dimanche 30 août 2009

ADDICTION, UNE EXPERIENCE


ADDICTION, UNE EXPERIENCE


par Marcella


Je suis restée abonnée à un média participatif un peu plus d’un an. Après y avoir été inscrite sous mon vrai nom, j’ai pris un pseudo, en me disant que cela me permettrait d’y intervenir plus souvent et plus librement : je n’y ai plus jamais rien écrit.

Je me suis désabonnée il y a peu, écœurée de ce qui s’y passait : non seulement les horreurs explicites écrites par certains contributeurs, même si ceux-ci ne sont pas très nombreux, mais aussi le soutien implicite ou explicite de très nombreux abonnés-intervenants, la plupart du temps au nom de la sacro-sainte liberté d’expression, et surtout le silence de la rédaction. Silence, qui, à mon sens, cautionne, voire encourage.

Bien que m’efforçant d’écrire ce témoignage, je ne suis pas sûre d’être faite pour le débat et la confrontation virtuels : en effet, la «liberté d’expression» (fût-ce dans le strict cadre de la loi) qui est la base de ce type d’échanges, ne me paraît pas toujours constituer une valeur suprême. C’était comment, et de qui déjà cette phrase : «Liberté (d’expression) que de crimes on commet en ton nom» ? [1]

Je dois dire, en effet, que je suis assez intolérante, ou plutôt que mon seuil de tolérance se situe assez bas, et que j’assume parfaitement cet état de fait. Lorsque je discute avec mes amis, dans la vie réelle, il arrive que des dissensions, ou des points de vues opposés, antagonistes apparaissent sur un certain nombre sujets.

Sur certains de ces sujets particulièrement sensibles (différents pour chacun), ces antagonismes peuvent rapidement provoquer échauffement, énervement, le cœur qui bat trop vite, le rouge qui monte aux joues… Avec un peu d’habitude, les uns et les autres, nous devenons précautionneux, nous abordons délicatement les sujets qui fâchent vraiment, voire, pour certains, nous les évitons prudemment.

C’est que j’ai bien remarqué que mes amis, proches ou moins proches, sont tout aussi intolérants que moi. Bien sûr, comme ce sont mes amis, nous trouvons généralement des sujets de consensus, affectifs et intellectuels, etc., qui nous permettent de nous entendre, de nous aimer, de partager et de continuer à nous voir avec bonheur. C’est bien d’ailleurs pour ça que nous sommes amis.

J’hésite à employer le mot «respect» qui me paraît au moins aussi galvaudé que celui de «liberté d’expression», mais disons que nous avons mutuellement un certain respect de nos limites respectives et respectables. ;-)

Bien entendu, je suis comme tout le monde : il m’arrive d’évoluer sur une question, voire même de changer d’avis. Mais ce ne sont généralement pas les arguments «raisonnables» et «convaincants» qui me permettent cette évolution et/ou ce changement : après tout, mes arguments à moi sont généralement tout aussi raisonnables et convaincants et aussi bien fourbis (ça se dit, ça ?) que ceux de mon antagoniste.

Non, ce qui peut m’amener à évoluer et/ou à changer d’avis sur une question, c’est, parfois, la force de mon sentiment d’amitié pour telle personne, ou encore la confiance que j’ai en elle en général, et par rapport à ses positions morales. Donc des éléments qui tiennent à l’affect, à la subjectivité au moins autant qu’à la raison.

Les positions morales, que je distingue bien des opinions et des prises de positions politiques, sociales, sociétales ou autres, sont d’ailleurs une des limites, pour moi, à l’amitié ou à la sympathie que je peux ressentir pour mon prochain. Là encore, mon seuil de tolérance est assez bas. Ainsi, je ne saurais avoir d’ami misogyne, ou homophobe, etc.

Bref.

Ce détour pour revenir à ce média. Vous aurez compris que je suis plus que sceptique quant aux grandes déclarations de tolérance et autres protestations d’ouverture universelle que tout un chacun/e exprime dans le Club. Mon œil!

Il est finalement assez logique, selon moi, de voir ce que la confrontation à cru des idées, opinions, positions morales, politiques, des uns et des autres etc., peut générer de haine délétère, féroce et durable, dans la mesure, justement, où ces confrontations ne sont pas, c’est la loi du genre virtuel, compensées, atténuées, adoucies, apaisées, par la relation affective et l’empathie, l’amitié, les bons souvenirs, la séduction comme ça peut être le cas dans la vie réelle...

J’ai pu constater, même si je n’interviens plus depuis longtemps sur ce média, combien j’ai moi-même ressenti de ces bouffées de haine et de ces rancœurs envers tel ou tel intervenant sur un sujet ou un autre particulièrement sensible pour moi, parfois à partir d’une simple phrase qui m’a touchée à un point sensible, là où ça fait vite mal. Et je me suis rendue compte à quel point je n’oubliais pas.

De nombreux intervenants sur ce média revendiquent, avec beaucoup de générosité et de grandeur d’âme, de ne pas juger les personnes, mais seulement, au cas par cas, les écrits qu’ils produisent.

Contrairement à ce type de discours, je me rends compte que c’est bien à la personne qui émet telle opinion ou point de vue ou prise de position qui me heurte, que j’en veux, et souvent durablement. Je constate, en effet, que je ne juge pas le billet, ou le commentaire en soi, comme séparé, mais bien en relation avec la personne qui a émis ce billet ou ce commentaire.

Je m’explique par un ou deux exemples : imaginons, disons, au hasard, un abonné créationniste (ou misogyne, ou homophobe, etc.), qui commet régulièrement des billets à ce propos.

Le Créationnisme recouvre toute une série d’implications religieuses, morales, politiques, etc., qui suscitent ma méfiance, ma désapprobation et ma détestation. Et imaginons que cet abonné par ailleurs fin mélomane, écrive également des billets intéressants, érudits et documentés sur Mozart ou Bartok : je suis tout à fait incapable de lire avec bienveillance ces billets-là. Je ne peux oublier que cet abonné est créationniste (ou misogyne ou homophobe, etc.) et les conséquences néfastes et dangereuses que cela pourrait avoir pour moi et pour mes proches, si, par malheur, ses/ces idées venaient à prendre le pas, par exemple, sur la théorie scientifique de l’évolution.

Ainsi, ayant repéré à quelques reprises cet abonné comme créationniste convaincu, il aura bien peu de chances de me convaincre ou de me séduire… L’abonné en question aura beau se montrer charmant, courtois, ouvert par ailleurs (hors de sa position créationniste de laquelle il entend bien ne pas bouger d’un poil) et tout à fait poli avec les dames, rien à faire. Son créationnisme (ou sa misogynie, ou son homophobie, etc.) entache pour moi tout le reste.

