samedi 24 octobre 2009

A PROPOS DE L’ART DE CRITIQUER










A PROPOS DE L’ART DE CRITIQUER

Par Marc Lefrère

Chaque jour, à la radio ou à la télévision, se déroulent sous nos yeux ébahis, ou nos oreilles tendues, de vifs débats d’actualité à forte composante politique.

C’est la grandeur de la démocratie que d’organiser au devant du public de telles rencontres.

Encore faut-il que ces débats ne deviennent ni des pugilats ni de simples discussions du café du commerce. Malheureusement, ainsi vont les choses qu’en cherchant à éviter les premiers, on provoque parfois les secondes. A force d’édulcorer le discours pour être diplomate et être «tolérant», on finit par ne plus tenir que des propos convenus et ordinaires, comme on en entendrait dans le premier salon venu : bref, tout en prenant des airs de spécialistes entendus, et compréhensifs, on restitue seulement «l’opinion» qui ne comprend jamais grand-chose.

Cela est frappant si, comme moi, l’on est friand de toutes les «analyses politiques» : on finit par savoir à l’avance ce qui va se dire, quel que soit l’intervenant – ce qui n’est pas tout à fait rassurant, surtout si l’on n’est pas d’accord.

Lorsqu’en plus on fréquente la réflexion philosophique assez régulièrement, on finit par avoir l’esprit tordu, à examiner, presque inconsciemment, le type des arguments présentés par les différents interlocuteurs.

Mais, chers lecteurs, je vous entends déjà vous plaindre: encore un qui vient nous parler de sa vie! Un blog n’est pas le lieu d’une psychanalyse où on doit imposer ses états d’âme personnels! Un peu de pudeur, bon sang ; allez, courage, reprends tes cliques et tes claques, et reviens-nous lorsque tu auras quelque chose d’intéressant à nous dire.

Mais j’y viens, chers lecteurs, ne soyez pas si impatients. Comme disait l’autre, la critique est aisée mais l’art est difficile. Et je vous soupçonne – car nous partageons la même tournure d’esprit malsaine – de ne pas savoir faire de critiques très constructives. Si, si, j’ose.

Car enfin, si j’en crois un argument qui revient souvent dans tous ces débats dont je vous entretenais avant que vous ne m’interrompissiez (vous souvenez-vous ?), nous sommes nombreux à avoir oublié ce que c’est que porter une bonne critique.

Qui n’a jamais entendu un jour un intervenant, souvent politique, s’en prendre à un parti ou à une personne, présent ou non, en déclarant : «De la critique, de la critique ! C’est facile, ça, de critiquer. Et d’ailleurs, on ne l’a jamais vu faire autre chose que de critiquer. Mais quelles sont ses propositions ? Où sont-elles ? Il n’y en a aucune, en réalité, rien ! Au moins, moi je propose quelque chose !»

Il est vrai que ce n’est habituellement qu’un faux prétexte, et qu’au lieu d’une absence de propositions, il y a surtout des propositions contraires : c’est une manière de disqualifier l’adversaire que de prétendre que l’alternative est nulle au point d’être comme inexistante ; et ça évite d’avoir à le justifier dans le détail.

Mais admettons que ce fût vrai, admettons que nous n’ayons pas de propositions alternatives à présenter. Serait-ce à dire que notre parole s’en trouverait disqualifiée ? C’est en tout cas ce que suppose l’argument rhétorique : «taisez-vous puisque vos propositions sont nulles et non avenues !»

Et, de fait, n’est-ce pas déplacé d’oser critiquer une solution lorsque l’on n’en a pas soi-même en remplacement ? N’est-ce pas là la définition même de la critique stérile, qui ne fait que détruire et qui n’apporte rien ? Il le semble bien…

Pourtant ce n’est pas le cas. L’argument porte – et pourtant il n’est pas valable.

Pour le comprendre, il peut être intéressant de se rappeler d’abord du sens premier du mot «critique» : est «critique » ce qui est décisif. Et la «critique» est le raisonnement décisif, qui doit permettre de trancher, de décider dans les moments de «crise», ces moments révélateurs où, précisément, il ne faut plus balancer, mais faire le bon choix.

«Critique» désigne donc d’abord cette dialectique du «pour» et du «contre» qui doit permettre de mettre en évidence le chemin à prendre en faisant émerger la solution à un problème.

De ce point de vue, «l’esprit critique» est un esprit capable de réfléchir par lui-même, d’adhérer ou de rejeter une proposition en fonction de ce que lui montre l’usage autonome de sa raison.

Et, on le voit, au sens d’origine, «critiquer» n’est pas nécessairement «faire des objections» ou «parler contre». C’est soumettre à la critique et le résultat peut en être positif.

Par la suite, notre mauvais fond a fait que la plupart du temps lorsque l’on critique, on trouve à redire. Et «critiquer» est devenu synonyme de «s’opposer à». Mais c’est un usage quelque peu abusif du terme.

Et la critique stérile ou féconde dans tout cela ?

Face à un problème, la question est toujours : quelle est la solution ?

Et face à la proposition d’une solution, une nouvelle question se profile : est-ce la bonne solution ?

Une critique de la proposition doit juger de sa validité. Une critique stérile est donc forcément de celles qui ne permettent en rien d’éclairer la validité de la solution présentée – sinon elle ne serait pas sans fruits.

Mais si l’on est face à une solution mauvaise, il n’est pas nécessaire, pour présenter une critique «féconde», d’accompagner la réfutation d’une proposition alternative : la réfutation se suffit à elle-même. En présentant de bonnes objections, la critique porte de bons fruits : elle fait sortir d’une erreur.

Et l’idiotie de cette habitude où certains semblent être tombés de penser que toute critique ramenée à elle-même est sans valeur peut apparaître encore plus clairement lorsque l’on présente cette petite analogie : c’est comme si, atteint d’une maladie étrange, un «médecin» nous proposait d’avaler de grandes doses de cyanure. Sans être médecins, nous pourrions tout de même nous opposer à cette prescription. Mais voilà, il a lui aussi l’argument qui tue : «Êtes-vous médecin, vous? Et qu’avez-vous de mieux à proposer? Rien? Alors buvez!»

C’est qu’en réalité parfois ne «rien» faire est déjà faire quelque chose d’important, lorsque cela évite de commettre des âneries.

Et si l’on m’a bien suivi, il semble donc que critiquer la critique, au seul prétexte qu’elle est «sans alternatives», cela, ce soit bien une critique stérile, purement rhétorique, forcément persuasive, puisqu’elle semble opposer le «quelque chose» au «rien» - mais profondément injuste.

Alors, lorsque quelqu’un nous semblera proposer une solution erronée à un problème, n’hésitons plus à expliquer pourquoi et ne craignons pas qu’il nous soit dit «Et alors ? Que voulez-vous faire, vous, à la place ?» Car la juste réponse à cela est toute simple : «Éviter de se tromper, je crois que ce serait déjà un bon début».

94 commentaires:

  1. Cher Marc,

    Soyez le bienvenu sur ce Blog, et remercié pour cette contribution très critique.Je fais une réponse immédiate pour lancer le Billet, mais je reviendrai...

    Vous remettez à sa juste place la critique, dont d'aucuns ont soigneusement réduit la sémantique et la logique... afin d'en réduire la portée. Pas folles, les guêpes !

    Quel soulagement à vous lire!

    Mais c'est bien-sûr, et cela va tellement mieux en le disant: il n'est nul besoin d'avoir des "solutions" à un problème pour le poser clairement et pour analyser de façon dialectique les solutions bancales ou erronées qui lui sont apportées.

    Comme l'avait fait Jean un jour, vous proposez de prendre un exemple dans un champ latéral pour montrer l'inanité du raisonnement qui voudrait, au nom d'un dénigrement de la critique... tout simplement l'empêcher.

    Nous ne voulons boire ni cyanure ni ciguë, mais le miel (parfois citronné) de la bonne critique ;o)

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  2. Il y va carrément, le frère. Un vrai plaisir.
    Nos petits messieurs de la télé ont en effet bien oublié la nécessité d'avoir chacun son Aristarque. Les bons apôtres de la "pensée" positive sont proprement renvoyés jouer au sable. Bravo et merci. (Ceci est une critique).

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  3. Ce billet est nul.

    J'exerce là mon droit à la critique, telle que vous la définissez. "Mon raisonnement est décisif me permet de trancher. Je ne balance plus, je fais le bon choix... J'ai réfléchi par moi-même, et je rejette le contenu de ce billet en fonction de ce que me montre l’usage autonome de ma raison".

    Sur ce, un jean-foutre qui passait par là me rétorque que ma critique est stérile puisqu'elle "n'apporte en rien, ne fait que détruire"


    Du haut de mon savoir tout récent et de mon mauvais fond très ancien, je lui objecte que "la réfutation se suffit à elle-même". Puis le toisant du haut de ma superbe, lui conseille fort de lire le dernier billet d'humeur de... (je ne dévoilerai pas mes sources)



    Cher Marc, je suis heureuse de vous sourire aussi ici.

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  4. Chère Monica,
    Merci pour votre accueil très amical et votre commentaire sucré (personnellement, je n'aime pas trop les desserts citronnés).

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    Merci aussi à Parleur de rappeler à notre mémoire le proverbial Aristarque de Samothrace.

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    Chère Brocéliande,
    Je suis heureux également de vous retrouver ici, avec l'esprit toujours aussi acéré et plaisant (cad propre à de légères plaisanteries).

    Mine de rien, vous réussissez à faire d'une pierre deux coups: souligner, comme je le fais, qu'une critique se critique et montrer, par l'ironie, ce que la critique n'est pas (un jugement porté sans argumentaire).

    A croire que les forêts bretonnes cachent décidément encore quelques paroles magiques.

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  5. Cher Marc,

    Ceci n'est pas une critique:
    Il en est du citronné comme de la critique: parfois, de délicats zestes de citron suffisent à parfumer un met sans pour autant l'acidifier. Mais je vous épargnerai ma recette de tarte au citron, et ne m'étendrai pas sur ma préférence pour le doux vinaigre balsamique ;o)

    Ceci est une critique, constructive cela va de soi:
    En réfléchissant à votre argumentaire, je me demande s'il est possible que nous puissions apporter une critique sans avoir, quelque part en fond d'écran, quelque pensée alternative qu'il est toujours bon d'expliciter.

    Par exemple, je sursaute quand j'entends parler de "castration chimique pour les violeurs récidivistes". Je sursaute, car je ne conçois pas le viol comme un acte dont l'origine serait hormonale. Je le conçois comme une violence mimant l'acte sexuel, qu'un être met en acte contre un autre être humain à partir d'une représentation de l'autre comme un pur objet.

    Le "déclencheur" peut être psychologique, événementiel, hormonal, cérébral... qu'importe. Mais le processus lui-même est l'objectivation de l'autre.

    En proposant la "castration chimique", on occulte gravement ce processus, pour se focaliser sur l'un des "déclencheurs", biologique de préférence, puisque la mode est aux explications "naturalistes".

    Or si je me titille et me demande "Pourquoi et comment puis-je penser ce que je pense ?" (le titre de l'un de mes billets), je ne peux nier que ma critique procède d'une interprétation du monde, des rapports hommes/femmes, des relations de pouvoir, et qu'elle s'appuie fortement sur une certaine utopie des rapports sociaux.

    Donc, ma question est la suivante: dans la critique, s'il n'y a pas toujours des "solutions" au problème posé,n'y-a-t-il pas toujours un monde de possibles, à l'horizon de notre pensée ? C'est le sentiment que j'ai.

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  6. Si, c'est une critique au sens, me semble-t-il, que Marc Lefrère à judicieusement et vigoureusement rappelé.
    Tu penses que quand on critique une proposition c'est qu'on a plus ou moins quelque part dans l'idée au moins un fantôme de solution alternative. P'têt' ben qu'oui, P'têt' ben qu'non. Ça dépend.
    Il y a bien des fois où il suffit d'étudier la proposition pour voir qu'elle conduit droit dans le mur. A ce moment là, ta solution alternative c'est "faut pas aller dans le mur!" On est tous d'accord mais Jean-Foutre se fera un plaisir de te dire que t'es pas constructive. Argument bien propre à sa pateline et fielleuse engeance, oublieuse du fait qu'éviter de démolir c'est déjà pas mal. Cette petite anecdote follement amusante a pour but d'aider ton esprit merveilleusement enfantin ;-) à comprendre qu'une réflexion sur les conséquences d'une proposition peut suffire à l'écarter sans qu'on sache le moins du monde ce que diable on pourrait faire d'autre.
    Il y a bien sûr des situations où il n'y a pas de solution à proprement parler, mais des chemins possibles en fonction des systèmes de valeurs, des convictions ou fantasmes des uns et des autres, le tout croisé avec les éléments techniques. C'est la plupart du temps le cas dans le champ politique. Dans ces cas là ton commentaire me va comme un gant.
    C'était ma rubrique maso : la logique expliquée à Monica et aux autres petites filles et petits garçons. Maintenant je vais chercher mon parapluie.
    PS Je peux quand même avoir ta recette de la tarte au citron ?

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  7. Mais je suis d'accord, grand frère (bien)Parleur.

    J'ai tout de suite dit à Marc que j'étais ravie d'être autorisée à critiquer sans me voir reprocher d'être purement négative... J'étais dans le miel du soulagement.

    Mais il fallait bien que je réfléchisse et que j'aille gratter (mes zestes de citron) ailleurs. Autrement, ce n'était plus du jeu, quoi. Tu m'aurais suspectée d'être par trop consensuelle, hou la vilaine...

