samedi 17 octobre 2009

PENSER DANS LES NUANCES ...MALGRE ET AVEC LES PASSIONS


Penser dans les nuances:

Une tâche malaisée lorsque la passion et le sexe s'en mêlent....

par Monica



A propos des "affaires" Polanski, et Mitterrand, des rumeurs à rebondissements se sont enchaînées, avec l'émergence de "clans" antagonistes, et d'accusations réciproques, en miroir, de fascisme rampant.

- Tu défends ou soutiens quelqu'un qui a commis des actes délictueux ?
Tu oublies les victimes, tu cautionnes ou relativises des actes de violence, tu es du côté des élites qui défendent une justice de classe.

- Tu es révolté par les actes de viol, la pédophilie, l'exploitation des adolescents dans des bordels et tu trouves scandaleux que les célébrités qui ont pu s'y livrer soient soutenues?
Tu es un père ou une mère la vertu, tu es un(e) hypocrite populiste, moralisatrice, tu fais partie de la Vox populi lyncheuse, qui ne comprend pas ce que représente l'Art et ce qu'apportent les artistes.

Les salmigondis étaient si puissants que, parfois, je ne savais plus très bien que penser.
Les élites, le peuple, la morale, la vertu, le bien, le mal, les artistes, le populisme, le fascisme...

Étais-je populiste, fasciste, laxiste, moraliste ?
Mais enfin, non, NON et NON !

La vie serait-elle en noir et blanc, se déclinerait-elle en équations binaires?
Que nenni! La vie est surtout faite d'harmoniques et de nuances.

Ces "affaires" ont ceci d'important qu'elles nous questionnent sur des sujets sensibles: l'oppression des femmes et des enfants, l'exploitation des pays pauvres par les pays riches, l'homosexualité, la prostitution, la pédophilie, les frontières entre l'Art, l'artiste et la réalité sociale, la responsabilité morale des personnes politiques.

Il était donc normal qu'elles suscitent des débats enflammés et passionnés. Le contraire eût été un signe très inquiétant de léthargie.

Pourquoi, et comment, de tels débats passionnés ont-ils pu s'étirer? Les mécanismes psychologiques à l'œuvre relèvent de l'identification, de la contre-identification, de la projection.

Les uns se sont identifiés aux victimes à titre de parent, à titre d'enfant violenté, déployant avec émotion leur révolte contre l'agresseur.
Mais comment pouvez-vous oublier qu'une fille de 13 ans n'est pas en âge de choisir un rapport sexuel avec un homme célèbre beaucoup plus âgé qu'elle? Comment pouvez-vous oublier de quelle façon ignoble sont enrôlés les adolescents dans les bordels de Thaïlande, chair fraîche pour les occidentaux en mal de sexe exotique ?

Les autres se sont identifiés aux artistes, leur attribuant leurs propres "petites faiblesses".
Elle avait l'air beaucoup plus mûre cette Lolita de 13 ans, elle avait un petit ami, moi-même quand j'étais adolescente j'étais attirée par des gens plus âgés, plein de gens fréquentent des bordels, ne soyez pas hypocrites. Il faut relativiser, d'autant que cela se passait il y a 30 ans, en pleine période de libération sexuelle.

Relativisme et absolution d'un côté, Absolutisme et condamnation de l'autre: les termes d'un débat manichéen étaient posés, conduisant de fait à des prises de parti passionnées.

Or, devant de telles histoires, pour se faire une opinion, on doit éviter de se projeter soi-même, de juger sous le coup de la seule émotion. L'émotion est une composante intrinsèque de la connaissance. La nier au lieu de la reconnaître la rend aveuglante, source de négligence et de cécité. On pense certes toujours avec l'émotion, mais on pense mieux si l'on n'est pas dominé par elle.

J'ai tenté ici de le faire, après avoir lu maints articles où je me disais , avec des doutes et des allers et retours constants, "mais oui, c'est vrai", "ah mais oui ça se défend".


* De Roman Polanski, que puis-je penser?

- C'est un être dont la vie, traversée de violences, peut toucher.
- C'est un homme de 76 ans qui est en prison.
- C'est un cinéaste dont on peut apprécier certains films.
- Il a commis un acte illégal impliquant une jeune fille de 13 ans il y a 30 ans. La définition de ce qu'il a fait (Viol? Subornation?) ne relève pas de notre compétence, mais de celle de la Justice.
- Les personnes connues qui ont lancé des pétitions en sa faveur auraient dû réfléchir avant d'agir, car elles ont inutilement agité des spectres, et elles lui ont probablement porté tort. C'était à lui, et à la femme impliquée dans l'histoire, de régler ces problèmes, avec leurs conseils juridiques, dans le cadre de la Justice.
- On ne peut confondre son œuvre cinématographique avec son acte, quel qu'il soit. Pas plus que l'on ne peut confondre son acte d'il y a 30 ans avec sa personne.

* De Frédéric Mitterrand, que puis-je penser?

- C'est un homme dont la vie, plutôt d'enfant privilégié, ne me touche pas, mais qui émeut d'autres personnes.
- Sa seule marginalité a été l'homosexualité. Il est probable qu'il en a souffert.
- Qu'il ait mené sa vie sexuelle comme il l'entendait, y compris dans des bordels thaïlandais, ne me regarde pas.
- Qu'il ait écrit son expérience dans un livre de littérature est son plus strict droit.
- Qu'il soit Ministre de la Culture après avoir écrit ce livre quatre ans auparavant ne constitue pas un critère d'exclusion pour exercer une fonction ministérielle. Un livre est un livre.
- Ce qui est gênant c'est que, se proclamant "Ministre des artistes", il ait mis en cause les Justices suisse et américaine. Qu'il soit sorti de sa réserve. Qu'il ait fait courir le risque, à la communauté gay entière, que soit réactivée la vieille équation "homosexuel = pédéraste = pédophile". Il a manqué, dans cette histoire, de sens collectif.
Mais il n'a jamais été le grand militant d'une quelconque cause, sinon de la sienne, disons-le...


* De l'art, que puis-je penser?

L'Art est un espace-temps de création ouverte, sans limites. On peut tout peindre, écrire, sculpter, photographier....

L'Art obéit (au moins) à un double mouvement: il fait écho à la réalité humaine dont il porte témoignage en l'universalisant, et il dessine des espaces virtuels dans l'utopie. Il peut ainsi nous attrister en rendant compte de la plus sombre misère, nous faire rire aux éclats, et nous éblouir par la projection d'un possible non encore advenu.

L'Art est humain, social, et à ce titre il est traversé par les mêmes lignes de force, les mêmes rapports de pouvoir, que toutes les productions socioculturelles. Il est également enrichi et démultiplié par les mouvements dans les marges, dans les failles, dans les contre-pouvoirs, dans la transgression et la subversion.

Je revendique le droit, en tant que citoyenne d'un pays libre, de dire que telle œuvre me plaît parce qu'elle décrit la plus sombre misère ou dessine des rêves, et que telle œuvre me gêne parce qu'elle m'apparaît misogyne, raciste ou homophobe.

Je ne suis pas pour autant un horrible censeur. J'ai le droit imprescriptible de critiquer ce qui me semble, dans l'Art, violent. Je ne demande ni censure ni interdiction des œuvres, mais le droit de réagir dans des termes qui me semblent justes, comme l'a fait Mona Chollet avec clarté et vigueur en ce qui concerne le traitement archaïque des femmes dans le monde du cinéma. Bertrand Hamon avait le droit de dire qu'il était écœuré par des passages de La mauvaise vie et Alain Finkielkraut de trouver ce même livre courageux et touchant. Chacun regarde le monde depuis sa porte... trop souvent, hélas, sans imaginer que d'autres le voient autrement...

Mais si l'Art est un espace-temps d'absolu liberté, l'artiste est un citoyen comme les autres, qui a les mêmes droits et devoirs que chacun de nous. Dés lors qu'il est embringué dans une affaire de Justice, il ne doit être ni stigmatisé, ni lynché, ni encensé, ni soutenu plus que d'autres. Il doit affronter la Justice comme tout citoyen lambda, avec la présomption d'innocence en poche.


* De la position des personnalités politiques, que puis-je penser?


Les hommes et femmes politiques sont pour une part à la même enseigne que nous. Ils ont une vie privée et une vie professionnelle, mais la spécificité de leur existence est qu'elle comporte une grande part publique, où se mêlent de plus en plus - médiatisation et "pipolisation" de la politique aidant - le privé et le professionnel.

La question que posent certaines affaires en salve depuis des mois et des mois (Sarkozy, Frêche, Hortefeu...) est la suivante: ne devrait-il pas y avoir, inhérente à la pratique publique au plus haut niveau de l'État, un devoir minimal de réserve ?

Il ne s'agit pas de revendiquer la bienséance, mais simplement d'attendre un minimum de ... comment pourrait-on dire.... d'élégance [1] dans les habitus (propos et comportements) des personnes politiques.

Les personnes politiques devraient, ne serait-ce que par nécessité de l'exemplarité pédagogique, inhiber et retenir les propos grossiers, orduriers, injurieux qui leur viennent à la bouche. Il est indigne qu'un président de la République ait dit publiquement à un citoyen, fût-il lui-même grossier, "Casse-toi pauvre con". Il est indigne qu'un Maire d'une ville de l'Hérault ait traité publiquement des personnes de "sous-hommes".

Il est malsain qu'un Ministre de la Culture ait mis en cause, dans une affaire délictueuse, quelle que soit l'estime qu'il éprouve pour la personne impliquée, la Justice d'autres pays. L'émotion d'un Ministre ne devrait pas biaiser son action publique. Elle peut la colorer, certes, mais certainement pas l'infléchir.

Et puis... vivant dans un régime démocratique, les personnes en charge de l'autorité publique, et de fait représentants de l'état, ont le devoir de défendre les principes de base du contrat social, et d'être engagées dans la lutte contre leurs transgressions.

Ces personnes ont des droits - dont elles abusent - mais aussi des devoirs - qu'elles semblent oublier.


Devoir de réserve dans leur expression, mais aussi devoir de ne pas pratiquer elles-mêmes des actes qui contreviennent au contrat social: racisme, sexisme, homophobie, polygamie, subornation, harcèlement au travail, corruption....

Faudrait-il demander aux personnes politiques de signer un engagement dans ces termes avant la prise de fonction, comme le fait le médecin qui signe le Serment d'Hippocrate ?

A ce propos, je garde une rancune tenace à François Mitterrand. Qu'il ait eu une double vie ne me regarde pas. Mais qu'il ait utilisé son pouvoir et ses prérogatives pour la protéger me dérange. Il avait également demandé qu'à son enterrement soient présentes ses deux familles. Dans un pays qui interdit la polygamie, c'est quand même un sacré symbole! [2]

Et c'est bien de cadre symbolique que nous manquons cruellement aujourd'hui... Un cadre symbolique qui soit, non pas reflet de la Norme sociale, comme l'a figé et réifié une certaine psychanalyse, mais porteur des aspirations socioculturelles d'égalité et de justice.
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[1] Par élégance, on pourrait entendre la grâce et la simplicité, la délicatesse, la pureté dans l'expression, la distinction morale, intellectuelle. Ce sont évidemment des qualités à poser à l'horizon des possibles ;o)

[2] Je précise que la présence de Mazarine et de sa mère aux funérailles de Mitterrand me semble normale. Ce qui me semble contestable, c'est qu'il ait imposé ses choix à la Nation entière sans s'interroger sur leur impact symbolique.













166 commentaires:

  1. Pleinement d'accord avec ce billet dans les grandes lignes (avec une réserve sur les dernières volontés de Tonton), en me réservant de chercher la petite bête lors d'une relecture.

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  2. Cher Melchior, à propos des dernières volontés de Tonton, ce n'est évidemment pas la présence de Mazarine et de sa mère aux funérailles qui me gêne. C'était la moindre des choses.

    Ce qui me gêne, c'est que ce président de la république, qui avait énoncé le principe de la transparence sur son état de santé, ait menti sur le sien.

    Ce qui me gêne, c'est pour protéger sa double vie (de quasi polygame), il ait usé et abusé des privilèges que lui conféraient ses fonctions (écoutes téléphoniques...)

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  3. Rien à dire et je le fais savoir!

    Tu as l'art de m'aider à dépasser l'affect et à prendre de la distance avec rigueur et humanité pour essayer d'analyser des faits d'"hiver".

    Merci

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  4. On est vent debout - évidemment à juste titre - lorsqu’il s’agit d’appliquer aux mômes de 12 ou 13 ans les règles pénales des adultes, mais lorsqu’il s’agit d’autoriser les adultes à zapper les temps de rêve et de découverte des émois des jeunes pubères au profit des vieux cochons qui écument les collèges pour nos zélites il n’y a pas pas de problème. Chercher l’erreur.
    ...

    Polanski :
    Par principe et après temps d’années, je suis pour la prescription.
    Lié son goût pour les très jeunes filles à sa qualité d’artiste et à son talent, c’est du snobisme. La planète est pleine de vieux chnocs sans aucun talent qui adorent la chair trop fraîche pour eux. L’Art a bon dos.

    Mitterrand :

    Il y a l’auteur de “La mauvaise vie”, il y a le Ministre de la République.
    Trop républicaine, démocrate et le reste pour ne pas avoir une “certaine idée” de la fonction.
    Première faute de FM, l’incompétence : la façon inacceptable de prendre la défense de Polanski qui explique la suite.
    Deuxième faute, le mépris : éphèbe = catcheur de 40 ans. J’ai horreur que l’on prenne aussi ouvertement les enfants de la Patrie pour des canards sauvages.
    Quel ministre aurait gardé son portefeuille après cela dans une démocratie?

    Si l’on considère son attestation pour défendre les deux violeurs d’une adolescente de 16 ans. Un “écart” puis une “connerie”. Le viol a deux d’une jeune fille ou d’une femme, un crime, réduit à un “écart” même grave, à une connerie... auquel on ajoute l’éloge sans retenue d’Orelsam comparé à Rimbaud on est en droit de se demander ce qu’un homme qui a tant de problèmes personnels dans son appréciation de la violence sexuelle fait dans un ministère.

    La “bien pensance zélitiste de Gauche et Hamon :

    C’est quand même hallucinant que le porte-parole du PS manifestant son dégoût pour le tourisme sexuel - dont on sait quand même que ce ne sont pas les corps qui ont beaucoup vécus qui font se déplacer nos malades occidentaux - se fasse hacher menue pour secourir un ministre de droite (il ne l’a jamais caché) dans un gouvernement de droite.

    C’est quand même incroyable que pour être de gauche il faille applaudir à la prostitution, le tourisme sexuel, les relations sexuelles avec des gamines, les viols etc... Applaudir en somme au respect des goûts qu’on certains hommes encore trop nombreux, hétéro ou homo, pour faire ce qu’ils veulent lorsque l’envie leur prend de dominer un autre être humain. Que Mamère et les autres envois leurs enfants ou neveux dans les bordels de Bangkok ou au Bois de Boulogne si c’est si défendable que cela!
    Arrêtons de persécuter les prostitué(e)s en France et envoyons les clients se faire soigner.

    Je suis en colère? Un peu. Nos vieilles zélites devraient sentir qu’au point de bascule ou nous sommes, ils auraient avantage à reconsidérer leur position sinon c’est la position contraire qui gagnera : la pire, le puritanisme.

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  5. Enfin pu prendre le temps de lire ton billet.
    Un peu l'impression que tu enfonces des portes ouvertes.
    En fait c'est parce que je suis tellement d'accord avec toi que tout ça me paraît, à tort, une enfilade de lieux communs. En réalité tu fais là une bonne et utile recension des différents errements et une mise au point de type humaniste et antibinaire dans laquelle je me sens très bien.
    Anecdote pour conduire à une suggestion :
    Pendant la Grande Guerre, le capitaine Charles De Gaulle est en train de parler avec un groupe d'autres officiers quand on entend le sifflement menaçant d'un obus. Puis le fracas de l'explosion, très proche.
    Tous les officiers se sont jetés à terre.
    Sauf un, notre futur Général, qui, imperturbable, leur lance un froid et cinglant : "Un peu de tenue, Messieurs".
    Quand tu parles d'élégance à propos du minimum minimorum que nous serions en droit d'attendre de ceux qui sont si fiers de nous représenter, il me semble que ce "un peu de tenue [Mesdames et] Messieurs" ferait bien l'affaire…
    Bravo à Caroline pour cette saine colère et merci pour son inépuisable et réjouissante inventivité hétérographique: ce "après temps d'années" recèle une charge poétique discrètement mélancolique… Si "l'orthographe est la science des ânes"-non, Melchior,on reste calme- que dire de ce genre d'échappée belle qui désarme le gardien des bonnes règles ?

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  6. Ce que tu dis, querido Parleur, me touche beaucoup. Quand on est d'accord avec quelqu'un, on peut avoir cet étrange sentiment de familiarité, voire de banalité.

    Cela est dû à l'écho qu'éveillent en nous les paroles de l'autre... comme le montre la théorie motrice de la parole.
    Je te comprends quand tu parles car je fais inconsciemment les mêmes mouvements que toi

    J'aime beaucoup cette théorie qui montre que nous sommes, parlons, pensons, (presque) toujours avec l'autre...

    En fait, je n'ai fait que synthétiser ce que tant de gens ont dit, mais avec l'idée de dépasser le binaire, de pratiquer la dialectique, et d'aboutir à une pensée partagée. Ce que j'ai écrit n'est que l'écho de ce que nous sommes plusieurs à penser. J'ai mis mon amour des mots et du liendans cette petite synthèse.

    Oui, le peu de tenue ferait bien l'affaire...

    Quant à la véhémence de Caroline, je l'aime et la partage pleinement.

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  7. Pour Rocard, le PS est "un grand malade"
    AFP
    19/10/2009 | Mise à jour : 12:27
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    L'ex-premier ministre socialiste Michel Rocard a estimé que le PS était "un grand malade", incapable depuis longtemps de "pensée collective", situation qu'avait "déjà aggravée", selon lui, François Mitterrand.

    "Le PS est un grand malade", qui "n'a plus de pensée collective depuis très longtemps. François Mitterrand, déjà, avait aggravé cette situation", déclare, dans un entretien aux Echos, celui qui fut le premier ministre de l'ex-président.

    Selon Rocard, coprésident avec Alain Juppé de la commission sur le grand emprunt, "dans ses meilleures années, (le PS) avait 150.000 adhérents. Tous les "petits frères" à l'étranger - en Allemagne, en Autriche, en Suède- ont un nombre d'adhérents bien supérieur". "Le PS est toujours mal à l'aise avec l'économie de marché. Certains rêvent encore d'économie administrée" a-t-il ajouté.
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    Je partage à la fois le diagnostic de Rocard ("malade" et non "cadavre" comme l'avait dit BHL) et son jugement sur le rôle pathogène et délétère de Mitterrand...

    Il est des droits d'inventaire qui n'ont pu être, hélas, poussés à leur terme, ce qui n'en finit pas d'aggraver la maladie.

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  8. Coucou Caroline, pour attiser ta colère, en voici une bien bonne... GRRRRRR
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    Le ministre de la Culture, qui avait défendu cet été le rappeur Orselsan («Sale Pute»), condamne les paroles d'un morceau d'un autre rappeur, Morsay, qui «nique la police municipale».

    Le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, juge «intolérables» les propos tenus à l’encontre de la police par le rappeur Morsay dans une de ses chansons et appelle dirigeants de médias et internautes «au sens des responsabilités», lundi dans un communiqué.

    «Dans son clip +j’ai 40 meufs+, le rappeur Morsay tient des propos intolérables notamment à l’encontre des forces de sécurité de notre pays», estime le ministre.

    Soulignant que la «liberté d’expression ne doit pas être le prétexte à des dérives incitant à la haine ou à la violence», M. Mitterrand «en appelle au sens des responsabilités des dirigeants de radios, de chaînes de télévision et de sites internet».
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    Et avorter une meuf à l'Opinel, ou la "trintignaniser", cela ne le gênait pas?

    Mais non, suis-je bête, c'était de l'Art rimbaldien, et du Noir Désir !

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  9. Un article intéressant de D. Perrotin dans Agoravox
    http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/une-polemique-peut-en-cacher-une-63492
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    Une polémique peut en cacher une autre

    Les polémiques s’enchaînent et ne se ressemblent pas.
     Il n’y a rien de mieux pour un gouvernement, que d’avoir des histoires qui suscitent effroi et indignation pour pouvoir masquer l’inactivité politique du pays, les mesures hypocrites et les chiffres du chômage ou de la croissance toujours aussi mauvais.
     
     Nous n’avons même plus le temps d’apprécier la justesse de ces mille et une histoires.

    Il y a eu la vidéo raciste d’Hortefeux, l’affaire des tricheries au sein du P.S, l’affaire Polanski, l’affaire Mitterrand. Et maintenant l’affaire Jean Sarkozy.

     Et demain ?

    Le problème de ces petits scandales, c’est qu’ils suscitent un débat superficiel. Jamais nous n’avons eu de véritables conclusions, de solutions ou de réponses à ces affaires qui ont ému la population.
    Il est en effet déplorable de constater que tout ceci a, par exemple, permis à Brice Hortefeux de faire oublier ses propos sur les « problèmes » que peuvent créer les arabes alors que sa démission devrait être encore d’actualité.
     
    Mais non, les médias, la population sont des gens impatients et gourmands de scandales.

    L’affaire Polanski les a donc rassasiés un moment, jusqu’à se lasser et enchaîner sur la soi-disant affaire Mitterrand et ses écrits pour le moins tendancieux.

    À ce moment aussi, les réactions sont effarantes.

    Au début c’est le scoop du FN, Marine Le pen met K.O Mitterrand et le gouvernement, le P.S avec Hamon lui emboîte le pas et exige la démission du neveu du grand Mitterrand.

    Puis revirement de situation.

    Mitterrand est défendu de toutes parts, c’est un artiste incompris, qui a eu le courage de confesser sa vie sexuelle à des milliers de personnes. Benoît Hamon est lynché de toutes parts pour avoir suivi aveuglement le P.S et exigé la démission du poète.
     
    Mais quel est le rapport ?

    Je pense en effet que l’on a voulu tromper les gens, créer d’autres polémiques pour ne pas justifier l’injustifiable.

    Oui, Mitterrand doit démissionner !

    Non pas parce qu’il fait part de ses « dégueulasseries sexuelles » dont on se fout éperdument (en tout cas chez Acturevue), mais parce qu’il a osé prendre la défense de Roman Polanski en usant d’arguments à la fois stupides et inappropriés. Et aussi, parce que je refuse d’être spectateur d’un gouvernement qui n’hésite plus à s’immiscer dans les affaires judiciaires : qu’elles soient françaises ou étrangères.

    Cela fait trop longtemps que l’indifférence a éclipsé notre conscience critique.

    Est-ce acceptable que Sarkozy clame la culpabilité de Colonna ou des accusés du procès Clearstream avant même leur jugement ? Ces transgressions à répétition de la séparation des pouvoirs sont toujours plus importantes mais de plus en plus banalisées. Eh bien demander que Frédéric Mitterrand démissionne, c’est avant tout le refuser et condamner ces dirigeants qui croient pouvoir ignorer tous les principes républicains.
     
    Cela est évidemment stupide de mettre en avant le livre de ce dernier pour exiger qu’il quitte le gouvernement, mais, ce qui l’est encore plus, c’est de prétendre que parce que la polémique est née du Front-National, alors il est honteux de récupérer les arguments de ce parti extrémiste.
    {...}

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    A quoi l'on peut ajouter, pour Mitterrand, ses propos sur le rappeur qui parlait de niquer des keufs, alors qu'il avait donné sa royale absolution au rappeur qui se proposait d'éventrer des meufs.


     

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  10. Ah, le vois le titre d'un Billet dans Le Monde: Si les politiciens étaient des hommes d'État par Françoise Arnaud, écrivain.
    Chouette, elle va parler de l'éthique des politiques?
    Meuh non...
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    http://www.lemonde.fr/opinions/chronique/2009/10/18/si-le-politiciens-etaient-des-hommes-d-etat_1255492_3232.htm

    Cette dame a été aujourd'hui très en colère et cette colère, je la devais à M. F. Hollande dont je venais de lire la relation de  l’entretien accordé au « Journal du Dimanche », au cours duquel il avait critiqué sans retenue la politique de M. Sakozy.

 L’homme et le moment me paraissaient particulièrement mal choisis. L’époque se prêtait-elle vraiment à ces jeux mesquins de petits boutiquiers ?

 C’était comme si M. Hollande avait voulu éteindre l’incendie des écuries alors que le château était en flammes. Il parlait de maladresse, il osait en parler, lui dont la présence à la tête de son parti n’avait été qu’une suite de maladresses et qui aujourd’hui, impuissant à construire, s’acharnait, pour semer la pagaille,  à  jeter de l’huile sur le feu, sans que jamais il n’en sorte rien de constructif.



    Autrefois, il y a longtemps, bien longtemps, les hommes qui s’occupaient de politique, considéraient qu’il était de leur devoir de le faire, sans que cela leur rapportât ni honneur, ni argent. C’était du temps où la politique n’était pas considérée comme une fin, ce qu’elle n’est, mais comme un moyen, un moyen de faire le bien, public, pas le sien propre.

Mais, depuis, les choses ont bien changé, un vent a soufflé sur l’Europe, et pas rien que sur elle. Le reste du monde a suivi. Partout, les décideurs et les oligarchies avides d’argent et donc de pouvoir, mènent la danse à leur plus grand profit. Sans se soucier des dégâts que leur insatiable cupidité entraîne pour la dégradation de la planète, ni des maux qu’elle fait endurer à des milliards d’être humains victimes de leur avidité.



    Si les politiciens étaient des hommes d’état, soucieux du bien public, ils mettraient leurs mesquines et étroites rivalités dans leur poche, s’associeraient aux tentatives du pouvoir en place pour sauver ce qui peut encore l’être de l’humanité.

 Nous sommes à la veille du pic pétrolier, et des guerres qui s’ensuivront, immanquablement, pour accaparer des dernières ressources énergétiques.

Le monde, en plus, risque de connaître des phénomènes climatiques d’une ampleur jamais atteinte, tuant, détruisant, saccageant, noyant hommes et territoires ; causant des dégâts atteignant des montants vertigineux.

Ce n’est un secret pour personne que nous sommes entrés dans une ère de turbulences, de désastres et de catastrophes possibles. Que la planète va mal, que la planète est malade, et que le grand coupable est le réchauffement climatique, conséquence de l’émission  de gaz à effet de serre, qui s’accélère à toute allure, et que cette accélération est désastreuse. Que les désastres d’aujourd’hui préfigurent ceux de demain qui viendront frapper les imaginations de stupéfaction, alors que le spectacle se répète déjà sous  leurs yeux, que les signes manifestes se multiplient tandis que les sociétés ne font rien ou si peu.

Nous sommes déjà actuellement responsables de la sixième extinction majeure dans l’histoire de la Terre. La « liste rouge » des espèces menacées révélait en 2008, que 16928 espèces sur les 44838 espèces étudiées étaient menacées d’extinction. 

Or la survie de l’humanité ne pourra se réaliser que par l’équilibre de l’écosystème.

Alors, est-ce, vraiment le moment de ne songer qu’à semer la zizanie, à des fins électoralistes ?


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    La fin du monde est proche, soutenons en choeur Sarkozy, qui ne vise qu'à oeuvrer que pour le Bien public....

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  11. Penser dans l'anti-nuances, style "Que pas une seule tête ne dépasse", il semblerait que certains militants de l'UMP n'y parviennent plus lorsqu'ils considèrent l'action du Chef de l'État.

    Quelques témoignages dans Le Monde:
    http://www.lemonde.fr/politique/article_interactif/2009/10/20/jean-sarkozy-frederic-mitterrand_1256449_823448.html#ens_id=1052464

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  12. Il n'est pas impossible que cela ait un rapport avec la perspective d'un éventuel changement de premier ministre. Se faire un peu remarquer (dans certaines limites) peut donner le coup de pouce à une promotion ministérielle. Ah, la servilité moderne est tout un art... Il faut être un peu dissonnant mais pas trop, juste ce qu'il faut...
    Ce qui n'exclut pas l'existence d'un réel flottement.

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  13. Les témoignages dans Le Monde émanent de militants, anonymes (prénoms et initiales du nom), ce qui va immanquablement faire dire que ce peut être du flan.

    Mais les journalistes du Monde sont censés avoir contrôlé leurs sources, j'imagine, à l'heure où la Sarkozie se plaint d'être maltraitée par la presse....

    Les menaçants se sentent menacés, selon le retournement projectif cher aux personnes de pouvoir...

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  14. yrulnik s'y met aussi....
    Extrait de propos qu'il a tenus sur "l'affaire Mitterrand" et analysés dans Agoravox.
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    http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/affaire-mitterrand-apres-drucker-63542

    « Ce n’est pas du tout une incitation au tourisme sexuel, c’est une invitation à la tristesse sexuelle (…) C’est une aventure tarifée avec un homme de 20 ans ». Mitterrand « confesse une tristesse sexuelle (…) « Il raconte comment un homme de 20 ans (…) qui a une si mauvaise opinion de lui est prêt à payer son corps contre un peu de monnaie ».

    Après avoir absout Mitterrand - « il n’est pas pédophile »-, Cyrulnik s’en prend aux « quadras du PS » … Convoque « Orwell » pour condamner « l’indignation » et comme l’omniprésent BHL, parle de « totalitarisme » : « (…) Ceux qui s’indignent de cette confession révèlent qu’ils pensent que (…) le chef doit tout contrôler, de l’aventure sociale (…) des aventures sexuelles ».

    « Marine Le Pen n’y suffisait pas : il a fallu que la jeune garde socialiste, Benoît Hamon en chef de file, vole au secours du nouvel ordre moral qui, depuis quinze jours, semble tourner des têtes que l’on croyait immunisées contre le moralement correct cher à nos Pères et Mères la Pudeur, type Christine Boutin ou Philippe de Villiers (…) Artistes, romanciers, diaristes, journalistes, qui, dans vos fictions et vos autofictions, croiriez bon de nous instruire de telle ou telle tentation, perdition, perversion, turpitude, regardez-y à deux fois car vous devez savoir qu’à gauche comme à droite, au nom de la défense des bonnes mœurs, on vous jettera en pâture à l’opinion et l’on sonnera contre vous l’hallali ».