Autre exemple. Alain Badiou fait partie des «Maîtres à penser» de bon nombre d’abonnés de certains médias, et on trouve son nom de façon récurrente sur le site du média participatif.

Voici ce que A. Badiou écrit dans son Saint Paul :
«C’est bien la conviction de Paul : le débat sur la résurrection n’est pas plus à ses yeux un débat d’historiens et de témoins que ne l’est aux miens l’existence des chambres à gaz. On ne demandera pas des preuves et des contre-preuves.»[2]

Il y aurait beaucoup à dire sur ce texte, mais je m’en tiendrai là : sa conviction est faite ; Badiou est convaincu de l’existence des chambres à gaz ("on ne demandera pas des preuves et des contre-preuves"), tout autant, et de la même façon que Paul de Tarse est convaincu de l’existence de la résurrection. En somme, la croyance de Paul de Tarse en la résurrection équivaut à sa propre «croyance» dans l’existence des chambres à gaz. Pour «croire» à la résurrection ou à l’existence des chambres à gaz, nul besoin en effet de témoins ni d’historiens : croire est affaire d’opinion subjective ! Essayons avec les tranchées de la Première guerre mondiale, pour voir : «Je «crois» à l’existence de ces tranchées, nul besoin pour ça de témoins ou d’historiens, ou de voir les trous»… ridicule, n’est-il pas?

Cette phrase de Badiou le discrédite pour moi, quelles que soient par ailleurs ses admirables analyses et prises de positions politiques : il s’agit-là, selon mon analyse, d’une négation des chambres à gaz comme fait avéré. Il ne saurait être question de «croire» ou de ne pas «croire» aux chambres à gaz. Les tranchées ont existé que j’y croie ou pas.

Reste la fascination.
Car, en effet, comme pour tous ceux dont, ici ou là, j’ai lu le témoignage, ce média et son Club ont exercé, exercent encore sur moi, bien que de moins en moins, une véritable fascination, avec effet addictif garanti.

Sans prétendre aucunement à l’analyse de ce phénomène, j’ai pu constater que cet attrait prenait pour moi deux formes (ce qui n’épuise pas, loin de là, le sujet) :

- L’étrange attirance pour cette scène étrange, ce théâtre d’ombres où on peut regarder vivre des abonnés-intervenants qu’on finit par avoir l’impression de connaître sans les avoir jamais rencontrés, avec tout ce que cela peut supposer d’identifications, de projections et d’inventions en tous genres.

- L’intérêt vigilant et, hélas, souvent plus que circonspect pour les idées, les opinions, les thèses, les prises de position politiques, etc., qui y sont, par les uns et les autres, véhiculées, développées, étalées au vu et au su de tous : il peut être en effet important de les avoir à l’œil. (Et doublement maintenant que je ne paie plus !).

P.S. Hors sujet, mais après tout, non : la loi du Talion est l’ancêtre proche et lointain de nos propres lois actuelles. La loi du Talion est en effet une loi, une institution qui s’impose en tiers, et instaure une équivalence codifiée entre un dommage subi et la réparation que l’on est en droit d’attendre par rapport à ce dommage. Cette codification estime le préjudice subi et dit qu’elle doit en être la compensation. Cette loi, qui, comme toute loi, fait intermédiaire entre le «dommagé» et le «dommageur» reconnaît le préjudice et, par son intervention, met un terme à l’exigence du «dommagé». C’est l’exact contraire de la vendetta qui a encore lieu de nos jours dans bien des contrées et pas si loin de chez nous, et qui consiste en une vengeance directe, non médiatisée par la loi, et par là même, jamais éteinte.

Ainsi, le manifestant qui a perdu un œil, du fait du tir de taser d’un policier, recevra (on l’espère pour lui), via le procès qui suivra, un «dédommagement», pour la perte de son œil. Son préjudice sera estimé par des experts et ce dédommagement sera à la mesure de cette estimation : ils diront combien «vaut» cet œil perdu. On peut espérer pour lui que ça coûtera, en effet, «un œil» au policier. Pour ce manifestant, ce sera donc, comme dans la loi du Talion, «œil pour œil»…

______________________________
[1] Ah oui, merci Wikipédia: Manon Roland, décapitée en 1793 à l'âge de 39 ans, lorsqu'elle monte sur l'échafaud.
[2]A. Badiou, Saint Paul, PUF, 1997, 4ème édition, 2002, p. 47

35 commentaires:

  1. Chère Marcella,

    Merci d'avoir apporté votre témoignage sur ce Blog en nous faisant partager, dans un nouveau Billet, vos réflexions.

    Vous faites partie des personnes qui ont cru au projet Mediapart, et qui s'en sont éloignées,stupéfaites et choquées de ce qu'elles ont trouvé dans le "Club".

    Je vous répondrai en plusieurs temps, car votre Billet pose des problèmes fondamentaux en matière de relations humaines, de morale et d'éthique.

    Je réagis tout de suite en vous signifiant mon accord absolu sur les pièges de la prétendue "Liberté d'expression" dont Manon Roland dénonça les terribles violences symboliques ou réelles dont elle peut être porteuse(pour sa part, elle en perdit tête et vie).

    Car la liberté d'expression, dès lors qu'elle n'est pas encadrée par une morale, est toujours celle des uns au détriment, voire contre, celle des autres.

    Le bon sens moral basique (ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'ils te fassent, ta liberté s'arrête là où elle nuit aux autres) est souvent totalement perdu de vue.

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  2. bonjour Marcella

    J'aurais été incapable d'écrire ce texte (flagellation quand tu nous tiens!) :il résume nos expériences vis à vis de sites (médiapart , rue 89).

    Pour moi, reste toujours le mystère de l'addiction à ces endroits nauséabonds.

    En effet, tout comme vous je constate les effets de groupe des sites dit "participatifs" ( !!) et néanmoins reste attirée par ces sites.

    Je m'interdis d'y retourner.

    Pour votre part, arrivez vous à ne plus penser à Médiapart?
    Avez vous tourner la page ?

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    D'un point de vu sociale :c'est à dire vie en socièté , il me semble que ces médias qui mettent en scène (comme la télévision) les informations sont des liens qui peuvent manipuler aisément.
    Qu'en pensez vous?

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  3. Bonjour m-devinzelles,

    C’est vrai, cette addiction est en même temps bien réelle et assez incompréhensible. Ca serait intéressant d’avoir d’autres avis et témoignages sur cette étrange expérience.

    Je retourne de temps en temps voir ce qui se passe sur Mediapart, mais bien sûr, je n’ai plus qu'un accès restreint depuis que je me suis désabonnée, et j’y reste généralement assez peu de temps. Je fais un petit tour et je m’en vais. En tout cas, je suis à chaque fois contente et soulagée de me dire que, ça y est, ouf, je ne fais plus partie de ce Club, même si je n’y étais que de façon passive.