    En fait, tout dépend du type de problème posé.Pour le problème très lourd que j'ai évoqué (l'ombre du phallus qui chute se profilait aïe aïe aïe, crac), il est évident que ma critique procède d'un fond d'écran très très chargé.

    Je te ferai une tarte au citron.

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  8. Cher Marc,
    Il y avait effectivement, dans cette courte réponse de bienvenue, un exercice fort malhonnête. Citer en tronquant. Mais aussi « angler » (choisir un angle d'attaque). Faire ressortir une information au détriment des autres. Ou bien, dans un autre langage, éclairer, mettre en valeur. Pour exemple, l'on pourrait ainsi à loisir comparer les articles de différents journaux sur l'affaire Clearstream, à la lumière des comptes rendus chronologiques offerts par la Tribune.fr. Edifiant, mais encore... et alors

    Quant à la seule forêt bretonne qui mérite encore cette appellation et cet étrange mystère à la Gustave C., rien ne vous assure qu'Homère, nous contant le voyage d'Ulysse, n'ait pas volontairement omis, fieffé poète, de nous relater l'intégralité des aventures de Personne.

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  9. À Marc Lefrère

    Je crois que la question présente deux volets très différents, selon que l’on est sur le « moment » de l’analyse philosophique ou scientifique, ou sur celui de la délibération avant voire pendant la prise de décision et l’action.
    Sur le premier volet ou moment, on ne peut qu’être d’accord avec vous, et reconnaître à chacun un droit illimité à la critique, et donc refuser l’argument rhétorique que vous dites.
    Sur le deuxième, il en va différemment: il faut bien se prémunir contre une analyse interminable, et, comme on dit, « passer au vote ». Alors la question: « où veux-tu en venir, à la fin ? » ne paraît pas illégitime.

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  10. Donc donc, on en revient à contextualiser la critique.

    Je suis fort aise d'admettre qu'il est des cas où la critique de raison pure suffit pour montrer qu'on va droit dans le mur. Si vous me donniez un exemple, Marc et Parleur, ce serait plus clair à mes yeux de grande pragmatique dialectique qui aime casser les briques ;-)

    Dès qu'on entre dans le champ de l'action sociétale, j'arrive moins bien à me représenter la critique d'une question, qui ne soit pas sous-tendue par des notions en amont (histoire) et en aval (prospective).

    Entendons-nous bien: je ne pense pas que nous ayons nécessairement "la" ou même une "bonne" solution.

    Par exemple, considérons l'emprisonnement forcené des jeunes délinquants. On sait que la prison est une fabrique et/ou une exacerbation de la délinquance, et que la politique du tout répressif va droit dans le mur. On critique, en argumentant. Mais critiquer le tout répressif ne suffit pas: il faut concevoir des alternatives.

    Sur certains sujets, ou à certains moments, comme le dit Melchior,il faut avoir quelque idée en (et derrière la) tête... Non ?

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  11. "Sur certains sujets, ou à certains moments, comme le dit Melchior,il faut avoir quelque idée en (et derrière la) tête... Non ? "
    Si. C'est mieux. Mais si on n'a pas à proposer un truc dont on est à peu près sûr, ce n'est pas une raison pour se taire et qui-ne-dit-mot consentir.

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  12. Au moins dire en langue de politipropylhaine :
    “Vous refusez la critique que je porte à votre proposition au fallacieux prétexte que je ne propose pas de solution au problème que vous posez! Mais votre proposition n’est pas une solution , elle est un problème futur face à une situation actuelle que vous présentez comme un problème en l’exposant si mal qu’il est sans solution qui soit préférable à la situation constatée.”

    C’est évidemment sans impact sur la tarte aux citrons (je la préfère très acide) qui n’est la solution d’aucun problème mais une solide solution sans risque. Je peux en avoir une part?

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  13. Ah ben oui, querido Hermano Parleur.D'ailleurs, il ne faut jamais se taire quand on voit que "ça" va droit dans le mur, Damned!

    Mais je reviens à un passage du Billet de Marc, qu'il ne faut pas escamoter: «Critique» désigne une "dialectique du «pour» et du «contre» , l'esprit critique étant un un esprit capable de réfléchir par lui-même, d’adhérer ou de rejeter une proposition en fonction de ce que lui montre l’usage autonome de sa raison. Et, on le voit, au sens d’origine, «critiquer» n’est pas nécessairement «faire des objections» ou «parler contre». C’est soumettre à la critique et le résultat peut en être positif.

    Mais qu'avons-nous fait avec notre tournure d'esprit malsaine (;o))? Nous avons pensé à ce qui va dans le mur...

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  14. Bon, je vois le travail très critique que je vais devoir faire: il s'agira de préparer deux tartes au citron: une douce (comme je l'aime) et une acide (pour Caroline).

    J'adore ton politipropylhaine, Caroline : excellent néologisme, qui va comme un gant (de crin) à nos zélites.

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  15. Mea culpa. J'incrimine à la fois la pesanteur de l'histoire récente du mot et mon état de manque en matière de tarte au citron.
    Mais je veux bien quand même partager avec la Caroline.

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  16. Oserais-je répéter que je n'aime pas les tartes au citron? Aïe, me voilà déjà critique envers mon hôte, ce qui n'est pas très urbain.
    Alors je me rattrappe et vous conseille d'en faire à profusion, puisque je suis minoritaire; et je prendrai déjà du plaisir à voir le plaisir que vous prendrez à en manger, d'autant plus que j'offrirai ma part au plus offrant.

    Mince, j'ai encore gaffé à la fin.

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    Melchior, vous avez bien raison de souligner le fait qu'il est un moment où il faut se décider et que l'on ne peut faire persister l'analyse continuellement.
    Mon propos se concentre sur la phase d'analyse (quel que soit le temps qu'on peut lui consacrer) : dans cette phase, on ne doit pas rejeter la critique sous pretexte qu'elle serait purement réfutative. Si elle permet de mettre en évidence une erreur, elle permet d'ouvrir la réflexion à la recherche d'une nouvelle solution.
    Car l'erreur peut bien faire empirer la situation.
    En outre, si le refutateur n'a pas lui-même d'autres solutions, un autre pourra peut-être penser à en proposer une. Mais pour cela, il faut d'abord admettre la réfutation proposée, et ne pas la rejetter au seul pretexte qu'elle est "nue".
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    Monica demande - et c'est en effet une question intéressante : mais si l'on fait une réfutation, n'a-t-on pas forcément une petite idée d'une solution?
    La réponse, à mon sens, est... oui et non (c'est-à-dire qu'il faut préciser).

    L'exemple de mon médecin montre bien que l'on peut percevoir une erreur sans connaitre la vérité de remplacement.
    Evidemment, il faut alors "sentir" ce qui empêche la proposition d'être valable pour chercher à en faire la réfutation. Et ce "sentiment" sera d'autant plus fort que l'on aura déjà une certaine idée de la question, comme vous le disiez. Mais je peux savoir que le cyanure est un poison sans savoir ce qui peut me guérir : j'ai donc bien des connaissances, assez pour réfuter, mais pas assez pour trouver une alternative.

    Par ailleurs, si on réfute "la solution est X", on prouve que "la solution n'est pas X", c'est-à-dire que "la solution est non-X".
    Autrement dit, sans savoir ce qu'est, dans le détail, la solution, on sait déjà ce qu'elle n'est pas : et on peut donc en approcher un peu (même si, évidemment, "non-X" peut vouloir dire beaucoup de choses).

    Et, inversement, si on réfute "la solution est non-X", on prouve que "la solution est X".

    Mais, le plus souvent (à cause de la généralité difficile à atteindre pour discuter de "non-X"), réfuter n'est pas prouver; et c'est pour cela d'ailleurs que lorsque deux personnes discutent et défendent des positions différentes sur un sujet("La solution est x" et "la solution est y"), il ne suffit pas que l'une réussisse à réfuter l'autre pour qu'elle ait prouvé qu'elle a raison : il est encore possible qu'ils aient tous les deux tort ("la solution est z, qui n'est non-x ET non-Y").
    Ce qui, évidemment, n'arrange pas nos affaires..

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  17. (A la fin de mon commentaire précédent, il faut évidemment lire :
    "la solution est z, qui est non-x ET non-Y"

    Un "n'" en trop s'était invité sans autorisation dans ma phrase, le malpoli).

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  18. Marc, je vais faire un terrible aveu: je ne suis pas une fana de la tarte au citron. Mais de zestes en (bonne pâte), on a fini par rouler les tartes...

    Nous préparerons donc lors de notre prochaine fête des gâteries variées..sensibles aux variations interindividuelles.

    A cette heure, je conclus que la réfutation est difficile, soumise à la critique de la critique... Poupées russes ou salle des miroirs infinis?

    Point de butée: le mur dans certains cas, les plus clairs.
    Dans d'autres cas: le moindre mal.

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  19. Chère Brocéliande,

    Le terme de votre message, tel l'énigme d'un sphinx amical, m'a plongé dans des abîmes - obscures mais chaleureux - de réflexion dont je ne suis pas bien sûr de m'être tiré convenablement.

    Que Brocéliande pût être associée, d'une manière ou d'une autre, à la grotte de l'amoureux éconduit et, plus tard, aveugle Cyclope, cela, je dois bien le dire, ne m'effleura pas un instant - même si, certes, Personne (ne) la visita.
    Mais il est bien possible qu'approfondir ce point se révélât tout à fait plaisant, à moins que l'on ne considère que, pour ce fil, ce soit un peu déplacé.

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  20. Déplacé, que nenni, Marc. D'ailleurs ce Fil est le vôtre.

    On rêve de forêts ensorcelées, on tombe dans des grottes habitées de n'a qu'un oeil... Y aurait-il là comme un petit pion d'erreur placé par une malicieuse Broceliande?

    Marc, séance de travaux pratiques!

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  21. Monica, si tu préfères faire de la mousse au chocolat, il n’y a pas de problème.

    Pour gagner une bouchée ( je suis partageuse) de la part de Marc (enchantée) juste quelques mots :

    L’absence de solution à l’exposé d’un problème peut avoir trois causes, hors l’incompétence :
    - l’absence effective de solution pertinente et dans ce cas il n’y a pas de problème mais juste une état sur lequel nous ne pouvons avoir d’intervention positive;
    - l’absence d’imagination pour envisager une solution face aux inconnues introduites;
    - le mauvais angle sous lequel est posé le problème;

    Exemple : Le problème de tous les gouvernements depuis 30 ans : Résoudre le chômage de masse autrement évoqué en retour au plein emploi décemment rémunéré. Le problème n’est pas comment résoudre le chômage mais comment redéfinir la notion de travail alors qu’il faut désormais un index pour produire autant que 50 paires de bras il y a 50 ans et que beaucoup d’index occupés le sont déjà a des travaux nuisibles ( produire des suremballages par exemple) qu’il conviendrait d’interdire.

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  22. Mais voilà, Caroline, tu réponds à mes vœux: tu prends un exemple. Damned !

    Parleur et Marc ne l'ont pas encore fait. J'avais beau ramener ma fraise avec la castration chimique et la prison (de la grosse caisse, pourtant), ça n'a pas mordu.

    Marc nous parle du cyanure, mais l'exemple sent trop l'amande amère pour que j'y croie une
    seconde. Les patients ne sont pas idiots: ils n'acceptent pas facilement des remèdes mortels,ils prennent un second avis, ou ils consultent Internet.

    "Castration chimique" est une réponse erronée à une question mal posée (qu'est-ce que le viol?)et à un sujet défini de biais(le viol est un rapport sexuel dont l'origine est hormonale).

    Je suis d'accord avec toi:il en est de même pour la valeur travail. Le problème est posé dans des termes obsolètes, qui ne correspondent pas à l'évolution sociale. Les alternatives proposées, prisonnières de cette définition, sont donc toutes erronées.

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  23. Tout comme pour la réponse d'Ulysse, « Mon nom est Personne » au cyclope, on en revient à la connaissance que l'on a du problème donc à ce qui fait l'opinion. C'est très parlant dans l'exemple de Monica sur la castration chimique. Voilà bien un choix politiquement orienté ou le leurre d'une réponse radicale et simple à un problème complexe... Solution que je peux réfuter si je sais qu'elle a déjà été expérimentée sans grand succès ; si je « sais déjà ce qu'elle n'est pas » Critiquer faisant état de la connaissance ou méconnaissance (ce qui est exactement la même chose) que j'ai d'un problème, je ne sors donc pas de l' «opinion ». « Où veux-je en venir », dites-vous Melchior? A ce qu'est l'opinion, qui d'après Marc, ne comprend jamais grand-chose.

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  24. Mais, Brocéliande, il me semble que si nous parvenons à sortir de l'opinion commune - des stéréotypes, de la pensée unique, du prêt à penser qui fut appelé un temps "l'idéologie" et que d'aucuns appellent aujourd'hui, en termes plus informatiques, le "formatage" - c'est parce que ce système de représentations est plus contradictoire qu'il n'y paraît.

    C'est parce qu'il y a des failles, des lignes de tension et de rupture dans ce système, que nous pouvons poser des questions en dehors de son hégémonie.

    J'ai travaillé sur deux questions fort difficiles à cet égard: la folie et le genre. J'ai alors pu toucher du doigt cognitif la force de l'opinion, de la pensée unique, et ses failles. Sans les failles, je n'aurais même pas pu penser ces deux objets.

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  25. Oui, mais je crois qu'il faut distinguer idéologie et formatage.
    Une idéologie, on y adhère, on y croit, on en est convaincu.
    Un formatage, on le subit sans le savoir.
    Il est vrai qu'une idéologie dominante a tendance à formater les gens à leur insu en se travestissant en "bon sens" qui ne fait que suivre les "lois naturelles". Et ce con de Sarkozy y croit. Cependant, distinguons…

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  26. Ce que vient de dire Parleur à propos de la distinction entre idéologie et formatage me semble important. Comment peut-on introduire ici ce que l'on nomme « l'air du temps ». Comme par exemple « le principe de précaution » dont on sent tout le poids dans les discussions sur la contribution climatique (ou taxe carbone, en fonction de l'idéologie) ou bien dans les débats portant sur la récidive en matière d'agression sexuelle...