    Et l'auteur de l'article de conclure:

    Donc, Cyrulnik ne voit pas dans cette « indignation », la défense des plus faibles, le rappel à la loi, l’engagement de la France dans sa lutte contre le tourisme sexuel, il assimile les Montebourg, Hamon à des « chemises brunes » nouvelle formule.

    « Une brigade des mœurs » qui vide son chargeur sur les valeurs de la démocratie, réduites, pour les besoins du discours, aux frasques du dandy ! La libido, pilier « indépassable » du système…Voilà où on en est. On rêve. Hannah Arendt qui a travaillé sur le Totalitarisme, tomberait des nues !

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  15. Pour tuer votre adversaire feignez de prendre ses mots pour l’expression de la pensée des intégristes.
    Tous ces anarchics se complaisent dans l’amalgame pour préservez leur droit d’user ou de s’émoustiller de libertés d’esclavagistes.

    Qu’un présentateur télé écrive sur la “tristesse de sa vie sexuelle” c'est son problème. Qu’un ministre se montre systématiquement complaisant à l’égard des violences sexuelles c’est notre problème.
    Bonsouâar

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  16. Jean Sarkozy vient d'annoncer le retrait de sa candidature comme Président de l'EPAD sur France 2. Il se contentera de se porter candidat au CA.

    La candidature, dit-il, était légitime, les attaques injustes, mais il a beaucoup réfléchi, gardant sa "passion désintéressée et inaltérable" pour le combat politique.

    No comment.

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  17. Et pendant ce temps....

    Les "Sages" du Conseil Constitutionnel ont donné leur feu vert à la loi Hadopi 2, contre le téléchargement illégal, qui prévoit une procédure pénale spécifique contre les délits de contrefaçon d'œuvres via Internet. La requête du PS a été rejetée.

    Début 2010, selon les plans préparés par le gouvernement, la Haute autorité aura le feu vert pour commencer à émettre des messages d'avertissement, tandis que les juges pourront ordonner des coupures d'abonnement à Internet aux pirates récidivistes.

    Le 10 juin, les Sages avaient pourtant infligé une large censure au premier texte. Ils avaient notamment estimé que seul un juge, et non une autorité administrative, pouvait prononcer une sanction menant à la coupure de l'accès à Internet.

    Depuis, le gouvernement a revu sa copie, sans jamais abandonner l'idée de sanctionner sévèrement les pirates. Le nouveau texte a été examiné au Parlement en juillet, puis adopté lors d'un vote solennel en septembre.

    Les modifications ont été jugées suffisantes par les Sages.

    En fait, parmi tous les griefs soulevés par l'opposition, le Conseil constitutionnel n'a censuré que les dispositions d'un seul article, qui permettaient au juge de statuer par ordonnance pénale sur la demande de dommages et intérêts émise par les ayants droit. Mais les Sages ne s'y opposent même pas sur le fond. Ils ont seulement jugé que ces règles devaient être précisées par le législateur, et non pas renvoyées à un décret.

    Du côté du ministère de la Culture, l'heure est au soulagement. La décision du Conseil constitutionnel «permet au législateur de parachever un dispositif innovant et pédagogique de prévention du piratage» des œuvres culturelles sur Internet, se félicite le ministre Frédéric Mitterrand dans un communiqué. Après ces deux années de polémique et de rebondissements, la rue de Valois assure cette fois que la lutte contre le piratage se poursuivra «selon le calendrier prévu».

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  18. Quelques propos d'Olivier Duhamel et Michel Field dans l'Express sur l'inflation sarkozyste
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    Pourquoi ses allocutions sont-elles peu efficaces?

    M. F.: Trop de Sarkozy tue le sarkozysme. A force de l'entendre au moins trois fois par semaine, les Français ont une capacité d'attention émoussée. Il devrait stopper ce cannibalisme.

    O. D.: Idem avec la mise en scène permanente de déplacements préfabriqués, et désormais compliqués par les risques de manifestation.

    M. F.: Je n'aurais pas parié un kopeck, en 2007, sur un Nicolas Sarkozy rencontrant de tels problèmes de communication, qu'il s'est lui-même créés.

    O. D.: Cela renvoie à l'"hyperprésidentialisme". Il est allé trop loin en devenant ministre de tout. Les saturations de communication vont de pair avec son interventionnisme permanent.

    M. F. : Du coup, on n'est plus attentif qu'aux ratés, aux incidents
    .
    _________________________
    Eh oui... Il dépasse tous les seuils de saturation.

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  19. A propos d'Hadopi, lu dans Slate une analyse qui démontre, une fois de plus, l'inanité des prohibitions...
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    La plupart des sites de streaming sont
    aujourd'hui hébergés à l'étranger. Selon Konrad Chmielewski, créateur de stream-actu.com, «il y a des paradis du streaming, comme il y a des paradis fiscaux. Le Maroc est ainsi le principal fournisseur de films en streaming pour la France. Il y a toute une génération de jeunes Marocains de 15-17 ans qui créent un ou plusieurs sites de streaming. Leur pays bénéficie d'une bonne couverture ADSL, et sans trop d'efforts, ça peut donc leur rapporter 1.000 ou 2.000 euros par mois».

    Mais à côté de ces artisans du streaming, certains sites basés au Maroc ont réussi à devenir de véritables entreprises, avec des employés payés au noir. Allostreaming, le plus gros site francophone a même ouvert des succursales, comme streamov.com. «Leur revenu total doit facilement atteindre un chiffre d'affaires quotidien de 3 000 euros», affirme Chmielewski .

    Même si la Haute autorité contre le piratage décidait de s'attaquer au streaming, elle aurait donc bien du mal à être efficace. «Quand les serveurs ne sont pas en France, il n'y pratiquement aucune solution pour les ayant droits», explique Stéphane Michenaud; les procédures prennent plusieurs années, sans aucune garantie de résultat. Et il est illégal de mettre un spyware (un logiciel qui recueille clandestinement des informations) sur un serveur à l'étranger».

    Seule solution envisageable pour le DG de Copeeright agency: couper l'accès à ces sites en France. «On y arrive bien pour la pédopornographie, et pour les sites négationnistes». Bloquer l'accès à des sites, «c'est une solution utilisée en Chine», réagit Konrad Chmielewski, «en plus c'est inefficace; la procédure, est très encadrée et prend beaucoup de temps, alors que chaque jour trois ou quatre sites de streaming apparaissent. On se lancerait dans une chasse sans fin».

    Si la lutte contre le streaming veut être efficace, elle doit donc passer par des accords internationaux. Mais les négociations entre États, et les modalités d'une éventuelle mise en application prendraient plusieurs années. En attendant, avec des sites au Maroc et en Ukraine, et des vidéos hébergées à Hong Kong (megavideo et megaupload) ou en Russie (rutube), les Français peuvent profiter du streaming illégal des films et des séries. Et sans risquer de recevoir un mail d'Hadopi.

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  20. Frédéric Mitterrand fait le point après les controverses et les polémiques (LeMonde.fr avec AFP)
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    Frédéric Mitterrand a jugé samedi que la récente polémique sur sa vie privée lui avait permis d'achever sa mue de simple citoyen à ministre. Le ministre de la culture, interrogé sur RTL, a estimé que l'affaire lui permettrait de "trouver l'équilibre entre citoyen et ministre". "Je vais être un peu plus prudent", a-t-il expliqué tout en revendiquant sa "part d'émotion". "Je ne veux pas devenir un monstre administratif ou qui fait carrière politique".

    Une polémique dont le ministre dit aujourd'hui sortir "endurci" et "sans rancœur". "Tous les ministres ont leur passage au feu, leur superbizutage, le mien était carabiné. Mais je pense que je pourrai en tirer tous les enseignements et, au fond: ni ressentiment, ni rancœur, ni rancune." "Je me suis endurci. Les seules traces, c'est que j'ai appris un certain nombre de comportements qui peuvent être ceux d'un ministre que je n'avais peut-être pas totalement maîtrisés", a-t-il reconnu.
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    Comme dirait Parleur, il a compris qu'il fallait un peu de "tenue". Il est curieux qu'il ne l'ait pas pensé tout seul avant...
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  21. Mieux vaux tard que jamais. Il y en a tant pour qui c'est JAMAIS…

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  22. Mitterrand met en acte son autocritique.
    Lu dans le NouvelObs.
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    "Je revendique la capacité d'une part d'émotion. Que cela m'ait entraîné à commettre des erreurs, sans doute, mais on peut s'améliorer, surtout qu'on apprend très vite dans ce domaine" s'est-il défendu.


    Et pour mieux illustrer son propos, le ministre n'a pas souhaité réagir à l'interdiction préfectorale d'un spectacle que devait donner dimanche l'humoriste controversé Dieudonné à Grenoble. "Voilà bien des domaines où une réaction émotive est inappropriée", a déclaré le ministre. "Il faudrait en savoir plus", a déclaré Frédéric Mitterrand, qui a indiqué que pour sa part il n'ira "jamais voir" un spectacle de Dieudonné.
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    Mais oui, Parleur, comme nous ne sommes pas des lyncheurs, nous disons "mieux vaut tard que jamais"...

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  23. Le regard acerbe d'Antonio Caballero sur l'affaire Jean Sarkozy, dans une récente tribune publiée par l'hebdomadaire Semana.
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    http://www.courrierinternational.com/article/2009/10/22/une-droite-effrontee-et-sans-pudeur
    - Courrier international : Comment jugez vous l'affaire Jean Sarkozy ?

    Antonio Caballero : Cette affaire est symptomatique de ce qu'est devenue la droite en Europe depuis une vingtaine d'années. Depuis la fin de l'Union soviétique et du communisme en Europe de l'Est, la droite n'a plus peur de rien et se permet tout ce qu'elle n'osait pas faire auparavant. La droite avait peur de revivre une révolution comme celle de 1917 en Russie. Aujourd'hui, cette crainte a disparu et ils savent qu'ils peuvent faire tout ce qu'ils veulent. Ils peuvent par exemple s'approprier le pouvoir et l'utiliser pour leur profit personnel, comme le fait Nicolas Sarkozy, comme l'avait fait avant lui Jacques Chirac et comme l'ont fait José María Aznar en Espagne et Silvio Berlusconi en Italie. Il s'agit d'une droite effrontée et sans pudeur qui agit de la sorte parce qu'elle n'a plus peur. La fin de la révolution prolétaire marque aussi la fin de la peur du capitalisme.


    Et la gauche, de quoi a-t-elle peur ?

    La social-démocratie européenne se définissait par opposition au communisme, mais depuis que celui-ci n'existe quasiment plus, la gauche a été incapable de se trouver une personnalité. Aujourd'hui, la gauche se contente de se placer un peu moins à droite que la droite, c'est tout ce qu'elle est capable de faire. C'est le cas de Tony Blair et du travaillisme anglais, qui ont réussi le tour de force d'appeler "troisième voie" le fait de devenir de droite !


    Les idées de gauche seraient-elles parties s'installer sur le continent latino-américain ?

    Rien n'est moins probable. En Amérique latine, la gauche n'a jamais existé, ou en tout cas elle a toujours été de droite. Nul n'est plus à droite que les péronistes argentins ou Fidel Castro à Cuba. Et l'on pourrait en dire autant d'Hugo Chávez au Venezuela, un caudillo comme on en a tellement connu en Amérique latine. Il parle au nom du peuple comme tous les militaires vénézuéliens, péruviens ou colombiens l'ont fait avant lui. Il se dit antiaméricain, mais ce discours ne suffit pas à lui tout seul à en faire un homme de gauche. Quant à la Colombie, elle est profondément de droite, et c'est en partie la faute de la gauche, d'une certaine gauche armée, des guérillas qui sont devenues des organisations criminelles et ont terrorisé la population. Grâce à cette attitude, la droite a pu s'installer durablement dans le pays.


    Vous êtes un critique virulent du président colombien Alvaro Uribe et ne lui épargnez vos satires dans vos textes. Y a-t-il une liberté d'expression en Colombie ?

    En Colombie la liberté de la presse et la liberté d'expression sont totales. Bien sûr, certains intérêts économiques et politiques essayent toujours de les entraver. Mais cela arrive aussi en France ou partout ailleurs. En revanche, le gouvernement colombien ne ferme pas de médias, ce qui arrive souvent dans d'autres pays latino-américains. Il n'existe aucune forme de censure et tout le monde est libre de dire ce qu'il pense. Mais attention, si ce qu'on pense ne plaît pas aux guérillas, aux paramilitaires ou même à certains membres du gouvernement, on risque de recevoir des menaces. Cela m'est arrivé deux fois dans ma vie professionnelle et j'ai dû quitter le pays. Autrement dit, en Colombie on n'empêche personne de dire ce qu'il pense, mais une fois que c'est dit, on peut tuer celui qui l'a dit.

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  24. Lu dans Le Monde:

    comme on le subodorait, Samantha Geimer a des problèmes de santé liés aux harcèlements dont elle est victime depuis le battage médiatique autour de l'affaire Polanski.

    Elle demande à la Justice américaine d'arrêter cette affaire... Dont elle aura été deux fois victime...

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  25. Un article justement grinçant et amusant (publié par Slate), dans lequel Marc Menonville critique les faux-culs de droite et de gauche à propos de Mitterrand. Je retiens le passage sur ceux de gauche… et la notion, fort piquante, d'"égorrhée", qui me plaît bien ;o)
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    http://backoffice.slate.fr/story/12197/faux-cul
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    On prêtait du moins aux gens de gauche - ah, fallait-il qu'on soit candide! - le courage de la franchise et l'amour de la liberté, y compris la liberté des mœurs. Ne les avait-on pas entendus tonner à tout instant contre l'homophobie, et s'indigner lorsque François Bayrou (mention spéciale pour l'emploi nouveau du mot problématique) reprochait à Daniel Cohn-Bendit «l'ignominie» d'un texte imprudent sur la sexualité de l'enfance? Las, de Benoît Hamon à Arnaud Montebourg, en passant par Martine Aubry et Manuel Valls, les faux culs se sont précipités pour le reniement ou le coup de pied de l'âne au ministre de la Culture. «Tous les braves gens s'y sont mis» raillait le Jacques Prévert de La chasse à l'enfant.
    Conclusion: les faux culs et les démagogues s'avèrent aussi nombreux à Gauche qu'à Droite.

    Ça fait du monde!

    N'importe quel faux cul, d'ailleurs, aurait, sans le lire, pardonné à Frédéric Mitterrand un essai sur Astolphe de Custine, une bio de Marcel Proust ou un hommage à Oscar Wilde. Il n'a eu que le tort d'emprunter avant son maroquin la voie de la sincérité et de l'aveu, non sans quelque complaisance pour le glauque et le sordide, disons-le. Les faux culs l'ont pris au piège de son égorrhée. L'auteur, qui ne craint pas de se citer lui-même, avait forgé ce substantif pour un manuscrit encore en quête d'éditeur, «1089 Mots qui n'existent pas». En voici la définition, tout à fait fantaisiste, illustrée par la citation, apocryphe, d'un critique de renom:
    Courant littéraire qui voit l'auteur (e) parler sans frein (-rrhée) de lui (d'elle) -même (ego). Variante de l'auto-fiction, l'égorrhée a pris de l'ampleur depuis 1990. D'abord illustrée par des plumes masculines, l'égorrhée paraît devenue l'apanage, ou presque, des écrivaines.

    «On espérait qu'avec «Moi et Papa», Christine Lafille, grande prêtresse de l'égorrhée, nous donnerait un livre méchant. Elle n'a commis qu'un méchant livre» - Pierre Assouline.
    Ajoutons-y le commentaire qu'un Albert Simonin aurait mis dans la bouche d'un vieux sage: «Quand tu tartines un bouquin, mec, donne-la-toi sévère avant de débagouler. Vu que, de nos jours, les scripta manent à tout va et que les condés, ou tes bons potes, ils se gratteront pas pour te les fourrer sous le pif comme qui rigole si tu as le malheur de dérober» (1).

    SOS! Tous aux abris, vite! Les faux culs sont sortis du bois!

    (1).Traduction: Lorsque vous écrirez un livre, cher ami, veillez à peser chacun de vos mots. Car, aujourd'hui comme hier, scripta manent, si bien que les policiers, ou vos soi-disant amis, ne manqueraient pas de les retenir à votre encontre dans le cas où vous commettriez une erreur malencontreuse.

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  26. Un article éclairant du journaliste Olivier Bailly dans Agoravox, à propos de l’éviction du philosophe Yves Michaud de l’émission Esprit Public animée par Philippe Meyer sur France Culture.
    http://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/yves-michaud-vire-de-france-64534
    __________________________
    O. Bailly a souhaité interviewer Philippe Meyer au sujet de son dernier ouvrage Un Parisien à travers Paris (Laffont, 2009).

    Quand il dit que l'article paraîtra dans Agoravox, Philippe Meyer annule le rendez-vous, arguant qu’Agoravox avait publié à propos de l’Esprit Public «une prétendue information fausse». Il s’agit d’un commentaire figurant sous l’article Alain Finkielkraut, "La justice américaine vaut-elle Polanski"? L’article revient en détail sur la joute qui avait opposé le 9 octobre, lors de l’émission animée par Nicolas Demorand sur France Inter, les philosophes Alain Finkielkraut et Yves Michaud au sujet de l’affaire Polanski.

    Olivier Bailly ayant entendu dire que suite à cette émission, Yves Michaud avait été évincé, il l'appelle. Ce dernier lui révèle qu’il a été remercié par Philippe Meyer, sans explication, suite à l’enregistrement de l’Esprit Public du 4 octobre où, de concert avec Max Gallo et Jean-Louis Bourlanges, il évoque la calamiteuse affaire Polanski non pas pour prendre la défense du cinéaste mais tout simplement pour rappeler les simples règles de droit.

    Le 7 octobre Michaud est remercié par un simple mail. Le directeur de France Culture s’excuse auprès de lui de ce licenciement.

    Yves Michaud, finalement, ne sait pas vraiment pourquoi il a été remercié de l’Esprit Public après six ans de collaboration.
    C’est un mail qui m’a dit de rester chez moi. Sans explication, sans rien.. Il n’a plus eu aucun contact depuis ce mail.

    Je considère que Meyer est le responsable de son émission. Il prend qui il veut, et il change avec qui il veut, que ça soit bien clair. J’ai toujours considéré que j’étais un membre temporaire, même si je me suis aperçu à cette occasion-là que ça faisait six ans. Donc c’est lui le responsable, c’est lui le créateur de la formule. Il fait strictement ce qu’il veut. J’aurais apprécié que ça se passe dans des conditions légèrement différentes et pas être congédié comme un domestique.

    C’est l’affaire Polanski qui a déclenché tout cela. Cette affaire en elle-même est extrêmement intéressante. Je me réserve d’y revenir un de ces quatre matins sous forme plus argumentée. Elle a quand même rendue manifeste une polarisation très forte dans la société française entre, disons, la France d’en haut et la France d’en bas. La France d’en haut, c’est-à-dire les élites parisiennes médiatiques, et puis le commun des mortels, dont je suis d’ailleurs, puisqu’on voyait partout que les sondages donnaient 60 à 70% de gens qui trouvaient les poursuites légitimes, mais exactement comme pour Chirac ou pour le fils de Sarkozy. Effectivement aujourd’hui il y a un vrai clivage entre la France d’en haut, parisienne, médiatique, arrogante, et la France d’en bas. Ce qui m’amuse le plus, de ce point de vue-là, c’est que d’habitude c’est la France d’en bas qui détestait la France d’en haut. Aujourd’hui c’est plutôt l’inverse. Il y a une sorte de haine envers le peuple très étonnante qui d’ailleurs se traduit aussi chez certains penseurs !
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  27. Un intéressant article paru il y a deux jours dans Agoravox sur le 11 Septembre. Le Billet et les commentaires sont intéressants.

    L'auteur en vient à défendre, après analyse de nombreux faits, la théorie du complot, qu'il avait d'abord totalement écartée....

    http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/11-septembre-la-theorie-du-mille-64216

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  28. Penser dans les nuances... chose fort malaisée.

    Deux informations à mettre en regard l’une de l’autre.

    (1)Anne Frank non grata à Beyrouth
    http://www.courrierinternational.com/article/2009/11/09/anne-frank-non-grata-a-beyrouth

    En faisant pression sur une école à Beyrouth pour qu'elle retire de ses manuels scolaires un extrait du journal d'Anne Frank considéré comme "pro-sioniste", le Hezbollah a soulevé une vague de protestation au Liban. L'Orient- Le Jour a choisi de publier des citations d'Anne Frank. Le quotidien dénonce cette censure obscurantiste. Effectivement, lorsqu’on lit les extraits censurés, on reste pantois.
    "Chère Kitty, je te l'ai déjà dit, mon âme est pour ainsi dire divisée en deux. La première héberge mon hilarité, mes moqueries à propos de tout, ma joie de vivre et, surtout, ma tendance à tout prendre à la légère. Cette première partie est toujours aux aguets, repoussant l'autre, qui est plus belle, plus pure et plus profonde. Le beau côté de la petite Anne, personne ne le connaît, pas vrai ? C'est pourquoi si peu de gens m'aiment vraiment"....


    (2) François Cluzet accusé d’antisémitisme

    http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/antisemitisme-francois-cluzet-64705

    Le Bureau National de Vigilance Contre l’Antisémitisme (BNVCA) accuse l’acteur, dans un communiqué paru le 8 novembre, de "désinformation caractérisée et d’incitation à la haine", suite à son apparition, dimanche, dans le 13h15 de France 2, à propos de Salah Hamouri.

    L’accusation de désinformation paraît excessive. Cluzet n’a pas été très précis : en effet, Salah Hamouri n’a pas été condamné (comme il le prétend) pour délit d’opinion, mais pour délit d’intention. Non parce qu’il s’opposait aux colonisations israéliennes, mais parce qu’on a considéré qu’il avait l’intention de tuer un rabbin. On pardonnera à l’acteur, dans une séquence télévisée d’une minute à peine, et sous l’emprise peut-être de l’émotion, de s’être ainsi mépris, d’avoir manqué à la rigueur journalistique la plus irréprochable. D’autant que dans les deux cas, opinion ou intention, le motif de condamnation paraît pour le moins léger.

    Quant à la deuxième partie de l’accusation -incitation à la haine-, elle ne serait recevable que si Cluzet avait pris la défense d’un homme clairement reconnu comme un dangereux terroriste, et dont l’objectif ultime serait la destruction d’Israël. Or ces points sont fortement contestés : selon ses soutiens, Salah Hamouri n’appartient pas au groupe du FPLP et n’a jamais eu l’intention de tuer le grand rabbin Ovadia Yossef.
    François Cluzet, qui défend un homme qu’il estime innocent, n’incite donc nullement à la haine.

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  29. Le Ministre des Artistes (et sans doute aussi des Écrivains)est appelé à la rescousse par Marie Ndiaye
    Lu dans Le Monde
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    Marie Ndiaye, prix Goncourt 2009, a souhaité aujourd'hui que le ministre de la Culture mette un terme à la polémique liée à ses propos sur Nicolas Sarkozy.

    L'écrivain vit à Berlin depuis deux ans et a dit que son départ de France tenait "en grande partie" à l'élection de Nicolas Sarkozy à l'Élysée.

    Le député UMP Eric Raoult a fustigé mardi ces propos et interpellé le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand dans une "question écrite", invoquant un devoir de réserve des lauréats du Goncourt.

    Le devoir de réserve n'existe pas pour les lauréats du prix Goncourt selon Bernard Pivot, membre du jury.

    Marie Ndiaye a confirmé mercredi ses propos.

    "Je ne regrette pas une seconde" de les avoir tenus, a-t-elle dit sur France Info. "Je les maintiens absolument."

    Quant à Frédéric Mitterrand, "il serait bien qu'il nous donne son avis sur le droit de réserve que devraient avoir les écrivains et qu'il mette un point final à cette affaire qui est quand même assez sotte", a-t-elle ajouté.

    Dans l'entretien en question, publié l'été dernier par les Inrockuptibles, l'auteur de "Trois femmes puissantes" déclarait être partie "juste après les élections en grande partie à cause de Sarkozy".

    "Je trouve détestable cette atmosphère de flicage, de vulgarité...", avait-elle ajouté.

    Dans une interview réalisée lundi et diffusée mercredi sur Europe 1, la Franco-Sénégalaise a rejeté l'idée d'un exil politique.

    "C'est très excessif. Je ne veux pas avoir l'air de fuir je ne sais quelle tyrannie insupportable", a-t-elle déclaré.

    "Depuis quelques temps, je trouve l'atmosphère en France assez dépressive, assez morose. Il me semble qu'à Berlin, elle est plus exaltante", a-t-elle poursuivi.

    Interrogée sur un lien direct entre son départ et l'élection de Nicolas Sarkozy, elle a répondu : "Je ne crois jamais qu'un seul homme puisse faire un pays."

    Bernard Pivot, membre du jury du Goncourt, a qualifié d'"erreur ou de bourde" la prise de position d'Eric Raoult, en estimant que le député de Seine-Saint-Denis ne connaissait "rien au milieu littéraire".

    "Le devoir de réserve qu'il invoque n'a jamais existé, n'existe pas et n'existera jamais, pas plus pour le lauréat du prix Goncourt que pour le lauréat du prix Nobel de littérature", a-t-il dit sur France Info.

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  30. Moi je trouve ça très réconfortant : Eric Raoult est un imbécile notoire, il dit une imbécilité évidente, tout est en ordre. Pas de quoi s'énerver.
    Parleur, encore planqué derrière la Véronique.

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  31. Oui, Parleur à l'ombre de Véronique, un ricanement suffisait largement.

    Frédéric Mitterrand a déclaré sur France-Isère:
    Le Prix Goncourt est une entreprise privée, tout à fait remarquable. Donc, les écrivains qui reçoivent le Prix Goncourt, et Marie Ndiaye est un grand écrivain, ont le droit de dire ce qu’ils veulent. Par ailleurs, Eric Raoult, qui est un ami et un homme très estimable, a le droit lui aussi en tant que citoyen, voire en tant que parlementaire, de dire ce qu’il pense.

    Il a de curieux amis, ce Ministre. Mais enfin, c'est sa vie, hein, pas la nôtre...

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  32. Je signale la parution, dans le média citoyen Agoravox, d'une interview très intéressante d'Eric Laurent, qui vient de sortir un livre sur le pouvoir international des banques.

    http://www.agoravox.fr/rdv-de-l-agora/article/eric-laurent-explore-la-face-64244

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  33. Un article intéressant de T. Todorov dans Le Monde sur les menaces pesant en France sur la démocratie:

    http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/11/14/menaces-sur-la-democratie-par-tzvetan-todorov_1267217_3232.html

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  34. Comme personne ne me demande mon avis, eh bien je le donne.
    OUARF !(pour Parleur)

    1) Pour les conflits Royal/Peillon, voici ma pensée nuancée of Corse :

    Vu les bruits et rumeurs multiples, le buzz créé par ces affaires au PS, autour de Ségolène Royal, ma seule position pour le moment sur le fond ne peut être que :

    Wait, silent and see

    En revanche, j’ouvre ma bouche lorsque je lis des attaques misogynes ou psychiatriques, qui sont, dans ce brouhaha, toujours inadmissibles
    .

    2) Pour les disputes entre les gens de la gauche "pure" anticapitaliste et ceux de la gauche "impure" , voici ce que je viens de poster sur Agoravox:

    Enfumage, enfumage... pour le moment les fumées et fumets nauséabonds qui nous déglinguent la vie viennent plutôt de ceux qui nous gouvernent. Les dirigeants du PS font du bruitage qui ajoute à la cacophonie ambiante, mais le pouvoir décisionnaire n’est pas entre leurs mains, que je sache.

    Moi aussi je voudrais bien rêver au Grand Soir les amis, mais soyons réalistes : la France ne vote pas à gauche. Non, pas du tout.
    Alors, aux régionales et aux présidentielles en 2012, c’est le pouvoir UMP qui est à combattre. Et pour ce faire, il faut bien que les opposants s’opposent, de préférence en s’unissant un chouïa.

    A force de se chercher des poux dans la tête, de distinguer les purs et les impurs, la gauche va se retrouver avec l’UMP en tête. Or, je regrette, mais je refuse de pratiquer l’équation bonnet blanc = blanc bonnet.

    Je préfère un pouvoir teinté de gauche, poussé aux fesses par l’aiguillon de la radicalite, qu’un pouvoir à droite toute UMP
    .

    3) Pour les histoires d'état -pas moins - autour du foot et de la main d'Henry (qu'il aurait mieux fait de mettre ailleurs)

    On peut se révolter de voir le fric et les émeutes incroyables que le foot draine et entraîne, ne pas trouver très exemplaire la tricherie, notamment pour les gamins, mais de là à faire des tollés à propos de pratiques très courantes... il y a un pas.

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  35. Et comment qu'elle a raison, la Monica. Oh, pardon. Là j'ai vraiment pas fait dans la nuance…

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  36. et" même que "je dirais qu'elle sait analyser et transmettre son analyse sans jouer au prof:Merci!

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  37. Je suis contre les compétitions de sport professionnel par équipes nationales, sponsorisées par des multinationales, confisquées par les médias « populaires » et instrumentalisées par les pouvoirs politiques.

    Je suis contre les rivalités et entourloupes politiques, surtout entre gens censés être d’accord sur l’essentiel, et particulièrement dans l’optique de la création d’un large rassemblement destiné à la victoire (mon œil !).

    Je suis contre la fragmentation de ceux qui se réclament de la gauche. Spontanée, passe encore, c’est dans la nature des choses, mais provoquée et entretenue à dessein pour servir des intérêts de boutiques, ça ne passe pas.

    Mais bon, il faut savoir se soumettre aux décrets divins. Ô Eris, déesse de la discorde, que Ta volonté soit faite et non la mienne. C’est Ta prophétesse, Sainte Zizanie, qui pilote la machine à perdre dont Tu as fait don aux humains.

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  38. Cher Melchior,

    Ne soyons pas pessimistes.

    Distinguons les leurres envoyés jour et nuit par les médias, l'exposé ressassé et hyper-commenté des disputes stupides, des polémiques redondantes, qui s'étirent en buzz...et les réalités sociales.

    Sainte Zizanie (quand a-t-elle été béatifiée celle-là ???)est de sortie dans l'air médiatique du temps, mais ne prenons pas les gens pour des idiots, des serfs soumis;o)

    Des sondages donnent la gauche devant la droite aux régionales, preuve, peut-être, que Sarkozy et son UMP ont quelques soucis à se faire... et nous quelques menus espoirs à nourrir, malgré tout.