    Pour ce qui est de la manipulation, honnêtement, je n’en sais rien, je n’ai pas de réponse. Je n’ai pas l’impression, personnellement, d’être manipulée ou d’être facilement manipulable. Mais bon…

    Marcella

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  4. Bonsoir Marcella

    Cette addiction a été pensé :ce n'est pas un hasard si vous, Monica , melchior, moi nous retrouvons piégés par le désir de retourner sur ces sites et le dégout.
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    Un éclairage me manque sur l'origine de l'addiction à ses sites et comment on nous rend addict.

    Par ailleurs, ces sites (rue 89 médiapart) créent une référence de lecture et de penser pour certaines personnes qui n'ont pas (plus) la capacité de garder l'esprit critique.


    Là encore des études ont du être menées sur comment créer une accoutumance et comment faire adhérer à un média sur le net.

    Je cherche qui peut nous éclairer par des analyses.
    Apparemment on est au début de la découverte de ces addictions et de ce qu'elles cachent (pas seulement de nous) mais d'une façon de vendre une propagande.
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    J'ignorais la phrase de Badiou :l'être humain est complexe.Badiou ne peut être réduit à cette phrase mais je ne le lirais plus de la même façon.

    Marie

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  5. Addiction: il y a rencontre d’une habitude et d’une source de satisfaction rapide (même illusoire). C’est facile de se connecter, avec l’espoir d’y trouver sans mal certaines satisfactions. Et une fois que le rat est descendu dans le labyrinthe, il rame pour y trouver ce qu’il cherche, puis pour sortir. Et même avec trois pattes dehors, il regarde encore à l’intérieur avec nostalgie.
    Autre aspect: c’est abrutissant. Le Club offre catch et discussions sérieuses. Mais si on se laisse happer par le catch, on n’a même plus de goût pour les discussions sérieuses.

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  6. J'ai trouvé dans une phrase de Marcella un écho clair de mon propre ressenti:

    j’ai moi-même ressenti de ces bouffées de haine et de ces rancœurs envers tel ou tel intervenant sur un sujet ou un autre particulièrement sensible pour moi, parfois à partir d’une simple phrase qui m’a touchée à un point sensible, là où ça fait vite mal. Et je me suis rendue compte à quel point je n’oubliais pas.

    Au cours des interactions avec certaines personnes inconnues de moi (qui m'ont d'ailleurs fait fuir de ce lieu), j'ai eu l'impression de percevoir, au travers de (et par delà) leur discours, certains pans de leur intentionnalité foncièrement négative, destructrice, à mon égard, et de "toucher du doigt" le côté "noir", obscur, de leur âme ou de leur psyché.

    Et ce que ne comprenaient pas mes amis, c'est pourquoi ma sensibilité extrême à l'intentionnalité d'autrui me laissait hors de souffle, effarée, parfois au bord des larmes. Pourquoi je n'en rigolais pas. Parce que je ne le peux pas et que l'autre a le pouvoir de m'atteindre.

    Cette impossibilité, qui ne me concerne pas seule, est sans doute le signe que l'autre a une présence réelle et tangible dans ces échanges "virtuels", d'autant plus rudes et "à cru" comme le dit Marcella, que la présence physique, la voix, ne les pondèrent plus.

    Une autre certitude qui m'est venue de cette expérience est que je ne suis pas faite pour ce type d'échanges, parce que, pour des raisons propres à mon histoire, ma résilience a assurément des trous qui me permettent de comprendre l'autre, mais par où, hélas, s'infiltre la souffrance.

    Il faut donc probablement, pour "tenir" sur ces médias participatifs, soit être pourvu d'un moi et d'un narcissisme solides, soit développer des mécanismes de défense de type "faux self doucereux" et/ou "position de prestance" que personnellement je n'ai aucune envie de développer. Cela relèverait à mes yeux de la distorsion.

    Et pour quel objectif ? Aucun de positif. Je sentais que l'étiage de ma réflexion ne cessait de s'abaisser, à force de fréquenter sur ce média des gens avec lesquels je n'aurais à aucun prix choisi de dialoguer dans la vie réelle, tant je n'avais avec eux aucune zone de valeurs partagées.

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  7. Oups! Ai-je “un moi et un narcissisme solides, ou développer des mécanismes de défense de type "faux self doucereux" et/ou "position de prestance" pour être restée à l’écart du noyau conflictuel... :-))

    Trop tard pour tout lire ce soir .
    Douce nuit à tous. Trackez de beaux rêves.

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  8. Caroline coquine ;-) tu as eu la sagesse de ne pas t'impliquer comme moi dans le club. Cette position prudente, pratiquée par Jean egalement, me semble la plus sage ...

    En revanche, si l'on s'implique dans l'agora, il faut être prêt a affronter le conflit, l'attaque directe ou insidieuse et - ce qui a été dur dans mon cas - les effets de meute.

    Melchior, baudet aux sabots solides, y tient... Mais a quel prix? L'enfermement dans un rôle , tel un rat de labyrinthe, au détriment de toute réflexion plus exigeante, comme il l'exprime plus haut.

    Ps) mes prépositions a manquent d'accent car j'écris sur l'iPhone, sorry ;-)

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  9. @ Marie et d’ailleurs à tous, pour expliciter ma position :

    Je ne sais pas bien expliquer les mécanismes de mon addiction, même si je peux à peu près en décrire les effets.
    Cependant, en aucun cas je ne pense que « cette addiction a été pensée », ni que « on » nous rend addicts.

    Je tiens à dire que j’assume et revendique ma responsabilité dans cette addiction.
    Cette responsabilité assumée est doublement importante pour moi :
    - elle m’est nécessaire pour le respect et l’estime que j’ai de moi-même ;
    - elle constitue pour moi une position morale et politique.

    Les expériences et les analyses des uns et des autres sur ce sujet m’intéressent beaucoup. Mais, pour moi, aucune explication sociologique, politique ou autre, et aucune « circonstance atténuante » (je mets les guillemets parce qu’on n’est pas ici dans le cadre d’un procès), ne saurait me dédouaner de ma propre responsabilité.

    J’y tiens. Et c’est pourquoi j’insiste.

    Bonne journée à tous,
    Marcella

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  10. Oui, Marcella, nous sommes assurément responsables de ce qui nous arrive. Personnellement, comme je l'ai écrit dans mes deux autres billets sur mon histoire à Mediapart [la catharsis est manifestement longue à venir ;-) ]je vois un peu clair dans mon jeu.

    Le besoin d'affirmation de mes idées (au demeurant évolutives), de reconnaissance, d'estime, d'amour, était trop fort, et donc mon investissement a été excessif.