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  27. Formatage désigne la préparation d'un support afin de recevoir des données.Il s'agirait donc, effectivement, d'un façonnage du corps et de l'esprit.

    Un adhérente des "chiennes de garde", Golden, a ainsi en 2006 défini le formatage obligatoire des filles:

    Prenez un être humain de sexe féminin qui vient de naître. Le formatage fonctionne mieux et se fait moins douloureusement lorsque les acquis vitaux se font en même temps que le formatage.

    1°) Restreignez sa liberté de mouvement :
    - Par l’apprentissage de la peur (histoires de viol, dont sont truffés plein de films, de discours etc).
    - Par le chantage à l’affectif (altruisme, don du sacrifice de soi appelés "gentillesse" et récompensés par le groupe) et la découverte de la culpabilité(diminution des tendances à l’égoïsme appelées "méchanceté", et sanctionnées par des punitions.

    2°) Valorisez au maximum son aspect extérieur en usant de mimétisme avec les standards en rapport avec la société dans laquelle vous vivez et les vêtements que les membres féminins de votre famille portent.
    Approbation de la fille lorsque son aspect extérieur est conforme. Dans le cas inverse : ignorez-la ou isolez-la le temps qu’elle comprenne les désagréments que lui font encourir son comportement... pouvant aller jusqu'aux tortures ou aux meurtres. Le meurtre élimine la brebis galeuse et fait figure d’exemple.

    3°) Il est bien que la petite fille, dès son plus jeune âge, se sente apparentée viscéralement au groupe féminin et qu’elle recherche en priorité l’approbation du groupe masculin, qui doit lui inspirer le respect, l’amour, la peur, et doit lui être hermétique de part ses codes, ses droits et ses comportements.

    Comme la domination masculine ne tient absolument pas face à la raison, il faut utiliser l’irrationnel afin que la petite fille en formatage ne puisse pas trouver de réponse à certaines questions, et surtout qu’elle évite de les poser.

    Pour arriver à ce résultat, il faut prendre appui sur le groupe et la culture pour asseoir et justifier de telles exactions (pieds bandés, excision, cou des femmes girafes, double journée de travail chez les occidentales, salaires moindres, droits sociaux et légaux restreints, prostitutions diverses, utilisation du corps féminin à outrance à des fins mercantiles, etc.). « Tradition » est un mot épatant pour faire accepter pas mal de choses assez dérangeantes au regard des droits de l’être humain.

    • Insistez sur la tâche noble et gratuite - le noble et le gratuit sont deux concepts très attachés l’un à l’autre - qui leur est dévolue: reproduction, élevage des petits, assistance à l’homme.

    • Écartez les femmes de tout endroit où elles pourraient se retrouver entre elles, discuter et avoir une influence quelconque sur la vie de la planète : religion, politique, économie... Utilisez au maximum le plafond de verre. Cantonnez-les à l’espace privé (sphère domestique).

    • Déstabilisez-les en permanence en les dénigrant physiquement et intellectuellement. Par le biais des religions, des médias, des publicités, des modes vestimentaires, par le relais permanent des exploits sportifs ou intellectuels des hommes, et l’oubli de ceux des femmes, par l’étude d’une histoire du monde écrite par les hommes où les femmes apparaissent sporadiquement, par l’encensement des œuvres littéraires, philosophiques et artistiques des hommes et en exprimant dédain ou peu d’intérêt pour celles des femmes.

    • Mettez-les en concurrence affective et sexuelle en permanence.
    And the last, but not the least...

    Appelez Dieu à la rescousse. Pour inculquer des comportements irrationnels, c’est le plus haut niveau que l’on puisse trouver.

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  28. Cornebidouille... ça jette un froid! Surtout si Dieu s'en mêle, sacrebleu. Et pour les mecs, cela donnerait quoi? Chuis sure qu'ils s'en sortent mieux les saligaux... :)

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  29. Coucou Brocéliande,

    Pour des raisons techniques, j'ai dû couper le Billet de Golden, et pour ne pas choquer nos amis mâles (si adorables sur ce blog ;o) j'ai édulcoré des passages, car la chienne de garde aboyait fort bien ma foi, et s'en prenait un tout petit peu aux hommes, des espèces de patriarches imposant la Loi aux filles. Ouaf Ouaf! Grr ! Grr!

    Les garçons sont aussi formatés bien-sûr mais, dans l'ensemble, on va dire (ma diplomatie m'étonne ce soir) qu'ils sont avantagés dans le système, car ils occupent la position de "dominant".

    Référence du billet de Golden:
    http://www.chiennesdegarde.com/article.php3?id_article=453%0D

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  30. Dans Agoravox, présentation d'un livre « L'heure des infos. L'information et ses leurres" (Golias)

    http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/extraits-d-ouvrages/article/agoravox-inspirateur-d-un-livre-l-63891


    Le livre propose un classement des leurres qui permettent d'occulter deux des données structurelles de « la relation d’information ».
    L’une est le principe fondamental auquel elle obéit : nul être sain ne livre volontairement une information susceptible de lui nuire. L’autre est l’infirmité native de la perception de la réalité par l’être vivant : il ne perçoit la réalité qu’à travers le prisme déformant de médias et donc ne peut prétendre qu’à «une représentation de la réalité plus ou moins fidèle» ; selon l’image de Paul Watzlawick, on n’accède jamais au «terrain» mais à «la carte» qui le représente.

    Les leurres tentent de maîtriser deux propriétés de l'être humain: l’exigence de rationalité - ou besoin de comprendre - qui peut être trompée ou paralysée par des leurres ; et l’exigence d’irrationalité - ou besoin de voir ses pulsions ou désirs satisfaits - que les leurres peuvent canaliser voire suborner en stimulant des réflexes.

    Les leurres ont une fonction spécifique dans «la relation d’information». Car, avant d’être la stratégie de la malignité, le leurre est le produit de la nécessité. L’information est, en effet, «la représentation d’un fait donnée volontairement ou au contraire dissimulée, ou encore extorquée », sur laquelle s’exercent trois contraintes inexorables :
    1- la contrainte des motivations de l’émetteur,
    2- celle des médias, diffuseurs et récepteurs d’information,
    3- celle des propriétés du récepteur.

    La notion de «relation d’information», a été évincée par celle de « communication » qui est devenue un leurre. Car cette relation n'est pas dépourvue de toute intention ou de tout effet d’influence entre un émetteur et un récepteur. Pas plus qu’on ne peut échapper à la loi de la pesanteur, on ne peut se soustraire à celle de l’influence quand deux êtres vivants, hommes ou animaux, entrent en contact l’un avec l’autre.

    La prétention à s’affranchir de la loi d’influence s'appuie (a) soit sur la notion de déontologie ou d'éthique, qui bute sur les contraintes qui s’exercent sur l’information; (b) soit sur l'idée d'un changement de société fondée, par exemple, sur le respect des droits de l’homme permettant d’assurer une information fiable, ce qui jusqu'alors ne s'est jamais vérifié.

    Il s'agit donc de vivre avec la loi d’influence comme avec la loi de la pesanteur. La nier est le premier leurre dont il faut se garder pour accéder à une représentation de la réalité la plus fidèle possible. C’est à cette condition que la transformation du monde devient possible.

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  31. Pour rigoler un peu, un commentaire que m'a envoyé mon amie Julie, sur la façon dont, sur les forums, s'organisent certaines discussions.
    Fiat lux ! je coupe en deux car c'est trop long.
    _____________________________
    Combien faut-il de forumeurs pour changer une ampoule?

    1 pour changer effectivement l'ampoule ayant grillé et poster afin de dire que l'ampoule en question a été changée avec succès.

    24 pour dire qu'eux aussi ont également changé une ampoule un jour et pour évoquer les mille et une façons différentes d'y parvenir.

    36 pour dire qu'eux aussi ont également changé une ampoule un jour et pour évoquer les péripéties qui leurs sont arrivées.

    9 pour avertir des dangers encourus lors d'un changement d'ampoule.

    12 pour souligner les fautes d'orthographe dans les messages précédents et pour dire qu'un minimum d'attention serait le bienvenu et que le style télégraphique, sténo, sms est extrêmement pénible à lire, en particulier pour les non-francophones qui font l'effort de venir dialoguer ici et que tout ça montre le peu de respect qu'ils ont envers les autres membres !
    48 pour engueuler ceux qui jouent les profs de français et les correcteurs de fautes d'orthographe.

    12 pour corriger les fautes de ceux qui engueulent ceux qui jouent les profs de français et les correcteurs de fautes d'orthographe.

    4 pour philosopher sur le bien-fondé de dire "ampoule électrique" plutôt que "lampe".

    7 pour taxer les 4 précédents de "coincés du cul".

    1 professionnel de l'industrie pour dire que le terme approprié est "lampe à incandescence".

    14 je-sais-tout-et-j-ai-tout-vécu pour prétendre avoir travaillé dans l'industrie de l'ampoule électrique et pour dire que "ampoule électrique" est parfaitement correct et était couramment employé dans l'entreprise où ils ont travaillé.

    99 pour rappeler que le forum ne concerne nullement les ampoules électriques et qu'il serait de bon ton, s'il vous plaît, que les modérateurs mettent de l'ordre là -dedans.

    199 pour défendre fermement le sujet vu que tout le monde utilise une ampoule électrique et vu que chacun est libre de discuter des sujets qui le passionnent et que, donc, le sujet en question a parfaitement sa place ici.

    256 pour débattre sur la meilleure technique pour changer une ampoule, sur où acheter les meilleures ampoules électriques, sur quelles marques sont les mieux adaptées à ces techniques et sur lesquelles il vaut mieux éviter.

    18 pour poster des adresses de sites où l'on peut découvrir les différentes ampoules électriques.

    8 pour poster des adresses de sites en anglais où l'on peut découvrir les différentes ampoules électriques vendues en Angleterre.

    8 pour poster des images des différentes ampoules électriques.

    4 pour poster des images des différentes ampoules électriques vendues en Angleterre.

    1 marseillais pour dire qu'à Marseille il y a suffisamment de soleil pour pouvoir se passer d'ampoule électrique.

    35 pour dire qu'ils ont une confiance très limitée dans l'ampoule électrique et son marché, et qui donnent des adresses de sites pseudo-scientifiques dédiés aux solutions alternatives pour produire de la lumière.

    3 pour dire que les filles ne savent pas changer une ampoule électrique.

    1 pour sonner le rassemblement des cyberchieuses pour rabattre le caquet aux machos.

    48 cyberchieuses pour insulter les machos.

    4 garçons pour leur donner raison.

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  32. Suite de comment changer une ampoule.
    ________________
    27 pour signaler que le droit à la lumière n'est pas inscrit dans la Déclaration des Droits de l'Homme.

    27 pour regretter que le droit à la lumière ne soit pas inscrit dans la Déclaration des Droits de l'Homme.

    7 pour dire que l'origine du claquage de l'ampoule électrique est peut-être surnaturel.

    77 pour raconter des anecdotes surnaturelles.

    8 pour dire que les claquages des ampoules électriques étaient bien moins courants avant les 35h.

    4 pour accuser les islamistes.
    6 pour insulter les gauchistes.

    1 pour accuser Sarkozy et demander sa démission.

    16 pour signaler que les adresses indiquées comportent des erreurs et pour envoyer les bonnes url à la place.

    2 pour dire que chez eux, ils ont remplacé les ampoules électriques par des tubes au néon et que, depuis, ils remplacent très rarement ces tubes.

    26 pour demander les sources des articles cités.

    3 pour dire qu'ils quittent le forum parce qu'ils ne comprennent pas que l'on puisse ainsi polémiquer sur les ampoules électriques.
    2 pour créer leur propre forum.

    6 pour dire qu'il faut établir une FAQ concernant les ampoules électriques.

    19 pour apporter une solution informatique pour la réalisation d'une FAQ sur les ampoules électriques.

    19 pour dire que les solutions des autres ne sont pas possibles et comportent de grosses lacunes de sécurité.

    57 pour demander ce qu'est une "FAQ" au juste.
    15 pour les qualifier de troll.

    57 pour demander ce qu'est un troll au juste.

    46 pour dire que dans toute maison, il doit impérativement y avoir des bougies de secours au cas où une ampoule grillerait.

    4 pour dire qu'ils n'utilisent jamais d'ampoules électriques, mais uniquement des bougies.

    9 pour demander si on n'avait pas déjà parlé de ça plus haut ?

    9 pour demander si on avait pas déjà fait un fil là -dessus ?

    87 pour conseiller de toujours faire une recherche avant de lancer une discussion.

    57 pour conseiller de lancer une recherche avec google sur les ampoules électriques.

    1 pour répondre 6 mois plus tard et tout relancer.
    ___________________
    OUARF !
    Pardon, Parleur, je t'ai réveillé ;o)

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  33. Oui. En sursaut. De rire.
    Et puis, dans ce miroir déformant et grotesque, devinez ce qu'il m'a semblé apercevoir ?
    Mon propre reflet.

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  34. Héhé, une plaisante analyse!

    On pourrait peut-être ajouter :
    - 0,5 qui trouve là une bonne illustration de la manière dont les forums fonctionnent et qui se lance dans une analyse
    - 10 qui indiquent qu'il vaut mieux dire "fora"
    - 68 qui leur font savoir aimablement ce qu'ils en pensent
    - 3 qui en concluent de cette ambiance que l'on est là dans un repère de nazillons qui, sous prétexte de répandre la lumière, ne font que participer à l'obscurcissement environnant.