    Ah, l'opinion....

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  39. Une fois de plus, il est bon, ce Melchior. Que dire de plus à c't heure ?

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  40. Passons à... un sujet plus olé olé ;o)

    Un article de Quentin Girard sur la censure de films porno, dans Slate, dont je résume quelques arguments
    _________________________
    http://backoffice.slate.fr/story/13335/ovidie-porno-dirty-diaries-histoire-de-sexe
    _________________________________
    Le film «Dirty Diaries», un porno féministe suédois composé d'une douzaine de scénettes, vient de bénéficier pour la première fois d’une aide gouvernementale.

    Presque en même temps, en France, pour la première fois depuis longtemps, un film réalisé par des acteurs de l’industrie du porno, «Histoire(s) de Sexe», avec des scènes sexuelles explicites, a tenté d'obtenir l’autorisation d’être diffusé en salle. L’autorisation a été refusée.

    «Histoire(s) de Sexe» raconte l’histoire de deux dîners parallèles. L’un de femmes, l’autre d’hommes. «Le film retrace cette soirée au cours de laquelle les deux groupes, les hommes d’un côté, les femmes de l’autre, en viennent à parler de sexe et illustrent leurs propos par le récit d’expériences vécues. Chacun raconte sa propre version des événements, souvent totalement différente de la perception de leur partenaire».

    Mia Engberg, la documentariste de 38 ans qui a mis en œuvre «Dirty Diaries», veut également montrer le plaisir de manière différente: «Je me suis rendu compte que j’étais devenue victime de mon opposition. Je m’interdisais le porno alors que je voulais voir des films, mais faits autrement.»

    Douze réalisatrices ont filmé des scènes de moins de quinze minutes. «En tant que lesbienne, c’était important pour moi de montrer comment on peut faire un film porno en sortant du schéma habituel, qui réduit le rôle de la femme à celui d’un objet», explique la réalisatrice Åsa Sandzén.

    Deux films qui veulent renouveler le genre, deux sanctions opposées. Il y a deux poids deux mesures en Europe et ce n’est pas la première fois que cela arrive, décrypte la féministe Peggy Sastre. «Comme sur d'autres sujets, les pays européens ne sont pas tous d'accord sur le travail du sexe. En France, on subit une élite très abolitionniste pour qui "travail du sexe" est un dangereux oxymore. Gisèle Halimi ne veut, par exemple, même pas dialoguer avec des prostituées, des acteurs et actrices pornos et ceux et celles qui les défendent. L'Allemagne et la Suisse sont plus libérales en termes de prostitution, ce n'est donc pas étonnant que la Suède soit plus libérale en termes de porno». Question de lobby aussi. En Suède, les féministes, qui ont un parti politique actif, sont sans doute plus aptes à faire entendre leurs voix que les acteurs de la pornographie en France (même si «Dirty Diaries» a été critiquée par une partie des féministes suédoises).

    Pour Peggy Sastre, «la Suède est un pays bien plus féministe, égalitariste et antisexiste que la France. La mentalité "lambda" suédoise est bien moins misogyne que la française, ça doit aussi jouer».
    a
    En France Agnès Giard se demande pourquoi la commission du CNC a classé ce film X. "Parce qu’il est impensable, pour les puritains qui y siègent en majorité, qu’un film puisse parler de sexe. On peut parler de mort, de meurtre en série, de fin du monde, mais pas de sexe".

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  41. Encore un buzz.. .de plus… sur l’entrée d’Albert Camus au Panthéon.
    Plein d’articles ont été écrits sur le sujet. Je retiens celui ,nuancé, de Thomas Legrand dans Slate, que je résume.
    ____________________
    http://backoffice.slate.fr/story/13385/sarkozy-camus-pantheon-entre-ici-albert-camus
    ___________________
    Comme Sarkozy a le projet de faire transférer les cendres d'Albert Camus au Panthéon, la polémique enfle. On parle de récupération, d’ouverture-débauchage, voire de réactivation de la querelle Sartre/Camus. J. Daniel(ami d'Albert Camus) estime que l'homme de «l'héroïsme de la mesure» ne pourrait pas se trouver bien dans un temple de la démesure. Jean Camus, le fils d'Albert, semble penser la même chose. Même Le Pen soupçonne Sarkozy de vouloir piquer des voix au Front national car Camus était pied-noir.

    Ce déluge de critiques souligne l'image qu'a maintenant Nicolas Sarkozy. Son initiative rappelle la lecture de la lettre de Guy Môquet, les distorsions de la pensée de Jaurès et Blum.

    Or au-delà de la réelle motivation du Président, la seule question qui vaille c'est: Camus au Panthéon, est-ce une bonne idée?

    On peut très bien trouver toute Panthéonisation ridicule (***) mais si l'on est sensible au rite républicain, si l'on pense que le «Aux grands hommes la patrie reconnaissante» du fronton du Panthéon a un sens, on ne voit pas comment on pourrait s'opposer à ce qu'Albert Camus repose à côté de Victor Hugo, Pierre et Marie Curie, Emile Zola, Victor Schœlcher, Jean Jaurès ou Jean Moulin. En quoi serait-ce trahir Camus que de l'honorer?

    Certes, il était l'homme opposé à tous les pouvoirs mais contrairement à Sartre, il n'a pas refusé le Nobel ou la légion d'honneur. En quoi son œuvre serait-elle «ensevelie sous tant d'honneur». Celles d'Hugo, de Zola ou de Dumas ne l'ont pas été. Camus est à tous. La plupart des lycéens ont eu à lire et étudier «L'Étranger» et puis, certes, il était de gauche mais tout le monde peut se retrouver dans la morale, la philosophie, l'humanisme et même les contradictions ou les ambiguïtés, bref l'œuvre d'Albert Camus. Et puis Camus, vu du XXIe siècle, c'est l'homme qui avait raison au XXe. Etre de gauche et dénoncer le goulag dans les années 50! Refuser l'idée qu'Albert Camus puisse être «panthéonisé» sous prétexte que Sarkozy aurait quelques arrières pensées politiciennes, c'est une forme d'instrumentalisation du Panthéon plus flagrante que l'instrumentalisation présidentielle que dénoncent les opposants au transfert.

    Si les restes d'Albert Camus devaient être transférés au Panthéon en 2010, pour le cinquantenaire de sa mort, il y a fort à parier que dans quelques années, tout le monde aura oublié quel est le Président qui a voulu que l'écrivain méditerranéen repose parmi les «grands hommes».

    _______________
    (***) C'est mon cas. Pour le dire en termes asiniens, cela me fait braire... Les Grands Hommes avec si peu de Grandes Femmes... M'enfin...

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  42. Et pendant que les gens se disputent sur Camus au Panthéon, que fait Luc Chatel ?

    C’est du lourd !

    Un texte de Jacques Sapir dans Marianne, résumé.
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    http://www.marianne2.fr/Exclusif-Chatel-veut-supprimer-l-histoire-geo-en-terminale-S_a182876.html
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    Le Ministre de l’Éducation Nationale, M. Luc Chatel, a décidé de supprimer l’Histoire et la Géographie comme matières obligatoires en Terminale Scientifique. Il les maintiendrait dans un cadre optionnel. Cela priverait plus de la moitié des lycéens de Terminale d’un enseignement tout à fait nécessaire.

    Cette question ne concerne pas que les historiens et géographes, même si l’on ne doit pas s’étonner qu’ils protestent très vigoureusement.

    Il faut souligner l’incohérence profonde de cette décision. Elle survient au moment même où, de la commémoration de l’anniversaire de la mort de Guy Môquet au grand débat sur «l’identité nationale », en passant par le projet d’un musée de l’Histoire de France, la question de l’Histoire, mais aussi de la Géographie (car la conscience nationale s’enracine dans des pays et des paysages) occupe une place centrale.

    On se souvient du livre de Fernand Braudel L’Identité de la France, et de la place qu’il donnait à la fois aux paysages, à leur construction sociale, et à l’Histoire dans la production d’un sentiment national. La définition de ce dernier ne saurait renier ce qu’il doit à ces deux disciplines. Dans l’identité nationale, il y a aussi l’histoire des luttes sociales qui permet de comprendre la spécificité de chaque culture politique. Que penser d’une histoire qui serait réduite à sa plus simple instantanéité ?

    Ou alors, mais on n’ose croire que tel soit le projet du gouvernement, cela reviendrait implicitement à faire reposer ce sentiment national, cette «identité française» sur une couleur de peau ou une religion. Ceci impliquerait pour le coup une rupture absolument radicale avec ce qui fait l’essence même du sentiment national en France.
    On peut alors s’interroger sur la logique d’une telle politique qui prétend faire de la conscience nationale une priorité, qui va même jusqu’à créer à cette fin un Ministère de l’Intégration, et qui projette de la retirer en réalité à la moitié des élèves de Terminale. Ce n’est plus de l’incohérence, c’est de la schizophrénie pure et simple.

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  43. Un petit billet assassin de Didier Jacob sur Finkielkraut dans le Nouvel Obs, dont je tire ce passage à propos de NDiaye/Raoult:

    Finkielkraut continue, se trompant à nouveau de cible, quand il accuse Marie NDiaye «d'ivrognerie verbale» (l'expression ne semble pas moins violente que ceux qu'il rejette sur la France «monstrueuse» de Sarkozy). Selon Finkielkraut, Marie NDiaye ne serait pas soumise à un devoir de réserve, mais à un devoir de «justesse». En somme, Raoult n'a pas dit autre chose. La littérature, en ses interventions, n'a pourtant jamais été liée d'aucune manière par un quelconque devoir non-écrit qui l'engagerait à la modération. C'est méconnaître l'histoire littéraire, et l'histoire des idées, que de nier la liberté fondamentale de l'écrivain et du penseur, qui ne sauraient accepter qu'on trace autour d'eux un réseau de lignes jaunes, lesquelles sépareraient l'outrance d'un soi-disant parler juste.
    _______________

    "Ivrognerie verbale": quelle élégance !

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  44. Je signale un Billet très intéressant de notre Baudet sur son Blog:

    http://melgrilab.blog.lemonde.fr/2009/11/26/decroissance-encore/

    Il procède à une belle purification conceptuelle de notions aujourd'hui prises ou rejetées dans la plus grande confusion.

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  45. Je m'aventure sur un terrain glissant. Allons que diable, du courage !

    Les Suisses ont voté à 57,5 % pour l'interdiction des minarets.

    Signe de racisme, de haine, insulte à l'Islam, comme l'a dénoncé la principale organisation musulmane d'Indonésie ?

    Le chef de la Nahdlatul Ulama (NU), Maskuri Abdillah, a cependant appelé les musulmans d'Indonésie, plus grand pays musulman au monde, à "ne pas réagir avec excès" à la décision des Suisses.

    Cet appel au calme mérite qu'on s'y arrête.
    Car qu'est-ce qu'un minaret, sinon la Tour de la mosquée du haut de laquelle le muezzin appelle les fidèles à la prière?

    Le refus de la construction de minarets, c'est-à-dire de tours à grande portée (matérielle et symbolique) religieuse, au moment où les églises et temples dans les villes d'Europe deviennent plus "discrets", est-elle réellement un signe d'intolérance à l'égard d'une population, d'une religion ?

    Je laisse la question ouverte car je n'en suis pas certaine, pour dire le vrai.

    Réfléchissons avec nuances à ce qui se passerait si des chrétiens, dans des pays à dominante religieuse musulmane ou foncièrement laïcs, voulaient bâtir des cathédrales surmontées de croix.

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  46. Toujours à propos des minarets, ces précisions lues dans Le Monde.
    -------------
    Si la construction de minarets est désormais interdite en Suisse, les quatre minarets existants ne sont pas concernés.

    Ce vote va entraîner la modification de la Constitution suisse, dont le préambule proclame, "au nom de Dieu Tout-Puissant", l'esprit "de solidarité et d'ouverture au monde" du peuple et des cantons suisses. L'interdiction de la construction de minarets sera présentée dans l'article 72 de la Constitution sur les relations entre l'Etat et les religions comme une mesure "propre à maintenir la paix entre les membres des diverses communautés religieuses".

    Les partisans du Oui à l'interdiction ont réussi à convaincre, en martelant qu'il ne s'agissait pas de priver les musulmans de lieux de culte, mais de refuser les minarets comme "symbole apparent d'une revendication politico-religieuse du pouvoir, qui remet en cause les droits fondamentaux"... dont ceux des femmes.

    La Confédération helvétique compte plus de 300 000 musulmans, soit 4 % de la population. Elle possède plusieurs centaines de mosquées, mais une minorité sont dotées de minarets. La controverse est née de l'augmentation des demandes de permis de construire. Pour les partisans du "oui", qui font valoir la liberté de culte garantie par la Constitution, les minarets n'ont pas de justification religieuse puisqu'ils ne sont pas mentionnés dans le Coran.

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  47. Je tiens à préciser que, citoyen helvétique, j’aurais voté « non »:
    1) refusant de dire « oui » à une initiative des xénophobes,
    2) estimant d’autre part qu’il n’y a pas lieu à modification constitutionnelle pour des choses qu’on peut traiter localement et au cas par cas.

    Cela dit, la décision du peuple suisse n’est pas scandaleuse: la liberté de culte est toujours garantie, la construction de mosquées n’est pas remise en causer, ni l’existence des quatre minarets existants. Il faudra qu’on m’explique en quoi l’interdiction d’en construire de nouveaux brime réellement la spiritualité musulmane.

    Le refus d’envisager la fin des exportations de matériel de guerre me paraît plus discutable…

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  48. Et hop! je me lance. Et d'ailleurs est-ce un sujet chaud-brûlant? Les Suisses ont décidé. C'est leur droit souverain. Au moins, eux, sont consultés par référendum.
    Alors, une réponse simple à un sujet qui semble compliqué. L'est-il? Transposition en France. Les églises avec ou sans clocher sont souvent des monuments historiques qui peuvent être de beaux édifices. Les cloches dans ces mêmes bâtiments, servaient à l'appel de la prière. En France, elles se sont tues depuis quelque temps. De même le minaret sert à l'appel de la prière. Comme les clochers, un minaret peut-être beau ou laid, c'est une question d'esthétisme. Pour ma part je trouve la mosquée de Paris, avec son minaret, esthétique. Mais je suis allergique à l'appel à la prière, à toutes formes d'appel à la prière.
    Deuxio. Le clocher de nos églises sert souvent de point d'orientation. Les minarets des mosquée aussi, puisque ce sont des édifices élevés. Ainsi, l'on peut dire que la boulangerie se trouve derrière le clocher de l'église que vous voyez là, au loin ,ou bien qu'elle se trouve là, derrière le minaret. Il n'y a guère que la hauteur des édifices qui doit rester réglementée. Enfin à mon sens.

    Cher Melchior,
    Je viens de lire votre réponse juste avant de poster... Je ne crois pas qu'il faille répondre à une question uniquement en fonction de l'étiquette politique de celui qui la pose. Xénophobes ou pas. Mais c'est peut-être un autre débat.

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  49. Je garde une question ouverte, sur la symétrie entre les pays et les habitus culturels:

    - Si j'allais dans certains pays musulmans, je ne pourrais entrer - parce que je suis une femme - dans une mosquée - et je serais obligée de me voiler pour me présenter devant des hommes.

    Dès lors, pourquoi une femme venant en France ne respecterait-elle pas la coutume d'égalité qui est la nôtre: le visage de tout être, homme ou femme, doit y être découvert ?

    - Les pays musulmans accepteraient-ils que 4% des habitants, pratiquant une religion non musulmane (éventuellement porteuse de valeurs entrant en contradiction avec certaines valeurs fondamentales de leur culture), construisent des bâtiments mettant des symboles religieux en évidence ?

    Quelqu'un a-t-il une réponse à cette question ?

    Finalement, le principe de laïcité semble, une fois de plus, le seul garant de la liberté (y compris de tous les cultes), de l'égalité et de la fraternité.

    Les questions religieuses, lorsqu'elles infiltrent les sociétés, semblent toujours délétères.

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  50. Voici un article posté par Cosmic Dancer sur Agoravox, qui me semble pétri de bon sens.
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    La polémique sur l’érection de nouveaux minarets en Suisse, sanctionnée par une votation populaire, s’achève avec un "oui à l’interdiction" qui désavoue l’ensemble de la classe politique et inquiète, à tort, la "communauté musulmane".

    Le referendum helvète au sujet de l’interdiction de la construction de minarets en Suisse se solde, selon le journal Le Temps, par un "oui" à 57 %.

    Lancée par l’UDC, le parti de droite populiste, cette votation avait pourtant, selon les sondages et étant donné l’appel du gouvernement et des partis politiques, vocation à autoriser l’érection de minarets sur les mosquées.

    Quelles étaient les craintes ? Sentiment de rejet de la communauté musulmane suivi d’une radicalisation des croyants.

    Mais pourquoi les pratiquants musulmans se radicaliseraient-ils alors que, contrairement à l’argument avancé par les tenants du "non" à l’interdiction, l’absence de minarets ne remet absolument pas en cause la liberté de culte garantie aux musulmans helvètes comme aux citoyens d’autres confessions ?

    Les Suisses n’ont pas refusé la construction de lieux de culte. Ils n’ont pas non plus exprimé une "haine" ou un "racisme" dirigé contre les musulmans. Ils ont signifié leur désaccord sur la présence de signes ostensibles de religiosité dans leur paysage urbain. Signes d’autant plus désuets que la fonction du minaret est de recevoir un muezzin appelant aux prières. Ce retentissement sonore particulier n’étant pas traditionnellement admis en pays laïc, on voit mal pourquoi des minarets inutiles seraient érigés.
    A
    utre fonction du minaret : le repérage en terres inconnues mais néanmoins amies pour les nomades des temps anciens de l’islam. On conviendra aisément que les plans de ville et les sites internet des mosquées renseignent, de nos jours, correctement les visiteurs sur les adresses de leurs lieux de culte.

    La symbolique sacrée se serait agrégée au fil du temps, le minaret affirmant l’unicité d’Allah. Seulement, en terres laïques, Allah ne règne pas en dieu exclusif sur la spiritualité.

    Les musulmans de Suisse qui se battent contre l’islam politique devraient plutôt se réjouir: un coût en moins à supporter pour le financement privé des lieux de culte.

    Un appel de cette décision pourrait avoir lieu devant la Cour européenne des droits de l’homme. Si tel devait être le cas, il resterait à espérer que cette dernière sache dissocier ce qui relève des Droits de l’homme de ceux de l’architecture dans le domaine public.

    NB : Le Dôme du Rocher et la mosquée Al-Aqsa sont dépourvues de minarets.

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  51. La hauteur des flèches des cathédrales a toujours été un concours de puissance entre province, sinon un concours d'architecte.

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  52. Voici un début de réponse à ma question, trouvée dans un livre du Dr Sami Aldeeb, spécialiste du droit arabo-musulman: “Non-Musulmans en Pays d’Islam, cas de l’Égypte”, Thebookedition, Lille, 2009, 443 pages.

    “Toutes les constitutions de l’Égypte garantissent la liberté de culte. Cela suppose que l’on permette la construction des lieux de culte. La loi de base reste Hatti Homayyoun de 1856, points 6 et 7, qui permet la construction des lieux de culte, en les soumettant à une autorisation qui n’est accordée que si le lieu de culte à construire n’est pas à proximité d’un établissement d’une autre religion ou d’une position militaire. Ces normes visaient en réalité à montrer la bonne volonté de la Porte d’améliorer le sort de ses sujets dhimmis, en vue d’assainir ses rapports avec les puissances européennes du temps. Sur ces normes s’est greffé un décret du secrétaire du Ministère de l’Intérieur de 1934 qui établit un questionnaire de dix points pour la construction des églises. Parmi ces points, il y a la proximité des mosquées, des cimetières, des ponts du Nil, des installations de l’irrigation, du chemin de fer. Ces conditions constituent, d’après les Coptes, des obstacles visant à empêcher la construction des églises. Dans les travaux préparatoires de la

    Constitution de 1971, un membre du clergé a demandé que l’on inscrive dans la Constitution “la liberté de construire les lieux de culte”. Mais sa demande fut rejetée bien qu’il donnât plusieurs exemples choquants où, en raison du décret de 1934, la construction d’églises fut empêchée. (…) Il faut signaler que la population musulmane entrave souvent la construction d’églises en construisant des mosquées près du terrain proposé pour la construction d’une église. Ainsi l’église se trouve interdite parce qu’elle est à proximité d’une mosquée. Ajoutons enfin que les conditions établies à l’encontre de la construction d’églises n’ont pas leur équivalent pour les mosquées dont la construction est encouragée. Les bâtiments qui consacrent une place pour en faire un lieu de culte musulman ne sont pas assujettis à l’impôt sur le loyer. Et alors qu’il est interdit de construire une église à proximité d’une mosquée, rien n’empêche qu’une ou plusieurs mosquées soient construites à proximité d’une église. C’est souvent le cas dans le but manifeste de troubler les cultes dans les églises par les haut-parleurs.”

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  53. Arabie saoudite. Voici qui relativise les termes du débat. Et si nous regardions un peu ailleurs, avant de battre notre coulpe ?
    ___________________
    Riyad, le 20 mars (AKI) - Aucune église ne devrait être autorisée en Arabie saoudite à moins que le Pape Benoît XVI ne reconnaisse le prophète Mahomet, selon un expert du Moyen-Orient.

    Pendant que des médiateurs saoudites travaillent avec le Vatican sur les négociations visant à permettre des lieux de culte, certains experts estiment que ça ne se fera pas sans cette reconnaissance.

    Anwar Ashiqi, président du Centre saoudien pour les études stratégiques du Moyen-Orient, a approuvé ce point de vue dans une interview sur le site de la chaîne de télévision par satellite arabe, Al-Arabiya.

    «J’ai pris part à plusieurs réunions relatives au dialogue islamo-chrétien et il y a eu des négociations sur cette question», a-t-il dit.

    «Il sera possible de lancer des négociations officielles en vue de construire une église en Arabie saoudite seulement après que le Pape et toutes les églises chrétiennes auront reconnu le prophète Mahomet».

    «S'ils ne le reconnaissent pas comme un prophète, comment pouvons-nous avoir une église dans le royaume saoudien?»

    Les observations de Ashiqi sont intervenues après une déclaration lancée par le nonce apostolique du golfe Persique, l'archevêque Mounged El-Hachem, de l'ouverture de la première église catholique au Qatar la semaine dernière.

    Le prélat a annoncé le lancement de «traités pour la construction d’une église en Arabie saoudite, où il est interdit de pratiquer quelque religion que ce soit en dehors de l'islam».

    El-Hachem estime entre trois et quatre millions le nombre de chrétiens dans le royaume saoudien qui veulent avoir une église.

    Un membre du Conseil consultatif de l'Arabie saoudite, Abdelaziz al-Thinani, a rejeté les revendications du prélat, en disant qu'il n'y avait pas de chrétiens parmi les Saoudiens qui sont tous des musulmans.

    «Les quelques chrétiens ne résident pas en permanence dans le pays, ils vont et viennent» a-t-il dit.

    Il a nié qu’il y avait quatre millions de chrétiens dans le royaume, et dit que la question des droits de l'Homme ne devrait pas être utilisée pour appeler à la construction d'une église chrétienne.

    La plupart des chrétiens de l'Arabie saoudite sont des travailleurs étrangers. Il y a 8,2 millions de travailleurs étrangers dans ce pays de 25,6 millions d'habitants, selon un rapport publié par le Ministère saoudien du Travail.

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  54. Chère Monica,
    Si construire des minarets est faire preuve de prosélytisme, alors le coran l'interdit. Enfin, à ma connaissance. Le problème est toujours le même. Comment se sert-on de la religion?
    La religion catholique à un seul représentant : le pape. C'est le chef de l'Eglise, le seul à pouvoir édicter la loi catholique, toujours à ma connaissance. Et le seul à pouvoir rendre compte.
    L'église musulmane, elle, n'est pas construite sous une forme pyramidale.
    Ce qui implique que chaque gouvernement qui s'en revendique, chaque imam, la redéfinit comme bon lui semble;
    A partir de là, nul ne sait comment les musulmans de France ou de Suisse entendent pratiquer leur religion. A la mode égyptienne? marocaine? saoudienne? indonésienne? Celle de maintenant ou celle des années 60?
    Et nous? Laïques de culture judéo-chrétienne. Comment réagir face à la religion?
    Face à l'église catholique - cher Brassens - notre position fut claire, ferme, et sans nuance.
    Il y eu la guerre puis une certaine paix. Nous n'en restons pas moins mordants.

    Face à la religion musulmane, et parce que peut-être nous avons un sens sens de l'acceptation des différences, nous restons pathétiquement flou.

    Je nous trouve quelque part adorables.

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  55. Chère Brocéliande, nous sommes à mon avis - qui devient de plus en plus perplexe et inquiet, quand je lis certains commentaires indignés et honteux sur le sujet - pathétiquement naïfs.

    Nous nous référons à de très beaux idéaux (ô nos chères Lumières), au nom desquels nous accepterions quasiment... l'amoindrissement de ces idéaux, ou leur mise à mal (mâle, si j'ose). C'est quand même le comble, et c'est aussi fort de café.

    Égalité, liberté, laïcité sont des valeurs auxquelles nous tenons. Ce sont elles qui devraient guider notre réflexion, sans exception aucune et sans état d'âme.

    Dés lors que la liberté de tous les cultes est respectée, aucune question sociale sur l'infiltration de la religion dans la cité ne devrait être interdite, jugée "perverse" ou "populiste". Au contraire.

    Il me semble, aujourd'hui, que c'est l'interdit de ces questions, voire leur refoulement, qui seraient dangereux.

    Les minarets sont à mes yeux des "symptômes" d'une question fondamentale qui n'est pas tant celle du racisme que celles de la laïcité et du statut des hommes et des femmes.

    Pourquoi dis-je que nous sommes pathétiquement naïfs ? Parce que l'Arabie saoudite ne semble pas avoir d'états d'âme lorsque, au nom de ses convictions religieuses, elle pose ses conditions à la construction d'églises. Pas de clochers d'églises, mais bien d'églises. Non, elle semble ne pas avoir d'états d'âme.

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  56. Chère Monica,
    Merci de m'avoir indiqué la reprise de ce fil de commentaires, fort intéressants.

    J'aurais sans doute personnellement voté "oui" à ce référendum - tout en me disant qu'il était tout de même un peu idiot de faire un référendum pour cela (mais sur ce point, ma position n'est pas arreté).
    Il y aurait donc déjà cette question à poser : ce référendum était-il bienvenu?

    Ensuite - et c'est finalement la partie qui m'intéresse le plus - il y a les résultats et surtout les commentaires des résultats.
    Si les hélvètes ont voté pour l'interdiction, c'est qu'ils sont sur la pente fatale du nauséabond.

    Commentaire aussi médiatiquement unanime qu'excessif.
    Le minaret n'est pas une obligation coranique. L'Islam n'est pas atteint. Et si certains avaient espéré l'attaquer ainsi, le moins que l'on puisse dire est qu'ils auraient échoué - si on avait pas soulevé cette polémique.


    Un argument sur lequel vous revenez souvent est le suivant :
    Pourquoi devrions-nous nous en vouloir d'interdire les minarets alors que les pays musulmans rendent difficiles, voire impossibles, l'érection des lieux de culte chrétiens (ou autres)?

    A cela, on répond généralement (et avec un peu de raison) : il ne faut pas que la démocratie et la laïcité se montrent aussi intolérantes que ses adversaires.

    Et, en un sens, cela est bien vrai.

    Mais il faut d'abord souligner à nouveau que l'Islam n'est pas concerné par la décision suisse. C'est une certaine architecture de culture musulmane qui l'est. Les mosquées demeurent tout à fait permises, et heureusement.
    De sorte que la position suisse n'est pas comparable à la position des pays musulmans que nous citions : ceux-ci font bien obstacles, non seulement aux partiques culturelles, mais aussi aux pratiques cultuelles.

    Et ceci a aussi pour conséquence que, s'il est bon de défendre la culture des autres, il est bon aussi de ne pas oublier que la notre n'est défendue finalement par personne d'autres que nous.

    Il n'y a qu'à voir combien il est déjà difficile de défendre "le modèle français" en Europe pour se rendre compte qu'il ne suffit pas d'être accueillant pour être accueilli.
    Et c'est peut-être ce qu'oublient un peu vite ceux qui nous donnent des leçons d'ouverture d'esprit en expliquant que la solution à tout est de savoir recevoir.

    Parfois, il faut savoir résister un peu (ne serait-ce que pour se faire un peu respecter soi-même).
    -----
    Et ceci m'amène à une réponse à Brocéliande :
    Vous disiez : "nul ne sait comment les musulmans de Suisse ou de France entendent pratiquer leur religion. A la mode marocaine, etc?"

    Je en sais pas non plus comment ils entendent faire. Mais je sais comment il serait bon qu'ils fassent et comment ils feront finalement : en Suisse, ils pratiqueront à la suisse et en France, à la française.

    C'est en tout cas tout ce que les suisses demandent : non pas que les musulmans cessent d'être musulmans. Mais qu'ils n'importent pas purement et simplement leurs pratiques culturelles des autres régions du monde.

    -----

    L'Islam est une religion universelle. Elle sait s'acclimater. C'est bien mal la connaitre et bien peu l'estimer que de croire qu'il faut à tout prix laisser les musulmans calquer partout les mêmes habitudes environnantes.
    (Ce qui, en d'autres temps, et avec d'autres personnes, soit dit en passant, s'appelait la colonisation - cf. la colonisation grecque en méditerrannée).

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  57. Oui nous sommes “pathétiquement f(l)ou “ comme le dit Brocéliande . Il est tellement absurde de voir la gauche qui se croit la plus digne parmi les dignes défendre en bloc “les musulmans” comme s’il s’agissait non seulement d’un groupe mais encore d’une religion homogène. L’Imam quoiqu’il prêche est IN. A t on jamais vu les français qui se pensent les plus progressistes, les plus proches du peuple, défendre à ce point une religion jusque dans ses approches les plus obscurantistes (le voile et ce qu’il implique pour celle qui le porte)?
    Ou va t on entre la droite du “Si l’Eglise ne s’occupe pas des pauvres qui le fera” ou “du pasteur supérieur à l’instituteur” et la gauche du “hors de la totale liberté à l’Islam point de salut”? Cela dans l’un des 5 pays qui comptent le moins de croyants au monde et dont 80% des citoyens se déclarent attachés à la laïcité?