    Serais-je restée sage comme Caroline ou Jean, je n'aurais pas vécu pareille mésaventure. Ou alors, pour m'exposer comme je l'ai fait (c'est-à-dire en jouant a minima un rôle, en étant moi-même, en me montrant avec mes doutes et mes contradictions, mon cheminement), il aurait fallu que j'aie une carapace que je n'ai pas, de bons sabots, voire de belles cornes dont je ne suis pas pourvue ;o)

    Cela dit, la question que nous nous posons depuis un moment avec Marie reste pertinente: quelle est la fonction sociale de cette addiction au Net?

    Comme nous savons que des études s'attachent à mettre en évidence les mécanismes que l'on peut interpeller chez les humains pour consommer des produits (coucou, Jean, tu pourrais insérer les réflexions que tu m'as envoyées ce matin), nous pouvons à la fois affirmer notre responsabilité et analyser ce qui peut, parfois, en infléchir ou en distordre la mise en œuvre.

    Bonne journée à tous.

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  11. C’est vrai que la question de la responsabilité est complexe. Je préfère être prudente dans ce que je dis. Il me semble qu’on assiste à un double mouvement : d’un côté responsabilisation entraînant une judiciarisation à outrance et une recherche toujours croissantes des « coupables », avec multiplication des procès à tout bout de champ. De l’autre, déresponsabilisation tout aussi croissante qui permet de toujours rejeter la « faute » ou l’erreur sur l’Autre avec tous les fantasmes que cela peut entraîner sur cet « Autre ».
    Les deux mouvements étant sans doute en rapport l’un avec l’autre, l’un alimentant l’autre et vice-versa.
    Chacun de ces mouvements me semble avoir des conséquences et des fonctions sociales importantes.
    Je suis incapable de trancher là-dessus.
    La seule chose que je peux dire, me concernant, personnellement, c’est que j’assume la responsabilité de mon addiction. Et je resouligne qu’il s’agit pour moi d’une addiction passive.
    Ce que je peux dire aussi, Monica, c’est que vous êtes certainement responsable, à mes yeux, de votre trop grande exposition par quoi se traduisait votre addiction. Mais vous n’êtes en aucun cas responsable des coups que vous avez reçus. Autrement dit, votre exposition ne saurait en aucun cas être une excuse ou même une explication pour les coups qui vous ont été donnés. Ces coups sont bien, pour moi, de la responsabilité pleine et entière de chacun des abonnés qui les ont portés.

    Je me méfie aussi beaucoup de l’idée qu’un « on », dans l’ombre, organiserait cette addiction… Mais bon, hein, qu’est-ce que j’en sais…

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  12. Bonsoir Marcella

    Vous avez raison de me reprendre sur ce "on " qui me permettrait de ne pas me remettre en question.

    Pour moi il y a deux réflexions à mener:

    -La première est bien entendu celle de l'analyse de ce qui a induit mon addiction.

    Je ne parle pas de responsabilité.

    J'emploie d'autres termes: les causes, les manques, les motivations qui ont conduits à ce que je devienne dépendante (sans pouvoir maitriser) d'un média.

    -La seconde (qui rejoint le "on" mal formulé ):plusieurs personnes sont devenues dépendantes (ou le sont encore) de ces médias.

    On connait dans le cerveau des zones de satisfaction quand une personne est dépendante de l'alcool ou du tabac ou encore d'autres produits.

    J'ai travaillé dans un centre de méthadone : la drogue était remplacée par le subutex ou la méthadone pour satisfaire ces zones qui réclamaient leurs doses.

    Dés lors, pour nous rendre addict à des médias, ne peut on pas penser que des études de consommation auraient été faites préalablement au lancement de ces journaux pour les rendre rentables?
    Rentables pouvant rimer avec lecteurs captifs et accros.

    (De même que dans la région où je suis tous les matins depuis 50 ans des personnes achètent le même canard où il n'y a rien à lire !)

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    Je ne vois pas d'ennemi imaginaire , je vois des techniques de merchandising qui permettent de vendre un produit et de nous en rendre dépendant.

    Or le produit presse est spécial :il peut être utilisé à des fins de propagande (je suis en rage , par exemple, que médiapart m'ait vendue de l'orange à mon insu!)

    Qu'en pensez vous?
    Bien cordialement
    Marie

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  13. @ Marie,
    Oui, je comprends mieux ce que vous voulez dire. C’est vrai que la publicité et le merchandising utilisent des méthodes souvent redoutables et retorses pour nous faire acheter ce dont nous n’avons nul besoin. Et dans le cas de la presse, en effet, ça peut devenir de la propagande. Alors d’accord avec vous, nous devons être très attentifs à ce qu’on essaie de nous vendre et tâcher de garder toujours en éveil notre esprit critique, ce qui n'est pas toujours facile. Et il y a des moments de notre vie où nous sommes plus vulnérables.
    Juste un point, pour ce qui concerne Mediapart, il semblerait, malgré tout, que ce ne soit pas, pour eux, le franc succès commercial attendu ! ;-)

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  14. La manipulation des masses (1)



    Il fut un temps où les régimes dominaient par la force et l’autorité. C’est encore, hélas, le cas à certains endroits de la planète. Bizarrement à l’époque du nazisme, certains s’intéressaient déjà aux comportements des gens, au conditionnement des ménagères américaines.



    Nous sommes arrivés, aujourd’hui, dans monde sublime et merveilleux, où les individus, se sentant libres, se conditionnent mutuellement, s’inhibent collectivement, se font de l’expression ’libre’ à tout va, se détruisent presque physiquement pour le plus grand bien de ceux qui ont pensé cette science de la manipulation. "Un état totalitaire vraiment efficient […] aurait la haute main sur une population d'esclaves qu'il serait inutile de contraindre, parce qu'ils auraient l'amour de leur servitude" (1931, Aldous Huxley). Car, comme le dit Jean-Léon Beauvois, dans le passionnant ‘Sciences et Avenirs’ de septembre 2009, « La manipulation repose sur le fait que la cible ne se doute de rien…. La plupart du temps, nous sommes plutôt dans un état de faible tension cognitive qui ne nous permet pas de remarquer que quelqu’un est entrain de mettre en place des rouages.» L’après guerre a été un laboratoire génial.



    Un maître mot, la ‘manipulation’ cachée derrière la ‘persuasion’, moyen d’influence licite et connu de tous. Matraquez par des mensonges, il en restera toujours quelque chose, Calomniez sans honte, il en restera toujours quelque chose, inondez avec de la publicité, il en restera toujours quelque chose, captivez par des séries américaines ou maintenant françaises, il en restera toujours quelque chose. Les déviants - les résistants – finiront toujours par rentrer dans cette opinion moyenne chère à nos pouvoirs. Ah ! Cette fameuse opinioncratie, la voie de l’opinion avec ses sondages bidons ! « Lorsque que l’on veut convaincre que la thèse A est la bonne, faut-il présenter la thèse B qui s’oppose à A ? ». Faut-il poser une question en encrassant la thèse B ? Tiens cela me rappelle le Plan A !