    ET surtout :
    - l'insatisfait chronique qui ramène sa fraise et qui en rajoute aux commentaires des autres,même lorsque ceux-ci sont déjà bien complets!

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  35. Oui, querido Parleur, j'ai aussi trouvé cela délicieux et tellement vrai. Sans l'auto-dérision, que serions-nous sinon des abrutis pérorant ?

    Il suffisait au fond de prendre l'exemple d'une simple ampoule pour mettre à nu les filaments de ces "dialogues" que les gens tiennent sérieusement, fiches de lecture en main ou Wikipédia en bout de souris...

    Rien de tel que le pastiche (51) pour faire surgir la futilité et la connerie de certains "échanges" sur le Net.

    J'adore rire, c'est tellement bon. Argh ...

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  36. J'ai proposé à Melchior de poster ce petit texte hilarant sur Le Blog de coqauvent, sur Mediapart.

    Peu d'intervenants ont compris l'humour, à ma stupéfaction.

    Une réaction sidérante:
    ------------------------------------------------
    Sujet de bac : "Qu'est-ce que la méchanceté?"

    Deuxième option : "Pourquoi relancer quand les choses s'apaisent?"
    29/10/2009 14:22Par Pierre Ferron
    -----------------------------------------------

    Euh, nous ne vivons manifestement pas à la même ère et à la même heure exquises...

    "Là-bas", ils auraient besoin de Pastiche 251 au moins. Seule l'élite a droit de faire l'auto-dérision. Les autres, c'est pure méchanceté.

    OUARF!
    Pardon Parleur, j'ai dû te réveiller de ta sieste ;o)

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  37. OUARF!
    j'y ajouterai :

    les 0,999 forumeurs qui commentent les commentaires par mp ;

    les 0,999 999, pas obligatoirement les mêmes, qui transfèrent la discussion sur leur propre blog,

    les 0,999 999 999 lecteurs muets qui s'énervent à lire un fil aussi long sans jamais savoir dans quel sens il faut tourner l'ampoule (pour la visser, suivez bande de nazes) ;

    Enfin le décideur hexagonal, l'homme responsable, qui fort dépité par tant d'heures perdues sur ces forums lancera l'idée lumineuse : "il faut remettre la France au travail"

    Mais le vrai débat est bien celui soulevé par Pierre : Qu'est-ce que la méchanceté?

    Moi par exemple, si je n'étais pas aussi lâche et si j'avais un brin de talent,
    j'aimerais être foncièrement méchante tout le temps. Je plumerais le coq ou pire, je le ferais tourner en bourrique. Alors, pour me consoler, j'assiste tous les dimanches aux jeux du stade et cela me fait plaisir...
    - T'as vu Raymond, z'en ont trucidé un autre. OUARF!
    -j'voudrais pas dire Bibiche, mais on est Jeudi...
    -Et alors pauv'e clôche! J'chuis rentrée de l'usine depuis une demi-heure et t'as toujours pas mis la table! Fonctionnaire!
    Aucun talent.

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  38. à Brocéliande

    Plumer le coq: pas facile quand il est en fer, installé en haut du clocher, et bouge tout le temps au gré du vent... Je crois savoir qu'il s'amuse, mais ça n'a qu'un temps.

    Un trait remarquable du Net, et pas seulement du lieu-que-nous-savons, est le manque d'humour. J'y vois deux raisons: la virtualité (l'intention peut échapper même aux gens bien pourvus en sens de l'humour à cause du manque de contexte), et l'effet Gresham: les interventions à esprit de sérieux tendent à éliminer les autres, par découragement.

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  39. Il est en enfer le coq, chère Bourrique. Sans doute, parce que ce qui a été n'est plus. Mais encore...

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  40. Réveiller Parleur…
    Zzzzzzz… Quoi, comment? C'est la p'tite Espingouine qui me cherche ? A va m'trouver, Vinguieu.
    NB Cette analyse vaut ce qu'elle vaut. Essayez de faire mieux si vous êtes si malins.

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  41. Petite critique: ce billet et ce fil sont trop riches, et une synthèse ordonnée serait trop difficile. Pour en revenir au billet, et à ma distinction des deux moments (si elle est retenue) le problème, c'est de déterminer le passage de l'un à l'autre: à quel instant bascule-t-on de la poursuite utile de l'analyse critique à la délibération de l'action ? Ce n'est pas du tout évident. D'autant plus que la prise de décision commence avant ce point et l'analyse théoriquement utile se poursuit après.
    (cela pourrait se déterminer graphiquement si on pouvait donner des valeurs numériques, et communes, aux différents états d'analyse et de décision).

    Un cas rencontré sur le site que nous savons: un billet consacré (par POL) à l'action à mener contre le réchauffement climatique. Clairement, le problème posé par le fil était: vu les dangers du réchauffement, comment se mobiliser ?
    Mais le fil a bien vite tourné à: est-ce seulement bien vrai ? Et si Claude Allègre avait raison ? C'est une invention des néo-libéraux, etc. etc., au grand dam de POL et de votre serviteur.

    Pardon d'avoir été un peu confus.

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  42. Une synthèse semble possible, en repartant du billet de Marc et des problèmes que nous avons posés, les "digressions" pâtissières et volatilesques colorant humainement les échanges sans les altérer. La critique s'exerce de tant de façons...

    Le sérieux doit toujours se décliner avec le ludique, faute de quoi il se dessèche et devient mortel. La réflexion doit être inscrite dans la vie, l'affectivité, ce sur quoi, selon Damasio, Descartes aurait eu tort et Spinoza raison...

    Donc, cher Melchior, je propose que nous fassions une synthèse, à partir d'exemples concrets, de la façon dont on peut critiquer sans (nécessairement) proposer, puis proposer de façon critique pour agir:
    - le formatage des filles
    - la définition sexuelle du viol
    - la notion de travail, définie de façon obsolète et nourrissant des réponses inadaptées
    - le réchauffement climatique.

    Tout cela, en ayant à l'esprit la force des "leurres" induits par les informations dont nous sommes submergés, les idéologies...l'exemple du réchauffement climatique étant de ce point de vue exemplaire.

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  43. Devant la question ambarassante (mais intéressante et importante) que vous posez, Melchior, voici quelques réflexions que je me fis.

    Je crois qu'il ne faut pas trop opposer "réfléchir" et "agir" (comme d'autres ont opposé "les commentateurs" et les "acteurs").
    Votre exemple montre plusieurs choses :

    - Face à un problème, par définition, ne pourront agir pour essayer de le solutionner que ceux qui auront perçu l'existence du problème.
    - Ceux qui ont perçu le problème ne pourront agir de manière concertée que s'ils sont d'accord sur la solution à apporter.
    - Le problème n'a une chance d'être résolu que si l'une des solutions retenues est la bonne.
    - Enfin, le problème sera résolue si l'on réussit à mettre en œuvre cette bonne solution.

    L'action "positive" (la mise en œuvre) est l'aboutissement de toute une série d'analyses.

    (Il est possible aussi que la bonne solution soit appliquée par hasard sans trop qu'on s'en aperçoive ou découverte tout à coup par chance... mais c'est une voie incertaine et risquée!)

    On voit bien par votre exemple que, face aux gens qui ne croient pas en l'existence du problème, c'est déjà agir, en un sens, que de présenter les arguments qui démontrent son existence. Car - sauf à avoir les pleins pouvoirs et à imposer aux autres nos décisions - on ne peut pas leur imposer une action qu'ils ne veulent pas. La succession des "phases" précédente risque de se trouver bloquée. Il faut donc les convaincre.

    En ce sens, l'analyse (la critique au sens large) est le principe de l'action, à laquelle elle doit finalement mener.

    Je ne sais pas trop si cela répond à votre interrogation, mais je ne vois pas bien comment on peut faire : il me semble que l'on est obligé de passer par les phases décrites ci-dessus.

    Ce qui n'implique pas d'attendre que tous soient convaincus pour se concerter, évidemment - en ce sens, si le billet de POL invitait à se concerter, ceux qui n'y croyaient pas auraient peut-être pu/du s'abstenir d'intervenir. Si ce n'est que cela permet de constater la résistance qui existe encore.

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  44. On peut compléter mon "schéma" (pour le remettre davantage en relation avec mon billet) en précisant que la critique intervient à deux endroits :
    - pour déterminer quel est le problème (et donc si le problème existe).
    - pour déterminer quelle est la bonne solution (et comment on peut l'appliquer - car une solution inapplicable est-elle bonne? A voir).

    Dans mon billet, j'évoquais essentiellement la critique des solutions. Dans le fil de POL, il s'agit d'une critique du problème.
    Bon, je signale cette différence, mais je ne suis pas bien sûr qu'elle soit très utile.

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  45. Merci à Monica et à Marc pour les trois derniers commentaires. Je me propose d'y réfléchir un peu. Ce sera toujours autant d'attention soustraite au lieu qui... au lieu que... Méthode: appliquer ce que dit Marc aux cas concrets cités par Monica.

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  46. J'approuve le coq en fer forgé, ce billet est beaucoup trop riche en calories.
    Je suis beaucoup plus circonspecte sur le faite d'appliquer immédiatement des exemples genre «qu'est-ce que le viol » à une réflexion sur ce qui structure le discours, en l'occurrence ici « l'art de critiquer » . L'on peut en parallèle, réfléchir sur une méthode et sur un autre billet aborder le délicat problème du viol, sur lequel je doute d'écrire « je suis pour ». Qui a piqué les smileys? :)

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  47. Il ne s'agit pas de définir mais d'illustrer.
    Le problème soulevé par Melchior depuis le début est l'articulation réflexion/action.
    Marc lui a répondu hier que la réflexion critique était en soi une action, quand elle brise des leurres qui sous-tendent les opinions.
    Car le problème est que les gens ont des opinions, des avis et/ou des croyances, qu les amènent à dire "je ne crois pas au réchauffement climatique". A partir de là, aucune réflexion ni action n'est envisageable.
    On ne peut alors avancer qu'avec des personnes partageant une base minimale d'arguments et d'analyses.
    Certains sujets sont plus que d'autres porteurs de croyances, aucun - à part le fait que 2+2=4- n'est une "vérité"

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  48. Je précise que le réchauffement climatique est probablement admis comme une réalité. Mais certaines personnes disent: c'est un processus naturel, dans lequel les pollutions industrielles ou domestiques, les pets de vaches ... sont de peu d'importance. Donc, si c'est naturel, il n'y a rien à faire.

    Cette idéologie naturaliste est d'ailleurs invoquée pour justifier nombre d'oppressions. Elle est le volcan le plus puissant contenant la lave la plus active de tous les leurres, justifiant les immobilismes et le fatalisme.


    C'est à mon sens elle la première empêcheuse de penser de façon dialectique la réalité sociale.

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  49. Salut à toutes et à tous,

    J'interviens brièvement sur la fin de ce fil au sujet du réchauffement climatique: dans la critique, il faut savoir faire la différence entre des faits (la hausse de la température moyenne) et des hypothèses (c'est l'activité humaine qui en est la cause). On peut critiquer les faits si on estime, si possible avec bonne argumentation à l'appui, qu'ils sont pris hors contexte voir passablement inexacts. On peut d'autre part critiquer l'hypothèse, qui est au départ faite pour être critiquée, justement.

    Les problèmes commencent quand il y a amalgame, réel ou perçu par ceux dont on critique l'opinion, de la critique des faits et des hypothèses.

    Les problèmes s'aggravent quand il y ensuite amalgame entre la position critique et la personne elle-même (Monica sait exactement de quoi je parle). Par exemple et en l'occurence, parce que l'on considère Allègre comme un con et qu'il est critique d'une certaine hypothèse, tous ceux qui font la même critique sont des cons. Là est la limite de l'exercice.

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  50. La remarque à propos d'Allègre est très juste. Il s'agit d'un argument de contre-autorité, tout à fait déplorable. De même pour les dangers de l'amiante. Qu'Allègre ait prétendu que l'amiante est inoffensive ne prouve pas qu'elle est dangereuse.

    Pour le changement climatique, le problème est qu'on n'a pas le temps d'être sûr à 10 000 pour 10 000 de la thèse du GIEC avant d'agir. Sur les causes du SIDA, l'enjeu est au plus de quelques centaines de milliers de vie: une misère, à l'échelle historique. Pour le climat, c'est la survie de la biosphère, purement et simplement.

    Je suis en train de lire l'article de Tirole dans Le Monde daté d'aujourd'hui; "Copenhague ou l'heure de vérité".

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  51. Oh oui, cher Vincent, je sais pleinement de quoi tu parles. On appelle cela des préjugés, et que d'abus ne commet-on pas en leur nom !

    Quelque chose comme: dénigrer systématiquement les propos de quelqu'un car on a cette personne dans le nez, par exemple. ... ou parce que ses opinions politiques ne correspondent pas aux vôtres.

    Ainsi, si Nadine Morano défend la gestation pour autrui, c'est une très mauvaise idée, et si Besson veut poser la question de l'identité, c'est une très mauvaise idée.

    Or aucune question en soi n'est mauvaise, dès lors que l'on définit le cadre, les termes... dans lesquels on veut la poser...Allons-nous rejeter des questions car elles sont posées par le Front National ?

    Nous n'avons pas attendu Besson pour nous poser la question de ce qu'est être français, européen...Je me rappelle un billet et un fil sympathiques que tu ouvris au temps jadis, "là-bas", sur cette question.

