent des autres et refusé avec cynisme que les cabrioles de l’argent fou soient un tant soit peu maîtrisées, connaîtraient un début de sanction. Y a-t-il un seul spéculateur - un seul - qui ait exprimé un semblant d’excuse ou de repentir pour les souffrances sociales qu’il a causées, pour le chômage qu’il a provoqué, pour les dépenses qu’il a fallu consentir pour sauver le système ? Pour une fois, le citoyen, à son tour, montrerait ce qu’il en coûte d’ignorer le bon sens financier. Ce ne serait, au fond, que la réponse du berger en colère à la bergère cousue d’or.
    ____
    VOUI

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  161. Il est clair pour moi que cette affaire du 7 décembre est économiquement inepte (et, heureusement, vouée sur ce plan à l'échec). Mais sur le plan symbolique et politique, quelle belle manif !
    Dommage, je suis à peu près toujours dans le rouge, sinon… C'est plus jouissif que d'allumer une bougie sur son rebord de fenêtre…

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  162. Lu ceci dans Causeur. Notre âne approuverait des deux oreilles et des quatre sabots.
    Ce n’est pas parce que la guerre est une question trop sérieuse pour les militaires qu’il faut nécessairement l’abandonner aux rugbymen. Et bien c’est précisément parce que la question des banques est sérieuse qu’on a tort de l’abandonner aux footballeurs. L’initiative de Cantona – inciter les Français à retirer leurs dépôts des banques – est finalement banalement française.

    Il n’existe pas dans notre pays problème trop complexe qui ne puisse être résolu par une célébrité à l’aide d’une solution simple et fausse. C’est ainsi que la pauvreté a été abandonnée à Coluche, l’écologie à Nicolas Hulot, les sans-papiers à Josyane Balasko, l’humanitaire à Bernard Kouchner et désormais la lutte contre les banques à Eric Cantona. D’ailleurs à ce propos, je ne comprends pas pourquoi la question israélo-palestinienne n’a pas encore été confiée à David Douillet.

    Si quelques milliers de particuliers décidaient de retirer leur dépôt des banques, cela ne parviendrait pas même à chatouiller le capitalisme sous les aisselles. Plus sérieusement, retirer leurs dépôts des Monts de Piété n’a pas empêché les républicains espagnols, dans les années 1930, d’être battus par les franquistes. Bien sûr, le fait que cette proposition soit entendue, l’écho qu’elle reçoit, montre à quel point nos politiques sont désormais inaudibles, mince découverte. Mais surtout, cette proposition bouffonne conforte les esprits dans l’idée qu’il y a une certaine noblesse à apporter des solutions radicales et surréalistes à des problèmes réels. Réformer le système bancaire international est probablement indispensable: même les zélateurs les plus aveugles du cercle de la raison finissent par s’en apercevoir. Cela suppose une réflexion austère et ingrate sur les mécanismes qui rendent nos sociétés tributaires de marchés au comportement devenu non seulement irrationnel, mais aussi imprévisible.

    Évidemment, une telle démarche ne risque pas de mobiliser les foules révolutionnaires. Toutefois, elle gagnerait cependant en efficacité ce qu’elle perdrait en romantisme. Mais en France, on préfère l’exaltation du Grand soir à la prose de la gestion quotidienne. Quitte à se payer le lendemain une terrible gueule de bois.

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  163. Extraits d'un Communiqué du SNCTRS-CGT, dénonçant ce que le gouvernement est en train de mouliner pour réduire la dette publique en détruisant le CNRS.
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    Le 22 Octobre 2010, le premier ministre, François Fillon, a demandé à Pascal Aimé, inspecteur général de l'administration d'examiner «l'efficacité et l'efficience des fonctions support des organismes suivants: l'INRA, le CNRS, l'INSERM, l'INRIA et le CIRAD». Nous entrons dans la première phase de déploiement de la RGPP (révision générale des politiques publiques) dans les organismes. L'inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche vient de lancer un audit afin de :
    - rationaliser et de faire des économies d'échelle
    - rechercher l'efficacité en se concentrant sur le cœur de métier (la recherche)
    - diminuer les dépenses publiques.

    Cet audit, comme la mise en place de nouvelles structures par le Grand Emprunt et les déclarations tonitruantes du conseiller scientifique de l’Elysée, Arnold Munnich, confirment la volonté du gouvernement de liquider les EPST.

    Au CNRS, les Délégations Régionales doivent rendre leur copie le 7 Janvier 2011 à la Direction Générale des Ressources. Il leur appartient de faire remonter «la description de l'utilisation du potentiel en ressources humaines de l'établissement sur les principales fonctions supports». Les cinq premières fonctions supports qui font l'objet d'un recensement complet de leurs activités sont la gestion des ressources humaines, la gestion financière, le système d'information, les achats et le patrimoine, à savoir les Bap J, E et G. En juin 2011, l’audit s’appliquera à l’information scientifique et technique, à la formation et à la valorisation.

    A l'aide de tableaux, les services doivent extraire les ETP (équivalents temps pleins) correspondant à ces fonctions au sein des services des délégations régionales. Rien n'est laissé au hasard, les consignes sont précises comme la lame d'un scalpel. L'Administration centrale fournit une liste nominative des agents en Délégation avec le code de l’emploi associé. Les laboratoires ne perdent rien pour attendre, l’audit porte également sur trois laboratoires «tests» par Délégation. Là, pas de description des tâches détaillées, mais un recensement nominatif des agents est demandé sur les fonctions supports.

    Nous assistons à la préparation d’une restructuration au sein des établissements, qui conjuguera mutualisation, externalisation et suppressions des postes, tant en délégations que dans les laboratoires. Elle concernera dans un premier temps les :
    - gestionnaires financiers et comptables, des Ressources Humaines
    - informaticiens
    - agents des services techniques & logistiques


    Le transfert des fonctions support hors des organismes les privera de toute capacité à mettre en œuvre une politique scientifique cohérente. Cette réduction des emplois administratifs va accompagner la réduction de périmètre scientifique amorcée par le grand emprunt. Ces restructurations entraîneront des suppressions d’emplois et des mobilités forcées.
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  164. Une critique bien assénée des positions des économistes ayant pignon sur médias, dont de Boissieu, dans Acrimed:

    BOISSIEU

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