    Méfiez vous des mots ‘LIBRE’ et ‘LIBERTE’ ! Jean-Léon Beauvois nous dit : « Il faut accepter que la liberté ne fasse pas partie de l’essence de l’Homme. Ce sont les situations concrètes qui laissent plus ou moins de liberté. » Les phrases ‘Tu fais comme tu veux’ et « Vous êtes libre de… », sont extraordinaires. En fonction du contexte, votre vie peut en dépendre.



    Toujours dans Sciences et Avenirs, Nous avons les 7 techniques de persuasion décrytées.

    - Le ‘Pied dans la porte’ habitue à l’action.

    - La ‘porte au nez’ fait croire à la facilité.

    - Le ‘leurre’ engendre une frustration insupportable.

    - Dire ‘Vous êtes libre de…’ vous rend esclave.

    - Un peu c’est mieux que rien.

    - Toucher met en confiance.

    - L’étiquetage contraint à l’action.



    Bref, à vous faire frémir !

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  15. La manipulation des masses (2)




    Je ne peux m’empêcher de penser à ces suicides au travail, chez Renault, à La Poste, etc… car la manipulation est partout (j’avais écrit, sur Médiapart, un billet sur la science de cynisme). On la retrouve dans tous les pouvoirs ; en politique, en économie, dans les médias et en management dans le monde du travail.



    - Prenez par exemple la 6ième technique ‘Toucher met en confiance’, on voit là-dessous les managers faisant faussement copain-copain histoire de rentrer dans l’émotionnel. On vous demande l'engagement total; corps, âme et biens.



    - Prenez, autre exemple la 4ième technique ‘Dire « Vous êtes libre de… » vous rend esclave’. Dans les évaluations et les objectifs individuels, c’est ainsi fait que ces pauvres travailleurs acculés à l’impossible, à leur propre échec, avaient une fausse liberté de choix ; une roulette russe sur le papier et la mort comme finalité.



    - le 2ième, La ‘porte au nez’ fait croire à la facilité. On annonce une monstruosité 95% de licenciement, on remue médiatiquement pour finalement feindre le consensus à 60% qui aurait été inacceptable dès le début (en politique le cas EDF à 20% est idem, la sarkozie est experte la matière avec les enfumages).



    L'étiquetage (7ème technique), la flatterie de l'Ego. "Chiche tu n'es pas cap !" ou "Vous êtes les meilleurs, les plus beaux, les plus belles, les plus intelligents, les élites de la nation".



    Malheureusement tout cela engendre le soupçon, la suspicion, le renferment sur soi, le désintéressement, l'humiliation, voire la haine d’avoir été manipulé. Et comme par hasard, cela va dans le sens de l’avilissement des masses.



    On a longtemps cru, - j’ai cru longtemps, avant les années 80 – que la Gauche était les valeurs morales, les valeurs d’honnêteté, d’intégrité et les valeurs humanistes. Jamais la gauche ne pourrait manipuler pour garder le pouvoir ! Et puis, arriva 1983. Mitterrand mettant 300 millions de francs pour créer le parti « Génération Ecologie » rien que pour tuer les Verts en pente ascendante. Dois-je continuer la liste de toutes les choses qui m’ont écœuré ?



    On ne pourra reconstruire qu’avec le devoir - et le droit - d’inventaire sur ces méthodes abominables (il y eut mort d’hommes) qui ont sapé les bases de la société.

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  16. Jean
    puis je vous embraser pour vous remercier?
    Promis je ne vous manipule pas!
    Avez vous des ouvrages de référence pour m'aider à avancer?

    Vraiment merci vous répondez pile poil à mes questionnements.

    je suis d'accord avec Marcella sur le fait que nous avons besoin de comprendre ce qui se joue de nous dans l'addiction .

    Mais la piste de la manipulation mentale collective est à approfondir.
    Encore merci , Jean
    Marie.

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  17. @Marie,

    Marie, je peux dire une bêtise ?

    "Allez voir sur mon blog Médiapart"
    Houps !! Pas Médiapart ! pourtant, il y a des références apportées par des gens sérieux.

    Médiapart, c’est comme si vous alliez crier vos idées sur la place du marché noire de monde.
    A moins d'être un charismatique avec des gorilles ou des fans ou des disciples ou encore des sympathisants, à moins de faire l’entrisme en masse, vous n'avez aucun chance.

    Avec mes quleques essais que j’ai effectué sous la protection de Art Monika, que l’on se fasse démolir ne m’entonne pas !

    C’est même déprimant de voir ces bloggeurs et bloggueuses bavant de hargne et rêvant de pugilas.

    Médiapart aurait pu être une bonne idée dans une société apaisée, dans une société respectueuse, vigilante sur ces règles.

    Bise alors Marie !

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  18. @ Jean

    gloups allez sur Médiapart...mais vous voulez me faire replonger dans le vide!

    Et puis dans la foulée je me prends une dose de rue 89!

    Ensuite, tellement ahurie je ne me souviendrais même pas de ma recherche de départ sur le rôle collectif de ces médias!

    Je suis en cure de désintoxication!

    Merci quand même Jean mais je résisterais à la tentation de m'abrutir!

    trisoux!

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  19. Pour vous empêcher de dormir :


    http://www.evene.fr/livres/livre/robert-vincent-joule-et-jean-leon-beauvois-petit-traite-de-manip-14329.php

    http://www.vadeker.net/corpus/psychologie_sociale/manipulation_psychologie_engagement.html

    http://www.editions-zones.fr/spip.php?article21

    Le sevrage peut également se faire en s'interdisant d'écrire des commentaires sur des blogs autres que le sien. Cela démange quelques fois mais on y arrive. Il y a même des effets positifs.

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  20. Oui, Marie, soutenons-nous vaillamment dans la lutte contre l'addiction.

    La participation "passive" et très limitée dans le temps - comme Marcella, Farid et moi la pratiquons maintenant(vive le gris libérateur!)-, ou l'activité très localisée - comme Caroline et Jean la mettent en œuvre -, ou le sevrage contraint grâce aux vacances - dont le valeureux baudet va bénéficier - sont des solutions vivables.

    Elles nous laissent le temps de nous informer de façon diversifiée, de discuter sereinement en échangeant des points de vue, en les explicitant, sans être pris dans des interactions destructrices.

    L'agora de "là bas", cette" place de marché noire de monde" comme dit Jean, ne laisse pas d'espace aux paroles qui dérangent les petits clans de l'entre-soi.