    Aux lieu et place de propositions socio-économiques pertinentes la droite brandit la croix, la gauche le croissant. De médiocres nos (z)élites deviennent justes terriblement dangereuses.
    On ne peut pas laisser la défense de la laïcité et des femmes entre les seules mains du FN!

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  58. Merci, chers Brocéliande, Caroline, Marc et Melchior de ces échanges.

    Nous avons des valeurs partagées, ce dont je ne doutais pas, et un sens des nuances sans complaisance à l'égard de la bienpensance dite de "gauche" qui mélange tout et oublie l'essentiel. Ici, cette gauche oublie la force de la laïcité, les valeurs des Lumières, et l'égalité de tous les citoyens, dont les femmes...Eh oui, les femmes, premières dans le collimateur.

    En lisant sur Mediapart ce matin les nombreuses et redondantes réponses à un article s'indignant de la votation suisse, et les rares commentaires (majoritairement négatifs) à l'article de Marc Lefrère sur le même sujet - mais écrit dans une tout autre perspective -, je suis non plus perplexe mais très en colère.

    Nous ne sommes pas sortis de l'auberge, avec ces salmigondis "confusionnants" que la gauche colporte, s'indignant, disent certains, que "la Toile" populiste ne s'indigne pas de la votation suisse, voire la soutienne.

    La gauche s'est coupée du "peuple" qu'elle ne connaît pas et méprise. Elle ne comprend pas la pertinence des questions que ce "peuple" pose.

    En revanche, elle fantasme "ce peuple" et sur lui, à travers ses biais de pensées et ses habitus de classe, certains de ces bienpensants allant jusqu'à imaginer d'empêcher ce vil peuple aveugle et formaté de voter...

    Ces gens-là n'habitent pas le 93 et ne voient pas la violence du choc des cultures, qui conduit à des choses terribles, parfois insupportables, intolérables.

    PS) Le mot-néologisme de l'année devrait être "confusionnant", marque de fabrique de la gauche...qui laisse au FN, comme le dit Caroline, les indignations légitimes...

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  59. Dany Cohn Bendit juge indigne l'interdiction des minarets.Voici ses arguments dans une interview au Journal suisse Le Temps:

    - Cette question des minarets est un piège. Un piège parfait. Quoi qu'ils disent, les promoteurs de l'initiative visant à interdire la construction de nouveaux minarets s'en prennent à un symbole de l'islam et des musulmans. Or cet amalgame est non seulement insupportable, mais inacceptable: la démocratie directe ne doit pas être le prétexte pour s'en prendre à une communauté et la blesser. La limite démocratique est à mes yeux franchie. Je suis pour une démocratie directe "encadrée" par une Constitution qui ne permette pas de voter sur n'importe quoi. Une votation comme celle des minarets, qui cible une communauté en particulier, restera une tache noire sur la réputation de la Confédération. Pour l'effacer, les Suisses n'ont qu'une solution: se mobiliser et revoter.

    - Le peuple Suisse s'est exprimé. Et alors ? Les Suisses ont voté comme le feraient sans doute une bonne partie des Européens : avec l'angoisse vis-à-vis de l'islam rivée au corps, avec en tête les images des attentats-suicides au Pakistan et en Afghanistan. Il y a en plus eu, en Suisse, l'affaire du fils Kadhafi. C'est toute la difficulté de l'islam, dont la réalité est aujourd'hui défigurée par des petits groupes extrémistes ultra-violents. Mais cela n'excuse rien car, pardonnez-moi, la Suisse nous a dans l'histoire habitués à ce genre d'attitude. Je pense évidemment à la Seconde Guerre mondiale. La Suisse n'a alors eu aucun problème à sacrifier ceux qui butaient contre ses frontières et demandaient l'asile. Le problème helvétique, c'est cet égoïsme des riches que l'on retrouve aussi en Italie du Nord. On a vu combien de temps il a fallu à vos concitoyens pour que leur pays devienne membre de l'ONU ! Cet égoïsme s'est traduit dans la votation de dimanche: on veut bien que des musulmans vivent et travaillent en Suisse. Mais à condition qu'ils se taisent et repartent un jour.

    - La plus formidable des ripostes – mais je rêve – serait que les plus riches des pays musulmans retirent leur argent des banques suisses. Vider les caisses de la Confédération: voilà ce qu'il faudrait !Que l'Arabie saoudite ou les Émirats arabes unis désertent votre place financière. Voilà ce qui marcherait.

    - La priorité de l'élite politique suisse hostile à ce vote doit être de remobiliser la population en vue d'un nouveau référendum. Ce sera dur, et alors? Capituler devant cette angoisse populaire serait une défaite pour tous les démocrates. Le moment est venu d'un grand débat en Suisse sur le sujet de l'immigration. La Suisse ne doit pas se laisser ligoter par cette décision populaire jusqu'à la fin des temps.
    _________________
    Chère Brocéliande, voici la merveilleuse illustration du caractère pathétiquement flou et adorable de notre générosité...

    Aller jusqu'à encourager l'Arabie saoudite, qui interdit la construction d'églises, et réserve le sort que l'on sait aux femmes, à punir les vilains Suisses en retirant leur argent des banques helvétiques !

    Avec une telle générosité, bien entendu, on ne pourra pas critiquer la burqa, car on stigmatiserait les musulmans.

    En revanche, on peut tranquillement dire que le peuple suisse a "mal" voté parce qu'il avait une "angoisse", tout à fait injustifiée, qui l'a conduit à franchir la ligne jaune. La prochaine fois, on l'encadrera mieux, ce peuple aveuglé.

    Argh !

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  60. Les Suisses ont voté contre la construction de nouveaux minarets, pas pour la destruction de ceux qui existent déjà, ni celle des mosquées.

    Ils n’ont pas non plus voté pour l’interdiction d’exercice du culte musulman.

    Rappelons que le minaret est une tour visible dans le paysage urbain, du haut duquel le muezzin appelait à la prière (ce qui est depuis longtemps interdit dans les pays à dominante non musulmane).

    Rappelons que l’Arabie saoudite interdit encore à ce jour la construction d’églises, exigeant du Pape qu’il reconnaisse l’existence de Mahomet.

    Si on était logique, on devrait dire que certains pays de religion musulmane pratiquent depuis longtemps une discrimination forte contre les non musulmans.

    Pourquoi le droit que ces pays s’accordent devient-il dans nos pays, qui sont le plus souvent de tradition laïque, et ont combattu le pouvoir de l’église, un élément de discrimination insupportable ?

    Je suis perplexe devant notre générosité et notre culpabilité.

    Laïcité et défense des valeurs d’égalité - notamment entre hommes et femmes - sont des conquêtes que nous devons défendre sans faillir.

    Dés lors que la liberté du culte est assurée à chacun, c’est la laïcité qui doit guider la politique de la cité, empêchant que les rapports sociaux soient infiltrés par la religion.

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  61. Chère Monica,
    Je suis pour! pour Dany. Il a raison! Je suis pour que les Français revotent. Ils se sont trompés de président de la République en 2007. Je suis pour que le parlement européeon revote. Il s'est trompé de Président en la personne de Barroso.

    Et puis en politique, j'ai désormais tout compris. Si t'es de gauche, t'es contre la droite ou les Verts, ou le modem... Ca dépend du moment. Le principal étant d'être contre... De ne jamais se poser de questions autres que simples. il est de droite et pour, alors je suis contre. C'est extrêmement reposant.
    Mais surtout. J'aime, le soir, me coucher en me disant "je suis tolérante, ouverte, généreuse"...

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  62. Et comme fondamentalement je me fous de cette histoire de minaret... je nous refais un petit coup de burka...


    La Porsche noire, le play-boy et la burqa, par Tahar Ben Jelloun



    LE MONDE | 26.09.09 | 13h46

    Le choc des civilisations se remarque parfois dans des situations ridicules, des comportements stupides provoqués par l'arrogance et l'ignorance.

    Ainsi, j'étais l'autre jour dans le sud du Maroc et j'ai assisté à cette scène : une voiture décapotable arrive à toute vitesse sur une route étroite, une piste pleine de trous. Une voiture de sport, peut-être une Porsche. Elle est conduite par un jeune, tête rasée à la mode, lunettes noires, cigarette aux lèvres et téléphone portable dans une main. Une voiture qui coûte cher, le prix d'une prairie, le prix d'une vie de travail à l'étranger ou le salaire d'un prince. La voiture s'arrête à notre niveau. Le jeune homme est fier de son machin. Il montre le pays à une femme assise à ses côtés, mais une femme enveloppée entièrement d'un voile noir, mains gantées de noir, et sur la fente, pour qu'elle puisse voir, elle a posé des lunettes noires. Un fantôme, une chose qui bouge à peine, mais ne parle pas. Cela me rappelle les dernières pages des Voix de Marrakech d'Elias Canetti, où il décrit une chose noire qui se meut à peine, mais dont on ne voit ni le corps ni aucun membre. Peut-être quelqu'un d'humain est là.

    Le jeune homme sort de la Porsche, allume une cigarette et dit en français : "C'est beau mon pays !" La femme séquestrée dans ce linceul noir hoche la tête. Elle ne prononce aucun mot. Sans que je lui parle, il me dit : "Je me suis marié, et je repars avec elle, mais problème papiers, ils veulent photo identité visage découvert, ils sont fous, enfin Allah est grand !" Il passe plusieurs fois la main sur l'aile de la voiture comme s'il caressait la jambe d'une jeune fille nue. A son accent, je constate qu'il est du Rif, pays où l'on cultive du kif, avec lequel on fait le haschisch. Argent facile. Il conduit un engin comme s'il était prêt à s'embarquer pour la Lune et traite sa femme ou celle supposée être sa femme comme une esclave, une chose, un paquet enveloppé dans un service funéraire. Evidemment, il téléphone avec son portable et parle en néerlandais. Il vient de Rotterdam, car la voiture y est immatriculée. La chose le suivra dans son pays d'immigration, ou bien chargera-t-il ses parents de lui livrer le paquet par la poste ?

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  63. En repartant, il s'arrange pour que nous recevions un nuage de poussière. La chose noire n'est plus visible. Je n'ai pas eu envie de lui parler. Cela n'aurait servi à rien. Il doit avoir peur des femmes. C'est un problème d'ordre intime et relève de la psychiatrie. Il a peur qu'on lui prenne sa femme, qu'on la viole avec le regard, qu'on la désire en rêve. Alors qu'il la garde en attendant que la pauvre se réveille un jour et prenne sa revanche. C'est déjà arrivé. Cet individu illustre à lui tout seul toutes les contradictions d'une mentalité de l'âge de pierre avec un pied dans le XXIe siècle. Il utilise les moyens techniques les plus sophistiqués et en même temps traite sa femme comme du bétail.



    Ce genre de situation a été dénoncé de manière courageuse et forte par une femme arabe, une psychologue vivant à Los Angeles, qui a débattu il y a quelques mois avec un théologien égyptien sur la chaîne Al-Jazira. C'était le choc de l'année.

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  64. J'ai retranscrit ce qu'elle a dit et vous en donne quelques passages : "Ce à quoi nous assistons aujourd'hui, ce n'est pas un choc des civilisations, mais une opposition entre des mentalités du Moyen Age et des mentalités du XXIe siècle ; entre la civilisation et l'arriération, entre la barbarie et la rationalité, entre la démocratie et la dictature, entre la liberté et la répression ; c'est un choc entre les droits de l'homme d'une part, et la violation de ces droits de l'autre. C'est un choc entre ceux qui traitent les femmes comme des bêtes et ceux qui les traitent comme des êtres humains..." Cette femme, à visage découvert évidemment, parle calmement, martèle ses mots et dit ses vérités à un monde où règne l'hypocrisie et l'obscurantisme. Quand elle dit haut et fort qu'elle est laïque et que la foi est d'ordre privé, son interlocuteur hurle, affolé : "Tu es athée, athée, ennemie de l'islam !" Qu'on le veuille ou non, il y a bel et bien deux mondes qui s'opposent aujourd'hui : celui de la liberté et celui de la barbarie, celle notamment qui a fait démolir des statues bouddhistes en Afghanistan et interdit aux femmes d'aller à l'école ou d'enseigner, de se faire soigner par un médecin homme, de rire de manière audible, d'écouter de la musique, de se maquiller (des femmes ont eu les doigts tranchés parce qu'elles ont mis du vernis sur leurs ongles), etc. La barbarie qui envoie des jeunes gens se faire exploser dans des lieux publics, celle qui menace la paix du monde en se réclamant d'un islam qui n'a rien à voir avec cette brutalité et cette folie.
    Comme a dit la femme courageuse, "les musulmans doivent se demander ce qu'ils peuvent faire pour l'humanité avant d'exiger que l'humanité les respecte !". On a beau dire et répéter que l'Afghanistan et ses talibans ne représentent pas l'islam, que ce qu'ils font est en totale contradiction avec l'esprit et la lettre musulmans, c'est au nom de cette religion qu'ils agissent et parviennent à contaminer une partie de la jeunesse d'origine musulmane, qu'elle soit en Europe ou dans les pays du Maghreb. Le jeune immigré à la Porsche noire avec la femme en noir a disparu convaincu qu'il est un bon musulman, un homme de son temps et probablement un mari qui ne sera jamais cocu !



    Tahar Ben Jelloun

    http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/09/26/la-porsche-noire-le-play-boy-et-la-burqa-par-tahar-ben-jelloun_1245524_3232.html

    et son premier commentaire :

    Que la république protége la liberté des femmes de choisir les conditions de leur pratique religieuse je suis pour, leur interdire le voile je suis contre.

    En effet, de deux choses l'une.

    Soit elles le portent de leur propre et libre volonté et leur interdire violerait gravement leur liberté de conscience. Soit elles le subissent et l'interdire ne supprimera en rien l'oppression qu'elle subisse de la part de leur mari. Elles seront alors cloitrée, plutot que de sortir sans voile.
    Donc pour moi on doit axer le travail vers l'HOMME ! Et renforcer grandement le droit des femmes vis à vis de leurs conjoints. (amendes, droit de garde des enfants...).

    La liberté des pratiques religieuses, Monika, la liberté... C'est tout de même bien plus important que les droits de la femme...

    souris...

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  65. Chère Brocéliande,

    Je te suis! Que tous ces gens qui ont mal voté revotent dès demain!

    Bien entendu, on donnera auparavant le mode d'emploi à ces "angoissés" qui ne comprennent rien, pour ne pas qu'ils franchissent les lignes jaunes! Et peut-être qu'on pourrait prévoir - tiens - des permis de voter à points, non? Et des amendes pour les manants contrevenants? Voire des tranquillisants et des cellules d'aide psychologique?

    Ah oui, quelle générosité nous avons, j'en suis littéralement é-ba-hie...C'est trop beau, on en pleurerait.

    Ce sont les mêmes ramollos de ce type qui ont applaudi avec enthousiasme le remplacement du Shah d'Iran par le merveilleux régime intégriste des mollahs ... Eh oui...

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  66. oh! Monica! Hystérique! mal baisée! ça ne te rappelles pas quelques souvenirs.... ouarf...

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  67. Merci Brocéliande, de cette citation de la courageuse psychologue, dont je partage la vision:
    "Ce à quoi nous assistons aujourd'hui, ce n'est pas un choc des civilisations, mais une opposition entre des mentalités du Moyen Age et des mentalités du XXIe siècle ; entre la civilisation et l'arriération, entre la barbarie et la rationalité, entre la démocratie et la dictature, entre la liberté et la répression ; c'est un choc entre les droits de l'homme d'une part, et la violation de ces droits de l'autre. C'est un choc entre ceux qui traitent les femmes comme des bêtes et ceux qui les traitent comme des êtres humains..."


    Il faut absolument marteler que la religion ne DOIT pas s'infiltrer, même a minima, dans nos pratiques sociales car elle affecte toujours l'égalité et la liberté.

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  68. Je suis Pour! Nom de Zeus, encore des mots d'ordre au son du canon du 14-Juillet 1905 (vous ne la connaissiez pas cette date... hein, avouez) . je m'a gourré, c'est pas correct. Il va falloir que je revote...

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  69. D'un article de Pierre André Taguieff sur lequel il conviendra de se pencher en détail, j'extrais ces quelques phrases qui font écho à nos réflexions:

    " Considérons plus précisément le projet normatif d’une ouverture totale de l’espace national, en tant que forme radicale de combat «antiraciste». La différenciation entre «nous» et «les autres» est le présupposé inaperçu autant qu’inassumé de cette argumentation qui se veut à la fois morale et politique.

    La xénophobie, assurément condamnable, est naïvement inversée en xénophilie, comme si le renversement dans le contraire impliquait un «progrès». C’est ainsi que, dans l’arène politique, la dénonciation de la «préférence nationale» aboutit à la célébration d’une préférence pour l’étranger ou l’immigré : la xénophilie de style antiraciste se traduit par un programme immigrationniste - l’utopie angélique interdisant toute sélection des candidats à l’immigration -, qui rend impossible la définition d’une politique de l’immigration. L’utopie de la préférence pour l’autre conduit à une impasse, à une paralysie de la capacité de choix des dirigeants politiques, à l’abolition de la souveraineté en matière de politique de la population, bref à l’impolitique.

    Cette rhétorique impolitique est fondée sur certaines valeurs, le plus souvent implicites, non thématisées comme telles. Ce qui est axiologiquement postulé, c’est d’abord que le rejet de soi est en lui-même respectable, alors que le rejet de l’autre est intrinsèquement intolérable. Le culte de la «diversité» dérive vers celui de l’altérité. L’adoration du «veau d’autre»… Un pas de plus, et la haine de soi devient objet d’éloge, tandis que la haine de l’autre illustre le mal absolu. Comme s’il était bon, dans tous les cas, de se dénigrer jusqu’à se haïr soi-même, et totalement condamnable d’abaisser ou d’exclure, quoi qu’il fasse, un quelconque représentant de la catégorie «les autres».

    Nouveau manichéisme, qui surgit chez ceux-là mêmes qui font profession de dénoncer le manichéisme chez leurs ennemis désignés. On notera que la haine de l’autre porte différents noms idéologiques, tous équivalents pour ceux qui les utilisent en tant qu’armes symboliques: intolérance, exclusion, xénophobie, nationalisme, racisme. Il y a une ironie objective à voir les partisans inconditionnels de «la diversité» faire aussi peu de cas de la diversité sémantique, et donner ainsi dans l’amalgame polémique".

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  70. Voici le lien de l'article de Taguieff, qu'il serait intéressant d'analyser à plusieurs:

    http://www.communautarisme.net/Diversite-et-metissage-un-mariage-force_a1048.html

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  71. Merci d'avoir signalé cet article. Je ne connais pas bien les écrits de Taguieff. Le peu dont j'avais eu des échos médiatiques (donc incertains) ne m'avait pas trop engagé à le lire.
    Je suis donc heureusement surpris de me découvrir en accord avec tout ce qu'il écrit là.

    La référence qu'il fait, mine de rien, à Claude Lèvy-Strauss, qui déplorait lui aussi l'uniformisation par le mélange généralisé, est fort bien venu, peu de temps après un éloge vibrant aussi général qu'empli d'absurde incompréhension : tous à célébrer le grand homme - bien peu pour dire que ce grand homme était catastrophé par le monde tel qu'il va et tel que les "belles personnes généreuses" nous le préparent encore pour longtemps.

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  72. Un bon article sur Agoravox. Extraits
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    http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/faites-taire-ce-peuple-que-nous-ne-66136
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    Je suis de ceux qui pensent que les musulmans européens ont pour beaucoup vocation à rester ici. Ils sont là, ils se sont installés, ils vont faire souche, ils doivent pouvoir pratiquer leur culte dans des lieux dignes de ce nom.
    Dans des mosquées avec où sans minaret, avec ou sans muezzin. On peut, on doit en débattre, on peut, on doit voter, ça ne me semble pas la question principale.
    Dans notre société de communication, on finit par en oublier l’essentiel. Car comme pour les «inquiétudes» exprimées sur la burqa, celles sur le minaret initient un débat où la question de fond est soigneusement évitée et contournée. Le politiquement correct ayant phagocyté toutes réflexions en Europe (quand il ne l’interdit pas purement et simplement), le «coup» du minaret ressemble à une ruse pour demander en fait plus largement : «Qu’en est-il d’un islam «pur jus» dans nos sociétés occidentales « démocratiques » (Je mets des guillemets vous savez bien pourquoi)?

    Ce que je retiendrai de la votation suisse, plus que le résultat lui-même, ce sont les commentaires de nos élites politico-médiatiques dans l’après scrutin.

    Quel mépris ! Le divorce d’avec la démocratie, d’avec le «demos», semble consommé pour nos cadors. Mais quel enseignement croient-ils nous dispenser en réagissant de la sorte ? Un seul. La démocratie n’est qu’une farce, qu’un théâtre pour eux !

    La démocratie selon ces gens-là, c’est répondre «comme il faut», comme ils le veulent, à une question bien choisie par eux, une question qui «sent bon».

    Excusez-moi, je suis un peu en colère. Mais où sont les Lumières dont ils se revendiquent être les héritiers ? Hubert Védrine voit juste, quand il dit que dans l’étroitesse du débat permis, ceux-ci (Les lumières) ne seraient pas tolérés plus de 15 jours.

    Un seul mot s’impose MM. Kouchner, Cohn-Bendit et consorts, MM. les journalistes… Ignoble ! Vous êtes pires que des «munichois».

    Dalil Boubaker, le débonnaire, recteur de la mosquée de Paris, qui n’a trouvé rien de mieux que de «prévenir» qu’il pourrait y avoir dans le monde musulman des réactions identiques à celles survenues après l’épisode des caricatures, accréditant ainsi une fois de plus que l’islam n’est pas soluble dans la démocratie, Boubaker qui dit «ne pas aimer ce résultat», je le comprends mieux que vous, qui après avoir abattu notre république, sapez notre démocratie.

    Et pour en finir avec ce coup de gueule, sachez que vous faites le lit de la radicalisation, de toutes parts. Votre mépris, votre défiance affichés sans fard de la démocratie, du peuple, vos dénis de réalité, votre lâcheté, votre politiquement correct, votre «angélisme», vos mots qui «n’enrichissent» que la novlangue, votre pensée unique, votre arrogance sans borne de clercs laïcs, vos amalgames en chaîne, vos réductions ad-hitlerum, votre mauvaise foi abyssale, votre cynisme, désespèrent les vrais démocrates, et encouragent les vrais fachos de tous bords (et leur donnent raison). Votre génération "bien pensante" est mure pour muter en génération anti-démocratique, pour ne pas dire pire. Tout cela va finir par en susciter beaucoup, «d’émotion».

    Dans le tintamarre des commentaires d’après «match», je n’ai entendu qu’une personne politique pour dire que l’important c’était de se poser La question : «pourquoi cette réponse des Suisses ?»… C’est Rachida Dati, imitée ensuite par Basile de Koch, déguisé en candide sur le plateau de «Ce soir ou jamais» … Je n’ai entendu qu’un journaliste pour se révolter des commentaires des gens autorisés. C’est Ivan Rioufol, dont les interventions orales ne sont hélas pas à la hauteur de sa plume.
    Merci à eux.

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  73. J'ai posté ce commentaire dans Agoravox:
    ______________________

    Merci de cet article coup de colère, dont je partage les arguments.

    Les "zélites"( zélotes de leur propre égo) doivent cesser de se comporter en garde-chiourmes de la bienpensance, qui n’est qu’une mollesse de la pensée déguisée en grande générosité.

    Mon œil ! Moins généreuse que cette pensée molle, qui passe son temps à battre sa coulpe, tu meurs !

    La gauche erre à l’ouest, redoutant l’est de ses amours passées, pendant que la droite hier se gaussait et avançait sans aucun complexe... Excusez ce jeu de mots, il me permet de faire sortir un peu de vapeur. J’en ai ras la casquette.

    Les voilà, ces mous de gauche, pétitionnant dans Mediapart pour dire qu’ils refusent le débat sur l’identité nationale! Les andouilles! C’est dans nos termes ouverts que nous devons poser la question, m’enfin ! Refuser de poser une question, quelle bêtise monumentale. Toute question mérite d’être posée, surtout celle de "l’identité" !

    Ils ne savent pas que ce qui est chassé par la porte revient par la fenêtre ?

    Il faut tout leur apprendre !

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  74. Encore un article intéressant dans Agoravox, de Malika Sorel, sur le référendum suisse.
    http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-lecons-du-referendum-suisse-66107
    _______________________
    Quelles leçons tirer de ce référendum ?
    1. Les instituts de sondage se sont lourdement trompés, à moins que les sondages n’aient été truqués pour influencer le vote des citoyens.Ou que la dictature de la pensée unique ait poussé les citoyens helvètes à s’autocensurer.

    2. En Suisse aussi, les «élites» sont, comme partout en Europe, totalement déconnectées de leur peuple, et se trouvent ainsi dans l’incapacité d’en percevoir les sentiments et d’en prévoir les réactions.

    3. La Suisse est l’une des très rares démocraties encore vivantes en Europe. Il n’y a, de ce fait, guère de risque que le choix du peuple, donc l’expression de la démocratie, y soit contrarié. Seuls les «verts» suisses ont l’intention de s’engager dans la voie d’une remise en cause.

    4. Les Suisses n’ont pas voté contre la pratique de la prière ni contre la liberté de conscience ou de culte, mais contre un signe religieux qu’ils considèrent comme ostentatoire.

    5. Le peuple helvète aura choisi de ne pas faire confiance à la parole de son Président, qui avait pourtant donné la garantie, avant même la tenue du scrutin, que jamais l’appel à la prière «Allah ô Akbar» ne retentirait sur le sol suisse.

    6. Au-delà de la question posée, les Suisses ont vraisemblablement aussi utilisé ce vote pour exprimer leur peur d’une religion dont certains pratiquants leur semblent rencontrer de sérieuses difficultés à respecter les codes du bien-vivre ensemble de la société d’accueil. Dans une telle situation, il est stérile de tancer les Suisses et les autres Européens qui se sont rués sur les sondages en ligne pour exprimer le même sentiment. Il serait nettement plus constructif de saisir cette occasion pour travailler sur le fond du problème et rappeler la nécessité du respect par tous, y compris par les autochtones, des principes et valeurs de la société : «Avoir occulté aux migrants et à leurs descendants la réalité du contrat social et moral qui lie l’ensemble des membres de la société française ne pouvait aboutir qu’à leur exclusion.» (extrait d’un entretien que j’avais accordé à l’Observatoire du communautarisme)

    7. En France, les réactions de Noël Mamère et de Daniel Cohn-Bendit démontrent une fois de plus que les Français devraient se méfier de ceux qui se présentent comme portant la question verte : ces derniers apportent bien d’autres idéologies dans leur besace.

    Conclusion : Nous avons la fortune de vivre dans un pays ouvert qui permet le débat d’idées. Alors, place au débat sur l’un des sujets qui engagent véritablement l’avenir de la France.
    Une seul ligne de conduite doit désormais prévaloir. Pour venir en aide à ceux qui sont animés d’une réelle et sincère volonté de s’intégrer, l’État doit de nouveau assumer ses responsabilités et réaffirmer la réalité des principes républicains.
    Il est urgent que l’État tourne le dos à la politique d’«accommodements déraisonnables» et aux politiques qui heurtent l’égalité républicaine. L’affaiblissement par l’État de nos codes et valeurs ne signifie nullement que le peuple français y renonce de son côté. C’est cette ligne de fracture entre le peuple et l’État qui nourrit un malaise de plus en plus palpable dans notre société, et qui pourrait conduire à une bataille de tranchées entre d’une part, les Français qui défendent les principes et valeurs qui structurent l’identité française, et d’autre part les multiculturalistes qui somment le peuple français d’admettre qu’il serait désormais porteur de plusieurs identités. On ne bouscule pas impunément un peuple sur son territoire.

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  75. Je suis souvent d'accord avec Malika Sorel.
    On peut trouver son blog ici :
    http://puzzledelintegration.blogspirit.com

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  76. Quand on lit divers journaux, et que l'on parcourt les commentaires, on peut "prendre la température" des opinions contradictoires des gens. Et voir que les questions de l'identité, de la place de l'Islam, du conflit israélo-palestinien, de la laïcité, de la religion, de la place des femmes, sont des lieux très chauds qui méritent qu'on s'y arrête, qu'on les prenne à bras la pensée sans faillir.

    L'indignation et le mea culpa de la haine de soi (je reprends là une notion de Taguieff, envers qui j'ai de la méfiance, mais qui dit des choses intéressantes)sont devenus le refrain de la gauche molle bien-pensante. Or ce refrain dénégatoire devient sclérosant et dangereux. Car il clive chaque jour davantage les zélites du peuple - de nous.

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  77. Chère Monica,

    Ce sont en partie les limites d'un support comme Médiapart, et toute la richesse de ces autres sites participatifs qui ne prétendent en rien édicter ce qu'il est "bon" de penser. Est-il préférable de rester enfermé dans le lit douillet des convictions partagées ou vaut-il mieux prendre le risque de la pensée d'un autre?

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  78. C'est toute la subtilité de Médiapart. Jamais aucun article dans la partie journal qui aborde de front ce qui peut agiter le landerneau. Dans la partie club, on "monte" un billet en accord avec la ligne éditoriale, dans la partie journal, on met en avant - par exemple - pour l'histoire des minarets, le projet "réchauffé" de la mosquée de Marseille. je ne l'ai pas lu, n'étant plus abonnée mais j'imagine la suite. A la masse des "lecteurs", on ne donne pas à penser, mais à suivre. Stratégie de trotskyste. De même pour leur nouvelle pétition. On sort les grandes plumes Plenel et autres Bonnet, si jamais un lecteur, une lectrice sort de la ligne de base. Alors, on peut compter sur ces quelques idolâtres des grandes plumes, pour malmener le dissident. C'est du grand journalisme prompt à afficher de grandes ambitions fondées sur le mépris du commun. Les Zélites en somme

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  79. Chère Brocéliande,

    Je suis d'accord avec toi. Mediapart est une sorte de secte politique qui définit une ligne de bien-pensance molle, avec comme socle un anti-sarkozysme répétitif, redondant,qui me devient insupportable à lire.

    Les abonnés ressassent sans cesse leur haine, rancœur, colère contre Sarkozy...car c'est ce qui fait leur commun dénominateur d'appartenance à la secte.