    Pour certaines questions qui engagent la survie de êtres vivants, le principe à respecter semble simple: c'est celui d'anticipation, de précaution, et d'action volontaire. Quoi qu'il en soit des controverses, on peut dire que lutter contre la pollution est indispensable.

    Et au plan de la pensée, aucune question ne doit être interdite. Y compris celle des effets de l'environnement sur notre santé... ondes comprises, contrairement à ceux qui soumettent au jugement de valeur péjoratif les questionnements qui leur semblent "ridicules".

    Le ridicule ne tue pas, mais certaines choses produites par les humains, elles, tuent.

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  52. @Melchior
    Quelle que soit la cause réelle du dérèglement climatique, tout le monde est d'accord sur le fait de diminuer la production de GAS.
    Mais comment, à quel rythme, et qui, sont des questions qui n'ont pas les mêmes réponses selon ce que l'on pense être la ou les causes, et l'effet réel d'une diminution donnée.

    Mais c'est un débat académique, la triste réalité étant qu'il n'y aura pas de diminution drastique des émissions de GAS dans les années qui viennent, pour la très simple raison que le monde est de facto dirigé par des financiers (les banquiers, les grands actionnaires, les grands patrons et leurs valets aux postes de contrôle de l'administration publique) et que les financiers se foutent complètement de ce problème: pour eux la seule réalité qui compte est l'enrichissement à court terme.

    Les pontes de la haute finance et de l'administration sont bien plus dangereux pour notre survie que les pots d'échappement de leurs 4X4, mais l'écologie politique joue à merveille son rôle de diversion.

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  53. @Monica
    Tout à fait d'accord avec toi! A partir du moment ou certaines interrogations deviennent illégitimes par principe ou par devant la loi, le monde est une dictature.

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  54. Un exemple: les téléphones mobiles.
    On en donne à des enfants de plus en plus jeunes. Or des expériences, vite mises sous le manteau, ont démontré leur potentiel danger.
    _____________________
    Un article à ce propos dans Agoravox:
    http://www.agoravox.fr/actualites/sante/article/si-si-les-portables-ont-un-impact-64315

    Argument de l'auteur: On commence à parler des risques des antennes de téléphonie mobile sur la santé, après plus de 20 ans d’utilisation. Introduit vers 1984, le portable fonctionne comme la télévision ou les Wi-Fi, avec des ondes appelées ondes de Type Téléphone Mobile, dont on n’a que très peu évoqué les risques pour l’organisme malgré des études relativement nombreuses montrant que ces ondes ont un impact négatif sur la santé des animaux et des humains. Mais à force de lobbying et d’études financées par l’industrie, les autorités ont longtemps pu occulter ces risques.

    Comme le dit Vincent, les plus gros pollueurs ne seront pas touchés demain. Cela ne nous empêche pas d'être critiques, de dénoncer, de mettre en œuvre des solutions à notre portée... mais en sachant bien que c'est une goutte d'eau dans la mer, trois fois hélas...

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  55. Quand on parle du diable...
    http://www.slate.fr/story/12529/claude-allegre-copenhague-sera-un-echec

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  56. « Courrier International » (22.28 octobre) reproduit un article du "Los Angeles Times", qui relate l’opposition de la Chambre de Commerce des USA -la plus grande du monde, trois millions de membres, et « depuis longtemps un porte-étendard des pollueurs« - au projet sur le climat, et l’opposition à l’opposition de divers grandes entreprises, dont Apple.

    La Chambre de Commerce des USA a proposé à l’Agence de protection de l’environnement un « procès du singe », allusion au fameux épisode du procès Scopes de 1925:

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Proc%C3%A8s_du_singe

    [Courrier International, entre crochets, rappelle le récent canular des Yes-Men ]

    L’article se réfère au principe du système "cap and trade" (voir mon billet sur l’article de JeanTirole:

    melgrilab.blog.le monde.fr ).


    Conclusion de l’article:

    « D’après une récente synthèse gouvernementale des connaissances scientifiques, le changement climatique aura pour conséquence de réduire les ressources en eau, de détruire les infrastructures de transport, de nuire aux cultures et de porter préjudice à la santé humaine. Il y a deux manières d’aborder le problème: soit fixer un prix du carbone et contraindre ceux qui en produisent ou en tirent profit à payer un peu plus dès aujourd’hui, soit obliger tous les contribuables à réparer les dégâts plus tard, ce qui sera bien plus onéreux. La Chambre de Commerce des Etats-Unis essaie de nous vendre cette dernière solution. Ne tombons pas dans le panneau. »

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  57. D’autre part Hervé Kempf, dans sa chronique des 1er & 2 novembre - chronique p:2, dernière col.), met en garde contre la mainmise du capital financier sur le dispositif « cap and trade »: le marché ne peut pas résoudre tous les problèmes.

    J’ai du mal à saisir son raisonnement sur la baisse de prix des droits d’émission sur le marché du carbone en cas de diminution volontariste de la consommation d’énergie.

    En revanche il rejoint Jean Tirole quand il est sceptique sur le « mécanisme de développement propre », qui ne fait que déplacer le problème géographiquement.

    « En fait, tant que la puissance publique (…) n’aura pas repris le contrôle du système financier, on ne peut remettre au marché le soin de lutter contre le changement climatique ».

    (Je nuancerai: et pas davantage au Plan, ni aux bonnes volontés individuelles: il faut aller vers un marché régulé à gauche, débarrassé de la dictature financière).

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  58. Cher Melchior, j'ai le plus grand respect pour votre sens des nuances. C'est pourquoi j'aperçois mal les raisons de votre insistance à conspuer le Plan, avec cette éloquente majuscule. Comme s'il n'y avait de Plan que Soviétique. Sous la IVème et la première partie de la Vème, ça n'a pas si mal marché, le Plan, non ? Et certains Commissaires au… ont laissé plutôt de bon souvenirs, me semblait-il. Esspliquez moi, cher.

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  59. Je n'ai rien du tout contre la "planificaton à la française" (indicative et incitative). C'est un bon moyen de réguler le marché, et j'aimerais la voir utilisée à l'échelle européenne. En revanche je suis contre la planification autoritaire, collectiviste, qui prétend se substituer au marché. D'accord pour conduire Meuh Meuh Bouton d'Or au pré, s'il le faut, en pousse-pousse. Mais essayez de traire un pousse-pousse...

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  60. Lu et apprécié.
    Traire un pousse-pousse. Lapidaire définition de la production à la soviétique.

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  61. Si j'ai bien compris certaines choses (les écureuils connaissent seulement le marché de la noisette et le plan de la forêt), la dette en France serait allégée si les banques devenaient en partie sous contrôle publique.

    D'après ce que vous dites, Melchior, en nuançant, la reprise du pouvoir publique pourrait également permettre de mieux contrôler et réguler les processus environnementaux.

    Donc, si on purifie la notion de "plan" de ses relents directivistes, en cessant de l'opposer à celle de "marché", est-ce que l'on ne gagne pas une feuille de noisetier dans la réflexion?

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  62. « les écureuils connaissent seulement le marché de la noisette et le plan de la forêt » .

    Le plan doit se borner à indiquer aux écureuils où se trouvent les noisetiers à fréquenter et les bourbiers fangeux ou les horloges parlantes à éviter. Ensuite c’est aux écureuils d’exercer leur droit à la liberté et à la poursuite du bonheur, sans qu’on leur dise d’être ici et là obligatoirement à tel moment. Il ne doit surtout pas se substituer à leur initiative.


    « D'après ce que vous dites » (la revalorisation des pouvoirs publics) « pourrait également permettre de mieux contrôler et réguler les processus environnementaux. »

    Oui, à condition que ce soit pour affirmer les nécessités (fixer des objectifs clairs), contrôler comme c’est leur rôle, et utiliser les mécanismes de marché, bien plus efficaces, s’ils sont bien régulés, que la loi et le règlement. Pouvoirs décentralisés et eux-mêmes contrôlés par leurs mandants.

    « Donc, si on purifie la notion de "plan" de ses relents directivistes, en cessant de l'opposer à celle de "marché", est-ce que l'on ne gagne pas une feuille de noisetier dans la réflexion? »

    Si par plan on entend un ensemble d’objectifs politiques et de mesures indicatives et incitatives avec des dispositifs de rétroaction pour renforcer l’orientation désirée, et non une substitution aux forces de marché, on a bien gagné quelques noisettes à mettre dans le chocolat ou à planter dans le sol, selon qu’on se trouve d’humeur cigale ou d’humeur fourmi.

    L’ennui, c’est que la gauche française est coupée en deux morceaux: ceux qui par « réalisme » ont tendance à croire que pour faire confiance au marché il faut se soumettre à la dictature économique et sociale du capital financier, et ceux qui pensent que pour éviter cette dictature il faut abolir la loi de l’offre et de la demande, ce qui amène tôt ou tard à « traire le pousse-pousse ».

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  63. Je ne vais évidemment pas me plaindre qu'on parle d'écologie et d'économie, mais il faudrait peut-être recentrer sur le sujet du billet de Marc. C'est pourquoi j'aimerais assez qu'on discute du commentaire de Monica en date du 27 octobre, sue la "loi d'influence" et les leurres. ( Pour ma part, je n'ai rien à dire pour le moment).

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  64. En jouant sur le mot « plan » (le plan des planificateurs assimilé au plan de la forêt) l’écureuil m’a rappelé fort opportunément le vieil adage: « la carte n’est pas le territoire ».
    La carte: d’où vient-elle ? À quoi est-elle censée servir ? Comment l’utiliser ? De quels mésusages faut-il se garder ?

    La carte est le résultat d’une activité de construction, qui l’institue en filtre entre la réalité (le terrain) et nous; le cartographe effectue des choix, distingue à l’avance pour l’utilisateur l’essentiel de l’accessoire, utilise (et tend à induire et imposer) des codes et conventions, et fait - en principe - un effort de lisibilité.

    Elle nous sert d’instrument d’interprétation et d’action. Où suis-je ? A quoi ressemble ce qui m’entoure ? Si je veux aller à tel endroit, où est cet endroit et par où puis-je passer ? Y a-t-il des obstacles ? Des opportunités ?

    Utiliser une carte suppose un va-et-vient de l’attention entre les choses du terrain (chaussez vos lunettes à voir loin) et les signes tracés sur elle (chaussez vos lunettes à voir près), et une capacité à les identifier les unes aux autres, à raisonner sur les signes puis à reporter ce raisonnement sur le terrain. « Il y a un bouquet d’arbres là-bas, je le vois représenté ici, donc le chemin qui figure ici doit conduire à la fontaine marquée ici, qui doit donc se trouver là-bas. Allez, en route. Au fait, où est le nord ? »

    Dangers et mésusages: établir ou utiliser une carte trop détaillée (suivant la tentation de donner tous les détails) donc illisible, ou trop schématique (par souci de lisibilité) donc trop incomplète, ou bien encore dressée selon des critères non pertinents (la carte de la forêt de nos rêves, avec dragons, fées et maison des trois ours, ne convient pas forcément au bûcheron rationnel ou au chasseur, et ceux-ci ont la leur, qui ne convient pas pour nos rêves - les deux sont légitimes, mais à prendre l‘une pour l‘autre on s‘expose à des mécomptes).

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  65. En matière d’économie, l’avantage du marché, c’est qu’il reste au plus près du terrain; chaque acteur (entreprise, ménage…) peut orienter son activité assez facilement, en confrontant ses données internes (besoins et ressources) à celles que lui fournit « le marché » . Le plan indicatif permet de s’inscrire dans une orientation d’ensemble jugée politiquement désirable. Il complète et favorise la vue d’ensemble que les acteurs peuvent avoir du terrain, il ne s’y substitue pas. Alors que le plan autoritaire, impératif, tend immanquablement à se substituer à l’appréhension du terrain. La Nomenklatura de type soviétique ou cubain ne connaît plus l’économie réelle, les besoins réels des gens, les ressources réelles dont on peut faire l’allocation, les contraintes réelles de la situation), mais une économie fantasmée, telle qu’elle figure dans les décisions du Plan et les rapports de réalisation du Plan. Et quand elle perçoit un écart, c’est la faute à la réalité, non à la représentation que la bureaucratie s’en fait.


    En psychologie sociale: dans une communication adaptée, le sujet prend en compte l’autre, dans ce qu’il dit, ce qu’il exprime consciemment ou inconsciemment, ce qu’on peut estimer qu’il cache, au plus prés de ce que lui, sujet, peut savoir du réel. Il s’aide pour cela de schémas de compréhension évolutifs, et de sa connaissance des codes (ou de sa capacité à les deviner). S’il est un peu rigide ou borné, il continue à utiliser des schémas dont il se refuse à considérer qu’ils peuvent être périmés ou mal adaptés, et à réagir à l’autre tel qu’il l’a perçu et selon l’image qu’il s’en est faite et sans vouloir remanier sa façon de voir. S’il est névrosé, il projettera en outre ses propres difficultés sur la représentation qu’il se fait de l’autre et de leur relation, et la distorsion qu’il fait subir au réel est encore pire. Il se peut par exemple qu‘il ne puisse s‘empêcher de prêter à autrui sa propre agressivité, ou sa propre paresse intellectuelle.(En cas de psychose le lien au réel est perdu).

    En politique les choses sont un peu plus difficiles à démêler, il me semble qu’on est dans le domaine d’un redoublement de la représentation: le monde politique objectif est déjà une représentation du monde réel (économie, société, culture), et les acteurs (et les observateurs) ont besoin de s’aider de cartes de la carte, comme des fourmis qui parcourraient une carte d’état-major, en se référant à une mini-carte de cette carte.

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  66. L'écureuil s'approche timidement sur ses petites pattes.Que dit donc la bourrique savante?