    Et on en revient du coup à ta première phrase, de Jean. Ces lieux d'expression seraient-ils autre chose, dans le fond, que que la mise en œuvre de ceci: Nous sommes arrivés, aujourd’hui, dans monde sublime et merveilleux, où les individus, se sentant libres, se conditionnent mutuellement, s’inhibent collectivement, se font de l’expression ’libre’ à tout va, se détruisent presque physiquement pour le plus grand bien de ceux qui ont pensé cette science de la manipulation.

    La normalisation par la médiocrité, pas une tête ne doit dépasser...

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  21. @ Jean
    Merci pour la bibliographie:exactement ce qu'il me faut.

    Je n'ai pas de blog et ne me sens pas capable d'en avoir un.
    je savoure le blog de Monica où je peux m'enrichir de rencontres et de connaissances que me transmettent les autres.

    Cela n'a rien à voir avec l'addiction à un site où se joue des enjeux de pouvoir qui détruisent la communication.

    En résumé :Médiapart, rue 89 me tirent vers le bas et le blog de Monica vers le haut!

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  22. En terminal le prof de philo nous avait demandé de rapporter des pub d’alcool pour le dernier cours de l’année. Il nous à montrer dans les “glaçons” (surtout), mais aussi les reflets dans les verres et les bouteilles des yeux de biches, des corps, des sexes etc... Puis nous a longuement parlé de notre liberté de voir, de choisir, de comprendre, de ne pas nous laisser embarquer: “Attention aux yeux doux des libertés d’être, d’avoir et de penser qui ne sont que les prisons que d’autres bâtissent pour vous enfermer”.
    Quand le sage montre la lune, jette un oeil sur ce que fait son autre main...

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  23. Quelle belle leçon de philosophie, Caroline. Tu as fait une très belle rencontre en philo, je comprends mieux ta sagesse ;-)

    L'influence subliminale n'est pas une vue de l'esprit...mais une réalité qui "saute" une étape de conscience pour toucher et susciter nos affects.

    Les psychologues travaillent depuis longtemps sur ces sujets, et ont mis a la disposition de tout le monde ces connaissances qui sont appliquées pour des objectifs de mainmise.

    Heureusement, nous avons des cellules de veille en nous.

    Que cela ne nous empêche pas de faire de beaux rêves, ou notre psyché brode le passé, le présent et le futur dans un extraordinaire espace de liberte ...

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  24. Je ne suis pas certaine que nos cellules de veilles soient suffisamment en éveil, les ficelles de la manipulation deviennent des cordages et nous tirent malgré tout bien souvent.

    Sur ce, je vais broder :-)

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  25. Caroline, si tu veux broder avec des cordages, je crains que la ficelle ne soit trop grosse. A moins que tu ne veuilles faire du point de croix compté à très très gros reliefs sur des bâches épaisses ;o)

    La manipulation prend maintes formes, dont Jean a rapporté quelques stratégies princeps. L'intéressant est de savoir comment on y résiste, comment on reste de glace ou impénétrable.

    Peut-être est-ce possible parce que la représentation que l'on se forge du monde s'établit sur toutes sortes de repères construits au cours de notre histoire, et qu'elle se fraie des chemins à travers des données dont elle peut mesurer les contradictions et les dissonances. La contradiction éveille le doute, et met en marche les cellules d'alerte.

    Peut-être la résistance est-elle aussi possible parce que nous avons des valeurs morales, éthiques, politiques, qui, comme le dit Marcella dans son Billet, nous incitent à refuser sans hésiter certains arguments ou certains actes, aussi "finauds" semblent-ils. Marcella s'est ainsi "cabrée" devant l'énoncé de Badiou, sentant ce qu'il avait de tendancieux sous son aspect apparemment "banal". En remplaçant "chambres à gaz" par "tranchées de 14-18", elle a révélé l'implicite du message, amplement nourri par les thèses négationnistes.

    De la même façon, quelles que soient les traces subliminales de misogynie que m'envoient certains arguments,non seulement je les perçois car mon seuil d'alerte est très très bas, mais en plus elles m'irritent.

    Ainsi, on ne me fera pas prendre une burqa pour un costume comme un autre, dont le respect du port serait un signe d'acceptation des "différences". Je ne le pourrai pas, car je considérerai toujours le problème au niveau mondial et non hexagonal, et je n'oublierai jamais que la burqa ici s'accompagne ailleurs d'une relégation sociale des femmes... ou pire encore.

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  26. La 6ième technique ‘Toucher met en confiance’ que j’ai décliné dans le management, peut également aller en Politique. Notre élève Président touchant, plus que de raison, Obama ou Merkel n’est pas très doué pour cette méthode. Vu l’air d’Angela amusée et surprise, il semblerait que c’est gonflant.

    La 1ère méthode ‘Pied dans la porte’ s’utilise avec doigté en relation avec la 7ième méthode ‘L’étiquetage’. « Puisque vous avez déjà fait un effort pour redresser l’entreprise, vu que la sortie de crise est pour demain et que tout redeviendra comme avant, on vous demande un effort supplémentaire, votre avenir en dépend, L'entreprise ou le pays vous attend ».

    La 3ième ‘Le leurre’ enclenche une envie, un désir, une promotion, un investissement qui sont immédiatement cassé par la pénurie ou l’impossibilité immédiate. Mais comme par hasard, une satisfaction encore plus grande mais plus chère, plus contraignante s’offre à vous. Bref vous vous êtes fait avoir. Votre frustration est donc annihilée.

    La 5ième méthode ‘Un peu c’est mieux que rien’ est purement commerciale et émotionnelle. « Même un petit rien, de votre part, nous sauverait » sur un ton à faire pleurer le diable. Votre sentiment d’avoir fait une B.A. est flatté. Fermant les yeux de bons sentiments, tout se passe dans votre dos. Les enfumages de la sarkozie nous font pleurer sur Guy Môquet ou Jean Jaurés. Pendant ce temps, les gros pollueurs, les marchés financiers, les décideurs peuvent travailler tranquillement.

    La 7ième méthode ‘L’étiquetage’, la flatterie bien dosée, n’est que la fable de la Fontaine ‘Le corbeau et le renard’. Dans ce cas le «petit trop », comme la répétition de mots inutiles, nuit au résultat et éveille le soupçon.

    On pourrait concevoir une méthode globale regroupant simultanément ces 7 méthodes.
    Malheureusement, là, il nous faut au moins 7 cerveaux pour réagir. Alors, on comprend mieux pourquoi notre ommniprésident, le chouchou de notre First Lady, est un AS de la manipulation qui a une voie royale devant lui.

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  27. Une voix Royal (en taxe carbone, par exemple) ou une voie royale, dis-moi, Jean ;o)

    Sarkozy a certes une belle avenue devant lui, mais 2012 n'est pas l'année prochaine. J'ai lu aujourd'hui que JF Copé s'inquiétait du petit sursaut qui semble faire frémir l'opposition en ce moment. La seule perspective d'un regroupement démocratique centre-gauche lui donne quelque inquiétude.