    Dès qu'ils envisagent des moyens politiques d'agir, ils s'opposent entre eux de façon souvent polémique et brutale. Les "communistes" proclamés, les socialistes PS TSSR, les socialistes Royalistes, le NPA, les Verts, et un petit chouïa très minoritaire de Modem s'envoient des peaux de banane.

    Je suis frappée par le fait que les opinions pro-arabes extrémistes ne soient guère représentées sur Mediapart, ce qui a permis aux abonnés voulant exercer le pouvoir sur le Club non seulement de tolérer les propos de leurs quelques représentants, mais également de les utiliser pour régler leurs comptes aux abonnés qu'ils voulaient voir partir.

    Dans les autres journaux du Net, le débat est ouvert, et toutes ces composantes du peuple s'expriment. Du coup, on a une vision plus exacte, plus réaliste, des termes des problèmes.

    On mesure très concrètement comment, par exemple, la question des minarets et de la burqa est indissociable d'une vision laïque et égalitaire du monde. D'une vision de la démocratie que tout le monde ne partage pas, loin de là.

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  80. Deux postures assez frappantes:
    - la francophobie
    - l’acceptation de fait de l’idée sarkobessonnienne de français cath.prat. Ce qui revient à faire le jeux des oppositions religieuses dans un pays non seulement très laïque mais qui est de surcroît l’un des 5 qui comptent le moins de croyants toutes religions confondues au monde. L’image que veulent renvoyer les français francophobes des français “gallo-européens” me fait penser à Amélie Poulain pas aux français de 2009... En fait la même que l’image que veut véhiculer la droite.

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  81. Voici l'argumentaire de Mediapart sur Nous ne débattrons pas

    Par principe, nous sommes favorables au débat. A sa liberté, à sa pluralité, à son utilité. C'est pourquoi nous refusons le «grand débat sur l'identité nationale» organisé par le pouvoir : parce qu'il n'est ni libre, ni pluraliste, ni utile. Il n'est pas libre car c'est le gouvernement qui le met en scène, qui pose les questions et qui contrôle les réponses. Il n'est pas pluraliste car sa formulation réduit d'emblée notre diversité nationale à une identité unique. Il n'est pas utile carcette manœuvre de diversion est une machine de division entre les Français et de stigmatisation envers les étrangers .

    ==) Dans cet énoncé, il y a plusieurs présupposés, qui donnent au gouvernement en
    place un pouvoir excessif.
    1) Quelles que soient les INTENTIONS de Sarkozy, Besson, Fillon and co, ils peuvent toujours vouloir sur LEUR site contrôler les messages, cela n'empêche personne de tenir le débat AILLEURS.
    2) Il est caricatural de dire que "la formulation réduit d'emblée notre diversité nationale à une identité unique". Cette caricature ne rend pas compte de la diversité des opinions exprimées par différentes personnes de l'UMP et ses affidés.
    3) Il est également excessif et caricatural de dire que le débat SE RÉDUIT A une "une
    machine de division entre les Français et de stigmatisation envers les étrangers". Le débat ne se réduit à cela (toujours cette haine de soi/amour de l'autre) que si on le laisse s'y
    réduire. Pas si on le reprend dans d'autres termes, comme le font des tas de gens...
    4) Ce débat sur l'identité, n'est pas inutile, à l'heure des tensions sociales que nous constatons, des replis communautaires, etc!

    Hier, j'ai traité d'"andouilles" les créateurs de cette pétition. Le terme n'est pas suffisamment sérieux. Ces gens sont pires
    que des andouilles: ce sont des IRRESPONSABLES car ils vont laisser le débat se mener en vase clos, au lieu d'en ouvrir à l'extrême le cadre,
    en contre-débattant.

    Les voilà qui prennent une posture emphatique:
    Affaire publique, la nation ne relève pas de l'identité, affaire privée. Accepter que l'État entende définir à notre place ce qui nous
    appartient, dans la variété de nos itinéraires, de nos expériences et de nos appartenances, c'est ouvrir la porte à l'arbitraire, à
    l'autoritarisme et à la soumission
    .

    ==) Mais justement, c'est parce que nous ne voulons pas que l'État définisse à notre place que nous allons... débattre !

    Et l'emphase de termine en proclamation solennelle:
    La République n'a pas d'identité assignée, figée et fermée, mais des principes politiques, vivants et ouverts. C'est parce que nous entendons les défendre que nous refusons un débat qui les discrédite. Nous ne tomberons pas dans ce piège tant nous avons mieux à faire : promouvoir une France de la liberté des opinions, de l'égalité des droits et de la
    fraternité des peuples.


    ==) L'occasion fait le larron. Promouvons-la
    cette France, au lieu d'afficher de grandes déclarations de principe !

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  82. Un article de Caroline Fourest hier dans Le Monde, que m'a signalé Melchior
    _______________________
    http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/12/04/tempete-dans-un-minaret-par-caroline-fourest_1276237_3232.html
    ______________________
    L'auteur propose de laisser de côté les jugements moraux pour s'interroger sur l'intention, le contexte et la portée de ce vote.

    L'initiative vient d'un groupe proche de l'UDC, parti populiste dont les affiches électorales mélangent volontiers la question de l'immigration et celle de l'intégrisme.

    Comme le voile sur les cheveux, le minaret n'est en rien une obligation coranique. Mais il n'a pas la même portée inégalitaire. Comme le clocher, il témoigne de l'envie d'appeler ses fidèles, éventuellement d'un certain prosélytisme.

    On pourrait comprendre qu'une votation sur l'urbanisme souhaite réglementer la hauteur des édifices cultuels et leur impose le silence, ne serait-ce que par respect pour le voisinage.

    Cette question était réglée avant la votation, et ce n'est pas ce qu'elle proposait. Elle visait les minarets, et pas les clochers. Ce qui introduit de fait une discrimination entre les lieux de culte.

    Loin d'être laïque, cette posture vient d'une approche religieuse. On l'a oublié, mais la Réforme protestante a interdit à la minorité catholique Suisse de faire sonner ses cloches et même de construire des clochers. Cette tradition, inéquitable, vient d'être réactivée contre les minarets.

    Les pays de l'Organisation de la conférence islamique, représentés en force au Conseil des droits de l'homme siégeant à Genève, auront pour une fois raison de crier au "deux poids, deux mesures".

    Mais qu'ils ne crient pas trop fort. La Suisse est loin d'être aussi injuste que certains pays musulmans, lesquels interdisent carrément la construction d'églises et non seulement celle de clochers.

    Reste qu'un pays où siègent les institutions garantissant les droits de l'homme aura bien du mal à assumer une mesure qui déroge clairement au principe d'égalité.

    Contrairement à la loi sur les signes religieux ostensibles à l'école publique, il ne s'agit pas de défendre l'égalité hommes-femmes, mais bien de s'assurer de la domination visuelle et symbolique du christianisme au détriment de l'islam. Au nom d'une approche qui relève de l'identité et non de la laïcité.

    La laïcité telle que nous la vivons en France veille à traiter toutes les religions sur un pied d'égalité. Elle peut se montrer exigeante envers certaines interprétations politiques et inégalitaires du religieux, notamment à l'école publique, mais elle respecte les lieux de culte, qu'elle peut même entretenir au titre de la culture et du patrimoine.

    La Suisse a fait un choix inverse : non pas s'attaquer aux manifestations politiques du religieux (comme le voile) mais s'en prendre à sa part culturelle, l'architecture. Pourtant, les mosquées ayant un minaret sont souvent les plus belles et les moins intégristes. Tandis que le Centre islamique de Genève, le quartier général d'où rayonnent les Frères musulmans depuis la Suisse, n'a pas de minaret.

    Cet islam politique venu d'Egypte est largement déconnecté des préoccupations des musulmans suisses, en grande majorité turcs ou albanais. Ce sont pourtant ses prédicateurs que les médias locaux ont trop longtemps présentés comme la voix de l'islam suisse. Au point d'agacer et, peut-être, de contribuer à ce retour de bâton. Paradoxe : le résultat de cette initiative va leur permettre de renforcer leur propagande victimaire, donc l'intégrisme.
    Caroline Fourest

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  83. Lu rapidement donc peut être de travers. Si les catholiques n'ont pas le droit de construire de clocher n'est ce pas logique d'interdire les minarets dans un soucis d'égalité?

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  84. Je signale le très intéressant Billet de Melchior sur l'identité dans son Blog:
    http://melgrilab.blog.lemonde.fr/2009/12/11/identite-morte-ou-vive/

    J'applaudis la bourrique savante d'avoir su écrire des pensées profondes et nuancées grâce à un dialogue avec sa mercière préférée... en mangeant, le grand coquin, des macarons ronds ;o)

    Moi qui, sur le fil du Billet de Kairos appelais de mes vœux de nouveaux mots et une nouvelle rhétorique pour parler la politique, me voici ravie!

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  85. Sacré enfoiré de bourricot ! Entre nous je trouve l'abbé un peu pingre : une vague caresse sur le chanfrein, franchement, ça ne vaut pas son pesant de luzerne. Les macarons d'Augustine c'est quand même autre chose. Quant à l'identité NATIONALE, il me semble qu'elle est au cœur d' un paradoxe ou qu'un paradoxe niche en son cœur, je fais ce que je peux, pas eu droit aux macarons, moi, en ce qu'elle est une affaire INTIME. Se sentir ceci ou cela, prenons un exemple au hasard, je ne sais pas… tiens, français, pourquoi pas, se sentir français, donc, c'est quoi ce truc ? On nous l'a appris ? On regarde les autres et on se sent comme eux ? On pleure d'émotion en regardant la ligne bleue des Vosges ? Blablabla ? Chacun son truc. Et il ne le partage pas avec tous les autres.
    Il le partage avec d'autres qui se sentent français d'une certaine façon. Moi ça serait plutôt Diderot que Barrès, plutôt Couperin et Debussy que la chasse à la palombe, et aussi le Neveu Roland, Chrétien de Troyes, le grand Victor, Shakespeare et Boulgakov, ah, vous me dites qu'ils ne sont pas français, ces deux là ? Moi je trouve que si puisque je les porte en moi et que je suis français. Vous voyez, ce n'est pas simple. Et je suis sûr qu'il y a des Allemends, desItaliens, des Espagnols (Paco, viens m'aider !) etc. qui se sentent allemand, italien, espagnol tout comme je me sens français. Et avec qui je fraterniserai mieux (!) qu'avec les chasseurs de palombes. J'espère que je vous ai bien embrouillés et que seul un âne pourra mettre un peu d'ordre. Une caresse sur la chanfrein, je vous demande un peu, qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre…

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  86. à Monica

    Merci pour les compliments, mais tout le mérite revient à Augustine...

    à Parleur

    L'abbé Lélaine est plein d'onction ecclésiastique, de retenue et de réserve, voire d'inhibitions. Les macarons ronds, c'est en effet autre chose.
    Vous avez raison, il faut faire une grande part au sentiment dans l'identité, et je vous suis volontiers dans votre vision universaliste. Mais "quand une idée s'empare des masses, elle devient une force matérielle" (Marx).

    Pour en revenir au chanfrein, c'est pour la bourrique, animal chez qui l'esprit de contradiction est très développé, une zone sensible, presque érogène car liée aux joies de la transgression: " j'enfreins".

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  87. Certes et hélas car pour qu'elle s'empare des masses il faut qu'elle ait été simplifiée au point de devenir brutale et elle peut faire beaucoup de ravages. Ça s'est vu…
    Je n'ai certes pas peur du peuple mais je redoute les foules. Le démagogue me semble être celui qui arrive à réduire l'entité organique qu'est un peuple à l'état de masse indifférenciée qu'est une foule.
    En ce moment je fais beaucoup de fautes, même en me relisant…

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  88. Cher Melchior,

    C'est toujours un plaisir de vous lire, même s'il n'est pas toujours évident de commenter vos écrits, surtout ceux qui ont attrait à l'économie. Sauf à dire, les yeux couleur maracon tout ronds de contentement à lire un travail si clair , j'adhère.

    Ici, chez Augustine, je me sens déjà beaucoup plus à mon aise. Aussi je me permets de vous caresser le chanfrein. Toutefois les propos de madame la mercière m'interpelle (quelque part dans mon vécu... :))..

    et me pose question : l'identité, est-ce un rapport uniquement à l'autre? Ou bien aussi un rapport à soi? Ce « soi » si étrange que l'on partage aussi avec d'autres.

    M'est venu à l'esprit, que j'ai fort mal tourné, le titre du dernier billet de Claude Lelièvre sur ce site qui invite à ne pas débattre : « l'histoire, une passion française ».... je trouve ce clin d'œil délicieux. Surtout que les « non-débatteurs » qui pourtant se battent autant que moi avec la langue française et ses règles, le bonheur de son vocabulaire et ses valeurs, n'en ont en rien souligné l'hérésie.

    Comme d'habitude, je vois que l'abbé Lélaine confond les causes et les effets. Il est vrai que l'abbé n'a pas eu lui le droit à un macaron rond, lui... C'est pas bien. Quand on a faim, on ne réfléchit pas, on se bat.

    Enfin, je frétille d'aise. Pouvoir débattre du débat interdit et aux îles Comores qui plus est. J'attends la suite avec beaucoup d'impatience.

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  89. Maracon !
    Sacrée Brocéliande. T'as raison ma belle. Maracons ! Maracons !

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  90. Coucou ma p'tite Brocéliande !
    Maracons-nous, maracons-nous....Et que le Diable nous emporte avec des amandes douces à profusion (dit l'écureuil tendant son petit panier hé hé)!

    Attention cependant aux glissades de phonèmes ;o)

    Car Maricon en espagnol est un mot vulgaire, mais dont nous ici, qui avons l'esprit très ouvert et nuancé, refusons les connotations péjoratives. Non mais !

    Quant à notre bourrique de charme, quel charmant auto-portrait en sabot elle nous fait à propos du chanfrein: c'est pour la bourrique, animal chez qui l'esprit de contradiction est très développé, une zone sensible, presque érogène car liée aux joies de la transgression: " j'enfreins".

    Transgressons, transgressons !
    Vive la gauche voluptueuse, qui n'hésite pas à se rendre chez la mercière pour disserter de l'identité en se délectant de mara.... euh de macarons!

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  91. A propos de l'identité nationale, je me lance dans la mare.

    Née outremer, petite-fille d'andalous, fille d'une andalouse mariée avec un homme français par la naturalisation de son père andalou, je me suis sentie "française" depuis mon très jeune âge.J'ai vécu dans une famille exclusivement francophone, et j'ai fréquenté une école française. Je n'ai appris l'espagnol que tardivement, quand j'étais en 4ème.J'ai d'emblée parlé cette langue (que ma grand-mère maternelle, que je voyais parfois, parlait de façon exclusive) avec une intuition et une maîtrise étonnantes de sa phonologie.

    Mes parents ont donné à leur quatre enfants des prénoms français, ce dont je me réjouis. Ainsi, notre identité associe un patronyme espagnol (nos origines)et un prénom français (notre pays d'ancrage).

    Nous venions en France en vacances tous les deux ans.La France a toujours été pour moi un beau pays mythique, "mon pays", dont j'aimais et j'aime les régions, les habitants, la langue, la culture, les habitus, l'histoire.

    Aujourd'hui, je me sens française ascendance "métèque" (j'aime bien ce mot), espagnole dans mes passions et mes lamentos (j'adore l'Espagne et sa langue), européenne.

    Je me sens d'identité "ellulienne", portant en moi tous les potentiels et virtuels de l'humain (homme, femme, hétérosexuelle, homosexuelle, noir, blanc, jaune, un peu folle, pas toujours raisonnable...)et même de l'animal [écureuil ascendant scorpion ;o)]

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  92. Je replonge dans la mare de "l'identité nationale" en attendant la nouvelle visite du Baudet chez la mercière...Merci de votre indulgence... c'est à mes risques et périls ;o)

    Quelles sont les valeurs générales sous-jacentes à la construction sociale de l'identité?

    - La liberté de chacun, dont la seule limite proclamée devrait être l'atteinte à l'intégrité de l'autre, définie de façon extrêmement rigoureuse (Morale minimaliste d'Ogien).

    - L'égalité de tous, sans discrimination de sexe, de race, de classe, de religion, de préférences sexuelles...Les droits sont donc égaux pour tous (y compris en ce qui concerne la procréation, l'adoption, l'euthanasie...).

    - La solidarité, permettant de lutter contre les systèmes oppressifs, et de combattre certaines dissymétries et injustices.La solidarité n'implique cependant pas une "générosité idéalisée". Elle requiert le respect d'un principe de réalité, notamment dans la maîtrise des flux migratoires. Il s'agit d'éviter la misère, les ghettos, les traitements indignes et les exploitations éhontées.

    - La Laïcité, définissant la religion comme un exercice privé, ne devant en aucun cas infiltrer la vie sociale collective.

    - La maîtrise de la langue du pays où l'on choisit de vivre, seule garante d'une existence sociale pleine et entière.Cette maîtrise du véhicule langagier commun s'accompagne d'un respect des langues "étrangères", des dialectes régionaux...

    - La transmission des acquis culturels, des patrimoines accumulés au cours de l'histoire du pays, éclairés, enrichis et fécondés par les apports des cultures dites "étrangères". Cela requiert évidemment une politique culturelle digne de ce nom...

    - L'inscription de la France comme un état européen, minuscule partie du vaste monde...

    Appliquée à "l'identité nationale", cette définition large impliquerait ceci:

    Etre français, ou le devenir, entraîne simultanément des droits et des devoirs. La définition du socle commun avec sa dynamique évolutive fondamentalement ouverte ne devrait permettre de transiger avec aucun de ces principes et avec aucune de ces valeurs basiques.

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  93. Chers amis de gôôôche, laissez donc à la droite le soin de réfléchir à "l'identité nationale", prenez des grandes postures, et vous aurez cela (lu dans Le Monde):
    _________________
    La secrétaire d'Etat chargée de la famille et de la solidarité, Nadine Morano, a déclaré, lundi soir 14 décembre, vouloir du jeune musulman français "qu'il ne parle pas verlan", lors d'un débat sur l'identité nationale à Charmes (Vosges).

    "Moi, ce que je veux du jeune musulman, quand il est français, c'est qu'il aime son pays, c'est qu'il trouve un travail, c'est qu'il ne parle pas le verlan, qu'il ne mette pas sa casquette à l'envers", a expliqué la secrétaire d'Etat à un jeune homme qui l'interrogeait sur la compatibilité de l'islam avec la République.
    ---------------
    Eh oui...

    Je parlais hier de la nécessité de maîtriser la langue du pays dans lequel on vit.

    C'est aux antipodes de cet anathème jeté sur le "verlan", langage qui joue des syllabes et des phonèmes, et qui permet à certains enfants de maîtriser la langue... Les orthophonistes utilisent ces exercices de "conscience phonologique" pour aider des enfants ayant des troubles du langage!

    Il faut en effet travailler sur les difficultés d'acquisition de la langue française chez des enfants pourtant nés en France, mais certainement pas en énonçant des restrictions de ce type !

    Pour le reste de l'énoncé, on a envie de dire à cette dame: Ras la casquette...

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  94. Il semble pourtant que la droite, si attachée à l'identité nationale,drapeau, Marseillaise,architecture, s'écarte volontiers d'un emploi coutumier de la langue française... De ce point de vue, la conférence de presse, hier, de Nicolas Sarkozy contient des perles de la plus belle eau, entre autre cele-ci: "La taxe professionnelle qui n'existe nulle part partout en Europe"... Heureusement qu'à l'UMP le recrutement est d'une grande tolérance, car Nadine Morano, jugée sur ces simples critères: allure vestimentaire et expression orale, ce n'est pas gagné!

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  95. Monsieur le Député, Monsieur le Sous-Préfet,

    J’ai bien reçu et vous en remercie votre invitation “à assister au Grand débat sur l’identité nationale” vendredi.

    Vous comprendrez que, les mots ayant un sens et la formulation me fermant toute capacité d’intervention dans le cadre de ce débat, je ne vois guère l’intérêt de m’y rendre alors même que rien n’indique qui seront les intervenants autorisés.

    Je ne peux donc qu’espérer qu’en vos qualités respectives de représentants du peuple et de représentant de notre Etat de Droit, vous saurez défendre avec ardeur et conviction l’ensemble de ces valeurs fondamentales que nous tenons de la lente évolution heureusement engendrée par les hommes et les femmes qui ont habités et habitent notre pays et que, malgré leurs inscriptions dans les textes supérieurs de notre République, certains s’attachent à dissoudre.
    J’entends bien sûr le respectueux devoir que nous avons de porter haut les couleurs des Droits Humains dont beaucoup parlent de Liberté, de l’Egalité des citoyens devant la Loi sans distinction de sexe, de race ou de religion, de la Fraternité qui ne peut qu’honorer ceux qui s’attachent à la mettre en oeuvre et bien sûr de cette forme de laïcité qui nous est si particulière et si précieuse.

    Je ne doute pas que vous aurez l’un et l’autre à coeur d’être bons citoyens selon les mots de Démosthène : “Je crois d'un bon citoyen de préférer les paroles qui sauvent aux paroles qui plaisent.”

    Je vous prie de croire, Monsieur le Député, Monsieur le Sous-Préfet, à l’expression de ma considération.

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  96. Mais N.Morano a dans la tête la casquette du Père Bugeaud, c’est tout ce qui compte pour eux en ce moment.

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  97. Coucou Caroline et Kairos,

    Comme je le disais hier soir (que c'était pompeux, j'ai honte, assumons!),
    Etre français, ou le devenir, entraîne simultanément des droits et des devoirs. La définition du socle commun avec sa dynamique évolutive fondamentalement ouverte ne devrait permettre de transiger avec aucun de ces principes et avec aucune de ces valeurs basiques.

    Si l'opposition, au lieu de se cabrer en s'indignant, avait anticipé et défini le socle grand ouvert d'une "identité nationale", elle pourrait aujourd'hui opposer un contrepoint radical aux grossières âneries de Sarkozy, Morano et CONsorts.

    Et opposer, en ricanant, la casaque rose vif de Bachelot et les fautes de syntaxe de Sarkozy aux caquettes de traviole et autres verlan des "musulmans français " (les autres pouvant mettre des chéchia et des burqas, je suppose?)

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  98. Côt côt... pardon, il s'agissait des caSquettes de traviole et non des caquettes ;o)

    Mais bon, dans ce poulailler-là, allez retrouver vos poussins!

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  99. Bien que la casquette de traviole, c'est les apaches de la rue de Lappe, et à l'envers les coureurs du Tour... Quant au verlan et autre argot ou jargon, Maître François en composa certaines des fameuses ballades, les dames du temps jadis s'en souviennent encore... Non, le problème, c'est le musulman, ses minarets, son Coran, ses burkas et tutti quanti! Sauf que messieurs-dames politiques doivent user de contorsions pour éviter le racisme flagrant, le discriminant scandaleusement lepensite, ce n'est pas facile-facile tous les jours...

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  100. Notre Bourrique savante vient de publier la seconde partie de sa réflexion sur l'identité. J'ai laissé sur son Blog un premier petit commentaire copié ci-dessous.
    _____________________________
    http://melgrilab.blog.lemonde.fr/2009/12/15/identite-morte-ou-vive-suite/
    _____________________________
    Merci, chers Melchior et Augustine,

    Quel délice, cette mise au point identitaire, où je retrouve absolument tous mes crédos au goût de noisette.

    A une réserve près cependant: au gâteau au marron et chocolat, quelque peu étouffe-chrétien (excusez-moi Abbé Lélaine, qui êtes venu là surtout pour vous empiffrer et trouver des idées pour votre prêche), je substituerais volontiers une aérienne mousse chocolat/marron, au fructose (of Corse).

    Le troisième point en forme d’objectif est le plus délicat et le plus fondamental : Ce sont les idéaux républicains, qui servent à passer au crible les apports de l’étranger, pour faire le départ entre ce qui est intégrable à notre fameuse «identité» et ce qui ne l’est pas.

    - Casquette et syllabes à l’envers, peu nous importe. Nous sommes très ouverts. ***

    - En revanche, burqa cache-visage ou excision nous glacent. Contraires au principe de l’égalité des hommes et des femmes voire de la laïcité quand ces pratiques sont brandies au nom d’une religion.
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    *** J'ajoute ici: y aurait-il, dans cette aversion pour l'envers, une forme très sournoise de pensée straight ? Hé hé ...

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  101. Lu dans Le Figaro, à propos du débat sur l'identité nationale;
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    http://www.lefigaro.fr/politique/2009/12/16/01002-20091216ARTFIG00570-identite-nationale-le-debat-embarasse-aussi-a-droite-.php
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    - De Villepin: «Ce débat n'a pas de sens», «c'est un faux débat», «dans une période de crise, on a autre chose à faire qu'à se diviser sur un sujet aussi important que celui-ci».
    De Villepin estime que le débat ne «doit pas dériver vers des stigmatisations, il ne doit pas être nourri par la peur qui est très mauvaise conseillère dans ce domaine». Pour lui, il faut donc «l'arrêter».

    - François Baroin, disait mardi «ne pas comprendre» ce débat. «A quoi bon prendre le risque de faire de l''agit prop' pour ouvrir une auberge espagnole (...) à quelques semaines d'une échéance électorale qui évidemment va faciliter les amalgames, les confusions», «on joue un peu les apprentis sorciers». Il demande la «suspension» du débat.

    - Pour Christine Boutin, ce débat est un «piège» qui «ne peut que redonner de l'oxygène au FN». Elle demande, elle aussi, qu'on y mette fin, «le plus rapidement possible».

    - Alain Juppé s'était interrogé en premier dès novembre sur l'opportunité de «relancer un débat» sur une question, selon lui, tranchée.

    - Jean-Pierre Raffarin avait estimé lundi sur iTélé que « la question de l'identité ne peut pas être une réflexion de comptoir», et demandé «plus de rigueur intellectuelle», pour éviter le «populisme».

    - Au sein même du gouvernement, l'embarras est sensible. Si elle est contre une suspension de la discussion, Valérie Pécresse a estimé qu'il était temps de «recentrer» le débat sur des «propositions concrètes». La veille, Yazid Sabeg, commissaire à la Diversité et à l'égalité des chances, se disait «certain» que ce thème «difficilement contrôlable» ouvrait «un champ et un espace au Front national».

    Pour le moment, le débat est maintenu. Nicolas Sarkozy a apporté mardi matin un soutien appuyé à son ministre de l'Immigration, saluant son «courage et sa détermination» et fustigeant les critiques «d'amis de son propre camp». Mais il laisse d'autres que lui piloter le débat.
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    Question: n'y-a-t-il pas dans ces grands retours en arrière la tentation d'une politique de l'autruche?

    Je persiste dans l'idée que l'opposition aurait dû s'emparer, à bras les contradictions et les ambiguïtés, de ces questions, au lieu de les déclarer "non grata". Elles ressortiront, inévitablement...et ce sera bien pire...

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  102. Un Billet de Soheib Bencheikh, théologien et chercheur en sciences religieuses, sur l’identité, dont je résume et me risque à commenter quelques arguments.
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    http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/opinions/tribunes/20091217.OBS1029/ne_reveillez_pas_vichy_.html
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    Moi, je ne peux pas définir mon identité: je suis de confession musulmane, amoureux de la littérature arabe et je baigne dans une culture et une langue françaises avec tout ce qu’elles véhiculent de contrastes criants et perspectives étalées à l’infini. Ma conviction était naïvement, que ma spécificité cultuelle et culturelle soit un plus, un embellissement supplémentaire qui s’insère harmonieusement dans la Cité française. Car si je développe le sentiment d’être un corps greffé, je n’obtiendrai l’estime ni de moi-même, ni de mon environnement. Il est surréaliste de devoir insister sur ces évidences, mais nous en sommes là.

    =) Est-ce que SON sentiment est nécessairement LE MÊME que celui des autres ? En quoi son sentiment devrait-il devenir l’étalon de la question ? Si je me sens française de façon ouverte (vu mon histoire, comment pourrait-il en être autrement ?) je veux bien être taxée de "surréaliste", ce n’est pas une injure… Notons que la première composante de son identité (même déniée en tant que concept) est d’être de confession musulmane. Pour moi, ce serait d’être laïque.

    Toute prise de position politique ou juridique, au nom de l’identité, est préjudiciable. Parce que cette nébuleuse de sentiments que l’on appelle identité, change, se développe et s’enrichit. .

    == Si les processus évolutifs ne devaient pas être objets de débats, nous ne pourrions débattre de rien. Il ne s’agit effectivement pas de prendre des positions, mais de n’interdire aucune des questions qui traversent le corps social.

    Celui qui dénonce l’injustice et la violation des droits doit être le premier à appliquer la justice et respecter les droits. On emploie souvent un terme très joli et courtois, la réciprocité ; en clair, «si vous voulez jouir des droits fondamentaux en France ou en Europe, accordez nous ces mêmes droits en Arabie saoudite». Réciprocité qui désigne des antagonistes en termes de vous et nous.

    == Autrement dit, les pays musulmans dogmatiques peuvent agir comme ils le veulent, mais la France doit montrer, elle, le chemin de la démocratie, y compris en acceptant des éléments socioculturels qui sont contraires à ses principes…

    Entre la démocratie et le populisme, il y a un pas. C’est celui qui soumet à l’appréciation de la majorité, les principes qui protègent, avant toute expression démocratique, les libertés individuelles et les droits fondamentaux. La Suisse a franchi ce pas, à la surprise de tout le monde. L’Allemagne, les Pays Bas, et curieusement, même la France, la citadelle des droits, entachent l’inviolable et se laissent séduire par le chant des sirènes du populisme.

    =) Le «populisme» devient décidément le concept-clé pour faire avaler toutes les couleuvres…

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  103. A propos de l'identité, il serait intéressant d'analyser à plusieurs le débat conflictuel entre Badiou et Finkielkraut, dont le verbatim est publié dans le Nouvelobs:
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    http://bibliobs.nouvelobs.com/20091217/16522/finkielkraut-badiou-le-face-a-face
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    Si l'on y joint l'argumentaire du controversé Taguieff dont j'ai cité le lien plus haut, on pourrait peut-être éclairer ces questions sur un mode dialectique, au lieu de purement et simplement les écarter d'une pichenette indignée.

    Ceci est un appel d'offre ;o)

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  104. J'avais lu hier un texte sur Mediapart qui m'avait violemment irritée. Et, à ma stupéfaction, j'avais lu des commentaires élogieux devant ce qui m'était apparu comme un salmigondis emphatique et agressif.
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    http://www.mediapart.fr/club/edition/nous-sommes-tous-en-reserve-de-la-republique/article/181209/payez
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    Je m'étais demandé avec mon mauvais esprit habituel: est-ce le fait que Mediapart présente ce monsieur comme un grand écrivain qui aurait influencé quelques abonnés?