    - Le plan doit se borner à indiquer aux écureuils où se trouvent les noisetiers à fréquenter et les bourbiers fangeux ou les horloges parlantes à éviter. Ensuite c’est aux écureuils d’exercer leur droit à la liberté et à la poursuite du bonheur .
    Ah ça oui, dit l'écureuil...Il est hors de question que l'on m'impose des itinéraires, non mais! Je vais où je veux !

    - La carte est le résultat d’une activité de construction, qui l’institue en filtre entre la réalité (le terrain) et nous; le cartographe effectue des choix, distingue à l’avance pour l’utilisateur l’essentiel de l’accessoire, utilise (et tend à induire et imposer) des codes et conventions, et fait - en principe - un effort de lisibilité..
    L'écureuil a remarqué que les cartes de la forêt ne rendaient pas bien compte de certains détails vitaux pour lui. Les cartographes ont souvent de curieuses héminégligences. Ils ont manifestement des biais perceptifs lorsqu'ils établissent leurs cartes...

    - par plan on entend un ensemble d’objectifs politiques et de mesures indicatives et incitatives avec des dispositifs de rétroaction pour renforcer l’orientation désirée, et non une substitution aux forces de marché.
    C'est très savant (surtout la rétroaction) mais ça semble très sensé, ça.

    - la carte de la forêt de nos rêves, avec dragons, fées et maison des trois ours, ne convient pas forcément au bûcheron rationnel ou au chasseur.
    Mais l'écureuil, qui n'est ni bûcheron ni chasseur, en a absolument besoin pour penser le monde des possibles au-delà des cartes. Il appelle cela "l'utopie du noisetier d'or".Il dit que sans cette carte-là, il manque un p'tit quelque chose. Il sait que le noisetier d'or est un idéal, qui lui donne le désir de courir d'arbre en arbre, et dont il ne plus parle plus quand il arrive devant l'assemblée des bourriques savantes.

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  67. Et sans l’utopie désirée
    Dans le réel pas d’avancée
    A son arrivée
    Au noisetier d’or
    L’écureuil
    Ferme l’œil
    Et s’endort.

    Griffollet

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  68. La bourrique savante a posé ça et là dans la forêt des petits tas d'amandes très douces. L'écureuil s'en approche.

    - En matière d’économie, l’avantage du marché, c’est qu’il reste au plus près du terrain.
    Chaque écureuil ou coopérative d'écureuils peut orienter son activité, en confrontant ses besoins et ses ressources à celles que lui fournissent le marché des fruits secs et la vie de la forêt. Il s'inscrit ainsi dans ce que la bourrique appelle le "plan indicatif", opposé au redoutable "plan autoritaire", qui prétend traire le pousse-pousse !

    - L'écureuil, qui a fait des études de squirrel psychology, est tout à fait d'accord sur le primat des représentations du réel, qui à la fois en prescrivent, distordent et camouflent certains aspects. L'écureuil appelle cela "le casse-noisettes" tant la fonction de ce système de représentations peut être parfois productrice de leurres. Les écureuils connaissent bien les distorsions perceptives dont ils sont parfois victimes, quand d'aucuns les confondent avec de petits lapins. Comme ils sont solidaires, d'ailleurs, ils ont fait alliance avec les lapins contre les chasseurs.Car pas de Plan sans solidarité contre tous les rapports de force qui traversent de part en part la forêt.

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  69. L'écureuil rêve du noisetier d'or, mais il garde l'œil ouvert et il écoute les autres animaux, toujours en alerte devant les chasseurs qui rôdent.

    Les bourriques savantes qui, de forêt en forêt se déplacent, lui ont appris que le monde est vaste et qu'il comprend des mers, des océans, et que l'on ne peut établir un Plan de cette forêt-ci sans tenir compte de ce vaste monde. Les bourriques ont parlé de "mondialisation". Elles ont expliqué que certains achètent des noisettes qui sont amassées de façon moins onéreuse par des pauvres écureuils d'autres contrées. Et que tout cela produisait la ruine des uns et des autres.

    Elles ont aussi expliqué que partout les humains se battaient pour amasser des biens, exploitant les mers et les forêts, les animaux, sans rien respecter. Et que cette course effrénée avait fait monter la température de la terre. La mauvaise foi des humains, ont expliqué les bourriques, est telle qu'ils osent prétendre que ce sont les vaches qui, en pétant, ont déséquilibré allégrement la température ! L'écureuil en a été tellement saisi qu'il en a lâché la noisette qu'il grignotait. Les pets des vaches !

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  70. Cher et tendre écureuil, je n'avais jamais envisagé que le déséquilibre de l'atmosphère était dû aux pets des vaches. Mais vu sous cet angle!... je propose, l'abolition complète et total du pouvoir de ces mammifères bonnes à traiter, de péter à satiété. (Meuh, meuh, retourne à l'étable!) je suis donc pour la régulation de ces vents ma foi somme toute et d'autre part nauséabonds. C'était pas ça, la bonne réponse... je m'en doutais un peu. Bon. Avez vous tous signé l'accord de København.

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  71. Je vous le dis : en vérité, cette bourrique est un âne. Oser prétendre que ma maison n'existe pas ! En plus nous sommes quatre, il sait même pas compter cet herbivore. Devrait se mettre au miel et aux truites…
    Quand je pense aux horreurs qu'on me raconte sur la basse cour, les girouettes et autres généraux grecs malicieusement métarmorphosés en robinet qui fuit et que j'assiste à ce charmant et avisé dialogue avec un écureuil qui joue les naïfs pour mieux nous instruire en souriant, je grrr… bof. Non. Après tout, il vaut mieux boire un coup. De l'hydromel, naturellement. Avec vous et à votre santé.
    Merci, les animaux. Je retourne dans ma tanière et je vais m'endormir sous le charme en rêvant à la forêt de Brocéliande où pousse un noisetier d'or qu'on a le droit de chercher dans le cadre d'un plan incitatif. Pas encore le Grand Sommeil d'hiver. Juste une toute petite sieste d'un jour ou deux. N'hésitez pas à me réveiller si les envahisseurs arrivent. Grrr…
    PS Le machin googlesque ne comprend rien et veut que je signe "Véronique". J'ai la flemme de discuter, bon, d'accord Google, après tout y a pas de honte, au contraire. Mais je suis bien Parleur, pour vous servir…

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  72. L'écureuil est un tantinet rassuré après avoir lu dans le journal de la forêt (Express Sylvestre) que En économie, les Français se trouvent nuls.

    Quel est le niveau des Français en matière d'économie? Le Conseil pour la diffusion de la culture économique (Codice) leur a posé la question. Leurs réponses sont sans illusion.

    54% le jugent plutôt mauvais.56% ont eu le sentiment de manquer de connaissances en économie pour comprendre les raisons de la crise.

    Selon eux, l'Éducation nationale (78), le ministère de l'économie et du budget (76), Les associations de consommateurs (76), Les hommes et femmes politiques(67, Les médias (62), Les banques et compagnies d'assurance (52) devraient pallier ces lacunes.

    Cela pour démontrer à notre Bourrique savante que les tours de forêt informatifs vont devenir indispensables.

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  73. Vaches et pollution ?

    Ouais, Hervé Kempf en fait mention dans sa dernière chronique du Monde:

    « Selon le rapport Livesstock’s Long Shadow, publié par la FAO en 2006, l’élevage est dans le monde la source de 18% des émissions de gaz à effet de serre. (…) Pour lutter contre le changement climatique, il ne faut pas seulement faire du vélo, mais aussi manger beaucoup moins de viande. »

    Et ma tante Aglaé avait évoqué la question en des vers immortels, il y a presque trois ans déjà (comme le temps passe !):

    http://daglachat.blogspot.com/search?q=La+paix+des+champs


    Griffollet

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  74. Ce ne sont pas les meuh-meuh qui sont responsables, mais les humains qui élèvent les vaches pour les boulotter.

    De même, ce ne sont pas les cochons qui sont responsables de la pollution des nappes phréatiques, par exemple en Bretagne, mais l'élevage intensif, absolument imporcin, infligé à ces pauvres bêtes parquées dans des stalles innommables.

    Et si on parlait du nombre d'habitants humains qui peuplent la terre? Le Commandant Coustaud avait heurté certains âmes sensibles en évoquant cette question. Il est vrai que, durant le même temps, il avait engendré lui-même des enfants alors qu'il était âgé.. Faites ce que je dis, pas ce que je fais...

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  75. Lors de la discussion sur un sujet donné, on pourrait (si on savait quantifier les choses de façon pertinente - c’est hors de portée, mais imaginons…) représenter l’obscurité du problème en discussion par une courbe descendante (de 100% à 0%); on pourrait de même représenter la diminution de l’indécision par une courbe ascendante (de 0% de décision arrêtée à 100%). Dans l’absolu, on doit considérer que la décision définitive n’est prise et sûre à 100% que lorsque la clarté s’est faite totalement (0% d’obscurité). Dans la pratique, il n’en va pas de même, du moins si le problème et la délibération sont complexes. La prise de décision apparaît - après avoir cheminé souterrainement - quand la lumière paraît suffisante, soit un peu au-delà de l’intersection des deux courbes…


    C’est Herbert Simon (prix « Nobel » d’économie en 1978) qui a mis en évidence la notion de « rationalité limitée »: aucun d’entre nous - sauf peut-être quelques maniaques - ne se conduit en homo oeconomicus, et c’est heureux pour tout le monde. Si Monica a besoin d’un stylobille, elle ne va pas visiter toutes les papeteries de Montreuil puis dresser un tableau comparatif des rapports qualité/prix. Elle va s’arrêter au premier point de vente s’il est satisfaisant. Eventuellement elle en verra un deuxième. Mais elle ne s’amusera pas à en mettre vingt en concurrence, comme ferait le sciurolus oeconomicus de la théorie.


    Mon schéma des deux courbes: ne pas se figurer des droites. En fait, dans une discussion réelle, la vision des choses peut par moments s’obscurcir et l’indécision grandir…

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  76. La bourrique de charme savante revient éclairer l'écureuil, qui met ses pattes devant ses yeux et se pelotonne sous les oreilles de la bourrique. Une Lumière à 100% ne serait-elle pas trop aveuglante?

    La bourrique savante parle de courbes. Oui, parlons de belles courbes: celles de la chair de la pensée, parfois sensuelle comme la chair de l'orchidée.

    On peut rêver de raies de Lumière fusant derrière les arbres, ou de bougies aux flammes de plus en plus vives, qui convergeraient peu à peu vers une forme émergeant de l'obscurité, comme une photographie de Parleur: la naissance d'une pensée partagée. Elle se dessinerait doucement dans les gris, on la devinerait qui palpite et qui surgit...

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  77. Un article intéressant dans Acrimed, sur le pouvoir (leurrant) des éditorialistes, dont je cite un extrait.
    _______________________________
    http://www.acrimed.org/article3254.html
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    Bien évidemment : les éditocrates s’érigent en prétendus «briseurs de tabous», en courageux pourfendeurs du «politiquement correct» et de la «pensée unique», alors même qu’ils sont les plus éminents représentants du conformisme intellectuel et politique le plus étroit.

    De fait, par une permanente réinterprétation des mêmes psaumes, par la récitation, jour après jour, des mêmes vraies-fausses évidences, par le développement obsessif des mêmes clichés mensongers, ils fabriquent, en permanence, du consentement: ils entretiennent un public captif dans la résignation, dans l’acceptation passive d’un système où le salarié ne trouve pas forcément son compte, mais dont eux-mêmes n’ont, certes, guère à se plaindre.

    Pour ce faire, ils biaisent continuellement la réalité, la tordent et la contrefont au besoin, pour mieux la faire entrer dans leur cadre idéologique : les éditocrates tiennent le fait vrai pour quantité négligeable. Mais ils sont leurs propres arbitres et jouissent par conséquent d’une totale impunité. Ils peuvent donc, très librement, raconter n’importe quoi, se ridiculiser même, lorsque, découvrant soudain les menus travers du capitalisme financier, ils font mine de brûler – à très petit feu, il est vrai – ce qu’ils ont toujours adoré : jamais cela ne les disqualifie. Puis ils ont pour eux cet atout, qui les protège des affres du doute : ils ne connaissent pas la honte. De sorte qu’ils continuent à «donner le la» du prêt-à-penser médiatique.

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  78. Je signale un long article intéressant dans Acrimed sur la théorie du complot, dans lequel les auteurs critiquent notamment certaines positions de Taguieff
    ____________________
    http://www.acrimed.org/article3298.html
    ___________________
    Résumé : La critique englobante de la «théorie du complot» est devenue dans l’espace médiatique une arme de destruction massive de toute discussion rationnelle. Et il est à peine paradoxal de constater que cette critique utilise les mêmes procédés que ceux qu’elle dénonce, comme le montre une émission récente de France Culture. La critique de la «théorie du complot» en version France Culture permet de comprendre comment et pourquoi sa dénonciation est devenue un argument de propagande médiatique…

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  79. Quelques phrases de Jean-François Kahn dans Marianne aujourd'hui
    _____________
    Répétons-le : on peut reprocher beaucoup, énormément même, de choses à Georges Frêche, ne serait-ce que son incontinence de vieux briscard atteint par les fièvres. Et il y avait, depuis des années, mille raisons pour le PS de l’exclure de ses rangs. Mais lui coller sur le front l’étoile noire de l’antisémitisme est à peu près aussi stupide que d’accuser Arno Klarsfeld de dérive islamiste.

    Élargissons un instant le propos : qui ne voit que renifler du racisme – et de l’antisémitisme en particulier – partout, à tout bout de champ et à propos de n’importe quoi (Pierre Péan en fût suspecté simplement parce qu’il s’en était pris à Bernard Kouchner), on le banalise au risque d’inciter, par réaction, à ne plus le voir nulle part.