    Je t'accorde que nous ne sommes pas au bout de nos peines, mais peut-être faut-il nous organiser en réseaux hors partis et réfléchir à des perspectives éloignées des badernes obsolètes, peut-être analyser différemment les notions de "droite" et de "gauche", afin de ne pas sombrer dans la désespérance?

    Car l'une des méthodes de "manipulation" n'est-elle pas de nous donner à penser que "tout est foutu", qu'"ils sont tous aussi pourris", que "la droite et la gauche c'est pareil" ?

    Or quand même, si nous analysons certains dossiers, nous voyons quelques petites nuances entre la position de Sarkozy et celle que prendrait la gauche.

    Biens-sûr, nous avons de sacrés inventaires à faire des actions des gouvernements sous Mitterrand 1, 2 et du premier Ministère sous Jospin...

    Par ailleurs, si des gens décryptent toutes ces méthodes de manipulation dont tu nous parles, c'est bien qu'on peut les mettre à distance... et que, contrairement à ce que prétendent certains, nous ne sommes pas totalement "formatés".

    Nous avons encore un libre-arbitre, damned !

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  28. 2012 n’est pas l’année prochaine et JF C n’attendra pas forcément 2017 .

    “Tous aussi pourris” : Pour le PS le cumul des mandats (encore lui!) va être un test. M Aubry le veut ... après les régionales mais de plus en plus d’élus plus ou moins de base le réclame dès maintenant pour montrer que ce ne sont pas que des mots. Ce sera un vrai test pour eux. “ Nous vous avons compris!” :-)

    La “gauche”... Elle ne voit pas la société du XXI° siècle.
    Beaucoup veulent qu’elle parle à nouveau aux prolétaires, aux salariés mais ce n’est plus aujourd’hui que la moitié du corps électoral et certains comptent parmi les 32.000 qui paient l’ISF.
    Alors même que le NPA estime normal une échelle de revenus de 1 à 7, elle ne cesse de fustiger les 10% les plus riches. Or le % entre le ticket de sortie des 10% les plus pauvres et celui d’entrée parmi les 10% les plus riches n’a quasiment pas évolué depuis 30 ans. Ce qui a lourdement changé c’est les 2% du haut. La droite est ravie de cet amalgamme qui fait voter à droite des gens qui gagnent ou veulent juste gagner un peu plus que ce qu’ils gagnent sans même pouvoir atteindre 7.000 E. Et pendant ce temps là, tranquillement, tout en haut on est passé de 40 à 400...
    La gauche rêve d’un partage des richesses qui permettraient à chacun de travailler 35 heures (Filoche PS). Que tout le monde puisse aller produire n’importe quoi pourvu que chacun fasse ses 35 heures salariées de travail productif. Certains seraient prêts à broyer toute la robotique et tous les ordinateurs pour que tous puissent “aller au chagrin” pour 35 heures... même pour produire des suremballage.
    Quant aux verts... transports en commun, la planète est foutu, transports en commun, la planète est foutu, transports en commun, la planète est foutu, transports en commun,
    Faut avoir un moral à toute épreuve!
    Si la planète est foutu on ne peut rien faire, n’en parlons plus. Mais comme le pire n’est jamais sûr soyons efficace: une taxe oui mais pour financer les investissements nécessaires à des maisons passives, des éoliennes, des panneaux solaires, pour qu’on puisse dans 10 ou 20 ans être autonome avec des dégagements de CO2 progressivement réduits à rien.
    Transports en commun ... mais 40% des français vivent dans des communes de moins de 5.000 habitants! Plus de 20% dans des communes de moins de 2.000 habitants. Un bus scolaire - à moitié vide - le matin, un le soir. Cela fait trente ans que l’on perd avec des préconisations babacool. Oui la France est un pays à faible densité de population, on ne peut pas mettre des tramways partout et on ne va pas vider nos villages et petites villes! Plus le temps passe plus on se voit privé des moyens d’intervenir jusqu’à voir EDF quasi privatisé poursuivre un inventeur d’économie d’énergie pour qu’il compense le manque à gagner.
    Qui parle ne serait ce que de télétravail, de semaine sur 4 jours pour limiter les déplacements, d’un plan progressif d’interdiction des véhicules thermiques dans les grandes zones urbaines bien pourvus en transport en commun, etc... personne.
    Il y a tellement de chose à faire avec les technologies existantes pour que l’avenir soit sympa et propre.
    Grrr.

    :-) Il semble que je finisse hors sujet médiapartien ...

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  29. Mais c'est le but, Caroline: sortir de la mélasse Apartienne (en restant poli) pour voir comment mieux exercer notre libre-arbitre. L'une des manieres est de definir des notions et des bases d'action comme tu le fais.

    Dans ce fil, nous sommes partis de l'addiction qui a englué certains de nous a une agora, nous avons évoqué la dialectique de la responsabilité et de la manipulation, des résistances que nous mettons en œuvre et tu nous proposes une plateforme que nous allons parcourir cette nuit dans nos rêves.

    Hier soir nous brodions, ce soir nous escaladons ;-)

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  30. Je réfléchis depuis l'autre jour aux phrases de Marcella concernant les amis.

    Mes amis ne sont pas misogynes, racistes, homophobes, antisémites et je fréquente peu les gens de ma famille qui peuvent l'être. Quand j'ai tenté de discuter avec eux pour combattre certains stéréotypes, j'ai vu que c'était peine perdue, alors j'ai cessé d'user mon énergie.

    Mais il est vrai qu'avec certaines personnes, l'affection et la solidarité exprimées en actes compensent parfois des dissonances dans les opinions.

    Quand ces dissonances touchent des sujets sensibles, l'énervement peut monter. Depuis un certain temps, avec ces personnes, j'ai laissé tomber ma fougue d'antan: j'exprime une fois mon désaccord et puis je me tais. Je laisse courir. Évidemment, l'échange perd de sa richesse. Mais il reste toujours le partage, l'attention conjointe que les uns et les autres se portent.

    Je n'oublie pas non plus que les mots sont parfois si menteurs, sont parfois pris dans des rhétoriques si stériles, chacun défendant une position de prestance ou le fait de "vouloir avoir raison".

    Sur une agora, tous ces caractéristiques sont exacerbées puisque l'autre n'est pas là, et qu'on a seulement le chuchotement ou le hurlement de ses mots, au travers desquels transparaît, sans le filtre et la vibration de l'affect charnel, quelque chose de sa personne.

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  31. Je pense que vous le faites. Comme dit Monika, les mots, les expressions peuvent être trompeurs et inappropriés. Il faut toujours s’assurer que l’auteur pense bien ceux que vous pensez qu’il est. Bref, des preuves ou plusieurs indices sont nécessaires pour cataloguer les gens. Pour Ramadan, je crois que la messe est dite.
     