    Et je trouve ce matin ce commentaire qui me rend toute guillerette.
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    Ouais. Quel concert d'éloges devant ce morceau de bravoure un peu téléphoné.

    Bien sûr que l'idée c'est de remettre à leur place le petit Machinchose et ses valets, qu'ils soient ami de trente ans, transfuge égaré par la honte ou simples lécheurs de pouvoir. A leur place, c'est-à-dire à la place d'honneur dans l'arrière-cour de la honte d'être français-comme-ça et de l'arnaque morale. Mais je trouve que ce texte n'honore guère l'auteur des Lacrimosa car il ne fait pas son boulot d'artiste, il entretient la confusion avec son indignation factice et surjouée pour la galerie. On lui a demandé un morceau de littérature sur un thème, il exécute la commande : c'est l'heure de pondre, il pond.

    Pauvre littérature. Sur le même modèle que les discours cocardiers dont il se veut l'anti héraut. En épousant son temps pour assèner une évidence : les temps ont changé. Ah bon ? est-il besoin de jouer les nouveau Georges Darien au petit pied pour nous en convaincre ? Il ne suffit pas d'exécrer les gens et les "idées" que j'exècre moi-même, encore faudrait-il, pour que je me joigne aux éloges, ne pas tout mélanger. Si l'artiste est celui qui rend visible nous sommes ici loin du compte. Enfoncer des portes ouvertes avec un air bravache n'éclaire rien de plus : elles étaient ouvertes. Et merci pour les nuances, la pensée binaire a encore frappé. Privilégier une manière archaïque et révoltante de se sentir français pour la conspuer bruyamment c'est rejeter l'autre dans l'ombre.

    L'autre ? Celle que certains essaient de dessiner et d'affirmer, celle qui ne rejette pas, n'exclut pas, aime accueillir, ne grommelle pas à l'ombre de ses tilleuls, ne se pense pas supérieure ni inférieure, cherche dans son patrimoine (je n'ai pas honte de Diderot) et hors de son terroir (de Shakespeare à, par exemple, Mahmoud Darwich) la partie lumineuse de l'humain, essaye de distinguer, d'éclairer : d'abord en tâchant à s'éclairer soi-même, modestement.


    par Virgil Brill
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    I'm happy

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  105. Pendant que j'y suis... Ayant cité Virgil Brill, je me souviens de débats sur un Fil de Mediapart concernant Frêche et les harkis. Et de la position si ferme de notre cher Farid, qui nous lit et n'a pas le temps de nous apporter sa musique. Bonjour, Farid, et amitiés!

    Frèche est en ce moment au centre d'un mini buzz.

    Sur Face Bouc, s'est créé un groupe de soutien à Frêche, pendant que des gens du PS (le pur Montebourg, par exemple) dénoncent ses exactions. Et que ses ennemis déclarés vont fouiner dans les poubelles des journaux les preuves de son ignominie. Les journaux, c'est certain, ne disent que la vérité des faits. Ils sont si rigoureux dans leurs affirmations, ils n'ont jamais de parti-pris.

    Les exactions verbales de Frêche (qui souffre quasiment d'un syndrome de Gilles de la Tourette)ne sont plus à prouver. Il les exhibe sans inhibition aucune. Il dit tout haut ce que plein d'autres pensent tout bas. C'est pas beau, c'est pas bien, on est d'accord.On ne l'absout pas. OK.

    Mais je dois dire que la façon dont certains bienséants traitent la question Frêche, logique inquisitoriale toute déployée, et échafaud se profilant au bout, commence à m'irriter très sérieusement.

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  106. Non, on ne l'absout pas. J'avoue que je me vois mal en soutane. Je ne l'absous pas, donc.
    Mais avec sa tonitruante vulgarité il me fait parfois bien marrer quand il effarouche le chœur des vierges de sacristie (vierges souvent recousues pour la plupart) en mettant sans pudeur et publiquement le doigt où beaucoup se sentent chatouillés. Il est souvent cynique au sens vulgaire mais il lui arrive de l'être au sens de Diogène. Non sans courage et sans acuité…
    Il m'arrive de me demander si la recrudescence de bienséance qui me semble être un des traits du moment n'est pas le symptôme du cheminement souterrain de quelque chose de particulièrement griffu et velu. Alors les écarts de Frêche, franchement. Le papier tournesol a son utilité…

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  107. Excellent, Parleur!
    Je jubile ;o) ;o)

    Cela aère les neurones, vindiou! On s'asphyxie avec ces vierges recousues (sans allusion au genre des vierges, of Corse). La chose griffue et velue est de plus en plus évidente... Brr...Elle émane de leur noire aigreur..

    Euh, comme j'aime bien pinailler, tu sais que absoudre a aussi un sens non religieux, de "pardonner" ? Mais comme le "on" ne nous comprenait pas car nous ne sommes pas du tout recousus... on n'en fait pas cas.

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  108. "quelque chose de particulièrement griffu et velu."

    Qu'est-ce qu'on me veut ?

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  109. Meuh non meuh non, notre Griffollet d'amour, vous savez bien ... ronron... que vous n'êtes pas concerné par ce descriptif... M'enfin !

    Vous, une petite bête si douce et si poète, si ronde de volupté, confondue avec une chose, vous avez mal ajusté vos lunettes.. Ronron...

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  110. Je viens seulement de lire l'échange entre Finkielkraut et Badiou, que je trouve vraiment très intéressant.
    Il serait bon que les journalistes mettent en place davantage de rencontre de ce type, même si le dialogue est parfois difficile.

    Je suis assez frappé par le fait que, finalement, Badiou reproche à Finkielkraut ce que lui-même fait, mais avec d'autres cibles : il désigne des ennemis. Et, de ce fait, je trouve que Finkielkraut a plutôt raison de poser la question de l'ennemi légitime et de demander à ce que l'on ne réduise pas tout ad hitlerum.

    Par ailleurs, je n'ai pas bien compris comment, dans l'esprit de Badiou, il est possible d'associer la défense des particulatismes et l'interdiction de revendiquer une identité (interdiction liée à l'internationalisme et à la lutte contre toute forme de domination sociale ou culturelle).
    Et on retrouve donc cette tension et cette difficulté à penser à la fois l'universel et le particulier, sans que l'un écrase l'autre.

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  111. A propos du texte de Médiapart que vous citez, chère Monica, je l'avais survolé hier avant de vous lire, et je dois dire que j'avais eu la même impression que vous - mais que je fus moins courageux, et ne l'ai pas lu jusqu'au bout!
    - Ce pourquoi d'ailleurs je ne fis pas de commentaire (ne voulant pas commenter ce que je n'avais pas eu "le courage intellectuel" de finir!)

    Mais lire, par exemple, que le patriotisme est mort en 40... En réalité, il fut durement frappé en 1916. Et cela provoqua, comme on peut le comprendre, la réaction pacifiste.
    Mais lorsque l'on sait que la défaite de 40 fut involontairement préparée par le pacifisme acharné et que la résistance (et donc la victoire finale contre le nazisme) fut provoquée par les patriotes... Quel renversement de l'histoire!

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  112. Ô Griffollet, noble et facétieux matou !
    Griffu et velu tu l'es, je n'en doute pas etje m'en réjouis. Mais je t'imagine mal ramper souterrainement dans un tuf miasmatique pour empoisonner sournoisement notre vie.
    Si j'osais me permettre, je te ferais bien quelques caresses sous le menton, en respectant soigneusement le sens du poil comme toute ta personne aimablement féline.

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  113. Cher Marc, effectivement le verbatim du dialogue très dur entre Badiou et Finkielkraut est passionnant.

    J'ai été surprise par la posture d'AB, se mettant à plusieurs reprises en position d'accusateur. AB serait à ses yeux, en compagnie des intellectuels et des "féministes" qui ont fait du foin sur le foulard il y a 20 ans, responsable de la stigmatisation, sous prétexte d'identité nationale, d'une minorité déterminée (les musulmans). AB définit la lutte contre la burqa et le foulard, comme des coquetteries identitaires [au secours!]

    Pour AB, l'initiative visant à questionner l'identité française est stupide, incohérente, et s'inscrit dans le pétainisme transcendantal du gouvernement Sarkozy, dans une logique néo-fasciste.Selon lui, dans la mesure où la population est composite, hétérogène et multiforme, on définira l'identité française en désignant ceux qui n'en sont pas.

    Face à cela, AF définit la nation comme un principe spirituel, une âme, composé de deux éléments: un héritage de gloire et de regrets à partager d'une part, et de l'autre, le consentement actuel, le désir de continuer la vie commune. Il dénonce la francophobie militante qui se développe aujourd'hui dans de nouvelles populations françaises, comme une réponse inquiétante au racisme d'état ou à la stigmatisation de l'étranger.

    AB rejette la notion d'héritage, voulant séparer le bon grain de l'ivraie: ce qui est recevable dans l'histoire de France et ce qui ne l'est pas. Et après avoir revendiqué ce clivage, il accuse AF de se référer à une mémoire non divisée et à un consentement héréditaire et familial pour définir l'identité [j'appelle cela du double bind]!

    AF dénonce le fait que ce discours antiraciste et antifasciste vise à résilier tout prédicat identitaire, à la une désaffiliation:Pour n'exclure personne, il faudrait faire le vide en soi, se dépouiller de toute consistance, n'être rien d'autre, au bout du compte, que le geste même de l'ouverture.

    AF rappelle que nous sommes les héritiers de la galanterie c'est-à-dire d'un certain régime de la coexistence des sexes fondé sir la mixité. or le voile réduit les femmes à l'état d'objet sexuel. An arabe algérien, on dit qu'une femme dévoilée est nue. Lubrique ou cachée: telle est donc l'alternative. Elle est, pour notre civilisation en tout cas, obscène
    [OUF !]

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  114. Suite de quelques passages du verbatim. A ma surprise, les positions d'AF me "parlent" davantage que celles d'AB.

    AF dit:Camus parlant de l'amitié française disait: "le nazisme nous a contraints à la haine. Il importe maintenant de triompher de la haine, et de ne laisser jamais la critique rejoindre l'insulte". Il appelait cela: "refaire notre mentalité politique". Sartre a pris la décision contraire. Il a voulu prolonger le climat exceptionnel de la résistance en faisant de la politique la continuation de la guerre absolue, et il a donc écrit: "Toute la valeur qu'un opprimé peut avoir à ses propres yeux, il la met dans la haine qu'il porte à d'autres hommes". Camus est célébré aujourd'hui, mais c'est Sartre qui rafle la mise. La réduction ad hitlerum fonctionne à plein régime.

    AF dit être sensible au risque de stigmatisation, et rappelle sa propre histoire, dans laquelle le contentieux avec la France a été lourd. Il énonce: La France, c'est quelque chose qui m'est donné en partage. Elle s'est proposée à moi, et c'est sa grandeur, comme une patrie adoptive. La France c'est une langue dans laquelle j'ai grandi. Une culture que j'ai faite mienne. L'école ne m'a rien proposé d'autre et je ne lui demandais rien d'autre.

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  115. Les passages que tu as sélectionnés chère Monica, me parlent aussi profondément qu'à toi. C'est génial! Merci pour cette lecture attentive de nos âmes moulées dans la glaise de culture épousée.

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  116. Chère Brocéliande, merci. Je suis troublée de voir à quel point, sur le média dit à part, certaines personnes jugent "faible" Alain Finkielkraut et "meilleur" Alain Badiou.

    Or, en lisant Finkielkraut, j'ai senti des effets de résonance.Peut-être parce que j'ai la même représentation que lui de la France, mon pays adoptif auquel je me sens très attachée, et auquel je laisse le droit absolu de son histoire compliquée, avec ses ombres et ses lumières, sans la "honte" constamment exprimée sur le média à part.

    Peut-être que, partant de ce même socle identitaire, et étant une femme féministe (disons "antisexiste" pour rejoindre Caroline), je saisis ce qu'il y a de dangereux dans la négation de certaines de nos valeurs les plus lumineuses, de l'effacement de ce qui nous constitue de façon très dialectique,au prétexte de ne pas stigmatiser certaines populations musulmanes. Je dis bien: CERTAINES, car il ne faut pas oublier celles qui soutiennent notre combat.

    Rappelons sans nous décourager ceci: ce n'est la stigmatisation des personnes que nous cherchons, c'est le mépris de nos valeurs lumineuses que nous combattons.

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  117. Que ça t'irrite, vu ton jeune âge encore impulsif, quoi d'étonnant. Que ça te trouble ? oh non, Monica, je t'en prie, reste limpide, messagère si juste des valeurs lumineuses…

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  118. A propos de la "honte" que j'évoquais plus haut, ces quelques phrases :

    Avoir honte de son immoralité, c'est un premier degré de l'échelle ; arrivé en haut, on aura honte aussi de sa propre moralité. [Friedrich Nietzsche]

    Le sacrifice de nous-mêmes nous permet de sacrifier les autres sans honte. [George Bernard Shaw]

    Le bonheur n'a pas bonne presse chez les intellectuels. Il n'est pas de bonne compagnie. Disons-le tout net : il fait honte parce qu'il interpelle. [Robert Misrahi]

    Quel est le sceau de la liberté acquise ? Ne plus avoir honte de soi-même. [Friedrich Nietzsche]

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  119. Dans un Fil de Mediapart, vantant les mérites de Badiou face à Finkielkraut, je voudrais remercier Kairos et Virgil Brill d’avoir exprimé ce que je pense.

    Dans le débat Sartre/Camus, le plus convaincant, le plus suivi, a souvent été Sartre! Et puis... Mais certains ne voudront-ils pas de toute manière avoir tort avec Badiou plutôt que raison avec Finkielkraut? (par Kairos)

    Kairos, la question n'est-elle pas de savoir dans quel empire nous vivons? Que les citoyens qui ont des droits sous cet empire discutent les mérites de tel ou tel nom de citoyens change-t-il quoi que ce soit à cet imperium même? Et comment nomme-t-on le statut de ceux qui n'ont que le droit de travailler (en ont-ils seulement le droit? Que fait d'eux le manque de titre de séjour? Comment fonctionnaient l'empire romain et le reich allemand?) Quelle est la différence entre un esclave et un "sans-papiers"? Ce dernier a le droit d'aller et venir... Vraiment? N'est-il pas un peu traqué, aussi? Et pourtant on l'accepte sur les chantiers, (pour faire baisser les coûts... Ou augmenter les marges de profit? (-on ne voit pas, en effet, baisser les prix du logement) (par Pierre Ferron)

    La différence entre un esclave et un sans papiers? Mais l'esclave est une marchandise pure et simple, la propriété de son maître... Heureusement, aussi précaire que soit, la condition de l'immigré, ne se confond pas avec celle de l'esclave dans l'Empire romain... Et d 'ailleurs, l'esclavage comme "fonctionnement" du monde antique, comme mode de production, est pour le moins problématique du point de vue de nombreux historiens. En tout cas, depuis, l'exploitation économique a besoin d'hommes libres, il doit y avoir des textes de Marx à ce sujet... Imagine-t-on, dans une France équivalent au Reich hitlérien, les sans papiers manifestant, recourant à des avocats et des juridictions, bénéficiant du soutien d'associations, de syndicats et de partis politiques? Les employeurs qui font travailler illégalement des salariés sont eux aussi l'objet de "traque" policière et de poursuites pénales... A partir de situations scandaleuses et dénoncées, établir une équivalence avec le sort des esclaves romains (lesquels n'étaient pas obligatoirement maltraités et affectés à des tâches directement productives) ou le STO du Reich, ou le Goulag soviétique (destiné, lui, au travail!), sincèrement, je ne te suis pas...(par Kairos)

    @kairos. Vous ne pensez pas de façon binaire. Vous pensez tout court, comme humaro et quelques autres. Ça, c'est mal. Sachez-le une fois pour toutes : les gens comme vous n'ont rien à faire ici. Penser par soi-même ? Essayer de démêler le tien du mien ? Préférer, si difficile que cela soit si souvent, les écueils d'un cheminement dialectique éprouvant et incertain au glorieux défilé rectiligne, calicots mentaux en tête, des certitudes si respectables d'une "pensée" radicale douillettement belliqueuse et pelotonnée sur elle-même?Vous êtes un infâme personnage, monsieur, et seuls des quolibets répondront à vos dérisoires tentatives. Tenez-vous le pour dit. (par Virgil Brill)
    _________________
    Merci de lutter contre la pensée unique...

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  120. Non, non Cher Virgil Brill, le sage ne regarde pas le doigt qui montre la lune, il regarde l’autre main.
    Fienkelkraut prône le rejet de la haine et de l’insulte de Camus et traite quelques lignes plus tard de fascite toute personne n’ayant pas défendu Polanski sans se poser de questions; Il encense Arendt et l’amour du Monde et des Hommes et vomit chaque jour cet honteux internet qui permet d’étendre la liberté d’expression dont il bénéficie au peuple (nécessairement populace) non autorisé.
    Badiou reste englué dans son TOC et les réflexes générationels qui vont avec: La domination d’hommes par les tenants du capital, çà c’est du lourd. La domination des femmes par les hommes, des histoires de bonnes femmes. Circulez, on peut les cacher.
    Lorsque l’un ou l’autre commenceront à envisager le monde et l’avenir autrement qu’au travers de la fidélité au Sacre de Reims pour l’un ou du Mur des Fédérés pour l’autre qu’ils tiennent dans la main qui ne montre pas la lune (avec leur galanterie ou leur indifférence) on pourra reparler d’eux comme référents intelectuels.

    En attendant, et pour faire court, je les trouve tous les deux manichéens et formolés.

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  121. Caroline
    D'accord mais pas tout. L'autre main AUSSI.
    Vous dites les deux manichéens et formolés je comprends aussi comme vous. Mais pas nous je crois, non ?
    Nous pouvrons prendre ceci a l'un et l'autre chose a l'autre, vous croirez ?
    Pardons pour le français. Je vous lis beaucoup mais hésite pour parler mon tour. Je ne suis pas Parleur !
    Merci vous tous.

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  122. Ah ah Caroline secoue les puces, et fait bouger les branches des cocotiers. C'est bien, car nous ouvrons le débat ;o)

    Tu trouves Badiou et Finkielkraut tous les deux formolés, je te donne en grande partie raison. Tu as relevé dans les propos de Finkielkraut des idées que j'avais sciemment mises entre parenthèses, s'agissant ici de la question de l'identité. J'avais donc évidemment fait mon choix dans le verbatim, cherchant à m'appuyer sur le positif...

    Car, si nous tentons de jouer dans les nuances et non dans le manichéisme que tu dénonces, il faut bien que dans le tamis restent deux ou trois pépites. On ne peut rejeter des idées au prétexte qu'elles émanent d'une personne dont on désapprouve par ailleurs certaines positions.

    Et si on les cherche, ces pépites, on les trouve, noyées dans du sable grossier. Même Finkielkraut, que je trouve parfois odieux sur certains sujets, dit des choses intéressantes. Donc, sur ce coup-là, je ne le mettrais pas comme toi dans le même sac que Badiou.

    Par ailleurs, je préfère la "galanterie",dans le sens de la mixité, de l'égalité hommes/femmes, à l'ignorance crasse de la cause féministe, réduite par Badiou à de la crotte, politiquement glissante qui plus est.

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  123. Je crois la galanterie est un vieux mot mais la chose encore vraie. C'est la courtoisie pour savoir que les femmes sont des humains qui sont moins fort du physique mais des humains autant. Alors on aide; C'est l'entraide des humains. Egalement !
    Vraiment bien toujours, chère Monica.

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  124. Je renvoie ici à un Billet de Marc Lefrère, dont je choisis (qu’il me pardonne) quelques extraits pour notre débat sur l’identité…
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    http://www.mediapart.fr/club/blog/marc-lefrere/191209/les-etranges-lecons-que-lon-tire-de-lhistoire-3
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    Peu à peu, l'Occident se mit à confesser ses fautes. L'esclavagisme, la colonisation, la shoah : tout cela semble devoir être imputé à la perpétuelle prétention de l'Occident à éclairer le reste du monde, à être sûr de soi et à vouloir le bien des autres à leur place – c'est-à-dire en réalité à se servir des autres pour les soumettre à sa propre vision du bien.
    Cette confession se fit lentement, et à la face du monde. A la face d'un monde qui venait de reprendre sa liberté, et qui accusait et accuse encore l'occident d'être à l'origine de ses maux. Cette confession n'appela que rarement un pardon – mais elle parut justifier cette accusation, devenue constante.

    Dès lors que l'on se confesse et que l'on n'obtient pas de pardon, il devient difficile de se pardonner soi-même. Et il semble bien que ce soit ce qui se passe aujourd'hui.

    Une grande part des élites intellectuelles ne pardonne pas l'occident ce qu'il a fait et continue à le juger responsable des problèmes mondiaux. Notons bien qu'ils ont parfois raison!

    Ils ne pardonnent pas – et ils vont plus loin : ils revendiquent pour les autres la constante réparation qu'est censée appeler le crime supporté par leurs pères, et commis par les nôtres. Une réparation sous forme de droits particuliers, de bienveillance et de tolérance particulières envers eux, plus qu'envers tout autre.

    Puisque les pères des uns ont souffert, les fils doivent être choyés. Mais cela a pour corollaire que, parce que les pères des autres furent parfois des salauds, sans toujours le savoir, leurs fils doivent apprendre à se taire et à laisser leur place.

    Voilà où mène, en réalité, la dialectique de la défense systématique du dominé : considérer comme naturel et normal que les anciens dominateurs deviennent les nouveaux dominés. Rien de plus. Un air de déjà vu. La pensée d'extrême gauche, de ce point de vue, n'a peut-être pas tant changé que cela.

    Il ne faut pas stigmatiser, et, on le sait, les populations des banlieues, les populations issues des anciennes colonies, les populations de culture musulmane, les populations socialement défavorisées, etc. sont sans cesse stigmatisées. La domination persiste. L'esprit « colonisateur » demeure en l'homme blanc définitivement irrécupérable.

    L'alternative à la détestation de l'autre, justement condamnée, semble être devenue la détestation de soi : il ne faut plus vouloir être soi, puisque "soi" est l'héritier des salauds et risque bien d'être un salaud lui-même, sans même s'en apercevoir.

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  125. Je verse au dossier cette page d'Amadou Hampâté Bâ:

    p: 439 de « Oui mon commandant ! », tome II des mémoires de Amadou Hampâté Bâ, Actes sud collection Babel, 1999.

    « Face nocturne et face diurne…

    Certes, la colonisation a existé de tout temps et sous tous les cieux, et il est peu de peuples, petits ou grands, qui soient totalement innocents en ce domaine - même les fourmis colonisent les pucerons et les font travailler pour elles dans leur empire souterrain !… Cela ne le justifie pas pour autant, et le principe en reste haïssable. Il n’est pas bon qu’un peuple en domine d’autres. L’Humanité, si elle veut évoluer, se doit de dépasser ce stade. Cela dit, quand on réclame à cor et à cri la justice pour soi, l’honnêteté réclame qu’on la rende à son tour aux autres. Il faut accepter de reconnaître que l’époque coloniale a pu laisser des apports positifs, ne serait-ce, entre autres, que l’héritage d’une langue de communication universelle grâce à laquelle nous pouvons échanger avec des ethnies voisines comme avec les nations du monde… A nous d’en faire le meilleur usage et de veiller à ce que nos propres langues, nos propres cultures, ne soient pas balayées au passage.
    Comme le dit le conte peul "Kaïdara", toute chose existante comporte deux faces: une face nocturne, néfaste, et une face diurne, favorable; la tradition enseigne en effet qu’il y a toujours un grain de mal dans le bien et un grain de bien dans le mal, une partie de nuit dans le jour et une partie de jour dans la nuit…
    Sur le terrain, la colonisation, c’étaient avant tout des hommes, et parmi eux il y avait le meilleur et le pire. (…) »

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  126. Cher Melchior,

    Vous versez là une pièce fort importante, après les extraits choisis dans le texte de Marc, et nos discussions sur la nécessité de nous référer à la dialectique

    Nul doute que vous feriez bondir certains tenants de la pensée unique, si prompts à parler de "racisme" et de "fascisme",si vous citiez ces propos de Amadou Hampâté Bâ, pourtant si évidents lorsque l'on y songe.

    Oui, la colonisation a toujours existé.
    Oui, elle est injustifiable.
    MAIS aucun processus n'est noir OU blanc.

    Eh oui, il y a toujours un grain de mal dans le bien et un grain de bien dans le mal, une partie de nuit dans le jour et une partie de jour dans la nuit…

    Merci, chère Bourrique...

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  127. Une pièce fort importante. Mouais…
    Belle page. Belle vision du monde.j'aime et je suis d'accord.
    Mais attention quand même à la question des proportions. Une goutte de nectar dans un verre de merde n'en fait pas une boisson délectable. Mais en effet cela attire notre attention, après les effets pervers des bonnes actions et les dommages collatéraux des "frappes chirurgicales" sur les avantages collatéraux et résiduels de certaines horreurs. Qui ont été et restent, non pas des évènements regrettables, mais des horreurs. Qu'on ne nous a évidemment pas enseignées à l'école. Des horreurs, vraiment.

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  128. Cher Parleur, j'entends comme un petit reste de "culpabilité" pour ce qu'ont fait nos ancêtres dans ton Mouais, ou je me trompe ?...

    Lis bien les phrases de Amadou Hampâté Bâ citées par Melchior, elles sont sans ambiguïté aucune.

    Et si nous réfléchissions, pour dédramatiser, aux processus de colonisation que la France a subis dans l'histoire?

    Est-ce que cela ne nous permettrait pas de nous poser cette question sereinement?

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  129. Prenons pour dédramatiser complètement... le Béarn.

    Au VIème siècle avant J.C, les Ligures sont implantés dans la majeure partie de la Gaule, jusqu'aux Pyrénées. Cinq siècles avant notre ère, venant très probablement de la vallée de l’Ebre et de l'Aragon en Espagne, les Ibères franchissent les montagnes par le Val d'Aran et les cols du Somport et de Roncevaux. Entrés en Gaule, ils se heurtent aux Celtes qui les empêchent de poursuivre leur progression plus au nord. Les Ibères se fixent alors dans le piémont pyrénéen.

    Une tribu de ces envahisseurs, les Bénarnis - appelés aussi Vernanis ou encore Béharnenenses - occupent ainsi le territoire qui deviendra plus tard le Béarn. Ce peuple va donner son nom à Beneharnum (Lescar), et ce lieu deviendra la première capitale du pays.

    Les légions romaines, lors de leur conquête de la Gaule tentent par deux fois de soumettre ces peuples belliqueux désignés sous le nom générique d'Aquitains. Par deux fois les armées de Rome échouent. C'est un jeune lieutenant de César, Crassus, qui y parvient enfin au cours d'une troisième tentative. Quelques peuplades montagneuses échappent d'abord à la conquête romaine, mais elles finissent cinq ans après par se soumettre au grand César lui-même venu dans la région y faire le tour du propriétaire et y inspecter les travaux finis.

    L'occupation romaine va durer de 51 avant J.C à 419 après J.C.

    Durant leur présence en terre béarnaise, les romains y établissent leurs administrations, civiles et militaires. Ils construisent des ponts, des villas, et de nombreuses routes, enfin, bref, tout ce qu'ils savent si bien faire quand ils décident de s'établir à un endroit pour y rester. Dans la région ils tracent surtout un axe commercial important qui relie Aquae Tarbelicae (Dax) à Saragosse en passant par Bénéharnum. L'influence romaine va aussi entrainer une révolution économique dans une région alors essentiellement dédiée à l'élevage. Les colons romains introduisent la culture céréalière (millet, seigle et orge) et un peu partout, sur les coteaux entre Salies-de-Béarn et Bellocq notamment, se développe intensément la culture de la vigne.
    À partir du troisième siècle de notre ère, pourtant, les villes importantes de Bénéharnum et Iluro se dégagent du joug des colons romains lesquels vont progressivement évacuer les Pyrénées occidentales. Suite au déclin de l'empire vont alors se succéder en Béarn de nombreux envahisseurs.

    Etc...

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  130. Trouvé dans Marianne et tapé avec mes petites mimines.

    "Le Monde" revisite le populisme

    L'affaire du référendum suisse sur les minarets a fait des vagues parmi les lecteurs du Monde, exaspérés que leur journal ait accusé de populisme les citoyens suisses ayant mal voté. Un phénomène comparable avait eu lieu, en 2005, après la victoire du non au projet de constitution européenne. La médiatrice du quotidien, Véronique Maurus, a rendu largement compte de ce tsunami "lectoral". Sa conclusion mérite d'être relevée : "il serait prudent, à l'avenir de limiter l'emploi du terme populisme qui, qualifiant une démarche politique est faussement interprété comme une marque de mépris. Appelons un chat un chat et les parties populistes, l'extrême droite. Véronique Maurus a raison. En effet, l'extrême droite, si elle sait manier le populisme (le vrai), ne s'y réduit pas. A contrario on ne peut taxer de populisme tous ceux qui émettent des opinions jugées négativement par l'élite. Si le référendum suisse, aussi déplacé soit-il, peut aider à clarifier cette question, ce sera son seul pont positif. François Darras.

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  131. Merci de ces mots émanant de la Forêt étonnante... ce paysage de landes, de bois, d’étangs, par Arthur!

    Badiou (de quoi est-il donc le nom?)a parlé, lors du débat avec Finkielkraut, du Vote de millions de Suisses abrutis contre les minarets, dont seraient responsables les intellectuels et les féministes ayant fait du foin sur le foulard, par coquetterie identitaire...

    L'antipopulisme serait-il en fait porteur d'un tel mépris pour le peuple, qu'il finirait pas l'affirmer, sans retenue, dans sa hargne vengeresse contre le peuple?

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  132. Je suis allée cherche une définition basique du populisme sur Wikipédia.

    Le populisme met en accusation les élites ou des petits groupes d'intérêt particulier de la société. Parce qu'ils détiennent un pouvoir, le populisme leur attribue la responsabilité des maux de la société : ces groupes chercheraient la satisfaction de leurs intérêts propres et trahiraient les intérêts de la plus grande partie de la population. Les populistes proposent donc de retirer l'appareil d'État des mains de ces élites égoïstes, voire criminelles, pour le «mettre au service du peuple».