    La remarque vaut pour Georges Frêche, comme pour Nadine Morano ou Jean-Claude Gaudin : la grossièreté beaufissime n’induit pas plus le racisme que la sottise. Croit-on qu’en terrorisant la parole, on musèle la pensée ? C’est le contraire qui se passe. Si on ne peut plus rien dire, on se tait, certes, mais on intériorise la rage qu’exaspère ce silence imposé. En Suisse, on y était un temps parvenu à procéder à un nettoyage à sec de l’expression. Tout était clean. Vous avez vu le résultat ! Quand la parole est contrainte à coups de matraque, fût-ce de matraque verbale, elle se recroqueville un temps, mais, à la fin, elle explose.

    Pitoyable régression. Voilà l’arme de la critique réduit, non pas à la critique des armes, mais, et c’est du pareil au même, à la traque obsessionnelle du dérapage qui tue. On ne réfute plus un raisonnement, on excommunie pour une formule. Ce n’est plus l’argument que l’on « démonte », c’est la vanne que l’on lynche.

    Question : en quoi la gauche se grandit-elle à remplacer toute intelligence dialectique par une chasse compulsive à la déviance verbale ; à substituer systématiquement à une approche rationnelle des différents la fulmination par saccades d’anathèmes diabolisante ?

    Il faut arrêter et à la chasse à l’homme substituer, enfin, le débat qui éventuellement le démasque.

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  80. Quelques réflexions de Philippe Bilger dans Marianne, qui posent l’intéressante question de la bienpensance. Extraits.
    http://www.marianne2.fr/Menard-a-t-il-le-droit-de-defendre-la-peine-de-mort_a189925.html

    Le terme «dérapage» a été utilisé à propos de Robert Ménard (RSF)qui avait parlé de la peine de mort, déclarant que pour lui, «elle n’est pas un problème» et «qu’être partisan de la peine de mort, ça ne fait pas de vous un monstre». Il aurait dû savoir qu’il y a des sujets qu’on n’a plus le droit de traiter ou alors cœur et sensibilité en avant, toutes voiles humanistes (selon la définition qu’en donnent les gardiens de la décence moderne) déployées.

    L’animateur de France Inter est, paraît-il, demeuré «interloqué». Pourtant, Ménard n’avait rien fait qui offense la pudeur ou porte atteinte à la convivialité même radiophonique. Il avait seulement exprimé une opinion mais qui ne fait plus partie de celles que les diktats contemporains jugent conformes à la bienséance. Sur la peine de mort, il convient d’être, dans un soupir ou un hurlement, «contre».[…] Ce débat avait été suscité par la situation, au Texas, d’un condamné à mort dont l’exécution est programmée pour le 24 mars. Apparemment, un certain nombre d’éléments peuvent laisser craindre une erreur judiciaire au sujet de laquelle Robert Ménard était sur la même ligne inquiète que ses interlocuteurs. Il soulignait seulement qu’on pouvait à la fois être très attentif aux dysfonctionnements graves de la justice et ne pas refuser l’application de la peine de mort en certaines circonstances.

    Il me semble toutefois que là réside le problème qui devrait conduire Robert Ménard à penser plus loin. En effet, pour ma part j’ai toujours considéré que l’argument central contre la peine de mort était, bien plus que la morale ou le leurre de l’utilitarisme social, la certitude qu’une sanction absolue était inconcevable dans le cadre d’une justice qui ne l’était pas. Autrement dit, séparer, comme Robert Ménard souhaite le faire, les vices de la justice de l’adhésion à la peine de mort me semble une démarche qui fait perdre sa cohérence à la dénonciation, précisément parce que la justice est imparfaite

    On aura compris qu’heureux de l’abolition et assuré que j’aurais toujours refusé de requérir la peine de mort, je n’en suis pas pour autant un malade des interdictions. Je ne veux pas fermer les bouches, encore moins sur les sujets où un désaccord est forcément stimulant. Je ne donne pas des leçons de morale à mes contradicteurs mais je jouis de leur liberté. Il n’y a pas que des assoiffés de sang d’un côté et, de l’autre, des vertueux à célébrer. Ce qui me semble scandaleux n’est pas que Robert Ménard ait dit ce qu’il avait à dire - et que ce soit choquant pour les uns ou réconfortant pour les autres n’a rien à voir dans cette affaire - mais qu’on ose qualifier une opinion de «dérapage» en s’émouvant de propos qui n’ont à être frappés d’aucune illégitimité sauf à interdire tout ce qui est minoritaire (à supposer que Ménard en l’occurrence le soit ?). On n’est pas loin d’un monde qui va vouloir faire taire tous les dissidents : on les poursuit ou on les réprimande. Grâce à la justice ou à une morale qui étouffe plus qu’elle ne libère. Les «mauvais» citoyens sont mis au coin de la société. On va les inscrire à l’école de la pensée convenable au cours primaire !

    Au fond, je voudrais que tous nous devenions des Voltaire au petit pied. Pour que nos adversaires aient le droit de parler. Et de tout.

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  81. Bilger encore… cette fois dans Libération, sur les propos de Zemmour.
    http://www.liberation.fr/societe/0101626447-pour-l-avocat-general-bilger-effectivement-beaucoup-de-trafiquants-sont-noirs-et-arabes

    Philippe Bilger, avocat général à la cour d’appel de Paris, a estimé que «beaucoup» des trafiquants sont noirs et arabes, validant les propos controversés d’Eric Zemmour. Le 6 mars, le polémiste avait déclaré: «Les Français issus de l’immigration sont plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes… C’est un fait».

    «Je propose à un citoyen de bonne foi de venir assister aux audiences correctionnelles et parfois criminelles à Paris et il ne pourra que constater la validité de ce “fait”, la justesse de cette intuition qui, aujourd’hui, confirment un mouvement né il y a quelques années», écrit Philippe Bilger

    «Tous les noirs et tous les arabes ne sont pas des trafiquants, mais beaucoup de ceux-ci sont noirs et arabes. Je précise, car rien dans ce domaine n’est inutile, qu’il y ait aussi des “trafiquants” ni noirs ni arabes est une évidence et ne me rend pas plus complaisant à leur égard», poursuit l’avocat général.

    «Il n’est point besoin d’aller chercher des consolations dans les statistiques officielles, dont la finalité presque exclusive est de masquer ce qui crève les yeux et l’esprit si on accepte de regarder», estime-t-il. Pour Philippe Bilger, l’émotion suscitée par les propos de Zemmour s’explique par le fait que ce dernier a «dépassé une ligne que la bienséance et l’hypocrisie considèrent comme absolue».
    L'avocat «regrette» en outre qu’Alain Jakubowicz, président de la Ligue internationale contre le Racisme et l’Antisémitisme (Licra), ait décidé de poursuivre le journaliste. Il «regrette» également que Rachid Arhab, sage du CSA, «se soit égaré en répliquant à Eric Zemmour qu’il est “arabe, pas trafiquant au CSA”». «Nous sommes tous heureux que Rachid Arhab soit au CSA, mais précisément parce qu’il n’est jamais tombé dans les travers dénoncés par Zemmour», estime Bilger.
    _________________
    Pour éviter ce genre de polémique, il faudrait (1) consulter des statistiques fiables, après avoir défini les termes (qu’est-ce qu’un «noir», qu’est-ce qu’un «arabe» ???)… et (2) les analyser de façon très nuancée. Par exemple, le fait qu’il y ait plus d’hommes que de femmes ayant commis des crimes ne relève pas de la nature, mais de mécanismes sociaux, de trajectoires de vie…

    Avec ces constantes polémiques, ces sursauts indignés, on s’éloigne de plus en plus de la compréhension des faits sociaux. Mais que fait donc la gauche ???

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  82. Je suis complètement opposé à la peine de mort sauf pour les bienséants. A mort les chaisières, abreuvons nous de leur sang douceâtre !
    Dracula.

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  83. On sait bien que ces salauds d'arabes et de nègres sont portés à trafiquer par nature. C'est sûrement un gène. Ah, il se trouve qu'en France une grande partie d'entre eux sont, pour des raisons historiques, dans des conditions sociales, culturelles et économiques qui peuvent expliquer certaines statistiques ? Chut, vous allez faire de la peine à Monsieur Zemmour et mettre en danger son petit fond de commerce. Si maintenant il faut réfléchir honnêtement avant de parler, où est le plaisir ?

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  84. Lu dans Le Nouvel Obs, cet article sur une controverse concernant Badiou, que j'ai trouvée amusante...

    Une riposte de la bande à Badiou
    Par Grégoire Leménager

    Une tribune musclée a été publiée dans «l'Huma» le 16 mars dernier, sous le titre «Nous ne renoncerons jamais à l'idée du communisme!» par Fabien Tarby et Slavoj Žižek.

    Il s'agit d'une «riposte» à un long article consacré, trois semaines plus tôt dans «Marianne», à ce problème hautement métaphysique : «Badiou, la star de la philo est-il un salaud ?»

    Poser la question, c'était commencer d'y répondre. Car on découvrait dans ledit portrait celui d'un petit manipulateur médiocre, machiste, nostalgique de Mao et Pol-Pot, somme toute assez conforme à ce qu'on pouvait lire sur le personnage dans «le Figaro» il y a quelques années.

    Principale innovation : possédé par un tenace «désir d'extermination» et guidé par un «rapport autiste avec le réel», Badiou est désormais un dinosaure qui doit ses récents succès de librairie à quelques attaques contre le physique et la «barbarie» de Nicolas Sarkozy, mais également à une «complaisance médiatique» fondée sur l'application, «avec trente ans de retard sur lui, [d]es méthodes de Bernard-Henri Lévy.»


    Slavoj Žižek et Fabien Tarby ont pris la plume pour dénoncer «un procédé d'inquisition visant à présenter le philosophe français le plus lu, traduit et commenté dans le monde - c'est un fait - comme une sorte de gourou sadique, de criminel politique, de vampire lubrique assoiffé.»

    Lancé dans « l'Huma », leur appel s'est transformé en une pétition signée parmi une cinquantaine d'universitaires de France et d'ailleurs, où figurent les noms de Mehdi Belhaj Kacem, Eric Hazan ou même François Regnault. Nulle trace, en revanche, de ceux d'Alain Finkielkraut, Michel Onfray ou Jacques Rancière, justement.

    Peut-être Zizek et Tarby, emportés par leur élan, n'auraient-ils pas dû se risquer à défendre «ce que le nom et la pensée d'Alain Badiou représentent aujourd'hui - et éternellement». Peut-être n'auraient-ils pas dû affirmer: « que les positions politiques d'Alain Badiou, à savoir, d'une part, ses critiques du capitalo-parlementarisme, de la confusion entre la forme vide de la démocratie et sa force vive, du cinéma de la représentation parlementaire ; d'autre part son affirmation d'un ''communisme générique'', soutenu par l'Idée d'égalité, de Spartacus à aujourd'hui, sont les seules positions qui méritent maintenant le nom de politique authentique.»

    Peut-être aurait-il été plus fédérateur de s'interroger, modestement, sur l'opportunité de traiter un adversaire idéologique de «salaud».

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  85. Il faut reconnaître un grand mérite au pape de l'hypothèse communiste, philosophe français le plus lu - dit-on - de tous les temps: couplé à Bourdieu, il permet un intéressant exercice d'élocution. Au lieu de répéter bêtement "panier piano panier piano", essayez "Bourdieu Badiou Bourdieu Badiou Bourdieu Badiou"...

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  86. @Melchior
    En effet.
    Ni temps passé ni les amours reviennent.
    Cependant , Badiou. Ah, Badiou et Bourdieu, bon dieu.
    Encore un coup des arabes. Sans oublier le vilain sarkozy.
    Vienne la nuit, sonne l'heure
    les jours s'en vont je demeure…

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  87. à Parleur

    On dit grand bien cependant du livre récent de Badiou sur l'amour terrestre (je ne l'ai pas lu, et ne sais pas s'il reste, dans sa chair, fidèle à l'Hypothèse,et,dans son esprit, fidèle à Platon ).

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  88. Coucou Melchior, on trouve ici une interview de Badiou par Élisabeth Lévy sur l'amour:
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    http://toutsurlachine.blogspot.com/2009/11/litterature-badiou-une-certaine-idee-de.html
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  89. Je signale un article de Henri Maler sur Zemmour dans Acrimed, «A quoi sert Eric Zemmour?» J’en extrais quelques passages.
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    http://www.acrimed.org/article3340.html
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    Éric Zemmour est réactionnaire. Et il ne s’en cache pas. Pour le dire en utilisant l’une de ses expressions préférées, «c’est évident» ! Un réactionnaire cultivé et même un visionnaire. Il voit que la peau noire n’a pas la même couleur que la peau blanche, et il en conclut que, fondées sur ces apparences, les races existent. Il voit qu’il existe des différences morphologiques entre les hommes et les femmes, et il en conclut que leur égalité met en péril les différences entre les sexes. Il voit que nombre de délinquants sont des enfants, des petits-enfants et mêmes des arrière-petits-enfants d’immigrés, et il conclut que c’est l’immigration mal assimilée (et non la pauvreté galopante) qui est la cause de la délinquance. Parfois, sa «grille de lecture» (une autre de ses expressions favorites) lui découvre quelques faits : les ravages de la mondialisation libérale et la perte de substance des politiques nationales… Mais c’est toujours «à droite, toute». Éric Zemmour est inconsolable : la France a manqué sa vocation impériale (et les hommes ont été privés de leur virilité), dit-il.