    Il y a trop de gens, qui avec la première opinion non confirmée, se ferment bêtement.

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  32. Je souhaite revenir sur l'analyse que fait Marcella de la phrase d'Alain Badiou.

    Ce "maître à penser" d'une certaine gauche a mis en oeuvre, l'air de ne pas y toucher, un grossier "impensé" dans son énoncé. Cet impensé est une forme d'adhésion aux thèses négationnistes, sur un mode en quelque sorte dénégatoire -le pire mode, car il affirme en creux ce contre quoi il prétend lutter.

    C'est dire que lorsque nous parlons de "manipulation", nous devons être très attentifs à ce que transmettent sur le mode implicite - le plus insidieux car le plus subliminal - les "analyses" du fonctionnement social proposées par les "têtes pensantes", qui sont parfois des têtes "impensantes".

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  33. Voici une petite réflexion, bien-entendu à prendre avec nuances !
    ________
    Une étude vient de paraître dans Psychopathology, une revue internationale dédiée aux phénomènes psychopathologiques et psychiatriques. L’enquête menée par les auteurs, effectuée auprès d’un échantillon représentatif de 1319 personnes, a permis d’identifier 1,2% d’ «accros au Web»… pour une grande partie en dépression.

    Les chercheurs n’ont pas pu établir de lien formel entre un abus d’Internet et l’état dépressif, la plupart des utilisateurs d’Internet ne souffrant d’ailleurs pas d’un problème de santé mentale.

    L’étude a permis d’identifier un petit nombre d’utilisateurs compulsifs du Net (18 personnes, soit 1,2% du total) pour qui l’univers numérique a remplacé de fait toute vie sociale dans le monde réel. Ce petit groupe passe proportionnellement davantage de temps que les autres internautes sur les sites à caractère sexuel, les jeux en ligne et les sites communautaires.

    La coordinatrice de l’équipe de recherche, le docteur Catriona Morrison, a ainsi déclaré que «l’Internet joue certes un rôle incontestable dans la société d’aujourd’hui, mais ses avantages entraînent un côté plus sombre».

    Ainsi, la proportion de dépressifs est cinq fois plus importante chez les accros du Web que chez les internautes «moyens» ou «légers».

    Pour la psychologue de l’Université de Leeds «l’étude établit clairement un lien entre l’utilisation d’Internet et la dépression, mais nous ne savons pas encore qui des deux entraîne l’autre» d’où le mystère : « Les personnes déprimées sont-elles davantage attirées par le Web, ou est-ce l’Internet excessif qui cause la dépression ?». Désormais, la tâche du docteur Morrison est d’étudier la nature de cette relation de cause à effet.

    On peut mettre en doute la fiabilité de cette étude. Le docteur Vaughan Bell, de l’Institut de Psychiatrie au King’s College de Londres, par exemple, a déclaré que les «Web addicts» sont «de toute façon des personnes en détresse émotionnelle» et que les conclusion de l’étude ne sont par conséquent «pas une grande surprise». Le spécialiste tente tout de même de fournir une réponse au docteur Morrison en précisant que « d’autres recherches laissaient penser que les dépressifs et anxieux sont fortement attirés le Web, ce qui déculpabiliserait en partie le corps numérique». Le docteur Andrew McCulloch, directeur général de la Fondation pour la santé mentale, a souligné pour sa part que l’Internet a une fonction sociale et réparatrice : « Le Web peut donner naissance à de nouvelles amitiés et des liens sociaux durables. Cela peut améliorer le quotidien de certaines personnes ». A petite dose cependant, car « à des fins d’équilibre, les tissus sociaux en ligne ne doivent pas remplacer la vie sociale du monde réel ». Enfin, Sophie Corlett, dirigeante de l’organisation caritative mentale Mind, a pour sa part estimé que « le face à face avec des personnes réelles a toujours été le meilleur exercice de socialisation qui soit pour garder une bonne santé mentale ».

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  34. Il y a un an et demi, Marcella nous livrait ses réflexions sur un média à part.

    Tout ce que nous avions écrit et dénoncé prend aujourd'hui un relief certain. Le club est en pleine errance délétère. La rédaction navigue à vue, excluant des gens et censurant des commentaires d'une façon opaque et arbitraire. Les vieilles oppositions entre "sionistes" et "pro-palestiniens", entre "royalistes" et "anti-royal", les rivalités entre personnes, sont exacerbées. Plus de débat réel, souvent, mais des cris et des insultes, des accusations en miroir.

    On peut faire l'hypothèse que le club est en grande difficulté car il n'a pas de règles claires, et qu'il est pris en tenailles entre une approche "laisser-faire" et une approche "autoritaire". Cela, on le sait clairement depuis les travaux de Kurt Lewin, est aux antipodes du fonctionnement démocratique.

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  35. Bonjour Monica,

    La lecture de ce billet et du fil
    m'ont franchement aidé à trouver bien de débuts de réponses.
    C'est à mon tour de plonger dans la question lancinante de savoir comment j'ai pu m'attacher moi même ce fil à la patte.

    Mais comme Marcelle, je refuse de laisser ma grosse part de responsabilité à d'autres. Je crois que je suis passée de la mesure volontaire à l'addiction consentie en toute conscience involontaire des risques que je prenais. Difficile à expliciter, mais je ne me sens pas innocente.

    Depuis toute petite, j'ai toujours été attirée par les fenêtres que de l'extérieur l'on peut observer entre-ouvertes ou a rideaux qui laissent imaginer plus que voir. Jamais je ne me suis tellement intéressée à qui pouvait bien y habiter les lieux et je ne suis jamais revenue sur mes pas mais ce plaisir de composer juste avec la perception que l'on retire d'un seul regard..., c'est un peu ça que j'ai ressenti au départ, sauf que petit à petit cette fois j'ai commencé à revenir sur mes pas et à rentrer carrément à l'intérieur...

    D'autre part, même si c'est à mon détriment, je n'ai pas l'impression de partir les mains vides. C'est une forte expérience que j'ai vécu. Vécu? Je ne sais pas si c'est le mot juste, mais c'est une expérience que je crois m'enrichit.

    J'ai beaucoup apprécié la lucidité et la précision de Melchior:

    "... C’est facile de se connecter, avec l’espoir d’y trouver sans mal certaines satisfactions.
    (...)
    Autre aspect: c’est abrutissant. Le Club offre catch et discussions sérieuses. Mais si on se laisse happer par le catch, on n’a même plus de goût pour les discussions sérieuses."

    Merci à toi Monica et merci à vous tous.

    Je pense que je reviendrais mais en tachant de continuer mon chemin, juste un regard en passant si vous laissez gentiment les fenêtres comme j'aime les trouver.

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