    Afin de remédier à cette situation, le leader populiste propose des solutions qui appellent au bon sens populaire et à la simplicité, mais ignore complètement les réalités de la décision politique (notamment le fait qu'elles doivent être inscrites dans un agenda, qu'elles doivent tenir compte des avis parfois contradictoires de la société civile), comme la complexité des situations décrites. Ces solutions sont présentées comme applicables tout de suite et émanant d'une opinion publique présentée comme monolithique.

    Les populistes critiquent généralement les milieux d'argent ou une minorité quelconque (ethnique, politique, administrative etc.), censés avoir accaparé le pouvoir ; ils leur opposent une majorité, qu'ils prétendent représenter. S'ils accèdent au pouvoir, il peut leur arriver de supprimer les formes traditionnelles de la démocratie, au profit d'institutions autoritaires, présentées comme servant plus authentiquement «le peuple».

    Des comportements populistes peuvent affecter toutes les activités de la société, cela amène des organismes, des institutions ou des associations à favoriser des positions réputées «populaires». Elles peuvent montrer paradoxalement un certain mépris pour le peuple, le vulgus latin, pensé comme la populace, la foule, les masses, le troupeau.

    Ceci est particulièrement notable en publicité où «le peuple» est mis en scène, souvent sous la forme de personnages ignorants ou idiots.

    ____________________
    Il est clair, à lire ce résumé sommaire, que le populisme pourrait aussi bien correspondre au projet "communiste" actuel (notamment défendu par Badiou) qu'au projet du FN.

    En revanche, il semblerait (je dis ça à la louche, avec prudence) que ce soit dans la frange gauche que l'on trouve actuellement le mépris le plus désinhibé pour ces vils abrutis qui ne font pas comme on leur dit qu'ils doivent faire, car on sait mieux qu'eux où est la Vérité.

    Si c'était le cas, on comprendrait aisément que les thèses du FN retrouvent leur force...

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  133. Le terme de populisme a pris une signification si générale qu'en fait on peut toujours l'employer contre son adversaire.
    Il suffit que :
    - on considère que cet adversaire se trompe sur l'intéret général et est de mauvaise foi - bref qu'il représente de petits intérêts particuliers (ce qui n'est pas difficile, puisque c'est un adversaire).
    - l'adversaire en appelle au soutien populaire (ce qui n'est pas difficile, puisqu'en politique, tout le monde prétend représenter le peuple - sinon il n'est pas dans une démarche démocratique).
    - l'adversaire considère que vous vous trompez sur l'intéret général et que vous êtes de mauvaise foi - bref que vous représentez des petits intérêts particuliers.

    Et vous pouvez vous traiter l'un l'autre de populistes.

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  134. Oui, Marc, l'accusation de "populisme" (puisque c'est un mot péjoratif) peut être portée, en miroir, à l'infini... Reflets spéculaires et donc circulaires, qui non seulement ne font guère avancer les débats,mais en plus les clôturent, chacun s'enfonçant plus loin dans le non dialogue le plus absolu.

    Il en est de même pour le terme de "racisme" qui est sans cesse jeté au visage des uns et des autres. Vos échanges hier avec un abonné à propos de Finkielkraut en sont un exemple.Il donnait comme illustration du "racisme" de Finkielkraut une anecdote éminemment subjective (la réaction nerveuse de Finkielkraut devant un dessin de Plantu, scandée par la réaction nerveuse de Jean Daniel: nous étions vraiment dans l'émotion!). Mais pour cet abonné très "remonté" contre Finkielkraut LE raciste, cette anecdote était d'une évidence tellement indiscutable qu'il a terminé son commentaire en vous disant "bon vent"...Rupture de l'échange, renvoi de l'autre...

    Tout cela procède d'un grave appauvrissement de la pensée, et de la perpétuation de la haine, dont chacun de nous, s'il n'y prend garde, peut être à son tour prisonnier...

    Reflets spéculaires et circulaires..

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  135. La perception des débats européens par certains musulmans. Article de Pierre Malet dans Slate. J'essaie de comprendre.
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    http://backoffice.slate.fr/story/14625/Minarets-afrique-islam-europeens-guerre
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    «Les Européens nous déclarent la guerre. Ils déclarent la guerre à l'Islam» dit un médecin mauritanien, après le référendum suisse. «Tous les musulmans ne sont pas des fanatiques. En agissant ainsi les Suisses donnent l'impression de rejeter en bloc l'Islam et tous les Musulmans. Mais nous avons bien le droit de pratiquer notre religion».

    =) Or l’interdiction de construire ne nouveaux minarets ne remet pas en cause l’exercice du culte musulman.

    «Ce vote montre le vrai visage de l'Europe. C'est un club chrétien et qui entend le rester. Cela fait des décennies que la Turquie est maintenue en marge de l'Union. Tout ça pourquoi? Uniquement parce que c'est un pays musulman. Et que les Européens ont peur des musulmans».

    =) Pourquoi les Européens ont-ils, auraient-ils «peur» des musulmans?

    Un universitaire marocain souligne que le débat sur l'identité nationale inquiète. «Là aussi, ce qui était au départ une discussion sur l'identité française est en train de devenir un débat sur l'Islam. Sur le fait de savoir si les musulmans ont leur place en France. C'est extrêmement dangereux. Les Français sont en train d'ouvrir la boîte de Pandore».

    =) Est-ce la place des personnes musulmanes(de confession) qui est en cause, ou certaines de leurs coutumes en contradiction avec des valeurs républicaines?

    «Tous les débats déclenchés par l'affaire des minarets font le jeu des islamistes radicaux au Maroc et dans les autres pays musulmans. Cela contribue à marginaliser les musulmans modérés» explique Hassan, marocain, qui ajoute: «Les islamistes radicaux sont la force montante au Maroc. Si une élection libre était organisée aujourd'hui dans le pays, ils en sortiraient largement vainqueurs. D'ailleurs regardez, il y a de plus en plus de filles voilées dans les rues. Leur influence ne cesse de croître. Ils représentent la véritable opposition».

    =) Donc, l’extrémisme islamique, qui opprime les femmes, monte à cause de la «peur» des occidentaux devant… l’islam.

    Les chrétiens dans la ville se font très discrets. «Nous n'affichons pas notre religion hors de l'église, dans la ville» explique l'un des fidèles. Il ajoute avec un sourire triste: «Les relations sont de plus en plus tendues. Des Marocains disent "S'ils traitent mal les musulmans en Europe pourquoi devrions nous bien traiter les chrétiens en terre d'Islam."

    =) L’affichage religieux discret des uns dans les pays musulmans n’est-il pas, somme toute, la voie à suivre par les autres, surtout dans des sociétés laïques ?

    Que tout cela est donc compliqué !

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  136. Chère Monica,

    L'argument de "la peur" me semble en effet très caractéristique : dans un même mouvement, on affirme que c'est par "peur de l'Islam" que certains affirment leur culture non-musulmane (parce que c'est cela, au fond, le vote suisse) et, en même temps, on insiste sur le fait que ce vote va faire monter les extrémistes islamistes.
    Bref : on dit "ils sont idiots d'avoir peur" puis "attention, il faut avoir peur que.."
    ==> Alors quoi? Il faut avoir peur ou pas?
    Les gens "de la base" ne sont pas idiots : ils sentent, même s'ils n'analysent pas toujours, cette contradiction - et loin d'être un reflexe de peur, c'est plutôt une affirmation de soi : ils relèvent le défi. Le vote suisse répond :"qu'ils y viennent, ces extrémistes!"

    Le pathos répond au pathos.

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  137. Cher Marc,

    Oui, la «peur» est ce qui, dit-on, apparaîtrait chez les européens, confrontés à l’Islam radical.

    La peur est une émotion pénible, assez violente, qui naît de la prise de conscience d’un danger, d’une menace. Elle est une réaction de défense normale et nécessaire pour notre survie, devant des objets extérieurs potentiellement dangereux. Elle peut également se manifester devant des éléments subjectifs, dont la réalité ne justifie pas le caractère dangereux. Elle apparait alors comme irrationnelle, illégitime.

    Ai-je "peur" de l’Islam intégriste? Oui, en quelque sorte: je redoute l’infiltration du religieux dans le social, l’oppression des femmes, des homosexuels, qui accompagnent la théorie et la pratique de cette religion.

    Ai-je peur des arabes (disons le mot)? Absolument pas. J’ai un grand intérêt pour les peuples, les cultures, les cuisines… des pays arabes et je suis ravie de voir ces personnes et nombre de leurs coutumes se mêler à celles de la France.

    Je vois bien que certaines personnes de confession musulmane affirment souvent d’abord leur identité en termes de religion. Cela me semble normal – c’est leur liberté absolue - tant que cela relève de leur vie privée, comme dans l’exercice de toutes les religions.

    Mais je suis dérangée si elles me demandent, (comme le fait Soheib Bencheikl, dont j'ai résumé les positions plus haut…)de ne plus me définir, dans la culture qui m’a adoptée et que j’ai adoptée, avec son socle républicain: la liberté, la laïcité, l’égalité des hommes et des femmes.

    Et je suis dérangée – je n’éprouve pas de la peur mais plutôt de la gêne, voire de la colère– quand ces personnes veulent montrer de façon ostensible des signes que je perçois comme une négation, voire un viol, de mon socle de valeurs - comme la prison de tissu qu’est la burqa, ou l’interdiction faite aux filles d’accéder à certains savoirs.

    J’ai le sentiment que nous sommes ramenés des siècles en arrière. Et cela me fait violence car nous nous battons pour une égalité non encore acquise, et on vient nous «mettre sous le nez» des symboles de l’oppression.

    Actuellement on dit des personnes qui ont peur de ces formes socioculturellement «régressives pour nous» de l’Islam: (a) qu’elles ont une peur irrationnelle et donc injustifiée ; (b) qu’elles sont racistes.

    On leur dénie donc le droit de se souvenir de choses qui sont inscrites dans leur mémoire, encore perceptibles dans le présent. On leur dénie le droit d’en éprouver une gêne,et on leur interdit - en condamnant leur peur - de vouloir en éviter le retour.

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  138. Parler de peur est une façon de décridibiliser les propos de celui qui est visé. De l’infantiliser.

    Lorsque nous refusons le voile au nom de l’égalité et de la laïcité, il est plus simple de nous traiter de peureux(ses) ou de racistes que d’aborder le fond de la signification du voile (le foulard) au regard de la laïcité et de l’égalité.

    Si tu as raison Monica en disant que nous est mis sous le nez le symbole de l’oppression, tu as (hélas) tort en parlant de “siècles” en arrière. Compte tenu de l’âge moyen de nos parlementaires et de leurs sexes, ils sont encore nombreux à avoir eu le droit d’ouvrir seul leur premier compte en banque alors que leur propre mère ne pouvait le faire sans l’autorisation de leur mari. Sans oublier le piteux rapport du CESE exposé dans le billet faisant bien peu de cas nos droits péniblement acquis ou le maintien de l’interdiction de l’accès des femmes du Grand Orient il y a quelques mois, notre société qui n’est pas naturellement celle de l’égalité des citoyens sans conditions de sexes mais juste une “certaine place de la femme” ... et - tant de - caeterae ...

    Ce n’est pas notre cerveau reptilien qui est mis en alerte, simplement notre lucidité. Parce qu’on est en pleine régression sournoise dans ce domaine. Mais y a t il eu des périodes de régressions économique et démocratique sans que les femmes en prennent les premières pleins la tête?

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  139. Chère Caroline (dont la colère monte waouh),

    Parler de "peur" n'est pas nécessairement infantilisant. La peur est l'une des émotions humaines de base (avec la joie, le dégoût et... la colère), et elle n'est pas éprouvée que par les enfants. Elle n'est pas issue de notre seul cerveau "reptilien", mais bien de l'ensemble de notre être. Sans elle, nous serions exposés au danger et anéantis par lui.

    Quand je parlais de "siècles", je ne visais pas la précision historique, mais je soulignais sur un mode emphatique mon impression de décalage, comme lorsque nous nous référons, souvent de façon inadaptée, aux "barbares"... C'était une figure de style ;o)

    En réfléchissant à mon commentaire d'hier sur mon éventuelle peur devant l'Islam radical, j'ajouterai volontiers quelque chose.

    Comme le dit Melchior dans le 3ème point de son Billet sur l'identité, les idéaux républicains servent à passer au crible les apports de l’étranger, pour faire le départ entre ce qui est intégrable à notre fameuse «identité» et ce qui ne l’est pas.

    Ce qui ne le serait pas dans les "coutumes" de l'"étranger", ce seraient:
    (a)la présence ostensible des religions dans le champ social, car l'exercice de la religion dans un pays laïc est de l'ordre de la vie privée,
    (b) le marquage et le parcage physiques et mentaux d'êtres humains assujettis à une identité de "femme", de "juif", d'"arabe", d'"homosexuel"...

    Pour promouvoir de façon positive ces principes, valables pour tous les citoyens, il ne faut évidemment pas stigmatiser qui que ce soit. Mais décliner, à l'intérieur des grands principes, ce qu'ils impliquent de droits et de devoirs pour chaque citoyen. Lorsque l'un des droits (par exemple "la liberté de faire ce que je veux de mon corps et de me vêtir comme je veux")se heurte à un droit plus collectif (je ne peux me promener nue dehors, je dois montrer mon visage, je ne peux obliger autrui à subir mes signes ostensibles de non-laïcité), c'est le droit collectif qui doit l'emporter.

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  140. En colère moi, mais je suis la sérénité incarnée! J’avais bien compris que tu ne remontais pas à l’exécution du Chevalier de la Barre pour blasphème ni aux “sorcières” brûlées vives.

    Je reviens cependant sur le fait d’agiter la peur . Evidemment d’accord avec toi pour l’importance de la peur en ce qu’elle évite les dangers et son importance tout au long de la vie. Mais ne faut il pas se souvenir aussi que nous sommes dans une société virile. “Même pas peur!”. Celui qui a peur est une fillette. Lorsque la peur est utilisée pour tout argument elle fait aussi appel à cela : la cour de récré.

    A quand la mise à plat sur la place publique de ce qui est exigé (ou interdit) en plus du tissu des filles et des femmes contraintes de porter foulard ou voile bon gré mal gré ?

    As-tu lu çà : http://www.mediapart.fr/club/edition/les-invites-de-mediapart/article/211209/faut-il-poser-des-limites-la-liberte-dexpressio

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  141. Chère sereine et impétueuse Caroline pas du tout en colère ;o)

    Tu me connais: je suis allée chercher quelques citations afin de glaner des pépites dans mon panier à pensées. Zut alors, la peur est une émotion vitale, et ceux qui la jugent digne des femmelettes et des enfants se foutent le doigt dans l'œil.

    Ainsi, j'ai trouvé avec mon choix très très subjectif:

    O peur, peur auguste et maternelle, peur sainte et salutaire, pénètre en moi, afin que j'évite ce qui pourrait me nuire [Anatole France]

    Le courage est la résistance à la peur: la maîtresse et non l'absence de la peur.[Mark Twain]

    Le courage est le complément de la peur. Un homme qui est sans peur ne peut être courageux.(Il est également un fou) [Robert Heinlein]

    Le courage consiste à dominer sa peur, non pas à ne pas avoir peur[. François Mitterrand]

    Celui qui n’a pas peur, qui n’a peur de rien est un imbécile. Ou un désespéré. [Claude Jasmin]

    Même dans une société éclairée, les tabous nuisent aux causes qu'ils prétendent servir. Car ils provoquent des peurs et les peurs induisent des comportements irrationnels, y compris en politique. [Ulrich Wickert]

    à méditer...le tabou de la question de l'identité ou de la peur.

    Il faut avoir peur, c'est salutaire. La peur aujourd'hui est bonne conseillère : elle fait voler en éclats les idées reçues, les conditionnements de masse, le culte du chef. [Antonio Tabucchi]

    à méditer aussi

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  142. "La peur, c'est la grippe !"
    Goscynny et Uderzo
    Astérix et les Normands

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  143. "Dans pesanteur il y a peur."
    Victor Hugo
    L'art d'être grand père pour les nuls
    Chapitre "J'apprends le vélo sans petites roues à petite Jeanne", §: "Ne pas se prendre la barbe dans les rayons et les ombres".

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  144. Lorsque je parle de la peur versus” bout d’argument pas d’accord = peur = mauviette” c’est en sus non en contre.

    Ma devise de sereine impétueuse: Qui ne doute de rien ne se doute de rien; qui doute de tout ne goûte rien (olé)

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  145. Qu'ouïs-je ? Olé ?

    Jouis bien? Euh pardon, j'ouïs bien ;o)

    Griffollet et Melchior nous la font façon Menhir et grand-père chenu. Excellent, ça...

    La peur, nous savons comment la combattre: avec la dialectique (qui casse les briques), l'harmonique, les nuances, l'humour et l'art de la joie.

    Olé !

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  146. Lu dans Le Monde.

    Le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Jean-François Copé, a jugé "indispensable", avec trois autres députés UMP, une loi interdisant de se masquer le visage dans "l'espace public". Le ministre de l'immigration, Eric Besson, est sur la même ligne. Les députés socialistes Manuel Valls et Aurélie Filippetti ont depuis appelé à ce que l'interdiction s'applique sur "l'ensemble de la voie publique", ajoutant qu'une loi représenterait une "réponse symbolique forte à la montée du fondamentalisme".

    Craignant qu'un texte aussi large comporte des "fragilités" au regard des normes constitutionnelles ou de la Convention européenne des droits de l'homme, le ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux, a défendu l'idée que seuls les services publics soient concernés. La secrétaire d'État aux sports, Rama Yade, a estimé que ce serait un "minimum", tout en prônant "un travail de long terme d'éducation et de pédagogie", pour que les femmes qui portent le voile intégral "ne se sentent pas brusquées dans leur intimité ou leur foi".

    Laurent Fabius a déclaré de son côté qu'il n'était "pas hostile" à l'idée de légiférer.

    Au Front national, Marine Le Pen a elle appelé à "ne pas se contenter d'interdire la burqa".

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  147. Voici un commentaire que je viens de poster sur un article d'Agoravox.
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    Selon l’auteur Le problème n’est pas que l’Europe ait du mal à intégrer les musulmans qu’elle abrite mais plutôt qu’elle n’entend pas encore à admettre la part d’islam de son histoire propre et, partant, de son identité historique.

    Selon moi, le problème n’est ni l’un ni l’autre.

    L’Europe ne veut manifestement pas intégrer des coutumes qui contredisent certaines de ses valeurs : l’égalité des hommes et des femmes, le primat de la laïcité sur la religion dans l’espace public, notamment.

    Il se trouve que les personnes qui veulent introduire ces coutumes se définissent avant tout, ou parfois exclusivement, comme "musulmanes". Et elles veulent parfois s’intégrer dans les pays avec cette identité, et les coutumes qui l’accompagnent, sans tenir compte du socle des valeurs de ces pays.

    C’est avoir une vision bien immobile du corps social que d’imaginer l’"intégration" comme un seul processus d’inclusion. C’est un processus d’ajustement réciproque, où les droits et les devoirs doivent être pris en compte simultanément.

    Dans des pays laïcs qui luttent pour l’égalité des hommes et des femmes, il est évident que la revendication ostensible de coutumes qui contredisent les valeurs partagées est perçue comme un refus de s’intégrer.

    En revanche, les pays européens montrent leur flexibilité en accueillant des personnes "étrangères" (ce n’est pas encore parfait c’est évident, et il faut se battre pour l’égalité) et en intégrant des éléments très variés venant de différentes cultures, dont la culture arabe (langue, littérature, musique, art, cuisine, hammams...).

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  148. Un article critique d’Olivier Bailly sur Agoravox, à propos du livre Les Editocrates, publié par Mona Chollet, Olivier Cyran, Sébastien Fontenelle et Mathias Reymond (Editions La Découverte.
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    http://www.agoravox.fr/rdv-de-l-agora/article/les-editocrates-les-editorialistes-67185#commentaires
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    Les auteurs passent à la moulinette : BHL, Jacques Attali, Alain Duhamel, Alexandre Adler, Laurent Joffrin, Christophe Barbier, Jacques Marseille, Nicolas Baverez, Ivan Rioufol et Philippe Val.

    Olivier Bailly rappelle les analyses critiques antérieures de Castoriadis, Pierre Vidal-Naquet Raymond Aron, Nicolas Beau et Olivier Toscer, du Canard enchaîné, de Patrick Hamon et Hervé Rotman, Serge Halimi, Elisabeth Lévy , ou Daniel Liendenberg.

    Olivier Bailly interviewe Sébastien Fontenelle, qui revendique un pamphlet divertissant sur un ensemble représentatif d’éditorialistes – tous des hommes. Leur moyenne d’âge est de 58 ans, mais ils sont là pour un moment, la relève de la normalisation étant assurée. Elle envahira et contrôlera en grande partie le Net selon lui. Cependant le Net critique l’éditocratie, spécialité française, qui en est fort agacée.

    Pour Fontenelle, la question n’est pas tant de savoir s’ils sont influents, mais d’observer la façon dont ils verrouillent l’information ,dont ils façonnent l’opinion, un air du temps. Après il ne faut pas préjuger d’une éventuelle sottise de leur lectorat qui doit être beaucoup plus lucide qu’on ne le pense. Les gens ne sont pas dupes. Mais il n’empêche que ça continue.

    Sur certains sujets ils façonnent, sur d’autres ils reflètent. Ce qu’ils disent sur l’état des médias en France reflète leur nullité, pour le dire de façon un peu abrupte. Ce n’est pas un hasard si la presse est en permanence en perte de lectorat. Cela doit aussi s’expliquer par ça. Non pas par les éditocrates en eux-mêmes, mais par la pauvreté navrante de leur discours et de leurs analyses.

    Ce qui les caractérise: leur omniprésence, leur omniscience proclamée et autoproclamée, c’est-à-dire cette faculté de parler de tout, mais vraiment de tout. Le troisième élément c’est la médiocrité atterrante de l’analyse, voire le burlesque absolu de ces gens-là.

    A Oliver Bailly qui lui demande si le problème de la presse française n’est pas de laisser la place à l’analyse au détriment du fait, d’où le primat des éditorialistes, Fontenelle répond: On pourrait dire aussi qu’on est dans une espèce de religion du fait immédiat, voire du fait-divers( Johnny Hallyday ). O. Bailly et Fontenelle évoquent ensuite les humoristes qui deviennent pour certains des sortes d’éditocrates.

    Les blogueurs influents comme Schnedeirmann, sont-ils des éditocrates du net? Pour Fontenelle, Schneidermann est plus intéressant qu’Alain Duhamel. Qu’un gars soit un éditocrate ne le gêne pas, s’il a des choses intéressantes à dire. Il ne s’agit pas de museler tout le monde. C’est dans le degré de pertinence de ce qui est dit que ça se juge.

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  149. Un article de Florentin Gastard défendant de façon «raide» la laïcité dans Agoravox. Les gens se posent assurément plein de questions…et tâtonnent, comme nous tous, pour y répondre... Heureux ceux qui savent déjà...
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    http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/367-burqas-en-france-mais-combien-67243
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    La France de 1905 avait fait un immense pas en avant en assurant la séparation des affaires religieuses et politiques, poursuivant ainsi le coup porté par les Lumières et la Révolution de 1789 à l’obscurantisme et au traditionalisme de l’Eglise catholique. Mais il semble que la lutte contre l’intégrisme ne soit pas allée assez loin : en stigmatisant constamment les 367 "femmes à la burqa" qui se promèneraient dans la banlieue parisienne, le président de la République affiche sa volonté de voir les droits de l’homme respectés dans notre pays. Cela est positif, d’une certaine manière.

    Toutefois, comme on sait, cette condamnation unilatérale de la frange extrémiste de l’Islam prend place dans le cadre d’un débat sur l’identité nationale, qui fait la part belle à la xénophobie et à l’islamophobie d’une partie de la population française. Mais l’identité française ne peut en aucun cas se limiter à la lutte contre le fondamentalisme islamique, qui concerne une minorité des 3 millions de musulmans français, soit environ 0.01% d’entre eux. L’identité française, en matière de religion, c’est avant tout la loi de séparation des Eglises et de l’Etat, qui ne reconnaît la primauté d’aucun culte sur l’autre.

    Or, dans la France de 2009, force est de constater que cette loi fondamentale de la République est battue en brèche par le comportement scandaleux du président, du gouvernement et de l’Union pour un Mouvement Populaire. En insistant sur les racines "judéo-chrétiennes" de la France, Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP, laissait voir au peuple l’étrange conception qu’il a de la laïcité, tout comme Xavier Bertrand, président de l’UMP, qui ne voyait rien à reprocher aux églises et aux clochers, mais qui considérait que les minarets n’étaient "pas forcément utiles" en France. Cependant, si la France ne doit financer ou favoriser aucun culte, elle a aussi le devoir de ne pas empêcher les croyants de pratiquer leur religion, y compris la religion musulmane, la seconde de notre pays.

    Si les 367 burqas nous choquent, les crucifix voyants que portent en public des dizaines de milliers de catholiques convaincus, ces réjouissances publiques à l’approche de la fête catholique de Noël, quand le ramadan fait à peine l’objet d’un ou deux reportages journalistiques, ces évocations nostalgiques, et au conservatisme insupportable, des crèches et des santons, tout cela nous afflige profondément et est totalement contradictoire avec l’idée de laïcité de la loi de 1905.

    Surtout, quand le président de la République se plait à pourfendre ces quelques burqas, en tant qu’elles sont signes de claustration et preuves d’une hypothétique soumission des femmes musulmanes, il omet volontairement les milliers de religieuses enfermées, encore aujourd’hui, dans des couvents, avec ou sans leur consentement et un peu partout en France, qui pratiquent la mortification corporelle au nom de la rémission de leur péchés.[…]


    Nous sommes tout à fait d’accord pour condamner les burqas des musulmanes, mais nous exigeons que les choses n’en restent pas là : les religieuses, les croix et les crucifix doivent également être interdits dans l’espace public. Il n’est pas question de favoriser la religion catholique. Toutes les croyances se valent dans leur opposition à la véritable identité française : toutes s’opposent à l’alliance de la raison, de la science et de l’intelligence, qui permet seule le vivre ensemble dans notre pays.

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  150. Rappel de la position de l’anthropologue du fait religieux Dounia Bouzar sur la niqab
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    http://www.lexpress.fr/actualite/societe/la-burqa-est-un-accoutrement-sectaire_769320.html
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    Pour elle, il n'est pas question de croyance mais d'endoctrinement. En ce sens créer la Commission d’enquête était nécessaire.

    Faire semblant de ne rien voir serait pire que tout. Cela reviendrait à accepter le comportement de groupes sectaires comme des comportements religieux. Or si on respecte l'Islam, on ne peut qu'être choqué par ce groupe salafiste qui prône le port du niqab. Je dis bien le niqab et non la burqa, car en réalité c'est le niqab que l'on voit en France et qui pose problème. Le niqab est un accoutrement sectaire qui s'inscrit dans un discours d'autoexclusion et d'exclusion des autres. Un discours brandi par un groupuscule salafiste depuis 70 ans. En France, où la liberté de conscience est garantie, ces "gourous" s'immiscent partout. Ils persuadent leurs adeptes, comme ceux d'une secte. Ils prônent le port du niqab alors qu'il n'est pas inscrit dans le Coran. On ne peut accepter ça, au risque de reconnaitre les salafistes comme intimement liés à l'Islam, ce qu'ils ne sont pas, et du coup leur donner encore plus de pouvoir.

    Le débat religieux n'a pas sa place. On a tort de faire le raccourci avec la question du voile. Celle-ci est un débat théologique depuis la naissance de l'islam. La réflexion actuelle doit porter sur la question de l'endoctrinement et du droit commun. Le droit français garantit la liberté de manifester ses croyances à deux conditions: ne pas troubler l'ordre public et ne pas entraver les libertés fondamentales. Or le niqab enfreint ces deux critères. D'un côté il pose un problème d'ordre sécuritaire parce qu'on ne voit pas le visage de la personne. Dans ce sens, je suis pour qu'on fasse une loi comme en Belgique où on doit pouvoir voir le visage de tous les citoyens quand ce n'est pas carnaval...... De l'autre, le port du niqab pose problème pour la liberté d'autrui. Les femmes qui portent le niqab sont "désindividualisées". Le discours coupe la personne de tout ce qui la socialisait (parents, école, travail, autres musulmans...). Il lui fait miroiter la jouissance d'appartenir à une communauté purifiée, qui détient la vérité, supérieure au reste du monde. Les gourous tentent de créer l'unité totale entre adeptes: ils exagèrent les ressemblances en effaçant toutes différences -sexuelles, sociales, familiales, etc.- à l'intérieur du groupe. Ils exacerbent les différences avec tous ceux qui ne sont pas comme eux... Toutes les idéologies de rupture reposent sur des exaltations de groupe.

    Le phénomène du port du niqab prend de l’ampleur. Je suis saisie par des imams qui voient des personnes répandre ces discours sectaires dans les mosquées. Ils font autorité auprès de plus en plus de jeunes vulnérables pas forcément issus de familles musulmanes... J'observe que ces jeunes-là n'ont pas de lien à un territoire -ils se sentent "de nulle part"-, ont souvent grandi dans "les trous de mémoire" et ne connaissent pas la religion... Ils ont souvent eu des pères déchus, ne pouvant exercer leur autorité, pour des multiples raisons... Certains de ces adeptes ne sont pas dans la spiritualité: ils se fichent pas mal de Dieu. Ce qu'ils veulent, c'est prendre la place de Dieu... Ils sont, consciemment ou non, à la recherche de la toute puissance... Auprès de ces personnes, c'est aussi un travail de prévention qui s'impose.

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  151. Un article dans Courrier International sur le débat sur l’identité nationale… De l’intérêt de poser les questions, toutes les questions, sans se voiler la face…
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    http://www.courrierinternational.com/article/2009/12/18/le-courage-de-ne-pas-se-voiler-la-face
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    Le débat sur l’identité nationale est révélateur de la façon dont les Français affrontent incertitudes et mutations. Ils préfèrent discuter plutôt que de nier les difficultés. Une approche qui séduit la Süddeutsche Zeitung.

    L’auteur rappelle les suicides à France Télécom, les changements économiques, technologiques, environnementaux, sociétaux profonds. Enfin, à cela s’ajoutent les changements induits par les millions d’émigrés qui vivent en France. Le référendum suisse interdisant la construction de minarets a rencontré un écho particulier dans ce pays, qui abrite la communauté musulmane la plus importante d’Europe.