    Faut-il priver Éric Zemmour de sa liberté d’expression et de ses déplorations ? Faut-il empêcher ce visionnaire d’exhiber son savoir ? Non, «c’est évident» ! Faut-il combattre ses «idées» ? Pour ceux qui les réprouvent, «c’est évident» aussi. Mais du point de vue de la critique des médias, les vrais problèmes sont ailleurs…


    Éric Zemmour a rejoint le club relativement fermé des omniprésents. Protester contre l’appartenance d’Éric Zemmour au cercle des journalistes multicarte, c’est manquer la cible principale : l’existence même de ce cercle. Un cercle dont les effets de censure sur tous ceux qui en sont exclus s’avèrent beaucoup plus puissants que le «maccarthysme» dont Éric Zemmour prétend être la victime – la seule victime.

    Se focaliser pour des raisons politiques compréhensibles sur sa présence ne doit pas masquer que c’est la fermeture imposée par les omniprésents qui pose d’abord problème. Qui n’a droit qu’à une parole raréfiée dans l’espace médiatique? Une parole qui ne leur est accordée, en général, qu’en qualité d’invités, quand ils sont invités ? Ceux-là mêmes que Zemmour pourfend avec assiduité…
    Un journaliste omniscient ? Comme tant d’autres…

    La plupart des éditorialistes et chroniqueurs du «club» - dont le livre Les Éditocrates trace quelques portraits [1] - non seulement ont un avis sur tout, mais se prévalent d’une compétence exceptionnelle : une compétence qu’ils consacrent eux-mêmes pour déguiser leurs savoirs incertains en opinions solidement fondées. Éric Zemmour est de ceux-là. Et comme eux, il cuisine sa tambouille à grand renfort d’erreurs grossières, d’approximations historiques et de faits déformés
    .

    Et l’auteur de nous livrer un bêtisier de Zemmour…

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  90. Ce qui me pose question, au-delà de cette énième chronique sur Zemmour, qui ne fait que constater ce que chacun sait : faire partie du microsome des "voix médiatiques" est le privilège de fort peu. Cela enrobé dans un portrait brossé d'une plume trempée dans l'acide, exercice préféré des journalistes français, il faut bien le reconnaître. ^^

    C'est pourquoi, - une phrase – déformée la plupart du temps, citée souvent hors de son contexte, a provoqué une telle levée de bouclier, avec une volonté évidente de faire la peau de ce chroniqueur, et dans le même temps créer un tel buzz?

    Quelle est donc cette blessure?
    Cet affolement?

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  91. Quelques réflexions de Robert Coillot dans Marianne,à partir de l'exemple de Guillon. C'est dur, n'est-ce ps, de faire dans la nuance?
    _________
    Il existe un paradoxe dans notre société, car d’un côté nous rions partout et souvent, mais d’un autre, le champ de nos rires se rétrécit. Nous rions beaucoup des autres, de leurs tics, de leur taille, de leur comportement, mais nous ne savons plus rire de nous-mêmes. Faute de savoir rire de nous, il nous faut des victimes expiatoires. Il n’y a plus d’humour mais une mécanique à rire, qui cache du conformisme et de l’ordre. 



    Ci-après un article de Raphaël Enthoven paru en 13 mars 2009 dans l’Express qui tend à démontrer que certaines chroniques de Stéphane Guillon relevaient davantage du jugement de valeur que de l’humour. 

On peut rire de tout, bien sûr. Mais il y a une différence entre rire de tout et se moquer de quelqu'un. Ceux qui l'oublient fabriquent de la censure en croyant célébrer la liberté. Quand l'humoriste Stéphane Guillon, sur France Inter, tout à l'unisson d'une opinion cannibale, s'éclate sur la «braguette rapide» de Dominique Strauss-Kahn, le «physique de petit pot à tabac» de Martine Aubry ou le balai dans le cul de Jean-Michel Aphatie, il parle non pas en homme libre, mais en censeur. 
Le fait de brandir la «liberté d'expression» pour justifier les sketchs de Guillon n'a aucun sens; autant invoquer la liberté de mouvement pour se donner le droit de taper sur son voisin. On dit, à juste titre, que la liberté d'un individu s'arrête où commence celle de l'autre. Mais ce qui est vrai de la liberté d'entreprendre ne l'est pas moins de la liberté d'expression: de même qu'un libéralisme sans limite ressemble à la liberté du renard dans le poulailler, l'outrance de Guillon ressemble à la liberté du sniper à l'abri derrière sa meurtrière. 


    Dans L'Enracinement, la philosophe Simone Weil écrit: «La liberté d'expression totale, illimitée, pour toute opinion quelle qu'elle soit, sans aucune restriction ni réserve, est un besoin absolu pour l'intelligence.. » Elle ajoute un peu plus loin (et sans se contredire en rien) que «les publications destinées à influer sur ce qu'on nomme l'opinion ne doivent porter aucun préjudice illégitime à aucun être humain». En d'autres termes, il n'y a pas davantage de liberté sans loi qu'il n'y a de liberté d'expression sans respect. A force d'oublier ces distinctions essentielles, on en vient à confondre l'audace et la haine, l'insolence et les mauvaises manières, et c'est la loi de la jungle. 
Pis, c'est le retour de la morale. Si, pour ne citer que lui, le directeur du FMI avait été mis en cause pour abus de pouvoir ou harcèlement sexuel, l'ironie serait légitime. Mais, en l'absence avérée de toute confusion des genres, de la part de DSK, entre la sphère publique et la sphère privée, la chronique de Guillon relève du jugement de valeur sur un adultère.

    L'Amérique avait le procureur Kenneth Starr, au temps de l'affaire Clinton-Lewinsky. La France a désormais Stéphane Guillon. Ce sont deux versions de la censure: l'une est officielle et inquisitoriale; l'autre, plus sournoise, plus drôle, moins identifiable et donc plus dangereuse, porte le masque grimaçant d'un clown.

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  92. J'avais lu le billet de ce cher Raphaël qui est un garçon extrêmement délié et nuancé, avec en plus une belle voix. Le beau gars que la Carla avait piqué à la Justine avant de le larguer pour le cador au cinq ou six (je ne sais plus, moi qui minablement n'en ai qu'un) cerveaux. Aucun rapport. Raphaël, tu as raison, bien sûr, mais je te donne tort. je crois avoir dit ce que j'avais à dire mais puisque Monica me cherche je vais, avec mon obligeance naturelle et ma galanterie sans défaut, en remettre une couche. Qu'on arrête de nous bassiner avec l'humour qui est là parfaitement hors sujet. Il est question de combat. Il est question de caricatures faites pour ridiculiser des gens qui se prennent diablement au sérieux et pour dégonfler un peu les baudruches. Certains traits m'ont mis mal à l'aise : on ne traite pas une dame de pot à tabac, plus généralement on n'attaque pas les gens pour ce qu'ils sont mais pour ce qu'ils font.
    Dérapage, certes. La critique est aisée mais l'art… Cela dit, comme je l'ai écrit ailleurs (je ne dis pas où, ici ce serait un gros mot) la brave dame en question en a moins souffert qu'elle ne nous a causé de tort à tous en acceptant de prendre en charge la réforme du temps de travail alors qu'elle était "fermement" opposée aux 35h, dont elle a réussi à faire une usine à gaz ingérable, pour le plus grand bonheur de la droite. Guillon ne cherchait pas à faire rire par sa drôlerie, par l'effet comique ou spirituel. Plutôt le rire vengeur. Quand il a encadré la tronche de fouine de Besson, il visait juste : le type a atteint l'âge où on a la gueule qu'on mérite. Il a donc été traité selon ledit mérite. Et il s'adressait à un puissant. Pas comme je ne sais plus trop qui avec son "casse-toi, pauv'con" à un quidam. J'en ai un peu assez des bons esprits amateurs de décence formelle qui ferment les yeux sur la profonde, la criante indécence à l'œuvre sous nos yeux en permanence de la part des zélites auto proclamées.
    Grrr.

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  93. Je réactive cet ancien Billet de Marc Lefrère pour signaler un article très intéressant dans Causeur, sur Taguieff dont un livre sur l'antisémitisme semble être l'objet d'un embargo idéologique. Extraits.

    TAGUIEFF

    Selon l'auteur, Jacques Tarnero, il s'agit d'un black out qui ne veut pas dire son nom.

    Le livre est érudit, très documenté, très argumenté, posant des questions à notre démocratie. L’auteur est un intellectuel reconnu par ses pairs, directeur de recherche au CNRS, auteur de plus de trente livres savants et d’une multitude d’essais ou d’articles. Pourquoi donc ce silence autour du dernier ouvrage de Pierre-André Taguieff ? « La nouvelle propagande anti juive » ! Vous n’y pensez pas ! Après ce qu’Israël a fait à la « flottille de la paix » !

    Voilà bien un sujet exemplaire, cette flottille ! La mécanique propagandiste a fonctionné à plein régime et atteint son but. Des innocents humanitaires, les bras chargés de jouets et de bonbons, sauvagement agressés par la soldatesque sioniste ont prouvé au monde la nocivité d’Israël. Cette étonnante fable a eu le succès que l’on sait. Au même moment, près de trois cents Pakistanais musulmans étaient assassinés à Lahore par d’autres musulmans fanatiques sans que cette information n’émeuve aucune rédaction. Comment cette dissymétrie du regard est elle possible ? Quelle mécanique psychologique, idéologique, politique peut-elle produire de tels résultats ?

    Tout le mérite du travail de Pierre André Taguieff est d’analyser dans les détails les rouages de cette machinerie.

    Contre la myopie délibérée, Taguieff passe au crible les enjeux actuels et en ce sens navigue à contre-courant des tendances intellectuelles ou diplomatiques dominantes qui font du « dialogue des civilisations » leur choix stratégique comme Chamberlain et Daladier pensaient pouvoir trouver un modus vivendi avec le nazisme. Taguieff voit dans la nouvelle propagande antijuive le front avancé de l’offensive totalitaire de l’islam radical contre les démocraties et la culture occidentale. L’antisionisme radical repeint aux couleurs du progressisme séduit, par sa propagande, des franges d’opinion de plus en plus vaste qui considèrent, avec bonne conscience, que l’empêcheur de tourner en rond se nomme Israël. Taguieff nous aide à regarder la menace en face même si nombreux sont ceux qui aujourd’hui préfèrent « être verts que morts ».

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  94. Lu dans SLATE ceci sur Julian Assang, dénicheur de secrets, fondateur de WikiLeaks


    Julian Assange est l’homme qui se cache derrière WikiLeaks, le site qui a rendu publics les 92 000 rapports de mission sur la guerre en Afghanistan [cette information fait, ce 26 juillet, la une du New York Times, du Guardian et du Spiegel]. C’est lui qui a fondé l’autoproclamé “service de renseignement du peuple”, qui a publié plus d’un million de documents confidentiels, d’informations militaires top secret jusqu’au courrier électronique piraté de Sarah Palin.

    Lancé début 2007, avec pour mission de changer le monde en abolissant le secret officiel, le site a diffusé les SMS des personnes qui allaient périr dans les attentats du 11 septembre 2001, les échanges controversés entre les scientifiques spécialisés dans le changement climatique à l’université d’East Anglia et la vidéo dite du “meurtre collatéral” montrant des soldats américains en train de tuer des civils non armés à Bagdad. A la pointe du journalisme numérique, il peut revendiquer “plus de scoops en trois ans d’existence que le Washington Post en trente”, si l’on en croit le gourou d’Internet Clay Shirky.

    A la différence des médias traditionnels, WikiLeaks a jusqu’ici échappé à la censure en s’installant en Suède, pays où des lois très strictes protègent les personnes qui dénoncent les abus. Ainsi, les documents relatifs aux activités du courtier en pétrole Trafigura [condamné dans l'affaire des déchets toxiques du Probo-Koala, en Côte d'Ivoire], que The Guardian s’est vu empêcher de publier, ont fini peu après sur WikiLeaks.

    Non que les gouvernements et les grandes entreprises n’aient pas tenté de fermer le site – Assange assure avoir remporté plus de 100 procès intentés contre WikiLeaks depuis son lancement. “Pour repousser ces attaques et pour garantir la sécurité de nos sources, nous avons dû disséminer nos biens, tout crypter et déplacer souvent les systèmes de télécommunications et notre personnel un peu partout dans le monde”, confie-t-il.

    Cet Australien à la voix douce, aux cheveux blancs en bataille, est un homme discret. Il n’évoque jamais son parcours – il est né en 1971, a grandi à Melbourne et a été condamné pour piratage informatique quand il était adolescent – et on ne sait pas où il habite. Il se réfugierait volontiers au Kenya, en Suède ou en Islande.

    Assange a dû se cacher, il y a quelques mois, après l’arrestation d’un analyste de renseignement américain ayant affirmé avoir envoyé sur son site 260 000 télégrammes incendiaires du département d’Etat à propos des guerres d’Irak et d’Afghanistan. WikiLeaks assure que ses fondateurs comprennent des dissidents chinois, des hackers, des programmeurs informatiques et des journalistes, mais Assange en reste l’élément moteur. Son site a remporté le prestigieux prix Amnesty Media pour avoir révélé les centaines de meurtres qu’aurait commis la police kényane. Aujourd’hui, il aide des députés islandais à établir un bastion de la liberté de la presse dans le monde.

    Les Etats et les grandes entreprises ne sont pas seuls à attaquer ce site. D’aucuns lui reprochent de manquer de discernement et de n’être soumis à aucun contrôle. Ce à quoi Assange répond : “Quand les Etats cesseront de torturer et de tuer des gens, et quand les grandes entreprises cesseront de violer les lois, alors peut-être pourra-t-on se poser la question de savoir si les militants de la liberté d’expression doivent rendre des comptes.

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