    Mais ce qui distingue surtout les Français, c’est leur réaction face à tous ces bouleversements. En effet, plutôt que de se cacher la face, ils ont choisi de s’interroger sur leur identité. Les questionnaires envoyés aux salariés de France Télécom sont symptomatiques de cette nouvelle tendance. La France entière réfléchit au moyen de rendre sa place à l’être humain dans le monde du travail, malgré les contraintes de la mondialisation. On se demande – jusque dans les couloirs de l’Elysée – si la performance d’une économie ne se mesure pas également au bonheur de ses habitants et non à son seul produit intérieur brut [allusion aux travaux de la commission Stiglitz chargée par le président d’établir la meilleure façon de mesurer le progrès économique et social d’un pays]. La France se découvre également une conscience écologique, se demande ce que signifie d’être français aujourd’hui, ou encore réfléchit à la physionomie du futur Grand Paris.
    Naturellement, ce travail d’introspection en des temps aussi difficiles ne va pas sans poser de problèmes. Certains syndicalistes pourraient être tentés d’exploiter le phénomène des suicides chez France Télécom pour appeler au retour d’un Etat interventionniste. Le débat sur l’identité nationale lancé par Sarkozy court le risque de déboucher sur une stigmatisation des étrangers. Mais tout vaut mieux que le silence et le déni, qui ne feraient qu’aggraver les tensions et les frustrations.
    Seule une élite minoritaire, dans les pays industriels, perçoit les bouleversements rapides liés à la mondialisation et à l’immigration comme un phénomène stimulant et libérateur. La plupart des gens, eux, se sentent plus menacés que jamais. Ils redoutent les sacrifices à venir, s’inquiètent pour leur travail et leur vie personnelle. C’est inévitable. L’époque de la splendeur nationale et des territoires protégés est révolue. Or des citoyens peuvent très bien décider de réfléchir aux moyens de faire face à ces incertitudes. La France, patrie des philosophes et des théoriciens de la société, a décidé d’ouvrir un grand débat. Comme France Télécom, elle s’allonge sur le divan. Elle n’a pas encore trouvé de solution, mais le silence qui pousse certains au désespoir est enfin rompu.

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  152. Et une autre petite noisette à verser au dossier: dans Marianne cet article de Blogueurs associés: l’Islam modéré se mobilise.
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    http://www.marianne2.fr/L-islam-modere-ne-demande-qu-a-se-faire-entendre_a183242.html
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    Un collectif laïque de citoyens de sensibilité musulmane, Mosaïc, a lancé ce week-end un appel: le collectif rejette toute forme d’appropriation de l’Islam qui se ferait au service d’éléments radicaux. L’appel précise qu’aucune religion ne peut justifier l’asservissement de l’être humain. D’un même élan, ils rejettent les ignorants et les sectaires:

    « Aucune religion monothéiste ne peut édicter des préceptes et des règles contraires au droit des femmes et qui asservissent l’individu. (…) Nous rejetons donc comme appartenant au même camp, le camp des ignorants et des sectaires, ceux qui imposent la burqa au nom de l’Islam, ceux qui confondent la burqa et l’Islam, ceux qui font des amalgames réfléchis, ceux qui caricaturent les jeunes musulmans, ceux qui ethnicisent les banlieues, ceux qui prétendent que le Coran est incompatible avec la laïcité, ceux qui - au nom de l’Islam ou contre l’Islam - déclarent que les musulmans ne seront jamais des Français comme les autres. »

    Dalil Boubakeur, le Recteur de la Mosquée de Paris, a signé cet appel.

    Mosaïc, pour avoir voix au chapitre, doit être aussi rassurant pour les Musulmans qu’il veut l’être pour l’opinion publique « gauloise ». Cela suppose d’organiser des rencontres, pas seulement avec des universitaires et des intellectuels, mais avec le petit peuple des banlieues, de contribuer aux œuvres sociales, de s’implanter et de disposer (en les popularisant) de références théologiques et philosophiques qui plongent leurs racines aussi bien dans la culture française que dans l’Islam.

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    C'est bien évidemment tous ces mouvements que nous devons soutenir...

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  153. Un article très décapant et drôle de Seb Musset sur Agoravox. Il analyse quelques perles secrétées, dans des émissions de télévision, par différentes personnalités concernant le Net (Pierre Arditi, Franz-Olivier Giesbert dit FOG le brumeux, Elisabeth Lévy, Guy Sorman, Guy Birenbaum, Laurent Joffrin
    J’en recommande la lecture, surtout si vous avez une crise de foie gras ;o) ;o)
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    http://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/arditi-et-la-tirade-d-anti-net-67139
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    Et... un beau cadeau de Noël: Bienvenue à Emmanuelle Caminade, qui s'est inscrite sur ce Blog.

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  154. 1) Le débat et les commentaires de Musset : merci, comme on dit à Médiapart. Que ça fait du bien de rire.
    2) Bienvenue Emmanuelle ! Super, on va pouvoir s'en mettre plein la tronche à propos des différents aspects de la bienséance, sans chacals pour s'en mêler et en toute … bienséante courtoisie. Youpi, ça c'est vivre !

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  155. Bonjour!
    j'ai eu du mal à arriver en bas de la page :qui a un truc pour que je n'attrape plus une crampe du doigt?!

    -colère d'hier sur le fil de BEN:utiliser sa mère pour parler du "voile" voilà qui me laisse stupéfaite!
    Ce n'est pas parce que "sa mère a dit" qu'il nous faut adhérer à un amalgame de pensées malsaines sur le voile.
    -bienvenue Emmanuelle! pensez à sortir couverte!si si!
    Merci de nous avoir aidé hier à ne pas laisser la pensée unique démonter nos contradictions!D'autant que ce que j'écris est toujours intelligent!!

    trisoux et bon lendemain de fêtes à tout le monde

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  156. Un article d’Emmanuel Todd dans Le Monde.
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    http://www.lemonde.fr/politique/article/2009/12/26/ce-que-sarkozy-propose-c-est-la-haine-de-l-autre_1285128_823448.html
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    - Pour Todd, ce débat est vraiment pervers. Le gouvernement, à l'approche d'une échéance électorale, propose, je dirais même impose, une thématique de la nation contre l'islam.

    - Les enjeux de ce débat ? Le Front national a commencé à s'incruster dans le monde ouvrier en 1986, à une époque où les élites refusaient de s'intéresser aux problèmes posés par l'intégration des populations immigrées. On a alors senti une anxiété qui venait du bas de la société, qui a permis au Front national d'exister jusqu'en 2007. Le vote FN était statistiquement déterminé par la présence d'immigrés d'origine maghrébine, qui cristallisaient une anxiété spécifique en raison de problèmes anthropologiques réels, liés à des différences de système de mœurs ou de statut de la femme. Depuis, les tensions se sont apaisées. Tous les sondages d'opinion le montrent : les thématiques de l'immigration, de l'islam sont en chute libre et sont passées largement derrière les inquiétudes économiques.La réalité de la France est qu'elle est en train de réussir son processus d'intégration. Les populations d'origine musulmane de France sont globalement les plus laïcisées et les plus intégrées d'Europe, grâce à un taux élevé de mariages mixtes. Pour moi, le signe de cet apaisement est précisément l'effondrement du Front national.

    - Sarkozy et le FN. Les sarkozystes pensent qu'ils ont récupéré l'électorat du Front national parce qu'ils ont mené cette politique de provocation, parce que Nicolas Sarkozy a mis le feu aux banlieues, et que les appels du pied au FN ont été payants. Mais c'est une erreur d'interprétation. La poussée à droite de 2007, à la suite des émeutes de banlieue de 2005, n'était pas une confrontation sur l'immigration, mais davantage un ressentiment anti-jeunes exprimé par une population qui vieillit. N'oublions pas que Sarkozy est l'élu des vieux.

    - Le sarkozysme. Je pense de plus en plus que le sarkozysme est une pathologie sociale et relève d'une analyse durkheimienne - en termes d'anomie, de désintégration religieuse, de suicide - autant que d'une analyse marxiste - en termes de classes, avec des concepts de capital-socialisme ou d'émergence oligarchique.

    - Ce que Sarkozy propose aux Français parce qu'il n'arrive pas à résoudre les problèmes économiques du pays, c'est la haine de l'autre. La société est très perdue mais je ne pense pas que les gens aient de grands doutes sur leur appartenance à la France. Je suis plutôt optimiste : quand on va vraiment au fond des choses et dans la durée, le tempérament égalitaire des Français fait qu'ils n'en ont rien à foutre des questions de couleur et d'origine ethnique ou religieuse !

    - Lien avec le nazisme et le fascisme. Il ne faut pas faire de confusion, mais on est quand même contraint de faire des comparaisons avec les extrêmes droites d'avant-guerre. L'État se mettant à ce point au service du capital, c'est le fascisme. L'anti-intellectualisme, la haine du système d'enseignement, la chasse au nombre de profs, c'est aussi dans l'histoire du fascisme. De même que la capacité à dire tout et son contraire, cette caractéristique du sarkozysme.

    La réalité, c'est que dans tous les cas la thématique ethnique est utilisée pour faire oublier les thématiques de classe.
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    Donc, si je résume de façon très sommaire, la réalité selon Todd est que l'intégration des arabes en France est réussie, les Français ne s'inquiètent plus du tout, et Sarkozy utilise un bouc-émissaire imaginaire pour des motifs électoralistes et cacher la lutte des classes.

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  157. Un article fort intéressant, réconfortant même, de Abdelwahab Meddeb, né à Tunis en 1946 et vivant en France, écrivain et poète, qui enseigne la littérature comparée à l'université Paris-X et anime l'émission "Cultures d'islam" sur France Culture. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont "La Maladie de l'islam" (Seuil, 2002), "Contre-prêches" (Seuil, 2006) et "Pari de civilisation" (Seuil, 2009).

    Je ne donne que le début de l'article. Recommandé +++
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    http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/12/26/la-burqa-et-le-cercle-des-idiots_1285142_3232.html
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    L'éclipse de la face occulte la lumière du visage, où se reconnaît l'épiphanie divine qui a inspiré l'esprit et le coeur en islam. Les soufis voyaient le signe de Dieu dans le miracle de la face humaine, surtout lorsqu'elle se pare de beauté féminine. On remonte ainsi, de visage en visage, du visible à l'invisible, de l'humain au divin, selon la parole prophétique (reprise de la Bible) disant que l'homme a été façonné à l'image de Dieu. "Tout est périssable, ne perdure que la face de Ton seigneur" (Coran LV, 26-27) : ainsi la pérennité de la face divine en tant qu'absolu reflète sa trace sur le support que lui tend tout visage humain.

    Le voilement du visage par un tissu aussi noir que la robe qui enveloppe la Kaba (robe appelée aussi burqa) dessaisit l'humain de la franchise qu'exigent le politique et l'esthétique comme l'éthique ou la métaphysique. C'est un masque qui annule le visage, dérobant les intensités de l'altérité qu'Emmanuel Levinas a saisies et dont nous recueillons les rudiments dans la millénaire tradition islamique, qui a médité le franc face-à-face avec le divin où s'éprouve la singularité humaine.

    Le visage couvert est retiré de la circulation urbaine comme de la relation intersubjective ou mystique. Aboli le visage qui est, encore selon Levinas, "le lieu d'une ouverture infinie de l'éthique". Le niqab ou la burqa, extension du hidjab, est un crime qui tue la face, barrant l'accès perpétuel à l'autre. C'est un tissu qui transforme les femmes en prison ou en cercueil mobile, exhibant au coeur de nos cités des fantômes obstruant l'entrée aux vérités invisibles du visible.

    Le niqab vient d'être interdit dans les espaces scolaires et universitaires d'Al-Azhar au Caire, la plus haute institution sunnite. Son patron, M. Tantawi, a rappelé que le niqab n'est pas une obligation divine, une farîd'a, ni une disposition cultuelle, une ibâda, mais une âda, une coutume. Et le mufti d'Egypte, Ali Juma, confirme cette assertion : il s'agit d'une coutume arabique antéislamique que l'islam est en mesure de dissoudre.

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  158. Ah, un débat alternatif se dessinerait. Lu dans Le Monde
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    http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/12/29/un-collectif-prone-un-autre-debat-sur-l-identite-nationale_1285693_3224.html
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    Un collectif comprenant des personnalités du "monde scientifique et culturel" s'est constitué afin de réfléchir à un "autre débat" sur l'identité nationale, a indiqué, mardi 29 décembre, l'une des membres, Esther Benbassa, directrice d'études à la Sorbonne.

    Estimant que le refus du débat laisse les Français face "à la seule machine gouvernementale" et au "tsunami identitaire lancé par le ministre [Eric Besson] appuyé par le président de la République", ces personnalités affirment avoir choisi de "recadrer le débat sur les véritables enjeux", explique un communiqué.

    "Des intellectuels, des chercheurs, des écrivains, des journalistes qui travaillent sur le colonial, l'immigration et le post-colonial proposent ici une alternative au faux débat actuel", selon le collectif.

    Nicolas Bancel (historien, Lausanne), Esther Benbassa (directrice d'études à l'Ecole pratique des hautes études de Paris), Pascal Blanchard (historien, CNRS), Didier Lapeyronie (sociologue, université de Bordeaux), Gilles Manceron (historien) Elikia M'Bokolo (historien, Ecole des hautes études de sciences sociales) font notamment partie du collectif.

    Ces chercheurs ont déjà signé une tribune sur l'identité nationale publiée sur Rue89 et reproduite sur le site de leur groupe de recherche, l'association pour la connaissance de l'histoire de l'Afrique contemporaine (Achac).

    "Il faut choisir son débat et ce n'est pas celui de l'identité nationale mais bien celui de la manière dont se construisent nos identités collectives et nos valeurs communes, républicaines, dans la France post-coloniale, 50 ans après les indépendances africaines", écrivent ces personnalités.

    "Après avoir commémoré la destruction d'un mur à l'Est (1989-2009), il convient d'en abattre un autre : celui de nos imaginaires collectifs qui, à l'égard des populations des Suds ou ultramarines, n'a pas encore été déconstruit", ajoutent les signataires.

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  159. Un article de David Servenay sur Rue 89 à propos des positions d’Emmanuel Todd. Extraits
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    http://www.rue89.com/2009/12/27/identite-nationale-en-parler-finit-dans-la-haine-de-lautre-131435
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    D'habitude, j'écoute ou lis Emmanuel Todd avec délectation. Mais voilà, en lisant son entretien samedi dans Le Monde, j'ai découvert un homme énervé. Comme s'il devenait impossible de réfléchir sereinement à la fameuse «identité nationale»…

    Todd: «Dans sa tribune au Monde, Sarkozy se gargarise du mot “peuple”, il parle du peuple, au peuple. Mais ce qu'il propose aux Français parce qu'il n'arrive pas à résoudre les problèmes économiques du pays, c'est la haine de l'autre. »

    Puis, à propos des parallèles dressés entre le débat actuel et la situation des années 30 : «Il ne faut pas faire de confusion, mais on est quand même contraint de faire des comparaisons avec les extrêmes droites d'avant-guerre.»

    Avant de terminer sur un jugement assez définitif : «L'habileté du sarkozysme est de fonctionner sur deux pôles : d'un côté la haine, le ressentiment ; de l'autre la mise en scène d'actes en faveur du culte musulman ou les nominations de Rachida Dati ou de Rama Yade au gouvernement. La réalité, c'est que dans tous les cas la thématique ethnique est utilisée pour faire oublier les thématiques de classe.»

    Pour bien comprendre l'argumentation, il faut reconnaître que Todd nous a prévenus. Dès sa première réponse, il précise : en tant que citoyen, il est « révulsé ». Mais en tant qu'historien, que fait-il? Sinon nous apporter la démonstration qu'il est devenu particulièrement ardu de réfléchir posément à cette thématique de l'identité nationale ?

    Comprenons-nous bien. Le résultat de son argumentation paraît juste : "La réalité, c'est que dans tous les cas la thématique ethnique est utilisée pour faire oublier les thématiques de classe.»

    Mais pour parvenir à conduire sa démonstration, Emmanuel Todd avait-il vraiment besoin de passer par la case «fascisme», «haine», «ressentiment» ?

    En appliquant aussi facilement le précepte de la loi Godwin (qui consiste à remplacer les arguments d'une discussion par des analogies extrêmes), l'historien s'enferme dans la logique des adversaires qu'il prétend combattre.

    En clair, il offre au ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, Eric Besson, les arguments qui justifient l'existence même de ce débat. Car si les termes de la discussion sont confus, alors elle mérite d'avoir lieu. Pur sophisme, mais à proprement parler, Todd perd le débat.

    Au fond, l'intervention de l'intellectuel montre que ce débat sur l'identité nationale a atteint un véritable point de non-retour… comme si la mécanique de la peur ne pouvait s'arrêter

    L'articulation identité nationale/immigration/sécurité est ici totalement réalisée. En somme, l'arsenal de la peur est présent à tous les niveaux de la société. L'identité nationale énerve tout le monde, car chacun pressent que de ce débat, nous ne ressortirons pas indemne. Collectivement.

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  160. Un article de Daniel Schneidermann dans Libération
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    http://www.liberation.fr/medias/0101610735-burqas-minarets-et-ventriloquie
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    On rêverait parfois de demander à un voyageur, revenant d’un périple de plusieurs années dans les terres vierges des antipodes, son impression sur le «débat politique en France». […]
    Minarets et burqas : oui, on rêverait de connaître la réaction du voyageur, en découvrant le nombre des unes, la longueur des reportages de 20 heures, la profusion de sondages, consacrés à ces graves sujets. […]

    Il faudrait donc expliquer au voyageur qu’il n’est pas vraiment question, dans ces controverses, de burqas et de minarets. Quand on s’étripe sur la burqa et les minarets, on s’envoie des signes. Plus précisément, comme ils disent dans leur langage : des signaux forts. Ainsi, explique la presse, la préannonce par Jean-François Copé du dépôt d’une proposition de loi sur la burqa est un signal fort. Qui sera assorti, précise-t-on immédiatement, d’un autre signal fort en faveur du droit des femmes. Nora Berra n’est d’ailleurs pas en reste. Claquant la porte de la réunion, elle aussi a voulu adresser «un signal fort», explique-t-elle le lendemain sur une radio. Quant à Sarkozy, il ne saurait être absent de la compétition. Il envisage pour le début 2010, révèle le Figaro, d’adresser «un signal fort» à la communauté musulmane, en se rendant dans un cimetière de soldats musulmans tombés pour la France. Mais à qui sont donc envoyés tous ces signaux et ces contre-signaux, demanderait alors le voyageur. Il faudrait ici confesser un certain embarras.

    On ne sait pas très bien. Et manifestement, les expéditeurs non plus. Aux candidats à l’immigration, aux rivaux de la majorité, aux musulmans modérés, aux islamistes, aux «mafias des passeurs», aux femmes qui portent la burqa, à celles qui ne la portent pas, à leurs maris, aux électeurs du Front national : les expéditeurs de signaux s’embrouillent parfois dans leur catalogue d’adresses.

    Burqa, minarets, mais aussi identité nationale, charters, sans-papiers : nous terminons l’année asphyxiés par une exposition désordonnée et hystérique de signes. A propos des sans-papiers, par exemple, le Monde rappelle sur une pleine page que plus de 20 000 d’entre eux auront été régularisés en 2009, nombre qui «équivaut à celui des expulsions». Qui le sait? Pourquoi les médias consacrent-ils moins d’espace à ces régularisations qu’aux expulsions?

    Parce que c’est moins polémique et spectaculaire, certes. Mais aussi parce que le gouvernement le souhaite ainsi. Sur l’objectif chiffré annuel d’expulsions, des réunions de motivation des préfets sont organisées devant les caméras, et des muletas ainsi tendues à la gauche et aux organisations de soutien aux sans-papiers. Mais aucun objectif chiffré de régularisations, jamais. Comme le disait Eric Besson à Libération : «La France est généreuse, mais ne le revendique pas». «Dès qu’il y a une famille, des enfants, je fais très attention», confirme un préfet, sous couvert d’anonymat, dans une confidence au Monde. En gros, le gouvernement mène la même politique que tous ses prédécesseurs depuis des décennies : des régularisations au cas par cas, pour faire baisser la pression.

    D’un côté, il y a signal fort. De l’autre, rien ou presque (des confidences au Monde, tout de même, qui tient bien ses statistiques du ministère de l’Immigration). Cette pratique de la ventriloquie dit tout du sarkozysme. Sa bouche hurle à la droite, pendant que son ventre murmure à la gauche.

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  161. Pour lire le texte intégral du l'appel au contre-débat au faux débat sur l'identité nationale, voici le lien:

    http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/contre_debat_sur_lidentite_nationale/20091229.OBS1996/pour_une_alternative_au_faux_debat_actuel_sur_lidentite.html

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  162. Le texte proposé par le Collectif du contre-débat dénonce d'abord le biais des références bibliographiques fournies par le Gouvernement, qui permettrait d'occulter le débat sous-jacent mais caché:"le passé colonial de la France et ses héritages dans le présent (immigration, connaissance de cette histoire, guerre des mémoires, mélange des notions d'intégration et d'assimilation)".

    Or à ignorer et stigmatiser les composantes de la société française qui sifflent l'hymne national, obligent leur sœurs à porter la burqa, ou veulent diversifier la République ethniquement et en termes de religion, "le débat sur l'identité nationale est piégé".

    Les auteurs de l'appel proposent de recentrer le débat dans les prochains mois vers d'autres enjeux.
    - Comprendre le passé colonial/esclavagiste, afin que la connaissance remplace les fantasmes.
    - Proposer un appel "pour une République multiculturelle et post-raciale", "reflet de nos histoires et de la diversité de notre pays".
    - Replacer les enjeux identitaires ici et ailleurs.

    "Il faut valoriser les mémoires autour de l'esclavage parce que c'est notre patrimoine commun". "Il faut lutter contre les diatribe sviolentes qui ne voient que "communautarisme" ou "repentance" lorsque l'on parle de la diversité des origines et ds cultures".

    "Il faut rappeler que lorsqu'une société a rendu son passé inaudible (colonisation, esclavage...) a marginalisé une partie de ses histoires (immigrations, luttes ouvrières...)[...] cette même société, incapable d'affronter le réel, ne peut qu'être en crise avec son on-concept d'"identité" au singulier".
    _______________________
    C'est certes beaucoup plus juste que le débat pipé de Sarkozy et Besson, mais... où sont passées les femmes, et leur oppression, dans ces histoires ?

    Je crains que ce ne soit, encore une fois, à la trappe. Voilées derrière le racisme et le colonialisme.

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  163. Merci pour tous ces éléments. Sur le dernier: c'est en effet beaucoup plus juste, et en cela même la cause des femmes a tout à y gagner, me semble-t-il. Je me permets de rappeler une fois encore les termes de la Constitution:
    "La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l'homme".
    (Le même texte, d'octobre 1946, disait: "La France forme avec les peuples d'outre-mer une Union fondée sur l'égalité des droits et des devoirs, sans distinction de race ni de religion".)

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  164. Merci, Melchior, des rappels réguliers que vous faites de la Constitution. Ils sont essentiels, car ces principes constituent également le socle symbolique fondamental de notre République.

    Il est vrai que j'aurais aimé voir, dans le texte de l'Appel au contre-débat, une claire expression du fait que, dans l'histoire de nos pays, la conquête des droits des femmes est lente, difficile, et se trouve extrêmement hétérogène entre les groupes et cultures qui composent la France.

    Cette hétérogénéité n'est pas un épiphénomène, elle fait conflit, et je suis donc inquiète qu'aucun mot ne soit pas prononcé là-dessus, sauf pour critiquer ceux qui redoutent les hommes mettant les femmes sous burqa.

    Car les histoire des femmes dans ces différents pays dont viennent majoritairement les immigrés(par exemple, la Tunisie du temps de Bourguiba n'est pas la même pour les femmes que celle d'aujourd'hui) n'est pas non plus connue des citoyens, ce qui alimente des "fantasmes" divers, et des risques d'occultation.

    A nous de porter en place publique, dans le contre-débat, ces éléments.

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  165. Un article intéressant sur Albert Camus dans le Nouvel Obs. Résumé
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    http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/culture/20091231.OBS2225/albert_camus_lhomme_moderne_mort_il_y_a_50_ans.html
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    "Lorsqu’un opprimé prend les armes au nom de la justice, il fait un pas, malgré lui dans l’univers de l’injustice, et cela est tout le problème". Une réflexion immuable tant elle est applicable à propos des conflits actuels. Un avis que partage le philosophe, Michel Onfray : "'La peste', grande allégorie et métaphore de l’antifascisme reste efficace pour penser la question du Rwanda ou la question de ce qui se passe en Israël et en Palestine". Avec "L’homme révolté", Camus aspire à une juste révolte, mesurée, pacifiée. Utopique sans doute. Une façon aussi de penser la démocratie et la sociale démocratie.

    Longtemps considéré comme un homme tiède face à la montée des idéologies et des mythes révolutionnaires, Camus est resté en retrait, craignant les risques d’embrasement totalitaires. "C'est en voulant préserver la révolte que Camus a été amené à refuser la révolution", justifie Raphaël Enthoven, "il a voulu préserver la révolte du nihiliste qui débouche nécessairement sur une révolution sanglante ou un statu quo". La révolte fut la clé de voûte de toute la pensée camusienne. Dans ses "Carnets", l’écrivain constate "Je cherche à légitimer ma révolte que, jusqu’ici, rien, dans les faits, n’est venu fonder". Et dans "L’homme révolté" (1951), qui signera la rupture avec Sartre pour avoir osé comparer le régime communiste au régime nazi, il pose les limites de la révolte qui conduit à la violence et au meurtre. En ne trouvant aucune réponse au mal qui gangrène le monde depuis la nuit des temps, Camus renvoi à l’existence et à la condition humaine.

    "On cherche chez Camus des repères pour penser la vie et le monde", analyse Agnès Spiquel, présidente de la Société des études camusiennes. "À une époque qui est la nôtre, où les certitudes et les idéologies se sont effondrées, la pensée de Camus est d’autant plus pertinente. Il est l'homme qui a refusé de s'enfermer dans une idéologie, dans un parti. C'était un penseur libre", explique Agnès Spiquel qui estime qu’"il était anticonformiste, non pas par volonté de l'être mais parce qu'il n'était pas du sérail en refusant de penser par concept". Ce qu’approuve Michel Onfray : "Camus n’est pas dans l’idéologie dominante. C’était un homme libre, libertaire, inféodé à rien, ni à personne".

    Camus est-il philosophe, ce que lui dénie Badiou (défendant Sartre dont le «cadavre» – preuve suprême - n'a pas été proposé pour le Panthéon, brr) ? Face aux critiques de son meilleur ennemi, Jean-Paul Sartre, Camus a nié être philosophe en disant "Je ne suis pas un philosophe et je n'ai jamais prétendu l'être".

    Cet homme ambivalent (à la pensée évolutive) était Algérien pour les uns, Français pour les autres. «Quand il écrivait dans la presse, il était hésitant. Il s’engageait, puis se rétractait, puis revenait…C’était quelqu’un qui n’arrivait pas à choisir", assure Yasmina Khadra. Communiste, puis anti-communiste, journaliste, essayiste, philosophe, romancier, dramaturge, metteur en scène, acteur…la liste est longue de ses attributs. Aucune étiquette ne s’accroche à Camus.

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  166. Un article intéressant de François Miclo dans Causeur sur les liens homosexualité/pédophilie
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    http://www.causeur.fr/pedophilie-du-crime-au-tabou,6168
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    Delanoë a trouvé “choquants” les propos du cardinal Tarcisio Bertone qui associait dans une même phrase homosexualité et pédophilie, puis il a salué la mémoire de Jean Le Bitoux, grande figure des combats homosexuels français et fondateur de Gai pied, disparu le 21 avril.

    Or, dans un court entretien donné en mars 2001, Le Bitoux revenait sur l’histoire du mouvement militant homosexuel : “En France, l’homosexualité vient d’une culture pédophile avec André Gide. En 1968, il existait même un comité d’action pédérastique révolutionnaire. ” “Tony Duvert tenait une rubrique dans Gai Pied où il affirmait : la question pédophile existe et certains gays sont pédophobes et ils considèrent que l’émancipation des homosexuels se fera sur le dos des pédophiles. On a inventé un homosexuel qui laisse de côté la question pédophile.” Contrairement à beaucoup de sa génération (dont Bertrand Delanoë), Jean Le Bitoux se souvenait très bien des positions de Guy Hocquenghem, de René Schérer ou encore de Michel Foucault.

    Dans les années 1970, tous plaident pour une reconnaissance des sexualités «périphériques». Et ils incluent le “P” de la pédophilie dans leurs revendications. C’est notamment le cas de Foucault qui refuse qu’on enferme la pédophilie dans une monstrueuse figure psychiatrisée. Il dénonce ce qu’il pressent advenir : la sacralisation de l’enfant innocent et la condamnation a priori de l’adulte. Car pour Foucault, Hocquenghem ou Schérer, l’enfant n’est pas que pure candeur : il est aussi un être sexuellement désirant. Et désirable.
    Dans ces années-là, la pédophilie n’a pas la connotation nécessairement criminelle qu’elle a aujourd’hui. Puis, le chemin des militants homosexuels et pédophiles se sépare en 1982. Selon Jean Le Bitoux “Aujourd’hui, les pédophiles sont toujours les boucs émissaires des homosexuels. Le débat n’est plus du côté d’un espace de liberté que les pédophiles n’ont toujours pas, mais du côté de la jeunesse des homosexuels.”

    Miclo conclut : Seulement, le mot pédophilie ne peut plus être prononcé sans emporter avec lui tout sens critique. Il vaut condamnation immédiate à celui qui en est suspecté, comme à celui, d’ailleurs, qui oserait interroger et remettre en cause ses présupposés. Surtout ne pas se demander s’il n’existerait pas une légère différence entre un violeur d’enfants et un amateur de beautés adolescentes : non ! à défaut de la tête, on leur coupera indistinctement les couilles. Ne pas se demander non plus ce qu’est la pédophilie, mais enfermer le mot et son indétermination sous le masque monstrueux et infrangible du pédophile, nouvel ogre de la fable contemporaine. La pédophilie n’est plus seulement un crime. Elle est un tabou, la camera oscura d’une sexualité qui s’estime désormais affranchie de toute histoire.

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